« À travers la vie courante »
Résumés
L’hostilité de la pensée catholique face à la ville moderne est bien documentée. Ce n’est que tardivement que l’Église changerait de cap et développerait une expertise et des savoirs urbains. Dans cet article, j’offre une vision plus nuancée des choses en me penchant sur le cas québécois. J’y démontre que les intellectuels catholiques canadiens-français de l’entre-deux-guerres se posent déjà la question de la conciliation du monde urbain industrialisé et des valeurs catholiques. Les réponses qu’ils proposent sont parfois maladroites, mais elles témoignent d’une sincère volonté d’habiter la ville, de vivre en citadins dans une cité qui refléterait, dans la mesure du possible, leurs valeurs et leur identité. Je démontre, du même souffle, que si leur rapport à la ville est coloré par la doctrine sociale de l’Église, il l’est aussi par un nationalisme canadien-français qui entretient des liens étroits avec le catholicisme durant la première moitié du XXe siècle.
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- 1 Thierry Paquot, « Théologie chrétienne et urbanisation », Annales de la recherche urbaine, 2004, n° (...)
1L’hostilité face au fait urbain est un aspect bien documenté de la pensée catholique des xixe et xxe siècles. Ce n’est que tardivement, généralement après la Seconde Guerre mondiale, que l’Église changerait de cap et développerait une expertise et des savoirs urbains. La question qui se poserait alors aux catholiques serait, pour citer Thierry Paquot : « Que peuvent accomplir les hommes pour rendre leur ville "chrétienne", c’est-à-dire pour à la fois urbaniser le monde sans le séculariser1 ? » Dans cet article, mon ambition est de nuancer cette vision des choses en me penchant sur le cas québécois. Si on définit l’expertise urbaine comme la production d’un savoir sur la ville dans une perspective d’aide à l’action, j’espère démontrer que les intellectuels catholiques canadiens-français de l’entre-deux-guerres – clercs et laïcs – se posent déjà la question de la conciliation du monde urbain industrialisé et des valeurs chrétiennes. Ils cherchent à comprendre ce milieu complexe et proposent des solutions aux problèmes observés. On verra évidemment que les réponses qu’ils proposent sont parfois maladroites et qu’elles demeurent teintées par une certaine urbaphobie, mais qu’elles témoignent d’une sincère volonté d’habiter la ville, de vivre en citadins dans une cité qui refléterait, dans la mesure du possible, leurs valeurs et leur identité. À cet égard, j’espère également démontrer que si leur rapport à la ville est coloré par la doctrine sociale de l’Église, il l’est aussi par un nationalisme canadien-français qui entretient des liens étroits avec le catholicisme durant la première moitié du xxe siècle. J’expliquerai comment certains de ces intellectuels tâchent de concilier ces deux composantes dans le regard qu’ils portent sur la ville.
- 2 Voir le portrait général qu’en offre Mariana Valverde, The Age of Light, Soap, and Water : Moral Re (...)
- 3 Sur les questions relatives à la mortalité infantile et à la maternité, Denyse Baillargeon, Un Québ (...)
- 4 Michèle Dagenais, Des pouvoirs et des hommes. L’Administration municipale de Montréal, 1900-1950, M (...)
- 5 Amélie Bourbeau, La réorganisation de l’assistance chez les catholiques montréalais : la Fédération (...)
- 6 Jean-Philippe Warren, « La découverte de la "question sociale" », Revue d’histoire de l’Amérique fr (...)
2Cet article et la recherche sur laquelle il s’appuie s’inscrivent dans une réflexion plus large sur les représentations de la ville au Québec au xxe siècle. Elle vise à comprendre comment évolue la façon de penser, de concevoir la ville et le monde urbain dans la société québécoise. L’Église catholique n’est ainsi qu’un des groupes qui essaient de comprendre et d’agir sur le monde urbain. S’y ajoutent, notamment, les différentes dénominations protestantes2, les professionnels de la chose urbaine – médecins, architectes, ingénieurs, urbanistes, travailleurs sociaux – qui se multiplient tout au long du siècle3, ainsi que les politiciens municipaux et certains acteurs du milieu des affaires4. Précisons également que je ne prétends pas ici brosser un portrait exhaustif de l’expertise catholique canadienne-française sur la ville durant l’entre-deux-guerres. Par exemple, parallèlement aux intellectuels dont il sera surtout question dans les pages qui viennent, il y a un ensemble d’acteurs qui œuvrent, loin des revues d’idées et des conférences grand public, pour réformer les structures de financement et de coordination de l’assistance catholique non-institutionnelle à Montréal5. C’est sans parler des différents mouvements de jeunesse qui se lancent au même moment à la découverte de la « question sociale6 ».
3Je commencerai donc par présenter quelques éléments de contexte relatifs au réseau urbain québécois et, en particulier, à la ville qui en occupe le centre depuis le milieu du xixe siècle, pour m’arrêter ensuite sur le jésuite Joseph-Papin Archambault qui, sous le pseudonyme de Pierre Homier, ouvre un premier grand débat sur le visage linguistique de la métropole montréalaise en 1912. Puis, je me pencherai sur les animateurs de la revue montréalaise L’Action française et sur la place qu’occupe la ville dans leur vision du monde. On verra comment, dans sa chronique « À travers la vie courante », Archambault offre une perspective singulière, presque anthropologique, sur ce rapport entre nationalisme, catholicisme et urbanité. Je conclurai sur le rêve d’une reconquête linguistique de Montréal, que portent en eux plusieurs de ces acteurs, et sur les échos de ce rêve dans la société québécoise contemporaine.
