L’invention de la politique de la ville en France
Résumés
Les réseaux chrétiens ont joué un grand rôle dans l’expertise de la ville des Trente Glorieuses. Il s’est agi en particulier de contribuer, avec les pouvoirs publics, à définir ce que pourrait être une vie sociale propre aux grands ensembles. On retrouve également, au sein de ces réseaux, une attention toute particulière portée aux enjeux liés à la participation des habitants. Le but de ce texte est donc de s’interroger, dans le cadre de la crise d’un certain nombre de ces ensembles urbains à partir du début des années 1970, à la contribution prise par l’expertise catholique à l’invention d’une nouvelle procédure d’action publique destinée à devenir par la suite une politique publique à part entière : la politique de la ville.
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- 1 Lui-même étant issu de l’Action catholique ouvrière (ACO).
- 2 Le mouvement changera plusieurs fois d’appellation. En 1960, il devient l’Association démocratique (...)
1Le rôle joué par les réseaux catholiques dans le développement de la ville contemporaine est essentiel. Par leur expertise sur la croissance urbaine et ses conséquences sociales, ils ont été amenés très tôt à faire valoir leurs thèses auprès de ceux qui avaient en charge la construction de la ville moderne. C’est le cas en particulier des fondateurs du mouvement des Habitations à bon marché (HBM). Si cette influence s’affirme encore avec vigueur au cours de l’entre-deux-guerres, elle se poursuit également après 1945, mêlant expertise savante autour de chercheurs comme Paul-Henry Chombart de Lauwe et action militante de terrain avec un certain nombre d’associations issus de la sphère catholique comme le Mouvement populaire des familles (MPF1). La nouveauté réside au niveau du cadre urbain à analyser. La politique des grands ensembles mise en œuvre à partir de la seconde moitié des années 1950 invite les acteurs de l’expertise urbaine, chrétiens ou non, à renouveler leurs cadres de pensée. La construction des grands ensembles pose la question de l’implantation de populations dans un milieu urbain nouveau. L’enjeu est donc d’aider à la constitution de nouvelles communautés résidentielles grâce à un soutien des pouvoirs publics en matière de développement de la vie sociale. Des organismes tels que la Fondation pour la recherche sociale (FORS) dont l’origine est à rechercher du côté du catholicisme social, accompagne l’effort public par la publication de recherches sur les thèmes liés à la vie sociale dans les nouveaux ensembles urbains. Mais il est aussi nécessaire de prendre en compte d’autres secteurs plus politiques tels que l’Association démocratique des élus locaux et sociaux (ADELS2) qui milite très tôt pour une reconnaissance formelle de la démocratie locale, en particulier dans les territoires nouvellement urbanisés.
- 3 Il sera notamment, à sa création en 1970, le secrétaire général du Groupe interministériel permanen (...)
2Il est bien sûr difficile de mesurer l’impact réel qu’eut l’expertise issue du monde chrétien en direction de la production urbaine des Trente Glorieuses. Le monde de l’expertise, quel que soit son origine intellectuelle et ses objectifs, est en soi complexe à appréhender. Il renvoie d’un point de vue historique à une lacune concernant la connaissance que nous avons en matière d’aide et de prise à la décision par les pouvoirs publics. Aussi l’influence des bureaux d’études sur les orientations urbaines reste-t-elle extrêmement mal connue. Néanmoins, on peut légitimement considérer que l’influence de l’expertise d’inspiration chrétienne fut réelle, relayée il est vrai au sein du ministère de l’Équipement, en particulier dans la direction de la Construction, par un certain nombre de fonctionnaires qui complètent leurs responsabilités administratives par différentes formes d’engagement. C’est le cas notamment de Guy Houist. Travaillant pour la direction de la Construction3, élu local, militant chrétien, il est également très investi dans les associations familiales au plan national.
3En 1972, lorsque les pouvoirs publics envisagent de mettre en place une nouvelle procédure intitulée « Habitat et vie sociale » destinée à améliorer le cadre de vie des résidents des ZUP ainsi que des grands ensembles, on peut considérer que l’expertise chrétienne sur la ville est suffisamment reconnue par le ministère de l’Équipement pour accompagner la mise en œuvre de cette nouvelle procédure. L’objectif de cet article est donc de comprendre quelle a été la part réelle prise par l’expertise urbaine issue des réseaux chrétiens dans la définition de ce qui deviendra, au cours des années 1980, la politique de la ville. Pour cela, la démarche consistera à croiser les objectifs fixés par les pouvoirs publics et la part prise par les réseaux militants et courants d’idées proches du christianisme dans la compréhension de la ville contemporaine. Il s’agit en fait de réfléchir à la manière dont l’invention d’une procédure d’action publique a pu, du moins en partie, être définie selon des registres autres qu’administratifs mais résultant en fait d’une très complexe interpénétration pour un certain nombre de hauts fonctionnaires entre statut public et engagement personnel. À cet effet, notre étude se fera en deux parties. Nous étudierons tout d’abord la manière dont ce type d’expertise urbaine analyse la question de l’humanisation des nouveaux ensembles urbains. C’est en effet à partir de la conviction partagée avec l’État que les difficultés des grands ensembles résultent essentiellement d’une carence en matière de vie sociale que se fondent ces milieux au moment de l’engagement de la réflexion. Dans une seconde partie, nous nous attacherons à définir la nature des courants d’idées qui, au cours des années 1970, aliment les réflexions sur une nécessaire réhabilitation des ensembles urbains construits au cours des deux décennies précédentes.
