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L’instruction protestante dans les Quatre Terres au xviiie siècle : un enjeu majeur pour les luthériens du Pays de Montbéliard

Élisabeth Berlioz
p. 175-86

Résumés

Jusqu’en 1793, le comté de Montbéliard se trouvait sous la souveraineté du duc de Wurtemberg et ne rencontrait aucune difficulté en ce qui concerne le développement de son instruction protestante. Fondement de l’identité confessionnelle et linguistique des habitants ainsi que socle de la formation des élites, l’instruction se développait au sein d’un dense réseau éducatif protestant.
Toutefois, le territoire du comté se trouvait au sein d’une principauté dont plusieurs seigneuries étaient, depuis 1748, sous la souveraineté de la France. Il s’agissait des quatre seigneuries francophones luthériennes et catholiques d’Héricourt, Châtelot, Blamont et Clémont. Une fois instaurée la souveraineté de la France, le Parlement de Besançon et certains prêtres n’entendirent pas respecter les traités selon lesquels le culte protestant devait être pratiqué librement dans ces seigneuries, comme dans les terres alsaciennes. La ligne de tension s’articula notamment autour de l’instruction, de son financement, du recrutement des maîtres... Ces clivages étaient d’autant plus nets que certains lieux étaient mi-parti. Par la suite, la Révolution française engendra, par les libertés qu’elle octroya aux protestants, de profonds bouleversements qui concernèrent notamment l’instruction dans les Quatre Terres. Cependant, elles renouvelèrent dans un premier temps les luttes davantage qu’elles ne les aplanirent.

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Texte intégral

  • 1 Elle était formée du comté de Montbéliard (qui comprenait la seigneurie d’Étobon), des seigneuries (...)
  • 2 Encyclopédie, Neuchâtel, Samuel Faulche, 1765, article « Montbéliard ».
  • 3 Les trois autres seigneuries francophones étaient majoritairement catholiques et il avait déjà abdi (...)
  • 4 Cité par Jean-Baptiste Bailly-Briet, Le Comté de Montbéliard agrandi et enrichi au préjudice de (...)

1La Principauté de Montbéliard1 occupait sous l’Ancien régime une position stratégique sur le plan militaire et commercial puisqu’elle se trouvait « aux confins de l’Alsace et de la Franche-Comté, entre Porrentruy et Bâle »2. D’autre part, elle constituait sur le plan religieux un enjeu, à proximité du comté de Bourgogne, car la population en était majoritairement francophone mais luthérienne. En 1676, à la faveur de la guerre de Hollande, le duc de Luxembourg s’empara de la Principauté qui fut rétrocédée au souverain wurtembergeois en vertu du traité de Ryswick. Toutefois, Louis XIV ne rendit pas les seigneuries d’Héricourt, Blamont, Clémont et Châtelot, dites les Quatre Terres, ainsi que celles des Granges, de Passavant et de Clerval. Le duc de Wurtemberg sollicita vivement la restitution des Quatre Terres3 et, pour ce faire, requit l’appui de l’empire. Louis XIV refusa, affirmant qu’elles dépendaient « incontestablement » de sa souveraineté, comme « fiefs du comté de Bourgogne »4. Placées sous séquestre en 1723 à la faveur d’une querelle de succession, ces seigneuries demeurèrent un enjeu diplomatique et financier jusqu’au traité de 1748, par lequel Charles-Eugène, duc de Wurtemberg, abandonna définitivement sa souveraineté en échange de la conservation de ses droits réels. Toutefois, le statut restait mal défini : un certain nombre de villages dits mi-partis se trouvaient partagés entre les deux États ; de surcroît leurs habitants, luthériens, demeuraient en matière ecclésiastique sous l’autorité du Conseil ecclésiastique de Montbéliard. Leur culte était régi par les ordonnances ecclésiastiques de la Principauté. Dès lors, les influences françaises et allemandes étaient étroitement liées et le sentiment d’appartenance complexe. En 1786, cette situation, apanage de la plupart des terres situées aux limites de la France et de l’Empire, entraîna l’adoption d’un traité destiné à rationnaliser ces situations par des échanges territoriaux.

  • 5 Jean-Pierre Dormois, « Le magistrat au village, l’installation de la justice royale sur la périphér (...)
  • 6 Le terme école désigne ici le rassemblement d’enfants autour d’un maître dans des maisons particuli (...)

2L’enjeu financier et commercial représenté par ces territoires explique en partie pourquoi, en dépit des traités, les Quatre terres demeurèrent pour le royaume de France une « affaire d’État, traitée en Conseil et qui fait encore l’objet de l’attention personnelle du roi, témoin l’énorme correspondance et législation produite à ce sujet pendant le cours du xviiie siècle »5. Cependant, c’est surtout sur le plan religieux que la situation occupa les autorités civiles et ecclésiastiques puisque le luthéranisme faisait l’objet non de droits, mais d’une tolérance, telle qu’édictée par Louis XIV dans deux lettres de cachet en 1707 et réaffirmée par Louis XV dans le traité de 1748. Malgré cette tolérance déclarée, ce changement de souveraineté souleva le problème du positionnement des catholiques appartenant au Royaume de France face à des protestants rattachés à une sphère d’influence germanique, mais placés sous souveraineté de la France. Or l’organisation du luthéranisme était indissociable de celle de l’instruction, laquelle assurait la cohérence confessionnelle et politique de la Principauté. C’est pourquoi la réintroduction du catholicisme dans les Quatre Terres, jusqu’en 1676 entièrement luthérienne en vertu du principe cujus regio, ejus religio, se cristallisa notamment autour des écoles6, comme nous l’analyserons en premier lieu. Il importe toutefois, et ce sera l’objet de la deuxième partie, de nuancer le bilan de ces actions selon les lieux et les résistances qui s’opérèrent. Enfin, la situation après 1787 et surtout après le rattachement à la France de l’ensemble des terres de la Principauté soulève une interrogation sur l’effet paradoxal de ces oppositions.

Carte de la Principauté de Montbélliard des Seigneuries d’Héricourt, Blamont, Clémont et Chathelot avec les Terres de Grange, Clerval et Passavant, appartenant à la Sérénissime Maison de Wurtemberg, extraite / par J.Fr. Fallot

Carte de la Principauté de Montbélliard des Seigneuries d’Héricourt, Blamont, Clémont et Chathelot avec les Terres de Grange, Clerval et Passavant, appartenant à la Sérénissime Maison de Wurtemberg, extraite / par J.Fr. Fallot

Biblothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE C-1623 http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/​ark:/12148/​btv1b5302

L’école, lieu de cristallisation de tensions confessionnelles et politiques dans les Quatre Terres

Le poids des ordonnances ecclésiastiques : élever des âmes fidèles à l’État

  • 1 Ordonnance ecclésiastique, des Comté, Terres et seigneuries de Montbéliart et Richeuille, et statut (...)
  • 2 Archives nationales (AN), K 2176, Supplément aux ordonnances, manuscrit en français daté de 1724
  • 3 AN, K 216.
  • 4 AN, K 2176. Abbévillers, 1788.