Montréal, cité catholique à reconquérir
4En 1901, c’est environ le tiers de la population québécoise qui vit en ville. Durant les premières décennies du siècle, le taux d’urbanisation de la province demeure élevé – il est constamment supérieur à celui du reste du pays – et le recensement de 1921 confirme que le Québec est désormais majoritairement urbain. Ce processus ne touche pas tous les groupes de la même façon. Les angloprotestants de la province, par exemple, quittent en grands nombres les régions rurales, où on les retrouvait encore en proportion significative, pour se concentrer plus que jamais sur l’île de Montréal. Les immigrants de différentes origines privilégient également la métropole lors de leur arrivée dans la province. Cela dit, même si les Canadiens français s’urbanisent à un rythme moins rapide, ils sont loin d’échapper au processus et quittent en grand nombre les campagnes pour profiter des opportunités économiques que promettent les villes de la province.
- 7 Paul-André Linteau, René Durocher et Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain, t. 1 : De (...)
5D’ailleurs, lorsqu’on parle du réseau urbain québécois de la première moitié du xxe siècle, il est clair qu’une ville le domine sérieusement : Montréal, qui compte 267 000 habitants en 1901. La ville de Québec, seconde en terme de taille, avec 68 000 habitants, arrive loin derrière, et l’écart est encore plus grand avec le reste du réseau urbain de la province. En 1901, outre Québec et Montréal, la province ne compte que huit autres centres de plus de 5 000 habitants. Dès le départ, le poids démographique de Montréal est donc considérable. De plus, entre 1880 et 1939, la ville est incontestablement la locomotive économique du pays. Bénéficiant d’une position stratégique au cœur des réseaux de transport maritime et ferroviaire, d’une structure industrielle diversifiée, ainsi que d’un secteur financier bien développé, Montréal exerce une influence que ne viendra sérieusement disputer la ville de Toronto qu’à partir des années 19307.
- 8 Jean Hamelin et Nicole Gagnon, Histoire du catholicisme québécois, vol. 3, t. 1 : XXe siècle (1898 (...)
- 9 Lucia Ferretti, Entre voisins. La société paroissiale en milieu urbain. Saint-Pierre-Apôtre de Mont (...)
- 10 J. Hamelin et N. Gagnon, op. cit., p. 308-315.
6Comme ailleurs dans le monde catholique, la métropole est source d’inquiétudes au sein des élites religieuses. Dès la fin du xixe siècle, l’archevêque de Montréal, Mgr Paul Bruchési, s’attaque dans ses lettres pastorales aux mœurs urbaines : « annonces licencieuses », libertés débridées qui mènent tout droit « au communisme, au socialisme et à l’anarchie », théâtre et presse qui ne répondent pas aux valeurs de l’Église8. Les données contenues dans le recensement de 1921 ne font qu’accentuer les inquiétudes. Puis, aux condamnations et critiques en chaire s’ajoute progressivement une volonté de former des apôtres laïcs qui contribueront à la sauvegarde de la foi dans les villes industrielles des premières décennies du xxe siècle, sans parler du rôle important qu’y joue toujours le cadre paroissial9. Cet effort s’accélère au lendemain de la Première Guerre mondiale, car on sent bien, au sein de l’Église québécoise, qu’un fossé se creuse entre l’institution et ses fidèles, tout particulièrement en milieu urbain. En parallèle, il faut souligner que l’Église a su se donner, à partir du milieu du xixe siècle, le rôle de gardienne de la survivance de la nation canadienne-française. Évitant de trop s’engager sur le plan politique, elle veille néanmoins activement sur « l’âme de la race10 ». À cet égard, Montréal représente une menace d’un type particulier pour les catholiques canadie ns-français.
- 11 Paul-André Linteau, Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Boréal, 2000 (2nde édit (...)
- 12 Ronald Rudin, The Forgotten Quebecers. A History of English-Speaking Quebec, 1759-1980, Québec, Ins (...)
- 13 P.-A. Linteau, op. cit., p. 320.
7Majoritaire durant tout le deuxième tiers du xixe siècle, l’importante communauté angloprotestante de la ville représente toujours plus du tiers des habitants de la ville au début du xxe11. Cette minorité est largement surreprésentée au sein d’une grande bourgeoisie, dont la présence est clairement visible dans l’espace urbain, que ce soit à travers des quartiers résidentiels d’une grande opulence, des institutions sociales et culturelles bien enracinées dans le centre-ville, un réseau d’assistance généreusement financé par la philanthropie, ou encore un secteur des affaires et des districts industriels en expansion12. S’ajoute à cette structure socioéconomique le fait que la ville est, sur le plan culturel, un carrefour où s’entrecroisent cultures britannique et américaine. Bref, à l’aube du xxe siècle, la ville de Montréal, malgré une population à 60 % francophone, présente au monde un visage essentiellement anglophone13. Dans ce contexte, les interventions des intellectuels canadiens-français catholiques sur la ville toucheront, comme ailleurs, aux questions morale et sociale, mais seront également guidées par la question nationale et sa facette linguistique.
Le visage linguistique de la métropole et le début de la « petite guerre » de Pierre Homier
- 14 Yvan Lamonde, Histoire sociale des idées au Québec (1896-1929), vol. 2, Montréal, Fides, 2004, p. 2 (...)
8La défense de la langue française – étroitement associée à celle de la nationalité canadienne-française – est déjà au cœur des préoccupations des intellectuels catholiques au début du xxe siècle. Dans les dernières décennies du précédent, différentes crises ont provoqué des affrontements majeurs entre franco-catholiques et angloprotestants à travers le pays : débats autour de l’existence de réseaux scolaires catholiques et francophones dans des provinces majoritairement anglophones, procès et pendaison du rebelle métis et francophone Louis Riel, querelles relatives à la participation du Canada aux initiatives militaires de l’Empire britannique. À ces questions extérieures aux frontières du Québec s’ajoutent, comme on l’a vu, les inquiétudes relatives aux transformations qu’occasionnent industrialisation et urbanisation au sein même de la province, et qui s’incarnent essentiellement, mais pas seulement, dans la métropole14.
