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Résumés

Les temples protestants se démarquent des églises catholiques et se caractérisent généralement par un plan centré. L’extérieur, souvent simple, peut être somptueux dans les communautés les plus riches, avec des décors très modernes. L’intérieur, assez sobre, montre cependant une vraie science de l’espace et de l’acoustique. Ainsi a pu se constituer une architecture protestante particulière.

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Entrées d’index

Géographie :

France

Chronologie :

XVIe-XVIIe siècle

Thèmes :

Protestantisme, Temples
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Texte intégral

  • 1 Sauf indication contraire, beaucoup de renseignements ponctuels sur les temples proviennent du site (...)
  • 2 On peut citer les temples de Cardet (Gard), du Ponet (Drôme), de Velaux (Bouches-du-Rhône), de Véze (...)
  • 3 Bernard Reymond, L’Architecture religieuse des protestants : histoire, caractéristiques, problèmes (...)

1L’apparition du protestantisme en France comme confession chrétienne séparée de l’Église romaine a nécessité l’emploi de lieux de culte répondant à des principes en partie nouveaux. Certains de ces édifices ne sont que des réemplois d’églises catholiques ou de bâtiments civils, réaménagés afin de répondre aux principes du culte réformé. Mais d’autres ont été construits afin de servir de temples et ont cherché à répondre du mieux possible par leur plan, par leur aménagement intérieur, par leur décoration, aux nécessités liturgiques des calvinistes français. Ce sont eux que nous allons étudier1, après avoir rappelé au préalable les diverses solutions trouvées pour célébrer le culte et les principes généraux des services religieux réformés. La difficulté de la recherche tient au fait que la quasi totalité des temples français des xvie-xviie siècles ont été détruits et les rares qui subsistent, généralement parce qu’ils ont servi à d’autres usages, ne sont sans doute pas les plus représentatifs2. Nous ne possédons guère non plus de représentations ni de plans de ces édifices et peu de traités d’architecture les mentionnent. Il reste cependant assez d’éléments pour tenter une synthèse, qui peut s’appuyer sur un certain nombre de travaux récents, notamment le grand livre de Bernard Reymond, le colloque de Montpellier de 2003 consacré aux temples réformés et l’excellente synthèse d’Hélène Guicharnaud sur l’architecture des temples réformés3.

  • 4 Penny Roberts, « The Most Crucial Battle of the Wars of Religion ? The Conflict over Sites of Refor (...)

2Les toutes premières assemblées ayant été clandestines et n’ayant rassemblé que peu de monde, elles se sont généralement déroulées chez des particuliers. Mais très vite la nécessité de locaux particuliers, un peu plus vastes, s’est posée4. Des solutions très diverses ont été trouvées. Des bâtiments civils ont été utilisés. Le plus connu est sans doute la célèbre grange de Wassy, en Champagne, où a eu lieu le massacre du 1er mars 1562, prélude des guerres de religion. À Pontorson, c’est une grange à dîmes qui est utilisée jusqu’en 1625. À Jarnac, la grange du prieuré sert de temple. Dans bien des cas, à la campagne, ce sont des salles de châteaux, quelquefois la chapelle, qui servent pour le culte. C’est par exemple le cas en 1571, le seigneur Guillaume du Voesin met son château de Vitanval à la disposition des protestants du Havre. On peut aussi réunir plusieurs maisons, comme à la Guillotière, aux portes de Lyon, en 1561.

  • 5 Luce Madeline, « Les huguenots à Orléans vers 1570 », Bulletin de la société archéologique de l’Orl (...)

3Très fréquemment, quand les protestants ont le pouvoir dans une ville ou un village, l’église est transformée en temple. Les exemples sont innombrables. Citons, au hasard, l’église Saint-Sauveur d’Orléans qui sert de temple de 1564 à 15675, la chapelle Saint-Symphorien de Dirée, près d’Arvert, utilisée pour le culte jusqu’en 1664, l’église Saint-Jacques de Dieppe, de mai 1562 à août 1563, la chapelle Sainte-Marguerite, à La Rochelle, qui sert aux protestants jusqu’au siège. On peut aussi mentionner la chapelle du château de Pontaix, dans le Diois, devenue temple au xvie siècle ou, à Lyon, l’église Sainte-Croix, à côté de la primatiale.

4La réutilisation de bâtiments civils ou d’églises pose cependant problème, car ils n’ont évidemment pas été conçus pour le culte protestant. Celui-ci diffère beaucoup, dans son organisation, de la liturgie catholique.

  • 6 Cité in André Biéler, Liturgie et architecture. Le temple des chrétiens, Genève, Labor et Fides, 19 (...)

5C’est déjà le cas avec la Réforme luthérienne. On peut rappeler l’ordonnance de l’Église de Hesse, en 1526 : « Nous exhortons tous les fidèles à participer à la prière et à la lecture publiques, régulièrement et avec zèle et de même à la Cène du Seigneur. Ces actes ne seront plus désormais accomplis dans le chœur, mais au milieu de l’église. »6 Pourquoi le milieu de l’église, c’est-à-dire la nef ? Sans doute parce que c’est là qu’étaient prêchés les sermons, que se sont déroulées les disputes amenant les communautés à se réformer, sans doute aussi parce que les fidèles avaient l’habitude de s’y rassembler. Le chœur, séparé de la nef par le jubé, était l’espace traditionnellement réservé aux clercs, par opposition aux laïcs, distinction que la Réforme veut abolir.

  • 7 Malcolm Lovibond, « Les premiers dispositifs réformés à Saint-Pierre de Genève », BSHPF, 2006, p. 4 (...)
  • 8 Natalis Rondot, Les Protestants de Lyon au dix-septième siècle, Lyon, Mougin-Rusand, 1891, p. 149.

6Le même dispositif est repris dans les églises réformées françaises. Genève, dont on aurait pu penser qu’elle servirait de modèle, est donc une exception, avec la chaire placée au premier pilier gauche et l’assemblée se rassemblant dans l’abside, le transept et le début de la nef, sur des bancs en gradin formant une sorte d’amphithéâtre autour du prédicateur, d’autres gradins étant installés dans les galeries du transept7. Les Ordonnances ecclésiastiques de Genève de 1541 se contentent d’ailleurs de rappeler le rôle primordial et structurant de la prédication, donc de la chaire : « Que les tables soyent près de la chaire, afin que le Ministre se puisse plus commodément exposer près des tables » (§ De la Cène). Il est par ailleurs prévu que les baptêmes se fassent également près de la chaire. Mais rien n’est dit sur la place de la chaire. L’installation de bancs en amphithéâtre semble courante ; elle est notamment attestée dans l’église Sainte-Croix de Lyon8.

  • 9 Le rejet par Calvin de toute localisation de Dieu s’exprime notamment dans son exégèse des Actes, d (...)

