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Les temples protestants réformés aux xixe et xxe siècles

Bernard Reymond
p. 201-221

Résumés

Les temples de la première moitié du XIXe siècle ont adopté le style néo-classique, rappelant les bâtiments officiels et l’Antiquité. Vient ensuite, sous le second Empire, le style néo-gothique, moins bien adapté au culte. La fin du siècle voit un style plus composite. Au XXe siècle les images figuratives commencent à apparaître et les temples les plus récents adoptent quelquefois une architecture très originale.

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Texte intégral

  • 1 Voir Claude Lasserre, Le séminaire français de Lausanne (1726-1812), instrument de la restauration (...)

1Au moment de rentrer en pleine possession de leurs droits civiques avec la Révolution de 1789 puis du soutien de l’état à la faveur des Articles organiques de 1802, les protestants de France devaient avoir une certaine idée de ce qu’avaient été leurs temples rasés au moment de la révocation de l’édit de Nantes (1685). Ils ne disposaient peut-être pas de documents iconographiques susceptibles de les renseigner avec quelque exactitude sur leur allure générale ou sur leur organisation intérieure, mais la mémoire familiale devait être en mesure de suppléer à cette lacune en leur transmettant un certain nombre d’informations concrètes susceptibles de les aider à mieux concevoir ce que seraient les temples qu’ils avaient désormais le droit de faire édifier, qui plus est aux dépens de l’État. Et puis, élément non moins important à prendre en considération, plusieurs d’entre eux, en particulier leurs pasteurs, avaient vu et même fréquenté les temples édifiés soit dans les colonies huguenotes d’Allemagne ou des Pays-Bas, soit en Suisse romande, d’autant que la principale institution de formation pour les pasteurs pendant la période dite du « Désert », c’est-à-dire la fin du xviie et la majeure partie du xviiie siècle, était le « séminaire français » de Lausanne1.

Quelques exemples du dix-huitième siècle

  • 2 Voir Georg Germann, Der protestantische Kirchenbau in der Schweiz von der Reformation bis zur Roman (...)
  • 3 À vrai dire, ce temple n’est pas aussi rigoureusement conforme au modèle de Charenton que ceux de G (...)
  • 4 Voir Fachwerkkirchen in Hessen, éd. par Förderkreis Alte Kirchen e.V. Marburg, Königstein/Taunus, K (...)

2On entend souvent dire que le deuxième temple de Charenton, édifié en 1623 par Salomon de Brosse et détruit en 1685, aurait été le modèle quasi normatif des temples réformés français. Ce n’est pas exact. En France même, son dispositif « en long » représentait une exception ; Georg Germann a d’ailleurs repéré en 1969 l’existence d’un document attestant que ce temple avait initialement été conçu pour être installé « en large »2. Quoi qu’il en soit, si le modèle de Charenton « en long » a bel et bien été reconduit là où des huguenots avaient trouvé refuge, en particulier à Genève (temple de La Fusterie, 1712), à Lausanne (temple Saint-Laurent3, 1716-1719), à Berne (temple du Saint-Esprit, 1726-1729) et dans quelques villes d’Allemagne, il n’a jamais été le modèle dominant de l’architecture réformée française. Plus caractéristiques sont par exemple les temples de plan ellipsoïdal, par exemple le temple français de Potsdam (1753) qui vient d’être complètement restauré et réouvert au public, ou encore les temples rectangulaires et souvent « en large » des implantations huguenotes de type rural, comme celles de Hesse4.

  • 5 Voir Le temple de Chêne 1758-2008, Genève, Office du patrimoine et des sites DCTI, 2008.
  • 6 Mais des vitraux figuratifs ont été ajoutés au temple de Morges à l’extrême fin du xixe siècle et à (...)
  • 7 J’emprunte cette expression au théoricien de l’esthétique Rudolf Arnheim. Elle apparaît à plusieurs (...)

3À l’extrême fin du xviiie siècle, les réformés de France ou leurs pasteurs pouvaient avoir visité tel ou tel de ces temples-là. Ils pouvaient surtout avoir fréquenté ceux qui ont été édifiés en Suisse romande en ce même siècle, par exemple le temple ovale de Chêne-Bougeries (Genève, 1758)5, celui de Morges (Vaud, 1771) qui est le plus grand temple baroque de la francophonie, ou le temple de Villars-sous-Yens (Vaud, 1796) dont le dispositif intérieur en « quadrangle choral » est l’un des plus typiquement réformés qui se puissent imaginer (Ill. 1). Ces édifices peuvent avoir donné des idées aux réformés français désormais en mesure de songer à la réédification de leurs propres temples, d’autant que sous l’angle esthétique, tous se distinguent par leur sobriété. L’exclusion de toute image figurative6 dans ces lieux de culte et le parti de s’y abstenir de décors trop envahissants ou susceptibles de distraire l’attention des fidèles s’y manifestent par le respect d’une « économie de moyens »7 qui peut être considérée comme une règle constante de l’esthétique réformée. L’essentiel du travail architectural porte dès lors sur la gestion des volumes et de la lumière, mais aussi sur celle de l’acoustique si importante dans la célébration d’un culte au cours duquel la parole bien dite et bien entendue tient une large place.

Ill. 1 : Temple de Villars-sous-Yens

Ill. 1 : Temple de Villars-sous-Yens

Les temples néo-classiques de la première moitié du dix-neuvième siècle

  • 8 Il leur avait donné à choisir entre cette église et celle de La Madeleine. Leur choix a été des plu (...)

