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Un chemin de Damas ? Le Parti socialiste et les chrétiens dans les années 1970

Ismail Ferhat
p. 165-184

Résumés

Durant la plus grande partie du XXème siècle, les socialistes français ont fait du militantisme laïque un pilier de l’identité. De ce fait, ils ont été conduits à une certaine réserve vis-à-vis des « chrétiens de gauche », un petit groupe issu de la communauté catholique à partir des années 1950. Lors de la montée du Parti socialiste dans les années 1970, la question de leur arrivée au sein de cette organisation a suscité débats et conflits. Alors que le PS se présentait comme un parti désormais capable de faire coexister toutes les sensibilités, les chrétiens de gauche y ont souvent rencontré une certaine réticence, allant de l’ironie à l’hostilité ouverte.

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Texte intégral

Les « chrétiens de gauche » : une catégorie historique, hétérogène et militante ?

1Malgré une utilisation importante dans l’espace public – ou peut-être de ce fait – la notion de « chrétiens de gauche » regroupe des significations différentes, parfois mâtinées de considérations polémiques. En effet, derrière une appellation se voulant unificatrice, cette catégorie est profondément hétérogène, d’autant qu’elle est souvent lue au prisme de groupes minoritaires, en rupture avec la sociabilité catholique traditionnelle ou des forces politiques ayant la faveur d’une majorité des catholiques, particulièrement le centre et la droite modérée. Le Parti socialiste lui-même ne se faisait pas d’illusion sur la représentativité de cette catégorie structurellement minoritaire, comme le note en 1972 sa revue, L’Unité :

  • 1 L’Unité, « Jésus avec Marx », n° 5, 25 février 1972.

Qui veut comprendre le catholique de gauche, et plus encore le catholique d’extrême-gauche, le catholique révolutionnaire, doit d’abord se souvenir de ceci : le catholique de gauche n’est pas de la famille, c’est un bâtard (ceci – faut-il le préciser ? – étant écrit sans aucune intention péjorative). La gauche n’est pas sa famille d’origine. Ce n’est pas non plus sa tradition1.

  • 2 Michel Bige, « Des protestants protestataires », L’Unité, n° 39, 17 novembre 1972. Sur ce trait bio (...)
  • 3 Jean-François Kesler, De la gauche dissidente au nouveau parti socialiste, Toulouse, Privat, 1990.

2Cette approche, qui privilégie les militants, les cercles ou les sensibilités catholiques de gauche, écarte de plus une autre catégorie de « chrétiens de gauche », à savoir les protestants progressistes. Or, ceux-ci constituent depuis le xixe siècle une catégorie récurrente de la gauche non-communiste (dont on peut citer des personnalités comme Ferdinand Buisson, André Philip, Michel Rocard, Pierre Joxe, Louis Mexandeau, Lionel Jospin). Il est vrai que ce second groupe de « chrétiens de gauche » refuse le plus souvent toute étiquette confessionnelle sur le plan politique, ce qui pourrait en partie expliquer le très faible nombre d’études qui leur sont consacrées2. C’est d’ailleurs le plus souvent dans une situation de rupture ou de mise en minorité que le caractère « protestant » est mis en avant – ainsi pour André Philip après son départ de la SFIO ou Michel Rocard au sein du PS – par ceux-ci ou leurs adversaires. Enfin, la notion de « chrétiens de gauche » est en soi récente : elle renvoie aux mutations politiques initiées sous la IVe République et les débuts de la Ve, autour du rapprochement entre une partie des catholiques et le mouvement ouvrier (particulièrement au sein de la CFTC puis de la CFDT), l’anticolonialisme ou la question du tiers-monde3. Cette notion apparaît avec les organisations issues de la tradition de la Jeune République dans les années 1950 : Mouvement de Libération du Peuple (MLP) puis Union de la Gauche Socialiste (UGS), qu’on retrouve à l’origine du PSU. Plusieurs profils de chrétiens de gauche peuvent être distingués pour plus de clarté, selon un degré d’intensité du critère religieux, dans l’histoire de la gauche depuis le début du XXe siècle :

3Les chrétiens culturels : cette catégorie est la plus large et en même temps la plus floue. Elle regroupe les socialistes ou sympathisants qui ont été sociabilisés dans un cadre familial, géographique, culturel marqué par les valeurs chrétiennes, tout en ayant rompu avec toute forme de religiosité. Cette catégorie trouve son origine dans le socialisme jaurésien, qui combine position laïque et reconnaissance culturelle de l’importance du christianisme, par exemple par l’acceptation tacite du baptême des enfants. Des dirigeants socialistes comme Guy Mollet, Pierre Mauroy, Pierre Bérégovoy soulignent l’importance d’un parent (le plus souvent la mère) pratiquant, créant une proximité avec le christianisme. Si cette sensibilisation à la foi dans le cadre familial peut jouer un rôle, notamment dans un anticléricalisme atténué, elle ne se traduit pas par une référence au christianisme dans le militantisme.

  • 4 Robert Chapuis, militant JEC, cadre rocardien du PSU puis du PS, secrétaire d’Etat en 1988-1991), e (...)

4Les « chrétiens en rupture » : cette catégorie correspond à des militants qui ont été sociabilisés dans des organisations chrétiennes, particulièrement celles de jeunesse. Parmi celles-ci, on peut citer la Jeunesse étudiante chrétienne, la Jeunesse ouvrière chrétienne, les associations rurales et paroissiales, les institutions de jeunesse. C’est le cas pour François Mitterrand, marqué par un catholicisme conservateur, ou André Labarrère, sénateur-maire de Pau, monté à Paris dans le cadre de la JEC. Cette sociabilité de jeunesse est suivie d’une rupture ou d’un éloignement, qui rend cette catégorie peu différente de la catégorie précédente, sinon par une expérience militante non négligeable au sein de la sociabilité catholique ou protestante. L’UNEF constitue de ce point de vue un « sas » important pour ce groupe dans son évolution vers le socialisme, l’organisation étudiante irrigant à partir des années 1960 en adhérents et cadres la gauche non-communiste4.

  • 5 René Rémond, Les Crises du catholicisme dans les années trente, Paris, Le Seuil, 1996.
  • 6 Georges Gontcharoff, membre des Équipes enseignantes, cadre du PSU, président de l’association ADEL (...)

5Les « militants chrétiens » : cette catégorie regroupe des chrétiens s’affichant comme tels, voire participant ou ayant participé au-delà de leur jeunesse à des structures chrétiennes ou de réputation chrétienne (MRP, CFTC avant 1964, Comité catholique contre la faim et pour le développement, Témoignage chrétien, Esprit, Équipes enseignantes). Cette catégorie correspond le mieux à la notion de « chrétiens de gauche » telle qu’elle est le plus souvent utilisée et ne se limite pas seulement à la famille socialiste. On retrouve en effet la sensibilité très minoritaire, mais active, des catholiques compagnons de route du Parti communiste, illustrée dès les années 1930 par la revue Terre Nouvelle5, ou la branche la plus politique des prêtres-ouvriers dans les années 19506. De même, il existe une sensibilité chrétienne tout aussi minoritaire engagée à l’extrême gauche, entre autre sous l’influence du tiers-mondisme ou de Mai 68, au sein du PSU et de la CFDT.