7Le rôle fondamental de la prédication va dans le sens d’un plan centré. Mais, avant d’aller plus loin, rappelons tous les éléments classiques des églises qui n’ont plus de sens ou, pire, sont marques d’idolâtrie pour le protestantisme réformé. Le chœur, en tant que partie réservée aux clercs n’a, on l’a vu, plus de raison d’être. Par conséquent le jubé, qui le sépare de la nef, devient inutile. Quand on réutilise des églises, le jubé est souvent détruit (c’est le cas à Genève) ou fermé par des pierres, ce qui transforme le chœur en une salle éventuellement disponible pour des activités profanes. Tout ce qui met en valeur l’eucharistie pour rappeler la réalité de la transsubstantiation, de la présence réelle et corporelle du Christ, doit être supprimé : le maître autel, le ciborium, le tabernacle, le baldaquin. C’est une simple table qui remplace l’autel : elle est souvent démontable dans les premiers temps, puis généralement installée à demeure, en pierre, sauf aux Pays-Bas et en Écosse. Bien entendu, les autels latéraux, qui permettaient de célébrer le sacrifice eucharistique lors des messes privées, disparaissent. Les chapelles latérales, consacrées à des dévotions diverses, n’ont plus aucune raison d’être ni, par conséquent, le déambulatoire. Les reliquaires qui peuvent s’y trouver sont évidemment supprimés. De manière générale, rien ne doit rappeler un sanctuaire, pour que les fidèles ne croient pas que Dieu est localisé en un endroit particulier9.

  • 10 David Thomson, « Protestant Temples in France c. 1566-1623. A Pilote Study », in Jean Guillaume (éd (...)
  • 11 Gabriel de Saconay, Discours des premiers troubles advenus à Lyon, avec l’Apologie pour la ville de (...)
  • 12 Bernard Reymond, « ‘Temple de Lyon nommé Paradis’ : que représente au juste le tableau conservé à G (...)
  • 13 Claude de Rubys, Histoire veritable de la ville de Lyon…, à Lyon, par Bonaventure Nugo, 1604, p. 41 (...)
  • 14 Bernard Reymond, « D'où le temple Paradis (1564-1567) tenait-il son modèle ? », BSHPF, 1999, p. 263 (...)
  • 15 Georg Germann, Der protestantische Kirchenbau in der Schweiz von der Reformation bis zur Romantik, (...)

8La disparition de tous ces éléments devrait conduire, lorsqu’un nouvel édifice est construit pour le culte, à un plan relativement simple, centré autour de la chaire. Dans les faits, on note une assez grande diversité10. À Lyon, en 1561, les protestants se réunissent dans le « Temple Martin », « parfaict en la forme d’un theatre propre pour iouer farces & comedies »11. Derrière le trait polémique, le chanoine de Lyon a très bien perçu qu’un temple n’est pas un lieu sacré, mais d’abord un lieu de réunion où il importe que la parole soit entendue, que, par conséquent, une forme de théâtre convient parfaitement. Le célèbre temple de Paradis, utilisé de 1564 à 1567, correspond bien à cela. Sa forme exacte est difficile à connaître : circulaire ou ellipsoïdale ? Le tableau et les dessins du temple, si toutefois ils le représentent bien, ne permettent pas de trancher12. L’avocat catholique Claude de Rubys en parle comme d’un bâtiment ovale, et fait lui aussi le rapprochement avec un théâtre : il « sembloit un vray Theatre pour joüer moralitez ou comedies »13. Il n’est pas impossible qu’il tire son origine des théâtres élisabéthains, dont il existe des répliques en France et qu’a connus Bucer lors de son séjour en Angleterre14. Notons que Léonard de Vinci avait imaginé entre 1516 et 1519, lorsqu’il était à la cour du Roi de France, des amphithéâtres pour la prédication, dénommés « teatro da predicare »15 (Ill. 1).

Ill. 1 : Temple de Paradis

Ill. 1 : Temple de Paradis

Musée international de la Réforme de Genève, droits réservés

  • 16 B. Reymond, «  ‘Temple de Lyon nommé Paradis’… », art. cit.

9Le temple de Paradis peut aussi s’inspirer du plan circulaire inspiré du Panthéon romain et proposé par Androuet du Cerceau dans son ouvrage de 1550, les Moyens Temples, des exemples de bâtiments à plan centré proposés par Serlio dans son Cinquième livre d’architecture (traduit en français en 1547) et, symboliquement, il rappelle le temple de Jérusalem tel qu’on l’imaginait au xvie siècle16. Retenons cependant cette possible origine dans le théâtre, plausible dans la mesure où l’on cherche surtout des édifices où l’on puisse voir et entendre.

  • 17 Cf les textes cités par H. Guicharnaud, « Approche de l’architecture… », art. cit., p. 488, où il e (...)
  • 18 Cité par Andrew Spicer, « Huguenots, Jesuits and French Religious Architecture in Early Seventeenth (...)

10D’autres temples ont une forme relativement proche : le Grand Temple de La Rochelle (Ill. 2), inauguré en 1603, est sur plan octogonal avec clocher, comme celui de Grenoble ; celui de Quevilly (Ill. 3), près de Rouen, est en forme de dodécagone ; celui de Dieppe (Ill. 4) serait presque de forme ovale (un dodécaèdre), mais un dessin conservé évoque plutôt un polygone à 8 ou 10 côtés17 ; pour les contemporains, il ressemblait « au theatre de Rome, qu’on appelle Collysée ou arrenes de Nysmes »18 ; celui de Caen, situé à Bourg l’Abbé (Ill. 5), construit vers 1609-1612, a une forme polygonale. Montauban a également un édifice sur plan centré. Le temple de Bergerac, dédicacé le 10 avril 1637, est octogonal.

Ill. 2 : Grand Temple de la Rochelle

Ill. 2 : Grand Temple de la Rochelle

Ill. 3 : Temple de Quevilly

Ill. 3 : Temple de Quevilly

Ill. 4 : Temple de Dieppe

Ill. 4 : Temple de Dieppe

Ill. 5 : Temple de Bourg l’Abbé

Ill. 5 : Temple de Bourg l’Abbé
  • 19 Jean-Yves Carluer, Protestants et Bretons, Carrières sous Poissy, La Cause, 2003.
  • 20 Marcel Bruyère, Alès, capitale des Cévennes, Nîmes, H. Mauger, 1948.
  • 21 Victor Madeleine, Le Protestantisme dans le pays de Caux (ancien colloque de Caux, Havre et Dieppe (...)
  • 22 Luc Daireaux, « Les temples normands… », art. cit., p. 448.
  • 23 Philippe Chareyre, « Accueillir, ordonner : tribunes et cabinets dans le temple de La Calade à Nîme (...)
  • 24 Idelette Ardouin-Weiss, « L’exercice du culte réformé à Tours au milieu du XVIIe siècle, 1630-1670  (...)
  • 25 Paul Beuzart, Le Protestantisme en Thiérache (Haute Picardie), Paris, Honoré Champion, 1931.
  • 26 Didier Boisson, Hugues Daussy, Les Protestants dans la France moderne, Paris, Belin, 2006, p. 188.
  • 27 H. Guicharnaud, « Approche de l’architecture… », art. cit., p. 484-485.
  • 28 L. Daireaux, « Les temples normands… », art. cit., p. 448.

