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Anticoncordataires ou Petite Eglise ? Les oppositions religieuses à la loi du 18 germinal an X

Jean-Pierre Chantin
p. 95-107

Texte intégral

  • 1 * Ce texte a été présenté au colloque « La politique religieuse de Napoléon », organisé à Lyon les (...)
  • 2 Bonne bibliographie dans l’article « Petite Église » de H.Maisonneuve, in Catholicisme, hier, aujou (...)
  • 3 C’est particulièrement le cas du livre de Jean-Emmanuel Drochon, La Petite Église, essai historique (...)
  • 4 L’opposition religieuse au Concordat de 1792 à 1803, Paris, Hachette, 1910, 290p. ; Après le Concor (...)
  • 5 Etude comparée des schismes anti-concordataires en France, Fontenay-le-Comte, 1962, 51 p. (tiré de (...)

1Il est habituel, lorsque l’on évoque le Concordat de 1801, de parler de l’opposition que l’on qualifie de « Petite Église ». Les détails fourmillent alors sur la résistance acharnée, jusqu’à nos jours, de petits groupes paysans concentrés dans quelques localités de Vendée, naguère guidés par leurs prêtres puis vite abandonnés à leur triste sort de « fidèles sans pasteurs », condamnés à d’étranges pratiques cultuelles et funéraires1. Force est de constater que le sujet n’est pas encombré d’analyses historiques sérieuses, tant les anciennes études habituellement évoquées sont très localisées2 ou peu objectives3, à l’exception des travaux de Camille Latreille4 et, depuis, de Marguerite Rebouillat5.

  • 6 Histoire du Christianisme, t.10, « Les défis de la modernité (1750-1840) », Paris, Desclée, 1997, p (...)

2Il s’agirait peut-être, au préalable, de s’interroger sur toutes les oppositions religieuses qui surgissent en 1801-1802, et sont fort diverses car elles courent des déistes des assemblées et de l’Institut (sans parler des athées) aux différentes sensibilités gallicanes. Dans ce cas, le qualificatif général « anticoncordataire » serait seul adéquat. Tout ceci pourrait permettre de montrer en quoi la contestation des catholiques de l’Ouest, de loin la plus répandue, est originale, et de nuancer, comme Bernard Plongeron l’a déjà suggéré, « l’unanimisme entretenu par les discours officiels »6. Nous profiterons enfin de ce tour d’horizon pour distinguer différentes formes de contestation au sein même de ce que l’on a coutume d’appeler la Petite Église, et qui se restreindrait à cette partie catholique qui voit dans l’accord de l’an IX, et davantage encore dans la loi de germinal an X, un prolongement des erreurs de la Révolution.

  • 7 « Concordat de 1801 », Dictionnaire de théologie catholique, t.3, 1ère partie, Paris, 1923, col.760
  • 8 Tribunat: 7 contre et 15 abstentions, 78 pour; Corps législatif: 27 contre et 45 abstentions, 228 p (...)

3Si le texte signé par Bonaparte et Pie VII le 15 juillet 1801 (26 messidor an IX) n’est avalisé que le 8 avril de l’année suivante (loi du 18 germinal an X), c’est que le Premier Consul a dû attendre que les conditions d’un vote favorable par les Chambres soient réunies. Il s’agit en effet de convaincre les partisans de la Révolution du bien fondé de la démarche concordataire en montrant que l’État ne renonce à aucun de ses droits et reste fidèle aux principes de laïcité et de liberté religieuse. C’est précisément le rôle dévolu aux Articles organiques qui, joints au texte de la convention passée avec Rome et à ceux « des cultes protestants » dans la loi d’avril, sont une « véritable constitution donnée à l’Église de France, sans le pape...» (C. Constantin7). Or, en novembre 1801, le Corps législatif a élu à sa présidence Charles François Dupuis, auteur vers 1795 de L’origine de tous les cultes ou Religion universelle (dans laquelle il prétendait y placer l’astrologie, livre considéré par l’abbé Grégoire comme un « bréviaire de l’athéisme »), pendant que le Sénat cooptait l’évêque constitutionnel Grégoire, très critique envers le Concordat. Bonaparte a pris soin de faire épurer le Tribunat et le Corps législatif lors du renouvellement par cinquième, le 18 mars 1802, soit moins d’un mois avant le vote. Malgré cela, on constate qu’un quart des parlementaires de chaque Chambre ne votent pas le texte, soit qu’ils s’abstiennent (en majorité), soit qu’ils s’y opposent8. On peut ajouter à ces mouvements d’humeurs, non exempts de visées politiques, la mauvaise volonté que mettent les généraux à assister à la cérémonie de Pâques 1802 en l’honneur de la paix retrouvée, à Notre-Dame, Augereau s’étant fait leur porte-parole pour demander de s’en dispenser. Après leur attitude désinvolte pendant la messe, au cours de laquelle ils ont expulsé des prêtres afin de prendre leurs places, l’un d’eux, Delmas, manifestant son dégoût pour les « capucinades », aurait déclaré : « Il ne manquait que les 100 000 hommes qui se sont fait tuer pour détruire ce que vous rétablissez ».

  • 9 Georges Gusdorf, Les sciences humaines et la pensée occidentale, t.8, « La conscience révolutionnai (...)
  • 10 Albert Mathiez, La théophilanthropie et le culte décadaire, 1796-1801. Essai sur l’histoire religie (...)
  • 11 Histoire du christianisme, op. cit., p. 429.
  • 12 Chemin devient vénérable de la loge des Sept Écossais réunis, et membre du Grand Orient de France ( (...)
  • 13 Voir la liste des lieux de culte donnée par Albert Mathiez, op. cit., p. 308-378. Toutes les villes (...)