L’expertise chrétienne sur la ville à la fin des Trente Glorieuses
Constats
4Au cours des Trente Glorieuses, les réseaux chrétiens ont donc contribué à la reconnaissance d’une société urbaine alors en plein développement et surtout en pleine mutation. La politique des grands ensembles menée de manière intensive entre 1955 et 1965 a très vite généré une nouvelle approche concernant les modes de relations sociales. Dès les premières édifications, des voix se sont élevées pour réclamer une véritable politique d’accompagnement social liée à l’installation de nouveaux résidents dans un milieu urbain dénué de tout enracinement. De ce point de vue, les travaux dirigés par Paul-Henry Chombart de Lauwe sur la région parisienne ont mis l’accent sur la nécessité d’une telle politique. Pour le sociologue, un certain nombre des nouveaux ménages qui s’installent dans les grands ensembles subissent des phénomènes de déculturation. Or ce n’est pas à l’homme à s’adapter aux villes nouvelles, mais bien aux aménageurs de faire des villes pour les hommes :
- 4 Cité par Éric Le Breton, Pour une critique de la ville. La sociologie urbaine française (1950-1980)(...)
Le vrai problème est celui de créer des villes qui s’adaptent à la société nouvelle et à l’homme nouveau qui se dessinent […]. La démarche d’esprit commune aux urbanistes et aux sociologues consiste à penser les hommes dans l’espace et à rechercher pour eux les moyens de s’approprier l’espace4.
- 5 Hélène Hatzfeld, Faire de la politique autrement. Les expériences inachevées des années 1970, Press (...)
5La construction ne peut donc se suffire à elle-même. Il faut l’accompagner par une politique sociale. L’apport des experts issus de la mouvance chrétienne s’avère déterminante. Cela s’explique par le fait qu’au cours des années 1960, au bénéfice de la déconfessionnalisation, la majorité d’entre eux a accepté le principe d’une alliance avec l’État afin de contribuer au traitement de la question sociale5. On voit alors se former une coalition entre différentes tendances catholiques venues en partie de l’Action catholique ouvrière (ACO) via le Mouvement de libération du peuple, des responsables syndicaux, principalement issus des rangs de la CFDT, des militants de la démocratie locale présents surtout à l’ADELS. L’importance de la mobilisation est surtout vraie entre 1962, date du concile Vatican II, et Mai 68.
6Dès lors, la direction de la Construction du ministère de l’Équipement va mettre en place une politique consistant à aider au sein des grands ensembles le développement de communautés d’habitants. Dès 1960, un décret ministériel officialisant le principe des mètres carrés sociaux consiste à réserver une partie des nouvelles constructions à un usage social. C’est le cas des locaux collectifs résidentiels. Ces équipements doivent permettre aux nouveaux habitants de se rencontrer et le cas échéant, d’organiser des actions communes. Celles-ci, progressivement, devront amener à l’affirmation de communautés d’habitants regroupés au sein des quartiers. On peut donc considérer que l’expertise urbaine des réseaux catholiques a eu une influence certaine sur l’affirmation d’une sociabilité propre au nouveau cadre urbain de la période des Trente Glorieuses. On note toutefois à la fin des années 1960 une évolution très nette dans les analyses provenant de l’expertise, qu’elle soit d’origine chrétienne ou non. Il s’agit de mettre en avant les lacunes, voir les faillites de la politique urbaine qui est menée, en particulier sur le registre de la ségrégation que ce type d’habitat générerait. Les relectures de Mai 68 dans le domaine urbain sont également l’occasion pour des mouvements nés dans le sillage chrétien de participer à cette expertise sur les lacunes de la société urbaine. C’est le cas de l’ADELS.
L’exemple de l’ADELS : une forme d’expertise revendicative
- 6 Témoignage de Georges Gontcharoff lors du séminaire sur les cinquante ans de l’ADELS, séance du 11 (...)
7En 1959, un petit groupe d’élus locaux créé à l’initiative de Roger Beaunez un mouvement destiné à soutenir les initiatives citoyennes locales. Constituée à l’initiative de l’Union de la Gauche Socialiste, l’ADELS s’inspire aussi des idées du Mouvement de Libération du Peuple (issu lui-même du Mouvement Populaire des Familles) ainsi que de celles développées par la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. L’ADELS se forge en réalité dans le creuset d’un militantisme chrétien de gauche, proche de la CFTC. Roger Beaunez est lui-même issu de la JOC. Militant à Asnières à partir de 1937, il a été président de la fédération jociste de Paris-Nord. Après la Seconde Guerre mondiale, il milite au Mouvement de Libération du Peuple et devient membre du comité directeur. Comme d’autres chrétiens, il s’engage contre la guerre d’Algérie. À l’origine, l’ADELS est présentée comme « une plate-forme des forces vives d’expression populaire », visant à donner aux militants « des outils de travail pratiques pour conduire une action politique ou sociale à l’échelon communal ». Sa création répond aussi à une volonté « de former les animateurs locaux aux problèmes relevant des collectivités de base6 ». Tout au long des années 1960, par son expertise, l’ADELS conforte l’idée de soutenir les efforts en faveur de la reconnaissance pleine et entière des communautés d’habitants. Pour cela, les pouvoirs publics devront mettre en place les outils nécessaires à la reconnaissance de la démocratie locale. Avec les enquêtes de Chombart de Lauwe et les travaux diffusés par la Fondation pour la recherche sociale (FORS) dont nous reparlerons, l’ADELS constitue bel et bien un courant de l’expertise chrétienne qui influe sur les débats concernant le devenir des politiques urbaines. Si l’enjeu de la démocratie locale défendu par l’ADELS tend à s’imposer comme un thème majeur, celui sur les processus ségrégatifs à l’œuvre dans un certain nombre de grands ensembles s’avère également de plus en plus déterminant, en particulier au cours de la seconde partie des années 1960.