3Depuis la traduction et la publication des ordonnances du Wurtemberg1 ainsi que de la Formule de Concorde de Wittemberg (1577) dans la Principauté de Montbéliard, l’organisation d’une instruction publique avait pour but deux éléments indissociables : le salut des paroissiens par la connaissance de la « vraie foi » et la reconnaissance de la légitimité du souverain. En 1724, au terme d’une longue querelle de succession la situation politique du Comté sembla clarifiée, à défaut de celle de l’ensemble de la Principauté. En matière ecclésiastique et politique, le calme revenu favorisa l’adoption d’un Supplément aux ordonnances destiné à « rétablir et faire observer à la suite un bon ordre, dans les Églises et les Écoles […] ». Consubstantielles, elles assuraient « l’honneur et la gloire de Dieu » et l’avantage « spirituel et temporel »2 des sujets. Fut introduite la « confession de foy » afin qu’au terme de la scolarité envisagée comme obligatoire, soit renouvelée publiquement l’alliance nouée lors du baptême. L’ordonnance relative à la confirmation fut promulguée en 17323. Au terme de leur parcours scolaire, commencé vers six ans, les jeunes gens et jeunes filles étaient instruits par le pasteur durant le carême et confirmés le dimanche dit Judica, cinquième du carême4.

  • 5 Il était formé du Conseil de régence, lequel représentait le duc de Wurtemberg se trouvant à Stuttg (...)
  • 6 L’usage du terme de régent correspondait à celui qui était usité non en France mais en Suisse, où l (...)
  • 7 Supplément aux ordonnances ecclésiastiques de la principauté de Montbéliard, Montbéliard, J. Biber, (...)
  • 8 Ibid.
  • 9 AN, K 2176

4Les écoles, fondement de la prospérité spirituelle et temporelle, se trouvaient sous la stricte responsabilité du Conseil ecclésiastique5 sis à Montbéliard. Les ministres en assuraient la surveillance durant l’année et prononçaient au moins une fois par an un sermon sur la scolarisation. En outre, depuis 1724 les parents pouvaient être frappés d’une amende s’ils ne scolarisaient pas leurs enfants. En 1780 les pasteurs obtinrent du Conseil de régence une ordonnance stipulant l’obligation de tenir une liste des écoliers et de leur absence afin de pouvoir appliquer ces mesures. Les régents6 étaient choisis par le pasteur et les membres des consistoires et placés sous le contrôle du Conseil ecclésiastique, lequel avalisait leur nomination. Outre les fonctions classiques de marguillier, ils assuraient les prières publiques chaque jour, voire la catéchisation dominicale si le pasteur se déplaçait dans un autre village. L’enseignement scolaire reposa essentiellement, jusqu’à la Révolution française, sur des ouvrages religieux, dont les Catéchismes de Luther. En effet, selon le Supplément aux ordonnances, le bien spirituel de la jeunesse consistait « […] dans une connoissance vive du seul vrai Dieu tirée de la Parole et d’une étroite union avec lui par la foy »7. Dans les écoles, les enfants goûtaient « le suc et la mouelle de l’Evangile »8 puis apprenaient les questions et réponses du catéchisme et du formulaire ainsi que, chaque semaine, des psaumes, des cantiques. Enfin, chacun devait être pourvu d’un Nouveau Testament et d’un livre de psaumes s’il savait lire. Le programme des connaissances correspondait aux attendus de la confirmation, qui permettait de témoigner solennellement de sa foi et de son engagement. En plus de ces éléments, qui permettaient d’apprendre à lire et pour certains à écrire, des éléments d’arithmétique étaient enseignés9. Les écoles de la ville de Montbéliard ajoutaient à ces éléments de solides contenus destinés à la formation des élites.

5Au cours du xviiie siècle, sous l’impulsion des pasteurs et par souci d’autonomie, filiales et annexes recrutèrent, à la suite des chefs-lieux de paroisse, des régents d’école. Elles se dotèrent également, dans la mesure de leur possibilité, d’un bâtiment destiné à l’accueil de ces derniers. En raison des contraintes économiques, la fréquentation annuelle des écoles restait le plus souvent, dans les villages, circonscrite à l’hiver. C’est pourquoi, dans une région aux climats et reliefs parfois contraignants, la densité du réseau scolaire jouait un rôle déterminant pour que les enfants puissent se rendre aisément à l’école. À la veille de la Révolution française, l’idée d’un maître par communauté était ancrée dans les mentalités même si les gages octroyés ne permettaient pas nécessairement d’engager des personnes de talent. Les régents servaient l’État autant que l’Église.

  • 10 Les principes ou les premiers élémens de la Religion chrétienne […] pour l’usage de la Jeunesse de (...)

6Suivant la théorie des deux règnes, les enfants apprenaient tant les fondements de leur religion que leur rôle social et le respect de l’autorité politique. Aussi d’après le Supplément aux ordonnances, les prières d’avant et après l’école comportaient des « Demandes, des Intercessions et des Actions de grâces, en faveur de tous les hommes, & particulièrement pour l’Église Évangélique, pour le Magistrat & la Patrie en général »10. Apparaît le respect du souverain, protecteur du protestantisme :

  • 11 Ibid.

Qu’il te plaise donc, ô Père gracieux ! d’écouter nos vœux, par lesquels nous te recommandons […] encore en particulier la Personne sacrée de nôtre Souverain, & tous les Princes, les Princesses de la Sérénissime Maison de Wirtemberg ; Afin que, sous les glorieux auspices de cette Sérénissime Maison, la vérité de ton Evangile soit maintenüe, & le chandelier de ta Parole conservé dans nos Églises et dans nos Ecoles. […]11.

7Dans la mesure où les habitants luthériens des Quatre Terres satisfaisaient, en matière religieuse et scolaire, aux ordonnances mentionnées ci-dessus, les paradoxes de leur situation sous souveraineté française apparaissent nettement. Dès lors, les catholiques s’employèrent à reconquérir l’espace et les esprits.

Les modalités de l’affirmation catholique

  • 12 Jean-Baptiste Bailly-Briet, op. cit., p. 322-323

8Deux lettres de cachet de Louis XIV adressées au Parlement de Besançon et à l’intendant de cette province en 1707, le traité de 1748 puis une lettre de cachet adressée par Louis XV au Parlement de Besançon admettaient, dans les Quatre Terres, la tolérance à l’égard du luthéranisme des sujets. En 1749, Louis XV rappela que les catholiques avaient obtenu, en échange, la conservation des moyens de se défendre et « de prendre de nouveaux accroissemens »12. Ces ordres furent retirés sur remontrance du Parlement. Ce dernier, comme la majorité des intendants, subdélégués ou baillis considérait, à la suite du roi, ces Quatre Terres comme fiefs du comté de Bourgogne, mais il n’admettait guère la tolérance laissée aux luthériens. Il rencontrait, en la matière, le soutien des archevêques de Besançon (notamment Antoine-Pierre II de Grammont et Antoine-Clériade de Choiseul-Beaupré). La situation des réformés, l’ambiguïté des textes royaux, les confortaient dans leur attitude, de même que les déclarations royales de 1698 et 1724. Les Quatre Terres furent l’objet d’une contre-réforme active.

  • 13 Paul Perdrizet, « Les survivances catholiques dans le pays de Montbéliard », Comptes rendus des séa (...)
  • 14 De surcroît, la lettre de cachet au Parlement de 1707 stipulait que « comme seul souverain » le roi (...)