4On peut cependant distinguer différents courants au sein de ces contestations. La grogne des officiers relève sans doute d’une hostilité plus générale à l’égard de l’Église, et une partie des parlementaires sont dans la même disposition, principalement les plus déistes des Idéologues9. Il faut bien sûr tenir compte du fait que ces critiques peuvent être avant tout politiques, qu’elles viennent des jacobins ou des libéraux qui contestent l’évolution globale du régime. Mais une partie d’entre eux voit dans le Concordat l’anéantissement de tout espoir d’établir une « religion civique ». Entre les différentes tentatives révolutionnaires, la plus aboutie en 1801 est la théophilanthropie de Jean-Baptiste Chemin et Valentin Haüy, qui propose depuis 1796 un culte familial, déiste et humanitaire d’une sorte de religion primitive qui permet de réconcilier tous les cultes10. Elle est particulièrement visée par un arrêté du 12 vendémiaire an X (4 octobre 1801) qui lui ôte la jouissance des édifices nationaux. Comme l’a rappelé Bernard Plongeron, Grégoire la considère comme la tentative la plus sérieuse d’extinction du catholicisme par son extension en province, un rituel simplifié qui évoque les cérémonies catholiques, et le soutien de personnalités politiques et littéraires membres ou proches de l’institut11, particulièrement les Idéologues. Or, il nous manque une étude du maintien de cette sensibilité au delà de 1801, d’une part à Paris où le culte occupait 19 temples, mais aussi au sein de la Franc-maçonnerie où plusieurs trouvent refuge (à commencer par les fondateurs12), et dans les départements les plus touchés, particulièrement les environs de Paris, l’Aisne et l’Yonne où des « théistes » s’opposent encore quelques années à la restauration du catholicisme13.

  • 14 Histoire du christianisme, op. cit., p. 457.
  • 15 Bernard Plongeron, « Éclaircissements sur les "rétractations" d’évêques constitutionnels en 1804, d (...)

5Dans cette partie de l’opinion favorable aux acquis de la Révolution, le cas des anciens membres de l’Église constitutionnelle, réorganisée comme Église gallicane depuis Thermidor, est tout autre. Regroupant « 15 à 20.000 chrétiens indéfectiblement citoyens », d’après l’expression de Bernard Plongeron14, son deuxième concile national se tient précisément au début de l’été 1801, pendant que se conclut la Convention -Fouché prévient d’ailleurs les participants de sa signature le 13 juillet, soit deux jours trop tôt! La trentaine d’évêques qui y assistent ont été tenus au courant des points discutés par Grégoire, lui-même étant renseigné par Bonaparte. Avec l’appui de Fouché et de Talleyrand, huit d’entre eux adressent au premier consul le 28 août (10 fructidor an IX) des Observations des membres du concile sur le traité avec Rome. S’ils ne s’opposent pas fondamentalement à l’accord, ils regrettent néanmoins la diminution prévue du nombre de sièges épiscopaux, la suppression du principe de l’élection, l’institution rendue au pape au lieu de leur pratique de confirmation par le métropolitain, et les « prétentions exagérées de Rome ». Assurés que certains d’entre eux trouveront une place dans la nouvelle organisation de l’Église de France, les évêques acceptent de donner leur démission - mais quelques-uns le font auprès de Grégoire, et non au pape qu’ils se contentent d’avertir - sans renier cependant leurs engagements passés. Les difficultés viennent de ce dernier point. Le bref Post multos labores, daté du 15 août 1801 et qui leur est adressé de façon indirecte par l’intermédiaire du négociateur Mgr Spina, exhorte ceux « qui occupent leurs sièges sans l’institution du Siège apostolique » à rentrer dans l’unité par un acte de soumission, en fait par la signature d’une rétractation écrite qui est jointe de façon secrète au document. Grégoire proteste le 3 octobre auprès du gouvernement de cette façon de considérer l’épiscopat comme étant schismatique, et propose une simple déclaration de professer la religion catholique, apostolique et romaine. La question reste en suspens au moment des nominations épiscopales d’avril 1802 : huit des dix désignés refusent de signer une lettre au pape, contenant leur adhésion aux décisions de l’Église relatives aux affaires ecclésiastiques de France depuis 1790 ; puis, l’ayant fait verbalement avant la cérémonie de Pâques, ils auraient contesté la teneur de leur acte tout en s’abstenant de demander au pape les bulles de confirmation nécessaires, imités en cela par deux nouveaux promus. Leur soumission ne fut acceptée par Rome que deux ans plus tard, lors de la venue de Pie VII à Paris15.

  • 16 Histoire religieuse du département de l’Isère. La reconstruction concordataire dans le diocèse de G (...)
  • 17 Gérard Cholvy, Religion et société au XIXe siècle. Le diocèse de Montpellier, service de reproducti (...)
  • 18 Robert Darricau, Bernard Guillenain (dir.), Le diocèse de Bordeaux, Beauchesne, Paris, 1974, pp. 19 (...)
  • 19 Jean-François Soulet, Jean-Baptiste Laffon, Le diocèse de Tarbes et Lourdes, Paris, Letouzey et Ané (...)
  • 20 Charles Ledré, Le cardinal Cambacérés, archevêque de Rouen (1802-1808). La réorganisation d’un dioc (...)
  • 21 Yves Le Gallo, Clergé, religion et société en Basse-Bretagne de la fin de l’Ancien Régime à 1840, L (...)
  • 22 Thierry Blot, Reconstruire l’Église après la Révolution. Le diocèse de Bayeux sous l’épiscopat de M (...)