11Plus fréquente est la forme basilicale. Il peut être assez fruste, comme le premier temple breton, édifié vers 1558 au hameau de la Ville-Pierre, à Plémy, sur la seigneurie de Moncontour. Le bâtiment consiste en halles ouvertes au rez-de-chaussée, avec cinq piliers cylindriques en granit en façade, et un étage formant une seule grande pièce19. D’autres passent pour imposants. C’est le cas du temple d’Alès, utilisé dès 1579, qui peut servir pour une communauté de 5 à 6 000 personnes. Il a trois portes d’entrée, quinze fenêtres rectangulaires et une tour clocher20. Celui de Lintot, en Normandie, passe pour « magnifique »21, malgré sa taille réduite (12x6 m)22 ; le temple de la Calade, à Nîmes (1565), a une, puis trois portes d’entrée précédées d’un perron en 1602-1603 ; avec 48 m de long sur 30 de large, c’est sans doute un des plus grands de France, pouvant recevoir plus de 5 000 personnes23. Plus modeste, le temple de Tours, situé au lieu de la Butte, paroisse de La Ville-aux-Dames, édifié en 1632, a néanmoins 21,5 m de long sur 13,5 de large, et il est haut de 8 m, couvert d’ardoises24. Celui de Villers-lès-Guise, en Picardie, a presque les mêmes dimensions (23x13 m)25, celui d’Aubusson est un peu plus petit (23x8 m) ; mais celui de Mer, près de Blois, est bien plus grand (28x14 m)26, celui de Saumur également (26x7 m). On peut aussi signaler le grand temple de Montpellier ou le temple de la Ville-Neuve, à La Rochelle, édifice plus modeste entouré d’un enclos27 (Ill. 6), et bien d’autres. Il existe également des édifices presque carrés, comme le temple de Courtomer, en Normandie, qui mesure 11,5 m sur 10,528.

Ill. 6 : Temple de La Ville-Neuve

Ill. 6 : Temple de La Ville-Neuve

Ill. 7 : Temple de Chermont

Ill. 7 : Temple de Chermont
  • 29 Élisabeth Labrousse, in Jacques Le Goff, René Rémond, Histoire de la France religieuse, Paris, Seui (...)
  • 30 André Hugon, Le Temple et l’histoire de la paroisse réformée du Collet de Dèze (Lozère), Uzès, Pela (...)
  • 31 Horst Schwebel, « Les temples des colonies huguenotes de la Hesse », BSHPF, 2006, p. 481-490.

12Ces temples rectangulaires sont les plus nombreux, on en trouve à Vézenobres, Puylaurens, Meyrueis, Marvejols, Lasalle, Pont-en Royans, Mens-en-Trièves, etc. Ils rappellent bien entendu les basiliques des premiers chrétiens et, de ce fait, participent à la volonté de revenir au christianisme primitif du protestantisme, mais l’ambition est souvent beaucoup moins grande : « le plus souvent, les temples étaient des constructions extrêmement simples, qui ressemblaient un peu à des granges, aux murs blanchis à la chaux et dont les fenêtres, bien souvent, dans le Midi, avaient du papier huilé en guise de vitres »29. Dans le Nord, le dessin du temple de Chermont, près de Meaux (Ill. 7), confirme ce caractère très simple de beaucoup de temples ; dans ce dernier cas, le portail d’entrée dénote cependant une certaine recherche. Les huguenots s’inspiraient de ce qu’ils avaient sous les yeux, de ce qu’ils connaissaient, notamment les granges ou les halles. On utilise des matériaux locaux, par exemple les blocs de schiste et de quartz du Gardon, au Collet-de-Dèze30. Au Refuge, en Hesse, les huguenots construiront des temples à colombage, sur le modèle des maisons locales31. Dans quelques cas, assez rares, certaines communautés rurales vont jusqu’à construire de véritables petites églises, extérieurement du moins, se conformant à ce qu’elles connaissaient comme édifices cultuels. C’est le cas du temple de Vialas, dans les Cévennes, bâti en 1612 en style roman.

  • 32 Edouard-Jacques Ciprut, « Le premier grand temple de Charenton, son architecte, les dates de sa con (...)

13À l’opposé de ces temples souvent très simples se situent les temples de Charenton, le premier, bâti en 1607 par Jacques II Androuet du Cerceau et incendié en 1621, le second édifié par Salomon de Brosse en 1623, tous deux étant dans la continuité du temple d’Ablon (1599-1606), également dû à Jacques II Androuet du Cerceau32. Le second temple de Charenton, le mieux connu, est vaste : 33 m de long sur 19,50 m de large, avec deux étages de galeries soutenues par vingt colonnes, ce qui lui permet d’accueillir 4 000 personnes. Une de ses particularités est sa disposition en long, qui n’est peut-être pas d’origine : il est possible que de Brosse ait d’abord prévu un dispositif dans la largeur, comme dans les autres temples, mais qu’il l’ait modifié pour des raisons d’acoustique. Ce temple, connu par divers documents et plusieurs illustrations, qui a servi aux protestants parisiens, reste cependant une exception et n’a guère été imité, ni en France ni, par la suite, dans les pays du Refuge.

  • 33 Jean-Jacques Dias, « Le Temple caché de Velaux », La Valmasque, Bulletin de l’Association d’Études (...)
  • 34 Charles Bastide, « Locke et les protestants du Languedoc (1676-1677) », BSHPF, 1909, p. 417. Sur le (...)

14Certaines églises du Midi représentent une variante intéressante de ce plan rectangulaire. Le meilleur exemple, toujours conservé, est constitué par le temple du Collet-de-Dèze (Ill. 8). Il comporte en effet une arche de pierre, située non pas transversalement comme dans le cas de voûtes, mais longitudinalement. Le même dispositif, mais caché actuellement par la voûte et les plafonds de plâtre, se trouve au temple de Velaux33. On le trouvait également à Nîmes (la Calade et petit temple), Montpellier, Alès, Anduze, Florac, Vialas, Saint-Germain-de-Calberte, Lasalle, Aigues-Vives, Saint-Hippolyte, Courthézon, ainsi qu’à Orange où il fut remarqué par John Locke en 1675, qui décrit « une seule arche de pierre, pareille à un pont, embrassant toute la longueur de l’église et soutenant les chevrons, comme la poutre maîtresse d’une maison »34

Ill. 8 : Temple du Collet-de-Dèze, intérieur

Ill. 8 : Temple du Collet-de-Dèze, intérieur

15Cette arche sur laquelle repose une vaste charpente permet de dégager un vaste espace sans piliers et accentue ainsi l’aspect unitaire de l’édifice, ce qui renforce le caractère communautaire du culte. La qualité acoustique est également meilleure. Il s’agit à l’origine d’un type de construction régionale, utilisé pour les granges cévenoles. Mais son adéquation aux principes du culte réformé explique sans doute le succès de cette formule en dehors des Cévennes, au point de devenir un signe identitaire des temples du Sud-Est de la France.

16Tout cela est bien connu, et entrer plus dans les détails de cette typologie ne servirait qu’à répéter ce qu’on trouve dans les monographies et les études d’ensemble consacrées aux temples. Il me semble préférable de me recentrer sur la question, dictée par la problématique du colloque, d’une éventuelle spécificité de l’architecture religieuse réformée.

  • 35 Cité par Raymond A. Mentzer, « Les églises réformées de France et les arts plastiques », La Constru (...)
  • 36 Bernard Chedozeau, « Les conséquences de la Réforme sur la distribution intérieure des églises cath (...)