9Dans ces territoires dont la toponymie témoignait encore de l’empreinte catholique comme à Saint-Maurice13, des catholiques furent envoyés pour occuper les bâtiments considérés, mais également constituer l’avant-garde d’une migration à venir. Il fallait en effet rééquilibrer numériquement les forces en présence et, ce faisant, amoindrir l’influence protestante. Des prêtres furent nommés, comme Louis XIV le décréta dans ses lettres de cachet (1707)14. Cela signifiait le plus souvent ôter de ce même lieu le pasteur et désorganiser l’encadrement de la communauté. Cette situation fut renforcée, en 1740, par la décision de placer un prêtre en lieu et place des pasteurs décédés. Le prêtre arrivait accompagné d’un maître d’école et, parfois, une maîtresse pour les petites filles. La présence d’un encadrement confessionnel catholique devait inciter la migration des catholiques sur le territoire des Quatre Terres.

  • 15 Jean-Baptiste Bailly-Briet, op. cit.
  • 16 Ibid., p. IV.
  • 17 Ibid., p. 140.
  • 18 Le traité de 1748 stipulait : « Pour ce qui est des réparations des églises et des presbytères, les (...)
  • 19 Georges-Louis Kilg, Très humble et très respectueuse adresse présentée à l’Assemblée nationale par (...)

10Les enjeux confessionnels s’entrelacèrent avec des enjeux financiers comme le montre le libelle Le comté de Montbéliard agrandi et enrichi au préjudice de la Franche-Comté15. L’auteur, Jean-Baptiste Bailly-Briet, avocat né en 1720, vivait des mémoires qui lui étaient commandés. Celui-ci concerne le traité de 1786 et fut sans doute soutenu par le Parlement de Besançon. L’avocat y déplore « les franchises » accordées aux habitants des seigneuries de même que les « […] plus fortes atteintes […] » dont souffre « […] la religion que nos pères ont défendue contre ce petit état, qui l’attaquoit, les armes à la main […] »16. Selon lui, « […] Louis XIV et Louis XV, loin d’autoriser le luthéranisme dans ces seigneuries, ne l’y ont souffert que par leur silence, et n’ont cessé d’en accélérer l’extinction, et le rétablissement entier de la religion catholique »17 puisqu’ils n’avaient admis qu’une seule tolérance, laquelle ne valait pas obligation. Son interprétation des lettres royales et des traités contredit celles qu’en firent les diplomates, mais repose sur les ambiguïtés contenues par les textes18. Quant à la nuance entre droit et tolérance, le pasteur Georges-Louis Kilg en fit état dans son adresse à l’Assemblée nationale constituante : il demandait que les habitants protestants des seigneuries fussent « rétablis, non plus à titre de Tolérance, mais de Droit, dans toute la plénitude de l’exercice public de leur culte […] »19.

  • 20 Ibid., p. 15.
  • 21 Ibid., p. 16.
  • 22 Georges-Frédéric Goguel, Précis historique de la Réformation et des églises protestantes dans l’anc (...)
  • 23 Georges-Louis Kilg, op.cit., p. 13.
  • 24 Bib. Mun. De Besançon, ms Duvernoy 40, rapport du pasteur Kilg sur les seigneuries de Blamont et Cl (...)

11En effet avait été confisqué tout ou partie du patrimoine immobilier (église, presbytère, maison d’école), ce qui entravait l’exercice du culte. Parfois, un partage des lieux avait été introduit (simultaneum à Héricourt ou, dans le même lieu, préemption par les catholiques d’un des deux étages de la maison d’école). Dans le cas d’une saisie totale de ces biens et/ou d’une interdiction de pratiquer leur culte librement, les protestants se déplaçaient afin de se rendre au temple ou à l’école – l’éloignement physique symbolisant ici l’éloignement spirituel poursuivi par les catholiques. En la matière, la seigneurie de Châtelot est la plus marquée. Suite à des révoltes de sa population protestante au début du xviiie siècle, elle fut en grande partie privée de liberté de culte. Dès lors les paroissiens se rendirent dans le comté de Montbéliard, « sur terre étrangère »20. Vexations et intimidations se multipliaient, légitimées par les positions royales. Le pasteur Kilg affirmait, en 1790, qu’« […] on comminoit contr’eux des amendes de 1000 livres, s’ils s’avisoient d’user du droit, si sacré par-tout ailleurs, d’instruire leurs enfans et qu’on traînoit dans les cachots ceux qui s’en occupoient ; on les forçoit de se cottiser pour l’entretien de nouveaux régens Catholiques »21. Ces dires sont corroborés par ceux du pasteur Georges-Frédéric Goguel, lequel racontait qu’à la même époque le prêtre de Saint-Maurice parcourait le village, la nuit, « […] sous l’escorte d’employés de ferme » et entrait dans les maisons pour lacérer les ouvrages de piété et menacer les protestants22. La seigneurie de Clémont n’était pas épargnée : d’après le pasteur Kilg, les jeunes gens aisés de Montécheroux (chef-lieu de la seigneurie) étaient envoyés en Suisse pour étudier. Les autres, restés sur place, peinaient à rejoindre Pierrefontaine-lès-Blamont, à environ une heure de marche en traversant le massif du Lomont. Le ministre considérait cela dangereux en cas d’incendie puisque nul ne pourrait rentrer assez vite23. Cette métaphore du danger encouru par les âmes éloignées du salut faisait écho à une parabole antérieure : en 1785, en effet, il présentait les protestants dépouillés des moyens de s’instruire, de prier ou d’enterrer leurs morts comme autant « de brebis errantes et vagabondes […]24.

  • 25 AN, K 2176, 1787 et 1789.
  • 26 Arch. Dép. Haute-Saône, E 231.
  • 27 AN, K 2176, 1789.

12Lorsque la liberté était tolérée, les protestants amodiaient un autre local et finançaient alors doublement l’instruction des enfants puisqu’ils contribuaient souvent aussi à l’entretien du maître d’école catholique. Dans ce cas, la fragilité pécuniaire des habitants aurait dû les conduire à se détacher des lieux scolaires et, partant, de la formation requise par les ordonnances ecclésiastiques de la Principauté. Cela se vérifie à Luze, dans la seigneurie d’Héricourt, en 1787 : l’absentéisme est important, mais depuis un an le régent ne peut plus se loger dans l’école en ruine25. Il assure également l’instruction à Couthenans où là encore ne se trouve pas de maison d’école. Las, les habitants de Couthenans ne parviennent pas à faire entendre à la Recette ecclésiastique de la Principauté qu’une aide financière pour honorer le gage du maître d’école serait bienvenue ; ladite Recette les prie de se tourner vers leurs coreligionnaires de Luze et Chagey. G.-L. Kilg explique alors que les habitants de ces deux communautés, outre le fait qu’ils paient leurs propres maîtres d’école, « financent les réparations de l’Église, de la Cure et de la Maison d’Ecole de Chagey, le Curé étant saisi de tous les revenus de la Fabrique » et qu’ils paient « 40 écus par an au maitre d’Ecole Papiste, et ils entretiennent le luminaire ». Aussi « leur proposer un nouvel impot, ce serait les révolter […] »26. En 1790, à Chagey encore, le régent catholique reçoit 43 livres par an et le protestant 15 pour logement puisque les catholiques se sont saisis du bâtiment, contraignant les protestants à en amodier un sans que la jeunesse ne semble en tirer grand profit27.