6Si ces difficultés dans l’application de l’un des points du Concordat sont connues, on s’est beaucoup moins attardé sur le sort des prêtres constitutionnels évincés de leurs paroisses lors de la réorganisation des diocèses, dès 1802-1803. Jean Godel, qui a présenté la destinée de ceux du Dauphiné, compte 6% de « non réconciliés et non mariés », notant que la plupart travaillent dans l’administration16. Mais la lecture des faits à travers les diocèses, au moment de cet instant crucial de la nomination des curés et desservants, révèle une opposition paroissiale qui n’a pas encore trouvé son historien. En 1803, les préfets préviennent de l’hostilité croissante des prêtres constitutionnels vis-à-vis du régime, et redoutent ses liens avec l’opposition jacobine. Jusqu’en 1809, par exemple, une vingtaine d’anciens constitutionnels des arrondissements de Béziers et Saint-Pons se retrouvent autour de l’ancien évêque Rouanet et s’opposent à Mgr Fournier, évêque de Montpellier. Trois ans plus tôt, un conflit a opposé à Villeneuve-les-Béziers le curé concordataire et le « fort parti » du constitutionnel. En 1810-1811, l’un d’eux tient école, chante la grand’messe et les vêpres le dimanche, prêche et exerce toutes les fonctions sacerdotales à Ferrières où il est retiré17. On pourrait ajouter des cas dans les diocèses de Bordeaux (émeutes à Langon, Blaye et Castelnau-du-Médoc)18, Tarbes (résistance des paroissiens à Lamarque-près-Béarn jusqu’en 1808)19, Rouen (refus de confession de femmes qui se sont adressées à un « schismatique » en l’an XIII)20, en Basse-Bretagne jusqu’en 181921 et surtout Bayeux autour de l’ancien évêque Bisson, dans les arrondissements de Caen et Lisieux, jusqu’en 180722. Il faudrait cependant faire la part entre les différentes raisons de l’opposition : de la volonté des paroissiens de conserver un prêtre qui soit fidèle aux idéaux de la Révolution (dans l’Hérault), à la crainte de voir invalider les mariages contractés pendant la Révolution (Rouen), sans oublier l’opposition des ecclésiastiques à toute rétractation exigée par un évêque qui entend limiter la proportion des constitutionnels dans son clergé (Bayeux), sans que cette opposition s’étende au Concordat en soit.

7Bonaparte a craint ces difficultés apparues sur sa « gauche » politique : une partie de son action entre juillet 1801 et avril 1802 est destinée à contenter ceux que l’accord froissait. L’attitude des constitutionnels paraît à cet égard déterminante, par son assise territoriale et comme catalyseur possible de tous les mécontents, et l’on comprend que le Premier consul ait voulu les ménager. Mais après le vote de la loi, les plus actifs sont écartés de la réorganisation tandis que les fauteurs de troubles - quelques prêtres qui s’opposent ici et là davantage à l’évêque qu’au Concordat - sont arrêtés et incarcérés.

  • 23 du nom du vicaire capitulaire de Namur, Cornelius Stevens, qui appelle à reconnaître le nouvel évêq (...)
  • 24 Archives départementales de la Haute-Marne, 13V1, « Prêtres interdits, prêtres perturbateurs », dos (...)
  • 25 cité par Jean Tulard, Les révolutions, de 1789 à 1851, Paris, Fayard, 1985, p. 206.

8À l’opposé de ces tendances, ce que l’on nomme la Petite Église parait bien mieux connu. Mais les apparences sont plutôt trompeuses et le pluriel conviendrait mieux tant les causes de la dissidence de ces catholiques - qui ont toujours été très critiques vis-à-vis de la Révolution - sont diverses et variées. Il ne s’agit pourtant que des plus extrémistes, qui ont tiré dès 1802 les conséquences d’un acte qu’ils réprouvent. Que faut-il penser en effet de ceux qui ne font que s’indigner avec Pie VII des Articles organiques « félons », comme c’est le cas des groupes belges connus sous le nom de Stévenistes23? De même, après que les relations se soient tendues entre Paris et Rome, l’attitude de deux curés du diocèse de Langres, qui rejettent le Concordat en 1810 après avoir appris l’excommunication de l’Empereur (non publiée en France)24, ne peut être mise sur le compte de l’opposition à la Convention de l’an IX. De Maistre enfin ne s’était-il pas lui-même exclamé un peu vite : « Je souhaite au pape de tout mon cœur la mort, de la même manière et par la même raison que je la souhaiterais à mon père s’il venait me déshonorer demain » 25? Pour leur part, les dissidents anticoncordataires persistent dans leurs oppositions.

  • 26 L’opposition religieuse au Concordat..., op. cit., pp. 214-215. Il fournit la liste des attitudes é (...)
  • 27 à Fontanges, cité par Paul Christophe, Les choix du clergé dans les révolutions de 1789, 1830 et 18 (...)
  • 28 Les trois irréductibles après 1817: Amelot (évêque de Vannes, démissionne en 1821), Vintimille (évê (...)
  • 29 L’opposition religieuse au Concordat...., op. cit., p. VIII.