17Une première caractéristique est constituée par l’apparence extérieure du bâtiment. Elle peut être plus ou moins somptueuse, en fonction de l’importance et de la richesse de la communauté, mais, presque toujours, on ne peut la confondre avec une église catholique. Il y a des exceptions, comme à Vialas, mais cela ne concerne sans doute que très peu d’édifices. Les tout premiers temples, dès la fin des années 1550, étaient déjà très différents des églises. L’essentiel était sans doute de trouver une forme répondant mieux aux nouveaux impératifs liturgiques, ainsi que de se démarquer de l’Église catholique dont on veut se séparer car elle représente l’idolâtrie et la superstition, elle est le « temple des idoles »35. Cette dernière raison est sans doute essentielle. En effet, la recherche d’un plan centré, mieux adapté à l’écoute de la Parole, n’est pas spécifique au protestantisme. L’Église catholique a fait de même ; si l’architecture réformée a pu influencer le plan d’édifices catholiques, notamment avec la suppression du jubé, un meilleur éclairage, la présence d’un seul autel dans le chœur36, des églises à plan centré existent dès le xve siècle, comme la chapelle des Pazzi de Brunelleschi, la basilique Santa Maria delle Carceri de Prato, de Giuliano da Sangallo, l’église San Biagio à Montepulciano, de Antonio da Sangallo le Vieux. Pour le début du xvie siècle, il suffit de songer à plusieurs des réalisations de Bramante, que ce soit Santa Maria della Consolazione de Todi, le Tempietto à Rome ou le projet de Saint-Pierre de Rome. Or les réformés n’ont pas retenu ce parti-pris architectural, sans doute parce qu’il se fondait sur une croix grecque et qu’il y avait une volonté de rejeter toute représentation de la croix. Il y avait donc nécessité d’inventer de nouvelles formes.

18Ce sont sans doute les édifices ronds, ovales ou polygonaux qui répondent le mieux aux nouveaux besoins liturgiques. Le plan basilical, surtout quand un des côtés est beaucoup plus long que l’autre, pose davantage de problèmes pour rassembler la communauté autour du ministre. Mais c’est le plan adopté le plus généralement, sans doute parce que la construction est plus facile et parce que l’emprise au sol permet d’utiliser toute la surface disponible. Lui aussi a d’ailleurs été remis à l’honneur dès le xve siècle, notamment par Brunelleschi à San Lorenzo (1419) et à Santo Spirito (1434) de Florence. Qu’il soit basilical ou centré, cependant, le plan permet d’éviter la présence de colonnes à l’intérieur, qui empêcheraient de bien voir le prédicateur.

  • 37 R. Mentzer, « Les églises réformées de France… », art. cit., p. 230-232.

19La plupart du temps, les temples sont relativement simples extérieurement, ressemblant ainsi à des bâtiments civils auxquels serait adjointe une tour-clocher. Sans doute peut-on y voir une volonté de sobriété et de rigueur justifiée théologiquement par le fait que ce ne sont pas la richesse et le prestige qui doivent en imposer, mais que seule la Parole détient la vérité. Mais, plus prosaïquement, cela s’explique aussi par le coût de ces édifices, soutenu financièrement par la seule communauté protestante, souvent peu nombreuse et pas toujours très riche, et la nécessité de bâtir rapidement un nouveau lieu de culte. Aucune étude d’ensemble n’a vraiment été faite des sommes consacrées à la construction et à l’entretien des temples, mais quelques sondages montrent qu’elles sont considérables, aussi bien dans des communautés rurales comme Montagnac, en Gascogne, ou Durfort, en Cévennes, que dans des villes comme Nîmes ou Montauban et que les projets peuvent être entravés par les difficultés financières37. La sobriété des façades est donc conforme à un projet théologique, mais elle est aussi en grande partie une nécessité.

20

Ill. 9 : Temple de Velaux

Ill. 9 : Temple de Velaux
  • 38 Nicolas Westphal, « La place du temple dans un modèle de ville protestante : les propositions de Ja (...)

21Au reste, les décors ne sont pas absents. La modeste église de Velaux (Ill. 9), qui est utilisée par la communauté de Marseille, a une façade élégante, avec deux portes encadrées de pilastres ioniques et surmontées d’une corniche et de volutes qui se rejoignent autour d’une niche centrale. Au sommet, un pot-à-feu et deux boules engagées couronnent la moulure supérieure. On accède au temple en montant un large perron de plusieurs marches qui assure à la fois la continuité avec l’espace environnant et une certaine séparation : le temple n’est pas un lieu sacré comme l’église catholique, il est néanmoins le lieu où Dieu se rend présent lorsque la communauté est réunie. Un tel perron se retrouve dans bien d’autres cas, par exemple à Nîmes (la Calade), La Rochelle (Grand Temple), Charenton, Lasalle, etc. Notons qu’un des très rares traités d’architecture évoquant les temples protestants, Des Fortifications et artifices de Jacques Perret (1601), préconise des escaliers tout autour de l’édifice38. Les quelques autres temples pour lesquels nous avons de la documentation montrent qu’ils n’étaient pas non plus dépourvus de décorations extérieures : à Meyrueis, dans les Cévennes, le temple, construit avant 1580, comprenait de belles fenêtres moulurées et deux portes en plein cintre ; à Puylaurens, la façade était ornée de trois arcades.

Ill. 10 : Temple de Charenton

Ill. 10 : Temple de Charenton
  • 39 Jugement du bourgeois de Caen Simon de Marchand, cité par Sophronyme Beaujour, Histoire de l’Eglise (...)

22Les temples les plus importants étaient particulièrement bien décorés. Celui de Charenton (Ill. 10), avec ses quatre portes (une de chaque côté) aux claveaux en pierres de taille, ses deux étages de fenêtres, ses lucarnes, l’entablement qui court tout autour du bâtiment, le clocheton d’ardoises et de plomb, les pots-à-feu aux extrémités de la toiture, dégage, sous une apparente simplicité, une impression de monumentalité. À Caen, le temple de Bourg-l’Abbé a une façade rythmée par des pilastres d’ordre colossal, chaque travée ainsi délimitée étant percée d’une fenêtre en plein cintre ; la porte, monumentale, est surmontée d’un fronton curviligne couronné d’une sorte de pot-à-feu. Des baies en plein cintre se retrouvent à l’étage. L’édifice est couronné de deux pots-à-feu et d’un clocheton. La conception élaborée du bâtiment n’empêche pas la moquerie des catholiques, qui parlent de ce temple comme d’un « godiviau parce que il est fait en façon de un pastey »39. Le Grand Temple de La Rochelle (Ill. 2) possède à chaque angle de forts pilastres cannelés, les portes sont entourées de pilastres et surmontées de frontons curvilignes. Une frise située à mi-hauteur court tout autour du bâtiment, une corniche soutenue par des corbeaux soutient le toit. À Montauban,

  • 40 H. Guicharnaud, « Approche de l’architecture… », art. cit., p. 494.

le grand portail était encadré de pilastres avec base, chapiteaux, architrave, frise et corniche, eux-mêmes accentués par la présence de pilastres monumentaux […] rythmant avec vigueur la façade principale. Seize fenêtres ébrasées […] se répartissaient tout autour de l’édifice. Leur forme était laissée au choix des constructeurs ‘en ovalles ou carrees ou de la forme que on trouvera estre plus agreable’40.