  • 28 Jean-Pierre Dormois, op. cit., p. 530.
  • 29 Extrait d’un rapport du pasteur Eberhard Georges Méquillet d’Héricourt sur deux missions catholique (...)

13Enfin, le catholicisme occupa l’espace visible. Au terme d’un appel devant le Parlement de Besançon, une ordonnance de l’intendant Deschiens de la Neuville datée de 1732 exigea que la communauté d’Héricourt fût condamnée « pour n’avoir pas arboré des rameaux sur les façades de leurs maisons le jour de la Fête-Dieu ». Désormais, les protestants du lieu avaient obligation de se découvrir « au passage du Saint-Sacrement »28. Des missions furent également organisées. À Héricourt, elles eurent lieu respectivement en 1765 et 1766, sans grand succès en matière de conversion. En revanche, la population présente semble avoir été très nombreuse durant la procession de 176629 : sans doute des catholiques se déplacèrent-ils depuis des terres autres que celles des seigneuries.

Le bilan d’une situation de tension

Les seigneuries inégalement touchées

14Nuire à l’organisation de l’instruction protestante est, pour une partie du clergé catholique ainsi que des administrateurs, un enjeu de mission ainsi que de déstabilisation profonde des transmissions. On observe toutefois de nettes différences entre les seigneuries et non l’uniformité attendue.

  • 1 Lougres.
  • 2 Pierrefontaine-lès-Blamont, Roches-lès-Blamont, Autechaux, Seloncourt, Vandoncourt, Dasle, Beaucour (...)
  • 3 Brevilliers, Échenans-sur-l’Étang, Chagey, Luze, Héricourt, Tavey, Byans.
  • 4 Les sources attestent toutefois du fonctionnement de celle de Lougres. Quant à celle de Longevelle- (...)
  • 5 Bib. Mun. de Besançon, ms Duvernoy 40, 26 janvier 1785 ainsi qu’Arch. Dép. Doubs, 971 GG6.

15Les communautés privées de régents protestants se trouvaient essentiellement dans les seigneuries « du sud » (Clémont, Blamont, Châtelot). D’après nos recherches croisées avec des données que m’avaient transmises Jean-Marc Debard, auquel l’histoire du pays de Montbéliard doit tant, sur les sept communautés de la seigneurie du Châtelot qu’il avait répertoriées, une seule avait une école1. Dans les seigneuries de Blamont et Clémont, sept écoles existaient dans les seize communautés qu’il recensait2. Dans la Seigneurie d’Héricourt, huit écoles étaient ouvertes pour neuf communautés3. Ce déséquilibre entre les seigneuries est confirmé par un rapport du ministre Kilg daté de 1785. Il affirme qu’aucune école protestante n’est ouverte dans la seigneurie de Châtelot4 et fait état de dix villages sur treize sans maître protestant dans les seigneuries de Blamont et Clémont (en comprenant les villages mi-partis). Parmi eux, Blamont comptait 453 habitants, dont 253 protestants et 200 catholiques. Quand les écoles protestantes étaient maintenues, les charges financières s’avéraient lourdes : ainsi, à Pierrefontaine-lès-Blamont, déclarée filiale de l’église catholique de Blamont, les habitants protestants payaient un tiers du revenu de la maîtresse catholique, Jeanne-Marie Caillard, ainsi que de l’entretien du cimetière et du logement du curé dont cette femme aurait été, aux dires du pasteur, la servante5. Le curé interdisait aux protestants d’être salariés sur les revenus de la communauté.

  • 6 Pierre-Frédéric Beurlin, op. cit. Nous ne trouvons plus de trace de sa présence durant la Révolutio (...)
  • 7 « Des villages Cassini aux communes d’aujourd’hui : Échavanne », site : Cassini.ehess.fr.
  • 8 AN, K 216, 1786.
  • 9  AN, K 2176, 1791.
  • 10 AN, K 2176, 1788.
  • 11 AN, K 2176, 1788.

16La Seigneurie d’Héricourt fut, elle, touchée par des mesures financières plus que des interdictions. Les écoles protestantes étaient protégées même si, parallèlement, une école catholique était ouverte. G.‑L. Kilg vantait ce système, sans doute soucieux de l’établir à Blamont. À Héricourt, un instituteur catholique fut établi en 1713, rejoint par une maîtresse catholique vers 1743. Ceci n’allait pas sans contrepartie puisque le traitement du régent protestant fut divisé en deux, de même que le bâtiment d’école. En outre, la maîtresse protestante fut privée du traitement versé par la communauté de 1731 jusqu’en 1752 suite à une défense faite par Charles Deschiens de la Neuville, intendant de Franche-Comté, de la rétribuer compte tenu de l’absence de maîtresse d’école catholique6. Ces problèmes financiers, sans nuire totalement au développement de l’instruction, ralentissaient les investissements : en 1786, Beaucourt ne disposait que d’une maison d’école « chétive » où ne pouvait se loger le régent. À Échavanne, petite communauté de 125 habitants7, le surintendant notait qu’il était « pitoyable de voir le Régent se transporter de maison en maison pour donner ses leçons, tantôt ci, tantôt là, et pour y faire prière publique »8. Alors que les habitants d’Étobon prenaient l’initiative de construire l’école en face de la maison curiale, les habitants de Trémoins, village mi-parti, se séparèrent en deux clans. Ceux du comté de Montbéliard adhérèrent à la requête et ceux de la seigneurie d’Héricourt refusèrent9, sans doute parce qu’ils subissaient davantage de ponctions fiscales. Or la localisation de la maison d’école était un enjeu considérable : symbolique, d’abord, si elle était à proximité du temple et marquait ainsi l’alliance de la communauté et du pasteur ; pratique, ensuite, pour faciliter la scolarisation quotidienne des enfants. Vandoncourt et Dasle investirent dans la construction d’un nouveau bâtiment pour accueillir les écoliers seulement à la fin des années 178010 - soit après l’édit de tolérance de 1787 et sans doute sous l’influence des notables locaux comme le pasteur Jacques-Christophe Perdrizet. Ce dernier visitait les écoles toutes les fois que son ministère l’amenait « à venir pour une fonction particulière dans ces villages »11.

  • 12 Jean-Pierre Dormois, op. cit., p. 529.
  • 13 Abbé Tournier, Le monument de Chagey ou le patriotisme luthérien dans le pays de Montbéliard, Besan (...)
  • 14 Jean-Pierre Dormois, op. cit., p. 530-531.