9À leur tête se trouvent les évêques émigrés. Leur opposition à la Révolution est renforcée en août 1801 par le bref Tam multa par lequel Pie VII demande leur démission, sous peine de destitution. Des vingt prélats réfugiés à Londres, quatorze rédigent en septembre une réponse au pape dans laquelle ils expriment leurs doutes de l’utilité d’un tel acte, leur espoir que la question soit réglée par l ’épiscopat français et le refus de toute démission. Ils sont rejoints par une vingtaine de leurs confrères des États allemands qui adhèrent aux thèses d’un Mémoire composé en décembre en Angleterre. Au total, 37 refusent la démission contre 48 qui l’acceptent et 13 qui le font avec réserves et protestations, ce qui constitue selon Camille Latreille une « majorité morale pour la résistance »26. Les motifs de mécontentement sont davantage développés en avril 1803 dans des Réclamations canoniques et très respectueuses contre différents actes relatifs à l’Église gallicane, signées par 38 évêques. Sans contester les droits et devoirs du Saint-Siège, ils entendent réaffirmer ceux de l’épiscopat qui, s’ils ne sont pas respectés, altèrent la forme même de l’Église. S’y ajoutent des griefs sur l’admission des constitutionnels dans l’Église de France, mais aussi à propos des Articles organiques qui asservissent celle-ci en lui faisant accepter des actes de la Révolution qu’ils jugent contraires à la foi (essentiellement le divorce et la question des biens de l’Église nationalisés), et un rappel des droits de Louis XVIII bafoués par la reconnaissance du régime consulaire. On peut cependant nuancer cette apparente unanimité basée sur le regroupement dans l’exil, qui a fait dire à M. Emery : « Placés ailleurs, ils auraient acquiescé sans différer »27. Certains de ces non-démissionnaires abandonnent l’exercice de leur juridiction tout en maintenant leurs droits, et recommandent aux fidèles de leurs diocèses d’obéir provisoirement à l’évêque concordatiste considéré comme administrateur apostolique : ceci est affirmé au début de 1802 dans des Instructions, comme celle, par exemple, d’Asseline, évêque de Boulogne et chef de file des opposants en Allemagne. Mais cette attitude change dès que sont connues les nominations de constitutionnels. D’autres cessent toute relation avec leur diocèse, comme Nicolaï pour Béziers. On peut enfin se demander quelle est la part d’opposition purement politique : seuls trois d’entre eux maintiennent leur résistance au-delà de la Restauration alors que les treize autres survivants des Réclamations se sont soumis, non sans difficultés, en 1815-181628. Il reste cependant qu’il s’agit peut être là, comme l’a relevé Camille Latreille, « ... du dernier combat livré par l’Église de France contre l’absolutisme de Rome »29.

  • 30 Guy Janssen, La Petite Église en 30 questions, La Crèche, Geste Éditions, 1999, pp. 14 et 16-17.
  • 31 Abel Dechêne, Contre Pie VII et Bonaparte, le Blanchardisme 1801-1829, Paris, Firmin-Didot, 1932, 2 (...)
  • 32 Jean-Jacques Loisel, « La famille Thoinier: de l’opposition réfractaire au schisme de la Petite Égl (...)
  • 33 Jean Godel, op. cit., pp. 290 et sq.
  • 34 Charles Ledré, Le cardinal Cambacérès, archevêque de Rouen (1802-1818), Paris, Plon, 1943, pp. 47 e (...)

10On serait tenté de voir dans les actes de résistance qui touchent quelques diocèses des relais de cette opposition épiscopale ; or, il n’en est rien. Si l’on compare les deux cartes des diocèses d’évêques non-démissionnaires et de localisation des groupes opposants30, on ne relève qu’une moitié de coïncidence entre ces deux formes. Le lien entre un évêque et des groupes diocésains est parfois clair : plusieurs prélats nomment sur place des prêtres dissidents comme vicaires généraux. Ainsi le curé de Vandargues est désigné par l’évêque réclamant de Montpellier, et Coucy multiplie les pouvoirs extraordinaires dans son diocèse de La Rochelle. De plus, les écrits de ce dernier circulent dès 1803 en Poitou grâce à un réseau de complicités qui s’est mis en place au temps de la résistance aux serments révolutionnaires. Ce dernier indice semble cependant indiquer que l’initiative vient des curés eux-mêmes, et qu’elle a ensuite été confortée par l’opposition des prélats. Tous ces prêtres sont en effet issus des rangs réfractaires et ont l’expérience de la clandestinité, ce qui les fait souvent considérer par leurs paroissiens comme de véritables héros. Pour eux, la nouvelle organisation concordataire n’est que le prolongement des tentatives révolutionnaires contre lesquelles ils ont résisté. Ainsi, l’abbé Blanchard est-il devenu réfractaire en 1791 en refusant que les affaires spirituelles soient soumises à l’autorité temporelle ; il est dix ans plus tard le chef de file des prêtres opposants réfugiés à Londres31. D’autres motifs ont pu jouer : François Thoinier, curé concordataire d’une paroisse de Vendôme, abandonne son poste en 1804 en évoquant son dépit de ne pas avoir été nommé au principal poste de la ville32. D’autres, dont l’évêque est décédé, prennent la tête du mouvement d’opposition dans leur diocèse: c’est le cas dans celui de Grenoble où l’abbé Darier-Roy compose à la fin de 1802 un Petit traité de l’Église en forme de catéchisme anticoncordataire33. Pour sa part, l’abbé Clément, chapelain des Carmélites de Dieppe, prend la tête des opposants aux vicaires généraux de Rouen dont il juge la politique « relâchée » et en contradiction avec l’esprit de résistance à la Révolution du cardinal de La Rochefoucauld, décédé en 1800. Il regroupe autour de lui de 60 à 80 prêtres et multiplie les brochures contre le Concordat34.

