Les testaments n’ont peut-être pas tout dit
Résumés
Cet article présente une synthèse d’une dizaine de mémoires de maîtrise et de Master II effectués depuis 1999 à l’université Jean Moulin Lyon III sur les testaments à Lyon depuis la fin du XVIIIe siècle ; selon des approches diverses : sondages périodiques sur l’ensemble de la ville, dans une paroisse, chez un notaire. Le modèle de la simplification du discours testamentaires au cours du XVIIIe siècle n’est pas remis en cause dans son architecture globale. Néanmoins Lyon semble se distinguer par un rythme particulier : mise en place peut-être plus tardive et effritement peut-être plus précoce du testament pieux (plutôt que baroque), et une insistance majoritaire et précoce sur la simplicité des funérailles, qui ne signifie pas une sécularisation de l’approche de la mort.
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Mots-clés :
Deforas (Barthélémy), funérailles, Guyot (Charles-Odile), Legs pieux et charitables, Notaire, Sépulture, TestamentKeywords:
Burial, Deforas (Barthélémy), Grave, Guyot (Charles-Odile), Notary, Pious and charitable legacies, WillChronologie :
XVIIIe sièclePlan
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- 1 Georges Cuer, Archives notariales. Première partie : Notaires de Lyon, Lyon, Rhône, 1992-1993, 2 vo (...)
- 2 Cf. la liste donnée en annexe.
- 3 Ces travaux sont conservés et consultables dans les locaux de l’équipe RESEA.
1Malgré l’ampleur, en particulier pour la période de l’Ancien Régime, aux Archives départementales du Rhône, de la sous série 3E dédiée aux archives notariales1, les travaux universitaires qui ont pris pour objet principal l’activité notariale à Lyon, ne sont pas très nombreux.2 Mon propos se limite ici à une présentation des mémoires de maîtrise soutenus à l’Université Jean Moulin – Lyon III depuis 1999 et entrant dans cette définition.3 Neuf, portant sur le seul XVIIIe siècle, ont paru dignes d’être mentionnés en raison de l’intérêt des résultats obtenus, nonobstant les lacunes plus ou moins lourdes mais inhérentes à la plupart des premiers travaux de recherche : le premier a été soutenu en 1999, puis deux en 2001, un en 2003, un en 2004 et quatre en 2006. J’inclus dans ce « corpus » un mémoire réalisé à partir des minutes de deux notaires d’Ambérieu en Bugey au XVIIIe siècle, qui présente des points de comparaison intéressants entre la grande ville et un bourg rural qui entretient des liens multiples avec elle. Trois axes de recherches principaux se dégagent de cet ensemble : l’étude d’un notaire, s’intéressant aussi bien à son portrait social qu’à son activité et à sa clientèle ; l’analyse sérielle et statistique des deux principaux types d’actes relevant du droit de la famille : contrats de mariage (un mémoire) et testaments (cinq mémoires) ; l’analyse des actes de type économique : un seul mémoire lui a été consacré, portant sur les contrats immobiliers. Je laisserai de côté les deux mémoires sur les contrats de mariages et les actes immobiliers, parce qu’étant uniques, ils ne se prêtent guère à la comparaison des informations, nécessairement partielles, qu’ils ont recueillies. De plus, le contrat de mariage lyonnais a été une des sources importantes de la thèse de Maurice Garden publiée en 1970. Enfin, l’étude des actes immobiliers entre moins en consonance avec les sujets abordés dans notre bulletin. L’objectif de ce bilan n’est évidemment pas d’offrir des conclusions définitives ni de proposer une synthèse complète de tout ce qui a pu être écrit sur les sujets qu’il aborde, mais seulement de faciliter la diffusion d’une information originale qui reste habituellement confidentielle et de rendre ainsi hommage au labeur bonae voluntatis de nos étudiants.
Le notaire et sa clientèle
Deux cas, deux portraits
- 4 Nicolas Domenge, Charles-Odile Guyot, notaire et bourgeois de Lyon, 2003 ; Anaïs Guillot, Barthélém (...)
2Trois mémoires4 prennent pour objet un notaire particulier, prenant en compte l’analyse de son activité globale, et pour deux d’entre eux, esquissant également un portrait social du personnage, grâce à une reconstitution de famille et grâce à la recherche des actes privés ainsi que de l’inventaire après décès. Ces trois notaires rendent bien compte de la diversité présentée par ce groupe socio-professionnel restreint, puisque le nombre en était limité à quarante à Lyon depuis un édit d’octobre 1691.
- 5 Il s’agit de la famille du célèbre libraire étudié par Yann Sordet, L’amour des livres au XVIIIe si (...)
- 6 À l’emplacement actuel du quai de Bondy, près de l’église Saint-Paul, sur la rive droite de la Saôn (...)
- 7 Cf. les travaux d’ Olivier Zeller cités en annexe.
- 8 Cf. Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, 1970, p. 218-222.
- 9 A.D. Rhône, B.P. 2167, 13 avril 1745, inventaire après décès.
3Le premier, Charles-Odile Guyot, appartient à une dynastie implantée dans la ville : les Guyot émargent aux registres paroissiaux de la paroisse Saint-Paul depuis la première moitié du XVIIe siècle. Son père Odille lui transmet son office en 1712 et lui-même le lègue à son fils Charles Odile Joseph en 1745. Sa sociabilité professionnelle et familiale se développe, principalement grâce à sa belle-famille, surtout dans les milieux marchands : les Trollier, les Archimbaud, les Adamoly5. Il trouve en eux non seulement de bons clients mais également les parrains de ses enfants. La famille Guyot est étroitement liée au chapitre Saint Paul et Charles-Odile est connu pour compter dans sa clientèle une bonne partie du clergé lyonnais. S’il vit sans ostentation, ses revenus lui assurent une très confortable aisance qui fleure peut-être une certaine avarice. Il est le locataire principal, auprès d’un cousin germain de sa femme, d’un immeuble entier rue de Flandre6 : son étude se trouve au rez-de-chaussée et il n’occupe pas la moitié de l’immeuble, ce qui lui permet de sous-louer le reste à son profit selon une pratique courante et désormais bien connue7. Il possède également une confortable maison de campagne à Collonges au Mont d’Or. Lorsqu’il marie sa fille Justine en 1737, il est en mesure de lui procurer la coquette dot de 15 000 livres, correspondant à la catégorie des dots les plus élevées à Lyon au XVIIIe siècle8, et la seule valeur des meubles inventoriés après son décès atteint plus de 11 000 livres. Enfin, rien ne dénote chez lui un zèle religieux particulier. Les ouvrages de cette catégorie sont au nombre de quinze seulement dans une bibliothèque de 256 titres au moins, consacrée principalement à la Littérature et à l’Histoire : outre trois Bibles, dont une en latin, il s’agit essentiellement de recueils de sermons, mais il possède également la Fréquente communion d’Arnaud, peut-être héritée de son grand père9. Des 59 estampes et 46 tableaux inventoriés à son décès, les sujets ne sont guère connus : une estampe représentant la Vierge figure dans sa chambre ; quant aux tableaux, les seuls dont le sujet soit précisé, sont principalement des portraits de famille et des paysages. Il semble curieusement qu’il soit mort ab intestat, se contentant de faire venir un confrère à son chevet pour rédiger l’acte de transmission de son office à son fils.
4Par rapport à cet homme établi et discret, son contemporain Barthélémy Deforas offre un tout autre visage. C’est un immigré récent qui obtient ses lettres de naturalité en 1720 seulement, alors qu’il exerce depuis 25 ans déjà. Originaire de Vérone, il a probablement passé une partie de sa jeunesse en Chablais, dans la paroisse de Douvaine, située ente Genève et Thonon, où s’étaient installés ses parents. Son réseau familial semble très limité : bien qu’il soit marié, son testament ne comporte mention d’aucune descendance et sa parentèle s’y limite à deux cousines du côté de ses propres parents. S’il épouse lui aussi une fille de marchand en 1696, elle ne lui apporte que 3 000 livres de dot , contre 24 000 livres dont 20 000 en argent comptant pour la femme de Charles-Odile Guyot une quinzaine d’années plus tard. Cet homme, moins seul probablement que les sources disponibles ne le laissent croire, doit beaucoup à sa belle-famille qui semble d’ailleurs lui faire confiance puisqu’au décès de son beau-père, il exerce de fait la tutelle de son jeune beau-frère. Il possède l’immeuble qu’il habite rue Grenette, entre Saône et Rhône, dans l’une des paroisses les plus aisées de Lyon mais son appartement comprend cinq pièces quand Guyot en occupe onze rue de Flandre. Il a, lui aussi, acquis une maison de campagne, située à la Croix-Rousse, mais elle est deux fois plus petite que la propriété de Guyot à Collonges. Contrairement à Guyot, il aime brasser les affaires. Il constitue une société avec trois confrères, place son argent en constituant des rentes à son profit, en perd dans une société de fourniture de bois à la Marine qui fait faillite, s’associe sans succès avec un marchand lyonnais pour exploiter un domaine viticole dans la campagne lyonnaise, investit plus sûrement dans l’immobilier en achetant, louant ou vendant des immeubles, prenant aussi à bail un immeuble de la rue Grenette en location principale et en louant les appartements qu’il n’occupe pas, dans l’immeuble voisin qui lui appartient aussi. Sa carrière est aussi marquée par quelques épisodes obscurs : une agression avec vol dans son étude qui ne laisse pas plus de trace qu’un verbal dans les archives lyonnaises ; un soupçon de faux dont il se défend par une requête en sommation pour calomnie contre l’avocat qui l’accuse. Enfin, après 39 années d’activité, au cours desquelles il a exercé un temps la fonction de syndic de la communauté des notaires, il vend son office pour plus de 20 500 livres, réalisant une forte plus-value, puisqu’il l’avait acquis pour 7500, soit presque trois fois moins. Son testament révèle sa volonté d’intégration dans une ville qu’il a et qui l’a adopté : il donne aux pauvres, aux petites écoles, aux ordres religieux, et précise qu’il veut être inhumé dans l’église de sa paroisse, Saint-Nizier, où ses funérailles se font d’ailleurs en grande procession, ce qui n’est pas le cas le plus fréquent. Pas de trace cependant de la confrérie des Pénitents blancs dont il semble, à une époque du moins, avoir bien connu la situation financière.
Activité et clientèle des notaires
5Ces deux mémoires, ainsi que celui de Louise Krug consacré la clientèle de Bourdin (installé rue de l’Hôpital, derrière l’hôtel-Dieu) étudient également l’activité globale des deux notaires. Barthélémy Deforas a passé 9733 actes en 39 ans d’activité, de février 1696 à août 1735, Charles-Odile Guyot 5566 en 33 ans d’octobre 1712 à avril 1745, Bonaventure Bourdin 4236 en 34 ans de 1711 à 1745. La clientèle de chaque étude ne se ressemble pas. Chez Bourdin, les membres des communautés d’arts et de métiers forment un peu plus de 50 % de la pratique, les ouvriers en soie et le menu peuple, plus du tiers, le reste, environ 16 % étant issu des catégories aisées : professions libérales, bourgeoisie marchande, privilégiés des deux ordres. En revanche, Deforas accueille une clientèle beaucoup plus aisée : à la fin de sa carrière, les marchands et banquiers forment plus de 50 % de ses clients ; si l’on y ajoute les clients mentionnés seulement sous leur titre de bourgeoisie (13 %), les professions libérales (presque 8 %) et le clergé (un peu plus de 3 %), il en résulte que trois clients de Deforas sur quatre sont issus des élites de la ville, à ceci près que la noblesse et les conseillers de la sénéchaussée ne semblent guère s’y rencontrer. Sans entrer dans le détail on peut pousser un peu plus loin l’analyse, car on repère dans deux de ces études, quelques groupes spécifiques : chez Guyot, ce sont d’une part les marchands étrangers (en particulier italiens et suisses), d’autre part le clergé et les veuves, souvent parties prenantes dans les mêmes actes (presque 3 % des actes de Guyot sont dans ce dernier cas, quittances et constitutions de rente pour plus des deux tiers), particulièrement au moment du système de Law et au début du ministère du duc de Bourbon. Les veuves forment également un groupe nettement identifiable chez Bourdin, mais il semble surtout être le notaire attitré de quatre communautés de métiers : les maîtres barbiers, perruquiers et étuvistes, les maîtres boulangers et les maîtres vinaigriers ainsi que les maîtres serruriers.
- 10 D’après la classification proposée par Jean-Paul Poisson, « L’activité notariale à Paris en 1751. P (...)
- 11 Gaspard Orlande, étudié par Delphine Junique, rédige 4204 minutes entre 1687 et 1707, dont les acte (...)
- 12 Notamment à Lyon depuis l’article de Jean-Paul Poisson, « Introduction à une analyse de contenu des (...)
- 13 Anne Vaillant montre que les clients des notaires du quartier Confort ne résident que pour 23 % dan (...)