  • 41 Andrew Spicer, « ‘Qui est de Dieu, oit la Parole de Dieu’ : the Huguenots and their temples », in R (...)
  • 42 Sur les premières œuvres de Martellange, encore assez peu « baroques », voir Annie Regond, « Le frè (...)

23On oppose souvent l’austérité des temples protestants à l’exubérance baroque catholique. Mais, on le voit, l’austérité n’empêche pas une bonne connaissance et l’emploi des principaux éléments décoratifs de l’époque et, chronologiquement, on se situe en amont du baroque français, par ailleurs assez sobre en matière architecturale : rappelons que le temple de La Rochelle est de 1603, celui de Caen de 1609-1612, celui de Montauban de 1615, celui de Charenton est reconstruit en 1623, celui de Velaux entre 1616 et 1625… La plus grande vague de construction de temples se situe de 1580 à 160041. Une des premières églises baroques, mais considérée aussi comme un exemple précoce de classicisme, est Saint-Gervais-Saint-Protais (1616-1621), de l’architecte protestant Salomon de Brosse ; l’église des jésuites de Paris, Saint-Louis, est de 1627, celle du noviciat jésuite est de 1628. La façade de la chapelle du collège de la Trinité, à Lyon, qui date de 1617, n’est guère moins austère que nos temples protestants, bien qu’elle soit due au jésuite Martellange42. C’est moins dans leur décoration extérieure que dans leur plan que les temples de la fin du xvie et du début du xviie siècle se distinguent des églises catholiques. Dans leur souci de se démarquer, les protestants emploient même des éléments décoratifs et architecturaux très modernes, à une époque où l’on continue à construire la plupart des églises en style gothique.

24On aura remarqué le nombre assez important de portes dans les temples. Il s’agit bien entendu de faciliter l’entrée et la sortie des fidèles, mais, au-delà de cette dimension pratique, il y a sans doute un sens symbolique. Les portes vont en effet souvent par deux ou par trois. Dans le premier cas, comme à Velaux ou à Montauban, on est dans une symbolique biblique : le temple de Jérusalem, d’après Ézéchiel, doit avoir deux portes : « Le temple et le sanctuaire avaient deux portes. Il y avait aux portes deux battants, qui tous deux tournaient sur les portes, deux battants pour une porte et deux battants pour l’autre. » (Ez. 41, 23-24). Dans le second cas, représenté par exemple au temple de la Calade à Nîmes, à Alès, Lasalle, Anduze, Orange, à la Ville Neuve de La Rochelle, il est fort probable qu’on ait un symbole trinitaire. Malgré sa simplicité apparente, l’architecture se donnerait ainsi à lire, pour dévoiler le dogme ou le lien entre lieu de culte réformé et temple de Jérusalem.

  • 43 Élisabeth Labrousse, « L’église réformée du Carla », BSHPF, 1960, p. 47-48.

25Une autre particularité des temples réformés est la présence de grandes fenêtres, en principe transparentes. Les églises les plus pauvres, comme celle du Carla, doivent se contenter de les couvrir de parchemin43 mais on trouve généralement du verre blanc. Il arrive que certaines fenêtres soient ornées des armoiries du roi, de notables ou de la ville : c’est le cas à Nîmes ou au temple de Paradis à Lyon. Le protestantisme manifeste ainsi sa volonté de s’intégrer aux institutions politiques qui dominent la vie civile. Mais l’essentiel est que la lumière est abondante à l’intérieur du temple. Là encore, on peut invoquer des raisons pratiques : la nécessité de bien voir le prédicateur, de lire le texte des prières et des psaumes… Mais la lumière ne converge pas vers des endroits particuliers qui seraient ainsi mis en valeur. L’essentiel est sans doute dans le symbole : Dieu est lumière ; invisible à nos yeux, irreprésentable, il se manifeste pourtant dans la lumière. Pour Calvin, la Révélation peut être illustrée par la lumière qui croît progressivement. Dieu habite une lumière inaccessible, certes ; mais de ce fait il se révèle dans la lumière naturelle, présente partout dans le temple. Plus qu’une volonté d’austérité ou une hostilité de principe à l’art du vitrail, le choix des grandes verrières blanches correspond à un parti pris théologique. C’est sans doute moins la nécessité d’éclairer que le choix de laisser se répandre la lumière naturelle - ainsi que le désir de se démarquer des catholiques - qui explique ce choix. Au reste, les quelques représentations qui nous restent montrent que les fenêtres ne sont pas quelconques, mais qu’elles peuvent être encadrées de pilastres ou, comme on l’a vu dans le cas de Montauban, de la forme la plus agréable possible. Les considérations esthétiques ne sont donc pas absentes des préoccupations des constructeurs des temples.

  • 44 Menna Prestwich, « Patronage and the Protestants in France, 1598-1661 : Architects and Painters », (...)
  • 45 Hélène Guicharnaud, Montauban au XVIIe siècle, 1550-1685. Urbanisme et architecture, Paris, Picard, (...)
  • 46 A. Biéler, Liturgie et architecture…, op.cit., p. 80.

26On connaît très mal ces constructeurs. Il s’agit souvent de simples maçons, mais, dans le cas des temples les plus prestigieux, des noms d’architectes apparaissent44. Jacques II Androuet du Cerceau et Salomon de Brosse ont déjà été évoqués à propos des temples d’Ablon et de Charenton. Le second est le neveu du premier, tous deux membres d’une grande dynastie d’architectes. Le Grand Temple de La Rochelle a souvent été attribué à Philibert de L’Orme, sans preuve vraiment convaincante. À Montauban, on a fait appel à l’architecte toulousain Pierre de Levesville, qui a travaillé aux cathédrales de Mende, d’Auch, de Nîmes, de Toulouse, à la réfection de la place principale de Montauban45. Le temple de Quevilly a été construit par Nicolas Genevois46. Les communautés les plus riches ont donc fait appel à des architectes célèbres, passant outre le fait qu’ils puissent être, dans le cas de Levesville, catholiques. C’est un signe de plus que les qualités esthétiques des temples ne leur étaient pas indifférentes.

27Un bon exemple de la volonté d’une architecture prestigieuse est fourni, à la périphérie du Royaume, par le temple de Sedan, bâti de 1593 à 1600. Long et rectangulaire, il comporte sept travées et trois nefs, avec une importante voûte supportée par des colonnes toscanes encastrées dans une galerie. Il s’apparente moins à un auditorium qu’à une basilique inspirée de Vitruve, comme à Charenton. La famille de La Tour d’Auvergne dispose de sa porte particulière, de sa tribune, et fait don d’un orgue. L’édifice peut apparaître presque autant comme une église princière que comme un temple protestant classique.

Ill. 11 : Temple de Charenton, intérieur

Ill. 11 : Temple de Charenton, intérieur
  • 47 Michel Pastoureau, « La Réforme et la couleur », BSHPF, 1992, p. 323-342.
  • 48 Ibid., p. 329.
  • 49 H. Guicharnaud, « Approche de l’architecture… », art. cit., p. 483.
  • 50 Laurent-Oddos-Marcel, site http://huguenotsinfo.free.fr/temples/ponet_int.htm [consulté le 10 octob (...)