Une rencontre entre socialistes et chrétiens ? Les enjeux multiples des années 1970

  • 7 Alain Bergounioux, Gérard Grunberg, L'Ambition et le remords. Les socialistes français et le pouvoi (...)
  • 8 Selon l’expression d’Hélène Hatzfeld, « Une révolution culturelle du Parti socialiste dans les anné (...)
  • 9 Henri Rey, Françoise Subileau, Les Militants socialistes à l'épreuve du pouvoir, Paris, Presses de (...)

6Les années allant du Congrès d’Épinay (qui voit l’arrivée de François Mitterrand à la tête du PS) à la victoire de la gauche aux élections de 1981 sont un moment spécifique et important pour le Parti socialiste. En effet, elles lancent ce que les auteurs Alain Bergounioux et Gérard Grunberg appellent le « cycle d’Epinay7 », qui correspond à la transformation du PS (devenu un parti minoritaire à gauche depuis 1945 et dans l’opposition depuis 1958) en parti de gouvernement représentant régulièrement la première force en termes de suffrages exprimés. Or, cette reconfiguration n’est pas seulement électorale et organisationnelle. Le PS des années 1970 connaît une véritable « révolution culturelle8 ». Celle-ci fait passer le socialisme français d’une culture laïque et ouvriériste9, au demeurant hostile aux militants chrétiens, à une sensibilité ouverte aux nouvelles influences (féminisme, régionalisme, nouveaux mouvements sociaux). De plus, le PS s’installe dans de nouvelles zones d’implantation électorale, les Pays de la Loire, la Bretagne, terres marquées par une tradition catholique en rapide mutation. Dans le même temps, le catholicisme français, marqué par le Concile Vatican II, connaissait des transformations et un pluralisme croissants. Le conflit de Lip en 1973, où dominaient des ouvriers chrétiens, voyait ainsi un soutien de prêtres locaux, certains participant même à l’aide aux grévistes.

  • 10 Claude Gault, « Porte ouverte sur le socialisme », L’Unité, n°16, 12 mai 1972.
  • 11 Voir la communication de l’archevêque de Bordeaux, Mgr Maziers, à la Conférence épiscopale français (...)

7De ce fait, les conditions paraissaient désormais réunies pour une rencontre entre socialistes et chrétiens, au-delà des clivages précédents. Le PS affirme qu’il a désormais une « porte ouverte » pour les militants issus du christianisme10. Du côté des militants catholiques, les transformations des années 1960, le Concile Vatican II et l’évolution de l’Église hexagonale constituent un terrain plus favorable aux engagements politiques nouveaux11. Et de fait, certains « chrétiens de gauche » rejoignent le PS, dans des événements qu’il met en avant (ainsi la rencontre « Chrétiens et socialisme » de 1972 ou les Assises du socialisme de 1974, qui voient l’arrivée de militants CFDT et PSU). Pourtant, à la fin des années 1970, lorsque s’engage le conflit entre rocardiens et mitterrandiens dans la perspective de la désignation du candidat à la future élection présidentielle, les attaques contre les « chrétiens de gauche » (ou du moins, certains militants perçus avant tout chrétiens) renaissent. Elles sont parfois plus indirectes, mettant en cause des caractéristiques « négatives » identifiées ou supposément liées à une forme de militantisme d’origine chrétienne. Dès lors, comment, dans un PS en voie de transformation et d’ouverture, se structure le dialogue avec les chrétiens ? Comment celui-ci tente-t-il, ou non, de surmonter des décennies d’éloignement entre gauche laïque et sociabilité catholique ?

Un état des lieux des rapports entre chrétiens et socialistes en 1971

Une famille socialiste globalement hostile aux chrétiens ?

  • 12 Mona Ozouf, « La presse ouvrière et l’école laïque en 1908 et 1909 », L’École de la France. Essais (...)
  • 13 Comme le relève Gilles Morin, « Les socialistes et la société française. Réseaux et milieu », Vingt (...)

8La SFIO, dès sa création en 1905, se situe dans le camp des laïques et des anticléricaux. Elle s’inscrit en effet dans le puissant courant anticlérical, voire antireligieux, qui parcourt la gauche française dès la seconde moitié du xixe siècle. Cette position a été fortement discutée au sein de la mouvance socialiste à la fin de ce siècle. En effet pour une partie de celle-ci, le rapprochement entre socialistes et laïques était présenté comme une division artificielle au sein de la classe ouvrière, dont une partie est catholique, ainsi qu’une alliance contre-nature avec des forces républicaines bourgeoises12. Néanmoins, notamment sous l’influence de son aile réformiste, le mouvement socialiste rejoint le camp laïc, développant les mêmes réseaux que les radicaux (personnels de l’enseignement public, associations laïques et philosophiques, franc-maçonnerie). Ces réseaux deviennent dès les années 1910 les principaux vecteurs d’innervation entre Parti socialiste et société civile hexagonale13. Cette évolution est renforcée par l’apparition du Parti communiste français en 1920 (dit SFIC jusqu’en 1935), qui capte progressivement le monde ouvrier au détriment de la SFIO.

  • 14 Bruno Poucet, La Liberté sous contrat. Une histoire de l’enseignement privé, Paris, Fabert, 2009, p (...)
  • 15 Noëlline Castagnez, « Les socialistes et la CED. Contre la petite Europe, cléricale et réactionnair (...)
  • 16 Roger Parelon, « La laïcité en péril », L’Université socialiste, n° 1, juillet 1947.
  • 17 Lettre de Marcel Lesur, vice-président de la Fédération Léo Lagrange, à Maurice Deixonne, cadre nat (...)

9De ce fait, les relations entre socialistes et chrétiens sont limitées. En effet, tenue par la configuration de son implantation sociale et culturelle, la SFIO ne pratique pas de politique de main tendue, comme les communistes la tentent à partir des années 1930, vis-à-vis des milieux populaires chrétiens. Après la Seconde Guerre mondiale, le Parti socialiste est dépassé par le Parti communiste (une asymétrie politique et électorale qui dure jusqu’aux années 1970). Dès lors, le discours laïc et anticlérical devient une ressource précieuse pour les socialistes, surtout dans le cadre de la querelle scolaire qui voit s’affronter partisans de l’enseignement privé et partisans de l’enseignement public à partir de la IVe République14. Les publications de la SFIO, tout en affirmant ne pas attaquer en bloc les catholiques, multiplient les critiques véhémentes vis-à-vis du « camp clérical », que ce soit dans le domaine scolaire, la construction européenne15, les relations avec le MRP (fortement contestées à l’intérieur du parti16). Cette hostilité va jusqu’au refus opposé par les militants de la SFIO de retrouver les catholiques au sein du même tissu associatif : ainsi, les socialistes responsables de la Fédération Léo Lagrange (spécialisée dans l’éducation populaire et les activités de jeunesse) critiquent le rapprochement avec la Fédération française des auberges de jeunesse, considérée comme proche des milieux catholiques17.

  • 18 Intervention de Claude Fuzier, cadre national de la SFIO, procès-verbal du Comité directeur de la S (...)
  • 19 Paul Vignaux, De la CFTC à la CFDT : syndicalisme et socialisme : “Reconstruction” (1946-1972), Par (...)
  • 20 Pierre Giraud (sénateur de Paris), L’Université socialiste, n° 17, novembre 1954.