6Une autre « spécialisation » apparaît enfin, concernant les catégories d’actes10 : chez Bourdin, 43 % des actes concernent le droit de la famille, et il s’agit principalement de contrats de mariage ; mais ils ne forment que 17 % de la pratique de Charles-Odile Guyot (les testaments venant en premier avec presque 8 %) chez qui, en revanche, l’emportent les actes de nature économique (59 %) tandis que ceux ayant trait au droit ecclésiastique d’ancien régime (relatifs surtout aux grades et aux bénéfices) constituent 6 % de l’ensemble, ce qui est relativement élevé. Chez Deforas, ces derniers sont quantité négligeable (0,44 %), les actes relatifs au droit de la famille très minoritaires (11 %) alors que les actes de nature économique écrasent l’ensemble (plus de 78 %). Ainsi, cette dernière catégorie domine logiquement11, ce qui est conforme à ce que l’on sait depuis longtemps de l’activité notariale12, mais dans des proportions qui peuvent varier de façon significative. Ces données doivent probablement être mises en relation avec la composition sociale des clientèles : est-ce le fruit du hasard si, chez Bourdin par exemple, les actes relatifs à la famille et les actes de nature économique s’équilibrent mieux que chez ses confrères alors que sa clientèle appartient principalement au monde de la boutique et de l’atelier ? Encore faudrait-il comprendre l’origine de cette relative « spécialisation ». Est-ce un héritage des prédécesseurs ? Il serait peut-être hâtif d’invoquer la localisation de l’étude. En effet, celles qui ont été analysées ici sont toutes les trois situées dans des quartiers caractérisés par leur hétérogénéité sociale et l’on sait également que le facteur de proximité n’est qu’un critère relatif dans le choix du notaire13.
Un corpus testamentaire
Présentation
- 14 Aurélie Béril, Les testaments lyonnais en 1750, 2004 ; Delphine Junique, La pratique testamentaire (...)
7Quatre mémoires ont été consacrés à l’étude des testaments lyonnais, à laquelle l’analyse des testaments passés chez deux notaires ambarrois apporte un point de vue comparatif intéressant14. Ces approches sont toutes différentes. Aurélie Béril a privilégié la synchronie en dépouillant les actes des trente-sept notaires dont les minutes sont accessibles aux Archives départementales du Rhône pour la seule année 1750, sur les quarante-deux effectivement en exercice, soit 587 actes de succession (542 testaments nuncupatifs et 20 olographes). La moyenne d’une quinzaine de testaments passés dans chaque étude sur douze mois n’est guère significative : elle ne reflète la situation que pour quatre d’entre elles. Les écarts sont grands entre Claude Monteiller qui ne rédige qu’un seul testament, et Louis-Joseph Baroud qui accueille 82 clients dans l’année pour cette seule raison ! Quinze notaires n’en passent même pas une dizaine, et dix entre vingt et trente-cinq.
8Au contraire le parti pris d’Edgar Poisat est résolument diachronique : il effectue quatre sondages chronologiques en 1680, 1730, 1760 et 1780, correspondant respectivement à six, cinq, quatre et trois études afin d’obtenir un échantillon équivalent en nombre pour chacune des années retenues. Son corpus s’élève à 507 actes.
- 15 Testaments olographes que le notaire enregistre et scelle, par opposition aux testaments nuncupatif (...)
9Delphine Junique s’est concentrée sur la pratique testamentaire d’un seul notaire au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, soit 567 actes de succession passés entre 1687 et 1723 (483 testaments, 56 codicilles, 15 donations à cause de mort, 5 révocations de testaments, 6 élections de sépulture et 2 remises de testaments15).
10La démarche de Géraldine Dupont est similaire mais dans un cadre rural, celui de la petite ville d’Ambérieu-en-Bugey, où vivaient environ 2 000 habitants dans les années 1720 et qui a participé au renouvellement constant de la population lyonnaise au cours du siècle. Elle s’est intéressée aux Leclerc, père et fils, notaires entre 1a Régence et le début du règne de Louis XVI, réunissant ainsi 370 testaments.
11Enfin Anne Vaillant croise les approches en se donnant un cadre géographique plus précis, celui d’un quartier de la paroisse Saint-Nizier, la plus étendue des paroisses lyonnaises d’ancien régime, et la plus représentative de la diversité sociale de la ville. Ce quartier, nommé de Confort, du nom de la place autour de laquelle il s’étend, abrite cependant une population plus aisée que la moyenne. Dans cet espace, elle a retenu entre 1740 et 1780 sept notaires dans les minutes desquels elle a effectué cinq sondages décennaux, ce qui lui a permis de constituer un corpus de 570 actes.
- 16 Michel Vovelle, Piété baroque et déchristianisation en Provence au XVIIIe siècle, Paris, 1973, p. 3 (...)
- 17 Marc Bouyssou, Réforme catholique et déchristianisation dans le sud du diocèse de Chartres XVIe-XVI (...)
12Cette note de synthèse repose donc sur un corpus de plus de 2100 actes passés à Lyon, certes bien réduit par rapport aux quelques 20 000 testaments provençaux prospectés il y a quarante ans par Michel Vovelle, mais équivalent à celui qu’il a effectivement passé au crible de son analyse pour rédiger sa thèse d’État16, équivalent également à celui qui a été étudié par Marc Bouyssou pour le Blésois et le Vendômois17. Il est évident que je ne me livrerai pas ici à un travail de cette ampleur, ne serait-ce qu’en raison de la diversité des critères de constitution du corpus. Il faut également souligner que la grille de lecture mise en œuvre dans ces travaux n’est pas seulement religieuse. Sauf celui d’Edgar Poisat qui d’emblée a limité son approche à ce champ historiographique, les autres mémoires ne lui consacrent en moyenne qu’un tiers de leurs pages. Ils envisagent également la pratique successorale et examinent non seulement la manière dont le testateur entend organiser sa succession, mais ce que celle-ci nous apprend sur l’histoire de la famille et de ses sociabilités. Cette invitation à enrichir une problématique par l’autre, en l’occurrence le religieux par une approche sociale renouvelée ou l’inverse, n’a cependant pas donné beaucoup de résultats faute d’un véritable croisement des données obtenues.
Sociologie des testateurs
- 18 Sur un corpus de 262 testaments du XVIIIe siècle, Sonia Slimani (cf. référence en annexe) aboutissa (...)
- 19 Maurice Garden, op. cit., p. 149-150. Le déséquilibre est évidemment encore plus fort lorsque l’on (...)
- 20 Michel Vovelle évoquait justement le profil socio-démographique des grandes villes (nombreuses veuv (...)
- 21 Ibid., p. 216.
13L’analyse du groupe des testateurs aboutit à un premier constat18 : le déséquilibre entre les sexes au profit non pas des hommes comme l’avait constaté Vovelle en Provence, mais des femmes, comme Pierre Chaunu l’avait déjà montré pour Paris. Cette disproportion est variable à la fois dans le temps et selon les études, en partie en raison des différences de critères pour la constitution des corpus propres à chaque enquête. Chez Orlande, l’équilibre est presque atteint avec 229 testaments féminins pour 215 masculins. Les sondages d’Edgar Poisat montrent une évolution chronologique : équilibre en 1680, nette domination féminine en 1730 et 1760 (56 et 58 %), faible domination masculine en 1780 (52 %). Chez les notaires du quartier Confort, le testament féminin l’emporte dans cinq études sur sept, parfois très fortement (plus de 64 % chez Vernon et Baroud fils) tandis que le testament masculin ne domine qu’une seule fois très nettement (68 % chez Heurtaut). Ce dimorphisme pourrait ne refléter que la réalité de la sex-ratio dans la population lyonnaise au XVIIIe siècle : Maurice Garden a montré depuis longtemps que les femmes étaient plus nombreuses à Lyon que les hommes et que ce déséquilibre alla probablement en croissant au cours du siècle, les femmes composant 59 % de la population de plus de 10 ans dans les recensements de l’an IV19. En 1750, ces femmes qui testaient, étaient plus souvent veuves ou célibataires (159) que mariées (144). L’écart n’est donc pas énorme malgré la forte proportion de domestiques et d’ouvrières célibataires à Lyon20. La catégorie sociale la plus représentée parmi les testatrices mariées est celle des femmes d’artisans et de boutiquiers. Faut-il invoquer le régime matrimonial et donc successoral ? Maurice Garden signale bien la possibilité qu’avaient les épouses lyonnaises de se réserver une partie de leurs biens en « paraphernal », mais c’est pour souligner que « cette formule [était] peu employée dans l’ensemble »21. À cinquante kilomètres de là, à Ambérieu, dans une société très ruralisée (42 % des testateurs sont des vignerons, 12 % des laboureurs, 12 % des journaliers), on retrouve en revanche une nette domination masculine (56 % des auteurs de testaments).
- 22 Ibid., p. 228
- 23 Le taux de 69 % de testateurs actant en bonne santé donné par Françoise Bayard, op. cit., p. 207, d (...)
- 24 59 % selon la même source, ibid., p. 207.
14Les autres résultats obtenus à propos des testateurs ne surprennent guère. À en juger – avec les réserves d’usage – d’après les seules signatures, les hommes sont effectivement plus alphabétisés que les femmes, et ce taux varie selon les notaires et leur clientèle. Dans le quartier de Confort, plus aisé que la moyenne lyonnaise, il atteint presque 78 % en 1740 et monte à presque 90 % en 1780. Mais on sait que l’intérêt de ce comptage est relatif dès lors que le testament ne concerne que 15 à 20 % de la population lyonnaise22. On passe moins souvent son testament « au lit malade » que bien portant : 47 contre 49 % en 175023, les 4 % restant étant constitués par les femmes enceintes ; c’est encore le cas de 44 % des testateurs étudiés par Edgar Poisat au fil du siècle, et de seulement 30 % de ceux du quartier de Confort après 1740. Mais c’est plus le fait des catégories populaires (artisans, ouvriers, domestiques et journaliers particulièrement) qui sont probablement plus portés à attendre le dernier moment, pour des raisons économiques évidentes. Cela explique pourquoi à Ambérieu où l’emporte le « menu peuple », les proportions sont inversées : on teste le plus souvent lorsque l’on est non seulement malade, mais encore à la dernière extrémité. Souvent en effet, le décès y suit de près la rédaction du testament. Le lieu où le testament nuncupatif est passé, dépend évidemment de la santé de l’intéressé, et les statistiques précédentes aident à comprendre pourquoi l’étude du notaire est le cas le plus fréquent en ce qui concerne Lyon24. Il semble également que certaines périodes de l’année soient plus propices, paradoxalement les saisons les moins rudes : le printemps d’abord, suivi de l’été, au cours desquels sont signés 56 % des testaments dans le quartier de Confort. Ce qui reste néanmoins cohérent : si rien ne presse, on attend les beaux jours pour se rendre chez le notaire. Au contraire, à Ambérieu, c’est le plus souvent le notaire qui se déplace chez son client qu’il trouve « gisant au lit malade » ou « près du feu ».
Le salut de l’âme
Recommandation et intercessions
- 25 Edgar Poisat, op. cit., p. 106.
- 26 90 % des testaments étudiés par Sonia Slimani portent également cette recommandation de l’âme, cf. (...)
- 27 Ibid.
- 28 Anne Vaillant, op. cit., p. 61-62.
- 29 Michel Vovelle, op. cit., p. 63-65 ; Pierre Chaunu, La mort à Paris, 16e, 17e, 18e siècles, Paris, (...)
15Malgré l’hétérogénéité des critères de constitution des corpus, les résultats autorisent à esquisser, à titre d’hypothèse, l’évolution chronologique du recours à ces formules. En 1680, l’association de la recommandation de l’âme à Dieu et de la demande d’intercession (le plus souvent à la Vierge à laquelle les saints peuvent être joints sans plus de précision), l’emporte très largement (83 % des testaments), tandis que la recommandation seule n’est utilisée que dans 17 % des cas et qu’aucun testament n’est dépourvu de l’une ou l’autre formule25. Entre 1687 et 1723, chez Orlande, onze testaments (soit presque 2 %) ne comportent aucun préambule religieux et 5 % aucune recommandation de l’âme (elle est présente chez 97 % des femmes qui testent chez lui, et 92 % des hommes). Il semble donc qu’une évolution contradictoire des formules de recommandation et d’intercession commence dès les dernières années du XVIIe siècle. L’association des deux ne cesse de céder du terrain (61 % en 1730, 48 % en 1760, 2 % en 1780), non seulement à la seule recommandation de l’âme dont la croissance forte et constante surprend (28 % en 1730, 34 % en 1760, 80 % en 1780)26, mais aussi à un silence absolu (11 % en 1730, 18 % en 1760 et en 1780)27. Or, pour 1750, Aurélie Béril signale l’absence de toute recommandation déjà dans 20 % des testaments, tandis qu’Anne Vaillant constatait son emploi dans 71 % les testaments du quartier de Confort en 1740, seulement 39 % en 1750, une chute brutale en 1760 (4,2 %) avant sa disparition totale dans la décennie suivante28. Ces derniers résultats, surtout la deuxième série, divergent fortement des constats d’Edgar Poisat que l’on est tenté d’attribuer – sous bénéfice d’inventaire – aux hasards de sondages peu révélateurs. Ils demeurent plus conformes aux résultats des études classiques sur les testaments29, tout en suggérant des chronologies différenciées selon les quartiers de la ville.
16Ce dernier remarque également que les testateurs se recommandaient de moins en moins au Dieu créateur et de plus en plus à la source de toute miséricorde. Anne Vaillant pour le quartier de Confort, précise ce constat : l’invocation du Dieu miséricordieux est largement majoritaire de 1740 à 1780 mais elle connaît un infléchissement jusqu’en 1770 (de 84,3 % à 73,1 %) pour dépasser en 1780 (87,9 %) le niveau du milieu du siècle. Elle note aussi la nette préférence des femmes pour cette formule sur l’ensemble de la période considérée.