- 15 Ibid., p. 57.
9C’est d’ailleurs là qu’un nouvel incident, qui aurait pu être relativement mineur, va mettre le feu aux poudres et avoir des répercussions que nous suivrons dans les pages qui suivent. Même si, à l’aube du xxe siècle, les francophones comptent pour 75 % des catholiques du Canada, les autorités romaines, plus intéressées par le potentiel que présente la république voisine, considèrent que l’expansion du catholicisme en Amérique du Nord se fera en anglais, et notamment par l’entremise du clergé anglo-irlandais. Lors du XXIe Congrès eucharistique international de 1910, qui se tient à Montréal, Mgr Francis Bourne, archevêque de Westminster, explique donc dans son intervention que « tant que la langue anglaise, les façons de parler anglaises, la littérature anglaise – en un mot la mentalité anglaise tout entière – n’aura pas été amenée à servir l’Église catholique, l’œuvre rédemptrice de l’Église sera empêchée et retardée15 ». Le politicien et journaliste nationaliste Henri Bourassa réplique aussitôt à Bourne que, tout en respectant les droits de ses coreligionnaires anglophones, il réclame haut et fort celui des catholiques francophones de protéger et de défendre leur langue.
- 16 Pascale Ryan, Penser la nation. La Ligue d’action nationale, 1917-1960, Montréal, Leméac, 2006, p. (...)
10L’incident et la controverse qui s’ensuit amènent plusieurs intellectuels catholiques à s’intéresser de plus près à la question de la langue. C’est le cas des animateurs de la Société du parler français. Créée en 1902 dans la ville de Québec, elle se consacre à l’étude du parler canadien-français, mais également à la défense des droits linguistiques des francophones. Comptant alors plus d’un millier de membres, elle organise en 1912 son premier congrès à Québec, en réaction aux propos de Bourne16. Anticipant ce congrès, le jésuite Joseph-Papin Archambault fait paraître dans les pages du journal Le Devoir (fondé justement en 1910 par Henri Bourassa) une série de textes critiquant le traitement ingrat réservé à la langue française dans l’espace public et appelant ses compatriotes à réagir énergiquement à cette situation.
- 17 Malgré le rôle central qu’il joue dans l’histoire religieuse et intellectuelle du Québec, Archambau (...)
11Né à Montréal en 1880, d’un père médecin et d’une mère fille de député, Archambault fait son entrée au collège jésuite Sainte-Marie en 1891 – où l’ont précédé son grand-père, son père et son frère aîné. En 1897, il entre au noviciat chez les jésuites et reviendra enseigner au collège Sainte-Marie en 1904. Cinq ans plus tard, il entreprend des études théologiques au scolasticat de l’Immaculée-Conception et c’est dans ce contexte qu’il décide d’intervenir dans les journaux. Figure importante de l’histoire de l’Église catholique au Québec, il sera un des principaux animateurs du catholicisme social dans la province : il participe à la fondation de l’École sociale populaire en 1911, institution vouée à sa diffusion et à sa vulgarisation ; et il crée les Semaines sociales du Canada en 1921, grandes conférences biennales destinées aux élites. Il sera également un pourfendeur acharné de la menace communiste et un ardent promoteur du corporatisme dans les années 1930. Enfin, et c’est surtout sous ce jour qu’il nous intéresse, il jouera un rôle non négligeable dans la défense du fait français dans la province et sa métropole17.
12Se dissimulant derrière le pseudonyme Pierre Homier – il utilise le nom de famille de sa grand-mère maternelle – il écrit un texte intitulé « La langue française et le commerce. Un petit examen de conscience » qui paraît dans Le Devoir le 16 mars 1912. Il y explique que :
- 18 Pierre Homier, « La langue française et le commerce. Un petit examen de conscience », Le Devoir, 16 (...)
le Congrès [de la Société du parler français] est un moyen très efficace au service d’une cause sacrée, il n’est pas la cause elle-même. Et ceux-là, par conséquent, commettraient une lourde erreur qui croiraient s’être acquittés de toutes leurs obligations envers leur langue, parce qu’ils ont approuvé, d’une parole ou d’un acte, la grande manifestation que préparent les sociétaires du parler français18.
- 19 Ces textes seront rassemblés dans une brochure en 1913 (Pierre Homier, La langue française au Canad (...)
13Et le jésuite de pointer du doigt ceux qui, la conscience ainsi reposée, continuent de mener leurs affaires en anglais. Il s’en prend particulièrement aux commerçants, mais aussi aux grossistes qui œuvrent dans le secteur des biscuits et des bonbons, s’inquiétant de l’impact de ces produits, présentés en anglais, auprès des enfants canadiens-français. Ce texte ne sera pas le dernier : Archambault poursuivra l’entreprise dans les pages de ce quotidien jusqu’en juin 1913, pour un total de 21 textes19. Contrairement à de nombreux discours et écrits sur la langue française qui tracent à gros traits un portrait dramatique de la situation, les textes de Homier s’attachent à étudier la place de la langue française dans le quotidien de ses concitoyens, et tout particulièrement de ses concitoyens de Montréal. Nous y reviendrons.
- 20 Cité dans R. Arès, op. cit., p. 33.
14Pierre Homier ne s’éteint pas en 1913. Quelques années plus tard, il reprendra ce que Lionel Groulx qualifiera plus tard de « "sa petite guerre" pour la défense de la langue » dans les pages de L’Action française, dans le cadre d’une chronique intitulée « À travers la vie courante20 ».
L’Action française enquête (sur la ville et le milieu urbain)
- 21 P. Ryan, op. cit., p. 28-29.
- 22 Jack L. Granatstein et J. MacKay Hitsman, Broken Promises : A History of Conscription in Canada, To (...)