Le débat sur la ségrégation sociale
- 7 Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau, Ministère de l’Équipement et du Logement, Dire (...)
- 8 La Société centrale immobilière de construction (SCIC) qui dépend de la Caisse des dépôts avait, à (...)
- 9 Albin Chalandon, « Discours à l’Assemblée nationale », Journal officiel, « Débats parlementaires », (...)
- 10 C’est le cas notamment du PSU dont un certain nombre de militants comme Georges Gontcharoff milite (...)
8Des études commandées par la direction de la Construction au cours des années 1960 avaient conclu, en particulier en région parisienne, à l’existence de processus ségrégatifs à l’œuvre au sein de cités populaires. Celle des Canibouts à Nanterre où vivent, selon le recensement de 1962, à peu près 20 % de familles d’origine étrangère, révèle une dégradation des relations entre locataires lorsque ces derniers sont, dans une assez large proportion, d’origine étrangère, « notamment les Nord-Africains7 ». Ce constat avéré met quelque peu à mal la conviction des réseaux militants ainsi que des experts de fonder des communautés d’habitants susceptibles de prendre part à la gestion de leur cadre de vie quotidien comme cela avait été tenté à Sarcelles8. En outre, le débat qui est lancé en 1968 par le ministre de l’Équipement et du Logement Albin Chalandon au sujet de la véritable vocation sociale des HLM contribue également à relancer le débat sur la ségrégation sociale au sein du logement qui reçoit des aides publiques de l’État. Selon le ministre, le système HLM est « inadapté à sa vocation traditionnelle » et doit donc être réformé au moyen d’une révision globale des aides publiques allouées aux secteurs du logement social9. Si le constat peut être entendu par la plupart des experts qui traitent de ces questions, en revanche, certains dénoncent également les dérives d’un système qui enferme de plus en plus les catégories sociales parmi les plus modestes au sein de territoires spécifiques10. Comme cela a été dit, l’expertise urbaine chrétienne des Trente Glorieuses est plurielle. Elle ne se situe plus exclusivement dans les mouvements spécialisés de l’Action catholique mais a étendu son influence en raison des processus de déconfessionnalisation qui s’imposent tout au long des Trente Glorieuses. C’est le cas de la CFDT née de la scission au sein de la CFTC en 1964. Fort ses racines chrétiennes, la nouvelle centrale chrétienne entend à sa manière donner son expertise concernant les conséquences sociales des politiques urbaines qui sont menées.
- 11 Archives confédérales de la CFDT, Union départementale du Rhône, « Réflexion sur une politique de l (...)
9Les études menées par l’Union départementale du Rhône fournissent de ce point de vue des éléments intéressants. Ce qu’elle dénonce, c’est la politique de ségrégation sociale qui serait sciemment menée par l’État à l’encontre des catégories modestes. Dans un document de 1971 intitulé « Réflexion sur une politique de logement HLM », la CFDT du Rhône rappelle que le système des ZUP constitue de plus en plus pour certaines catégories sociales des « ghettos », du fait que selon la Direction régionale de l’Équipement elle-même, l’Ouest lyonnais est de plus en plus réservé aux cadres et professions libérales, tandis que les ouvriers et employés sont rejetés à l’est de l’agglomération. Comme le démontre l’étude cédétiste, dans les zones urbanisées entre 1960 et 1968, l’Ouest lyonnais a aménagé 21 % des habitations et 9,6 % des industries de l’agglomération, l’Est lyonnais, quant à lui, a aménagé 45 % des habitations et 79,7 % des industries de l’agglomération11. Nous sommes donc effectivement loin de l’espoir porté par certains militants chrétiens de faire des nouveaux ensembles urbains des laboratoires d’expérimentation sociale. Dans le cas présent, l’expertise chrétienne, ou du moins, fidèle aux engagements portés par la doctrine chrétienne, vaut aussi pour son caractère d’anticipation au regard des évolutions sociales et urbaines que connaitra au cours de la décennie 1970 l’est de la région lyonnaise. Sans doute est-ce pour ces différentes raisons exposées au cours de cette première partie que l’on peut affirmer que l’expertise chrétienne a joué un rôle très important dans la définition du premier programme en faveur de la réhabilitation des grands ensembles.
La contribution à la définition de la procédure Habitat et vie sociale
Un moment opportun pour l’expertise chrétienne
- 12 Gérard Chevalier, Sociologie critique de la Politique de la ville. Une action publique sous influen (...)
- 13 Christian Topalov (dir.), Laboratoires du nouveau siècle. La nébuleuse réformatrice et ses réseaux (...)