4Le plus ancien temple français de la période passée ici en revue est celui d’Orthez (Pyrénées-Atlantiques), ouvert en 1790. Très simple dans sa conception, mais de larges dimensions, il a été doté après coup d’une façade et d’un péristyle un peu plus prestigieux que ne l’était le dispositif primitif, toujours visible derrière le parvis d’entrée, tout en conservant un cachet d’austérité bien « protestant ». Il faut ensuite citer l’ancienne église des oratoriens, à Paris, mise à disposition des protestants par Napoléon8 en 1809 et maintenant connue sous le nom de temple de l’Oratoire du Louvre ; l’accès à l’ancien chevet a été fermé, ce qui a permis d’en faire une salle pour le conseil presbytéral, et la nef a été installée en large, ce qui correspond au réaménagement le plus fréquemment adopté au seizième siècle par les réformés disposant d’une église médiévale pour la célébration de leur culte.

Ill. 2 : Temple de Quissac

Ill. 2 : Temple de Quissac

5Quant aux autres temples édifiés avant 1840, la plupart l’ont été dans un style néo-classique ou ont été dotés d’un porche relevant de ce style-là. Ainsi le temple de Quissac (Gard, 1832), très caractéristique du fait que la salle de culte est constituée d’un parallélépipède rectangle d’une criante banalité, mais flanqué d’un imposant portique à la grecque (Ill. 2). Même remarque, même si cet élément y est proportionnellement moins grandiose, pour de nombreux autres temples, par exemple ceux de Saint-Hippolite-du-Fort (Gard, 1822), Anduze (Gard, 1823) (Ill. 3), Les Vans (Ardèche, 1823). de plan ellipsoïdal) ou encore Monoblet (Gard, 1843, avec un plan octogonal qui est l’un des plus réussis de la région cévenole).

Ill. 3 : Temple d’Anduze

Ill. 3 : Temple d’Anduze

6Pourquoi ce choix stylistique ? On peut y voir trois raisons :

  1. ce style-là était à cette époque celui des bâtiments officiels et venait ainsi attester architecturalement le fait, très important pour les protestants, qu’ils avaient désormais pleinement droit de cité dans leur propre pays et que leur religion était maintenant reconnue et officialisée au même titre que la religion catholique ;

    • 9 En 1814, John Carroll, évêque catholique–romain de Baltimore (Maryland), voulut que la basilique ép (...)

    directement inspiré de la Grèce antique, ce style permettait indirectement de signaler la préférence des protestants pour la démocratie9, si tant est que l’Athènes du ve siècle avant Jésus-Christ ait été « démocratique » ;

  2. Antoine Chrysostome Quatremère de Quincy (1755-1849), intendant général des Arts et Monuments publics, secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts, n’attribuait de crédits pour la construction de nouveaux édifices publics que s’ils relevaient plus ou moins de ce style-là.

  • 10 Si mes repérages sont exacts, c’est aussi de cette époque que date l’habitude, chez les réformés d’ (...)

7Cas particulier, le temple de Lunel (Hérault) est situé dans une rue étroite, ce qui n’a pas permis de conférer à sa façade toute la prestance que ses concepteurs eussent vraisemblablement souhaitée. Le fronton de son porche d’entrée n’en présente pas moins une particularité caractéristique d’une partie de la piété protestante au moment de sa construction : au centre des rayons solaires où les protestants du xviiie siècle faisaient figurer d’ordinaire soit le tétragramme hébraïque du nom divin, soit un triangle avec l’œil symbolisant la Providence divine, ils ont mis en bas-relief une bible ouverte avec la mention explicite « La sainte Bible », ce qui donne à penser que l’influence des sociétés bibliques était particulièrement forte dans la région10.

8Le temple de Lunel est disposé « en long », comme vont l’être de plus en plus souvent les temples réformés au cours des décennies suivantes, un dispositif qui correspond à la tournure volontiers discoureuse des cultes qui y étaient célébrés, mais avec une nuance importante : presque tous entourent la chaire, face à l’assemblée, de sièges réservés aux notables de la paroisse. En revanche, les temples les plus grands et les plus programmatiques, en particulier ceux de Saint-Hippolite-du-Fort (Gard, 1822), d’Anduze (Gard, 1823) et de Ganges (Hérault, 1851) ont été installés d’emblée « en large ». Celui d’Anduze présente d’ailleurs une particularité qui peut être considérée comme un souvenir d’avant la révocation : la chaire et la table de communion sont situées à l’intérieur d’un « parquet » (petit parc) délimité par une balustrade : sous le régime de l’Édit de Nantes, en effet, il s’agissait de contrôler que les fidèles désirant participer à la communion étaient effectivement en droit de le faire et n’étaient pas des provocateurs catholiques, ce que les agents du pouvoir royal eussent pu considérer comme une raison suffisante pour faire raser le temple.

  • 11 L’actuel temple d’Orléans conserve le très beau tableau des Tables de la Loi qui, avant la Révocati (...)
  • 12 Le dispositif intérieur de ce temple a malheureusement été altéré après la deuxième guerre mondiale

9Enfin il semble bien que, au début du xixe siècle, conformément à une vieille habitude réformée11, la plupart des temples affichaient sur un tableau bien visible des fidèles les tables de la loi ; elles sont encore présentes, gravées sur des plaques de marbre noir, dans le temple de Nanteuil-lès-Meaux12 (Seine-et-Marne, 1827).