17Le contraste des situations locales s’explique-t-il uniquement par l’influence du catholicisme et les contraintes pesant sur les communautés ? Certes, des acteurs collectifs influaient, comme le Parlement soucieux de « […] de tout régir en Franche-Comté […] » et « d’effectuer une conquête du Pays pour l’intérêt de la province plutôt que du royaume »12. Sans doute voyaient-ils dans leur action un enjeu majeur pour l’affirmation de la souveraineté nationale française puisque laisser les enfants dans l’orbite protestante, c’était accepter le risque qu’ils s’en remettent à la protection du duc de Wurtemberg. Cette identification du protestantisme et de l’étranger traversait encore les débats politiques en Franche-Comté après 1871, sous la plume notamment de l’abbé Tournier13. Ainsi que le mentionne Jean-Pierre Dormois, intervenaient aussi le caractère et les convictions des acteurs individuels et notamment des prêtres. Certains s’engageaient avec plus de fougue que d’autres dans un combat de conquête/reconquête des âmes en faveur du catholicisme et du royaume de France. Parmi eux, le dénommé Fourcault. Il se distingua par son zèle à Héricourt, peu avant la Révolution14. Cependant, on peut également interroger la position géographique et le contexte économique des seigneuries : la seigneurie d’Héricourt, moins touchée que les autres, se trouvait dans le rayon industriel de Mulhouse. L’ouverture du marché français lui était favorable, comme en atteste l’essor de l’industrie textile au dix-huitième siècle. Cela bénéficiait à une bourgeoisie plus à même de défendre les intérêts et du protestantisme et du développement industriel liant les deux parties. Dans le cadre d’un intérêt mutuel, les relations furent moins belliqueuses et semblent avoir davantage emprunté au modèle alsacien.

Des communautés fortement contraintes malgré ces nuances

  • 15 AN, K 2175 et 2176, relations des visites ecclésiastiques annuelles.
  • 16 Bib. Mun. de Besançon, ms Duvernoy 40, 26 janvier 1785.

18Malgré ces distinctions, le rôle de l’Église luthérienne dans l’organisation scolaire était menacé. D’une part, la surveillance ecclésiastique des écoles ne se faisait plus par le surintendant accompagné des pasteurs que dans les paroisses dont le chef-lieu se trouvait sous « l’autorité souveraine de la sérénissime Maison de Wirtemberg »15. D’autre part, les pasteurs composaient avec les forces en présence : à Blamont, Georges-Louis Kilg ne put recevoir les enfants en âge de faire la première communion pour les examiner sur leur niveau, car « tout acte de la religion protestante est interdit ici »16. Cela induisait que le pasteur ne mesurait pas l’efficience de l’école, dont on attendait, comme nous l’avons vu en première partie, qu’elle fournissait les connaissances religieuses essentielles. Les modalités de l’organisation scolaire étaient bousculées : traditionnellement, les écoles protestantes de la Principauté étaient mixtes, hormis quelques-unes pour la bourgeoisie à Montbéliard et, semble-t-il, Héricourt. L’arrivée de maîtresses d’école catholiques rétribuées pour parti sur les revenus des protestants représentait donc un poids illégitime. Pour finir, les paroissiens parcouraient des distances qui atteignaient vite cinq, six kilomètres (comme, par exemple, pour rejoindre l’école de Pierrefontaine-lès-Blamont depuis Montécheroux). Cela n’était pas sans fragiliser l’application des ordonnances sur l’obligation de la scolarisation, obligation déjà peu respectée par les familles en temps normal en dehors des mois d’hiver.

19Par conséquent, les pasteurs notent le rapport plus lâche des seigneuries avec les écoles et les conséquences socio-économiques de cette situation. Léopold Eberhard Bonsen, surintendant, déplorait la situation « apetisséee » de la Principauté et piquait la fierté des communautés en décrivant des catholiques plus enclins à envoyer leurs enfants à l’école. Les contraintes généraient une perte de repères et d’adhésion ou risquaient de le faire : souvent lyrique, le surintendant se récriait

  • 17  AN, K 2176, 1776.

[…] contre le tort qui a été fait à la Jeunesse du village de Bondeval qui, dans les circonstances présentes, adhère à la Paroisse d’Audincourt après avoir été privée du droit d’avoir un Régent d’ecole, comme d’autres communautés en ont. Cette jeunesse destituée de toute instruction quelconque, s’abbrutira à la fin, et sera mise hors d’état de servir, comme il convient, Dieu et sa Majesté très-Chrétienne17.

  • 18 Ibid.
  • 19 Bib. Mun. de Besançon, ms Duvernoy40, 26 janvier 1785.

20Une mobilisation de tous était nécessaire et il brandissait pour preuve, en 1776, le registre des absents du village mi-parti de Mandeure18. Georges-Louis Kilg opposait, lui, la situation des villages dont les maîtres d’école et les temples avaient été conservés à celle des autres : dans ceux-ci, bonheur, prospérité économique, voire invention d’outils d’horlogerie « au moïen desquels il fait, avec la plus grande justesse, quattre à six fois plus d’ouvrage qu’un autre ouvrier dans le même espace de tems »19. Dans ceux-là, émigration, inculture, terres en friche, refus d’acquérir des techniques agricoles plus modernes, tandis que l’indolence frappait les hommes condamnés par l’intolérance.

  • 20 Arch. Mun. de Montbéliard, Archives hospitalières, E29, avis du receveur de l’hôpital sur la requêt (...)
  • 21 Son fils Charles-Philibert Masson (1762-1807) est l’auteur de La Nouvelle Astrée et des Mémoires se (...)
  • 22 Arch. Mun. de Montbéliard, Archives de l’Inspection ecclésiastique de Montbéliard (AIE), Mon 1.

21Au terme de cette politique destinée à mettre à mal l’organisation du culte luthérien en ce qu’il avait de plus prégnant, peu de conversions au catholicisme furent enregistrées. Cela provient de ce que les luthériens trouvaient refuge pour leur culte et leur instruction en Alsace, en Suisse ou dans le comté voisin. Là, le réseau des écoles pourvoyait à l’instruction de la majorité de ces enfants. La vigilance était aussi de mise : la maison des orphelins de l’hôpital de Montbéliard était accessible, si la communauté en avait les moyens, aux enfants menacés de conversion en vertu des déclarations royales de 1698 et 172420. Enfin, la conversion était vécue comme une indignité, prémice de l’ostracisation. Lorsque Charles-Philibert Masson21 abjura pour conserver son office de greffier au bailliage de Blamont, son épouse le quitta. En 1773, elle revint à Montbéliard et permission lui fut accordée de tenir école22. Celle-ci était devenue lieu de réparation. Lorsque le pasteur Beurlin fournit une liste des convertis dans la seigneurie d’Héricourt, il ajoute que

  • 23 Pierre-Frédéric Beurlin, op.cit.

[…] ces individus, appartenant à la classe indigente et ignorante de la population, ont cédé aux obsessions du clergé catholique pour avoir des secours en argent ou en nature, qui toutefois furent moins grands qu’ils ne l’espéraient.23

  • 24 Bib. Mun. de Besançon, ms Duvernoy 1.
  • 25 Georges-Louis Kilg, op.cit., p. 13.

22En revanche, le nombre de catholiques augmenta dans les Quatre Terres : à la veille de la Révolution, ils y représentaient environ un dixième de la population totale24. Dans certains villages, comme à Saint-Maurice, ne se trouvaient qu’un curé, un maître et une maîtresse d’école ainsi que « quelques employés de ferme25.

  • 26 D’après le pasteur Pierre-Frédéric Beurlin, deux ménages sur 140 étaient catholiques en 1704. Ils é (...)
  • 27 Stéphane Kronenberger, « Immigration et religion dans le Nord Franche-Comté (1871-1918) », Cahiers (...)