  • 35 Guy Janssen, op. cit., s’y est essayé; mais il ne distingue pas entre les différentes périodes de f (...)
  • 36 Atlas de la Révolution française, t.9, « Religion », Claude Langlois, Timothy Tackett et Michel Vov (...)
  • 37 Idem; il s’agit bien entendu de la fameuse carte du chanoine Boulard.
  • 38 « Les origines de la Petite Église en Poitou », Mélanges littéraires et historiques, Poitiers, Univ (...)
  • 39 Claude Brun, « Les Blancs ou anticoncordataires du Charolais », Annales de Bourgogne, t.1, 1929, pp (...)
  • 40 Jean Godel, op. cit., p. 290.
  • 41 Jean-Pierre Chantin, Les Amis de l’œuvre de la Vérité. Jansénisme, miracles et fin du monde au XIXe(...)

11Sans qu’aucun point du territoire ne soit réellement épargné, les groupes paroissiaux se rencontrent essentiellement en deux grandes régions: d’une part dans l’Ouest (Deux-Sèvres, Vendée, Maine-et-Loire, Morbihan, Sarthe) et le Nord-Ouest (Normandie), d’autre part dans un grand Sud-Est (région lyonnaise, Isère, Hautes-Alpes, Provence) et au Sud-Ouest (Rouergue, Gers, Ariège). Bien qu’il soit difficile d’en évaluer le nombre35, on constate que les dissidents du Poitou et du Lyonnais sont les plus nombreux, sans doute à eux seuls la moitié du total. Si l’on compare avec une carte des régions dont le clergé a été majoritairement réfractaire au serment en 1791-179236, on retrouve l’Ouest en partie et le Sud du Massif Central, mais non le Sud-Est tandis que le Nord-Est réfractaire et la Bretagne sont absents de l’opposition au Concordat. On sait que cela correspond à des régions à majorité pratiquante que l’on retrouve encore cent cinquante ans plus tard et où, cette fois, figure la région lyonnaise37. Il faut surtout tenir compte des particularismes locaux, ce qui a bien été mis en valeur par André Latreille pour le Poitou38. Il y constate en effet le retard apporté à l’organisation du culte dans le diocèse de Poitiers (siège inoccupé jusqu’en décembre 1802, décès de Mgr Bailly dès le début de 1804), qui favorise pendant un temps l’incertitude sur la légitimité des prêtres réfractaires restés dans leur paroisse. Mais pour lui, l’explication essentielle réside dans le traumatisme qui a touché ces régions d’active résistance vendéenne à la Révolution, et surtout dans le rôle du nombre important de prêtres restés clandestinement dans le Bocage et pour lesquels l’attachement au catholicisme va de pair avec le loyalisme aux Bourbons. On pourrait ajouter quelques nuances à cette analyse pertinente. Il ne faudrait pas négliger ici et là une opposition qui vient des paroissiens eux-mêmes. Ainsi, dans le Charolais, des fidèles refusent de suivre les offices de la paroisse voisine à laquelle la réorganisation concordataire les a rattachés. Or celle-ci est dirigée par un prêtre à qui ils reprochent d’avoir pris une part active à la Révolution ; une famille, qui a caché des prêtres réfractaires, organise cette « résistance sans prêtres » de ceux que l’on nomme les Blancs39. En Dauphiné, les paroissiens de Saint-Martin d’Hères qui veulent célébrer la Fête-Dieu le jeudi (alors qu’elle est portée officiellement au dimanche) suivent en 1803 l’action de la Confrérie des Pénitents dont les membres cherchent les clés de l’église, sonnent les cloches et chantent les vêpres. On retrouve partout les mêmes motifs d’opposition des fidèles au Concordat. Le refus de reconnaître comme légitime un pasteur issu des rangs constitutionnels, alors que la paroisse a résisté aux assermentés pendant près de dix ans comme dans le Charolais, ne se rencontre que lorsque la réorganisation diocésaine est maladroite, ce qui s’est produit ici et là localement. Plus courant en revanche est le sentiment que l’on « change » la religion et les habitudes ancestrales en supprimant des fêtes que l’on continue de célébrer (particulièrement la Fête-Dieu), en modifiant des diocèses (en Isère, les habitants de Réaumont s’opposent à la suppression de l’archevêché de Vienne40) ou des limites paroissiales. Tous n’entendent pourtant pas remettre en cause leur appartenance à l’Église et beaucoup regrettent l’attitude d’un pape dont ils ne doutent pas de la bonne volonté et qu’ils pensent abusé par Bonaparte. Ils récusent donc l’appellation de « Petite Église », la seule Église avec laquelle ils refusent d’entrer en communion étant la concordataire. Il n’est pas sûr enfin que ces réticences aient été le seul fait des dissidents. Ainsi, dans la Loire, quelques milliers de paroissiens suivent les instructions de l’abbé Jacquemont; or celui-ci s’oppose fermement au Concordat, mais prône contre la minorité des opposants du diocèse de Lyon la communication avec les pasteurs « intrus » au nom de la paix religieuse retrouvée et du maintien de l’unité de l’Église41. Combien y a-t-il eu de ces « communicants », réticents à l’œuvre religieuse du Consulat qui poursuit selon eux la rupture révolutionnaire, mais aussi au désordre qu’engendrerait une opposition « malgré le pape » ?