Les temples du Second Empire

10Sous le Second Empire, le temple parisien du Saint-Esprit (1863), à la rue Roquépine, présente encore une façade et une salle de culte s’inspirant du style néo-classique, mais avec une verrière sommitale qui, dans ce genre d’édifice, est nouvelle pour l’époque. Victor Baltard (1801-1872), son architecte, avait été chargé d’édifier l’église Saint-Augustin dont le couple impérial rêvait de faire le lieu qui abriterait sa crypte familiale. En bon protestant, Baltard avait souhaité bâtir, bien visible en face de cette église, là où se trouvait jadis un grand magasin, un temple de sa confession. Mais l’impératrice Eugénie ne l’entendait pas de cette oreille. Elle refusa qu’il soit situé rue d’Assas, ce qui l’aurait encore rendu visible depuis le parvis de Saint-Augustin. Baltard et ses coreligionnaires durent se contenter de la rue Roquépine, avec pour résultat que le porche de leur temple, pourtant imposant, se trouve dans une situation étriquée, identique à bien des égards à celle du temple de Lunel.

  • 13 Voir Georg Germann, Neugothic : Geschichte ihrer Architekturtheorie, Stuttgart, Deutsche Verlag-Ans (...)

11Mais à ce moment-là, le style néo-classique avait déjà fait son temps, même aux yeux des protestants. Gagnés à leur tour par le goût des romantiques pour les architectures médiévisantes et quelque peu séduits par le slogan selon lequel le gothique serait « le seul style authentiquement chrétien »13 (les catholiques s’y étaient ralliés depuis longtemps, entre autre sous l’influence de Chateaubriand et de son Génie du christianisme, 1802), les protestants ont opté de plus en plus souvent, depuis 1850, pour des reprises de ce style-là. L’un des premiers exemples, encore assez velléitaire sous cet angle purement stylistique, en est la façade du temple du Luxembourg (1857), à Paris, rue Madame. Mais c’est à Mulhouse, ville d’ancienne tradition spécifiquement réformée, avec le temple Saint-Etienne (1866), que l’on trouve l’exemple le plus accompli d’une utilisation proprement réformée d’un style très résolument néo-gothique.

  • 14 Il en est à cet égard un exemple nettement plus convaincant que la réformée Elisabethenkirche, de B (...)

12Sur la foi de ce qu’en ont fait les catholiques, on reproche souvent à ce style-là d’avoir donné lieu à des églises, voire à des cathédrales, qui dans leur conception d’ensemble ne sont que de simples imitations de sanctuaires médiévaux. Ce n’est absolument pas le cas du temple mulhousien : de plan carré, avec une chaire centrée, suffisamment élevée pour que le pasteur soit bien visible des fidèles installés sur les galeries et la table de communion devant la chaire au centre des fidèles, ce temple n’a rien de médiéval, sauf le parti de réinstaller dans ses fenêtres ogivales les vitraux effectivement médiévaux déjà présents dans l’église à laquelle il a succédé. Le temple Saint-Etienne est ainsi l’un des exemples européens les plus accomplis, même s’il sent le tarabiscoté, de reprise d’un mode architectural à des fins cultuellement sensiblement différentes de celles qui lui avaient donné naissance14.

13Après lui, il faut évidemment citer le temple réformé de l’Etoile (Ill. 4), à l’avenue de la Grande Armée, construit en 1874 par l’architecte suédois William Hansen à la demande du pasteur Eugène Bersier (1831-1889). Ce temple n’est à proprement parler néo-gothique que de façade : construit pour s’insérer dans la continuité d’immeubles mitoyens bordant l’avenue, ses trois autres côtés sont de simple maçonnerie. Le dispositif intérieur, en revanche, en a été conçu dans l’idée de signaler une certaine continuité avec la piété chrétienne à travers les siècles, y compris avant la Réformation.

  • 15 Un architecte catholique contemporain qualifie cette formule de dispositif en forme d’« autobus ».

14Les fidèles sont assis frontalement15 face à trois fenêtres de type gothique et à un espace liturgique ayant en son centre une table de communion dont l’apparence s’apparente à celle d’un autel luthérien, la chaire étant quant à elle un peu refoulée sur le côté. Le souci de revaloriser la part « liturgique » du culte réformé a donc abouti dans ce cas à fausser compagnie au dispositif de tournure plutôt communautaire qui caractérisait d’ordinaire l’organisation intérieure des temples réformés. Moins militante liturgiquement, l’apparence extérieure du temple parisien des Batignolles (1897) ou celle du temple d’Aubenas (Ardèche, 1897), au plan hexagonal nettement plus réformé, s’inscrivent dans la même perspective du gothic revival cher à l’architecte britannique, mais d’ascendance huguenote, Augustus Pugin (1812-1852) et à son idéologie architecturo-liturgique du only genuine christian style.

Ill. 4 : Temple de l’Etoile (Paris)

Ill. 4 : Temple de l’Etoile (Paris)

Cliché Aude Krumenacker

Une architecture fin de siècle

15En dépit de son incontestable succès sous le second Empire, le style néo-gothique, voire néo-roman (peu pratiqué dans le protestantisme français) n’a pas tardé à céder le pas à des tentatives de se montrer en phase avec l’esthétique qui semblait en devenir. Le temple de la rue Maguelone (1870), à Montpellier, est un bon exemple de cette recherche d’autre chose, en l’occurrence le style que d’aucuns appellent romano-byzantin ; un peu composite, à mi-chemin entre plusieurs esthétiques, il n’a pas fait école en milieu protestant, mais tandis qu’en architecture civile ce style s’est volontiers montré compliqué et prétentieux, il a gardé dans le cas de ce temple une sobriété bien huguenote, avec un plan en croix grecque correspondant aux grandes constantes quadrangulaires de cette confession.