10Cet éloignement entre socialistes et catholiques s’étend au champ syndical. La SFIO entretient des relations fortes avec la Fédération de l’Education nationale (FEN) et Force Ouvrière (FO), au nom d’une culture politique et laïque commune. Dans le même temps, la CFTC est critiquée, à la fois pour son origine confessionnelle et sa pratique syndicale. Ainsi, les syndicalistes chrétiens sont considérés comme « très démagogues et très véhéments18 ». Cette critique est d’ailleurs récurrente à partir des années 1950 : les catholiques engagés dans le mouvement ouvrier sont perçus à la fois comme des compagnons de route du communisme et des militants irréalistes. Ce jugement est certes nuancé selon les secteurs de la CFTC ; ainsi, les membres du groupe « Reconstruction », qui regroupe les militants de la confédération favorables aux idées socialistes, sont considérés avec intérêt par la SFIO19. Les syndicalistes enseignants du SGEN-CFTC sont de même régulièrement appréciés, dans les publications de la SFIO, pour leur défense de l’école publique. Pourtant, l’origine chrétienne du syndicat est rappelée comme un véritable péché originel : « La sincérité laïque du SGEN étant même admise, il n’en demeure pas moins qu’ils sont attachés à une organisation soumise à l’Église et qui finalement combat la structure laïque de notre enseignement20. »

  • 21 Pierre Marat, « Les laïcistes de combat », Témoignage chrétien, 22 juillet 1965.

11Du côté des catholiques progressistes, cette hostilité des socialistes est violemment critiquée et considérée comme le faire-valoir d’une SFIO empêtrée dans ses compromissions, notamment coloniales21. Par cette méfiance récurrente, le socialisme hexagonal se fermerait à des couches populaires marquées par le christianisme. Cette hostilité réciproque se maintient d’ailleurs avec la déconfessionnalisation de la majorité de la CFTC en 1964. En effet, loin de faire disparaître la prévention de la SFIO, cette transformation est toujours perçue à l’aune de l’origine chrétienne de la CFDT. C’est ainsi, selon les socialistes, cette généalogie qui serait supposée expliquer la radicalisation de cette confédération après 1968. Les chrétiens de gauche sont vus non seulement comme une greffe tardive sur le mouvement ouvrier, mais aussi comme des néophytes prompts aux excès idéologiques :

  • 22 Thierry Pfister, « Un printemps et des socialistes », La Revue socialiste, n° 220, février 1969, p. (...)

Pour les socialistes, la rénovation de la CFTC signifiait beaucoup et pouvait– peut sans doute encore – représenter un courant bénéfique pour la gauche non-communiste, et par réaction, pour l’ensemble des forces de gauche. Mais, peut-être à cause du climat régnant actuellement au sein de l’Église, peut-être par désir de s’affirmer dans le combat ouvrier en effaçant, par une pureté totale, les compromissions d’hier, peut-être à cause d’un certain “entrisme”, les militants chrétiens se trouvèrent, à plusieurs reprises, sur un terrain extrêmement mouvant dans la mesure où ils semblaient abandonner la direction des opérations aux gauchistes22.

Des tentatives de rapprochement non négligeables, mais minoritaires

  • 23 Daniel Mayer, « Avant qu’il ne soit trop tard », Le Populaire, 21 septembre 1951.
  • 24 Lettre manuscrite de Paul Vignaux à Maurice Deixonne, 28 Août 1951 (Archives Deixonne, OURS).
  • 25 Jacques Kergoat, Le Parti socialiste. De la Commune à nos jours, Paris, Le Sycomore, 1983, p. 204.
  • 26 Intervention de Georges Brutelle, cadre national de la SFIO, procès-verbal du Comité directeur de l (...)

12La réticence de la SFIO face aux catholiques est critiquée par certains de ses membres. C’est notamment le cas de la tendance proche de Léon Blum, mise en échec en 1946 par Guy Mollet dans la lutte pour la direction du parti. Ainsi Daniel Mayer, ancien dirigeant de la SFIO à la Libération, président de la Ligue des droits de l’homme, tout en rappelant son engagement laïc, critique les anticléricaux les plus durs23. Il est vrai que la SFIO était alors dans une situation délicate, puisque, alliée au MRP jusqu’en 1951, elle s’opposait frontalement à lui sur la question de l’enseignement privé et de son financement public. De plus, des cadres de la SFIO entretiennent des liens avec certains chrétiens de gauche. Ainsi, Paul Vignaux et plusieurs dirigeants de la CFTC ont des liens d’amitié avec des dirigeants socialistes, attestés par des échanges épistolaires24. Au niveau plus local, des contacts se nouent à partir des années 1950 entre les sections d’entreprise de la SFIO (les Groupes socialistes d’entreprise, qui regroupent les adhérents socialistes sur leur lieu de travail) et certains secteurs de la CFTC. Ils sont d’ailleurs reconnus par la direction du parti25. Dans le cadre de mobilisations (grèves, manifestations, évènements publics), la SFIO rencontre aussi des militants chrétiens, dont les positions sont parfois convergentes avec celle‑ci26.

  • 27 Éric Duhamel, L'UDSR ou la genèse de François Mitterrand, Paris, CNRS éditions, 2007 ; Mathieu Full (...)
  • 28 Pierre Desvalois, « Quand le syndicat rencontre la politique, pourquoi et comment le SNI et la FEN (...)

13Cependant, c’est à la marge de la SFIO que se font les rencontres les plus poussées entre chrétiens et socialistes. Ainsi, dès la Libération, certains socialistes, mais aussi des courants de centre-gauche issus de la résistance (Union démocratique et socialiste de la Résistance ou UDSR, de François Mitterrand et de René Pleven), proposent un rapprochement avec une partie de la mouvance démocrate-chrétienne du MRP27. C’est la première affirmation du projet récurrent de « travaillisme à la française », qui signifie dans le contexte de l’époque une version modérée du socialisme, plus ouvert aux forces centristes et aux catholiques. On retrouve la trace de cette idée dans la tentative de candidature à l’élection présidentielle de Gaston Defferre entre 1963 et 1965, « Monsieur X » selon le magazine L’Express. Celui-ci prône l’alliance entre gauche non-communiste et forces inspirées par le catholicisme (c’est-à-dire le MRP et le centre), dans le cadre d’une « grande fédération » sortant de l’opposition historique entre socialistes et chrétiens. Cette idée est violemment combattue par les réseaux laïques de la SFIO, qui contribuent à faire échouer la candidature Defferre en 1965, précisément sur la question de son rapport aux forces catholiques. En effet, ces courants laïques n’acceptaient aucune alliance avec des forces « cléricales28 ».

  • 29 Michel Rocard, entretien du 31 août 2010.
  • 30 Georges Gontcharoff, entretien du 17/08/2008.

