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Publications

Autour de Chrétiens et Sociétés : ouvrages publiés par les membres du LARHRA

p. 201-205

Franz-Xaver Bischof et Sylvio De Franceschi (dir.), Histoires antiromaines II...

Histoires antiromaines II, L’antiromanisme dans l’historiographie ecclésiastique catholique (xvie-xxe siècles), Actes de la journée d’études de Munich (13 septembre 2012), Lyon, Chrétiens et Sociétés - Documents et Mémoires n° 23, RESEA-LARHRA, 2014

L’antiromanisme catholique s’est tôt préoccupé de fonder historiquement ses revendications politiques et ecclésiologiques et de justifier les critiques qu’il pouvait adresser à l’autorité ecclésiale par l’élaboration d’une historiographie ecclésiastique qui correspondît à ses engagements. Organisée à Lyon le 24 septembre 2010, une journée d’études avait commencé à explorer la question des rapports entre le catholicisme antiromain et la genèse de la tradition historiographique européenne. Le présent ouvrage, qui regroupe les actes d’une seconde journée d’études – la quatrième du cycle consacré par l’équipe RESEA du LARHRA à l’antiromanisme catholique des temps posttridentins – qui s’est déroulée à Munich le 13 septembre 2012, se place dans le prolongement de la précédente session : il était apparu que la question des sources méritait des investigations plus précises, ainsi que le problème du style et celui de l’exploitation des acquis méthodologiques de l’érudition moderne. En particulier, le divorce est devenu de plus en plus visible, à partir de l’âge libéral, entre une historiographie antiromaine soucieuse de méthode critique et sa concurrente romaniste mais, disait-on, méthodologiquement attardée. Les discussions ont montré, au cours du second xixe siècle, avec quelle difficulté l’histoire ecclésiastique, de tradition vénérable, s’est progressivement extraite d’un modèle apologétique pour se plier progressivement aux impératifs d’une méthodologie historiographique critique en voie de définitive consécration. Il semble que les historiens catholiques antiromains aient contribué plus que leurs concurrents respectueux du Saint-Siège, et avant eux, à éloigner l’histoire de l’Église des excès à quoi la conduisait le modèle d’une dissertation édifiante qui finissait par être entrave au récit scientifiquement établi de la geste chrétienne. Les contributeurs de la rencontre munichoise de septembre 2012 ont souhaité éclairer un questionnement dont les alternatives épistémologiques ont sans nul doute contribué à façonner l’historiographie religieuse contemporaine.

Paul Chopelin et Sylvène Édouard (dir.), Le Sang des Princes...

Le Sang des Princes. Cultes et mémoires des souverains suppliciés (xvie-xxie siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, Coll. Histoire, 328 p.

« En ma fin est mon commencement »... dernières paroles attribuées à Marie Stuart, au matin de son exécution le 7 février 1587, qui furent immédiatement retranscrites par Adam Blackwood dans le Martyre de la Royne d’Escosse publié la même année. Quarante plus tard, c’était au tour de Charles 1er de monter sur l’échafaud pour être décapité à la hache, devant la foule rassemblée à Whitehall. En France, le supplice de Louis XVI et de Marie-Antoinette, les 21 janvier et 16 octobre 1793, se fit lui aussi à la suite d’un procès et en place publique. D’autres princes, érigés en ennemis publics, furent encore exécutés pour abattre leur pouvoir jusque dans sa symbolique, comme Maximilien d’Autriche au Mexique ou encore le tsar Nicolas II.

Leur mort, préméditée et largement informée, a pu apparaître comme la condition nécessaire à l’affermissement d’un nouveau régime ou d’une nouvelle dynastie. Pourtant, comme l’écrivait Olympe de Gouges à la veille du procès de Louis XVI, « il ne suffit pas de faire tomber la tête d’un roi pour le tuer, il vit encore longtemps après sa mort ». Le condamné est en effet considéré comme un authentique martyr par les nostalgiques de l’ordre ancien. Mué en icône partisane, symbole fédérateur d’une opposition parfois divisée, le souvenir de son sacrifice a permis et permet encore de conserver et illustrer une tradition, tout en participant à la délégitimation des institutions politiques fondées sur le régicide. Néanmoins, tous les princes martyrs ont, à un moment ou à un autre, fini par devenir des objets mémoriels gênants, témoins d’une guerre civile que l’on préfère oublier ou dépasser, même si de persévérants thuriféraires entretiennent toujours leur culte, que ce soit par espérance providentialiste ou par simple fidélité désabusée.