  • 42 Idem, pp. 58 et sq. Quelques auteurs placent au nombre des anticoncordataires les Bonjouristes, ou (...)
  • 43 Jean-Pierre Michel-Chantin, Les Amis lyonnais de l’œuvre de la Vérité. Une permanence de Janséniste (...)
  • 44 Cité par Louis Bergasse, « Un janséniste lyonnais, Alexandre Bergasse », Revue d’Histoire de l’Égli (...)
  • 45 Jean-Pierre Michel-Chantin, op. cit., p. 238.
  • 46 Louis Bergasse, op. cit., p. 29.
  • 47 Claude Langlois, op. cit., p. 290.
  • 48 Charles Ledré, op. cit., p. 49.
  • 49 Camille Latreille, Après le Concordat..., op. cit., pp. 119-123.

12Il faut ajouter deux attitudes plus extrémistes qui ne sont guère connues. Le pôle lyonnais se distingue en effet des autres régions par l’influence janséniste et convulsionnaire qui donne une coloration millénariste à l’opposition. Ces Amis de l’Oeuvre de la Vérité défendent depuis le début du XVIIIe siècle, et un peu plus tardivement à Lyon, l’idée d’une lecture possible des événements à la lumière des plans divins en faveur de la minorité persécutée que sont les jansénistes, ceux-ci devant devenir les élus sauvés au moment d’une fin des temps dont les signes sont visibles dès à présent42. Pour eux, et selon les annonces de leurs prophétesses, la Révolution est un « temps de justice et colère » nécessaire qui s’inscrit dans les desseins millénaristes de Dieu, la France devant être asservie et les maux augmenter jusqu’à la consommation du « Mystère d’Iniquité » qui doit faire pécher toute la Terre, être suivie de la ruine des Gentils puis du renouvellement de l’Église. Tout ceci est rappelé dès 1802 par l’un des responsables lyonnais, le dominicain Jean-Dominique Chaix, qui rédige un Catéchisme sur le Concordat resté manuscrit43. Un autre, le laïc Alexandre Bergasse, observe les pouvoirs « d’évêque universel » que s’est attribué le pape et écrit : « Ne devons nous pas reconnaître par là toutes les voies préparées à cet homme de péché, à l’Antéchrist qui, en se faisant adorer à la place de son Dieu, sera comme le couronnement du mystère d’iniquité? »44. Claude Germain, ancien curé du Beaujolais est enfin prévenu par une visionnaire que le rétablissement du culte serait « un renversement de l’ancienne foi, une séduction qui viendrait de Rome », qu’il faut en conséquence « se défier de toute apparence de réformes, ne rien reconnaître de nouveau ni sur le trône ni sur l’autel »45. L’attitude de Pie VII est en conséquence considérée comme hérétique, car elle institue l’erreur d’une autorité qui se placerait au dessus des dispositions synodales et conciliaires, et schismatique par la rupture de la succession continue des évêques et le maintien comme en 1791 de deux clergés dont l’un est intrus. Mais ils entendent eux aussi rester dans le sein de l’Église en déclarant avec Alexandre Bergasse : « On peut rester uni au Saint-Siège comme centre d’unité sans participer aux erreurs dans lesquelles tombe quelquefois celui qui y préside, parce que ses erreurs lui sont particulières »46. L’influence millénariste de la Petite Église de Lyon s’étend à presque tous les groupes anticoncordataires du Sud-Est, et aux dissidents de Toulouse, qui se distinguent ainsi nettement de leurs homologues de l’Ouest tout en entretenant une correspondance avec les prélats émigrés à Londres. On relève aussi parfois quelques cas d’appel à l’irrationnel dans d’autres groupes troublés par l’attitude du pape: un prêtre du diocèse de Vannes fait état de « prédictions »47, l’abbé Clément s’indigne que ses fidèles normands le considèrent comme étant « inspiré » par son ange gardien48, plusieurs ensembles de dissidents sont qualifiés d’« élus » (Perche) ou d’« illuminés » (Gers). Les plus extrémistes finissent enfin par sortir de l’Église. Mais ce ne sont que des cas isolés et ils n’apparaissent pas avant 1806 quand l’abbé Blanchard, depuis Londres, publie ses Controverses pacifiques où il accuse lui aussi Pie VII d’être schismatique et hérétique. Après la Restauration, il considère avec quelques partisans de l’Ouest que le siège de Pierre est vacant depuis 180149.

13Cette opposition « conservatrice » au Concordat parait donc bien émiettée, les préoccupations épiscopales des prélats ne correspondant pas tout à fait aux contestations des prêtres et des fidèles, et n’adhérant pas du tout aux visées moins harcelés par les autorités, religieuses et administratives, au plan local millénaristes des Lyonnais. C’est sans doute là l’une des raisons principales de l’échec du mouvement, à laquelle il faut ajouter la prompte réorganisation concordataire et l’aspiration à la paix religieuse qui domine certainement, malgré les critiques, après 1802. Si les groupes connaissent un regain de vigueur après 1803, lorsque la reprise de la guerre relance l’opposition au régime, puis au moment des difficultés de Napoléon avec Pie VII, l’échec est patent à la Restauration lorsque ne subsistent que les motifs purement religieux. Le temps est alors venu de la résistance de réduits irréductibles - les moins convaincus ayant rejoint la masse communicante.