- 23 Le nom de la revue s’inspire évidemment de son homonyme de Paris, même si les positions des deux re (...)
- 24 P. Ryan, op. cit., p. 12.
15Les textes d’Archambault dans Le Devoir contribuent à la formation de la Ligue des droits du français en 1913. « Ces articles lui valent un abondant courrier dénonçant la situation faite au français, qui l’incite à établir un secrétariat permanent21 ». Plusieurs collaborateurs se joignent rapidement à lui dans cette entreprise essentiellement consacrée à la protection du français au Canada. La Première Guerre mondiale change toutefois la donne. Durant le conflit, un nouveau conflit éclate au pays relativement au recours à la conscription et, même s’il ne s’y réduit pas, il prend rapidement une dimension ethnolinguistique, les angloprotestants favorisant en majorité le recours à cette mesure, les franco-catholiques s’y opposant avec la même ardeur. Au final, un gouvernement d’union nationale excluant presque entièrement les Canadiens français est formé, élargissant plus que jamais le fossé qui sépare les deux groupes22. La Ligue délaisse alors la seule défense du français pour embrasser plus largement la cause nationaliste et donne naissance, en 1917, à la revue L’Action française23. La revue devient « le laboratoire de ces intellectuels qui cherchent tout à la fois à penser et à panser la nation, une nation profondément affectée par les transformations provoquées par l’industrialisation et l’urbanisation24 ». Durant l’entre-deux-guerres, des intellectuels catholiques s’y expriment sur les sujets de l’heure et la revue connaît un tirage important pour une publication du genre (entre 3 000 et 5 000 copies de 1917 à 1929). On y retrouve articles d’actualité, chroniques régulières et éditoriaux, mais aussi et surtout de grandes enquêtes annuelles.
- 25 J’ai traité plus largement de la façon dont la ville est représentée dans les revues d’idées cathol (...)
- 26 M.-A. Lamarche, o.p., « Nos forces nationales: la paroisse », L’Action française, 1918, n° 7, vol. (...)
- 27 Louis-Adolphe Pâquet, « Nos forces nationales: notre foi », L’Action française, 1918, n° 2, vol. 1, (...)
16Globalement, la revue et ses animateurs sont hostiles à la ville et au milieu urbain, et reprennent un discours que l’on retrouve assez largement au Québec, et ailleurs dans le monde catholique de l’entre-deux-guerres25. Mais, cette haine de la ville est colorée par leur nationalisme et présente certains traits originaux. Il en va ainsi de l’importance accordée à la menace protestante, cette « race de croyance adverse26 ». Dans une de ses premières grandes enquêtes, menée sur le thème « Nos forces nationales », L’Action française, par la plume de Mgr Louis-Adolphe Pâquet, y va d’une charge à cet effet dès 1918. Pâquet, une figure influente de l’ultramontanisme canadien-français, s’inquiète globalement de l’impact de la vie urbaine sur la foi. Néanmoins, la menace à laquelle fait face le catholicisme canadien-français ne vient pas seulement ou d’abord du libéralisme, mais également des sirènes du protestantisme. Contrairement aux catholiques français ou belges par exemple, les Canadiens français doivent composer avec un environnement urbain dominé sur le plan économique et culturel par une influente minorité de religion et de langue différentes. Avant le risque de perdre la foi, il y a donc la menace de changer de foi (même si l’une n’exclut pas nécessairement l’autre27).
- 28 Eugène L’Heureux, « Les cercles de colonisation », L’Action française, 1918, n° 2, vol. 5, p. 224.
17La campagne demeure, durant l’entre-deux-guerres, le milieu que les intellectuels catholiques les plus traditionalistes privilégient dans leurs écrits (même si la majorité d’entre eux demeurent et œuvrent en milieu urbain, comme c’est le cas d’Archambault). La ville représente un environnement où les Canadiens français deviendront « des facteurs amoindris d’action française », notamment à cause de leurs contacts avec une population plus cosmopolite28. On craint qu’ils ne s’écartent de l’idéal national, emportés par le tourbillon de la vie en ville. Plusieurs auteurs font également valoir que les conditions de vie en milieu urbain, tant sur le plan hygiénique que moral, affaiblissent le caractère de la « race » et ils n’ont de cesse d’appeler à un retour à la terre. L’attrait de la ville met d’ailleurs en péril la pérennité même de ce monde rural qui devrait servir de terreau à la nation. Elle détourne le jeune rural de sa vocation, remplit son esprit d’aspirations malsaines.
18Dans un sermon de 1925 repris dans les pages de la revue, la figure de proue du nationalisme canadien-français de l’entre-deux-guerres, l’abbé Lionel Groulx, propose un inventaire exhaustif des maladies qui affectent le corps national :
- 29 Lionel Groulx, « Le devoir des universitaires catholiques », L’Action française, 1925, n° 14, vol. (...)
La concentration désordonnée de nos populations dans les villes, ces grandes consommatrices de capital humain, les maux rapides et effrayants qui s’en suivent, les lectures déplorables dont notre peuple nourrit quotidiennement son intelligence, les amusements, les spectacles déformateurs où, dans les grands centres, il engloutit avec ses mœurs, le meilleur de ses économies29.
19Groulx et ses émules s’inquiètent ainsi de l’impact culturel de la ville, notamment pour ce qui est des traditions ancestrales du Canada français. Le milieu urbain met également en danger cette unité fondamentale de la nation canadienne-française qu’est la famille, et tout spécialement les femmes. La misère et la précarité qui seraient le lot des citadines sont non seulement un malheur pour elles, mais pour leur nation, car elles s’écartent ainsi de leur véritable vocation, celle de mères.
- 30 Esdras Minville, « L’ennemi dans la place : le capital étranger », L’Action française, 1924, n° 11, (...)
- 31 Susan Mann Trofimenkoff, Action Française. French Canadian Nationalism in the Twenties, Toronto, Un (...)
