Commémorer la disparition de Luther en chaire protestante
Résumés
Les jubilés de la Réformation qui scandent, depuis 1617, la vie des communautés dans les villes et territoires luthériens, restent des moments forts de commémoration autour de la figure de Luther. Mais ils ne sont pas les seuls temps officiels qui permettent aux orateurs protestants d’évoquer le réformateur et, de manière plus discrète, la mort de ce dernier – survenue le 18 février 1546 – a également donné lieu à des prises de paroles en chaire autour de son parcours, de son œuvre ou de son héritage.
Le propos développé par cet article s’intéresse plus particulièrement à un sermon, prononcé en février 1846, par le pasteur parisien Rodolphe Cuvier (1785-1867) dans l’église évangélique de la Rédemption. Il vise à comprendre ce qu’un orateur protestant français du XIXe siècle retient du réformateur allemand du XVIe siècle.
Les arguments utilisés dans ce Sermon pour le troisième anniversaire séculaire de la mort de Luther restent les mêmes que ceux des sermons délivrés lors des jubilés de la Réforme. Le prédicateur insiste sur la mort digne du réformateur mais développe aussi l’exemplarité de son existence et de son œuvre. Divers motifs sont utilisés pour cela, religieux, théologiques, polémiques, mémoriels, et parfois politiques, faisant du réformateur allemand, au-delà du temps qui s’écoule et quel que soit le lieu d’énonciation du discours, une figure d’une grande plasticité et donc d’une actualisation toujours possible.
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- 1 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe(...)
1Parmi les dates associées au moine Martin Luther, le 31 octobre 1517 demeure un moment fort. Les « jubilés de la Réforme » scandent, en effet, depuis 1617, la vie des communautés dans les villes et territoires luthériens avec des cérémonies officielles qui se manifestent notamment par des discours et sermons souvent publiés1. La prédication est un temps structurant du culte protestant puisqu’elle permet aux pasteurs, en s’appuyant sur la Parole de Dieu, d’instruire l’auditoire. En temps normal, le discours de chaire porte généralement sur des sujets théologiques, doctrinaux ou moraux permettant, de fait, l’édification du chrétien ; mais il peut aussi être – à la faveur de circonstances particulières, et notamment à partir des Articles organiques lors de festivités nationales en France – l’occasion de revenir sur l’histoire politique, sur les chefs d’État et, donc, traiter des sujets moins connotés religieusement. Le sermon aborde ainsi des sujets diversifiés et particulièrement à l’occasion de commémorations. Les jubilés de la Réformation ne sont toutefois pas le seul moment qui permet aux orateurs protestants d’évoquer Luther et, de manière plus discrète, sa mort – survenue le 18 février 1546 – a également donné lieu à des prises de paroles en chaire autour de son parcours, son œuvre et son héritage.
2Il s’agit de voir, à partir d’un sermon prononcé en 1846 par le pasteur parisien Rodolphe Cuvier (1785-1867), ce qu’un orateur protestant français du xixe siècle retient du réformateur allemand du xvie siècle et quels arguments sont mobilisés pour faire de ce discours commémoratif un moment de souvenir mais surtout d’édification des fidèles.
Un sermon de circonstance
- 2 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire séculaire de la mort de Luther, Paris, Les S (...)
- 3 « Notes - Journal du Pasteur Rodolphe Cuvier (1843-1847) », BSHPF, t. 95, janvier-mars 1948, p. 30.
- 4 On estime à 10 000 le nombre de luthériens dans la capitale. Voir André Encrevé, « Traits généraux (...)
- 5 Voir sa notice dans Patrick Cabanel, André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestant (...)
- 6 « Notes - Journal du Pasteur Rodolphe Cuvier (1843-1847) », op. cit., p. 30.
La page de titre du s (...)
3Trois cents ans après la mort de Luther est imprimé, « à la demande de la communauté » parisienne, un Sermon pour le troisième anniversaire séculaire de la mort de Luther2. Ce discours de vingt-quatre pages a été prononcé « par arrêté du 7 janvier 1846 », alors que « le très vénérable Directoire avait ordonné la célébration le dimanche 15 février d’un service en commémoration de la mort de Luther, arrivée le 18 février 1546 »3. Nous sommes donc en présence d’une commande très spécifique de l’instance exécutive de l’église luthérienne parisienne qui souhaite rappeler la disparition du réformateur allemand. Deux lieux de la capitale ont accueilli cette célébration, l’église des Billettes (située aujourd’hui rue des Archives), qui abrite le culte luthérien depuis 1808, et l’église évangélique de la Rédemption (dans l’actuel 9e arrondissement), plus récemment occupée par les protestants grâce à l’entreprise de la princesse luthérienne Hélène de Mecklembourg-Schwerin, épouse de Ferdinand-Philippe d’Orléans, fils du roi Louis-Philippe4. Fidèle assidue à cette église, la duchesse d’Orléans est d’ailleurs présente lorsque le pasteur Cuvier énonce ce Sermon sur la mort de Luther, imprimé peu de temps après. On ignore si le pasteur Louis Meyer (1809-1867) prononça bien le même discours à l’église des Billettes, comme le laisse entendre Rodolphe Cuvier dans son journal, mais c’est en tout cas le texte énoncé par ce dernier ministre qui a été choisi pour publication et donc diffusion au-delà de la communauté. Consacré à Montbéliard en 1809, Cuvier a d’abord été en poste pendant vingt années à Nancy, avant d’être nommé pasteur de la paroisse des Billettes en 1830, puis de celle de la Rédemption en 18435. Il est donc, depuis trois ans, ministre de cette paroisse, lorsqu’il officie pour cette commémoration autour de la disparition du réformateur allemand et, dans son journal, le pasteur note que « l’affluence a été grande, particulièrement dans l’Église de la Rédemption »6. Rien de plus toutefois que ce discours de chaire ne marque l’anniversaire de la mort de Luther et la cérémonie n’a pas donné lieu à des festivités particulières, restant de la sorte relativement discrète :
- 7 Jean-Jacques Hosemann (1805-1886) est pasteur adjoint depuis 1845 et a été engagé pour soutenir l’e (...)