  • 50 sur cette problématique : Jean-Pierre Chantin, « Les sectes en France. Marges et dissidences », Vin (...)

14L’unanimité des Français en faveur du Concordat est donc à nuancer. On a sans doute oublié de tenir compte des motifs qui ont poussé la « gauche » de Bonaparte à la critique du texte, et l’histoire tardive des héritiers de l’Église constitutionnelle reste à écrire. À l’opposé, et si l’on excepte les évêques, ceux qui ne se veulent pas membres d’une « Petite Église » ne sont que l’avant garde d’un plus grand nombre qui craint la disparition de la religion de ses pères mais n’ose pas la dissidence et suit finalement la voie de la réconciliation proposée par Rome. C’est là le lot de l’histoire de ces « marges du christianisme » dans la France du XIXe siècle : ceux qui osent s’approcher de la rupture ne sont en définitive que la partie immergée de l’iceberg, mise en pleine lumière mais peu considérée à la vue de son peu d’importance numérique50. N’a-t-on pourtant pas là un indice de ce que Marc Bloch appelait à étudier, un aspect des « courants de fonds de la conscience collective »?

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Notes

1 * Ce texte a été présenté au colloque « La politique religieuse de Napoléon », organisé à Lyon les 8 et 9 juin 2001 par le Souvenir Napoléonien, Société Française d'Histoire Napoléonienne.

Un bon exemple de ce type d’approche: Pascal Paineau, « Vendée: les derniers survivants de la "Petite Église" », L’Histoire, n°169, septembre 1993, pp. 68-71. 

2 Bonne bibliographie dans l’article « Petite Église » de H.Maisonneuve, in Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain, t.XI, fasc.49, col.63-80, Paris, Letouzey et Ané, 1986.

3 C’est particulièrement le cas du livre de Jean-Emmanuel Drochon, La Petite Église, essai historique sur le schisme anti-concordataire, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1894, 416 p.

4 L’opposition religieuse au Concordat de 1792 à 1803, Paris, Hachette, 1910, 290p. ; Après le Concordat, l’opposition de 1803 à nos jours, Paris, Hachette, 1910, 284 p.

5 Etude comparée des schismes anti-concordataires en France, Fontenay-le-Comte, 1962, 51 p. (tiré de la Revue du Bas-Poitou, n°73, 1962).

6 Histoire du Christianisme, t.10, « Les défis de la modernité (1750-1840) », Paris, Desclée, 1997, p. 635.

7 « Concordat de 1801 », Dictionnaire de théologie catholique, t.3, 1ère partie, Paris, 1923, col.760.

8 Tribunat: 7 contre et 15 abstentions, 78 pour; Corps législatif: 27 contre et 45 abstentions, 228 pour.

9 Georges Gusdorf, Les sciences humaines et la pensée occidentale, t.8, « La conscience révolutionnaire. Les Idéologues », Paris, Payot, 1978; Georges Cabanis, sénateur depuis 1799, s’est particulièrement opposé à la politique religieuse de Bonaparte.

10 Albert Mathiez, La théophilanthropie et le culte décadaire, 1796-1801. Essai sur l’histoire religieuse de la Révolution, Paris, Felix Alcan, 1904.

11 Histoire du christianisme, op. cit., p. 429.

12 Chemin devient vénérable de la loge des Sept Écossais réunis, et membre du Grand Orient de France (1815); Haüy fait partie de la loge des Chevaliers de la Croix constituée par le Grand Orient en 1805. Voir Jean-Pierre Chantin (dir.), Les marges du christianisme. « Sectes », dissidences, ésotérisme, t.10 du Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, Beauchesne, 2001, notices pp. 51 et 125.

13 Voir la liste des lieux de culte donnée par Albert Mathiez, op. cit., p. 308-378. Toutes les villes de quelque importance, en France et dans les pays conquis, possédaient leur groupe théophilanthrope. Jean-Pierre Chantin, « Les adeptes de la théophilanthropie. Pour une autre lecture d’Albert Mathiez », Rives nord-méditerranéennes, n°14, « Révolution et minorités religieuses », Aix-en-Provence, Telemme, 2003, pp. 63-73.

14 Histoire du christianisme, op. cit., p. 457.

15 Bernard Plongeron, « Éclaircissements sur les "rétractations" d’évêques constitutionnels en 1804, d’après les Mémoires de Claude Debertier », Revue de l’Institut Napoléon, n°111, 1969, pp. 99-105.

16 Histoire religieuse du département de l’Isère. La reconstruction concordataire dans le diocèse de Grenoble après la Révolution (1802-1809), Grenoble, 1968, pp. 271-273.

17 Gérard Cholvy, Religion et société au XIXe siècle. Le diocèse de Montpellier, service de reproduction des thèses de Lille III, 1973, pp. 389-391.

18 Robert Darricau, Bernard Guillenain (dir.), Le diocèse de Bordeaux, Beauchesne, Paris, 1974, pp. 192-193.

19 Jean-François Soulet, Jean-Baptiste Laffon, Le diocèse de Tarbes et Lourdes, Paris, Letouzey et Ané, 1971, pp. 127-128.

20 Charles Ledré, Le cardinal Cambacérés, archevêque de Rouen (1802-1808). La réorganisation d’un diocèse français au lendemain de la Révolution, Paris, Plon, s.d. (1943), pp. 339-343.

21 Yves Le Gallo, Clergé, religion et société en Basse-Bretagne de la fin de l’Ancien Régime à 1840, Les Éditions ouvrières, 1991, t.2, pp. 685-695.