  • 16 Bossan a voulu que tous les autels soient consacrés à la Vierge, ce que ne permet pas la doctrine c (...)

16De première apparence presque semblable, mais avec plus d’emphase et de lourdeur, le Grand Temple de Lyon (1884), dit aussi temple des Brotteaux, sur le quai Augagneur, répond à un programme architectural nettement plus profilé (Ill. 5). Bien que ce soit très en contrebas, il fait à plus d’un égard pendant à la basilique Notre-Dame de Fourvière (1872-1896) de l’architecte Pierre Bossan (1814-1888). Comme celle du Sacré-Cœur, à Paris, cette basilique a été la réalisation d’un projet catholico-patriotique : manifester l’attachement de la France à la Vierge et remercier cette dernière d’avoir préservé Lyon de l’invasion prussienne en 1870. Bossan a effectivement conçu et réalisé une basilique encore plus délibérément mariale que ne le voulait la tradition catholique en la matière16.

  • 17 Le Grand Temple de Lyon et son orgue, brochure éditée par l’Église réformée de Lyon, 1998, p. 14.

17Considéré sous cet angle, le temple des Brotteaux est une réponse à cette volonté d’occupation catholique et mariale de l’espace lyonnais. Gaspard André (1840-1896), son architecte, a expressément voulu « utiliser des motifs inspirés des monuments chrétiens de l’église primitive, notamment ceux de Syrie » et « se démarquer ainsi de l’architecture néo-médiévale prônée par Viollet-le-Duc »17. Cette démarche sémiotique et architecturale correspond dans son ordre à celle des réformateurs et des théologiens protestants de l’époque dans le leur : reprendre un contact direct avec « l’église des premiers siècles » (une expression chère à Calvin) pour se démarquer d’autant plus nettement de l’église des siècles ultérieurs et a fortiori de l’église catholique-romaine, donc à plus forte raison des excès de la piété mariale qui, aux yeux des protestants, est justement en contradiction avec cette « église des premiers siècles ».

Ill. 5 : Grand Temple de Lyon

Ill. 5 : Grand Temple de Lyon

Cliché Christine Chadier

  • 18 Problème identique avec le palais de Rumine, à Lausanne, conçu par le même architecte : tout y est (...)
  • 19 Op. cit., p. 14.

18Une fois dans ce temple, il faut à vrai dire se donner de la peine pour y discerner les motifs dont André a voulu s’inspirer ; on a plutôt le sentiment de se trouver devant une architecture à la recherche d’une certaine grandeur tout en manquant un peu de souffle18. Le dispositif intérieur n’en est pas moins résolument protestant. Comme le dit la brochure commémorative éditée en 1998 en faisant allusion au plan centré au gré duquel « les fidèles occupent toute la salle de culte » et où « les conseillers consistoriaux conservent leurs places à proximité du prédicateur qui doit [lui-même] être vu de toute l’assemblée », « ce type de plan est conforme à l’organisation de l’espace cultuel qui s’est imposée à partir du xviie siècle à l’ensemble des églises réformées.19 »

19Comme le voulait la sensibilité du moment, de nombreux versets bibliques se donnent à lire sur les parois intérieures de l’édifice. En revanche, les peintures qu’André avait souhaité voir prendre place dans les deux niches en arceaux de part et d’autre de la salle de culte n’ont jamais été réalisées, à la fois par manque d’argent et parce que les responsables paroissiaux n’étaient pas prêts à accueillir des images figuratives dans leur temple.

20La fin du siècle et le début du suivant ont donné lieu a beaucoup de tâtonnements stylistiques, avec une certaine prédilection pour le pittoresque (que les Suisses qualifient d’ordinaire de Heimatstil en raison de ses connotations un peu alpestres). C’est par exemple le cas du temple de Fontainebleau (1894) qui allie une très bonne qualité de construction, un côté plutôt chaleureux et les caractéristiques d’un édifice de type effectivement « religieux ».

Un cas à part : le temple du Foyer de l’Âme

  • 20 Voir mon article « L’architecture du Foyer de l’Âme », Charles Wagner et la création du Foyer de l’ (...)

21Tout autre, le temple du Foyer de l’âme (Ill. 6), ouvert en 1907 dans le quartier de La Bastille, à Paris, pour accueillir les fidèles qui se pressaient aux cultes présidés par le pasteur Charles Wagner (1852-1918)20, un « libre croyant » soucieux de maintenir le dialogue avec les libres penseurs. L’esthétique de ce temple devait donc se montrer accueillante à ces derniers aussi bien qu’aux chrétiens les plus convaincus, et devait éviter de les effaroucher par les apparences d’une religiosité qui aurait pu les tenir à l’écart. La façade du temple est à elle seule déjà tout un programme : elle s’intègre sans rupture dans la continuité des autres immeubles bordant la rue du Pasteur-Wagner, l’entrée même du temple ne se signalant à l’attention que par sa forme en arceau et ses dimensions un peu plus importantes que celles des immeubles mitoyens. L’intérieur, de plan presque carré, s’inspire de l’esthétique alors en vogue dans les grands magasins, mais avec davantage de retenue et de sobriété. L’apport de lumière du jour est assuré par une vaste verrière sommitale qui, jadis, comportait quelques motifs de style Art Nouveau.