- 8 « Notes - Journal du Pasteur Rodolphe Cuvier (1843-1847) », op. cit., p. 30.
Le service a été célébré comme à l’ordinaire, à l’exception qu’on a chanté quelques strophes d’un cantique sur la mort de Luther, composé par M. Hosemann, pasteur extramuros7. On s’était borné à annoncer un service de haut de la chaire le dimanche précédent, aucun avis avait été donné dans les journaux8.
- 9 Nathanaël Weiss reproduit des extraits d’un article des Archives du christianisme au xixe siècle qu (...)
4Rien de comparable donc aux cérémonies qui entourent la fête de la Réformation qui se sont tenues à Paris en 18179. Le moment est toutefois particulier, car c’est la première fois que les luthériens se réunissent à Paris autour de ce moment. Le pasteur débute d’ailleurs son discours par cette mise en contextualisation :
- 10 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 5.
L’acte religieux qui nous rassemble aujourd’hui a pout objet […] la commémoration de la mort du grand Réformateur auquel notre Église doit son origine. Trois siècles se sont écoulés depuis cet événement ; pour la troisième fois l’Église dont nous sommes membres célèbre cet anniversaire séculaire. Et nous le célébrons avec un profond sentiment de gratitude pour la Providence divine ; car c’est en paix que nous accomplissons ce pieux devoir, plus heureux en cela que nos devanciers10.
- 11 Idem.
- 12 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe(...)
- 13 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 6.
- 14 Sur les luthériens de Paris sous l’Ancien Régime, voir plus particulièrement Janine Driancourt-Giro (...)
- 15 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 6.
5L’orateur insiste sur la temporalité écoulée pour mieux avancer son argumentaire de la spécificité du temps d’énonciation de son discours : « En 1646, les églises de notre confession, ravagées par la guerre qui menaçait leur existence, ne purent s’édifier par cette solennité que dans un petit nombre de villes d’Allemagne »11. Le pasteur évoque ici la guerre de Trente ans qui a en effet entraîné un relatif repli des jubilés luthériens « pour éviter de provoquer les États catholiques »12. Un siècle plus tard, si la situation était pacifiée dans le Saint-Empire, permettant « à cette contrée de payer au courageux serviteur de Christ qui l’avait régénérée, le tribut de sa reconnaissance », il en allait différemment dans le royaume de Louis XV : « Nos frères de France, placés alors sous un régime oppresseur, furent contraints de renfermer dans leurs cœurs ce sentiment, et de s’abstenir de toute manifestation extérieure »13. L’édit de Fontainebleau de 1685 ne permettait évidemment pas l’organisation d’une quelconque commémoration, même si les cultes dans les chapelles d’ambassades assuraient assez régulièrement la tenue de cérémonies luthériennes14. Mais, explique le pasteur, « bénissons Dieu de ce qu’il fait luire sur nous des jours où les droits de la conscience sont reconnus et assurés, où nous pouvons avec sécurité nous livrer aux inspirations de notre foi ! »15.
6C’est donc, malgré les trois cents années qui séparent l’assistance de la disparition de Luther, la première fois que les luthériens de Paris s’abandonnent sereinement à ce moment de souvenir commun. Car c’est bien un acte commémoratif, simple mais essentiel, qui justifie le discours de 1846. Ce discours imprimé est d’ailleurs précédé d’un court paragraphe indiquant les dates de naissance et mort de Luther, ainsi qu’un rappel du lieu où ses restes sont conservés, Wittenberg, et où a été érigée « une statue en bronze, qui le représente tenant une Bible à la main ». Cuvier renforce ce sentiment commémoratif, dès le début de son sermon, en choisissant de l’adosser à l’Épître aux Hébreux (chap. 13, verset 7) : « souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu, et imitez leur foi, en considérant quelle a été l’issue de leur vie ». L’intérêt de cette péricope est, d’une part, qu’elle insiste sur l’idée du souvenir, qui est le propre de l’acte commémoratif, et, d’autre part, qu’elle renvoie au rôle assigné à Luther dans l’histoire de la Réformation : il est celui qui a « annoncé la Parole de Dieu », laissant supposer une rupture et renvoyant, en filigrane, à 1517. Il est à noter que l’axe directeur de cette épître biblique a pour objectif de montrer la supériorité de la Nouvelle Alliance sur l’Ancienne, manière cachée de lire cet extrait comme une façon de revendiquer l’excellence du protestantisme sur le catholicisme, nous y reviendrons. Enfin, l’ensemble de la lettre biblique est également un discours d’exhortation et si, dans le chapitre 13, sont développées les conséquences pratiques de la Nouvelle Alliance, le verset 7 permet de montrer en quoi la mort des « conducteurs », passeurs d’une foi vivante et forte, demeure un moment d’enseignement pour le chrétien. Nous sommes donc avec cette péricope au croisement des circonstances qui ont prévalu à l’énonciation de ce sermon : commémorer la mort de Luther qui a fondé l’Église dans laquelle se retrouvent pasteur et auditoire. Ce souvenir commun manifeste également une volonté de garder la mémoire du réformateur allemand pour l’ériger en modèle. Voyons donc comment Luther apparaît dans cette prise de parole commémorative et, avant cela, la rhétorique générale du sermon.