22 Thierry Blot, Reconstruire l’Église après la Révolution. Le diocèse de Bayeux sous l’épiscopat de Mgr Charles Brault (1802-1823), Paris, Cerf, 1997, pp. 131-146.

23 du nom du vicaire capitulaire de Namur, Cornelius Stevens, qui appelle à reconnaître le nouvel évêque (E. Torfs, Le stévenisme dans le sud-ouest du Brabant, Enghien, 1955).

24 Archives départementales de la Haute-Marne, 13V1, « Prêtres interdits, prêtres perturbateurs », dossiers Thénard et Guenièvre.

25 cité par Jean Tulard, Les révolutions, de 1789 à 1851, Paris, Fayard, 1985, p. 206.

26 L’opposition religieuse au Concordat..., op. cit., pp. 214-215. Il fournit la liste des attitudes épiscopales dans un tableau pp. 219-220.

27 à Fontanges, cité par Paul Christophe, Les choix du clergé dans les révolutions de 1789, 1830 et 1848, Lille, 1975, t.I, p. 173.

28 Les trois irréductibles après 1817: Amelot (évêque de Vannes, démissionne en 1821), Vintimille (évêque de Carcassonne, mort en 1822), Thémines (évêque de Blois, mort en 1829).

29 L’opposition religieuse au Concordat...., op. cit., p. VIII.

30 Guy Janssen, La Petite Église en 30 questions, La Crèche, Geste Éditions, 1999, pp. 14 et 16-17.

31 Abel Dechêne, Contre Pie VII et Bonaparte, le Blanchardisme 1801-1829, Paris, Firmin-Didot, 1932, 228 p.

32 Jean-Jacques Loisel, « La famille Thoinier: de l’opposition réfractaire au schisme de la Petite Église », Mémoires de la Société des Sciences et Belles Lettres de Loir-et-Cher, t. 49, 1994, pp. 81-106.

33 Jean Godel, op. cit., pp. 290 et sq.

34 Charles Ledré, Le cardinal Cambacérès, archevêque de Rouen (1802-1818), Paris, Plon, 1943, pp. 47 et sq.

35 Guy Janssen, op. cit., s’y est essayé; mais il ne distingue pas entre les différentes périodes de flux et reflux de l’opposition, de 1802 à 1817. Son estimation globale est de 90.000 pour plus d’une quarantaine de groupes (p. 20) répartis en une soixantaine de points du territoire (pp. 16-17).

36 Atlas de la Révolution française, t.9, « Religion », Claude Langlois, Timothy Tackett et Michel Vovelle (dir.), Paris, Éditions de l’E.H.E.S.S., 1996, p. 32.

37 Idem; il s’agit bien entendu de la fameuse carte du chanoine Boulard.

38 « Les origines de la Petite Église en Poitou », Mélanges littéraires et historiques, Poitiers, Université de Poitiers, Série des Sciences de l’Homme, n°10, pp. 99-119.

39 Claude Brun, « Les Blancs ou anticoncordataires du Charolais », Annales de Bourgogne, t.1, 1929, pp. 215-235 et 337-353.

40 Jean Godel, op. cit., p. 290.

41 Jean-Pierre Chantin, Les Amis de l’œuvre de la Vérité. Jansénisme, miracles et fin du monde au XIXe siècle, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1998, pp. 98-99. Jacquemont développe son argumentation plus tard dans un Projet de conciliation avec les opposants au Concordat de 1801 (Saint-Étienne, 1820, 40 p.).

42 Idem, pp. 58 et sq. Quelques auteurs placent au nombre des anticoncordataires les Bonjouristes, ou Fareinistes, de l’Ain et de la Loire; mais s’ils sont aussi issus de cette mouvance convulsionnaire, leur séparation d’avec l’Église est antérieure au Concordat.

43 Jean-Pierre Michel-Chantin, Les Amis lyonnais de l’œuvre de la Vérité. Une permanence de Jansénistes convulsionnaires du dix-huitième siècle à nos jours, thèse de doctorat de l’Université Lyon 3, 1994, t.1, p. 238.

44 Cité par Louis Bergasse, « Un janséniste lyonnais, Alexandre Bergasse », Revue d’Histoire de l’Église de France, n°131, 1952, p. 26.

45 Jean-Pierre Michel-Chantin, op. cit., p. 238.

46 Louis Bergasse, op. cit., p. 29.

47 Claude Langlois, op. cit., p. 290.

48 Charles Ledré, op. cit., p. 49.

49 Camille Latreille, Après le Concordat..., op. cit., pp. 119-123.

50 sur cette problématique : Jean-Pierre Chantin, « Les sectes en France. Marges et dissidences », Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 66, 4 juin 2000, pp. 67-78.

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Pierre Chantin, « Anticoncordataires ou Petite Eglise ? Les oppositions religieuses à la loi du 18 germinal an X  »Chrétiens et sociétés, 10 | 2003, 95-107.

Référence électronique

Jean-Pierre Chantin, « Anticoncordataires ou Petite Eglise ? Les oppositions religieuses à la loi du 18 germinal an X  »Chrétiens et sociétés [En ligne], 10 | 2003, mis en ligne le 13 juillet 2015, consulté le 25 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/3827 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.3827

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Auteur

Jean-Pierre Chantin

RESEA-UMR 5190, LARHRA, Institut d’Histoire du Christianisme, Université Jean Moulin Lyon III

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