- 32 P. Ryan, op. cit., p. 68.
20Néanmoins, malgré ce que suggère la majorité des textes publiés dans L’Action française, plusieurs auteurs catholiques, généralement des experts de différents types (économie, médecine, agriculture), se montrent favorables au développement d’un réseau urbain et industriel offrant un équilibre plus sain avec le milieu rural. C’est un argumentaire qui est porté, par exemple, par l’économiste Esdras Minville30, et que l’historiographie commence à prendre en compte. Ainsi, alors que l’historienne Susan Mann estime dans son étude pionnière de L’Action française et du mouvement du même nom que « la réaction de L’Action française au phénomène de la ville laisse constamment deviner un pessimisme fondamental quant à la compatibilité du Canada français et de la société urbaine31 », des recherches plus récentes, comme celles de Pascale Ryan, montrent bien que les animateurs de la revue et du mouvement acceptent (et participent à) la modernité urbaine et industrielle, et que « c’est contre une modernité américaine de plus en plus envahissante, qui mine les fondements traditionnels de la société canadienne-française, qu’ils réagissent si fortement32 ». En d’autres mots, pour plusieurs penseurs catholiques québécois de l’entre-deux-guerres, haïr la ville n’est pas condamner l’ensemble du milieu urbain, mais rejeter une manifestation particulière de l’urbanité : ce grand centre au visage anglo-saxon qu’est Montréal et que l’on associe à la rupture d’un équilibre essentiel à la préservation de la foi, et donc de la nationalité. Une chronique spécifique de la revue permet de s’en convaincre aisément et nous ramène au jésuite Archambault et à son alter ego, Pierre Homier.
« À travers la vie courante » : une autre façon d’appréhender la ville
- 33 R. Arès, op. cit., p. 47.
- 34 La chronique réapparaîtra également dans L’Action nationale, qui reprend, en 1933, le flambeau de L (...)
21Dès le premier numéro de L’Action française, Archambault reprend le pseudonyme de Pierre Homier pour écrire la chronique « À travers la vie courante », qui figure dans tous les numéros du mensuel de 1917 à 1921 (pour un total de 71 textes). Après cette date, Archambault doit peu à peu abandonner la tâche, ayant été envoyé à Québec pour y diriger une maison jésuite de retraites fermées33. La revue continuera tout de même à publier la chronique, qui sera écrite, vraisemblablement par quelqu’un d’autres qu’Archambault, sous le pseudonyme du Veilleur34. Chacun des textes a, grosso modo, la même forme. Il s’agit de chronique de quelques pages, elles-mêmes subdivisées en petites sections d’un ou deux paragraphes, où Homier rend compte de la situation du français au quotidien. Il y a quelques fois un fil conducteur entre ces sections, mais ce n’est pas systématique. Homier y laisse également assez fréquemment la parole à ses lecteurs et aux lettres qu’ils lui font parvenir, détaillant telle ou telle situation où le français a souffert quelque indignité. Ces articles représentent une contribution singulière au regard que porte alors l’Église catholique sur le milieu urbain. Ils se distinguent des lettres pastorales très sévères que publiait un peu plus tôt l’archevêque de Montréal, mais également des réflexions plus érudites que proposent au même moment la Société du parler français ou les autres collaborateurs de L’Action française. Certes, dans ses textes, Archambault sermonne fréquemment ses concitoyens pour la facilité avec laquelle ils succombent à l’utilisation de l’anglais – il parlera de trahison de la langue et de l’âme nationale, et invitera, comme en 1912, ses lecteurs à un examen de conscience. Cela dit, il s’appuie sur le concret et le quotidien pour étayer sa critique et tout laisse croire que l’on a affaire à un citadin plus qu’heureux de vivre et de travailler dans la métropole montréalaise.
- 35 Pierre Homier, « À travers la vie courante », L’Action française, 1917, n° 1, vol. 1, p. 18.
- 36 Ibid.
22La première édition de « À travers la vie courante » s’ouvre sur une anecdote qui en résume bien le ton. Mentionnant qu’un ami s’étonne qu’il ait été en mesure de trouver une inscription française à poser sur sa boîte postale, Pierre Homier décide de vérifier s’il est effectivement si difficile de trouver telle chose. « Me voici donc au centre de la ville, en plein quartier canadien-français, rue Saint-Denis. Près de la rue Sainte-Catherine, un magnifique magasin de ferronnerie où doit se trouver sans doute l’article en question35 ». Il n’a malheureusement pas de chance. Continuant à déambuler dans les rues du centre-ville de Montréal, il visite différents commerces pour démontrer qu’avec un peu d’effort, une inscription française peut être achetée dans certaines quincailleries. Le ton pragmatique employé tranche avec celui, plus mélodramatique, d’autres interventions que l’on retrouve dans la revue (incluant certaines de la plume d’Archambault). À travers le personnage et le pseudonyme de Pierre Homier, le jésuite est en mesure de jeter le regard posé, souvent amusé et badin d’un citadin sur son milieu de vie. Et c’est un milieu de vie qu’il affectionne visiblement. Toujours à propos de sa quête d’une inscription française, il explique : « Les citoyens du centre de la ville sauront toujours bien où aller ! Mais les autres... ceux des lointains faubourgs ? Mon Dieu ! Qui ne vient de temps en temps dans le centre de la ville36 ? » Il y a ici un peu de l’orgueil du métropolitain, qui ressent quand même un peu de pitié pour les excentrés, privés des bénéfices de vivre au centre de la ville. D’ailleurs, dans le même texte, il raconte une autre anecdote où « un brave paysan », un « têtu campagnard », connaît différentes mésaventures dans un bureau de poste montréalais où il est incapable de lire les enseignes unilingues anglaises qui devraient lui permettre de savoir où aller. À cet égard, il est presque certain qu’Archambault, en bon conteur, enjolive la réalité, ajoute ou soustrait des éléments pour mieux servir sa rhétorique. En ce qui nous concerne, l’exactitude des faits rapportés est évidemment moins importante que la façon dont ces événements sont racontés, mis en scène par un Archambault visiblement plus qu’à l’aise dans sa ville.