14La seule véritable rencontre substantielle et pérenne entre catholiques (voire chrétiens) et socialistes se situe dans l’expérience originale du Parti Socialiste Unifié (PSU), né en 1960. Celui-ci réunit des anciens de la SFIO en rupture avec la direction mollétiste, et l’Union de la gauche socialiste (UGS), l’une des plus importantes organisations politiques des chrétiens de gauche, issue indirectement de la Jeune République des années 1930. Le PSU est un véritable laboratoire du rapprochement – parfois rugueux – entre socialistes imprégnés de culture laïque, voire anticléricale, et chrétiens de gauche, jusque-là en marge des grands partis du mouvement ouvrier hexagonal29. La question religieuse joue un rôle non-négligeable dans les évolutions des effectifs du PSU : à partir de 1962, une partie des militants de tradition laïque quittent le parti. C’est le cas notamment de la tendance « Tribune du communisme » autour de Jean Poperen, constituant la sensibilité la plus hostile aux chrétiens de gauche, qui part du PSU en 1967. Y compris dans ce parti donc, la question des rapports entre les chrétiens et la famille socialiste traditionnelle restait sensible. De plus, une partie des chrétiens de gauche était encore soumise à la tentation du Parti communiste, dont l’enracinement en milieu populaire ainsi que l’utilisation habile d’une phraséologie évangélique sur le rôle rédempteur des « damnés de la terre » étaient de puissants facteurs d’attraction30.

  • 31 Ce qui ne va pas sans susciter des critiques ; ainsi Albert Detraz, secrétaire national de la CFDT, (...)
  • 32 Voir la déclaration du Bureau national du SGEN-CFDT à l’occasion de l’élection présidentielle, Synd (...)

15Cependant, le PSU est un laboratoire pour les chrétiens de gauche : idéologiquement, il combine des positions laïques relativement classiques, notamment sur la question sensible de l’école privée, et une ouverture spécifique aux minorités, quelles qu’elles soient. De même, les militants PSU sont présents dans l’ensemble du spectre syndical, et particulièrement au sein de la CFTC, puis de la CFDT, où ils jouent un rôle important après Mai 6831. On retrouve d’ailleurs un attachement commun à un « socialisme démocratique », que la CFDT met de plus en plus nettement en avant dans les années 196032. De fait, le PSU permet aux chrétiens de gauche de s’intégrer pleinement dans une organisation socialiste, sans les réticences qui existaient au sein de la SFIO.

Une entrée progressive et complexe au PS

Une entrée par cycles

  • 33 François Kraus, « Les assises du socialisme, ou l’échec d’une tentative de rénovation d’un Parti », (...)
  • 34 Florys Castan-Vincente, Marie-Thérèse Eyquem, du sport à la politique, parcours d’une féministe, Pa (...)
  • 35 Jean Petite, secrétaire général adjoint du SNES, membre de l’équipe de campagne de François Mitterr (...)
  • 36 Christian Bougeard (dir.), Un siècle de socialismes en Bretagne, de la SFIO au PS (1905-2005), Renn (...)
  • 37 Robert Chapuis, Les Chrétiens et le socialisme, Paris, Calmann-Lévy, 1976.

16Dans la littérature de témoignages ou chez les observateurs, le moment majeur d’entrée des chrétiens de gauche au sein du PS a lieu lors des Assises du socialisme en 1974, qui voient l’arrivée de militants du PSU, avec à leur tête Michel Rocard et Robert Chapuis, et de la CFDT33. Si cet apport est incontestable, il n’est cependant pas le seul. La « gauche du Christ », pour reprendre un ouvrage de Jacques Duquesne en 1972, connaît en effet une percée au PS dès le Congrès d’Epinay en juin 1971, qui voit l’arrivée de François Mitterrand à la tête de ce parti. En effet, l’ancienne organisation mitterrandienne, la CIR (Convention des Institutions Républicaines) attire dès sa création en 1964 des militants chrétiens, issus notamment de la Jeune République ou des « Amis de Témoignage Chrétien ». Des personnalités catholiques figurent aussi à la CIR, ainsi Marie-Thérèse Eyquem, inspectrice principale de la Jeunesse et des Sports, qui venait, comme François Mitterrand, d’un milieu conservateur avant d’évoluer progressivement vers le féminisme et le socialisme, sans pour autant abandonner sa foi34. La CIR, ou ses organismes associés (par exemple « Démocratie et Université ») attirent aussi des chrétiens de l’Éducation nationale, comme Jean Louis Piednoir ou Jean Petite, cadres nationaux dans le syndicalisme enseignant (SGEN pour le premier, SNES pour le second35). Le Congrès d’Épinay de 1971 catalyse aussi la transition au socialisme de chrétiens de centre-gauche, ayant déjà une carrière dans la haute fonction publique, les réseaux d’experts ou le militantisme politique. Robert Buron, personnalité de la gauche du MRP, homme politique de la Mayenne et maire de Laval, rallie le PS en 1971, présentant une motion « Vie nouvelle – Objectif socialiste » qui reprend l’essentiel des idées des chrétiens de gauche réformistes (moralisation de l’économie, goût pour les réseaux associatifs, défense de l’action locale). C’est aussi le cas de Jacques Delors, militant issu de la CFTC-CFDT, qui rejoint le PS en 1974. Ces adhésions prestigieuses étoffent les réseaux du PS vers le syndicalisme, le monde associatif, ainsi que les régions occidentales de la France – notamment la Bretagne – où la SFIO a été longtemps faible et concurrencée par le PCF et le PSU36. Le PS organise d’ailleurs une rencontre « porte ouverte » sur le sujet des chrétiens et du socialisme en décembre 1972, afin de montrer la nouvelle sensibilité du parti vis-à-vis d’eux. Cette nouvelle configuration est ressentie par les chrétiens de gauche37.

17À partir du Congrès d’Épinay, un courant de ralliement au PS s’effectue avec « l’hémorragie continue de l’aile social-démocrate du PSU », selon l’expression de Georges Gontcharoff. Parmi eux, de nombreux militants chrétiens, refusant la radicalisation du PSU, renforcent les rangs du PS. En 1974, après avoir soutenu la candidature de F. Mitterrand à l’élection présidentielle, le courant rocardien du PSU prépare avec Pierre Mauroy un évènement politique, les Assises du Socialisme. Ceux-ci visent à renouveler le socialisme français par l’apport de militants et de pratiques issus des nouveaux mouvements sociaux, du PSU et de la CFDT. À peu près 30% des militants quittent le PSU pour rejoindre le PS, contribuant à remodeler la physionomie de cette dernière organisation, notamment en l’ouvrant à des parcours issus de la JEC, de la JOC, de la JAC, de l’ACO et de la CFDT.

  • 38 Carole Bachelot, Les Socialistes en entreprise, Une histoire des sections et groupes socialistes d’ (...)

18Une autre filière d’arrivée est interne à la famille socialiste, sous la forme du Centre d’Études, de Recherches et d’Éducation Socialistes (CERES), créé en 1966 par Jean-Pierre Chevènement, Jean-Luc Motchane et Pierre Guidoni au sein de la SFIO. Le courant du CERES, situé à l’aile gauche de la SFIO puis du PS, a pour caractéristique de privilégier les réseaux dans le monde professionnel, dans le cadre des « Groupes socialistes d’entreprise » (GSE). De ce fait, le CERES a une affinité élective avec les militants proches de la JEC, de Témoignage chrétien et de la Vie Nouvelle qui sont très présents au sein des GSE38. Cette proximité s’étend à d’autres domaines, comme les médias : un des responsables du CERES à Paris, Michel Charzat, recrute un journaliste de Témoignage chrétien, Jean-Claude Laverrière, pour devenir rédacteur de Combat socialiste, une revue créée en novembre 1971, et qui paraît jusqu’en 1980. Elle est d’ailleurs reprise par un second journaliste, Patrick du Cheyron, issu lui aussi de Témoignage Chrétien. Le CERES affirme ainsi son ouverture aux chrétiens de gauche, perçus comme un élément actif du mouvement ouvrier. Suite à ces transformations, le PS s’éloigne substantiellement de la SFIO quant à la présence de militants de sensibilité chrétienne en son sein. Cependant, des réticences entourent cette évolution, prenant des formes diversifiées.