23Dans d’autres, ils étaient plus nombreux (comme à Villars-lès-Blamont, Blamont ou Héricourt26). Le développement proto-industriel ne fut pas étranger à cette sensible augmentation27, encouragée par la présence d’autorités catholiques encadrantes.

L’effet paradoxal de ces oppositions

Une conscience identitaire renforcée pour chaque partie

24Étaient déployées, à toutes les échelles, des stratégies pour résister et défendre l’identité propre à ce qui constituait un « pays ».

  • 1 Pierre-Frédéric Beurlin, op. cit.
  • 2 Arch. Dép. Doubs, 971 GG6, requête du recteur d’école à Monsieur l’Intendant, 1769.
  • 3 Arch. Dép. Doubs, 971 GG6, marchés passés avec Jeanne-Marie Caillard (1755-1786).
  • 4 AN, K 2176, 1788.

25Les communautés se soumettaient de manière rétive. Chagey perdit sa maison d’école après qu’en 1740, alors que les habitants refusaient de céder leur église au culte catholique, le roi exigea le remplacement des pasteurs décédés par un prêtre. Le commandant de la place de Blamont donna un détachement de sa garnison pour accompagner le curé Briot dans la prise de possession de l’église et du presbytère. Ce détachement fit feu, sous l’autorité du lieutenant général au bailliage de Baume et du bailli d’Héricourt, sur les paroissiens qui demandaient à voir les ordres du roi. Le prêtre s’empara de l’église, du presbytère et de la maison d’école dans laquelle il plaça un chantre instituteur1. Les habitants de Chagey et Luze se rendirent dorénavant au temple à Couthenans, dans le comté de Montbéliard. Cette opposition affleure en creux : ainsi le maître d’école catholique de Blamont se plaignait, en 1769, des conditions de son logement2 tandis que la maîtresse d’école des petites filles catholiques de Pierrefontaine-lès-Blamont déplorait très régulièrement le retard de ses gages dus par les habitants de Blamont et de Pierrefontaine3 depuis son installation. L’encadrement des fidèles, particulièrement des jeunes gens prompts à échapper aux écoles comme aux catéchisations, était menacé lors du remplacement des pasteurs décédés par des prêtres : aussi le Conseil ecclésiastique instaura-t-il des diacres, de manière à éviter la vacance survenant au décès d’un pasteur, mais aussi seconder ce dernier lorsqu’il venait à être âgé. Un chef-lieu de paroisse fut également créé à Beutal afin de desservir la seigneurie du Châtelot. Le pasteur Léopold-Frédéric Fallot y exerçait très attentivement son ministère et veillait particulièrement aux écoles4.

  • 5 Armand Lods, La législation des cultes protestants, 1787-1887, Paris, Grassart, 1887, p. 19-20.
  • 6 Arch. Dép. Haute-Saône, 497 E sup. 5, registre des délibérations de la commune.
  • 7 Arch. Dép. Doubs, 972 D2, lettre du sous-préfet au maire, 2 floréal an XI [22 avril 1803].

26En 1790, l’ensemble des seigneuries fut incorporé dans le découpage administratif de la France révolutionnaire et rattaché aux nouveaux départements. À la suite du rapport de Georges-Louis Kilg, le décret du 9 septembre 1790 relatif aux protestants de la confession d’Augsbourg des Quatre Terres de Blamont, Clémont, Héricourt et Châtelot, rappela que les protestants des Quatre Terres devaient exercer librement leur culte, « avec églises, écoles, sépultures, fabriques, consistoires, paiement de ministres et de maîtres d’école »5. Toute atteinte qui y serait portée serait nulle et non avenue. Des conflits éclatèrent entre les communautés confessionnelles, notamment en Haute-Saône. Comme par le passé, les autorités civiles y soutinrent les revendications catholiques contre, parfois, les lois nationales. Ainsi le département de Haute-Saône affirmait, en l’an III, que les protestants ne pouvaient former aucune demande sur l’église de Tavey jusqu’à ce que la Convention ait statué sur la pétition du culte simultané6. À Blamont, alors que le simultaneum devait être adopté, les catholiques refusèrent de partager la jouissance de l’église avec les protestants. Ils les renvoyèrent vers Pierrefontaine-lès-Blamont et leur enjoignirent de « cesser d’enfreindre les droits des catholiques » par leurs démarches et leurs menaces7. Ces crispations autour des lieux de culte perdurèrent au-delà de la Restauration. Toutefois, les dissensions ne concernaient plus les écoles.

Un attachement à la scolarisation qui prend corps durant la Révolution

27En effet, si l’édit de tolérance de 1787, récusé par le Parlement de Besançon, ne modifia pas la situation scolaire dans les territoires fortement empreints d’intolérance, la Révolution constitua un réel tournant. Elle concéda, outre des libertés, des droits tangibles et une égalité entre les cultes. De surcroît, les tensions liées aux sentiments d’appartenance nationaux différents, voire divergents, s’atténuèrent. L’annexion du Comté, qui eut lieu le 10 octobre 1793 et fut reconnue le 15 août 1796 par le traité de Paris, fondit l’ensemble des populations dans une même nation dont chacune des parties disposa de sa liberté propre, mais également de l’organisation d’une instruction publique pour développer ses écoles. Nation et loi transcendèrent une partie des divergences ou furent employées pour ce faire à compter du décret du 29 frimaire an II [19 décembre 1793].

28La reconstruction très active d’un réseau scolaire dans les Quatre Terres à compter de l’an II atteste de ce que l’affirmation catholique n’avait pas entamé l’attachement des communautés aux écoles. L’égalité des droits puis le « creuset républicain » permirent aux protestants de rééquilibrer les forces dans les communes et de recruter, au besoin, des instituteurs protestants.

  • 8 Arch. Dép. Doubs, 3133L6, nomination de Pierre Baudrois, copie de la délibération des membres du ju (...)
  • 9 Arch. Mun. de Montbéliard, AIE, 5D4, relations préparatoires des visites ecclésiastiques.
  • 10 Arch. Mun. de Montbéliard, AIE, 5D4.
  • 11 Élisabeth Berlioz, « Sur le Traité élémentaire pour l’instruction de la jeunesse (1811) : essai d’i (...)

29En l’an III, l’instituteur protestant Pierre Baudrois fut installé à Blamont par le jury d’instruction du district de Saint Hippolyte8. À Saint-Maurice, Colombier-Châtelot, Colombier-Fontaine, des écoles existaient en 1807 pour, respectivement, 40, 40 et 60 enfants9. À Bondeval aussi se tenait une école, pour 33 élèves, comme à Montécheroux où 70 enfants se rendaient diligemment à l’école en hiver. Cependant, les résultats n’étaient pas encore à la hauteur des espérances10. Faut-il voir dans ce constat le reflet d’une situation de privation de plus d’un demi-siècle ou celui d’une ruralité peinant à développer les talents autant qu’à investir pour le faire ? À lire le manuscrit rédigé par un certain Frédéric Fallot à destination de la jeunesse agricole de Longevelle-sur-Doubs en 1810-1811, il semblerait que cette hypothèse ne soit pas à négliger11.

  • 12 Arch. Dép. Doubs, 972D2, 11 pluviôse an IX [31 janvier 1801], nomination des instituteurs catholiqu (...)
  • 13 Ibid.
  • 14 Arch. Dép. Doubs, 2J12, état de situation de l’école primaire, arrondissement de Porrentruy.