- 30 La comparaison des résultats d’Aurélie Béril avec ceux d’Edgar Poisat est toutefois faussée dans la (...)
- 31 Anne Vaillant, op. cit., 62-63.
17Les faibles occurrences des intercessions aussi bien à la Vierge (16 %) qu’aux saints (6 %) constatées en 1750 par Aurélie Béril, confirment le recul annoncé par Edgar Poisat30. Constat corroboré dans le quartier aisé de Confort : mais l’évolution prend ici l’aspect d’une rupture brutale au cours de la décennie 1750 : l’intercession mariale seule passe de 80 % en 1750 à 4,3 % dix années plus tard, celle des saints seuls de 37,4 % à 4,1 % ; elles disparaissent dans les sondages des années 1770 et 1780. Mais la seconde formule avait entamé sa déshérence au moins une décennie plus tôt : en effet plus des deux tiers des testateurs y recouraient encore en 174031.
- 32 Pierre Chaunu, op. cit., p. 447, fait de l’invocation des mérites du Christ, la « clef de voûte » e (...)
- 33 Delphine Junique, op. cit., p. 159. Il est surprenant en revanche de constater les très rares invoc (...)
- 34 Edgar Poisat, op. cit., p. 107.
18Au cours de leur recul ininterrompu, les intercessions semblent également subir une mutation à la fois significative et moins régulière. La figure du Christ intercesseur par les mérites de sa Passion et de son sang n’était invoquée que dans un cas sur dix en 1680, elle ne l’est plus que dans un sur cent en 1730, puis disparaît définitivement32. Le sondage de Delphine Junique chez Orlande corrige toutefois cette impression de déclin très rapide, mais il ne faut pas oublier qu’il ne porte que sur un seul notaire : un tiers des testaments passés chez lui entre 1687 et 1723 en appelle aux mérites du Christ Sauveur33. En revanche, si Marie et les saints de la cour céleste, très majoritairement invoqués en 1680 (respectivement dans 81 et 79 % des cas), subissent également un recul brutal en 1730 (45 % pour les deux), leur position se stabilise et se conforte même quelque peu jusqu’en 1760 (48 % pour les deux), avant l’effondrement final en 1780 (2 % toujours pour les deux !) 34. Ayant rencontré une vingtaine de testaments olographes, Aurélie Béril peut se poser la question de la signification des formules de recommandation ou d’invocation, en comparant ces dispositions spontanées aux formules des actes rédigés par les notaires. Elle relève par exemple qu’une formule très significative est employée dans plus de la moitié des testaments passés chez Levet : « recommandant son âme à la miséricorde infinie de Dieu en vue des mérites de Jésus-Christ notre sauveur suppliant très humblement la majesté divine de luy appliquer ces mêmes mérites pour son salut éternel, intercédant la glorieuse Vierge mère de Dieu, les anges et les saints ses protecteurs, saint(e) X son (sa) patron(ne), les saints et les saintes du paradis d’offrir leurs vœux à son intention ». Le fait que cette formule n’ait pas été retenue par tous les clients révèle leur liberté de choix, mais n’en donne pas le sens : le choix d’une formule plus courte ou le refus de toute formule peut avoir des raisons religieuses comme des raisons économiques. Par ailleurs, si peu significatif que soit le calcul d’un pourcentage sur un corpus aussi peu fourni, il l’est peut-être plus quand il donne le même résultat (à propos du nombre de testaments sans recommandation ni invocation) que pour les testaments nuncupatifs, ce que Michel Vovelle avait déjà relevé.
19Delphine Junique, enfin, est la seule à prêter attention, à partir des minutes d’Orlande, à la confession de foi et à l’indication du signe de croix. Or ses résultats ne manquent pas d’intérêt et, s’il convient évidemment de ne pas généraliser les constats établis sur une seule étude, il n’en serait pas moins dommage de les négliger. C’est une minorité, mais une minorité significative (23,2 %), de testateurs qui éprouvent le besoin – et acceptent de payer un peu plus cher pour cela – de confesser leur adhésion à l’Église catholique. Orlande leur propose un choix entre deux formules bien connues, l’une courte : « bon chrétien catholique », l’autre longue : « bon chrétien catholique, apostolique et romain ». Cette dernière est la moins utilisée (11 cas seulement), mais à des périodes bien précises : d’une part en 1687-1689, au lendemain de la Révocation alors qu’Orlande vient d’être pourvu de son office, d’autre part en 1718, 1721 et 1722, au moment de l’appel puis du réappel contre la bulle Unigenitus, lorsque le pouvoir politique tente de l’imposer comme loi du royaume. De là à y voir, d’autant plus qu’elles sont très minoritaires, des protestations de Nouveaux Convertis, ou d’opposants à la bulle, il y a un pas… qu’on ne saurait franchir sans plus d’investigation. Quant à la première formule (« bon chrétien catholique »), il est frappant de la voir utilisée principalement dans la décennie 1690 et en particulier dans « les années de misère » 1692-1694. Passé 1700, son emploi se raréfie considérablement, sauf quelques sursauts en 1707 et 1717 (année du premier appel contre la bulle). Michel Vovelle mentionne, mais n’analyse pas pour elles-mêmes chacune des formules religieuses des préambules testamentaires : celles-ci disparaissent-elles en Provence, comme chez Orlande à Lyon, plus vite que les autres ? La clientèle d’Orlande constitue-t-elle un cas particulier à Lyon ?
- 35 Pierre Chaunu, op.cit, p. 446, indique que « le signe de croix bat en retraite », mais il n’en donn (...)
2027 % des testaments passés chez lui portent la mention liminaire du signe de croix, proportion assez faible qui vient en écho du constat établi par P. Chaunu et son équipe à Paris35. Son évolution est comparable à celle de la formule « bon chrétien catholique ». Curieusement, plus des trois quarts de ses occurrences sont également regroupées dans la décennie 1690, avec un nette prédominance de l’année 1694. Après 1700, la mention devient épisodique et peu significative. Mais au cœur même de la décennie 1690, on assiste à une simplification de la formule : jusqu’en 1692, est évoquée la « sainte croix » qui devient ensuite la simple « croix ». Comme celle de la formule analysée précédemment, il est difficile de penser que cette évolution relève du seul notaire.
- 36 Marc Bouyssou signale que dès 1660 l’invocation du nom de Dieu recule en Vendômois et s’effondre en (...)
- 37 Anne Vaillant, op. cit., p. 59-60.
21Dans les testaments passés chez les officiers du quartier Confort durant la deuxième moitié du siècle, l’invocation liminaire du nom de Dieu (« Au nom de Dieu soit ») ne disparaît qu’à partir de 1760 des actes nuncupatifs, ce qui mérite d’être remarqué36. Mais elle réapparaît, de manière isolée, dans un testament olographe tardif rédigé en 1780 sous la forme d’un signe de croix : « Au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit Ainsi soit-il »37.
22À Ambérieu, il semble que l’évolution des invocations religieuses puisse être assez précisément retracée et qu’elle ne corresponde à aucun des « modèles » qui ont été élaborés jusqu’ici. En premier lieu le signe de croix liminaire (« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ») n’ouvre que 4 testaments sur 370 : tous sont le fait de seigneurs. Curieusement, les autres notaires ambarrois utilisent pourtant la formule dans tous leurs actes ! On touche ici du doigt les limites d’une enquête menée sur une seule étude, et le rôle décisif que peuvent jouer les notaires dans la rédaction des actes. L’éventail des formules de recommandation de l’âme est restreint : trois ont été retenues comme suffisamment récurrentes pour servir de critère. Les deux premières sont longues et révèlent deux nuances dans la piété, l’inquiétude du pécheur et la confiance dans le salut :
« recommande son âme à Dieu notre Père et Créateur, le priant par les mérites du sang précieux de Notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ, prières et intercession de la très Sainte Vierge de lui pardonner ses offenses ».
« après voir fait le signe de la Sainte Croix sur son corps, il a recommandé son âme à Dieu son créateur, le priant par l’intercession de la Sainte Vierge de vouloir colloquer son âme dans le royaume des cieux après la séparation de son corps ».
- 38 A.D. Ain, 3 E 24 855, testament de René Jean Blanc, 24 février 1735.
23La première des deux est utilisée dans 89 % des testaments entre 1717 et 1722, en revanche, de 1723 à 1735, la deuxième se retrouve dans 55,8 %. Aucune des deux ne semble utilisée après cette date. En revanche, une formule courte, utilisée dès la première période, gagne durablement du terrain : « Après avoir fait le signe de la Sainte Croix et invoqué les Lumières du saint Esprit ». Elle passe de 3,6 % des testaments entre 1717 et 1723, à 40,1 % entre 1723 et 1735, 65,2 % entre 1736 et 1754, puis chute brutalement à la fin de la période d’activité de Jean-Baptiste Leclerc (1766-1775) : 8,3 %. Enfin, l’absence de formules d’invocation, déjà présente dans 3,6 % des cas au cours de la première période, après une éclipse dans la seconde, reparaît dans 24,5 % d’entre eux entre 1736 et 1754, pour se généraliser à partir de la fin des années 1760. On assisterait donc à une désaffection progressive des formules de recommandation de l’âme, selon les étapes déjà modélisées en Provence ou à Paris : d’abord une simplification, puis une disparition. La chronologie cependant revêt des nuances propres. D’une part, même si la rupture semble vraiment se produire aux alentours de l’année 1760 comme en Provence, le mouvement de désaffection s’amorce dès le deuxième quart du siècle, ce qui est précoce et rapproche plutôt cette petite ville des confins du Bugey, de la situation de la métropole parisienne. D’autre part, durant la même période, sont employées des formules plus personnelles, révélatrices d’une volonté de manifester une dévotion profonde, telle que : « Mon Dieu, je vous adore de tout mon cœur, ayez pitié de moi à l’heure de ma mort »38. Elles concernent un peu plus de 10 % des testaments entre 1736 et 1754 puis disparaissent totalement. Il semble donc qu’un courant dévot, certes restreint, soit encore en mesure de s’enraciner et de s’approfondir, dans ce deuxième quart du siècle.
Demandes et fondations de messe
- 39 Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion vers 1525 – ver (...)
24Comme ailleurs, le testament lyonnais comporte les traditionnelles demandes de messes, soit pour être dites le plus rapidement possible après le décès (messes basses suivies ou non d’un Libera me, messes hautes et messes de requiem), soit pour s’inscrire dans la durée à court terme (trentain ou quarantaine), à moyen terme (annuel conclu par l’anniversaire) ou à long terme (messes perpétuelles garanties par une fondation, c’est-à-dire une constitution de rente). On a pu souligner que la croissance du nombre de demandes de messes après le décès, au détriment des fondations dans la durée, traduisait une évolution de la perception du devenir immédiat de l’âme après la mort : l’importance plus grande accordée au jugement particulier, comparution immédiate de l’âme du défunt devant le tribunal céleste, au détriment du jugement dernier rendu pour tous les hommes et pour chacun à la fin des temps, perspective devenue de plus en plus théorique au fur et à mesure que s’apaise cette angoisse eschatologique dont Denis Crouzet avait pu naguère mesurer la prégnance encore au XVIe siècle39.
- 40 Anne Vaillant, op. cit., p. 81.
- 41 Op.cit., p. 120.
- 42 A.D. Rhône, 3 E 17425, étude Baroud, testament du 10 décembre 1780.
25Les résultats obtenus à ce sujet divergent sensiblement. Les sondages d’Edgar Poisat attestent de l’universalité des demandes de messes basses de l’office des morts le plus tôt possible après le décès. En revanche, chez Orlande, entre 1687 et 1723, à peine trois testaments sur cinq demandent expressément des messes. Dans le quartier de Confort, entre 1740 et 1780, 59 % des testaments intègrent ces demandes (alors que, comme le fait remarquer Anne Vaillant, ils restent muets à propos de la sépulture)40. Mais le pourcentage tend à s’inverser avec le temps, puisque, de 1740 à 1780, la part de ceux qui ne les mentionnent plus, augmente de 35 % à 57 %. Néanmoins, les sondages de Sandrine Valentin à Saint-Paul et Saint-Nizier tendent à montrer que, par delà les nuances entre chacune des deux paroisses, les demandes connaissent une certaine stabilité au cours du siècle, concernant encore 62 % des testaments à la fin des années 178041. Le plus souvent, ces messes doivent être célébrées « le jour du décès » ou « le plus tôt qu’il se pourra ». Ainsi, François de Longefoy charge son héritier universel de faire célébrer deux cents messes « dans les trois premières nuits » qui suivront son décès »42. Jusqu’en 1770, le lieu de la célébration est indéterminé dans 22 % des cas, en 1780 la proportion tombe à 10 %.
- 43 Françoise Perrin, bourgeoise, demande le 29 août 1750, 100 messes dans l’église de la paroisse où e (...)
26Plusieurs testateurs exigent que ces messes soient célébrées dans plusieurs lieux en même temps (paroisse et églises conventuelles) : 13 % des cas étudiés par Anne Vaillant entre 1740 et 1780, un peu moins de 2 % faisant célébrer des messes non seulement dans l’église paroissiale et dans l’église conventuelle, mais aussi dans l’église de l’hôpital43. Elle remarque aussi l’émergence d’un tropisme discret en faveur du sanctuaire marial de Fourvière qui, à l’instar de la paroisse d’origine du testateur, peut servir d’alternative à l’église paroissiale de résidence ou de décès. Le choix des églises conventuelles, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle dans le quartier de Confort, demeure l’apanage des élites (40 à 60 % des demandes) ; il n’est donc pas surprenant qu’il soit aussi minoritaire dans le corpus (de 20 % en 1740 à 10 % en 1780). Par ailleurs, les marchands y renoncent plus facilement que les nobles.