Paul Chopelin et Tristan Martine (dir.), Le Siècle des Lumières en Bande Dessinée...

Le Siècle des Lumières en Bande Dessinée. De poudre et de dentelles, Paris, Karthala, Coll. Esprit BD

De L’île au trésor à Fanfan la tulipe, en passant par Le dernier des Mohicans, le xviiie siècle a servi de cadre à bon nombre de fictions littéraires et cinématographiques. La bande dessinée n’est pas en reste, en adaptant ces grands classiques ou créant ses propres héros : Oumpah-Pah de Goscinny et Uderzo, Les Passagers du Vent de François Bourgeon, Giacomo C. de Dufaux et Griffo, Le Scorpion de Desberg et Marini, pour ne citer que les plus connus, vivent de folles aventures sur fond d’intrigues de cour, de guerre « en dentelles » et de révolutions.

Écrit par un collectif d’historiens, cet ouvrage explique comment cette période a pu inspirer scénaristes et dessinateurs du monde entier. Les « bonnes histoires » du roman populaire du xixe siècle restent bien sûr une source d’inspiration indémodable, avec leur lot de pirates, de justiciers masqués et de contrebandiers, mais chaque auteur invente également son propre Siècle des Lumières, conforme aux attentes de son lectorat. Il y a le xviiie siècle misérabiliste de la bande dessinée militante, le xviiie siècle pieux de la bande dessinée catholique ou le xviiie siècle lubrique de la bande dessinée de charme. Cependant, depuis les années 1980, les stéréotypes classiques ne cessent d’être revisités par des auteurs désireux de détourner les codes habituels du genre : les séducteurs libertins se font plus mélancoliques, les personnages féminins sortent du cliché habituel de la marquise délurée ou de la paysanne exploitée, tandis que le surnaturel subvertit de plus en plus le traditionnel rationalisme des Lumières.

Ce volume s’achève par un grand entretien exclusif, illustré de documents inédits, avec le dessinateur et scénariste Patrice Pellerin, qui revient longuement sur son itinéraire artistique et sa prédilection pour le xviiie siècle, à travers notamment sa célèbre série L’Épervier.

Jean-Luc De Ochandiano, Lyon à l’italienne...

Lyon à l’italienne. Deux siècles de présence italienne dans l‘agglomération lyonnaise, Lyon, Éditions Lieux-dits, 2013, 2013, 272 p.

Dans ce bel ouvrage très richement doté en illustrations (plus de 350 photographies et documents d’archives), l’auteur se propose de dresser un panorama de plusieurs générations d’Italiens venus s’installer dans Lyon et ses banlieues, ouvrières pour l’essentiel.

Le plan chronologique adopté permet de suivre pas à pas les logiques de départ depuis l’Italie (le Piémont au xixe siècle, complété par la province de Frosinone après 1914), les conditions de vie et de travail de ces migrants (pour l’essentiel dans les métiers du bâtiment au sens large, mais également dans le textile et la verrerie), enfin leur implantation dans la géographie de la ville, d’abord dans la presqu’île et sur la rive droite de la Saône jusqu’au début du xxe siècle, puis dans des quartiers ouvriers plus excentrés à proximité des implantations industrielles : Gerland, Saint-Fons, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin. Leur difficile acceptation par la population locale va jusqu’à se traduire par des attaques anti-italiennes des années 1890, alors que nombreux seront les jeunes hommes à participer à la mobilisation industrielle et militaire lors de la Grande Guerre.

L’ouvrage intéresse également l’histoire du fait religieux. L’auteur y consacre plusieurs développements, qui seront mentionnés ici rapidement. L’essor de la statuaire religieuse dans la seconde moitié du xixe siècle s’appuie sur le savoir-faire des mouleurs en plâtre italiens. Cette spécialisation artisanale d’immigrants de la province de Lucques repose sur un réseau d’ateliers qui, comme celui de Leopold Gustini place Bellecour, répond à une demande du clergé pour l’ornementation des églises et chapelles. Le sculpteur d’origine piémontaise Louis Bertola, Grand Prix de Rome en 1923, prolonge et incarne avec une dimension proprement artistique ce monde des figuristes, avec par exemple la réalisation de son Christ monumental sur la façade de l’église Saint-Antoine.