Ill. 6 : Paris, Le Foyer de l’Âme en 1925

Ill. 6 : Paris, Le Foyer de l’Âme en 1925
  • 21 Cet ensemble table-chaire-orgue en superposition verticale n’est pas sans rappeler les chaires-aute (...)
  • 22 Voir plus loin l’allusion au problème que la présence de telles croix peut poser en contexte réform (...)

22Si ce temple est actuellement doté de bancs, une photographie de 1925 montre qu’il était initialement équipé de chaises de style « caf’conç » comme pouvait l’être à l’époque une salle de conférence ; celles qui faisaient face au prédicateur étaient entourées par les rangs de celles qui longeaient les murs latéraux. Une galerie, dotée elle aussi de chaises, fait le tour de la salle, avec une grosse horloge face au prédicateur. Les regards des fidèles convergent vers un podium de faible élévation sur lequel se dresse la chaire, et devant elle la table de communion. La chaire est équipée d’un important abat-voix et surmontée à hauteur de la galerie par l’orgue, plus modeste à l’époque qu’il ne l’est aujourd’hui21. Les fidèles ou les pasteurs ont-ils à la longue trouvé ce dispositif par trop spartiate ? Vers le milieu du siècle dernier, le podium en question a été complété de manière à lui donner les allures des « parquets » de jadis et l’abat-voix a été surmonté d’une croix latine22. Dans l’ensemble, on peut dire du temple du Foyer de l’âme qu’il relève d’un style, à vrai dire unique en son genre, qui se voulait à la fois laïc et protestant.

Un timide et temporaire retour aux images figuratives

23Si le temple construit à l’instigation de Charles Wagner peut être considéré comme un exemple parfaitement réussi d’architecture protestante nettement située dans le temps et correspondant à une visée théologique clairement affirmée, en l’occurrence celle du protestantisme libéral, l’identité stylistique des temples édifiés dans les décennies suivantes est nettement plus hésitante. Pour mémoire, il faut citer le temple qui, à Auteuil, rue Cortambert (Paris XVe), a succédé en 1932 à la chapelle de bois qui avait été édifiée en 1897 à la rue Boileau. Architecturalement et quant à son organisation intérieure, il relevait d’une option plutôt banale, de tournure modern’style, avec l’assistance assise frontalement face à la chaire installée dans une esquisse de chœur en forme d’abside.

  • 23 Voir Dario Gamboni, Louis Rivier et la peinture religieuse en Suisse romande, Lausanne, Payot, 1985
  • 24 Voir Hans Martin Gubler, Die reformierte Kirche Horgen, Bern, Schweizerische Kunstführer, 1981.

24La nouveauté, en revanche, était la présence, dans cette abside, d’une grande peinture murale surmontant la chaire et représentant le Christ en croix, avec Marie et Jean-Baptiste de part et d’autre de la croix. Son auteur : Louis Rivier (1885-1963)23, un peintre suisse qui, dès le début du siècle dernier, s’était donné pour tâche de réintroduire l’art, sous forme de peintures figuratives, dans les temples réformés. Si mes repérages sont exacts, la première tentative de ce type a eu lieu dans le temple réformé de Horgen24, sur les bords du lac de Zurich, en 1874, le pasteur de l’endroit ayant réussi à persuader ses paroissiens qu’une représentation, de part et d’autre de la chaire, de Moïse descendant du Sinaï avec les tables de la Loi et de Jésus prêchant le sermon sur la montagne ne pouvait qu’aider les fidèles à se préparer mentalement à l’écoute du sermon.

  • 25 Voir Arthur-Louis Hofer, Église de Saint-Jean Lausanne, Lausanne, Belle Rivière, 1997.

25Après un premier succès dans le temple de Mex (Vaud) en 1905, Rivier eut la chance, en 1912-1913, d’être étroitement associé par le pasteur Jules Amiguet à la réalisation de son « église » Saint-Jean (Amiguet récusait l’emploi du mot « temple ») qui devait être une sorte de laboratoire liturgique pour renouer, en plein pays protestant, avec la tradition chrétienne antérieure au grand schisme de 105425. Rivier fut en l’occurrence chargé de réaliser tout le programme iconographique, peintures et vitraux, de cet édifice inspiré des anciennes basiliques italiennes.

26La pièce la plus importante de ce programme est la très grande peinture de l’abside au centre de laquelle se dresse la table de communion : le Crucifié supporté à bras écartés par Dieu le Père et surmonté de la colombe du Saint-Esprit, avec Marie et le Baptiste en-dessous de la croix, et entourés d’anges et de témoins de la foi au cours des siècles (parmi eux, l’essayiste et théologien vaudois Alexandre Vinet). Rivier a pu réaliser d’autres peintures figuratives du même ordre, mais dans une mise en scène plus simple qu’à Saint-Jean, dans d’autres temples vaudois, et son exemple a bientôt été suivi par d’autres peintres dans d’autres paroisses. Ce retour de peintures figuratives dans des temples de Suisse romande s’est étendu sur un demi-siècle, mais s’est complètement interrompu juste avant 1950.