Luther : un héros, mort ou vif
- 16 Idem.
- 17 Ibid..
- 18 Ibid., p. 17.
- 19 Bruno Neveu, « Juge suprême et docteur infaillible : le pontificat romain de la bulle In eminenti ( (...)
- 20 Marianne Carbonnier-Burkard évoque, pour le jubilé de 1617, des « discours et sermons multipliés, s (...)
7Rodolphe Cuvier pose immédiatement les conditions de présentation de Luther : « Venons-nous élever en quelque sorte Luther au-dessus de l’humanité ? Sera-t-il pour nous l’objet d’un culte superstitieux ? Nous prosternerons-nous devant lui comme devant un homme inspiré ? Recevra-t-il nos invocations ? »16. Rien de tout cela n’est théoriquement au cœur de la prise de parole du jour : « Non, Luther n’est pour nous ni un saint, ni un envoyé du ciel dans le sens spécial de ce mot. Nous venons, non pas lui offrir d’autres hommages que ceux qui peuvent être offerts à un simple mortel, mais nous souvenir de lui »17. Le pasteur est donc, de prime abord, clair sur les intentions qui l’animent : il ne s’agit nullement de faire du réformateur allemand un héros, ni le fondateur d’une religion mais, simplement, de lui témoigner reconnaissance et de méditer sur son exemple. Il est vrai que, en suivant la péricope biblique choisie pour ce sermon, Luther est tout d’abord un « conducteur » et sert donc de guide et de modèle, nous l’avons dit. Toutefois, il n’est pas si simple de se livrer à l’exercice commémoratif autour d’un personnage sans le parer de vertus manifestes. Rhétoriquement, l’orateur indique qu’il ne craint pas d’évoquer les « défauts » et les « torts » de Luther, puisque ce dernier n’est pas un « vicaire de Jésus-Christ, un chef infaillible de l’Église, recevant les inspirations du Saint-Esprit »18. Une nouvelle fois, le catholicisme est visé par les paroles du pasteur qui décrit ici la figure pontificale : si l’infaillibilité du vicaire de Rome, en tant que dogme de l’Église, n’est effectivement votée qu’en 1870, le pape est déjà considéré comme un monarque infaillible au milieu du siècle19. Tout comme les discours et sermons des jubilés de 1617, ce sermon de 1846 est l’occasion de développer une opposition à l’Église romaine, certes plus subtile qu’au xviie siècle, mais tout de même récurrente20. Luther n’est donc pas à vénérer comme le feraient, pour le pape, les catholiques.
8Cependant, l’argumentaire peine à ne pas aller vers une glorification du réformateur. Cuvier évoque bien un Luther au « zèle impétieux […] qui le portait hors des limites de la convenance et de la douceur évangélique » mais, rapidement, il justifie ce comportement par le contexte dans lequel évoluait l’ancien moine :
- 21 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 17.
Vous feriez sonner ce tort moins haut, si vous vouliez vous souvenir de la violence avec laquelle on l’attaquait lui-même ; si vous vouliez considérer que c’était le tort de l’époque plus que le sien ; que la science était encore toute brute, que la société n’avait pas encore été polie par la civilisation, et que, dans les disputes, les passions se montrant à découvert, se manifestaient sans détour par leur âpreté21.
9In fine, le seul défaut de Luther n’est que « l’exagération de ses bonnes qualités » et celui-ci est donc paré de nombreuses vertus. Le texte de chaire, hommage au réformateur allemand, connaît les dérives classiques de la glorification du personnage évoqué, à l’instar de nombreuses oraisons funèbres. Ainsi, la relation du déplacement du char funéraire, d’Eisleben à Wittenberg, confirme l’importance centrale du défunt pour ses contemporains
- 22 Ibid., p. 10.
Il fut transporté d’Eisleben, au milieu d’un immense concours de peuple, suivi d’un cortège dont l’ornement était moins dans la pompe que l’on y déploya, que dans la multitude des populations qui de toutes parts accourraient sur son passage, dans la profonde douleur et les larmes sincères qui éclataient dans les villes et dans les villages. Recueillant partout des marques de l’affliction commune, il traversa, au son des cloches et au chant des hymnes funèbres, ces contrées empressées à rendre au grand Réformateur un dernier et pieux hommage22.
- 23 Ibid., p. 9.
10Difficile de voir, dans cette description, les funérailles d’un « simple mortel ». Celles des derniers jours de sa vie est tout autant porteuse de grandeur d’âme : « Il partit [pour Eisleben] malgré les infirmités dont il souffrait. Outre les soins de réconciliation dont il s’était chargé, il prêcha quatre fois pendant les vingt-trois jours qu’il passa à Eisleben, il y participa deux fois à la sainte Cène et consacra deux pasteurs »23. Sa mort elle-même a été « édifiante et sainte » à l’image de toute sa vie et cela justifie la « vénération » et la « reconnaissance » que l’auditoire doit toujours lui porter, trois siècles plus tard :
- 24 Ibid.