De l’hostilité à la concurrence : des réticences plurielles

  • 39 Robert Chapuis, entretien du 19 juin 2008.

19Les réticences aux chrétiens de gauche prennent des chemins multiples au PS. Selon Robert Chapuis, l’hostilité explicite est rare, les critiques ou les rejets étant de forme multiple39. Cette diversité de réaction s’explique par le caractère polycentrique du PS des années 1970, qui regroupe des courants et des strates divers du socialisme hexagonal.

  • 40 Lettre de Jacques Piette, cadre de la « Bataille Socialiste », à Pierre Giraud, ancien sénateur soc (...)
  • 41 Emmanuel Maurel, Jean Poperen, Une vie à gauche, Paris, Bruno Leprince, 2005, p.64-67.

20La première strate de réticences est issue de la SFIO, autour du courant de la « Bataille Socialiste », qui est inspiré par Guy Mollet. Ce courant a pour spécificité d’être profondément enraciné dans les réseaux laïques traditionnels, notamment dans le syndicalisme (FO, FEN) et dans les associations philosophiques (Libre Pensée, courants rationalistes, Grand Orient de France) qui promeuvent la culture laïque. Déjà méfiants, les mollétistes voient leur réticence renforcée par le fait qu’ils sont les vaincus du Congrès d’Épinay en 1971. A contrario, d’autres forces issues de la SFIO, ainsi celles présentes autour de G. Defferre ou P. Mauroy, sont sensiblement moins critiques, étant intégrées dès 1971 à la direction du PS où elles coexistent avec les militants chrétiens. Le courant mollétiste a développé une critique sévère de l’arrivée des chrétiens de gauche au PS. Ceux-ci sont critiqués pour leur laïcité supposée douteuse, leur difficulté à penser la politique autrement qu’en termes moraux, voire tout simplement leur origine. Ainsi, Jacques Piette, proche de Guy Mollet, dénonce avec une ironie féroce l’arrivée de militants PSU lors des Assises du socialisme en 1974, décrite comme un « évènement para-eucharistique », accusation transparente sur le public visé et ses caractéristiques confessionnelles40. Cette critique particulièrement virulente est relayée par des courants idéologiquement proches de la « Bataille Socialiste ». Les partisans de Jean Poperen expriment ainsi de manière récurrente une hostilité aux chrétiens de gauche, qui date de l’expérience de cohabitation au sein du PSU, hostilité qui s’incarne après 1974 contre le courant rocardien41. L’hostilité aux « chrétiens de gauche » est structurelle au sein de ces courants : l’idée même qu’une appartenance confessionnelle soit mobilisée dans l’arène politique, ou puisse servir de support pour des positions programmatiques et militantes, est rejetée.

  • 42 Jacques Mandrin (pseudonyme), Socialisme ou social-médiocratie, Paris, Le Seuil, 1969, p. 143.
  • 43 Hervé Hamon, Patrick Rotman, L’Effet Rocard, Paris, Stock, 1980, p. 44.
  • 44 Ibid., p. 44.

21Autre réticence, moins systématique et globalisante, la culture politique supposée des militants chrétiens suscite une critique souvent teintée d’ironie au sein du PS. La « pureté » des intentions qu’on leur prête serait en effet peu compatible avec « l’irrationalité éthique » (Max Weber) du jeu politique. Cette critique est récurrente vis-à-vis des chrétiens de gauche, qui refuseraient de se « salir les mains » en s’engageant dans la conquête du pouvoir. Cette critique d’un moralisme supposé, voire utopiste, qui empêcherait d’accepter les compromis (voire les compromissions), on l’a vu, est déjà présente dans les années 1960. Jean-Pierre Chevènement ne se prive ainsi pas d’ironiser sur certains militants chrétiens, « jaloux de leur pureté, lorsque l’électorat menace de leur accorder plus de 1,9827% de ses suffrages, le spectre de la trahison commence à les hanter42 ». Cette critique est aussi présente dans la majorité mitterrandienne vis-à-vis des chrétiens de gauche, particulièrement les rocardiens. Cette image est récurrente et mêle à la fois les caractéristiques supposées de leur culture, les spécificités du militantisme chrétien, souvent axé sur l’action locale et associative, et l’héritage historique des chrétiens de gauche dans l’anticolonialisme et la défense des droits de l’homme. Elle est à la fois positive (les standards moraux des militants chrétiens étant rarement mis en cause) et péjorative. Ce stéréotype fait même partie du « portrait-robot » du chrétien de gauche dressé au sein du PS43 : « Son penchant moralisateur détermine sa trajectoire politique, hachée d’indignations violentes et de dégoûts amers. Le pouvoir, par-dessus tout, lui est suspect, et cette répulsion borne son champ d’initiative44. »

  • 45 Michel Rocard, Si la gauche savait. Entretiens avec Georges-Marc Benamou, Paris, Robert Laffont, 20 (...)
  • 46 Michel Charzat, Jean-Pierre Chevènement, Gérard Toutain, Le CERES : un combat pour le socialisme, P (...)

22Dernière réticence, qui n’est pas une hostilité contre l’ensemble des chrétiens de gauche, la critique des réseaux PSU ou spécifiquement « chrétiens de gauche » au sein du PS joue sur la nécessité de dissoudre cette strate de militants dans l’ensemble du parti. Michel Rocard lui-même rappelle que l’objectif de ses partisans, lors de son entrée au PS en 1974, est de « diluer le sel dans l’eau » pour ne pas apparaître comme un groupe culturellement spécifique45. Or, l’originalité des militants rocardiens est telle qu’elle suscite une forme de compétition pour récupérer les chrétiens au sein du PS, c’est-à-dire les disputer à M. Rocard. Les plus sensibles à cette concurrence sont les cadres du CERES, qui l’affirment hautement: « Le CERES réalisera mieux que le PSU […] l’amalgame des militants de tradition socialiste et ceux d’origine chrétienne46 ». Cette revendication vise le courant rocardien, accusé de vouloir capter l’héritage et la légitimité de l’engagement des chrétiens au sein du PS.

Entre acculturation et transformation des réticences

Derrière les cas individuels, des mutations profondes

  • 47 Denis Barbet, Sophie Beroud, « Les relations du Parti socialiste avec le mouvement syndical dans le (...)
  • 48 Hervé Hamon, Patrick Rotman, L’effet..., op. cit., p. 113-137.
  • 49 Ibid., p. 113-114.