La misère dans laquelle se débattent bien des foyers italiens explique plusieurs initiatives charitables, comme l’« asilo » (crèche gratuite) des Sœurs des pauvres de Bergame installé place Grandclément à Villeurbanne. L’exploitation des « gamins » italiens dans la verrerie avait suscité dès les années 1900 la création d’une « Œuvre d’assistance aux travailleurs italiens d’Europe et du Levant » qui parvient à mobiliser les autorités civiles lyonnaises pour mettre fin au logement de ces enfants dans les garnis des rues de Gerland et pour exercer une « surveillance sur la condition matérielle et morale » de ces jeunes aux mains de trafiquants de main d’œuvre. Cette opera Bonomelli – du nom de l’évêque de Crémone son fondateur – est cependant mal acceptée par les autorités fascistes, et disparaît à la fin des années 1920. Elle laisse place à une Mission catholique italienne plus conforme aux souhaits du gouvernement italien. Celle de Lyon est créée en novembre 1929 avec l’accord du cardinal Maurin et le père Giuseppe Bono en devient le directeur. Son activité dans l’entre-deux-guerres est multiple : organisation de célébrations autour du culte des saints (San Rocco à Croix-Luizet, Saint Antoine de Padoue à Vaulx-en-Velin), action charitable et sociale, confection d’un bulletin mensuel La Buona Parola, création de groupes de laïcs. Ce livre apporte par conséquent des connaissances précieuses sur le fonctionnement et les responsables de ces œuvres italiennes implantées dans l’agglomération lyonnaise.

Sylvène Édouard, Les Devoirs du prince...

Les Devoirs du prince - L’éducation princière à la Renaissance, Paris, Classiques Garnier, coll. Bibliothèque d’histoire de la Renaissance, 2014

Cet ouvrage retrace l’histoire de l’éducation princière dans les cours d’Europe à la Renaissance en s’intéressant aux « devoirs du prince » ; à la fois apprentissages et devoir d’être un futur gouvernant. En dépit d’une historiographie abondante sur le sujet des Institutions du prince et de synthèses anciennes et récentes sur l’éducation des Bourbons au xviie siècle, le cas de l’éducation des jeunes princes à la Renaissance est demeurée très méconnue : un vide historiographique que cet ouvrage propose de combler. Grâce à une documentation abondante – les livres manuscrits et imprimés à usage scolaire ainsi que les miroirs, les instructions des parents, les programmes d’études, les correspondances des précepteurs et des serviteurs, les états et les comptes des Maisons princières ainsi que les précieux exercices scolaires heureusement conservés –, cette histoire des « Devoirs du prince » révèle ce que furent les ambitions des adultes (parents, précepteurs, gouverneurs et humanistes pédagogues) et les leçons pour former les princes. Cette étude suit ainsi les jeunes princes chrétiens – ensuite catholiques et protestants après les années 1520 – à travers des apprentissages qui ont été clairement identifiés et qui confirment l’importance de l’instruction religieuse mais révèlent aussi la prééminence de la culture aristotélicienne souvent sous-estimée. En arrière-plan, les ambitions et les fonctions de l’entourage du prince permettent de mieux comprendre ce que fut le « devoir être », non seulement à travers l’instruction qui prépare le futur gouvernant à son métier, en termes de compétences et de morale, mais aussi en imprimant sur le corps un habitus princier nécessaire à sa reconnaissance : habitus acquis dès l’âge le plus tendre au contact de l’entourage et dans les exercices physiques pour la chasse, la préparation militaire et les divertissements de cour. Le « devoir être » du prince apparaît dès lors comme une compétence morale et technique de l’esprit et du corps nécessaire à sa reconnaissance et à sa légitimité.