Le 17 février, il se trouva si faible que toute occupation lui devint impossible. De violentes oppressions l’assaillaient. Mais il ne cessait d’édifier ceux qui l’entouraient. […] Comme il reposait calme et tranquille [après avoir fait une prière], on lui adressa la parole ; mais il ferma les yeux et ne répondit point. Alors ses amis lui demandèrent à haute voix : Révérend père, voulez-vous mourir en Christ et dans la doctrine que vous avez prêchée ? Oui, répondit-il d’une voix distincte et ferme. Ce fut sa dernière parole. Quelques instants après il s’endormit paisiblement au Seigneur.
Ainsi mourut Martin Luther le 18 février 1546, à l’âge de soixante-deux ans trois mois et huit jours dans la ville même qui l’avait vu naître […]24.
- 25 Voir, à ce propos, Marianne Carbonnier-Burkard, « Le récit de la mort de Luther en français (Le tre (...)
- 26 Charles-Frédéric Ledderhose, La Vie de Martin Luther : ouvrage traduit de l’allemand par Karl Scheu (...)
- 27 Eugène Haag, La vie de Luther à l’usage des écoles protestantes, Valence, Marc Aurel Frères, 1839 ( (...)
11La dramaturgie des derniers instants et l’emphase descriptive du convoi funèbre sont nécessaires pour permettre à l’auditoire d’entrer dans le souvenir de la mort de Luther, objet premier du discours du pasteur. Ces morts exemplaires et admirables sont d’ailleurs classiques pour toutes lesbiographies des hommes illustres – et c’est ce qu’est Luther pour l’orateur et les fidèles rassemblés. Ici, la source de cette héroïsation du personnage se retrouve dans tous les récits de la mort de Luther, publiés rapidement après son décès25. Il est possible également que le pasteur Cuvier ait lu les dernières biographies du réformateur allemand, parues à la fin de la décennie précédente comme celles de Charles-Frédéric Ledderhose, La Vie de Martin Luther : ouvrage traduit de l’allemand par Karl Scheurer ou du pasteur Georges-Frédéric Goguel, Soirées religieuses de maitre Pierre. La vie de Martin Luther ou encore, de Jean-Marie-Vincent Audin, Histoire de la vie, des écrits et des doctrines de Martin Luther26. Le pasteur parisien a pu, en outre, utiliser La vie de Luther à l’usage des écoles protestantes qu’Eugène Haag a fait paraître en 183927 ou bien les premiers tomes de l’Histoire de la réformation du xvie siècle publié par Jean-Henri Merle d’Aubigné à partir de 1842. Les sources sur la vie de Luther ne manquent pas dans les années 1840.
- 28 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 12.
- 29 Idem, p. 13.
- 30 Ibid., p. 12.
- 31 Ibid.
- 32 Ibid., p. 17. Le pasteur cite, semble-t-il, une lettre d’Érasme au cardinal Wolsey. Aucune source n (...)
- 33 Ibid., p. 17-18 et p. 24.
12Car, au-delà de la mort de Luther, pour Rodolphe Cuvier, c’est bien toute sa vie qui est admirable, puisque le sort du réformateur allemand est celui de « toutes les grandes existences »28. Une nouvelle fois, l’héroïsation pourtant réfutée est de mise alors que le pasteur explique à ses paroissiens que « l’ascendant qu’il [Luther] exerça sur son siècle par la puissance des idées s’explique par la supériorité de son génie »29. Rodolphe Cuvier insiste sur l’influence qu’il a pu exercer sur les plus grands, rappelant à deux reprises que les électeurs de Saxe l’« honorèrent de leur amitié, d’une haute et constante protection »30. Le pasteur est conscient de se livrer ici à un exercice de style délicat : il ne veut pas faire de Luther un homme hors du commun et pourtant il le présente comme tel. Pour ne pas donner l’impression de faire, seul, un panégyrique du réformateur, il répète que les « louanges et honneurs » de ses contemporains étaient tels que cela gênait Luther lui-même et qu’il les trouvait exagérés31. Et, pour encore démontrer cette grandeur d’âme exceptionnelle, Cuvier fait appel à des figures célèbres comme Érasme ou Melanchthon à partir de textes du temps. Le premier, que l’on ne peut suspecter d’être toujours favorable au réformateur allemand, déclare que « la vie de cet homme [Luther] lui a concilié l’estime générale, et ce n’est pas un faible témoignage de l’intégrité de ses mœurs, que ses ennemis eux-mêmes ne trouvent rien à condamner en lui »32. Melanchthon est, quant à lui, cité à plusieurs reprises en reprenant l’oraison funèbre qu’il a faite lors de l’enterrement de Luther33.
- 34 Ibid., p. 13-14.
13On comprend la rhétorique du prédicateur parisien qui, cherchant à convaincre son auditoire du modèle que représente Luther – trois siècles après son décès et dans un contexte radicalement différent –, déploie un argumentaire multipliant les qualités du défunt qui a toujours agi suivant une « pureté des motifs », avec un « désintéressement » total, puisque cherchant « uniquement la gloire de Dieu et de sa vérité »34. Comme ultime preuve, Cuvier cite Luther lui-même pour montrer l’homme de religion et de piété qu’il a été car le souvenir de Luther ne s’impose qu’à cette condition : il est le « conducteur » dont il faut « imiter la foi ». De fait, ce sermon n’est pas un simple éloge funèbre dans un temps de commémoration. Il est aussi et surtout un moment d’édification des fidèles luthériens du xixe siècle.