- 44 Aurélie Beril, op. cit., p. 85-86.
- 45 A.D. Rhône, 3 E 6771, étude Orlande, 22 juillet 1707.
- 46 A.D. Rhône, 3 E 6778, étude Orlande, 23 juin 1717.
- 47 Constat analogue par Bernard Vogler pour Strasbourg, « Le testament alsacien au XVIIIe siècle », in (...)
- 48 A. Vaillant, op. cit., p. 84.
- 49 Sont également mentionnés : les Augustins de Saint-Vincent et les Augustins réformés, les Grands Ca (...)
27Aurélie Béril voit s’exprimer en 1750 de la part des testateurs, les deux sexes confondus, une nette préférence pour les églises des Capucins et plus particulièrement le couvent du Petit Forest : les hommes y recourent près de quatre fois plus qu’aux capucins du grand couvent, et les femmes près de trois fois plus44. Vient ensuite l’église des religieuses de Sainte Claire, choisie par une majorité de femmes. Cette préférence pour les couvents de la famille franciscaine est particulièrement bien illustrée par les deux cas suivants. Etienne Dupré « prie de faire dire sitôt après son décès, 600 messes de l’office des morts pour le repos de son âme dans l’Église des Révérends Pères du Tiers Ordre [Picpus] de la Guillotière ; 600 messes à la même intention dans l’église des Révérends Pères Capucins du Petit Forest de cette ville »45. Une dizaine d’années plus tard, la profusion revêt chez Anne Morel les apparences d’une comptabilité bien tenue : elle « charge son héritier de faire dire aussitôt après son décès 100 messes basses de l’office des morts, tant en ladite église de St Paul qu’en celle des Capucins du Grand Couvent, des Récollets, des Cordeliers de l’Observance, qui est 25 messes basses en chacune des églises [et] de faire dire aussi 2190 messes basses à son intention à l’autel privilégié dans la chapelle St Jacques de ladite église de St Paul savoir 1095 messes dans l’année du décès, c’est à dire 3 messes par jour, 730 messes l’année suivante ce qui fait 2 messes par jour, 365 messes la troisième année qui est une messe chaque jour »46. Anne Vaillant conclut également à une nette préférence pour la famille franciscaine (plus de la moitié des maisons mentionnées)47 : les religieuses de Sainte Claire et les Capucins du Petit Forez viennent devant les Capucins de Saint-André, les Récollets, les Cordeliers de saint Bonaventure dont la part chute très fortement de 1740 à 1780, les Picpus de la Guillotière, et aussi lesMinimes, assimilés – bien qu’à tort – à la famille franciscaine. Elle attribue à des facteurs sociologiques la part hégémonique des religieuses de Sainte Claire, situées dans la riche et aristocratique paroisse d’Ainay, le choix des églises conventuelles devenant de plus en plus l’apanage de la noblesse au cours de la période qu’elle a étudiée48. Cette évolution explique aussi que le panel des maisons religieuses présentes dans son corpus soit le plus important de ceux qui ont été établis par les enquêtes dont je rends compte ici : treize au total, ce qui ne représente qu’un peu plus du quart des établissements religieux lyonnais, mais la moitié des seuls établissements masculins49.
- 50 A.D. Rhône, 3 E 8223, étude Vernon, testament mystique de Marie Marguerite Reymond, fille majeure e (...)
- 51 Ce résultat corrobore celui de Sonia Slimani qui reprend les classes numériques utilisées par Pierr (...)
- 52 A.D. Rhône, 3 E 17405, étude Champalle, 21 avril 1770.
28La quantité des messes demandées peut varier énormément : jusqu’à 3000 dans le sondage d’Anne Vaillant50, chez Orlande, de 7 à 2190, de 5 à 1200 dans le sondage de 1730 opéré par Edgar Poisat. À cette date, les demandes les plus fréquentes portaient sur moins de cent messes, ce que confirment les minutes d’Orlande avec 41 % de demandes équivalentes, et les minutes du quartier de Confort après 1740, dans lesquelles elles demeurent le plus souvent comprises entre 50 et 100 messes. Dans ce dernier cas, les extrêmes connaissent une évolution opposée : les demandes supérieures à 300 messes augmentent tandis que les demandes inférieures à 50 diminuent nettement, ce qui explique l’augmentation, sur la période, du nombre moyen de messes demandées. Les résultats obtenus pour l’année 1750 se caractérisent par une modestie plus grande encore, puisque les demandes les plus nombreuses portent sur onze à cinquante messes51. L’éparpillement des lieux retenus pour leur célébration est fréquent, et l’exemple suivant représente peut-être un cas extrême : en 1770, Jean Joubert, domestique, investit l’espace urbain en ordonnant la célébration de soixante-quinze messes dans chacune des églises de Capucins, trois à Fourvière, vingt chez les Minimes, vingt chez les Picpus de la Guillotière, quinze chez les Augustins de la Croix-Rousse, six chez les Chartreux, dix chez les Trinitaires, vingt chez les Récollets, quinze à Ainay, trois à la cathédrale, vingt chez les Cordeliers de Saint Bonaventure, six chez les Carmes déchaux, douze chez les Carmes des Terreaux, une à la chapelle de l’Hôtel-Dieu, et des prières chez les religieuses de Sainte Claire52.
- 53 A.D. Ain, 3 E 24 857, étude Leclerc, testament du 17 août 1745.
- 54 A.D. Ain, 3 E 24 855, étude Leclerc, testament du 20 mars 1737.
- 55 A.D. Ain, 3 E 24 171, étude Leclerc, testament du 28 août 1769.
- 56 A.D. Ain, 3 E 24 854, étude Leclerc, testament du 8 avril 1730.
29Le contraste est saisissant avec la petite ville d’Ambérieu relativement proche mais dont la population est globalement beaucoup moins aisée : 52 % des demandes portent sur moins de dix messes dans l’année, et 3,5 % seulement sur la tranche statistique la mieux représentée à Lyon, celle des cinquante à cent messes. La formule la plus fréquemment retenue (presque 44 %) est celle d’une ou deux messes hautes ou basses le jour des funérailles, autant au quarantain et à l’anniversaire. Mais, alors que les testaments lyonnais sont peu diserts à ce sujet, aux portes du Bugey voisin, ils demeurent un moyen d’exprimer des dévotions particulières : il est fréquent que les messes demandées s’inscrivent dans le cycle sanctoral. Certains demandent qu’elles soient célébrées pour la fête de leur saint patron, d’autres pour celle du patron de leur métier, d’autre encore en raison d’une dévotion personnelle : ainsi François Guiffray, vigneron de Bettant, demande que « les quatre messes soient célébrées le jour de la sainte Anne, l’autre le lendemain de la fête de saint François de Sales, et les autres au lendemain des fêtes saint Claude et saint Jean-Baptiste »53. Ou encore, Pierrette Dedan Pellodin, femme d’un vigneron de Tiret, « faubourg » septentrional d’Ambérieu, « veut et entend qu’il soit dit en l’église d’Ambérieu à perpétuité trois messes à haute voix, une la veille de chaque Assomption de Notre-Dame, l’autre la veille de la Nativité, et l’autre la veille de la fête de Saint Antoine »54. À peine 10 % des testateurs déclarent s’en remettre simplement à leurs proches, et presque 6 % préfèrent instituer une fondation perpétuelle gagée toujours sur un bien immobilier, mais après 1735, on ne relève plus que 3 fondations. De manière générale, les fondations sont plutôt l’apanage des plus aisés (un marchand, un laboureur, huit artisans, trois bourgeois et leurs épouses, un prêtre), mais de petites gens y recourent aussi : ainsi Foy Cibeau, femme d’un simple journalier de Château-Gaillard, village de la plaine de l’Ain, charge ses héritiers de « faire dire annuellement et perpétuellement trois grandes messes dans l’Église de Château-Gaillard par les vicaires qui desserviront ladite église, lequel service sera hypothéqué sur la totalité de ses biens et principalement sur une pièce de chenevière située au territoire de Cormoz contenant trois bichettes de semailles de chanvre »55. Les établissements religieux ne sont pas nombreux dans la région. Quelques testaments prévoient des célébrations dans l’église de l’abbaye voisine de Saint-Rambert, distante d’une dizaine de kilomètres, mais le plus souvent les vœux portent sur des chapelles de l’église paroissiale (celle d’Ambérieu en comporte au moins six, mentionnées dans les testaments : saint Jean, saint Roch, saint Étienne, saint François, saint Sébastien et du Rosaire) ou des chapelles rurales : ainsi François Balme, également vigneron de Bettant, « veut qu’il soit célébré en la chapelle nouvellement construite à Bettant deux messes annuellement et perpétuellement, une le lendemain de la saint François, l’autre huit jours après »56.
- 57 Aurélie Béril, op. cit., p. 83
- 58 Anne Vaillant, op. cit., p. 83.
30Le dimorphisme sexuel des demandes de messes en faveur des femmes, mis en valeur par Vovelle, est vérifié par Edgar Poisat comme par Delphine Junique chez Orlande, mais avec des variations selon les catégories sociales, l’écart le plus grand se repérant dans le « menu peuple ». Le sondage d’Aurélie Béril confirme cette impression tout en la corrigeant. En 1750, les demandes de messes sont effectivement majoritairement le fait des femmes : 225 testaments féminins contre 158 testaments masculins. La majorité des femmes (76 %) comme des hommes (81 %) demandent moins de cent messes et la fréquence la plus grande des demandes se situe en trente et cinquante messes. En revanche, les hommes sont plus nombreux à exprimer des demandes supérieures à cinq cents messes, d’ailleurs exceptionnelles et concernant deux femmes et huit hommes au total. Elle repère également une catégorie, sans en expliquer le comportement, celle des « filles majeures » (autrement dit des femmes célibataires) qui formulent presque le tiers des demandes comprises entre cent et trois cents messes, ce qui est très supérieur à la plupart des catégories sociales. Mais faute d’information sur leur état et sur leur âge, il est hasardeux de formuler une interprétation de ces chiffres57. Même constat général dans le quartier de Confort entre 1740 et 1780, avec de fortes nuances selon les années : sans la moindre régularité chronologique, les demandes féminines sont très largement majoritaires (au moins deux fois plus nombreuses que celles des hommes) en 1760 et 1780, faiblement (environ 30 % de plus) en 1740, quasiment équivalentes en 1750, inférieures (environ 20 % de moins) en 1770.58 Ces résultats qui, encore une fois, peuvent résulter des hasards d’un sondage sur un échantillonnage qui se révélerait insuffisamment significatif, demandent au moins vérification.
- 59 Delphine Junique, op. cit., p. 174.
31Les messes hautes et messes chantées de Requiem, plus chères, sont également beaucoup moins recherchées : chez Orlande environ 35 testaments seulement les stipulent expressément59.
- 60 Il s’agit de François Agnielly, prêtre du diocèse de Digne, A.D. Rhône, 3 E 6773, 19 septembre 1709
- 61 A.D. Rhône 3 E 6777, étude Orlande, testament du 10 décembre 1717.
32L’étalement des messes dans la durée (trentain, annuel, messes anniversaires), repéré par Edgar Poisat dans le sondage de 1680, ainsi que la fondation de messe par une rente perpétuelle, demeurent peu fréquents : cinq cas en 1680, par des officiers ou des marchands. Chez Orlande, entre 1687 et 1723, ils ne concernent qu’une quarantaine de personnes : trente-deux fondent un annuel, parfois associé à des célébrations en nombre aussitôt après le décès ; deux souhaitent un trentain ; un seul fonde une messe « de bout de l’an » à perpétuité60 ; 6 plusieurs messes perpétuelles, le cas de Françoise Lejeune étant atypique : elle charge ses héritiers de « faire dire […] une messe, chaque jour, à perpétuité à son intention [et] de prendre toutes les précautions qu’ils jugeront nécessaires afin que la messe soit dite journellement sans interruption dans l’église de l’Hôpital de Vienne »61.
- 62 A.D. Rhône 3 E 8223, étude Vernon, testament mystique de Marie-Marguerite Reymond, 14 février 1740 (...)
33La pratique des demandes de messes se diffuserait de 1680 à 1730 (de 61 à 77 %), puis déclinerait dans deuxième moitié du siècle, revenant à 67 % en 1760 et à 50 % en 1780. Le dimorphisme sexuel s’aggraverait dans le même temps, l’écart étant de sept points en faveur des femmes en 1760, puis de vingt-quatre en 1780. Cette année-là, les demandes de messes ne concerneraient plus que 38 % des testateurs masculins. Les fondations obéiraient à une évolution plus radicale encore, disparaissant même complètement du sondage opéré en 1780. La seule mentionnée par Anne Vaillant renouvelle en fait une fondation antérieure à 174062. Aurélie Béril suggère que ce recul a commencé bien avant 1760 ; en effet, dix années plus tôt, elle estime déjà à presque un sur trois, le nombre de testateurs qui ne donnent aucune précision ou choisissent de s’en remettre à leur héritier.