- 37 Ibid., p. 112.
- 38 Ibid., p. 143.
- 39 Ibid., p. 238.
- 40 Ibid., 1919, n° 3, vol. 3, p. 137.
23Au fil des textes, il poursuivra son examen de l’espace public montréalais : il inspecte en détail plusieurs rues de la métropole, examine vitrines et façades, raisons sociales et publicités ; il observe également la façon dont la langue est utilisée à la maison ou dans les instances du pouvoir municipal. Les personnages qui peuplent ses récits constituent quand même un échantillon assez varié de la faune urbaine canadienne-française. Les membres du clergé sont nombreux, mais apparaissent moins souvent comme d’humbles serviteurs de l’Éternel que comme clients de telle ou telle entreprise qui a le front de correspondre avec eux dans la langue de Shakespeare. Les simples citoyens, ces « bons soldats de notre langue » qui insistent pour faire affaire en français avec leurs concitoyens sont souvent à l’honneur. « C’est un homme du peuple, un simple plombier. Mais il a l’âme patriotique et vaillante. Au Moyen-Âge il aurait fait partie des croisades. Aujourd’hui il combat, d’estoc et de taille, pour la langue française37 ». Au contraire, les hommes politiques, notamment municipaux, sont souvent l’objet de railleries, spécialement à cause de leur utilisation d’expressions procédurières anglophones lors de leurs délibérations38. Les commerçants sont également très bien représentés, car ils ont sans nul doute une position stratégique quant à la place du français dans l’espace public montréalais. Dans certains cas, ils sont l’objet de louanges : « Je sors d’une pharmacie de Montréal, une des principales de la métropole. Son propriétaire est un ardent patriote. Il a déjà plus d’une initiative à son crédit en faveur de la langue française39 ». Dans d’autres, c’est pour les condamner. Ainsi, Archambault décrit de manière détaillée une visite chez un coiffeur dont l’enseigne extérieure est en français, mais dont l’intérieur, tant pour ce qui est de la décoration que du langage utilisé par les employés, est truffé d’anglais40.
- 41 Ibid., 1919, n° 3, vol. 9, p. 415.
- 42 Ibid., 1920, n° 4, vol. 1, p. 37.
24Archambault ne s’intéresse pas au seul cas montréalais, mais c’est lui qui domine les textes qu’il produit dans ce contexte. Il est clair que la présence de l’anglais se fait sentir dans d’autres villes de la province, même si ce n’est pas avec l’intensité observée à Montréal. Ainsi, il observe avec satisfaction qu’à Saint-Hyacinthe, petite ville satellite de Montréal, la E.T. Shoe Company change sa raison sociale et devient la Compagnie Girouard41. Il se réjouit du fait que les habitants de la ville Québec entrent en lice dans le combat pour la défense des droits du français42. Et, cas le plus intéressant en ce qui nous concerne, il redécouvre Trois-Rivières, centre régional en pleine expansion et qu’il a habité brièvement quelques années plus tôt :
- 43 Ibid., 1919, n° 3, vol. 10, p. 473. Trois-Rivières a été fondée en 1634, deuxième établissement apr (...)
Mais on conçoit qu’une pensée s’empara aussitôt de mon esprit. Ce développement, dans quel sens s’est-il opéré ? Le deuxième poste français établi au Canada a-t-il, en se transformant, renié ses origines ? S’est-il anglicisé peu à peu, comme Montréal et Québec ? Je veux en avoir le cœur net. Aussi durant les quelques jours vécus aux Trois-Rivières, j’ouvre les yeux, je tends l’oreille, je cherche à découvrir, derrière les physionomies des hommes et des choses, au fond des conversations, quelle âme palpite, quel idéal commun anime cette collectivité43.
25Son bilan est globalement positif et nous en apprend plus sur sa vision de la vie et du monde urbain. S’il découvre des relents de snobisme dans la petite cité, il se console en expliquant qu’il s’agit là d’un mal urbain incontournable. Il se réjouit toutefois de trouver là une ville, certes moderne, mais qui a conservé « les vertus françaises » et il en peint avec affection le portrait. C’est à la fois un portrait qu’il contraste avec Montréal, mais qui esquisse la promesse de ce que pourrait être la métropole si elle était reconquise par sa majorité.
- 44 « Oh! Que de petits détails nous avons ainsi à effacer, à transposer, à redresser dans le simple do (...)
- 45 Par exemple : « Elles sont d’ailleurs maintenant très nombreuses les maisons anglaises qui, parce q (...)
- 46 Ibid., 1918, n° 2, vol. 11, p. 222.
26En se situant ainsi au niveau du quotidien urbain, le but d’Archambault est clair : tout son argumentaire est tourné vers l’importance des gestes individuels44. Fréquemment, au fil des chroniques, les grandes entreprises anglophones sont présentées comme relativement conciliantes, n’attendant que les plaintes de leurs clients francophones pour changer leurs pratiques45. Il consacre ainsi beaucoup moins d’énergie à condamner « l’Anglais » qu’à inviter les Canadiens français à revendiquer leurs droits, à se tailler une place dans une métropole au visage anglo-saxon. Son but est non seulement de permettre aux citadins canadiens-français de vivre dans un environnement qui reflète leur langue et leurs valeurs, mais de présenter clairement au monde celle qu’il appelle la « quatrième ville française du monde46 ».
Conclusion – le rêve de la reconquête
- 47 Ibid., 1918, n° 2, vol. 8, p. 374-375.