Quel héritage de Luther pour les fidèles du xixe siècle ?
- 35 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe(...)
- 36 Ibid., p. 222.
14L’héroïsation de Luther, inévitable dans l’exercice oratoire qu’est l’évocation de la mort d’un homme illustre, sert avant tout à mettre en avant le modèle chrétien qu’il représente. Dans les discours des jubilés de la Réforme antérieurs, et notamment ceux du xviiie siècle, la figure de Luther permet à plusieurs groupes de s’identifier à lui. Marianne Carbonnier-Burkard note ainsi, qu’en 1717, « les luthériens piétistes voient en Luther l’homme "pieux" dont ils ont le devoir de poursuivre l’œuvre, tandis que les orthodoxes célèbrent le héros terrassant la superstition médiévale et la papauté ; et que plusieurs universités allemandes mettent en avant l’ensemble des réformateurs et des "témoins de la vérité", aux côtés de Luther »35. Les discours de 1817 ajoutent, dans le contexte de la récente victoire contre Napoléon, la figure d’un Luther « patriote allemand » qui « a fondé la culture nationale, a vaincu le pape de Rome et a rendu la liberté aux Allemands »36. Qu’en est-il pour le sermon sur sa mort, prononcé dans une église luthérienne parisienne en 1846 ?
- 37 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 10.
- 38 Ibid., p. 15. Plus haut dans le discours, Cuvier parle de « l’odieux trafic des indulgences » (p. 1 (...)
- 39 Ibid., p. 15-16 et p. 22.
- 40 Ibid., p. 22.
15Dans le discours du pasteur Cuvier, les rapides incursions faites dans le passé de la Réformation dépeignent en premier lieu le prédicateur infatigable qu’a été Luther. Cela est logique puisqu’il est, suivant la péricope choisie pour ce discours de chaire, le « conducteur qui nous a annoncé la Parole de Dieu ». Ainsi, symboliquement, alors que son cercueil est placé en face de la chaire, celle-ci est « veuve désormais de sa voix éloquente »37. Son message oratoire est donc l’élément le plus important à retenir et, plus particulièrement, sa prédication contre les indulgences romaines, qui s’opposent à la catholique, « remplie des choses les plus monstrueuses »38. Cuvier reprend ici le résumé de deux sermons sur les indulgences, présent dans La vie de Martin Luther de Ledderhose, expliquant que « toute la Réformation est là » et conclut qu’« il fut irrésistiblement conduit […] à reconnaître et à rejeter les erreurs qui avaient obscurci la vérité » et, plus loin, « qu’à la seule Lumière de l’Évangile rallumée par Luther, une partie de ces erreurs et de ces abus s’enfuirent et disparurent »39. Il est donc celui qui rompt avec le passé proclamant : « Nous ne connaissons d’autre fondement que la Parole de Dieu, telle qu’elle est contenue dans les Prophètes et dans les Apôtres »40. Si le pasteur évoque, à travers des extraits de prises de parole de Luther, assez longuement les débuts de la Réformation et la rupture avec Rome – la diète de Worms par exemple –, jamais la date du 31 octobre 1517 n’est toutefois explicitement citée.
- 41 « Il avait compté parmi ses disciples les plus puissants princes d’Allemagne, et pourtant il demeur (...)
- 42 « Après la diète d’Augsbourg, Melanchton [sic] se laisse aller à l’abattement. Il tremble pour la c (...)
16Son amour pour la vérité, son absence d’ambition personnelle, de cupidité et sa simplicité doivent être encore des modèles de vie pour les fidèles tout comme sa profonde compassion pour les autres41. On se souvient, dans le sermon, de l’insistance sur l’activité incessante de réformateur, en janvier-février 1546, malgré les difficultés de la maladie, et Cuvier développe encore l’exemple de Luther parvenant à réconforter Melanchthon durant la Diète d’Augsbourg de 1530 ajoutant que ses mots lui permirent de reprendre courage et de défendre la Confession d’Augsbourg42.
17L’application que l’auditoire doit comprendre vient clore le discours qui prend alors sa pleine dimension exhortative :
- 43 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 21-22.
Nous ne voudrions pas vous laisser aller sans vous dire encore : Frères bien-aimés, demeurez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur. Tenez-vous fermes dans la liberté où Christ vous a mis, et ne vous remettez pas sous le joug de la servitude. Tenez ferme ce que vous avez et que personne ne vous ravisse votre couronne. Ah ! si vous êtes les dignes imitateurs de cet homme de foi et de piété ; si, comme lui, la vérité vous est avant tout chère et précieuse, en considérant ce que par lui vous n’êtes plus et ce que vous êtes, ce dont il vous a délivrés, et ce qu’il a mis en votre possession, avec une joie chrétienne vous en bénirez Dieu43.
- 44 Le pasteur a coupé le premier extrait ôtant la fin du verset « sachant que votre travail ne vous se (...)