27La peinture qui figurait dans le deuxième temple d’Auteuil est à situer dans le prolongement de ce mouvement, probablement à la suite de relations familiales entre Paris et la Suisse romande. La place frontale faite ainsi à une représentation de la crucifixion ne manque toutefois pas de surprendre en contexte réformé, surtout si l’on se rappelle que les édifices de cette branche-là du protestantisme n’accueillaient aucune croix latine jusqu’à ce qu’Eugène Bersier en préconise la réintroduction dans son temple de l’étoile. Il est bon de se souvenir à cet égard d’une différence sémiotique notoire entre luthériens et réformés : les croix luthériennes se présentent d’ordinaire sous les aspects de crucifix et sont donc dotées d’une représentation du Christ crucifié ; celles des réformés, depuis qu’ils se sont mis à en réintroduire dans leurs temples, sont toujours dépourvues de cette représentation : ils marquent ainsi que la foi réformée va au Christ ressuscité et siégeant « à la droite de Dieu », ce qui est en accord étroit avec leur conception de la cène (extra calvinisticum). Mais il semble que ni les réformés d’Auteuil ni ceux des paroisses de Suisse romande qui ont fait place à des crucifixions peintes par Rivier ne se soient rendu compte de l’incohérence doctrinale à laquelle ils prêtaient ainsi la main.

De 1950 à aujourd’hui

28Le deuxième temple d’Auteuil a été remplacé en 1967 par un immeuble de rapport au sein duquel la paroisse réformée s’est ménagé un espace pour sa salle de culte, pour ses diverses activités et pour le logement pastoral. Dans ce mode de faire, elle a été précédée en 1965 par celle d’Annecy dont le temple et le presbytère occupaient un terrain jadis situé à la périphérie de la ville, mais se trouvant maintenant en plein centre d’affaires du fait de la proximité de la gare construite depuis lors. L’entrée du temple, bien visible, donne sur une rue passante, tandis que la salle de culte se présente de l’extérieur comme une sorte de verrue dans la cour de l’immeuble. Stylistiquement, l’ensemble est parfaitement neutre, mais correspond à une exigence toute pragmatique, voire utilitariste, qui, dans son ordre, peut elle aussi se réclamer de la tradition réformée.

29Si les solutions adoptées à Paris-Auteuil, à Annecy et dans d’autres lieux encore peuvent à vues humaines s’imposer comme très opportunes en milieu de forte densité urbaine, toutes les paroisses ne sont pas sujettes à de telles contraintes. Lors de la reconstruction de Royan, l’une des mieux réussies de France, l’architecte Marcel Hébrard a réalisé en 1956 un temple qui s’intègre parfaitement dans l’esthétique de cette cité si gravement atteinte par les bombardements (Ill. 7). L’édifice proprement dit est précédé d’une sorte de patio couvert qui le rend particulièrement accueillant. La salle de culte, en revanche, quadrangulaire, installe l’assemblée « en rangs d’oignons », frontalement par rapport à un espace liturgique légèrement surélevé qui correspond, il est vrai, à l’idéologie liturgique de ces années-là, mais qui correspond mal au caractère communautaire du culte réformé.

Ill. 7 : Temple de Royan

Ill. 7 : Temple de Royan

30À Portes-les-Valence, la municipalité a proposé à la paroisse réformée un échange de terrain qui a permis d’édifier en 1992 un nouveau temple sur une place de marché particulièrement accessible et bien située (Ill. 8). L’originalité majeure de ce nouvel édifice, par ailleurs bien conçu, réside dans un grand bas-relief représentant le Sermon sur la Montagne et situé sur le mur le plus visible de la place publique ; une image figurative est ainsi censée indiquer aux passants la fonction majeure de l’édifice qu’ils ont sous les yeux et, possiblement, de les inviter à y entrer et entendre la prédication de l’évangile de Jésus, le Christ. Une question reste toutefois ouverte : les gens savent-ils de quel épisode biblique il s’agit et en comprennent-ils la signification ? Il est probable que non. Cet effort de recourir au langage des images pour dire qui l’on est mérite néanmoins d’être souligné.

Ill. 8 : Temple de Portes-les-Valence

Ill. 8 : Temple de Portes-les-Valence

31L’une des toutes dernières constructions réformées, le temple et centre paroissial Cap Espérance (2008) à Ermont-Taverny, non loin de Paris, par l’architecte Marc Rolinet, cherche elle aussi à parler le langage des signes (Ill. 9) : la façade donnant sur le parvis en est en forme d’oreille, comme pour rappeler que l’on vient là pour écouter une parole, celle de Dieu. Là encore, rien ne dit que les passants comprennent ce signe. En revanche, cet édifice retient l’attention par la qualité et le caractère presque ludique de son architecture – une solution qui tranche avec l’austérité si complaisamment prêtée à la tradition calviniste. Mais les réformés ne sont pas nécessairement calvinistes, ni les calvinistes nécessairement rabat-joie !

Ill. 9 : Temple d’Ermont-Taverny

Ill. 9 : Temple d’Ermont-Taverny

Quelques constatations en guise de conclusion

  • 26 La France n’est pas seule à pâtir de ce déficit. D’autres pays européens sont dans le même cas, par (...)
  • 27 René Laurent, Promenade à travers les temples de France, Montpellier, Presses du Languedoc, 1996.
  • 28 http://temples.free.fr/. Quelques temples figurent également dans un guide élaboré sous la directio (...)

32Par nature, le présent exposé ne pouvait faire état que de quelques exemples choisis parmi beaucoup d’autres. Ce choix comporte nécessairement une part d’arbitraire, tout comme les jugements de valeur qui ne pouvaient manquer de se glisser au fil de la démarche. Je n’ai pas à m’en excuser. Il faut savoir en revanche que toute enquête dans ce domaine achoppe une difficulté toute matérielle : il n’existe à ma connaissance aucun répertoire exhaustif des édifices cultuels protestants en France26. Chacun, à cet égard, en est donc réduit à travailler avec les moyens du bord qui sont des repérages faits au gré de déplacements à travers le pays ou à l’instigation d’indications éparses dans des livres comme la « promenade » sans prétention de René Laurent « à travers les temples de France »27 ou comme le précieux site Internet « Temples protestants de France » ouvert et géré par Roland Gennerat28 qui n’est pas encore parvenu à rassembler toute la documentation qu’il aurait souhaitée, certaines paroisses refusant même de fournir des photos de peur qu’il en fasse un mauvais usage.