28Nous ne nous attarderons pas sur la décoration intérieure des temples, assez bien connue par ailleurs. Il y a sans doute très peu de couleur (Ill. 11). Calvin, se situant à l’extrémité d’un mouvement qui a débuté au xve siècle, s’est montré hostile à la polychromie et aux couleurs vives47. Mais on sait qu’il y a une certaine recoloration des temples en Suisse dès la fin du xvie siècle et surtout au xviiie48. Pour ce qui concerne le domaine français, la documentation manque. Le temple de Paradis semble blanc ou gris clair, peut-être n’a-t-il pas été peint et les pierres sont-elles à nu. Les murs du temple de Charenton ont été crépis à chaux et sable49. Une gravure du temple de Quevilly laisse penser que les colombages étaient visibles à l’intérieur. On peut supposer que l’absence de tout décor pictural est assez générale et que, très souvent, les murs étaient blancs, ou au moins clairs, ce qui met d’ailleurs encore plus en évidence la lumière naturelle. Mais on a retrouvé au Ponet, dans la Drôme, des traces d’un décor peint du xvie siècle50.

29L’élément sans doute le plus caractéristique des temples réformés est la présence d’un ou deux étages de galeries reposant sur des colonnes ou des corbeaux, afin d’accroître la capacité d’accueil des bâtiments et de permettre une bonne acoustique ainsi qu’une vue dégagée sur la chaire, au moins pour les hommes, auxquels les galeries étaient réservées. On en trouve déjà dans les temples les plus anciens et elles existent également dans les temples construits au Refuge, alors même qu’il était plus facile de construire des édifices plus grands, preuve qu’elles ont très rapidement constitué un signe distinctif des lieux de culte réformés. Elles permettaient aussi de structurer l’espace et d’orner les murs : dans le cas des temples les plus riches, comme à Charenton, elles pouvaient être supportées par de belles colonnes toscanes et d’élégantes balustrades.

  • 51 Raymond Mentzer, « Les débats sur les bancs dans les Églises réformées de France », BSHPF, 2006, p. (...)
  • 52 Amanda Eurich, « Sacralising space : reclaiming civic culture in early modern France », in Will Cos (...)

30Sur le sol, généralement en terre battue – seuls les temples les plus riches devaient être carrelés : le Paradis à Lyon, La Rochelle, Montauban, Dieppe, Charenton, etc. prennent place des bancs, autre élément caractéristique des temples protestants, souvent placés en amphithéâtre51. Les autres éléments de décor sont les tables de la Loi, peintes sur le mur ou figurant sur des panneaux, accompagnées quelquefois de citations bibliques ou de figures de prophètes ; des versets bibliques inscrits sur les galeries ou au-dessus des portes ; des armes de la ville, du roi, ou, à Orange, les armoiries de la maison de Nassau52 ; la chaire, surélevée, pour qu’on entende mieux le prédicateur (et sans doute un dais en abat-voix, comme au temple de Paradis de Lyon).

  • 53 A. Spicer, « ‘Qui est de Dieu, oit la Parole de Dieu’… », art. cit., p. 187.
  • 54 Yves Krumenacker, « Masquer le protestantisme dans les villes françaises au XVIIe siècle », in Brun (...)
  • 55 A. Spicer, « ‘Qui est de Dieu, oit la Parole de Dieu’… », art. cit., p. 187.

31Que conclure ? Parler d’austérité, ou même simplement de sobriété à propos de l’architecture des temples protestants paraît excessif et mal rendre compte de leur spécificité. La modestie des constructions s’explique surtout par le peu de moyens et la rapidité avec laquelle il fallait les édifier. Mais, dès que c’était possible, les protestants ont fait usage d’éléments modernes de décor, ils ont utilisé un style architectural à la mode et fait appel aux plus grands architectes, ils ont employé des matériaux de qualité et quelquefois rares comme les corniches en pierre du temple de Montauban53. Les temples sont en principe, en vertu de l’édit de Nantes, situés dans les faubourgs des villes. Mais ce n’est pas le cas dans de nombreuses villes du Sud, comme Nîmes, Montauban, Montpellier, pourtant villes épiscopales et où ils se trouvent au centre ; c’est pareil à Bergerac ou à La Rochelle ; à Pau, le temple est proche de l’église Notre-Dame et à Uzès il est en face de l’église catholique54. Et généralement il s’agit d’édifices imposants, pouvant faire pièce aux églises catholiques. Dans le projet de ville nouvelle d’Henrichemont fait par Sully, l’église catholique et le temple protestant devaient être construits avec la même taille et selon le même modèle55.

  • 56 Andrew Spicer, Calvinist Churches in Early Modern Europe, Manchester – New York, Manchester Univers (...)
  • 57 Klaus Merten, « Les temples des huguenots », in Philippe Hoch (éd.), Huguenots. De la Moselle à Ber (...)

32À la différence du catholicisme qui peut s’exprimer dans toutes sortes de constructions ou d’éléments visuels, comme des croix, des statues, etc., le temple représente la seule attestation visible de la permanence du protestantisme et du maintien du pluralisme religieux, voire, dans certaines villes, la prédominance de la Réforme protestante. Il est de ce fait le symbole de la communauté et doit marquer l’espace. Si l’opposition catholique tente d’empêcher la construction d’édifices trop voyants, si le trop petit nombre de protestants est un frein à la réalisation de bâtiments importants, cela n’empêche pas les calvinistes de vouloir qu’ils soient beaux. Un bref tour d’horizon européen montre d’ailleurs que, des Provinces-Unies à la Suisse et à Genève, de l’Écosse à la Hongrie, les temples étaient des objets de fierté locale dans lesquels les communautés investissaient lourdement, qu’ils étaient des symboles identitaires et qu’on pouvait les munir de décors somptueux, jusqu’à être marqués, plus tardivement, par le style baroque56. Le temple de Potsdam, commencé en 1751, s’inspire du Panthéon et celui de Schwedt (Brandebourg) est de style rococo57.

  • 58 Catharine Randall, Building Codes : the Aesthetics of Calvinism in Early Modern Europe, Philadelphi (...)

33D’autre part, il existe une esthétique architecturale calviniste. Les architectes protestants du temps d’Henri IV s’appuient constamment sur la Bible dans leurs écrits théoriques, ils affirment volontiers vouloir rebâtir Jérusalem et détruire Babylone et mettent en œuvre de nouveaux codes. Mais ils usent d’un langage symbolique, fondé sur l’Écriture et non immédiatement perceptible. C’est ce que nous avons vu pour les temples. C’est aussi vrai pour l’architecture civile. Ainsi, pour la place Royale à Paris, les maisons s’inspirent du type de la maison privée de Philibert Delorme, avec des motifs ornementaux rudimentaires et une grande simplicité de matériaux (brique, pierre de couleur crème, ardoises), mettant en pratique une forme d’iconoclasme. De manière générale, on trouve dans les bâtiments construits par des protestants une certaine liberté par rapport aux règles en usage, des irrégularités qui confirment que le monde, selon la Bible, est défectueux et désordonné. Une différence est marquée entre l’extérieur et l’intérieur, fondée sur l’opposition entre l’apparence du texte biblique et sa compréhension grâce à l’inspiration de l’Esprit : c’est pourquoi un bâtiment civil, une simple grange peut être temple de Dieu lorsque la communauté y est rassemblée pour former le corps du Christ. Ce n’est pas un esprit d’austérité qui guide les architectes protestants, mais une esthétique fondée sur le symbolisme biblique58.