18Le pasteur s’appuie ici sur trois péricopes – 1 Corinthiens 15-58, 58 Galates 5,1 et Apocalypse 3,11 – qui poursuivent la même idée44. L’exhortation à la fidélité à l’Évangile, à la persévérance dans la vraie foi, bien précieux qui libère le chrétien, est, au final, le message que le pasteur souhaite délivrer à ses auditeurs en utilisant l’exemple de la mort – et de la vie – de Luther. La conclusion du chapitre 15 de la Première épître aux Corinthiens rappelle que c’est l’Évangile reçu, seul, qui permet de rester debout en étant ferme dans sa foi. Dans l’Épître aux Galates, c’est la liberté apportée par l’Évangile qui est mise en avant alors que le verset du chapitre trois du Livre de l’Apocalypse rappelle que ceux qui parviennent à rester dans la voie tracée par le Seigneur connaissent parfois un parcours difficile mais sont récompensés par une couronne de gloire. Luther est donc celui qui a permis aux chrétiens d’accéder à ces vérités essentielles :
- 45 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 22.
À lui nous devons l’indépendance de nos consciences et l’affranchissement de notre foi. A lui nous devons le libre usage de la Parole de Dieu, et la faculté de nourrir chaque jour notre âme de ce pain de vie descendu du ciel. A lui nous devons de ne nous approcher de Dieu que par Christ, par le seul médiateur qui soit entre Dieu et les hommes, de n’avoir plus entre Dieu et nous l’intervention usurpée et sacrilège de médiateurs humains45.
- 46 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe(...)
19Luther est donc un libérateur des consciences, et on retrouve ici les accents de certains prédicateurs du jubilé de 1817, comme les « Aufklärer [qui voient en Luther] le fondateur de la langue allemande, de la culture et de la liberté de conscience »46. Cuvier suit la même logique, en complexifiant l’apport du personnage, alors qu’il poursuit en affirmant devant son auditoire parisien que Luther
- 47 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 23.
a enrichi sa patrie de cette immortelle traduction de la Bible, modèle de force et de clarté, qui a si puissamment contribué à répandre la connaissance de la vérité évangélique, qui est entrée pour une si grande part dans le succès de la réformation. Il a affranchi les études théologiques d’une aride scolastique, il les a rendues plus fructueuses et pour l’esprit et pour le cœur. Par les admirables cantiques qu’il a laissées, il a doté l’Allemagne d’un genre de poésie religieuse auquel rien chez les autres peuples ne peut se comparer, et qui jusqu’à ce jour n’a cessé d’être une source abondante d’édification47.
20Se mêlent ici des accents piétistes avec un Luther promoteur de la Bible, orthodoxes avec un professeur d’université défenseur des vérités évangéliques et des études théologiques, et patriotes avec un réformateur participant à la grandeur de son pays. Le pasteur poursuit d’ailleurs cette dernière idée, déployant à la fin de son discours un véritable éloge de l’Allemagne :
- 48 Ibid., p. 23-24.
Il a exercé sur sa nation une influence qui l’a élevée au premier rang par l’intérêt des choses intellectuelles, par le zèle et le succès avec lesquels y ont été cultivées les sciences morales et religieuses. Il a appelé le peuple lui-même à ces bienfaits de l’instruction par les soins qu’il donna à l’amélioration des écoles primaires, par l’organisation qu’il s’efforça de leur donner ; et c’est jusqu’à lui qu’il faut faire remonter l’impulsion qui a élevé en Allemagne cette branche de l’enseignement public à un degré de perfection qui rarement a été égalé et qui nulle part n’a été surpassé48.
- 49 André Encrevé note que les ouvriers allemands luthériens sont assez nombreux dans certains quartier (...)
- 50 Voir Claude Digeon, La crise allemande de la pensée française (1870-1914), Paris, PUF, 1959.
21Comment expliquer cette glorification de l’Allemagne à travers l’œuvre de Luther dans une prédication prononcée à Paris ? Plusieurs éléments peuvent l’expliquer. D’une part, il ne faut pas oublier ce que cette église de la Rédemption doit à la duchesse d’Orléans qui est une princesse allemande. Terminer le discours sur ces accents patriotes est une manière de rendre hommage au pays de naissance de la bienfaitrice de la paroisse. La présence éventuelle d’émigrants allemands dans l’assistance n’est pas à négliger non plus, même s’il n’est pas certain que ce culte en français leur soit accessible49. D’autre part, l’attrait et l’admiration que suscite l’Allemagne pour les milieux lettrés français de cette époque sont attestés : la traduction de la poésie allemande connaît un essor spectaculaire dès le début du xixe siècle, la philosophie et la musique d’outre-Rhin sont au goût des Français et cet engouement explique aussi le traumatisme suscité par la défaite de 1870 chez nombre d’intellectuels français50. Enfin, il faut également souligner que les pasteurs luthériens parisiens sont, dans cette décennie 1840, particulièrement actifs dans les œuvres éducatives avec la fondation d’écoles recevant culte et conférence du soir. Cette attention à l’évangélisation par l’éducation explique sans doute aussi l’importance que Cuvier accorde à celle développée en Allemagne.
- 51 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe(...)
22En comparant le sermon de 1846 avec les divers éléments qui caractérisaient les sermons des jubilés de la Réforme, on remarque donc qu’aucune véritable innovation n’apparaît dans la présentation que le pasteur Cuvier fait de Luther. Cela est particulièrement le cas si on fait un parallèle avec ceux de 1817 qui « tous valorisent les réalisations de Luther et l’œuvre de la Réforme, mais [dont] aucun ne s’intéresse spécialement à ce que fait Luther le 31 octobre 1517 »51.