Le corps et ses sacralités
Les funérailles
34Edgar Poisat constate un refus assez général des pompes funéraires, puisque seuls deux testaments sur l’ensemble de son corpus (507) font mention de dispositions pour régler les funérailles, ce qui différencierait fortement le testament lyonnais, en raison de sa précocité, non seulement de son équivalent provençal, mais également parisien, et le rapprocherait plus de celui du Blésois ou du Vendômois. En effet, ce refus est majoritaire dès la fin du XVIIe siècle, de nombreux testaments revendiquant que la cérémonie ait lieu avec « toute la simplicité chrétienne ». Environ vint-cinq actes, passés pour la plupart par des membres des élites sociales, évoquent l’accompagnement du corps avec « la croix de bois ». Certains, craignant malgré tout les fastes que pourraient ordonner leurs héritiers, prévoient le nombre maximum de prêtres qui officieront ce jour-là. Enfin l’attitude dominante lorsque l’on s’exprime au sujet des funérailles, est de s’en remettre aux survivants, en se contentant le plus souvent de leur recommander « prudence », « sagesse », « piété » ou « discrétion ».
- 63 Yves Durand faisait un constat assez proche pour Nantes au XVIIIe siècle, « Histoire sociale nantai (...)
- 64 Même constat par S. Valentin, op. cit., p. 118.
- 65 Testament du 12 août 1750, 3 E 7894, étude Saulnier, cité par Aurélie Béril, op. cit., p. 73.
- 66 A.D. Rhône, 3 E 9687, étude Berthon du Fromental.
- 67 A.D. Rhône, 3 E 9687, étude Berthon du Fromental, 25 mai 1750.
35Pourtant, Anne Vaillant relève, dans le quartier de Confort dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, deux évolutions dignes d’attention : d’une part l’importance moindre des testaments silencieux sur la question des funérailles (entre 50 et 60 % de 1750 à 1780), mais avec une brusque augmentation de 1740 (un peu plus de 20 %) à 1750 ; d’autre part l’augmentation significative et régulière des testateurs qui expriment un vœu (presque toujours une recommandation de s’en tenir à la « simplicité chrétienne ») qui passent de 2 à 22 % durant la période, au détriment de ceux qui s’en remettent à leurs héritiers ( de 76 % à 21 %). Cette discrétion qui n’est pas une spécificité lyonnaise63, est confirmée par l’étude synchronique sur l’année 1750 : seuls vingt testaments, soit une quantité tout à fait marginale, donnent quelques indications à ce sujet, et encore la moitié d’entre eux restent-ils fort concis en indiquant seulement le désir d’être « inhumé sans aucune pompe et avec toute la modestie chrétienne ». Les précisions visent quasiment toujours à garantir la modestie du cortège, jamais à donner quelque splendeur à la cérémonie64. Ainsi Marie Joffre, fille majeure et débitante de tabac déclare « élire sa sépulture au cimetière de la paroisse du décès voulant expressément y être enterrée accompagnée de la croix de bois et tout au plus de cinq ecclésiastiques sans aucune pompe funèbre qu’elle prohibe »65. La seule « pompe » que demande une autre testatrice est le classique cortège de douze pauvres, mais il s’agit de s’assurer des prières plus efficaces, et non pas de decorum. Exceptionnelle la volonté d’ostentation manifestée par Jean-Baptiste La Cour, marchand bourgeois, qui teste le 20 avril 175066 : d’une part il « élit sépulture dans l’église des RR. PP. Cordeliers de St Bonnaventure au vas et tombeau qu’il y a entre la chaire et la chapelle de St Antoine dans la nef qui conduit a la chapelle de Notre Dame de Grâce sur la pierre duquel il a fait graver son nom », d’autre part, il institue un débours de 300 livres pour les frais de convoi et de sonnerie à l’occasion de ses funérailles. Celle que montre Jean Dupré s’explique aussi par la sociabilité du corps de métier auquel il appartient : il donne « au courrier de la communauté des maîtres teinturiers de draps de Lyon, six cierges ou flambeaux de cire blanche de pieds de deux livres chacun qui seront placés et estains à l’autel de ladite chapelle de saint Maurice le jour de son enterrement »67.
- 68 Jean-Louis Bourgeon, « La peur d’être enterré vivant au XVIIIe siècle : mythe ou réalité ? », Revue (...)
- 69 A.D. Rhône, 3 E 17423, étude Baroud, 1er juin 1770
36Les sondages analysés ici n’ont repéré que très peu d’attestations de la peur d’être enterré vif68 : Anne Vaillant en trouve trois dans tout son corpus, en 1770 et 1780, notamment Marie-Madeleine de Marsy, femme du baron de Fléchère, qui stipule qu’on « lui découpe la plante des pieds vingt-quatre heures après sa mort avant de l’enterrer »69.
- 70 A.D. Ain, 3 E 24859, testament du 14 mars 1749.
- 71 A.D. Ain, 3 E 24855, testament du 9 novembre 1735..
- 72 A.D. Ain, 3 E 24852, testament du 17 juin 1721.
37À Ambérieu, prévaut également la plus totale discrétion à propos de la cérémonie des funérailles, évoquée par dix testaments seulement. Dans 86,7 % des cas, le testateur déclare s’en remettre à ses héritiers. Quarante-quatre testateurs (11,89 % du corpus) expriment le désir d’être enterrés « le plus simplement possible ». Gaspard Martin, bourgeois de Cormoz (sur l’actuel territoire de Château-Gaillard) « veut qu’un draps mortuaire recouvre sa bière »70. François Deleaz Besson, maître menuisier, lègue cinquante livres à la confrérie du Saint-Sacrement à la charge pour les confrères « d’assister à son enterrement et à celui de sa mère »71. François de Quinson, écuyer et seigneur de Leyment, ordonne que le service de ses funérailles soit célébré par douze prêtres72. Cette discrétion des pompes funèbres relève-t-elle d’une volonté de « simplicité chrétienne », comme le stipulaient de nombreux testaments lyonnais ? Ne résulte-t-elle pas non seulement d’une pauvreté relative de la majeure partie de la population, mais également d’une sociabilité rurale moins ouverte au cérémonial et à la pompe ?
La sépulture
- 73 Aurélie Béril, op. cit., p. 71.
38Edgar Poisat note en revanche une réelle préoccupation pour le lieu de la sépulture : en 1680 et en 1730 seuls 9 % des testateurs s’en remettent également à leurs héritiers pour cette décision. On n’est pas surpris non plus de constater que l’élection de sépulture privilégie une église dans trois cas sur quatre, et plus particulièrement l’église de la paroisse dans deux cas sur trois, ce que confirme le cas de l’étude d’Orlande où plus de 71 % des testateurs élisent leur sépulture dans l’église de la paroisse de leur décès qui est évidemment le plus souvent celle de leur résidence. Dans celle-ci, le lieu est parfois précisé et il est alors fréquent, dans le cas de testaments féminins, qu’il s’agisse d’un emplacement proche d’une chapelle ou d’un autel consacré à la Vierge. C’est aussi l’occasion, pour quelques conjoints, en nombre toujours marginal par rapport à l’ensemble du corpus, le plus souvent des veuves d’ailleurs, d’exprimer leur vœu de rejoindre leur mari, ou leur femme, déjà inhumé(e). À peine 8 % des actes passés chez Orlande au tournant des deux siècles, mentionnent le désir d’une inhumation au cimetière, ce qui est peut-être aussi le reflet de l’aisance relative de la clientèle de ce notaire. De plus, ces demandes apparaissent presque toutes après 1700. Le choix entre les deux possibilités n’est indifférent que pour une toute petite minorité de ses clients (4,3 %). Ils sont un peu plus nombreux à faire élection de sépulture dans une église conventuelle (6,4%), sans que se dégage l’attraction particulière d’une maison, sinon celle – très relative - des Célestins, effet probablement d’une proximité de résidence. En 1750, selon Aurélie Béril, 65 % des testaments lyonnais portent élection de sépulture, avec plus ou moins de précision : 12 % en effet précisent seulement le désir d’être inhumé dans la paroisse du décès, sans indiquer un lieu précis ; 32 % préfèrent l’église elle-même, en précisant parfois telle ou telle chapelle à l’intérieur de celle-ci ; 21 % le cimetière73.
- 74 Edgar Poisat, op. cit., p. 80.
- 75 Les résultats obtenus dans ces sondages précisent sensiblement les données rapportées par Françoise (...)
- 76 A.D. Rhône, 3 E 21015, étude Baroud, 19 mars 1770.
- 77 A.D. Rhône, 3 E 9687, étude Berthon du Fromental, 18 juin 1750.
- 78 A.D. Rhône, 3 E 17423, étude Baroud, 1er juin 1770.
39En revanche cette préoccupation décline dans la seconde moitié du siècle. Selon Edgar Poisat, sur l’ensemble de cette période, 52 % des actes n’en font plus mention ou déclarent simplement s’en rapporter aux héritiers. La progression est rapide, puisque l’on passe de 31 % en 1760 à 79 % en 1780, hommes et femmes se comportant à cet égard de la même manière, et le peuple comme les notables74. Dans le quartier de Confort, le constat est identique : on passe ainsi d’un tiers de testateurs indifférents à ce sujet ou déclarant s’en rapporter à leurs héritiers en 1740, à plus de 80 % en 1770 ; cependant leur pourcentage régresse sensiblement dix ans plus tard, retombant environ aux deux tiers.75 Ces constats contradictoires pour la fin de la période, démontrent le faible impact immédiat de l’édit de 1776 sur l’élection de sépulture, puisqu’il aurait logiquement dû les décourager. Dans la deuxième moitié du siècle, dans ce quartier, non seulement l’élection de sépulture dans un cimetière reste minoritaire et très en-deçà des résultats déjà obtenus sur Lyon ou ailleurs, mais l’évolution de cette demande est également si chaotique que l’on craint d’être, dans ce cas, victime de l’effet hasardeux des sondages : environ 7 % en 1740, à peine 3 % en 1750, presque 11 % en 1750, moins de 4 % en 1770 et en 1780. Sur l’ensemble de la période, les marchands et bourgeois émettent plus de la moitié des élections de sépulture dans un cimetière, parmi les pauvres, néanmoins leur nombre ne cesse de diminuer au cours de ces quarante années. Les journaliers forment, avec moins de surprise, la deuxième catégorie, avec 29 %, très loin devant les ouvriers et les artisans (6,5 %). Reste l’élection de sépulture dans une église. 8 % des testateurs choisissent celle d’un couvent, mais cette proportion demeure très irrégulière dans le temps : le maximum est atteint en 1760 avec plus de 10 % puis le pourcentage décline jusqu’à moins de 5 % en 1770, pour remonter à un peu plus de 8 % en 1780. Ce choix résulte souvent de la présence du caveau familial dans une église conventuelle : c’est ainsi tout naturellement que Marguerite Arthaud, épouse du conseiller Jacques-Claude Yon de Jonage, demande à être enterrée « dans l’église des révérends Pères Chartreux, dans le caveau de la chapelle qu’ils ont assuré à la famille de son mari depuis leur établissement dans cette ville »76. Il peut également s’agir d’une chapelle de confrérie : Dominique Passe veut être inhumé dans l’église des Cordeliers, « dans la chapelle de St Simon et St Jude au vaz qui lui a été concédé par la communauté des marchands corroyeurs »77. Les deux couvents majoritairement choisis par les clients des notaires de Confort sont celui des Cordeliers (34 %), extérieur au quartier mais également situé dans la paroisse Saint-Nizier (32 %), et celui des Jacobins, qui borde justement la place Confort, sur son côté méridional. L’église paroissiale demeure, ici comme ailleurs, le lieu le plus fréquemment retenu pour élire sa dernière demeure : 17 % des testaments de 1740 à 1780, mais avec l’irrégularité déjà constatée par ailleurs, une baisse spectaculaire de 1740 (37 %) à 1760 (5,5 %), puis une remontée jusqu’à 17 % en 1780. Le choix de la chapelle de l’hôpital demeure très marginal (moins de 2 %) et concerne d’abord des malades ou des pauvres hospitalisés, qui, dans un cas sur deux sont enterrés en fait dans le cimetière de l’Hôtel-Dieu et non pas dans la chapelle. Plus atypique est le cas de Marie-Madeleine de Marsy, épouse de Horace de Sève, baron de Fléchère, qui « veut être enterrée sans cérémonie à l’Hôpital dans la même chapelle où sont ses deux enfants »78.
40À Ambérieu, l’élection de sépulture pose un choix plus simple : église paroissiale ou cimetière. Encore faut-il rappeler que plusieurs habitants des communautés voisines testent auprès des Leclerc et que l’église paroissiale n’est donc pas seulement celle d’Ambérieu. La démarche n’en change pas pour autant de signification. Un petit tiers de testaments ne fournissent aucune indication à ce sujet (31,89 %) et la totalité des clients de Jean-Baptiste Leclerc à la fin de la période. La sépulture ad sanctos ne concerne qu’une minorité des testateurs (11,3 %) correspondant aux élites locales (bourgeois, marchands, quelques artisans) à l’exclusion complète des vignerons et des journaliers. Le cimetière est donc le lieu le plus couramment désigné, et pour une proportion non négligeable d’hommes (14,3 %) et de femmes (12,9 %), prévaut la sépulture lignagère, « le tombeau de leurs prédécesseurs ». Ces dernières sont également assez nombreuses (12,4 %) à vouloir être inhumées « au tombeau des prédécesseurs » de leur mari, autrement dit dans le caveau familial de leur belle-famille. Ainsi plus des deux tiers des testaments (39,7 %) privilégient la sépulture lignagère.