27En 1918, Archambault, toujours sous le pseudonyme de Pierre Homier, écrira dans les pages de L’Action française que l’anglicisation de Montréal représente une sorte de seconde conquête de la ville après celle, militaire, de 1759. Selon lui, cette vague anglo-saxonne n’a pas encore atteint les « couches profondes de la race », mais affecte la classe moyenne, la classe commerciale et les dirigeants politiques canadiens-français47. Comme ailleurs dans le monde catholique de la première moitié du xxe siècle, le regard que portent les intellectuels canadiens-français sur la ville est un regard critique sur la modernité. Dans le cas du Québec, ce regard se double d’une angoisse face aux menaces qui pèsent sur l’existence et l’avenir de la nation canadienne-française, qu’il s’agisse des effets de l’environnement urbain sur la « race » ou de l’hégémonie économique et culturelle qu’exerce l’Angloprotestant dans ce milieu. Dans les dernières décennies du xixe siècle et les premières du suivant, cette angoisse se traduit par une condamnation de cet univers urbain et par des appels répétés à trouver refuge dans les campagnes. À partir de l’entre-deux-guerres, on sent clairement une évolution dans les discours catholiques sur la ville. Si les attaques contre la ville et les mœurs urbaines se poursuivent, elles se doublent d’un discours porté par différents intellectuels qui reconnaissent de plus en plus le caractère inéluctable de l’urbanisation de la province, voire qui affectionnent cet environnement, tout en cherchant à le remodeler de façon à le rendre plus conforme à leurs valeurs et à leur identité. Les savoirs et le lexique générés à cette occasion auront une postérité. Les décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale seront hantées par le rêve de la reconquête de Montréal par les franco-catholiques.
- 48 Andrew Sancton, Governing the Island of Montreal. Language Differences and Metropolitan Politics, B (...)
28À partir des années 1960, le Québec est confronté à un processus de sécularisation d’une intensité considérable, qui contribuera grandement à discréditer des pans importants du discours catholique sur la ville observé durant la première moitié du xxe siècle. Il en va autrement de la part nationaliste de ce discours, spécialement en ce qui concerne le visage linguistique de la métropole. À cet égard, les années 1960 et 1970 sont celles d’une reconquête linguistique remarquable, qui s’appuie à la fois sur un néonationalisme québécois en effervescence et sur les politiques linguistiques de plus en plus ambitieuses qui s’en inspirent et que n’aurait jamais pu imaginer Archambault48. Néanmoins, à l’aube du xxie siècle, on pourrait croire que le fantôme de Pierre Homier hante toujours le Québec. Dans le contexte d’une suburbanisation marquée des francophones et d’une immigration toujours plus attirée par la métropole et l’anglophonie, les nationalistes québécois reprennent des propos qu’il aurait pu tenir exactement un siècle plus tôt.
Notes
1 Thierry Paquot, « Théologie chrétienne et urbanisation », Annales de la recherche urbaine, 2004, n° 96, p. 13-14.
2 Voir le portrait général qu’en offre Mariana Valverde, The Age of Light, Soap, and Water : Moral Reform in English Canada, 1885-1925, Toronto, University of Toronto Press, 2008.
3 Sur les questions relatives à la mortalité infantile et à la maternité, Denyse Baillargeon, Un Québec en mal d’enfants. La médicalisation de la maternité, 1910-1970, Montréal, Éditions du Remue-ménage, 2004 ; plus généralement : Paul Rutherford, « Tomorrow’s Metropolis : The Urban Reform Movement in Canada, 1880-1920 », dans Gilbert A. Stelter et Allan F. J. Artibise (éd.), The Canadian City, Ottawa, Carleton University Press, 1984, p. 435-455.
4 Michèle Dagenais, Des pouvoirs et des hommes. L’Administration municipale de Montréal, 1900-1950, Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2000 ; Fernande Roy, Progrès, harmonie, liberté : le libéralisme des milieux d’affaires francophones de Montréal au tournant du siècle, Montréal, Boréal, 1988.
5 Amélie Bourbeau, La réorganisation de l’assistance chez les catholiques montréalais : la Fédération des œuvres de charité canadiennes-françaises et la Federation of Catholic Charities, 1930-1972, thèse de doctorat d’histoire, Montréal, Université du Québec à Montréal, 2009.
6 Jean-Philippe Warren, « La découverte de la "question sociale" », Revue d’histoire de l’Amérique française, 2002-4, n° 55, p. 539-572.
7 Paul-André Linteau, René Durocher et Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain, t. 1 : De la Confédération à la crise 1867-1929, Montréal, Boréal, 1989, p. 469-483. Sur le rôle de Montréal comme métropole du Canada, voir également Isabelle Gournay et France Vanlaethem (dir.), Montréal métropole, 1880-1930, Montréal, CCA, 1998.
8 Jean Hamelin et Nicole Gagnon, Histoire du catholicisme québécois, vol. 3, t. 1 : XXe siècle (1898 – 1940), Montréal, Boréal, 1984, p. 178-179.
9 Lucia Ferretti, Entre voisins. La société paroissiale en milieu urbain. Saint-Pierre-Apôtre de Montréal, 1848-1930, Montréal, Boréal, 1992.
10 J. Hamelin et N. Gagnon, op. cit., p. 308-315.
11 Paul-André Linteau, Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Boréal, 2000 (2nde édition), p. 161-166.
12 Ronald Rudin, The Forgotten Quebecers. A History of English-Speaking Quebec, 1759-1980, Québec, Institut québécois de la recherche sur la culture, 1985.