23Le Sermon pour le troisième anniversaire séculaire de la mort de Luther prononcé à Paris par le pasteur Cuvier s’inscrit donc dans la même veine que les sermons délivrés lors des jubilés de la Réforme. Il insiste spécifiquement sur sa mort mais c’est son existence, son œuvre et son héritage qui restent les axes directeurs du discours de chaire, dans un souci d’édification du chrétien. De la sorte, l’orateur condense divers aspects, religieux, théologiques, polémiques, mémoriels, et parfois politiques, que les textes prononcés en chaire autour de la commémoration de 1517 ont pu développer après plusieurs siècles de célébration autour du réformateur allemand.
24Tous ces sermons mettent en exergue tel ou tel trait de caractère de Luther, de son parcours, de ses activités et, au final, le réformateur allemand demeure, au-delà du temps qui s’écoule et quel que soit le lieu d’énonciation du discours, une figure d’une grande plasticité et donc d’une actualisation toujours possible.
Notes
1 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe siècles) », Petra Bosse-Huber, Serge Fornerod, Thies Gundlach, Gottfried Wilhelm Locher (dir.), Célébrer Luther ou la Réforme ? 1517-2017, Genève, Labor et fides, 2014, p. 217-230.
Voir également Nathanaël Weiss, « Les troisième et quatrième centenaires de la Réformation en Allemagne, en France et en Suisse », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français (désormais BSHPF), t. 66, Avril-Juin 1917, p. 146-161.
2 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire séculaire de la mort de Luther, Paris, Les Sacristains/L.-R. Delay, 1846.
3 « Notes - Journal du Pasteur Rodolphe Cuvier (1843-1847) », BSHPF, t. 95, janvier-mars 1948, p. 30.
4 On estime à 10 000 le nombre de luthériens dans la capitale. Voir André Encrevé, « Traits généraux de l’implantation des lieux de culte protestants à Paris et dans sa banlieue (1802-1960) », Michel Meslin (dir.), Paris et ses religions au xxe siècle : actes du Colloque du 6 novembre 1990, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 1993, p. 37-68.
5 Voir sa notice dans Patrick Cabanel, André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, Tome 1, A-C, Paris, Les Éditions de Paris-Max Chaleil, 2015, p. 800.
6 « Notes - Journal du Pasteur Rodolphe Cuvier (1843-1847) », op. cit., p. 30.
La page de titre du sermon imprimé indique que Rodolphe Cuvier est « président du consistoire et officier de la Légion-d’honneur ».
7 Jean-Jacques Hosemann (1805-1886) est pasteur adjoint depuis 1845 et a été engagé pour soutenir l’effort d’évangélisation de la banlieue parisienne, fournie en émigrants luthériens assez pauvres (à Puteaux, Corbeil ou La-Chapelle-Saint-Denis), voir André Encrevé, « Traits généraux de l’implantation des lieux de culte protestants à Paris et dans sa banlieue (1802-1960) », op. cit., p. 49.
8 « Notes - Journal du Pasteur Rodolphe Cuvier (1843-1847) », op. cit., p. 30.
9 Nathanaël Weiss reproduit des extraits d’un article des Archives du christianisme au xixe siècle qui évoque la fête de la Réformation de 1817. Elle fut célébrée dans de nombreux temples parisiens, luthériens et réformés, en signe d’un rapprochement entre les deux courants protestants : « A Paris, elle a été remarquable par l’affluence des fidèles qui, deux jours de suite, ont rempli le temple de l’Église consistoriale de la confession d’Augsbourg […] La fête avait été annoncée plusieurs dimanches avant la fin du mois d’octobre, soit du haut de la chaire des pasteurs, soit par une circulaire distribuée aux familles de la communauté et aux membres de l’Église réformée de Paris. […] Le 31 octobre, à trois heures après-midi, la fête commença par la distribution de divers secours [… puis] une médaille, frappée à Strasbourg, afin de marquer et de rendre durable le souvenir de la troisième fête séculaire, fut donnée à chacun des élèves […]. Le 1er novembre, quelques instants avant celui où le service divin devait commencer, le consistoire reçut des dons considérables […]. Le service fut fait en allemand […]. Le 2 novembre, second jour de fête, le service fut célébré en français. », Nathanaël Weiss, « Les troisième et quatrième centenaires de la Réformation en Allemagne, en France et en Suisse », op.cit., p. 149-150.
10 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 5.
11 Idem.
12 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe siècles) », op. cit., p. 220.
13 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 6.
14 Sur les luthériens de Paris sous l’Ancien Régime, voir plus particulièrement Janine Driancourt-Girod, L’insolite histoire des luthériens de Paris, Paris, Albin Michel, 1992 et, du même auteur, Ainsi priaient les luthériens - La vie religieuse, la pratique et la foi des luthériens de Paris au xviiie siècle, Paris, Éditions du Cerf, 1992.
15 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 6.
16 Idem.
17 Ibid..
18 Ibid., p. 17.
19 Bruno Neveu, « Juge suprême et docteur infaillible : le pontificat romain de la bulle In eminenti (1643) à la bulle Auctorem fidei (1794) », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes, 1981, t. 93, n° 1, p. 215-275.