10Si l’on suit l’analyse de Gérard Chevalier, Mai 68 a eu un réel impact sur la manière dont on pense alors l’action publique. Selon lui, « c’est tout le système de pensée technocratique qui commençait à se lézarder12 ». Le domaine des politiques urbaines n’échappe pas à la règle. Les cadres de pensée et d’action du ministère de l’Équipement et du Logement sont jugés trop rigides et trop contraignants pour appréhender comme il le faudrait les bouleversements que la France est en train de vivre. Beaucoup d’experts remettent aussi en cause une vision trop productiviste de l’urbain. En conséquence, on assiste donc au début des années 1970 à une sorte de coalition modernisatrice qui n’est pas sans rappeler la « nébuleuse réformatrice » bien analysée par Christian Topalov13. Les acteurs de cette nouvelle ambition réformatrice peuvent être identifiés en trois groupes. Tout d’abord, au sein du ministère de l’Équipement, un certain nombre de hauts fonctionnaires qui, héritiers de la génération du ministère de la Construction et de l’urbanisme, pressentent un changement d’échelle concernant l’appréhension des enjeux urbains. C’est le cas en particulier du directeur de la Construction nommé en 1969, Robert Lion. Lui-même issu du scoutisme, il se montre particulièrement soucieux de replacer le cadre de son action dans une perspective plus réflexive. Auditionné par la Commission des villes dans le cadre de la préparation du VIe Plan, il s’interroge :
- 14 Archives nationales, Commissariat général au Plan, dossier « VIe Plan-Construction », réunion de la (...)
Quelle civilisation façonnons-nous avec les logements que nous construisons ? Il est heureux que la Commission s’interroge sur ce point, car le promoteur qui veut vendre ne se pose pas ces questions. Les logements construits ne doivent pas être en contradiction avec les exigences des hommes dans 20 ou 30 ans14.
- 15 Thibault Tellier, « Donner une âme aux cités nouvelles », Histoire urbaine, 2008, n° 23, p. 119-128
11Cela renvoie en quelque sorte au message de ceux qui souhaitaient au cours des années 1960 « donner une âme aux cités nouvelles15 ». Le second groupe est composé par des élus politiques qui se retrouvent dans le projet de la Nouvelle société porté par le Premier Ministre Jacques Chaban-Delmas. C’est le cas d’Albin Chalandon, en charge de l’Équipement et du Logement de 1968 à 1972. Enfin, le dernier groupe se compose justement des milieux de l’expertise urbaine qui, dans un souci d’efficacité et de compromis, acceptent de participer à la réforme de la société avec les représentants de l’appareil d’État. C’est en particulier la Fondation pour la recherche sociale (FORS) qui va assurer le relais entre les milieux de l’expertise urbaine et les milieux ministériels chargés au début des années 1970 de préparer le premier programme d’action en faveur de la réhabilitation des grands ensembles.
Le rôle central de la Fondation pour la recherche sociale
12La Fondation pour la Recherche Sociale est un bureau d’études sociologiques qui travaille en grande partie sur les problématiques urbaines. Au cours des années 1960, sa revue Recherche sociale a publié plusieurs numéros consacrés à la vie sociale dans les nouveaux ensembles, en particulier en région parisienne. La FORS appartient aux réseaux qui puisent leur inspiration au sein du catholicisme social. Sa présence au 14 rue Saint Benoit à Paris aux côtés d’autres organismes de la même mouvance comme Culture et Promotion confirme cette proximité tant géographique qu’intellectuelle. La personnalité du président de la FORS atteste quant à elle de la minceur qui existe entre certains milieux de l’expertise urbaine et l’engagement militant.
13La Fondation pour la Recherche Sociale est un bureau d’études sociologiques qui travaille en grande partie sur les problématiques urbaines. Au cours des années 1960, sa revue Recherche sociale a publié plusieurs numéros consacrés à la vie sociale dans les nouveaux ensembles, en particulier en région parisienne. La FORS appartient aux réseaux qui puisent leur inspiration au sein du catholicisme social. Sa présence au 14 rue Saint Benoit à Paris aux côtés d’autres organismes de la même mouvance comme Culture et Promotion confirme cette proximité tant géographique qu’intellectuelle. La personnalité du président de la FORS atteste quant à elle de la minceur qui existe entre certains milieux de l’expertise urbaine et l’engagement militant.
- 16 Entretien de l’auteur avec Henri Théry, 25 juin 2008.
14Ancien secrétaire fédéral de la Jeunesse Étudiantes Chrétienne (JEC), Henri Théry a été responsable durant la guerre des Cahiers du Témoignage Chrétien pour la région Aix-Marseille. En 1945, il devient journaliste au sein de Témoignage Chrétien ainsi qu’à La Provence. Il poursuit son engagement militant au lendemain même de la Seconde Guerre mondiale en s’engageant aux côtés du Mouvement Populaire des Familles à Marseille16. Monté à Paris, il partage sa vie professionnelle entre le Centre de recherches économiques et sociales (qui deviendra FORS) et Culture et Promotion qui assure des formations pour adultes. C’est dans ce cadre qu’André Trintignac de la direction de la Construction l’associe à la création du Centre de recherches sur les problèmes de l’habitat (CEDER) en 1956-1957. C’est par ce biais que la FORS s’est imposée comme un partenaire régulier de la direction de la Construction. Cette collaboration va connaître une nouvelle étape avec le lancement des séminaires Habitat et vie sociale.
Un nouvel espace de mobilisation pour l’expertise urbaine
- 17 Entretien de l’auteur avec Bernard Poupard, 21 juillet 2007.
- 18 Entretien de l’auteur avec Pierre Saragoussi, 3 mars 2009. Le mouvement Culture et Promotion a été (...)