Les intercesseurs terrestres
Dons et legs pies
- 79 Anne Vaillant, op. cit., p. 94.
- 80 Edgar Poisat, op. cit., p. 114.
41Dans le quartier de Confort, entre 1740 et 1780, la moitié des testaments disposent explicitement de legs pies, l’autre partie des testateurs préférant souvent s’en remettre à leur héritier. Les cinq décennies retenues ne s’inscrivent pas dans la continuité : le déclin amorcé de 1740 (58 %) à 1750 (48 %) ne se confirme pas en 1760 (51 %), la courbe repart ensuite à la baisse et le point le plus bas est atteint en 1770 (42 %) mais elle revient en 1780 au niveau de 174079. Cependant, sur la durée séculaire et dans un espace plus large, ces dispositions ne sont pas majoritaires, et cela dès 1680, puis elles connaissent un déclin relativement lent et stabilisé momentanément au milieu du siècle : 41 % des testaments en 1680, déjà 28 % en 1730 mais aussi en 1760, 20 % encore en 178080. Une autre anomalie ressort de l’analyse sociologique des donateurs du quartier de Confort : on attendrait que ces legs soient d’abord le fait des notables. Et de fait, au-delà d’un certain seuil, ils sont pour eux quasi automatiques. Cependant, en 1740, 23,5 % des legs pies sont effectués par des journaliers et des ouvriers, et 20 % à peine par des nobles, des bourgeois et des négociants ; seuls 2,8 % des testaments de bourgeois stipulent de tels legs, contre 6,3 % des testaments populaires. L’année 1780 présente une situation plus conforme aux attentes : le quart des notables effectue des legs pies, contre 1,2 % des ouvriers et des journaliers.
- 81 Delphine Junique, op. cit., p. 177-178.
- 82 A. D. Rhône, 3 E 21 007, étude Baroud, 8 août 1750.
- 83 Anne Vaillant, op. cit., p. 97.
42Selon Edgar Poisat, les destinataires privilégiés des legs pies sont d’abord les établissements des ordres mendiants : Cordeliers de l’Observance, Capucins, Récollets, Carmes déchaussés. Viennent ensuite les écoles puis les séminaires, en particulier celui des « pauvres prêtres », le séminaire Saint-Charles. Chez Orlande au tournant des deux siècles, comme en 1750, ce sont les religieuses de Sainte Claire qui sont les principales bénéficiaires des legs pieux : en 1750, elles en reçoivent quinze, sur vingt-six testaments mentionnant des communautés religieuses ; chez Orlande, moins du cinquième (vingt-cinq sur cent-quarante-huit testaments) 81. Il en va de même dans le quartier de Confort entre 1740 et 1780, où les Capucins des deux couvents et les Récollets demeurent les seuls à faire l’objet de legs en quantité significative. Ces dons accompagnent presque toujours la sollicitation de prières pour le salut de l’âme. Un cas mérite cependant d’être signalé. En 1750, Guillaume de Savaron, ancien capitaine de cavalerie, ajoute à son testament un codicille par lequel il institue 200 livres en faveur des Jésuites de Saint-Joseph « pour l’entretien du bastiment qui sert à recevoir des personnes qui y vont faire des retraites »82. De mesme, la plupart des legs aux églises paroissiales sont destinés à la décoration et à l’entretien de celles-ci. D’autres peuvent signifier une dévotion sincère, comme cette femme modeste qui lègue au sanctuaire de Fourvière « dix cierges de cire blanche de pieds d’une livre chacun »83.
- 84 Ibid., p. 94.
43Mais il est intéressant de constater un dimorphisme à la fois social et sexuel dans les élites lyonnaises. Dans la noblesse, ces legs sont d’abord l’apanage des femmes ; les hommes ne s’y mettent que tardivement, en 1730, et demeurent irréguliers (aucun en 1760, 75 % des testaments examinés pour 1780). En revanche, jusqu’en 1730, les bourgeois sont à cet égard plus généreux que leurs femmes avant de tarir complètement leur dons à la fin de la période tandis que 66% de leurs épouses ou veuves insèrent désormais de telles dispositions dans leur testament. Dans le quartier de Confort, la différence apparaît au profit des femmes à partir de 1750, elle reste stable jusqu’en 1770, et le rapport s’inverse sensiblement au profit des hommes en 178084.
- 85 Ibid, p. 98.
- 86 Aurélie Beril, op. cit., p. 90-91.
44Quant aux confréries, elles ne sont guère représentées dans les sondages d’Edgar Poisat, mais il faut probablement l’imputer aux hasards inhérents à cette méthode de prospection. Invitent à le penser non seulement le faible nombre des mentions (quinze pour les quatre sondages) mais aussi la nette prédominance dans ces occurrences de la seule confrérie de la Miséricorde, qui rassemblait surtout l’élite urbaine. Pour cette dernière raison, il n’est pas étonnant qu’elle soit aussi la confrérie la plus fréquemment évoquée dans les testaments du quartier de Confort85. Cependant Aurélie Béril fait un constat similaire pour l’année 1750 : sur 562 testaments nuncupatifs et olographes, elle ne relève que neuf legs à des confréries, mais la typologie en est plus diversifiée : les confréries paroissiales sont bien représentées (luminaire, Rosaire, Saint-Sacrement) à côté des Pénitents86. Chez Orlande, la confrérie de Notre-Dame des Sept Dons reçoit cinq legs.
- 87 A.D. Rhône, 3 E 6765, étude Orlande, testament du 24 décembre 1701.
45Ces legs pies, chez Orlande, seul corpus soumis à cette question, sont principalement des sommes d’argent qui, dans plus de la moitié des cas, n’excèdent pas 50 livres. Seul sept d’entre eux disposent de sommes égales au moins à 1000 livres, à l’instar de ce Pierre Bouillet, bourgeois de Lyon, qui donne 1000 livres aux Joséphistes « en reconnaissance de la charité qu’[ils] ont eu pour lui depuis près de quarante ans »87. Sept également instituent des maisons religieuses pour légataires universels : chose remarquable, les Lazaristes en sont bénéficiaires cinq fois.
- 88 A.D. Ain, 3 E 24 853, étude Leclerc, testament du 23 octobre 1724.
- 89 A.D. Ain, 3 E 24 852, étude Leclerc, codicille du 4 décembre 1721.
46À Ambérieu, ces dons sont peu fréquents (10,5 % des testaments) et sont presque autant le fait de femmes (dix-huit cas) que d’hommes (vingt-et-un cas), toujours les les plus aisés. Ils tombent en totale désuétude après 1752. Il n’est guère étonnant que le luminaire de la paroisse en soit le principal bénéficiaire, ou les chapelles de la même église, ou encore la confrérie du Rosaire associée à la chapelle du même nom, en faveur de qui testent exclusivement des femmes. Mais les établissements religieux de la région, parfois relativement lointains, en profitent aussi, en particulier les Capucins installés à Crémieu qui ont probablement effectué des missions à Ambérieu, ou encore les Joséphistes lyonnais. En 1724, Marie d’Arloz d’Arbé « donne et lègue à Messieurs de saint Joseph de Lyon sa maison d’habitation située à Ambérieu avec lit garni d’un coussin de plume, un matelas, une couverture piquée, à condition que un ou deux messieurs du séminaire Saint Joseph de Lyon ou de Nantua au choix du supérieur de Lyon viendront prêcher annuellement et perpétuellement dans ladite église d’Ambérieu pendant les fêtes de Noël de chaque année »88. Ce souci est partagé à la même époque par Christine Bousserand, femme de marchand, qui « désire faire quelque chose agréable à Dieu […] considérant qu’elle ne peut y parvenir qu’en […] procurant de […] faire prêcher la bonne parole de Dieu et faire pour cela venir des religieux pour prêcher aux principales fêtes de l’année ce qui porterait volontiers les habitants à se confesser »89.
Les legs charitables
- 90 Testament du 21 mars 1680, 3 E 3334 B, étude Chambard, cité par Edgar Poisat, op. cit., p. 110.
- 91 Delphine Junique, op. cit., p. 181.
- 92 Ibid., p. 182.
- 93 Le taux de 44 % de testaments instituant des dons aux pauvres paraît forcé, cf. Françoise Bayard, o (...)
47La distribution d’aumônes directement aux pauvres, en nature ou plus souvent en argent, constitue une clause minoritaire dans les testaments dès 1680. Exceptionnelle serait cette disposition par laquelle Claudine Vaudelle, veuve d’un marchand bourgeois, demande que soient donnés aux pauvres honteux, tous ses habits et six de ses chemises90. Dès cette époque, on recourt beaucoup plus volontiers aux institutions de renfermement, Charité et Hôtel-Dieu. Les minutes d’Orlande confirment cette impression : les hôpitaux lyonnais (ou extérieurs comme ceux de Marseille ou de Tours) y sont bénéficiaires de cent-vingt-deux legs, quand les paroisses (Saint-Nizier, Saint Paul, La Croix-Rousse) n’en recueillent que trente-deux pour leurs pauvres91. Chez ce notaire les legs charitables apparaissent relativement diversifiés : vingt-huit testaments mentionnent les petites écoles et leur Bureau général, onze les prisonniers, quatre disposent un capital destiné à l’entretien ou à l’établissement d’une jeune fille ou d’un étudiant. Particulièrement intéressant à cet égard, le cas de Catherine Tricard, probablement liée à la diaspora jacobite : elle institue 1 800 livres qui devront être employées par son héritier universel « à la subsistance d’un étudiant ou d’un prêtre pour une mission en Irlande », et si son légataire meurt avant elle, « elle entend que ce soit le supérieur de la province de Linster du collège des Lombards à Paris qui reçoive la rente et nomme l’étudiant ou prêtre pour la mission en Irlande ». Au milieu du XVIIIe siècle, la situation n’a pas changé : en 1750, soixante-treize a92ctes seulement stipulent un legs charitable, soit un peu plus de 12 % du corpus93, dont la moitié environ leur associent des legs pies. La moyenne des legs charitables effectués cette année-là s’élève à 138 livres, mais ils varient de 20 sous, donnés par une domestique, à 500 livres légués par l’épouse d’un noble. Sans surprise, ce sont d’abord les notables et ensuite le monde de la boutique et de l’artisanat qui manifestent cette générosité, plutôt masculine en l’occurrence (70 %). Plus intéressants, les legs qui sont le fait du menu peuple, et dans ce cas, proviennent exclusivement des femmes.
- 94 A.D. Rhône, 3 E 21 018, étude Baroud, testament du 4 mars 1780.
- 95 Anne Vaillant, op. cit., p. 99.
- 96 3 E 3906 B, étude Debrye.
48En revanche, ce sont les pauvres de la paroisse du décès qui sont les principaux bénéficiaires : le testateur compte sur leurs prières et c’est pourquoi il demande le plus souvent que la distribution intervienne rapidement, le lendemain de son décès. Dans le quartier de Confort, le pourcentage des legs aux pauvres ne cesse d’augmenter de 1740 à 1780, passant de 10 à 40 %, le plus souvent remis aux bons soins du curé de la paroisse. Les dons en nature sont assez exceptionnels et se font surtout en grains. Antoine Palerne de Chintré, trésorier de France, institue ainsi la somme de 1 000 livres « entre les mains du trésorier de l’œuvre dite des Messieurs pour être par l’assemblée placée tout de suite sur un corps, communauté ou autre en acquisition d’une rente perpétuelle au taux le plus avantageux qu’il sera possible, laquelle rente sera spécialement et irrévocablement emploïée en distribution de pain ou de charbon aux pauvres de ladite paroisse »94. Un testament noble de 1780 dispose de legs charitables au profit des marmites de Saint-Paul et de Saint-Georges95. Les hôpitaux ne viennent qu’au second rang. Dans ce cas, il n’est pas rare que le testateur soit lui même à l’hôpital au moment où il rédige son testament, indiquant alors le numéro de son lit et le nom de la salle où il se trouve. Ainsi, Marie Caporal teste le 30 décembre 1750 « dans un lit notté pour le numéro cinq dans une chambre apellée chambre neuve dans l’hôpital général de Notre Dame de Pitié du Pont du Rhône »96.
- 97 Delphine Junique, op. cit., p. 184.
- 98 Anne Vaillant, op. cit., p. 100.
- 99 A.D.Rhône, 3 E 17 395, étude Champalle, 26 juin 1760.
49Les enquêtes ici retenues ne fournissent pas toutes les mêmes précisions, en particulier sur la nature des legs charitables. Delphine Junique relève que, dans les minutes d’Orlande, la moyenne des legs charitables en argent est bien supérieure à celle des legs pies : la plupart sont compris entre 200 et 500 livres, quinze sont supérieurs à 500 livres et parmi ces derniers huit à 1 000 livres. Les autres legs sont plus marginaux : des rentes annuelles, ou encore un domaine, celui de Germain Pourtannier situé à la Croix-Rousse, qui vient participer à la constitution de l’énorme patrimoine immobilier des hôpitaux lyonnais. Sept testateurs enfin instituent les hôpitaux pour leurs héritiers universels97. Dans le quartier Confort – s’agit-il de la proximité de l’hôtel-Dieu ? – les incurables et les infirmes sont nommément désignés dans une part non négligeable des testaments, même si elle décline de 6,5 % en 1740 à 3,8 % en1780. Sans doute sont-ils absorbés dans les legs à destination des hôpitaux qui ne cessent d’augmenter : d’une part à l’hôtel-Dieu sur la paroisse Saint-Nizier, encore fréquemment désigné sous le nom de l’hôpital de Notre-Dame de Pitié du Pont du Rhône, d’autre part à l’hôpital général de la Charité et aumône générale sur la paroisse Saint-Martin d’Ainay. Le legs le plus considérable est constitué par André Desfontaines, qui donne dix mille livres aux pauvres de la Charité, ne demandant en contrepartie que « dix messes de requiem à l’intention du mort tous les six ans pour le repos de son âme »98. Les pauvres sont aussi, plus « naturellement », les destinataires des testaments passés dans les hôpitaux, en particulier ceux de l’hôtel-Dieu. Ainsi Catherine Drutel, brodeuse résidant à l’hôtel-Dieu, les institue-t-elle pour ses héritiers universels en leur léguant la totalité de sa bien modeste fortune99.