23L’histoire des chrétiens au sein du PS des années 1970 est souvent personnalisée autour de personnages de premier plan, en particulier Michel Rocard. Cependant, les transformations dépassent le cadre des individus. En effet, celles-ci redéfinissent en profondeur le parti. Ainsi, la part des pratiquants parmi les membres du Comité directeur du PS se disant catholiques passe de 24% pour ceux élus en 1970 à près de 40% pour ceux élus en 1973. Après 1971, la CFDT représente la première confédération syndicale parmi les militants du PS (28% des adhérents en 1981). C’est une véritable révolution des réseaux syndicaux du PS, dont les militants se concentraient quasi-exclusivement jusqu’en 1971 dans FO (par anti communisme) et dans la FEN47. Edmond Maire, Secrétaire général de la CFDT, joue d’ailleurs un rôle non négligeable dans le basculement des syndicalistes membres du PSU vers le PS48. La présence du PS dans des conflits sociaux retentissants dans des régions de tradition catholique (Joint Français à Saint-Brieuc en 1972, Lip à Besançon en 1973) passe notamment par des militants CFDT issus d’organisations catholiques. On peut citer la figure de Jean le Faucheur, qui symbolise cette évolution. Ouvrier catholique breton, proche des prêtres-ouvriers de Guingamp, cadre de la CFTC des Côtes-du-Nord à partir de 1957 puis de la CFDT, rocardien, il est un animateur populaire de la grève du Joint Français, l’un des conflits sociaux majeurs de la Bretagne des années 197049.

24Géographiquement, l’extension des aires d’implantation du PS se fait notamment dans les Pays de la Loire, la Bretagne, ainsi que plus marginalement en Alsace, dans des régions de forte tradition catholique (et luthérienne dans le cas alsacien). La progression est spectaculaire lors des élections municipales de 1977, qui voient de nombreuses villes de l’Ouest conquises ou restées aux mains du PS (Cherbourg, Rennes, Le Mans, Nantes, Saint-Herblain, Saint-Malo). La corrélation entre zones de tradition catholique (notamment celles qui voient une forte progression du vote socialiste) et l’implantation du courant rocardien est d’autre part remarquable. Elle peut justifier l’hypothèse d’un basculement, via la CFDT, le PSU, d’aires de tradition catholique vers le PS. Cette corrélation peut être mesurée en avril 1979, au congrès du PS à Metz, où Michel Rocard présente son propre courant. Celui-ci est surreprésenté nettement dans les fédérations départementales de Bretagne, d’Alsace, de Moselle, du sud du Massif Central, de Savoie, ce qui recoupe les zones de tradition catholique. La surreprésentation est telle que les fédérations bretonnes offrent une majorité de leurs votes au courant rocardien au congrès de 1979, contre 20% au niveau national.

  • 50 Hugues Portelli, « Au rendez-vous des socialistes », Esprit, mai 1977, p. 178‑184.
  • 51 Rémi Lefebvre, Frédéric Sawicki, La Société des socialistes, Paris, Edition du Croquant, 2006.

25Plus profondément, la présence de militants chrétiens se normalise au sein du PS et devient en quelque sorte un élément parmi d’autres de la sociologie d’une force politique en pleine ascension dans les années 1970, tant en matière d’adhérents que d’électorat. Comme le souligne le politiste Hugues Portelli, le principal cycle d’entrée des chrétiens se situe dans la séquence de la première moitié des années 197050. Par la suite, le courant d’adhésion et d’interactions est « noyé » dans un parti devenu la première force électorale de la gauche à partir de 1977, dont l’assise militante s’élargit aux publics et aux champs les plus divers (immigrés, femmes, régionalisme, écologie51). On peut souligner cette normalisation de la présence des chrétiens en faisant un relevé des occurrences du mot « chrétiens » dans la revue du PS, L’Unité. On remarque un effondrement de son utilisation après 1977, signe d’un certain désintérêt de la publication pour la question des chrétiens au sein du PS, voire pour la question des chrétiens tout court.

Occurrence du mot « Chrétiens » dans L’Unité, 1972-1981

(source : Base de données « Unité », Fondation Jean-Jaurès)

De l’hostilité aux « chrétiens de gauche » à la querelle des deux gauches : une transformation des réticences ?

  • 52 Pierre Guidoni, Politique Hebdo, 21 novembre 1974. Ivan Illich et Herbert Marcuse sont deux théoric (...)
  • 53 Jacques Kergoat, « Les aventures du courant Poperen », Le Monde, 8 janvier 1990.
  • 54 Michel Rocard, Si la gauche…, op. cit., p. 194.

26Si la seconde moitié des années 1970 voit une forme de normalisation de la présence des « chrétiens », avec toutes les ambiguïtés que peut comporter cette catégorie, c’est aussi que les attaques qui leur sont portées ne passent plus explicitement par leur étiquette confessionnelle. En effet, jusqu’en 1974, le courant proprement chrétien, « Objectif socialiste », incarné par Robert Buron, le maire de Laval venu du MRP, restait faible au PS (un courant doit avoir 5% des mandats pour être représenté dans les instances dirigeantes du parti). À partir de 1974, Michel Rocard sédimente un courant autrement plus large, qui se structure autour des revendications de l’autogestion, du « vivre autrement », de la décentralisation, bref, d’une culture politique propre. Dès lors, les réticences aux chrétiens de gauche ne se traduisent plus principalement ou premièrement en termes confessionnels. Elles s’attachent plutôt à prouver la distance qui existe entre ces thématiques et le « vrai » socialisme. Cette critique n’est pas nouvelle : c’était celle qui était portée dès les années 1950 contre les militants chrétiens, perçus comme un corps étranger au mouvement ouvrier traditionnel. Dès 1974, Pierre Guidoni, un des adjoints de Jean-Pierre Chevènement, dénonce les militants chrétiens venus, du PSU, dont le socialisme « se contente de repeindre la société bourgeoise avec beaucoup d’Illitch et un peu de Marcuse52 ». L’accusation de ne pas être socialiste, ou de l’être uniquement d’apparence, vient des courants les plus laïques, particulièrement autour de Jean Poperen. De manière intéressante, c’est le courant poperéniste qui explicite le plus le passage de la critique des chrétiens de gauche du plan religieux au plan idéologique. Dans une attaque transparente contre le profil de certains anciens du PSU et de la CFDT au sein du PS (hauts fonctionnaires, experts, étudiants, cadres du secteur privé), Jean Poperen théorise à partir de 1977 la notion de « social-technocratie » et de « modernisme », que symbolise le courant rocardien53. Le député-maire de Meyzieu fait d’ailleurs explicitement le lien entre l’accusation de trahison rocardienne du socialisme et présence de militants chrétiens dans la revue de son courant, Les Cahiers de l’EIRIS, en 1977 : « La social-technocratie a cherché à tirer parti de l’apport de militants chrétiens au mouvement socialiste. Elle leur permet de donner libre cours à leur basisme, qui […] les laisse finalement diriger. » Cette accusation contre une partie des militants chrétiens du PS, et notablement ceux du courant rocardien, perd donc son aspect anticlérical. En effet, le courant rocardien était trop divers du point de vue religieux pour être assimilé au catholicisme de gauche, comme le relève Michel Rocard vis-à-vis des « groupes ultra-laïques qui ne voulaient pas entendre parler du syndicalisme d’origine chrétienne, qui me considéraient comme un chef de cathos, moi, protestant, entouré d’amis qui se proclamaient athées54.

  • 55 Hervé Hamon, Patrick Rotman, La Deuxième gauche, histoire intellectuelle et politique de la CFDT, P (...)
  • 56 Louis Mexandeau (député de Caen, ministre des PTT), « L’école et le nivellement culturel », Le Mati (...)
  • 57 Roland Cayrol, « L'univers politique des militants socialistes : une enquête sur les orientations, (...)