15Robert Lion, directeur de la Construction, et René Lenoir, directeur de l’Action sociale au ministère des Affaires sociales, partagent la même conviction : beaucoup de grands ensembles connaissent des difficultés du fait d’un déficit chronique en matière de vie sociale. Il convient donc de favoriser le développement de la vie sociale afin de permettre la mise en place, à plus ou moins court terme, de véritables communautés d’habitants. Des opérations ponctuelles de réhabilitation du cadre bâti seront aussi menées afin d’améliorer le cadre de vie des résidents. Afin de formaliser l’engagement de l’État, des séminaires régionaux intitulés « Habitat et vie sociale » (HVS) seront menés au cours de l’année 1972 afin de recueillir l’avis de toutes les parties qui sont concernées par ces questions. L’animation en est confiée à la FORS, Robert Lion comme René Lenoir venant eux-mêmes des cercles catholiques réformistes. Deux jeunes sociologues sont choisis pour animer ce qui deviendra bientôt la genèse de la politique de la ville. Il s’agit de Bernard Poupard et de Pierre Saragoussi. Ordonné prêtre en 1964, Bernard Poupard a suivi des études de philosophie à la Sorbonne, notamment les cours de Paul Ricœur. Il est revenu en France après que les Bénédictins eurent été chassés du Maroc. Il est alors embauché à la Fondation de la Recherche Sociale car Henri Théry souhaite y créer un secteur de sociologie urbaine17. Quant à Pierre Saragoussi, après avoir milité aux scouts catholiques, il a été repéré par Paul Rendu, ancien commissaire national de la Route des Scouts de France de 1954 à 1957 et sociologue. Directeur de recherches au CNRS, il succède à ce titre à Paul-Henri Chombart de Lauwe à la tête du Centre d’études des groupes sociaux qu’il transforme en 1966 en Centre de sociologie urbaine (CSU). En 1972, Pierre Saragoussi est formateur à Culture et Promotion18.
- 19 Entretien de l’auteur avec Pierre Saragoussi, 3 mars 2009. L’ancien membre de Culture et Promotion (...)
- 20 Dès 1945, Raoul Dautry, ministre en charge de la Reconstruction, confie à Économie et Humanisme des (...)
16Le choix de la FORS comme organisateur des séminaires HVS est en fait un choix logique. Comme le souligne Pierre Saragoussi, elle présentait un triple avantage : d’une part, son orientation intellectuelle n’était pas considérée comme une machine de guerre contre le gouvernement contrairement à d’autres offices sociologiques de l’époque ; d’autre part, elle était en capacité d’articuler le niveau de réflexion avec ceux de l’animation et de la publication ; enfin, le choix de passer par un réseau associatif permettait d’éviter la critique selon laquelle l’administration centrale était la seule à la manœuvre19. Dès lors, l’empreinte de l’expertise urbaine appartenant au monde catholique va se faire sentir sur la construction de ce qui est appelée à devenir par la suite une politique publique à part entière. Il s’agit surtout de favoriser une fois encore l’instauration de véritables communautés d’habitants grâce à une participation effective de ces derniers à l’amélioration de leur cadre de vie. Pour cela, l’idée de participation est de ce point de vue centrale. Elle est d’ailleurs complémentaire de la notion de développement que Recherche sociale définit ainsi dans un numéro publié en 1970 : « un processus de valorisation humaine des personnes et des sociétés qui, à travers l’amélioration des conditions matérielles d’existence, permet un épanouissement de l’être individuel et social. Processus d’accomplissement humain intégral, il est une avancée progressive vers une meilleure humanité ». Cette idée renvoie à la philosophie personnaliste d’Emmanuel Mounier ainsi qu’aux thèses développées après la Seconde Guerre mondiale par le Père Lebret au sein du mouvement Économie et Humanisme fondé en 1941 et pour lequel l’utopie communautaire doit être le fondement d’une reconquête chrétienne des sociétés modernes20.
- 21 Bernard Poupard, « Propos sur les séminaires "Habitat et vie sociale" », Rapport de synthèse du col (...)
17C’est précisément l’amélioration de la vie dans les grands ensembles qui constitue l’essentiel du colloque de synthèse Habitat et vie sociale qui se tient à Dourdan en février 1973. Pour décrire la situation telle qu’elle se présente, Bernard Poupard n’hésite d’ailleurs pas à faire référence directement aux Évangiles. Paraphrasant le Livre de la Genèse, il affirme que jusqu’à maintenant, la plupart du temps, l’habitant du grand ensemble « n’a plus qu’à accepter une sorte de pêché originel de la construction et à s’en prendre au vieux serpent21 ». Pour le directeur de la construction Robert Lion, la question de la participation des usagers est aussi essentielle : « La place et le rôle des usagers dans la gestion de leur cadre de vie constitue aujourd’hui un des problèmes essentiels du logement, un problème beaucoup plus important sans doute que les objectifs quantitatifs de la construction ». Une idée force se dégage en effet des travaux : l’habitant doit occuper la place centrale dans les programmes. La procédure peut dès lors entrer dans sa phase de mise en œuvre.
- 22 Revue Habitat et vie sociale, n° 3, mars-avril 1974, p. 57.
- 23 René Carême, Combats d’un militant, Paris, Éditions ouvrières, 1977, p. 148.
- 24 Archives administratives de la Ville de Grande-Synthe, Parti socialiste, « Bilan de gestion municip (...)