  • 59 Klaus Merten, « Les temples des huguenots », art. cit., p. 232-238.

34Plutôt que de s’interroger sur la sobriété des temples protestants, il semble préférable de souligner la naissance d’un ordre visuel différent qui confère à l’architecture religieuse huguenote un caractère identitaire affirmé. Le plan centré ou basilical, le rejet de tout ce qui peut rappeler les églises catholiques traditionnelles (arcs brisés, arcs boutant, colonnes, décoration de type « gothique »), l’emploi d’un style résolument « moderne » ; à l’intérieur, la place centrale donnée à la chaire, la présence de galeries, de bancs, l’importance de la lumière naturelle : tout cela devient caractéristique des temples protestants français, au point qu’on les retrouve dans les communautés du Refuge : les temples d’Erlangen, de Schwabach, d’Halberstadt, de Magdebourg, d’Hildburghausen (Thuringe), de l’église berlinoise de la Klosterstrasse rappellent celui de Montauban, celui de Friedrichstadt rappelle Charenton59.

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Notes

1 Sauf indication contraire, beaucoup de renseignements ponctuels sur les temples proviennent du site http://temples.free.fr/ (consulté en septembre 2009).

2 On peut citer les temples de Cardet (Gard), du Ponet (Drôme), de Velaux (Bouches-du-Rhône), de Vézenobres (Gard), de Vialas (Lozère), de Sedan (Ardennes), devenus églises catholiques, de Cénevières (Lot), dans l’enceinte d’un château, du Collet de Dèze (Lozère), devenu hôpital puis prison, du Poët Laval (Drôme), qui servait de maison commune, de Pontorson (Manche), grange à dîmes redevenue entrepôt, de Lintot (Seine Maritime), devenu logis de ferme, de Colleville (Seine-Maritime).

3 Bernard Reymond, L’Architecture religieuse des protestants : histoire, caractéristiques, problèmes actuels, Genève, Labor et Fides, 1996 ; colloque paru dans le Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français (désormais BSHPF), n° 152/3, 2006 ; Hélène Guicharnaud, « Approche de l’architecture des temples protestants construits en France avant la Révocation », Études théologiques et religieuses, 2000/4, p. 477-504 ; voir aussi une première version de ce texte, « An Introduction to the Architecture of Protestant Temples Constructed in France before the Revocation of the Edict of Nantes », in Paul Corby Finney, Seeing beyond the Word. Visual Arts and the Calvinist Tradition, Grand Rapids, Wm. B. Eerdmans Publishing Co, 1999, p. 133-162.

4 Penny Roberts, « The Most Crucial Battle of the Wars of Religion ? The Conflict over Sites of Reformed Worship », Archiv für Reformationsgeschichte, 1998, p. 247-267.

5 Luce Madeline, « Les huguenots à Orléans vers 1570 », Bulletin de la société archéologique de l’Orléanais, nlle série, t. XIV, n° 117, déc. 1997, p. 7.

6 Cité in André Biéler, Liturgie et architecture. Le temple des chrétiens, Genève, Labor et Fides, 1961, p. 73.

7 Malcolm Lovibond, « Les premiers dispositifs réformés à Saint-Pierre de Genève », BSHPF, 2006, p. 407-418, et A. Biéler, op.cit., p. 74.

8 Natalis Rondot, Les Protestants de Lyon au dix-septième siècle, Lyon, Mougin-Rusand, 1891, p. 149.

9 Le rejet par Calvin de toute localisation de Dieu s’exprime notamment dans son exégèse des Actes, d’Exode 25:8 et de Deutéronome 12:5. Résumé commode dans Paul Corby Finney, « Early Christian Architecture : The Beginnings (A Review Article) », Harvard Theological Review, 81-3 (1988), p. 319-339, précisément p. 326-328.

10 David Thomson, « Protestant Temples in France c. 1566-1623. A Pilote Study », in Jean Guillaume (éd.), L’Église dans l’architecture de la Renaissance, Paris, Picard, 1995, p. 245-256.

11 Gabriel de Saconay, Discours des premiers troubles advenus à Lyon, avec l’Apologie pour la ville de Lyon…, Lyon, par Michel Jove, MDCLXIX, p. 42.

12 Bernard Reymond, « ‘Temple de Lyon nommé Paradis’ : que représente au juste le tableau conservé à Genève ? », BSHPF, 2009, p. 781-794.

13 Claude de Rubys, Histoire veritable de la ville de Lyon…, à Lyon, par Bonaventure Nugo, 1604, p. 410.

14 Bernard Reymond, « D'où le temple Paradis (1564-1567) tenait-il son modèle ? », BSHPF, 1999, p. 263-284. Bucer parle des temples circulaires qu’il considère comme les plus habituels dans l’Église primitive dans les Scripta Anglicana fere omnia…, à Bâle, chez Perna, 1577.

15 Georg Germann, Der protestantische Kirchenbau in der Schweiz von der Reformation bis zur Romantik, Zurich, O. Füssli, 1963, p. 159.

16 B. Reymond, «  ‘Temple de Lyon nommé Paradis’… », art. cit.

17 Cf les textes cités par H. Guicharnaud, « Approche de l’architecture… », art. cit., p. 488, où il est question d’une « forme ovalle », par Luc Daireaux, « Les temples normands au XVIIe siècle : essai de typologie », BSHPF, 2006, p. 446, et la gravure conservée à la médiathèque Jean-Renoir de Dieppe.

18 Cité par Andrew Spicer, « Huguenots, Jesuits and French Religious Architecture in Early Seventeenth Century France », in Keith Cameron, Mark Greengrass, Penny Roberts (éd.), The Adventure on Religious Pluralism in Early Modern France, Berne, Peter Lang, 2000, p. 249.

19 Jean-Yves Carluer, Protestants et Bretons, Carrières sous Poissy, La Cause, 2003.

20 Marcel Bruyère, Alès, capitale des Cévennes, Nîmes, H. Mauger, 1948.

21 Victor Madeleine, Le Protestantisme dans le pays de Caux (ancien colloque de Caux, Havre et Dieppe exceptés) d'après les documents rassemblés et les notes recueillies par feu M. Emile Lesens, Paris, Fischbacher, 1906, p. 349 sq.

22 Luc Daireaux, « Les temples normands… », art. cit., p. 448.

23 Philippe Chareyre, « Accueillir, ordonner : tribunes et cabinets dans le temple de La Calade à Nîmes », BSHPF, 2006, p. 419-440.

24 Idelette Ardouin-Weiss, « L’exercice du culte réformé à Tours au milieu du XVIIe siècle, 1630-1670 », BSHPF, 2008, p. 25-40.