33Tout subjectif qu’il soit, le parcours ci-dessus permet toutefois quelques constatations. Même si les xviie et xviiie siècles peuvent être considérés à bien des égards comme un âge d’or de l’architecture religieuse protestante, cette dernière n’est liée à aucun style plutôt qu’à un autre, en particulier dès le moment où, dès le début du xixe siècle, on s’est mis à choisir dans une sorte de catalogue des styles celui qui semblait convenir le mieux à tel ou tel type d’édifice : le néo-classique pour les bâtiments officiels ou les banques, le néo-médiéval pour les églises, le rococo pour les casinos, etc. Pour les raisons déjà dites, les réformés français se sont fort bien accommodés, pendant plusieurs décennies, de quelques éléments de style néo-classique. Dans l’ensemble, le néo-gothique semble leur avoir moins bien réussi dans la mesure où, mis à part le cas du temple de Mulhouse, il incite à remettre en place des types d’organisation intérieure relevant davantage des exigences de la liturgie catholique que de celles du culte réformé.

34Quel que soit le style choisi ou plus ou moins bien imité, une constatation ne cesse de s’imposer : la célébration du culte réformé impose une certaine sobriété ou, pour reprendre l’expression de Rudolf Arnheim déjà citée, une très grande « économie de moyens ». Dans la plupart des cas, ladite « économie » s’est imposée d’elle-même du fait des moyens matériels souvent très mesurés dont disposaient les paroisses pour édifier de nouveaux espaces cultuels. Mais fait bien connu, les bons artistes – les bons architectes sont des artistes – se distinguent justement par leur capacité de réaliser de fort belles choses avec presque rien. À ces contraintes matérielles s’en ajoutent d’autres qui tiennent à l’identité du culte réformé dans ce qu’il a de plus caractéristique, à commencer par l’absence d’images figuratives et le refus de décorations trop envahissantes ou distrayantes : l’architecture réformée, quand elle est de bonne qualité, travaille essentiellement avec les volumes et la lumière – tout comme l’architecture cistercienne. Précision non moins nécessaire : elle doit tenir compte du caractère même du culte dont la prédication de la Parole et son écoute constituent l’un des éléments centraux avec le chant des fidèles et, quand elle a lieu, la célébration de la cène. Le prédicateur doit donc être audible et visible de tous (il faut bien voir l’orateur pour bien suivre son discours), et l’acoustique, trop souvent négligée par les architectes, doit en tenir rigoureusement compte – cette acoustique qui joue aussi son rôle lors du chant de l’assemblée. L’esthétique des temples protestants, comme toujours en architecture, doit tenir compte de tous ces éléments et tient à la manière dont le maître d’œuvre sait les faire concerter.

35L’architecture est à bien des égards l’un des éléments les plus visuels et les plus spatiaux de la tradition réformée. Au xixe siècle et au début du siècle suivant, les réformés ont très souvent cru nécessaire de reproduire des versets bibliques sur les murs intérieurs de leurs temples, comme si la célébration du culte ne suffisait pas par elle-même, ou comme si l’architecture de leurs édifices n’avait pas d’identité propre. Mais la foi réformée, tout attachée qu’elle soit à ce qui doit être entendu, n’exclut pas pour autant le regard. C’est le défi que l’esthétique architecturale réformée se doit sans cesse de relever : donner lieu à des édifices capables d’être éloquents par eux-mêmes, en particulier par leur sobriété et l’économie des moyens que leurs constructeurs mettent en œuvre.

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Notes

1 Voir Claude Lasserre, Le séminaire français de Lausanne (1726-1812), instrument de la restauration du protestantisme français, Lausanne, Bibliothèque historique vaudoise, 1997.

2 Voir Georg Germann, Der protestantische Kirchenbau in der Schweiz von der Reformation bis zur Romantik, Zürich, Orell Füssli, 1963, p. 36 + p. 180, note 26. Germann se réfère à Heinrich von Geymüller qui lui-même a fait état, dans son Handbuch der Architektur, d’un plan qui n’aurait pu être retrouvé à la Bibliothèque nationale de Paris. Voir aussi le catalogue de l’exposition Heinrich von Geymüller (1839-1909), Architekturforscher und Architekturzeichner, Basel, Reinhardt, p. 139, notice 67.

3 À vrai dire, ce temple n’est pas aussi rigoureusement conforme au modèle de Charenton que ceux de Genève et de Berne : la chaire semble n’y avoir jamais été en avancée dans la nef de manière aussi nette que dans ces deux autres villes. Voir Marcel Grandjean, Les temples vaudois. L’architecture réformée dans le pays de Vaud (1536-1798), Lausanne, Bibliothèque historique vaudoise, 1988, p. 270-273.

4 Voir Fachwerkkirchen in Hessen, éd. par Förderkreis Alte Kirchen e.V. Marburg, Königstein/Taunus, Köster, 1983/1987.

5 Voir Le temple de Chêne 1758-2008, Genève, Office du patrimoine et des sites DCTI, 2008.

6 Mais des vitraux figuratifs ont été ajoutés au temple de Morges à l’extrême fin du xixe siècle et à celui de Saint-Laurent dans les années 1950. Dans ce deuxième cas les vitraux en question, particulièrement sombres, réduisent à néant le souci des constructeurs de faire large place à la lumière du jour.