18Jusqu’à son institutionnalisation en 1977, la procédure Habitat et vie sociale conduit de pair la mise en chantier d’opérations locales de réhabilitation ainsi que la réflexion sur les conditions optimales de vie dans les ensembles urbains. À cet effet, un certain nombre de clubs Habitat et vie sociale se créent, en particulier dans la région parisienne. C’est l’occasion d’organiser des conférences comme celle organisée en 1974 sur le thème « L’homme dans la cité : son accueil et son insertion pour une participation au développement de la vie sociale22 ». Mais très vite, les cadres de pensée fixés en partie par les courants humanistes qui gravitent autour du ministère de l’Équipement s’avèrent dépassés par deux phénomènes concomitants du point de vue chronologique : la modification du peuplement des grands ensembles en faveur des populations immigrées d’une part ; l’entrée de la France dans la crise ainsi que l’augmentation de la précarité qui s’en suit d’autre part. La montée des violences urbaines dans l’Est lyonnais à la fin des années 1970 atteste du fait que l’humanisation du béton prônée par un courant de l’expertise urbaine semble en passe d’être dépassée. D’ailleurs, certains élus locaux entendent dépasser ce stade en prônant la destruction pure et simple des zones les plus affectées par les phénomènes de violences et de ségrégation sociale. C’est le cas notamment de Charles Hernu pour la cité Olivier-de-Serres à Villeurbanne. On peut alors considérer que cette nouvelle situation sociale ainsi que la neutralisation de la procédure Habitat et vie sociale au sein d’un fonds de gestion qui est commun à d’autres procédures du même type marque un premier coup d’arrêt à l’influence des idées produites depuis les années 1960 dans le registre de l’humanisation des cités d’habitat social. Il demeure néanmoins quelques expériences locales portées par des élus qui mettent en avant le caractère militant de leur démarche. Certains n’hésitent pas à mentionner leur engagement au sein de mouvements chrétiens. C’est le cas de Grande-Synthe près de Dunkerque. En 1977, le maire René Carême publie aux Éditions ouvrières un ouvrage intitulé Combats d’un militant. Militant de la JOC dès 15 ans puis permanent du mouvement dans l’est de la France, il contribue après la guerre à implanter la CFTC dans la sidérurgie de l’Est puis participe à la création de la CFDT. Il sera notamment le responsable national de la Fédération de la métallurgie. Dans le sillage d’Usinor, il s’installe à Grande-Synthe au sein même de la ZUP. De son point de vue, les luttes urbaines sont complémentaires des luttes sociales menées dans les usines : « Je crois que la principale tâche aujourd’hui est de rendre effectivement le pouvoir au peuple ; en tout cas, c’est le sens de mon combat à la ville comme à l’usine23 ». Au cours de sa campagne électorale de 1971, il affiche sa volonté de faire de Grande-Synthe non « une ville-dortoir sous équipée, inanimée » mais au contraire, une « ville vivante » et non une cité-dortoir24. Par ailleurs, l’esprit Habitat et vie sociale semble devoir se poursuivre à l’Union nationale des HLM où Robert Lion est devenu délégué général en 1974. Pierre Saragoussi à nouveau, ainsi que Gilles Renaudin, prêtre de la paroisse Saint-Hippolyte entre 1970 et 1981, sont chargés de mettre en place un secteur « Relations avec les usagers » qui doit permettre le rapprochement des points de vue entre les usagers et les organismes HLM. La personnalité de Gilles Renaudin est également à signaler à double titre : d’une part, il appartient directement à l’Église ; d’autre part, il officie dans un secteur de la capitale très engagé dans les luttes urbaines des années 1970. Il faudra toutefois attendre l’alternance politique de 1981 et la création de la Commission nationale du développement social des quartiers dans les mois qui suivent pour retrouver un programme de travail qui soit semblable dans l’esprit de ce qu’avait été la procédure Habitat et vie sociale à ses débuts.
Conclusion : l’épuisement d’une forme de mobilisation ?
- 25 Entretien de l’auteur avec Robert Lion, 7 juillet 2007.
- 26 Loïc Vadelorge, La création des villes nouvelles. Contribution à l’histoire urbaine du second xxe s (...)
19L’histoire de la politique de la ville doit donc être resituée dans sa complexité intellectuelle. Il n’est en effet guère envisageable de l’analyser du seul point de vue administratif. Son registre d’intervention invite au contraire à s’interroger sur les ressorts qui ont présidé à sa création. À n’en pas douter, l’expertise issue des réseaux chrétiens a joué un grand rôle dans la définition de la politique de la ville. Un certain nombre de militants issus des courants chrétiens sociaux s’est engagé en faveur d’une meilleure prise en compte des enjeux sociaux de la ville des Trente Glorieuses. Selon Robert Lion, des personnes comme Guy Houist, André Trintignac, Henri Théry, portaient l’idée selon laquelle, en vertu de leur identité de chrétiens culpabilisés, ils se devaient de « faire le bien25 ». On peut d’ailleurs considérer que l’influence des idées de l’expertise chrétienne a largement dépassé le cadre des grands ensembles. On les retrouve par exemple au sein des commissions du Plan, ainsi que dans certains organismes comme le District parisien et l’Institut d’aménagement urbain de la région parisienne26.
- 27 Louis Houdeville, Pour une civilisation de l’Habitat, Paris, Éditions Économie et humanisme – Éditi (...)