Étienne Fouilloux et de Frédéric Gugelot (dir.), Jésuites français et sciences humaines

Jésuites français et sciences humaines (années 1960), Lyon, Chrétiens et Sociétés - Documents et Mémoires n° 22, RESEA-LARHRA, 2014

Il y a eu un moment « sciences humaines » dans la France des années 1960, marqué par la publication des œuvres de Louis Althusser, Roland Barthes, Michel Foucault, Jacques Lacan ou Claude Lévi-Strauss. Fondées sur la mise en évidence de systèmes de signes qui s’imposent au sujet sans qu’il en ait conscience, ces oeuvres constituent un défi de taille pour les croyants en l’existence d’un Dieu personnel accessible à la raison et à la liberté humaines. Peu nombreux ont été les intellectuels chrétiens capables de relever un tel défi. Parmi eux, en avant-garde comme souvent dans le passé, plusieurs jésuites, malgré la crise que leur ordre connaît en France au lendemain du concile Vatican II. Alors que la réception de la vision cosmique de Pierre Teilhard de Chardin, mort en 1955, connaît son développement maximal, Paul Beauchamp, Louis Beirnaert, Michel de Certeau, Joseph Moingt, Georges Morel, Éric de Rosny ou François Roustang prennent au sérieux le défi, à leurs risques et périls, et tentent d’y répondre, moins par souci apologétique que par volonté de faire entendre une voix chrétienne dans un concert qui lui est largement étranger. Sur cette saison de l’intelligence croyante confrontée au paradigme structural, ce livre réunit quelques pierres d’attente pour une synthèse à venir. Il participe d’une histoire du catholicisme français contemporain, et plus particulièrement de la Compagnie de Jésus en son sein. Il devrait intéresser aussi les curieux d’une histoire intellectuelle de la France des années 1960.

Yves Krumenacker, Philippe Martin, Gilles Deregnaucourt, Frédéric Meyer, Dorsale catholique, Jansénisme, Dévotions...

Dorsale catholique, Jansénisme, Dévotions : xvie-xviiie siècles. Mythe, réalité, actualité historiographique, Riveneuve, Coll. Actes académiques, 467 p.

Trente années de recherches en histoire religieuse sont réunies dans ce volume selon trois axes majeurs à l’Age classique : le jansénisme, la piété et la "dorsale catholique", cet axe de la reconquête des terres devenues protestantes. Il s’agit de champs largement explorés par René Taveneaux, grand spécialiste du jansénisme, auquel un colloque européen a rendu hommage pour le centenaire de sa naissance en 2011. Dix études abordent le jansénisme, depuis les jugements en hérésie par l’Inquisition romaine jusqu’aux permanences de cette doctrine religieuse au xixe siècle. Huit articles cernent les différentes dimensions de la piété aux Pays-Bas, terre de la réforme catholique, ou quand l’Église enquête sur les miracles au lendemain du concile de Trente et que les Lumières espagnoles oeuvrent en faveur d’une dévotion contrôlée. Huit textes retracent cette fameuse "dorsale catholique" avec les Maisons de Lorraine et de Savoie (xvie-xviie siècles), les jésuites des anciens Pays-Bas, la Suisse ou les déclinaisons lorraines de la guerre aux Turcs (xvie-xviiie siècles).

Daniel Moulinet, Prêtres soldats dans la Grand Guerre...

Prêtres soldats dans la Grand Guerre Les clercs bourbonnais sous les drapeaux, Rennes, Presses universitaires de Rennes, Coll. Mémoire Commune, 400 p.

Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, les relations, en France, entre l’église catholique de l’état sont encore très tendues. Certes, « l’union sacrée », proclamée par le gouvernement dès le début du conflit, met ces tensions en veilleuse, mais, à plusieurs reprises, elles vont resurgir au cours des quatre années de guerre. Loin des polémiques de l’époque, les lettres adressées par plus de 130 prêtres et séminaristes du Bourbonnais à l’abbé Giraud, supérieur du séminaire de Moulins, font revivre les réalités de terrain, dans la variété des affectations, même si elles ressortent très majoritairement du service de santé. Comment les clercs sont-ils insérés dans le conflit, comment partagent-ils son déroulement, comment vivent-ils la fréquentation quotidienne de leurs compatriotes dont leur éducation cléricale les séparait ? Quel regard de foi vont-ils poser sur cette violence qui heurte profondément leur sensibilité religieuse ? Comment vont-ils se donner des moyens pour la vie spirituelle, la leur et celle des soldats avec lesquels ils vivent ? Enfin, comment leur spiritualité est-elle influencée par ces années de souffrance qui les marqueront à jamais ? Telles sont les questions auxquelles ces lettres permettent d’apporter des réponses. Dans le contexte du centenaire de la guerre, l’analyse de cette correspondance reflète le regard religieux que le clergé catholique a porté sur cet événement, qui, comme on le sait, a marqué le point de départ d’un vrai ralliement de l’église catholique à la République.

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