- 100 A.D.Rhône, 3 E 17 405, étude Champalle, 30 janvier 1770.
50Enfin, c’est dans le quartier de Confort également qu’apparaissent les legs aux écoles. Ils demeurent marginaux, cantonnés le plus souvent entre 1 et 3 % des testaments, totalement absents de ceux de l’année 1770. Mais ces legs concernent souvent des paroisses du Lyonnais où sont possessionnés, à des titres divers, les testateurs qui peuvent se montrer fort généreux : ainsi Jacques Michalet, maître fabricant, fonde à perpétuité dans la paroisse de Savigny où se trouve son domaine, « une école de charité dans laquelle deux filles âgées d’au moins vingt-cinq ans, au choix de Monsieur le curé et des marguilliers de Savigny, enseigneront à prier Dieu, lire et écrire à six filles de Savigny ou à six garçons jusqu’à l’âge de douze ans […] et entend que ses plus proches parents qui seront pauvres soient préférés pour être […] dans l’école »100. Elles pourront également enseigner à d’autres enfants au prix qu’elle fixeront avec leurs parents. Il fait réhabiliter le bâtiment en ruine qui avait déjà servi d’école, pour y loger les deux institutrices et fonde pour cela une rente perpétuelle au capital de 1600 livres, et pour la nourriture des deux jeunes femmes, une rente perpétuelle de 80 livres par an constituée sur « le Clergé de France ou diocèse de Lyon ou sur la communauté de ladite ville ». Enfin, une dernière rente de 12 livres est mise à disposition du curé pour l’habillement des enfants de l’école les plus pauvres.
- 101 A.D. Ain, 3 E 24 858, étude Leclerc, testament du 27 mai 1749.
- 102 Maurice Garden, op. cit., Paris, 1970, p. 229 et note 65.
- 103 A.D. Ain, 3 E 24 858, étude Leclerc, testament du 1e janvier 1747.
51À Ambérieu, le souci des pauvres est le plus souvent lié à celui de l’âme : les legs en leur faveur visent d’abord à s’attacher leurs prières. L’artisan drapier Benoît Girard demande à son héritier de faire « habiller quatre pauvres sitôt après son décès qui seront tenus d’assister à sa sépulture »101. Ce sont les pauvres de la paroisse qui en profitent le plus souvent et la ville étant dépourvue d’installation hospitalière, ce sont des hôpitaux plus ou moins proches qui sont parfois l’occasion de legs : Marie d’Arloz d’Arbé lègue un lit garni à celui de Lagnieu. Exceptionnel est le testament de Dominique Dujast, conseiller secrétaire à la cour des monnaies de Lyon, seigneur du mandement de Saint-Germain, d’Ambérieu, des Allymes, Luysandre, etc…, qui demeure ordinairement rue Juiverie à Lyon. Probablement malade, il teste à Ambérieu alors que la plupart des membres de sa famille ont passé leur testament chez Guyot à Lyon102. S’il fait distribuer 300 livres « aux pauvres d’Ambérieu et autres lieux circonvoisins dépendant de ses terres et justice », l’essentiel de ses legs charitables est destiné aux établissements lyonnais : mille livres à chacun103.
Le chantier reste ouvert
- 104 Esquissé pour le XVIIe par Emmanuelle Romanet dans sa thèse (cf. annexe), le sujet est loin d’être (...)
52Au terme de ce bilan qui ne saurait prétendre à une synthèse sur les testaments et encore moins sur le notariat lyonnais, quelques pistes paraissent encore à explorer. Une vaste enquête sur les notaires, leur sociabilité et leur rôle économique, reste à mener104. Elle intégrerait inévitablement les parcours individuels qui seuls permettent de rendre effectivement compte non seulement de la diversité d’un groupe mais aussi des conditions de son existence effective. Cependant, je m’arrêterai surtout ici sur les testaments qui ont principalement retenu notre attention. Globalement la situation lyonnaise ne saurait remettre en cause le schéma d’une simplification croissante (plutôt qu’une sécularisation) du discours testamentaire au siècle des Lumières, déjà établi depuis longtemps. Elle confirme aussi que la mise en place d’un modèle « pieux » (plutôt que « baroque ») se ferait peut être assez tardivement, entre les années 1690-1720 (ce qui renvoie aux rythmes de la réforme post-tridentine et peut-être de la confessionalisation en France), et que son effritement commencerait très rapidement dès le deuxième quart du XVIIIe siècle. Cependant quelques propriétés semblent la différencier des grands modèles connus, en particulier l’insistance massive et précoce sur la simplicité des funérailles. En même temps, ce bilan invite à introduire de la nuance là où l’analyse a trop souvent tendu à gommer le particulier au profit du répétitif. En effet la comparaison avec les autres études et notamment les grands « classiques » sur la question, met en évidence des variantes nombreuses dont l’explication demeure difficile. La situation d’une grande ville, mais aussi d’un bourg rural, suggère l’idée de différenciation des comportements selon des critères qui ne relèvent pas seulement de la hiérarchie sociale. De même que Jean-Paul Poisson invitait à ne pas séparer les testaments de l’ensemble des actes notariés passés dans une vie, il conviendrait de croiser les clauses et le discours religieux des testaments avec les dispositions successorales même si ces dernières obéissent théoriquement en premier lieu à des règles de droit. Mais il faut d’abord que l’analyse des formules de recommandation et d’invocation, des clauses concernant les funérailles et la sépulture, des demandes de messe et enfin des legs pies et charitables, passe par des croisements encore plus fins que les modèles élaborés par Michel Vovelle, chacune de ces dispositions n’évoluant pas au même rythme et faisant l’objet d’une insistance différenciée et d’un vocabulaire nuancé selon les testaments. Cela permettrait de dégager les variantes des sensibilités religieuses en faisant ressortir la part de l’individuel au lieu de l’effacer au profit du « trend » et du « profil ». Viendra ensuite le moment d’étiqueter, pour peu que l’on soit sûr d’avoir compris.
53Ainsi, comment qualifier cet exemple ? En 1750, le marquis d’Anglure fait rédiger une recommandation relativement brève mais assurément l’une des plus personnelles du corpus, qui dénote une volonté profonde de sincérité :
- 105 Testament du 14 septembre 1750, 3 E 4211, étude Delagrange, cité par Aurélie Béril, op. cit., p. 65
« après avoir fait le signe de la croix priant Dieu de bénir cette action, il a encore invoqué le nom de Dieu disant Seigneur ayés pitié de moi et me pardonnés comme j’ay toujours pardonné à mes ennemis : recevés mon âme et disposés en ainsi que de mon corps à votre volonté et selon votre infinie miséricorde, ne permettés pas que les biens que vous m’avez donnés et dont je vais disposer, soient une occasion de chute et de damnation pour ceux qui les auront : éclairés mon discernement affin que je ne fasse rien que conformément à la prudence et à la justice, et pour l’accomplissement de vos desseins et l’accroissement de votre gloire, recommandez mon âme à la divine miséricorde et réclamés la puissance de la glorieuse et sacrée Vierge Marie et de toute la cour céleste » 105.
- 106 Testament du 30 mars 1751, 3 E 4211.
- 107 Yves Durand, art. cit., relève que cette sobriété des funérailles, associée à de nombreuses demande (...)
54Or, six mois plus tard, il dicte un nouveau testament dans lequel le préambule religieux occupe désormais quatre pages : il y insiste très longuement sur son indignité et « la multitude de ses péchés », sur sa soumission au jugement de Dieu et aux décisions de l’Église dont il reprend l’intégralité du Credo ; il sollicite l’intercession de la Vierge, de saint Joseph, des saints Anges, de saint Michel, de son ange gardien et de ses saints patrons106. Il est aussi un de ceux qui demandent le plus de messes après leur décès : deux mille qui seront dites pour le repos de l’âme de sa mère et de ses aïeul et bisaïeul maternels, une messe quotidienne à sa propre intention dans la chapelle du château d’Anglure jusqu’à la majorité de son héritier. Mais il ne se préoccupe pas de ses funérailles au sujet desquelles il recommande seulement « qu’il en soit usé fort simplement »107. Il se contente de rajouter dans son deuxième testament, une donation en faveur des pauvres qui assisteront à cette messe quotidienne. Ce testament dénote donc une foi intériorisée, une âme inquiète aussi, et un apparent dédain des apparences sociales. Il comporte des éléments « baroques » comme l’accumulation de messes basses et le long préambule dans sa deuxième rédaction, et d’autres qui ne le sont pas, comme la négligence du cérémonial funèbre. Les classifications proposées par Michel Vovelle à propos des formules de recommandation de l’âme (laïque, semi-laïque, dévote et semi-dévote) ne sont plus opératoires ici : en effet le marquis semble bien être un de ces dévots qui vivent leur foi dans la discrétion mais avec zèle. Dévotion gallicane plus que baroque et ultramontaine ?
55Le croisement attentif des clauses testamentaires permettrait de nourrir d’informations nouvelles l’histoire religieuse de Lyon sous l’Ancien Régime et, par exemple, d’apporter un élément de réponse significatif à la question de l’influence religieuse italienne à Lyon. On a dit que la ville avait été l’une des portes d’entrée de la réforme catholique en France, dans les expressions qu’elle avait reçues et les formes qu’elle avait prises en Italie dès la seconde moitié du XVIe siècle. Lyon, ville ultramontaine ? Une étude fine du corpus testamentaire lyonnais, qui remonterait suffisamment haut afin de prendre le relais des travaux de Marguerite Gonon et Marie-Thérèse Lorcin sur la fin du Moyen Âge et les débuts de l’époque moderne, nous fournirait des informations précieuses sur la réception d’une sensibilité religieuse et sur sa transformation au fil de l’époque moderne.
Travaux sur le notariat et la pratique notariale à Lyon durant l’ancien régime
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Aboucaya (Claude), Le testament lyonnais de la fin du XVe au milieu du XVIIIe siècle, Annales de l’Université de Lyon, 3ème série, fasc. 21, Paris 1961.
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Bourgeat (Florent), Etude des titulatures et avant-noms au travers des minutes notariales dans l’Ouest lyonnais aux XVIIe et XVIIIe siècles, mémoire de maîtrise, J.-P. Gutton dir., Université Lyon 2, 1992.
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Santailler (Chrystèle), Les contrats d’apprentissage à Lyon au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise, J.-P. Gutton dir., Université Lyon 2, 1988.
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Notes
1 Georges Cuer, Archives notariales. Première partie : Notaires de Lyon, Lyon, Rhône, 1992-1993, 2 volumes.
2 Cf. la liste donnée en annexe.
3 Ces travaux sont conservés et consultables dans les locaux de l’équipe RESEA.
4 Nicolas Domenge, Charles-Odile Guyot, notaire et bourgeois de Lyon, 2003 ; Anaïs Guillot, Barthélémy Deforas, notaire à Lyon (1696-1735), 2006 ; Louis Krug, Étude de la clientèle de Bonaventure Bourdin, notaire à Lyon entre 1711 et 1745, 2006.
5 Il s’agit de la famille du célèbre libraire étudié par Yann Sordet, L’amour des livres au XVIIIe siècle : Pierre Adamoly et ses collections, Paris, 2001.
6 À l’emplacement actuel du quai de Bondy, près de l’église Saint-Paul, sur la rive droite de la Saône.
7 Cf. les travaux d’ Olivier Zeller cités en annexe.
8 Cf. Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, 1970, p. 218-222.
9 A.D. Rhône, B.P. 2167, 13 avril 1745, inventaire après décès.
10 D’après la classification proposée par Jean-Paul Poisson, « L’activité notariale à Paris en 1751. Premières données statistiques globales », Notaires et sociétés, Paris, 1985, t. 1, p. 297-307.
11 Gaspard Orlande, étudié par Delphine Junique, rédige 4204 minutes entre 1687 et 1707, dont les actes relatifs au droit de la famille ne représentent que 15 %, tandis que les seuls actes relatifs à des opérations de crédit forment 53 % de ensemble, et la totalité des actes de nature économique probablement les trois quarts. Ce décompte a été opéré d’après les tables tenues par Orlande lui-même, mais elles s’arrêtent en 1707 alors qu’il poursuit encore son activité sur une quinzaine d’années.
12 Notamment à Lyon depuis l’article de Jean-Paul Poisson, « Introduction à une analyse de contenu des actes notariés lyonnais », Bulletin du Centre d’Histoire économique et sociale de la région lyonnaise, n° 1, 1973, p. 9 : 58,82 % des actes sur un sondage portant sur trois études pour l’année 1749.