30Parallèlement, l’existence des écoles catholiques ne fut pas menacée. Un certain nombre de communes conservèrent maître d’école protestant et maître d’école catholique, à la faveur d’une migration catholique croissante. À Blamont, en l’an IX, les deux instituteurs, catholique et protestant, jouissaient « par moitié et divisement de la maison et du jardin […], sauf de l’appartement ordinairement réservé à la mairie [pour] les mariages »12. Leurs gages étaient strictement identiques ainsi que leurs devoirs : ils devaient instruire la jeunesse dans les principes républicains ainsi qu’à lui apprendre à lire, écrire, l’arithmétique13. On mesure le chemin parcouru depuis les revendications du pasteur G.-L. Kilg. Les contrats passés par les communes avec les instituteurs protestants et catholiques montrent cependant de légères nuances. Ainsi en l’an XI, l’instituteur protestant de Voujeaucourt est payé par la commune et bénéficie du logement sans que les enfants ne le rétribuent en plus. L’instituteur catholique « a son chez lui », reçoit 100 francs de la commune mais les familles ajoutent 25 à 50 centimes par mois et par enfant. D’après les comptes fournis aux sous-préfets, les protestants privilégient la répartition des frais de scolarisation sur l’ensemble des chefs de famille et tâchent de ne pas exiger de sommes supplémentaires aux familles d’enfants en âge scolaire14. La mixité confessionnelle semble avoir été extrêmement rare, d’autant que des écoles privées s’étaient développées qui instruisaient les enfants de l’une ou l’autre confession.

Conclusion

  • 1 Arch. Dép. Haut-Rhin, O sup. 6. Les logements des maîtres sont aussi distincts selon leur confessio (...)

31L’instruction fut pour les luthériens de la Principauté de Montbéliard un enjeu important au cours du xviiie siècle. En effet, elle façonnait l’identité propre à leur « pays ». L’école et les diverses formes d’instruction religieuse devinrent un point de tension lorsque la souveraineté française porta atteinte à l’organisation des modes de transmission confessionnels nécessaires au salut des individus et du groupe. Toutefois, on ne peut parler d’un recul massif de l’instruction puisque des stratégies furent adoptées afin de pallier la désorganisation. On observe même une émulation réciproque entre catholiques et protestants : en certains lieux le maître d’école fut, aux côtés du prêtre, le premier catholique présent tandis que les protestants des communautés dépourvues d’école embauchèrent un instituteur dès que les lois révolutionnaires leur en donnèrent la possibilité. La cœxistence avait, peu à peu, pris corps dans les seigneuries et se développa encore au cours du xixe siècle, durant les migrations économiques catholiques en territoire montbéliardais. Elle n’excluait pas des formes de ressentiment, transmises par la mémoire collective en dehors des seigneuries elles-mêmes. En 1806, le budget de la commune de Mandeure pour l’an xiv différenciait comme sous l’Ancien Régime dettes catholiques et dettes protestantes puisque cet « […] ordre des choses immémorial subsiste et ne peut être changé »1.

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Notes

1 Elle était formée du comté de Montbéliard (qui comprenait la seigneurie d’Étobon), des seigneuries de Châtelot, Héricourt, Clémont et Blamont (ou Quatre Terres) francophones et luthériennes, des seigneuries luthériennes et germanophones de Riquewihr et d’Horbourg ainsi que des seigneuries, catholiques et francophones, des Granges, de Passavant et de Clerval.

2 Encyclopédie, Neuchâtel, Samuel Faulche, 1765, article « Montbéliard ».

3 Les trois autres seigneuries francophones étaient majoritairement catholiques et il avait déjà abdiqué sa souveraineté sur les terres alsaciennes de Riquewihr et d’Horbourg dont il ne conversait que les droits réels et le contrôle ecclésiastique.

4 Cité par Jean-Baptiste Bailly-Briet, Le Comté de Montbéliard agrandi et enrichi au préjudice de la Franche-Comté, par l’échange conclu le 21 mai 1786 entre le Roi et M. le duc de Wirtemberg, relativement aux limites du comté de Montbéliard et des seigneurs de Blamont, Clémont, Héricourt et Châtelot, dédié aux États généraux par un Franc-Comtois, sans lieu, 1789, p. 108-109.

5 Jean-Pierre Dormois, « Le magistrat au village, l’installation de la justice royale sur la périphérie française : Héricourt (1676-1790) », Histoire, économie et société, 1985, p. 519.

6 Le terme école désigne ici le rassemblement d’enfants autour d’un maître dans des maisons particulières ou dans un lieu dévolu à cet effet et nommé maison d’école.

1 Ordonnance ecclésiastique, des Comté, Terres et seigneuries de Montbéliart et Richeuille, et statutz, conformes àicelle, trad. Léger Grimault, Bâle, Imp. Immanuel Herold, 1568, 309 p.

2 Archives nationales (AN), K 2176, Supplément aux ordonnances, manuscrit en français daté de 1724

3 AN, K 216.

4 AN, K 2176. Abbévillers, 1788.

5 Il était formé du Conseil de régence, lequel représentait le duc de Wurtemberg se trouvant à Stuttgart, et du surintendant ecclésiastique.

6 L’usage du terme de régent correspondait à celui qui était usité non en France mais en Suisse, où le terme était appliqué aux maîtres des petites écoles.

7 Supplément aux ordonnances ecclésiastiques de la principauté de Montbéliard, Montbéliard, J. Biber, imp. de SAS, 1726, p. 38.

8 Ibid.

9 AN, K 2176

10 Les principes ou les premiers élémens de la Religion chrétienne […] pour l’usage de la Jeunesse de la Principauté de Montbéliard, 1re édition Montbéliard, 1730. Édition consultée : Montbéliard, Jean-Pierre Biber, 1752, p. 117-118

11 Ibid.

12 Jean-Baptiste Bailly-Briet, op. cit., p. 322-323

13 Paul Perdrizet, « Les survivances catholiques dans le pays de Montbéliard », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 82e année, n° 2, 1938, p. 149-150.

14 De surcroît, la lettre de cachet au Parlement de 1707 stipulait que « comme seul souverain » le roi de France est « en droit de rétablir, même depuis la paix de Ryswick, des curés à Vougeaucourt, et dans les églises des quatre Seigneuries […] ». Cf. Lettre de cachet de Louis XV du 20 juillet 1749, adressée au Parlement de Besançon, citée par Jean-Baptiste Bailly-Briet, op.cit., p. 317-318.

15 Jean-Baptiste Bailly-Briet, op. cit.

16 Ibid., p. IV.

17 Ibid., p. 140.

18 Le traité de 1748 stipulait : « Pour ce qui est des réparations des églises et des presbytères, les habitans luthériens des paroisses doivent y contribuer comme les catholiques » ce qui revenait à fragiliser les communautés. Ibid., p. 108.

19 Georges-Louis Kilg, Très humble et très respectueuse adresse présentée à l’Assemblée nationale par les citoyens de la Confession d’Ausbourg, habitans des quatre terres de Blamont, Clémont, Héricourt et Châtelot, départemens du Doubs et de la Haute-Saône, Paris, impr. de la société typographique, 1790, p. 25-26. Le terme de tolérance est en italique dans le texte.