25 Paul Beuzart, Le Protestantisme en Thiérache (Haute Picardie), Paris, Honoré Champion, 1931.

26 Didier Boisson, Hugues Daussy, Les Protestants dans la France moderne, Paris, Belin, 2006, p. 188.

27 H. Guicharnaud, « Approche de l’architecture… », art. cit., p. 484-485.

28 L. Daireaux, « Les temples normands… », art. cit., p. 448.

29 Élisabeth Labrousse, in Jacques Le Goff, René Rémond, Histoire de la France religieuse, Paris, Seuil, 1988, t. 2, p. 455.

30 André Hugon, Le Temple et l’histoire de la paroisse réformée du Collet de Dèze (Lozère), Uzès, Peladan, 1975.

31 Horst Schwebel, « Les temples des colonies huguenotes de la Hesse », BSHPF, 2006, p. 481-490.

32 Edouard-Jacques Ciprut, « Le premier grand temple de Charenton, son architecte, les dates de sa construction », BSHPF, 1958, p. 106-113 ; H. Guicharnaud, « Approche de l’architecture… », art. cit., p. 481-484.

33 Jean-Jacques Dias, « Le Temple caché de Velaux », La Valmasque, Bulletin de l’Association d’Études Vaudoises et Historiques du Luberon, Mérindol, n°71, 2006.

34 Charles Bastide, « Locke et les protestants du Languedoc (1676-1677) », BSHPF, 1909, p. 417. Sur les temples de Courthézon et Orange, voir Françoise Moreil, « Les temples de la principauté d’Orange aux XVIIe et XVIIIe siècles », BSHPF, 2006, p. 457-479.

35 Cité par Raymond A. Mentzer, « Les églises réformées de France et les arts plastiques », La Construction de l’identité réformée aux XVIe et XVIIe siècles. Le rôle des consistoires, Paris, H. Champion, 2006, p. 221.

36 Bernard Chedozeau, « Les conséquences de la Réforme sur la distribution intérieure des églises catholiques », BSHPF, 2006, p. 513-520. Du même auteur, Chœur clos, chœur ouvert. De l’église médiévale à l’église tridentine (France, XVIIe-XVIIIe siècles), Paris, Cerf, 1998.

37 R. Mentzer, « Les églises réformées de France… », art. cit., p. 230-232.

38 Nicolas Westphal, « La place du temple dans un modèle de ville protestante : les propositions de Jacques Perret dans son Traité Des fortifications et artifices (1601) », BSHPF, 2006, p. 363-374.

39 Jugement du bourgeois de Caen Simon de Marchand, cité par Sophronyme Beaujour, Histoire de l’Eglise réformée de Caen, Caen, Veuve Le Gost-Clerisse, 1877. Voir aussi L. Daireaux, « Les temples normands… », art. cit.

40 H. Guicharnaud, « Approche de l’architecture… », art. cit., p. 494.

41 Andrew Spicer, « ‘Qui est de Dieu, oit la Parole de Dieu’ : the Huguenots and their temples », in Raymond A. Mentzer, Andrew Spicer (éd.), Society and Culture in the Huguenot World 1559-1685, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 182 ; voir aussi, id., « Huguenots, Jesuits and French Religious Architecture in Early Seventeenth Century France », in Keith Cameron, Mark Greengrass, Penny Roberts (éd.), The Adventure of Religious Pluralism in Early Modern France, Berne, Peter Lang, 2000, 322 p.

42 Sur les premières œuvres de Martellange, encore assez peu « baroques », voir Annie Regond, « Le frère Martellange, architecte du collège de la Trinité », in Étienne Fouilloux, Bernard Hours (dir.), Les jésuites à Lyon, XVIe-XXe siècle, Lyon, ENS éditions, 2005, p. 37-57.

43 Élisabeth Labrousse, « L’église réformée du Carla », BSHPF, 1960, p. 47-48.

44 Menna Prestwich, « Patronage and the Protestants in France, 1598-1661 : Architects and Painters », in Roland Mousnier, Jean Mesnard (dir.), L’Âge d’or du Mécénat, Paris, éditions du CNRS, 1985, p. 77-88 ; Anthony Blunt, Art and Architecture in France, 1500-1700, Baltimore, 1970.

45 Hélène Guicharnaud, Montauban au XVIIe siècle, 1550-1685. Urbanisme et architecture, Paris, Picard, 1991, p. 92-99.

46 A. Biéler, Liturgie et architecture…, op.cit., p. 80.

47 Michel Pastoureau, « La Réforme et la couleur », BSHPF, 1992, p. 323-342.

48 Ibid., p. 329.

49 H. Guicharnaud, « Approche de l’architecture… », art. cit., p. 483.

50 Laurent-Oddos-Marcel, site http://huguenotsinfo.free.fr/temples/ponet_int.htm [consulté le 10 octobre 2009].

51 Raymond Mentzer, « Les débats sur les bancs dans les Églises réformées de France », BSHPF, 2006, p. 393-406.

52 Amanda Eurich, « Sacralising space : reclaiming civic culture in early modern France », in Will Coster, Andrew Spicer (éd.), Sacred Space in Early Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, p. 271.

53 A. Spicer, « ‘Qui est de Dieu, oit la Parole de Dieu’… », art. cit., p. 187.

54 Yves Krumenacker, « Masquer le protestantisme dans les villes françaises au XVIIe siècle », in Bruno Dumons, Bernard Hours (éd.), Ville et religion en Europe du XVIe au XXe siècle, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2010, p. 229-242.

55 A. Spicer, « ‘Qui est de Dieu, oit la Parole de Dieu’… », art. cit., p. 187.

56 Andrew Spicer, Calvinist Churches in Early Modern Europe, Manchester – New York, Manchester University Press, 2007.

57 Klaus Merten, « Les temples des huguenots », in Philippe Hoch (éd.), Huguenots. De la Moselle à Berlin. Les chemins de l’exil, Metz, éditions Serpenoise, 2006, p. 238.

58 Catharine Randall, Building Codes : the Aesthetics of Calvinism in Early Modern Europe, Philadelphia, The University of Pennsylvania Press, 1999.

59 Klaus Merten, « Les temples des huguenots », art. cit., p. 232-238.

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Table des illustrations

Titre Ill. 1 : Temple de Paradis
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Titre Ill. 2 : Grand Temple de la Rochelle
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Titre Ill. 3 : Temple de Quevilly
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Titre Ill. 4 : Temple de Dieppe
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Titre Ill. 5 : Temple de Bourg l’Abbé
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Titre Ill. 6 : Temple de La Ville-Neuve
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Titre Ill. 7 : Temple de Chermont
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Titre Ill. 8 : Temple du Collet-de-Dèze, intérieur
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Titre Ill. 9 : Temple de Velaux
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Titre Ill. 10 : Temple de Charenton
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Fichier image/jpeg, 44k
Titre Ill. 11 : Temple de Charenton, intérieur
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Pour citer cet article

Référence papier

Yves Krumenacker, « Les temples protestants français, XVIe-XVIIe siècles »Chrétiens et sociétés, Numéro spécial I | -1, 131-154.

Référence électronique

Yves Krumenacker, « Les temples protestants français, XVIe-XVIIe siècles »Chrétiens et sociétés [En ligne], Numéro spécial I | 2011, mis en ligne le 16 juin 2022, consulté le 04 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/2736 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.2736

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Auteur

Yves Krumenacker

Université de Lyon (Jean Moulin Lyon 3), Institut Universitaire de France, RESEA – LARHRA, UMR 5190

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