13 Anne Vaillant montre que les clients des notaires du quartier Confort ne résident que pour 23 % dans le même quartier et 13 % dans les rues limitrophes, mais au total pour 58 % dans la même paroisse, op. cit., p. 29
14 Aurélie Béril, Les testaments lyonnais en 1750, 2004 ; Delphine Junique, La pratique testamentaire chez Gaspard Orlande, notaire lyonnais de 1687 à 1723, 2006 ; Edgar Poisat, L’approche religieuse face à la mort chez les lyonnais au XVIIIe siècle, 1999 ; Anne Vaillant, Les testaments chez les notaires du quartier Confort de Lyon, de 1740 à 1780, 2006 ; Géraldine Dupont, Le testament ambarrois au XVIIIe siècle. Deux études notariales : Charles Leclerc (1717-1754) et son fils Jean-Baptiste Leclerc (1766-1775), 2005.
15 Testaments olographes que le notaire enregistre et scelle, par opposition aux testaments nuncupatifs
16 Michel Vovelle, Piété baroque et déchristianisation en Provence au XVIIIe siècle, Paris, 1973, p. 37.
17 Marc Bouyssou, Réforme catholique et déchristianisation dans le sud du diocèse de Chartres XVIe-XVIIIe siècles, Chartres, 1998.
18 Sur un corpus de 262 testaments du XVIIIe siècle, Sonia Slimani (cf. référence en annexe) aboutissait à un résultat identique avec 53 % d’actes féminins, cf. Françoise Bayard, Vivre à Lyon sous l’Ancien Régime, Paris, 1997, p. 207 ; constat identique par Sandrine Valentin, Les testaments à Lyon à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècles, mémoire de maîtrise, F. Bayard dir., Université Lyon 2, 2000, p. 35-36.
19 Maurice Garden, op. cit., p. 149-150. Le déséquilibre est évidemment encore plus fort lorsque l’on compare veuves et veufs, ce qui a nécessairement une incidence sur le groupe des testateurs.
20 Michel Vovelle évoquait justement le profil socio-démographique des grandes villes (nombreuses veuves et filles majeures, notamment domestiques) pour expliquer cette forte proportion de testaments féminins, dans sa communication de mars 1978 qui demeure fondamentale : « Un préalable à toute histoire sérielle : la représentativité sociale du testament XIVe-XXe », in Bernard Vogler, op. cit., p. 257-277.
21 Ibid., p. 216.
22 Ibid., p. 228
23 Le taux de 69 % de testateurs actant en bonne santé donné par Françoise Bayard, op. cit., p. 207, d’après Sonia Slimani, paraît élevé.
24 59 % selon la même source, ibid., p. 207.
25 Edgar Poisat, op. cit., p. 106.
26 90 % des testaments étudiés par Sonia Slimani portent également cette recommandation de l’âme, cf. Françoise Bayard, op. cit., p. 208. S. Valentin, op. cit., p. 102-103 constate dans la paroisse Saint-Nizier à la fin du XVIIIe siècle une quasi disparition de la recommandation de l’âme au profit d’une simple demande de miséricorde, alors que les deux disparaissent quasiment des testaments qu’elle étudie dans la paroisse Saint-Paul.
27 Ibid.
28 Anne Vaillant, op. cit., p. 61-62.
29 Michel Vovelle, op. cit., p. 63-65 ; Pierre Chaunu, La mort à Paris, 16e, 17e, 18e siècles, Paris, 1978, p. 447, affirme que la commendatio de l’âme à Dieu se retrouve dans 71,52 % du corpus testamentaire analysé, mais il ne la prend pas pour critère de l’analyse chronologique des formules religieuses ; ce pourcentage et le fait qu’il ne l’ait pas retenue, laissent à penser que sa large diffusion synchronique, comme diachronique, la faisait apparaître comme peu significative ; en revanche, il paraît pertinent de distinguer nettement la recommandation de l’âme et les demandes d’intercession, comme le fait Marc Bouyssou, op. cit., p. 162 sq.
30 La comparaison des résultats d’Aurélie Béril avec ceux d’Edgar Poisat est toutefois faussée dans la mesure où elle ne décompte pas les demandes d’intercession associant la Vierge et les saints. De plus, ses relevés présentent une certaine contradiction, puisqu’elle affirme par ailleurs avoir relevé au mois 208 occurrences de l’association des deux invocations (cf. p. 64), ce qui correspond de toute manière à des pourcentages beaucoup plus élevés que ceux qu’elle a calculés.
31 Anne Vaillant, op. cit., 62-63.
32 Pierre Chaunu, op. cit., p. 447, fait de l’invocation des mérites du Christ, la « clef de voûte » et le « test » de l’évolution des formules testamentaires religieuses.
33 Delphine Junique, op. cit., p. 159. Il est surprenant en revanche de constater les très rares invocations de l’intercession mariale ou d’autres saints dans les minutes d’Orlande : seulement 4,5 % des testaments en appellent à la Vierge, 4 % l’ensemble de la « cour céleste » ou les « saints et saintes du Paradis », 1 % à saint Joseph patron de la bonne mort et 4 testaments seulement le patron du testateur. Quant aux anges gardiens, seuls deux prêtres les invoquent, dont Claude Armand, préfet des petites écoles de la ville et du diocèse, directeur du séminaire de Saint Charles (cf. 3 E 6777, testament du 16 novembre 1717).
34 Edgar Poisat, op. cit., p. 107.
35 Pierre Chaunu, op.cit, p. 446, indique que « le signe de croix bat en retraite », mais il n’en donne pas le rythme ; Françoise Bayard, op. cit, p. 208 donne le taux de 21 % pour l’ensemble du siècle sans préciser l’évolution
36 Marc Bouyssou signale que dès 1660 l’invocation du nom de Dieu recule en Vendômois et s’effondre en Blésois, op. cit., p. 156 et 207.
37 Anne Vaillant, op. cit., p. 59-60.
38 A.D. Ain, 3 E 24 855, testament de René Jean Blanc, 24 février 1735.
39 Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion vers 1525 – vers 1610, Seyssel, 1990.
40 Anne Vaillant, op. cit., p. 81.
41 Op.cit., p. 120.
42 A.D. Rhône, 3 E 17425, étude Baroud, testament du 10 décembre 1780.
43 Françoise Perrin, bourgeoise, demande le 29 août 1750, 100 messes dans l’église de la paroisse où elle décédera, 200 dans celle de l’hôpital de la Charité, 300 dans celle du monastère de sainte Claire (A.D. Rhône, 3 E 17424, étude Baroud). Les messes demandées dans l’église de l’hôpital le sont essentiellement par des soldats en 1740, des journaliers en 1750 et des ouvriers en 1760.
44 Aurélie Beril, op. cit., p. 85-86.
45 A.D. Rhône, 3 E 6771, étude Orlande, 22 juillet 1707.
46 A.D. Rhône, 3 E 6778, étude Orlande, 23 juin 1717.
47 Constat analogue par Bernard Vogler pour Strasbourg, « Le testament alsacien au XVIIIe siècle », in B. Vogler, op. cit., p. 279-289.
48 A. Vaillant, op. cit., p. 84.
49 Sont également mentionnés : les Augustins de Saint-Vincent et les Augustins réformés, les Grands Carmes des Terreaux et les Carmes déchaussés, les Célestins et les Jacobins (qui viennent en deuxième position en 1750).
50 A.D. Rhône, 3 E 8223, étude Vernon, testament mystique de Marie Marguerite Reymond, fille majeure et bourgeoise de Lyon, du 14 février 1740.
51 Ce résultat corrobore celui de Sonia Slimani qui reprend les classes numériques utilisées par Pierre Chaunu : sur l’ensemble du siècle, 54 % des testaments demandent moins de 60 messes, cf. Françoise Bayard, op. cit., p. 209.
52 A.D. Rhône, 3 E 17405, étude Champalle, 21 avril 1770.
53 A.D. Ain, 3 E 24 857, étude Leclerc, testament du 17 août 1745.
54 A.D. Ain, 3 E 24 855, étude Leclerc, testament du 20 mars 1737.
55 A.D. Ain, 3 E 24 171, étude Leclerc, testament du 28 août 1769.
56 A.D. Ain, 3 E 24 854, étude Leclerc, testament du 8 avril 1730.
57 Aurélie Béril, op. cit., p. 83
58 Anne Vaillant, op. cit., p. 83.
59 Delphine Junique, op. cit., p. 174.
60 Il s’agit de François Agnielly, prêtre du diocèse de Digne, A.D. Rhône, 3 E 6773, 19 septembre 1709.
61 A.D. Rhône 3 E 6777, étude Orlande, testament du 10 décembre 1717.
62 A.D. Rhône 3 E 8223, étude Vernon, testament mystique de Marie-Marguerite Reymond, 14 février 1740 : « comme je suis chargée de faire dire et célébrer dans l’esglise des Rds pères jésuites de st Joseph du quartier d’Enay une messe basse tous les lundis de l’année et une touts les quatrièmes dimanches d chaque mois Je veux qu’elles soient continuées à perpétuité et que pour la rétribution il soit payé au frère sacristain de ladite esglise vingt sols par messe que j’impose sur la maison et jardin qui m’appartiennent scise rue du chemin neuf »
63 Yves Durand faisait un constat assez proche pour Nantes au XVIIIe siècle, « Histoire sociale nantaise et archives notariales », in Bernard Vogler (dir.), Les actes notariés. Source de l’Histoire sociale XVIe-XVIIIe siècle, Strasbourg, 1979, p. 117-120.
64 Même constat par S. Valentin, op. cit., p. 118.
65 Testament du 12 août 1750, 3 E 7894, étude Saulnier, cité par Aurélie Béril, op. cit., p. 73.
66 A.D. Rhône, 3 E 9687, étude Berthon du Fromental.
67 A.D. Rhône, 3 E 9687, étude Berthon du Fromental, 25 mai 1750.
68 Jean-Louis Bourgeon, « La peur d’être enterré vivant au XVIIIe siècle : mythe ou réalité ? », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, janvier-mars 1983, t. XXX, p. 139-153.
69 A.D. Rhône, 3 E 17423, étude Baroud, 1er juin 1770
70 A.D. Ain, 3 E 24859, testament du 14 mars 1749.
71 A.D. Ain, 3 E 24855, testament du 9 novembre 1735..
72 A.D. Ain, 3 E 24852, testament du 17 juin 1721.
73 Aurélie Béril, op. cit., p. 71.
74 Edgar Poisat, op. cit., p. 80.
75 Les résultats obtenus dans ces sondages précisent sensiblement les données rapportées par Françoise Bayard, op. cit., p. 208-209, qui restent globales pour le siècle : 11 % de testaments sans élection de sépulture et sur les autres, 55 % choisissent « une église », 45 % le cimetière.
76 A.D. Rhône, 3 E 21015, étude Baroud, 19 mars 1770.
77 A.D. Rhône, 3 E 9687, étude Berthon du Fromental, 18 juin 1750.
78 A.D. Rhône, 3 E 17423, étude Baroud, 1er juin 1770.
79 Anne Vaillant, op. cit., p. 94.
80 Edgar Poisat, op. cit., p. 114.
81 Delphine Junique, op. cit., p. 177-178.
82 A. D. Rhône, 3 E 21 007, étude Baroud, 8 août 1750.
83 Anne Vaillant, op. cit., p. 97.
84 Ibid., p. 94.
85 Ibid, p. 98.
86 Aurélie Beril, op. cit., p. 90-91.
87 A.D. Rhône, 3 E 6765, étude Orlande, testament du 24 décembre 1701.
88 A.D. Ain, 3 E 24 853, étude Leclerc, testament du 23 octobre 1724.
89 A.D. Ain, 3 E 24 852, étude Leclerc, codicille du 4 décembre 1721.
90 Testament du 21 mars 1680, 3 E 3334 B, étude Chambard, cité par Edgar Poisat, op. cit., p. 110.
91 Delphine Junique, op. cit., p. 181.
92 Ibid., p. 182.
93 Le taux de 44 % de testaments instituant des dons aux pauvres paraît forcé, cf. Françoise Bayard, op. cit., p. 209.
94 A.D. Rhône, 3 E 21 018, étude Baroud, testament du 4 mars 1780.
95 Anne Vaillant, op. cit., p. 99.
96 3 E 3906 B, étude Debrye.
97 Delphine Junique, op. cit., p. 184.
98 Anne Vaillant, op. cit., p. 100.
99 A.D.Rhône, 3 E 17 395, étude Champalle, 26 juin 1760.
100 A.D.Rhône, 3 E 17 405, étude Champalle, 30 janvier 1770.
101 A.D. Ain, 3 E 24 858, étude Leclerc, testament du 27 mai 1749.
102 Maurice Garden, op. cit., Paris, 1970, p. 229 et note 65.
103 A.D. Ain, 3 E 24 858, étude Leclerc, testament du 1e janvier 1747.
104 Esquissé pour le XVIIe par Emmanuelle Romanet dans sa thèse (cf. annexe), le sujet est loin d’être épuisé.
105 Testament du 14 septembre 1750, 3 E 4211, étude Delagrange, cité par Aurélie Béril, op. cit., p. 65.
106 Testament du 30 mars 1751, 3 E 4211.
107 Yves Durand, art. cit., relève que cette sobriété des funérailles, associée à de nombreuses demandes de messe caractérise un tiers des testaments nobles à Nantes au début du XVIIIe.
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Référence électronique
Bernard Hours, « Les testaments n’ont peut-être pas tout dit », Chrétiens et sociétés [En ligne], 14 | 2007, mis en ligne le 09 juin 2022, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/369 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.369
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