7 J’emprunte cette expression au théoricien de l’esthétique Rudolf Arnheim. Elle apparaît à plusieurs reprises dans son étude Le cinéma est un art, Paris, L’Arche, 1989. Voir aussi du même auteur La pensée visuelle, Paris, Flammarion, 1976.

8 Il leur avait donné à choisir entre cette église et celle de La Madeleine. Leur choix a été des plus judicieux quand on sait la froideur de La Madeleine et les problèmes d’acoustique liés à la conception de cet édifice.

9 En 1814, John Carroll, évêque catholique–romain de Baltimore (Maryland), voulut que la basilique épiscopale de cette ville soit en style néo-classique pour bien montrer l’adhésion des catholiques américains aux idéaux républicains de leur nation. Voir Peer W. Williams, Houses of God. Region, Religion and Architecture in the United States, Chicago, University of Illinois Press, 1997, p. 61.

10 Si mes repérages sont exacts, c’est aussi de cette époque que date l’habitude, chez les réformés d’expression française, d’avoir en permanence une bible ouverte sur la table de communion, pour bien signifier que la « parole de Dieu » est « pain de vie ».

11 L’actuel temple d’Orléans conserve le très beau tableau des Tables de la Loi qui, avant la Révocation, figurait dans le temple de Châtillon-sur-Loire.

12 Le dispositif intérieur de ce temple a malheureusement été altéré après la deuxième guerre mondiale.

13 Voir Georg Germann, Neugothic : Geschichte ihrer Architekturtheorie, Stuttgart, Deutsche Verlag-Anstalt, 1974.

14 Il en est à cet égard un exemple nettement plus convaincant que la réformée Elisabethenkirche, de Bâle, édifiée à la même époque (1857-1866).

15 Un architecte catholique contemporain qualifie cette formule de dispositif en forme d’« autobus ».

16 Bossan a voulu que tous les autels soient consacrés à la Vierge, ce que ne permet pas la doctrine catholique en la matière, et toutes les fresques ou mosaïques représentant des scènes évangéliques ont Marie pour personnage central.

17 Le Grand Temple de Lyon et son orgue, brochure éditée par l’Église réformée de Lyon, 1998, p. 14.

18 Problème identique avec le palais de Rumine, à Lausanne, conçu par le même architecte : tout y est un peu compliqué, avec énormément de place perdue.

19 Op. cit., p. 14.

20 Voir mon article « L’architecture du Foyer de l’Âme », Charles Wagner et la création du Foyer de l’Âme, (actes d’un colloque), Paris, Église réformée de la Bastille, 2007, p. 25-36. Voir aussi le Bulletin de la Société d’Histoire du Protestantisme Français, 2008, vol. 154, p. 347-459, livraison consacrée à Charles Wagner.

21 Cet ensemble table-chaire-orgue en superposition verticale n’est pas sans rappeler les chaires-autels de la tradition luthérienne allemande et scandinave. Voir Hartmut Mai, Der evangelische Kanzelaltar, Geschichte und Deutung, Halle, Niemeyer, 1969.

22 Voir plus loin l’allusion au problème que la présence de telles croix peut poser en contexte réformé.

23 Voir Dario Gamboni, Louis Rivier et la peinture religieuse en Suisse romande, Lausanne, Payot, 1985.

24 Voir Hans Martin Gubler, Die reformierte Kirche Horgen, Bern, Schweizerische Kunstführer, 1981.

25 Voir Arthur-Louis Hofer, Église de Saint-Jean Lausanne, Lausanne, Belle Rivière, 1997.

26 La France n’est pas seule à pâtir de ce déficit. D’autres pays européens sont dans le même cas, par exemple la Suisse. À titre d’exemple, le Danemark et la Hongrie ont en revanche vu paraître des ouvrages passant en revue la quasi totalité de leurs temples protestants.

27 René Laurent, Promenade à travers les temples de France, Montpellier, Presses du Languedoc, 1996.

28 http://temples.free.fr/. Quelques temples figurent également dans un guide élaboré sous la direction d’Elisabeth Flory, Guide des architectures religieuses contemporaines à Paris et en Ile-de-France, Paris, éd. Alternatives, 2009.

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Table des illustrations

Titre Ill. 1 : Temple de Villars-sous-Yens
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Titre Ill. 2 : Temple de Quissac
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Titre Ill. 3 : Temple d’Anduze
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Titre Ill. 4 : Temple de l’Etoile (Paris)
Crédits Cliché Aude Krumenacker
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Titre Ill. 5 : Grand Temple de Lyon
Crédits Cliché Christine Chadier
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Titre Ill. 6 : Paris, Le Foyer de l’Âme en 1925
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Titre Ill. 7 : Temple de Royan
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Titre Ill. 8 : Temple de Portes-les-Valence
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Titre Ill. 9 : Temple d’Ermont-Taverny
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Pour citer cet article

Référence papier

Bernard Reymond, « Les temples protestants réformés aux xixe et xxe siècles »Chrétiens et sociétés, Numéro spécial I | -1, 201-221.

Référence électronique

Bernard Reymond, « Les temples protestants réformés aux xixe et xxe siècles »Chrétiens et sociétés [En ligne], Numéro spécial I | 2011, mis en ligne le 16 juin 2022, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/2737 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.2737

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Auteur

Bernard Reymond

Université de Lausanne

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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