- 28 Habitat et vie sociale, 1973, n° 1. D’autres exemples suivront comme les programmes de développemen (...)
20L’idée première est que les nouvelles formes urbaines ne pourront réussir que si l’on est en capacité d’y implanter de véritables communautés d’habitants. Pour cela, il est nécessaire de donner à ces derniers de véritables moyens pour faire vivre la participation. Dans son ouvrage intitulé Pour une civilisation de l’Habitat, publié en 1969 et préfacé par Pierre Mendès-France, Louis Houdeville, militant chrétien, membre de la Commission de l’habitat de la CFDT, en appelle à la fondation rapide d’une nouvelle politique en matière d’habitat et de logement. Parmi les prérequis exigés pour y parvenir, figure au premier plan l’enjeu de la participation des citoyens à la politique de l’habitat qu’il appelle de ses vœux. De son point de vue, cette civilisation de l’habitat ne sera pas le fruit de la relecture des politiques urbaines : « elle sera d’abord l’illustration d’un nouveau style de vie reposant sur la participation démocratique des citoyens à la définition de cette politique, à la gestion effective des réalisations qui en découleront, ce qui nécessite, en même temps qu’une éducation permanente des citoyens, une information systématique et intelligible27 ». Parmi les buts affichés par Habitat et vie sociale à ses débuts figure ce projet de civilisation urbaine. Les habitants apparaissent alors comme les promoteurs les plus identifiés par les pouvoirs publics pour y parvenir. On peut donc affirmer qu’il y a eu au cours des années 1970 une convergence de vues entre les pouvoirs publics et certains réseaux militants sur cet enjeu fondamental pour l’avenir des cités populaires en France. L’approche communautaire mise en avant par le Père Lebret et d’autres experts fait d’ailleurs figure de référence pour les animateurs ministériels de la procédure Habitat et vie sociale. Dès le premier numéro de la revue éponyme, un article d’André Trintignac est consacré au développement communautaire en Grande-Bretagne28. De son point de vue, elle offre effectivement un « champ d’expériences considérable » en matière de développement communautaire en milieu urbain.
- 29 Vincent Soulage, « L’engagement politique des chrétiens de gauche, entre Parti socialiste, Deuxième (...)
21Toutefois, on constate qu’au cours de la seconde moitié des années 1970, la procédure HVS perd de son originalité. À ceci, deux raisons essentielles : d’une part, son institutionnalisation au sein du Fonds d’aménagement urbain tend à lui faire perdre son originalité ; d’autre part, la montée en puissance de nouvelles problématiques telles que l’exclusion et le racisme rendent le débat sur certains thèmes comme la participation plus difficile. En conséquence, l’influence des réseaux d’expertise tend quelque peu à se réorienter également vers d’autres réflexions. Il n’en reste pas moins que l’installation de la Commission nationale du Développement social des quartiers en 1982 relance en quelque sorte le caractère militant de la démarche. On peut y voir d’ailleurs, étant donné l’engagement des acteurs qui y sont impliqués, une conséquence indirecte du rapprochement opéré entre chrétiens et socialistes en 197429.
- 30 Sylvie Tissot, L’État et les quartiers. Genèse d’une catégorie de l’action publique, Paris, Seuil, (...)
22L’invention de la politique de la ville ne marque donc pas la fin de l’expertise urbaine issue des réseaux chrétiens. Elle en constitue au contraire l’une des matrices principales. Afin d’en mesurer l’évolution, il faut pour cela analyser la propre évolution de la politique de la ville, en particulier le moment où l’on est passé du registre militant à celui de la professionnalisation30. On peut alors considérer que l’expertise urbaine tend elle aussi à perdre son caractère militant et à se transformer progressivement en une sorte d’assistance à maîtrise d’ouvrage auprès des opérateurs de la politique de la ville. L’engagement de celle-ci dans des programmes qui vont de plus en plus privilégier l’option démolition-reconstruction achève cette transformation. On relève toutefois encore quelques traces de cette histoire de l’expertise urbaine issue du monde chrétien au début des années 1990. À la demande de la Délégation interministérielle à la ville, la revue Esprit organise des « Entretiens de la ville » en 1990. On y relève des contributions sur le thème de la ville et de la démocratie, notamment celle de Paul Thibaud. Par la suite, la revue fondée par Emmanuel Mounier continuera à s’intéresser à l’idée de pouvoir définir les conditions optimales à l’établissement d’une réelle citoyenneté urbaine. Le débat actuel sur la possibilité de définir une forme d’empowerment à la française dans les quartiers inscrits en politique de la ville n’est d’ailleurs pas sans rappeler les idées diffusées dans les milieux de l’expertise d’inspiration chrétienne sur l’avenir de la société urbaine des Trente Glorieuses.
Notes
1 Lui-même étant issu de l’Action catholique ouvrière (ACO).
2 Le mouvement changera plusieurs fois d’appellation. En 1960, il devient l’Association démocratique des élus locaux et municipaux ; en 1961 : l’Association démocratique des élus et animateurs de la vie locale et sociale et enfin en 1963 : l’Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale.
3 Il sera notamment, à sa création en 1970, le secrétaire général du Groupe interministériel permanent pour la résorption de l’habitat insalubre.
4 Cité par Éric Le Breton, Pour une critique de la ville. La sociologie urbaine française (1950-1980), Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 216.