20 Marianne Carbonnier-Burkard évoque, pour le jubilé de 1617, des « discours et sermons multipliés, suivis de publications, [qui] avaient pour thèmes les principaux lieux de la doctrine évangélique, avec en contrepoint la polémique antiromaine. Luther était présenté comme le héros à la tête du combat eschatologique contre le pape de Rome, assimilé à l’Antéchrist », Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe siècles) », op. cit., p. 219-220.
21 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 17.
22 Ibid., p. 10.
23 Ibid., p. 9.
24 Ibid.
25 Voir, à ce propos, Marianne Carbonnier-Burkard, « Le récit de la mort de Luther en français (Le trespas de Martin Luther, Bâle, 1546) », Positions luthériennes, 48/3, juillet-septembre 2000, p. 213-226 et « Un modèle de mort ? La "Relation du départ chrétien de Martin Luther" (Vom christlichen abschied… bericht, 1546) », Matthieu Arnold et Rolf Decot (dir.), Frömmigkeit und Spiritualität / Piété et spiritualité. L’impact de la Réformation aux xvie et xviie siècles, Mainz a. Rhein, Verlag Ph. Von Zabern, 2002, p. 45‑58.
On notera que les morts des pasteurs sont souvent présentées de manière admirable sous l’Ancien Régime : voir Julien Gœury, « Une légende rodée : la scène de l’agonie dans le récit de la mort des pasteurs (xvie-xviiie siècles) », BSHPF, t. 155, juillet-septembre 2009, p. 581-604.
26 Charles-Frédéric Ledderhose, La Vie de Martin Luther : ouvrage traduit de l’allemand par Karl Scheurer, Strasbourg/Paris, Scheurer/Risler, 1838 ; Georges-Frédéric Goguel, Soirées religieuses de maître Pierre. La vie de Martin Luther du pasteur, Montbéliard, Deckherr, 1839 ; Jean-Marie-Vincent Audin, Histoire de la vie, des écrits et des doctrines de Martin Luther, 2 tomes, Paris, Locquin, 1839.
27 Eugène Haag, La vie de Luther à l’usage des écoles protestantes, Valence, Marc Aurel Frères, 1839 (une vie de Calvin, du même auteur, est parue l’année suivante) ; Jean-Henri Merle d’Aubigné, Histoire de la réformation du xvie siècle, Paris, Firmin Didot, et Genève, Kaufmann, 5 volumes, 1842-1853.
28 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 12.
29 Idem, p. 13.
30 Ibid., p. 12.
31 Ibid.
32 Ibid., p. 17. Le pasteur cite, semble-t-il, une lettre d’Érasme au cardinal Wolsey. Aucune source n’est précisée dans le sermon ; cependant on retrouve cette même mention dans François Bungener, Érasme, son rôle et son œuvre dans la Réformation, Genève, Imprimerie Bonnant, 1869, p. 45.
33 Ibid., p. 17-18 et p. 24.
34 Ibid., p. 13-14.
35 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe siècles) », op. cit., p. 221.
36 Ibid., p. 222.
37 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 10.
38 Ibid., p. 15. Plus haut dans le discours, Cuvier parle de « l’odieux trafic des indulgences » (p. 10).
39 Ibid., p. 15-16 et p. 22.
40 Ibid., p. 22.
41 « Il avait compté parmi ses disciples les plus puissants princes d’Allemagne, et pourtant il demeura et mourut dans son premier état de simple professeur à l’université de Wittenberg et de pasteur de cette ville ; le titre de docteur fut le seul dont il orna son nom ; il demeura et mourut pauvre, n’ayant jamais eu pour revenu qu’un traitement annuel d’environ quatre cents francs de cette monnaie », Ibid., p. 15.
42 « Après la diète d’Augsbourg, Melanchton [sic] se laisse aller à l’abattement. Il tremble pour la cause de la vérité évangélique, pour l’existence de l’Église nouvelle ». Suit alors un long extrait d’une lettre de Luther à Melanchthon, Ibid., p. 20 (cette missive avait été publiée dans les Archives du christianisme au xixe siècle du 14 mars 1835, p. 34).
43 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 21-22.
44 Le pasteur a coupé le premier extrait ôtant la fin du verset « sachant que votre travail ne vous sera pas inutile auprès du Seigneur ».
45 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 22.
46 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe siècles) », op. cit., p. 222.
47 Rodolphe Cuvier, Sermon pour le troisième anniversaire…, op. cit., p. 23.
48 Ibid., p. 23-24.
49 André Encrevé note que les ouvriers allemands luthériens sont assez nombreux dans certains quartiers parisiens, ce qui explique que, « dès 1840, les pasteurs Valette et Meyer fondent la "mission allemande" », André Encrevé, « Traits généraux de l’implantation des lieux de culte protestants à Paris et dans sa banlieue (1802-1960) », op. cit., p. 48.
50 Voir Claude Digeon, La crise allemande de la pensée française (1870-1914), Paris, PUF, 1959.
51 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les jubilés de la Réforme. Des constructions protestantes (xviie-xxe siècles) », op. cit., p. 222.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Céline Borello, « Commémorer la disparition de Luther en chaire protestante », Chrétiens et sociétés, 23 | -1, 31-45.
Référence électronique
Céline Borello, « Commémorer la disparition de Luther en chaire protestante », Chrétiens et sociétés [En ligne], 23 | 2016, mis en ligne le 09 juin 2022, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/4083 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.4083
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