20 Ibid., p. 15.

21 Ibid., p. 16.

22 Georges-Frédéric Goguel, Précis historique de la Réformation et des églises protestantes dans l’ancien comté de Montbéliard et ses dépendances, Paris, M. Aurel Frères, 1841, p. 146.

23 Georges-Louis Kilg, op.cit., p. 13.

24 Bib. Mun. De Besançon, ms Duvernoy 40, rapport du pasteur Kilg sur les seigneuries de Blamont et Clémont, 26 janvier 1785.

25 AN, K 2176, 1787 et 1789.

26 Arch. Dép. Haute-Saône, E 231.

27 AN, K 2176, 1789.

28 Jean-Pierre Dormois, op. cit., p. 530.

29 Extrait d’un rapport du pasteur Eberhard Georges Méquillet d’Héricourt sur deux missions catholiques, cité par Pierre-Frédéric Beurlin, pasteur de la paroisse d’Étobon, Recherches historiques sur l’ancienne seigneurie d’Héricourt, vers 1889, bibliothèque de Montbéliard, manuscrit 215 [Transcription de Danièle Dufourt, mis en ligne sur le site http://patrice.ravelet.free.fr/5VillagesDesBois/ par Jean Hennequin].

1 Lougres.

2 Pierrefontaine-lès-Blamont, Roches-lès-Blamont, Autechaux, Seloncourt, Vandoncourt, Dasle, Beaucourt.

3 Brevilliers, Échenans-sur-l’Étang, Chagey, Luze, Héricourt, Tavey, Byans.

4 Les sources attestent toutefois du fonctionnement de celle de Lougres. Quant à celle de Longevelle-sur-Doubs, elle ne semble pas avoir perduré après 1768, date à laquelle elle est mentionnée par les visites ecclésiastiques pour décrire une situation désastreuse : le régent fait catéchisation et prière publique dans sa maison mais personne n’ose s’y trouver, hormis les enfants (AN, K2175).

5 Bib. Mun. de Besançon, ms Duvernoy 40, 26 janvier 1785 ainsi qu’Arch. Dép. Doubs, 971 GG6.

6 Pierre-Frédéric Beurlin, op. cit. Nous ne trouvons plus de trace de sa présence durant la Révolution.

7 « Des villages Cassini aux communes d’aujourd’hui : Échavanne », site : Cassini.ehess.fr.

8 AN, K 216, 1786.

9  AN, K 2176, 1791.

10 AN, K 2176, 1788.

11 AN, K 2176, 1788.

12 Jean-Pierre Dormois, op. cit., p. 529.

13 Abbé Tournier, Le monument de Chagey ou le patriotisme luthérien dans le pays de Montbéliard, Besançon, Paul Jacquin, 1899, p. 3 : « Pour la France, le protestantisme est antinational ».

14 Jean-Pierre Dormois, op. cit., p. 530-531.

15 AN, K 2175 et 2176, relations des visites ecclésiastiques annuelles.

16 Bib. Mun. de Besançon, ms Duvernoy 40, 26 janvier 1785.

17  AN, K 2176, 1776.

18 Ibid.

19 Bib. Mun. de Besançon, ms Duvernoy40, 26 janvier 1785.

20 Arch. Mun. de Montbéliard, Archives hospitalières, E29, avis du receveur de l’hôpital sur la requête de Brevilliers (seigneurie d’Héricourt), 17 mars 1774.

21 Son fils Charles-Philibert Masson (1762-1807) est l’auteur de La Nouvelle Astrée et des Mémoires secrètes de Russie.

22 Arch. Mun. de Montbéliard, Archives de l’Inspection ecclésiastique de Montbéliard (AIE), Mon 1.

23 Pierre-Frédéric Beurlin, op.cit.

24 Bib. Mun. de Besançon, ms Duvernoy 1.

25 Georges-Louis Kilg, op.cit., p. 13.

26 D’après le pasteur Pierre-Frédéric Beurlin, deux ménages sur 140 étaient catholiques en 1704. Ils étaient trente-deux sur 240 en 1764. En 1803, les protestants n’étaient plus majoritaires (1205 sur 1550 habitants). Pierre-Frédéric Beurlin, op. cit.

27 Stéphane Kronenberger, « Immigration et religion dans le Nord Franche-Comté (1871-1918) », Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 78| 2009, mis en ligne le 29 janvier 2010. URL : http://cdlm.revues.org/4678.

1 Pierre-Frédéric Beurlin, op. cit.

2 Arch. Dép. Doubs, 971 GG6, requête du recteur d’école à Monsieur l’Intendant, 1769.

3 Arch. Dép. Doubs, 971 GG6, marchés passés avec Jeanne-Marie Caillard (1755-1786).

4 AN, K 2176, 1788.

5 Armand Lods, La législation des cultes protestants, 1787-1887, Paris, Grassart, 1887, p. 19-20.

6 Arch. Dép. Haute-Saône, 497 E sup. 5, registre des délibérations de la commune.

7 Arch. Dép. Doubs, 972 D2, lettre du sous-préfet au maire, 2 floréal an XI [22 avril 1803].

8 Arch. Dép. Doubs, 3133L6, nomination de Pierre Baudrois, copie de la délibération des membres du jury d’instruction de Saint-Hippolyte, 4 prairial an III [23 mai 1795].

9 Arch. Mun. de Montbéliard, AIE, 5D4, relations préparatoires des visites ecclésiastiques.

10 Arch. Mun. de Montbéliard, AIE, 5D4.

11 Élisabeth Berlioz, « Sur le Traité élémentaire pour l’instruction de la jeunesse (1811) : essai d’interprétation d’une utopie paradoxale », Mémoires de la société d’Émulation de Montbéliard, n° 131-2008 (publié en 2009), p. 167-212.

12 Arch. Dép. Doubs, 972D2, 11 pluviôse an IX [31 janvier 1801], nomination des instituteurs catholique et protestant qui « avaient depuis quelques temps rempli leur fonction auprès du public ».

13 Ibid.

14 Arch. Dép. Doubs, 2J12, état de situation de l’école primaire, arrondissement de Porrentruy.

1 Arch. Dép. Haut-Rhin, O sup. 6. Les logements des maîtres sont aussi distincts selon leur confession.

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Table des illustrations

Titre Carte de la Principauté de Montbélliard des Seigneuries d’Héricourt, Blamont, Clémont et Chathelot avec les Terres de Grange, Clerval et Passavant, appartenant à la Sérénissime Maison de Wurtemberg, extraite / par J.Fr. Fallot
Crédits Biblothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE C-1623 http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/​ark:/12148/​btv1b5302
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Pour citer cet article

Référence papier

Élisabeth Berlioz, « L’instruction protestante dans les Quatre Terres au xviiie siècle : un enjeu majeur pour les luthériens du Pays de Montbéliard »Chrétiens et sociétés, 22 | -1, 175-86.

Référence électronique

Élisabeth Berlioz, « L’instruction protestante dans les Quatre Terres au xviiie siècle : un enjeu majeur pour les luthériens du Pays de Montbéliard »Chrétiens et sociétés [En ligne], 22 | 2015, mis en ligne le 09 juin 2022, consulté le 02 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/3889 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.3889

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Auteur

Élisabeth Berlioz

LARHRA, UMR 5190

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