5 Hélène Hatzfeld, Faire de la politique autrement. Les expériences inachevées des années 1970, Presses universitaires de Rennes/ADELS, 2005.
6 Témoignage de Georges Gontcharoff lors du séminaire sur les cinquante ans de l’ADELS, séance du 11 décembre 2008 sur les origines du Mouvement.
7 Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau, Ministère de l’Équipement et du Logement, Direction de la Construction, Service de l’Habitation, « Les facteurs de développement de la vie sociale dans les nouveaux ensembles nouveaux d’habitation », rapport de synthèse de l’étude réalisée pour le ministère de l’Équipement et du Logement par le Centre d’études des équipements résidentiels, 1969-1971, 19790094/25.
8 La Société centrale immobilière de construction (SCIC) qui dépend de la Caisse des dépôts avait, à partir de 1965, mis en place des conseils de résidents. Composés de membres élus parmi les résidents, ces derniers avaient pour mission de participer à la gestion des équipements collectifs. Cette idée, dont le directeur général de la Caisse des dépôts François Bloch-Lainé fut à l’origine, n’eut toutefois qu’un impact restreint.
9 Albin Chalandon, « Discours à l’Assemblée nationale », Journal officiel, « Débats parlementaires », 1ère séance du 14 novembre 1969, p. 3754.
10 C’est le cas notamment du PSU dont un certain nombre de militants comme Georges Gontcharoff milite au sein de l’ADELS également.
11 Archives confédérales de la CFDT, Union départementale du Rhône, « Réflexion sur une politique de logement HLM », 8 H 1445.
12 Gérard Chevalier, Sociologie critique de la Politique de la ville. Une action publique sous influence, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 74.
13 Christian Topalov (dir.), Laboratoires du nouveau siècle. La nébuleuse réformatrice et ses réseaux en France, 1880-1914, Paris, EHESS, 1999.
14 Archives nationales, Commissariat général au Plan, dossier « VIe Plan-Construction », réunion de la Commission des villes, 27 octobre 1969, 5 AG2/1133.
15 Thibault Tellier, « Donner une âme aux cités nouvelles », Histoire urbaine, 2008, n° 23, p. 119-128.
16 Entretien de l’auteur avec Henri Théry, 25 juin 2008.
17 Entretien de l’auteur avec Bernard Poupard, 21 juillet 2007.
18 Entretien de l’auteur avec Pierre Saragoussi, 3 mars 2009. Le mouvement Culture et Promotion a été fondé en 1948 à l’initiative des Centres d’études et d’action sociale qui sont eux-mêmes issus des Secrétariats sociaux fondés à la fin du xixe siècle par des catholiques lyonnais soucieux de mettre en œuvre l’enseignement social de l’Église catholique.
19 Entretien de l’auteur avec Pierre Saragoussi, 3 mars 2009. L’ancien membre de Culture et Promotion souligne que le choix qui s’est porté sur la rue Saint Benoit n’a pas été du goût de tout le monde au sein du ministère de l’Équipement. Ce fut le cas par exemple d’Albert Mollet, en charge des Études, qui était, selon l’expression de Pierre Saragoussi, « un farouche laïcard ».
20 Dès 1945, Raoul Dautry, ministre en charge de la Reconstruction, confie à Économie et Humanisme des études sur l’état du logement dans quatre villes : Lyon, Saint-Étienne, Nantes et Marseille. Plusieurs publications du Père Lebret font état au cours des années 1950-1960 du modèle du Community development, en usage en particulier au sein du Commonwealth comme modèle de développement social.
21 Bernard Poupard, « Propos sur les séminaires "Habitat et vie sociale" », Rapport de synthèse du colloque de Dourdan, février 1973, p. 3.
22 Revue Habitat et vie sociale, n° 3, mars-avril 1974, p. 57.
23 René Carême, Combats d’un militant, Paris, Éditions ouvrières, 1977, p. 148.
24 Archives administratives de la Ville de Grande-Synthe, Parti socialiste, « Bilan de gestion municipale, Grande-Synthe. 1971-1977 », p. 5.
25 Entretien de l’auteur avec Robert Lion, 7 juillet 2007.
26 Loïc Vadelorge, La création des villes nouvelles. Contribution à l’histoire urbaine du second xxe siècle, dossier d’Habilitation à diriger des recherches préparé sous la direction d’Annie Fourcaut, Paris 1-Panthéon Sorbonne, septembre 2008, vol. 2, p. 133.
27 Louis Houdeville, Pour une civilisation de l’Habitat, Paris, Éditions Économie et humanisme – Éditions ouvrières, 1969, p. 392.
28 Habitat et vie sociale, 1973, n° 1. D’autres exemples suivront comme les programmes de développement social au sein du logement aidé en Scandinavie.
29 Vincent Soulage, « L’engagement politique des chrétiens de gauche, entre Parti socialiste, Deuxième gauche et gauchisme », dans Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel (dir.), À la gauche du Christ, Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours, Paris, Seuil, 2012, p. 438.
30 Sylvie Tissot, L’État et les quartiers. Genèse d’une catégorie de l’action publique, Paris, Seuil, 2007, p. 239.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Thibault Tellier, « L’invention de la politique de la ville en France », Chrétiens et sociétés, 21 | -1, 33-49.
Référence électronique
Thibault Tellier, « L’invention de la politique de la ville en France », Chrétiens et sociétés [En ligne], 21 | 2014, mis en ligne le 09 juin 2022, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/3666 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.3666
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