27De fait, si la couche la plus ancienne des critiques contre les « cathos de gauche » persiste au PS, elle ne prend plus à la fin des années 1970 la même forme. À partir de 1977, Michel Rocard organise son propre courant au sein du PS, qui se structure autour de l’expression de « deuxième gauche », sensibilité décentralisatrice, réformiste, proche du monde syndical et associatif55. Michel Rocard rend public ce désaccord idéologique en juin 1977, à Nantes, lors du discours, devenu célèbre, des « deux cultures » de la gauche française. De ce fait, la relation entre ce courant supposé chrétien du PS et la direction mitterrandienne prend un tour nouveau : elle repose sur un conflit pour le pouvoir au sein du PS, ainsi que sur une différenciation culturelle sensible. Le régionalisme parfois radical du courant rocardien, qui appelle à « décoloniser la province », son questionnement sur des piliers centraux de la culture de la gauche traditionnelle (école, interventionnisme étatique) favorisent une critique de la « gauche américaine » (Jean-Pierre Chevènement), du « modernisme » (Jean Poperen). Cette critique connaît un véritable pic en 1979, lorsque le courant rocardien tente de prendre la direction du PS à François Mitterrand. Cette tentative renforce la critique de la « deuxième gauche » au sein du PS, ainsi chez le responsable des questions éducatives du PS, Louis Mexandeau, qui dénonce violemment ce qui lui apparaît être la remise en cause de l’école républicaine et de l’héritage du socialisme par le courant rocardien56. De fait, la réticence vis-à-vis des chrétiens n’est plus exprimée selon une grille confessionnelle ou anticléricale, mais selon une opposition entre « socialisme authentique » et « nouvelle gauche ». Le procès en illégitimité du courant rocardien est cependant, comme le souligne son dirigeant, profondément enraciné dans son origine chrétienne. De ce fait, les chrétiens du PS continuent d’être perçus par certains comme une greffe récente, qui, puisqu’ils « ne sont pas les héritiers d’une ancienne pratique socialiste, peuvent être moins tentés que d’autres par la reprise de revendications classiques du mouvement ouvrier57 ». Ainsi, les réticences vis-à-vis d’eux en tant qu’animateurs de la « deuxième gauche » constituent la dernière strate d’un procès en illégitimité plus ancien.

  • 58 Henri Rey, Françoise Subileau, Les Militants socialistes à l'épreuve du pouvoir, Paris, Presses de (...)
  • 59 Guy Michelat, Michel Simon, Classe, religion et comportement politique, Paris, Presses de la FNSP, (...)
  • 60 Jean Jacob, Histoire de l’écologie politique, Paris, Albin Michel, 1999.

28Dans les années 1980, l’effritement du « paradigme laïque » parmi les adhérents du PS confirme la révolution culturelle de la décennie précédente, accélérée par l’expérience du pouvoir58. D’une SFIO marquée par une culture ouvriériste et anticléricale, le PS a évolué vers un modèle plus ouvert aux militants chrétiens, tant au sein des organes dirigeants qu’au niveau plus local, des réseaux syndicaux ou associatifs du PS. Cependant, si « la barrière » dont parlait François Mitterrand entre socialisme et catholicisme en France a été largement atténuée durant les années 1970, elle n’a pas totalement disparu. L’électorat catholique reste nettement sur-représenté au sein de la droite modérée, la variable religieuse demeurant des plus explicatives dans les choix électoraux59. Cependant, la décennie 1970 voit une transformation profonde. Pour la première fois, le parti majeur de la gauche non-communiste s’ouvre à des militants chrétiens longtemps cantonnés dans des forces en marge ou dans d’autres champs que la politique (syndicats, associations, mouvements sociaux). Cette ouverture est d’autant plus remarquable que les années 1970 sont à la fois un moment de visibilité et de chant du cygne des « chrétiens de gauche ». Le long déclin du PSU, l’effondrement de la pratique religieuse, l’affaiblissement des réseaux et des combats qui avaient alimenté le catholicisme – voire le protestantisme – de gauche (coopératives, tiers-mondisme, coopération avec les pays du Sud, associations rurales et ouvrières), ont en effet réduit fortement l’audience de ce groupe militant original. De ce point de vue, l’intégration, parfois complexe, des chrétiens de gauche au PS est à la fois une reconnaissance de la vigueur et de la spécificité de leur apport et la fin d’une époque où ils apparaissaient comme les fers de lance d’une gauche renouvelée. C’est probablement cet ultime paradoxe qui explique la survivance d’un certain héritage des « cathos de gauche » jusqu’à aujourd’hui, via les Nouveaux mouvements sociaux, le mouvement alter-mondialiste, voire le courant écologiste60.

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Notes

1 L’Unité, « Jésus avec Marx », n° 5, 25 février 1972.

2 Michel Bige, « Des protestants protestataires », L’Unité, n° 39, 17 novembre 1972. Sur ce trait biographique, voir le témoignage de Louis Mexandeau, François Mitterrand, le militant : Trente années de complicité, Paris, Le Cherche Midi, 2006.

3 Jean-François Kesler, De la gauche dissidente au nouveau parti socialiste, Toulouse, Privat, 1990.

4 Robert Chapuis, militant JEC, cadre rocardien du PSU puis du PS, secrétaire d’Etat en 1988-1991), entretien du 19/06/2008 et La Rose et la Croix. Socialistes et chrétiens, Paris, Bruno Leprince, 2008.

5 René Rémond, Les Crises du catholicisme dans les années trente, Paris, Le Seuil, 1996.

6 Georges Gontcharoff, membre des Équipes enseignantes, cadre du PSU, président de l’association ADELS, entretien du 17/08/2008

7 Alain Bergounioux, Gérard Grunberg, L'Ambition et le remords. Les socialistes français et le pouvoir (1905-2005), Paris, Fayard, 2005.

8 Selon l’expression d’Hélène Hatzfeld, « Une révolution culturelle du Parti socialiste dans les années 1970 ? », Vingtième Siècle, n° 96, 2007, p. 77-90.

9 Henri Rey, Françoise Subileau, Les Militants socialistes à l'épreuve du pouvoir, Paris, Presses de la FNSP, 1991.

10 Claude Gault, « Porte ouverte sur le socialisme », L’Unité, n°16, 12 mai 1972.

11 Voir la communication de l’archevêque de Bordeaux, Mgr Maziers, à la Conférence épiscopale française : « Première étape d'une réflexion de la commission épiscopale du monde ouvrier dans son dialogue avec des militants chrétiens ayant fait l'option socialiste », 2 mai 1972.

12 Mona Ozouf, « La presse ouvrière et l’école laïque en 1908 et 1909 », L’École de la France. Essais sur la Révolution, l’utopie et l’enseignement, Paris, Gallimard, 1984, p.161‑164.

13 Comme le relève Gilles Morin, « Les socialistes et la société française. Réseaux et milieu », Vingtième Siècle, n° 96, octobre-décembre 2007, p.47-62.

14 Bruno Poucet, La Liberté sous contrat. Une histoire de l’enseignement privé, Paris, Fabert, 2009, p. 40-41.

15 Noëlline Castagnez, « Les socialistes et la CED. Contre la petite Europe, cléricale et réactionnaire (mai 1954) », Parlement[s], 2007, hors-série n° 3, p. 131‑135.