13 P.-A. Linteau, op. cit., p. 320.
14 Yvan Lamonde, Histoire sociale des idées au Québec (1896-1929), vol. 2, Montréal, Fides, 2004, p. 21-37.
15 Ibid., p. 57.
16 Pascale Ryan, Penser la nation. La Ligue d’action nationale, 1917-1960, Montréal, Leméac, 2006, p. 26-27.
17 Malgré le rôle central qu’il joue dans l’histoire religieuse et intellectuelle du Québec, Archambault a été assez peu étudié. On le retrouve comme protagoniste dans différents ouvrages consacrés au catholicisme social, mais il n’a pas fait l’objet de beaucoup d’études consacrées spécifiquement à son œuvre et à sa pensée. Mentionnons tout de même la biographie plutôt hagiographique écrite par son collaborateur, le jésuite Richard Arès, Le Père Joseph-Papin Archambault, s.j. (1880-1966). Sa vie, ses œuvres (Cahiers d’histoire des Jésuites, n° 5), Montréal, Bellarmin, 1983. Mentionnons également deux articles consacrés à différentes facettes de sa pensée : Damien-Claude Bélanger, « La pensée ouvrière et sociale de Joseph-Papin Archambault (1880-1966) », Bulletin du RCHTQ, 1999-2, n° 25, p. 13-26 ; Frédéric Boily, « Une figure du catholicisme social canadien-français de l’entre-deux-guerres : le Père Joseph-Papin Archambault (1880-1966) », MENS, Revue d’histoire intellectuelle de l’Amérique française, 2001, n° 2, vol. 1, p. 141-161.
18 Pierre Homier, « La langue française et le commerce. Un petit examen de conscience », Le Devoir, 16 mars 1912.
19 Ces textes seront rassemblés dans une brochure en 1913 (Pierre Homier, La langue française au Canada. Faits et réflexions, Montréal, Ligue des droits du français, 1913).
20 Cité dans R. Arès, op. cit., p. 33.
21 P. Ryan, op. cit., p. 28-29.
22 Jack L. Granatstein et J. MacKay Hitsman, Broken Promises : A History of Conscription in Canada, Toronto, Oxford University Press, 1977.
23 Le nom de la revue s’inspire évidemment de son homonyme de Paris, même si les positions des deux revues et de leur équipe divergent sur plusieurs points. Voir Y. Lamonde, op. cit., p. 167-192.
24 P. Ryan, op. cit., p. 12.
25 J’ai traité plus largement de la façon dont la ville est représentée dans les revues d’idées catholiques de l’entre-deux-guerres au Québec dans Harold Bérubé, « Regards catholiques sur les villes québécoises : une haine à géométrie variable (1918-1939) », Archives de sciences sociales des religions (à paraître).
26 M.-A. Lamarche, o.p., « Nos forces nationales: la paroisse », L’Action française, 1918, n° 7, vol. 2, p. 312.
27 Louis-Adolphe Pâquet, « Nos forces nationales: notre foi », L’Action française, 1918, n° 2, vol. 1, p. 313.
28 Eugène L’Heureux, « Les cercles de colonisation », L’Action française, 1918, n° 2, vol. 5, p. 224.
29 Lionel Groulx, « Le devoir des universitaires catholiques », L’Action française, 1925, n° 14, vol. 4, p. 224.
30 Esdras Minville, « L’ennemi dans la place : le capital étranger », L’Action française, 1924, n° 11, vol. 6, p. 323-347.
31 Susan Mann Trofimenkoff, Action Française. French Canadian Nationalism in the Twenties, Toronto, University of Toronto Press, 1975. L’ouvrage a été traduit en français en 2005 et c’est cette version de l’ouvrage que nous citons ici : Susan Mann, Lionel Groulx et l’Action française. Le nationalisme canadien-français dans les années 1920, Montréal, VLB éditeur, 2005, p. 121.
32 P. Ryan, op. cit., p. 68.
33 R. Arès, op. cit., p. 47.
34 La chronique réapparaîtra également dans L’Action nationale, qui reprend, en 1933, le flambeau de L’Action française. Cette dernière avait dû fermer ses portes en 1928, à cause à la fois des répercussions de la condamnation papale de son homonyme parisien et de problèmes financiers.
35 Pierre Homier, « À travers la vie courante », L’Action française, 1917, n° 1, vol. 1, p. 18.
36 Ibid.
37 Ibid., p. 112.
38 Ibid., p. 143.
39 Ibid., p. 238.
40 Ibid., 1919, n° 3, vol. 3, p. 137.
41 Ibid., 1919, n° 3, vol. 9, p. 415.
42 Ibid., 1920, n° 4, vol. 1, p. 37.
43 Ibid., 1919, n° 3, vol. 10, p. 473. Trois-Rivières a été fondée en 1634, deuxième établissement après Québec (1608) et avant Montréal (1642).
44 « Oh! Que de petits détails nous avons ainsi à effacer, à transposer, à redresser dans le simple domaine de la vie courante pour ne pas laisser s’éteindre la flamme française » (Ibid., 1918, n° 2, vol. 11, p. 222).
45 Par exemple : « Elles sont d’ailleurs maintenant très nombreuses les maisons anglaises qui, parce qu’averties, emploient la langue française dans leurs relations avec leurs clients français. » (Ibid., Pierre Homier, 1917, n° 1, vol. 2, p. 55).
46 Ibid., 1918, n° 2, vol. 11, p. 222.
47 Ibid., 1918, n° 2, vol. 8, p. 374-375.
48 Andrew Sancton, Governing the Island of Montreal. Language Differences and Metropolitan Politics, Berkeley, University of California Press, 1985 ; Marc V. Levine, The Reconquest of Montreal. Language Policy and Social Change in a Bilingual City, Philadelphie, Temple University Press, 1990.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Harold Bérubé, « « À travers la vie courante » », Chrétiens et sociétés, 21 | -1, 79-95.
Référence électronique
Harold Bérubé, « « À travers la vie courante » », Chrétiens et sociétés [En ligne], 21 | 2014, mis en ligne le 25 février 2015, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/3684 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.3684
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