16 Roger Parelon, « La laïcité en péril », L’Université socialiste, n° 1, juillet 1947.

17 Lettre de Marcel Lesur, vice-président de la Fédération Léo Lagrange, à Maurice Deixonne, cadre national de la SFIO, 13 juillet 1954 (Archives Deixonne, OURS).

18 Intervention de Claude Fuzier, cadre national de la SFIO, procès-verbal du Comité directeur de la SFIO du 4 septembre 1957 (OURS).

19 Paul Vignaux, De la CFTC à la CFDT : syndicalisme et socialisme : “Reconstruction” (1946-1972), Paris, Éditions ouvrières, 1980.

20 Pierre Giraud (sénateur de Paris), L’Université socialiste, n° 17, novembre 1954.

21 Pierre Marat, « Les laïcistes de combat », Témoignage chrétien, 22 juillet 1965.

22 Thierry Pfister, « Un printemps et des socialistes », La Revue socialiste, n° 220, février 1969, p.116-142.

23 Daniel Mayer, « Avant qu’il ne soit trop tard », Le Populaire, 21 septembre 1951.

24 Lettre manuscrite de Paul Vignaux à Maurice Deixonne, 28 Août 1951 (Archives Deixonne, OURS).

25 Jacques Kergoat, Le Parti socialiste. De la Commune à nos jours, Paris, Le Sycomore, 1983, p. 204.

26 Intervention de Georges Brutelle, cadre national de la SFIO, procès-verbal du Comité directeur de la SFIO du 15 mai 1958 (OURS).

27 Éric Duhamel, L'UDSR ou la genèse de François Mitterrand, Paris, CNRS éditions, 2007 ; Mathieu Fulla, « L’UDSR : un observatoire privilégié de la gauche non communiste de l’après-guerre (1944-1947) », Lettre de l’Institut François Mitterrand, n° 24, juin 2008.

28 Pierre Desvalois, « Quand le syndicat rencontre la politique, pourquoi et comment le SNI et la FEN ont contribué en 1965 à l’échec de la “grande fédération” », Cahiers du centre fédéral, n° 4, décembre 1992, p.5-44.

29 Michel Rocard, entretien du 31 août 2010.

30 Georges Gontcharoff, entretien du 17/08/2008.

31 Ce qui ne va pas sans susciter des critiques ; ainsi Albert Detraz, secrétaire national de la CFDT, dénonce dans une lettre le 16 octobre 1969 à la direction du PSU les empiètements du politique sur le syndical (581 AP 94, Archives nationales).

32 Voir la déclaration du Bureau national du SGEN-CFDT à l’occasion de l’élection présidentielle, Syndicalisme Universitaire, n° 496 du 29 mai 1969.

33 François Kraus, « Les assises du socialisme, ou l’échec d’une tentative de rénovation d’un Parti », Notes de la Fondation Jean Jaurès, n° 31, mai 2002.

34 Florys Castan-Vincente, Marie-Thérèse Eyquem, du sport à la politique, parcours d’une féministe, Paris, UNSA/OURS, 2008.

35 Jean Petite, secrétaire général adjoint du SNES, membre de l’équipe de campagne de François Mitterrand en 1974, entretien du 13-14 janvier 2009 ; Jean-Louis Piednoir, cadre du SGEN, délégué national à l’Éducation nationale du PS, directeur de l’ONISEP, entretien du 2 mars 2011.

36 Christian Bougeard (dir.), Un siècle de socialismes en Bretagne, de la SFIO au PS (1905-2005), Rennes, PUR, 2008.

37 Robert Chapuis, Les Chrétiens et le socialisme, Paris, Calmann-Lévy, 1976.

38 Carole Bachelot, Les Socialistes en entreprise, Une histoire des sections et groupes socialistes d’entreprise, mémoire de maîtrise d’histoire, Paris I, 1997, p. 47.

39 Robert Chapuis, entretien du 19 juin 2008.

40 Lettre de Jacques Piette, cadre de la « Bataille Socialiste », à Pierre Giraud, ancien sénateur socialiste de Paris, 7 janvier 1975 (Archives Pierre Giraud, OURS).

41 Emmanuel Maurel, Jean Poperen, Une vie à gauche, Paris, Bruno Leprince, 2005, p.64-67.

42 Jacques Mandrin (pseudonyme), Socialisme ou social-médiocratie, Paris, Le Seuil, 1969, p. 143.

43 Hervé Hamon, Patrick Rotman, L’Effet Rocard, Paris, Stock, 1980, p. 44.

44 Ibid., p. 44.

45 Michel Rocard, Si la gauche savait. Entretiens avec Georges-Marc Benamou, Paris, Robert Laffont, 2005, p. 193.

46 Michel Charzat, Jean-Pierre Chevènement, Gérard Toutain, Le CERES : un combat pour le socialisme, Paris, Calmann-Lévy, 1975, p. 19.

47 Denis Barbet, Sophie Beroud, « Les relations du Parti socialiste avec le mouvement syndical dans les décennies 1970-2000 : continuités et discontinuités », Colloque du CURAPP, Cent ans après la “Charte d'Amiens”: la notion d'indépendance syndicale face à la transformation des pouvoirs, Amiens, 11-13 octobre 2006.

48 Hervé Hamon, Patrick Rotman, L’effet..., op. cit., p. 113-137.

49 Ibid., p. 113-114.

50 Hugues Portelli, « Au rendez-vous des socialistes », Esprit, mai 1977, p. 178‑184.

51 Rémi Lefebvre, Frédéric Sawicki, La Société des socialistes, Paris, Edition du Croquant, 2006.

52 Pierre Guidoni, Politique Hebdo, 21 novembre 1974. Ivan Illich et Herbert Marcuse sont deux théoriciens célèbres de la contestation universitaire et sociale des années 1960.

53 Jacques Kergoat, « Les aventures du courant Poperen », Le Monde, 8 janvier 1990.

54 Michel Rocard, Si la gauche…, op. cit., p. 194.

55 Hervé Hamon, Patrick Rotman, La Deuxième gauche, histoire intellectuelle et politique de la CFDT, Paris, Le Seuil-Ramsay, 1984.

56 Louis Mexandeau (député de Caen, ministre des PTT), « L’école et le nivellement culturel », Le Matin, 17 juin 1980.

57 Roland Cayrol, « L'univers politique des militants socialistes : une enquête sur les orientations, courants et tendances du Parti socialiste », Revue française de science politique, vol. 25, n° 1, 1975, p. 33.

58 Henri Rey, Françoise Subileau, Les Militants socialistes à l'épreuve du pouvoir, Paris, Presses de la FNSP, 1991.

59 Guy Michelat, Michel Simon, Classe, religion et comportement politique, Paris, Presses de la FNSP, 1977.

60 Jean Jacob, Histoire de l’écologie politique, Paris, Albin Michel, 1999.

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Pour citer cet article

Référence papier

Ismail Ferhat, « Un chemin de Damas ? Le Parti socialiste et les chrétiens dans les années 1970 »Chrétiens et sociétés, 18 | 2012, 165-184.

Référence électronique

Ismail Ferhat, « Un chemin de Damas ? Le Parti socialiste et les chrétiens dans les années 1970 »Chrétiens et sociétés [En ligne], 18 | 2011, mis en ligne le 06 septembre 2012, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/2984 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.2984

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Auteur

Ismail Ferhat

CHSP, Sciences-po - Paris

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