Jacob Spon et les arts : un savant protestant dans la République des Lettres
Résumés
Le médecin protestant Jacob Spon est un des plus grands antiquaires français du XVIIe siècle. Passionné par l’architecture, la sculpture et les médailles, plus que par les autres arts, admirateur de l’Antiquité, il partage ses découvertes au sein de la République des Lettres. L’art, pour lui, doit élever à la connaissance et à la vérité et peut donc servir à la controverse religieuse. Pour cela, il définit et utilise une nouvelle méthode empirique, en faisant de l’archéologie une science de terrain.
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1Jacob Spon est un des principaux antiquaires de France des années 1670 et 1680. Il demeure pourtant en retrait dans l’historiographie protestante du xviie siècle.
2Né le 13 janvier 1647 dans une famille de négociants allemands installés à Lyon depuis près d’un siècle, Jacob Spon est le fils de Charles Spon, médecin, philhellène et érudit. Il est baptisé au temple de Saint-Romain de Couzon le 27 de ce mois. On sait peu de choses de son enfance et de son adolescence. En 1662, il est inscrit au Collège de Genève où il fait ses humanités. Son père l’envoie ensuite à Strasbourg chez le professeur d’histoire Jean-Henri Boecler, où il rencontre Charles Patin (1633-1693), jeune médecin et numismate, avec lequel il se lie d’une profonde et durable amitié. Le jeune Spon poursuit sa formation et s’oriente vers la médecine. À Paris, il est logé chez Guy Patin, doyen de la faculté de médecine. Il semble avoir commencé ses études à la Sorbonne, mais en raison des statuts de cette institution, il ne peut obtenir son baccalauréat à cause de sa foi. Il s’inscrit en 1664 à la faculté de médecine de Montpellier. Après un cursus médical accéléré, il est reçu docteur le 7 février 1667. Il est agrégé au collège de médecine de Lyon avec l’aide de son père au mois de novembre 1668. Il se consacre alors à sa profession de médecin et à sa passion d’antiquaire. Son voyage en Italie, en Grèce et au Levant puis la relation imprimée qu’il en tire en 1678 le consacre comme savant réputé de la République des Lettres. Il sait s’entourer de relais efficaces à Paris comme en Europe pour promouvoir ses ouvrages et ses idées. Il est le premier à donner en 1685 une définition pertinente de l’archéologie dans son dernier livre, un recueil d’épigraphie, les Miscellanea eruditæ antiquitatis. Mais cette même année, l’interdiction d’exercer la médecine le prive peu avant la Révocation de sa principale source de revenus. Il choisit l’exil plutôt que l’abjuration. Après un parcours chaotique entre Lyon et Genève accompagné de son ami l’apothicaire Philippe Sylvestre Dufour, il arrive épuisé, ruiné et malade à Vevey. Jacob Spon s’éteint le 25 décembre 1685 des suites d’une tuberculose qui l’incommoda toute sa vie.
3Jacob Spon joua de ses appartenances qu’il concilia difficilement. Médecin, huguenot et savant, il distinguait son devoir médical des obligations de sa foi et de ses distractions d’antiquaire avec quelques contradictions que révèlent ses rapports avec l’art. En accord avec Calvin et la plupart de ses contemporains, il estime que l’art doit commémorer et informer, instruire, et non pas illustrer. Il rejette la fonction sacrée des images chère aux catholiques ce qui ne l’empêche pas de visiter les églises qu’il rencontre lors de ses voyages. Ses délassements vont à l’étude de l’Antiquité. Il se passionne pour les œuvres d’art de cette époque qu’il cherche à comprendre, mais ne méprise pas les arts de son temps. Les conclusions de ses travaux sur l’Antiquité à l’aide des arts sont publiées et discutées au sein d’une République des Lettres, où il jouit d’une saine réputation. La pensée de Spon sur les arts célèbre et utilise un passé révéré, idéalisé, perçu dans sa globalité comme terrain d’étude, mais aussi comme un modèle philosophique, moral et esthétique stable pour l’élite intellectuelle du Grand Siècle.
L’art pensé
Une conception calviniste de l’art
4Par sa foi et sa piété, Spon est un réformé sincère, et reconnu comme tel. Il adhère aux conceptions calviniennes sur l’art en général, et sur les images en particulier.
- 1 Lyon, Bibliothèque municipale, (BML), ms, 1313, f° 148-152, Lettre au Pere La Cheze.
5Pour Calvin, Dieu ne s’enseigne que par la Parole, et ne s’adore que par l’Esprit. Les protestants refusent la fonction sacrée et médiatrice des arts plastiques en vigueur chez les catholiques : l’image agissante, distribuant visions et miracles est réprouvée. Le seul médiateur possible est Jésus-Christ. Toute image est proscrite dans les temples : la représentation de Dieu est perçue comme une abomination papiste déshonorant la majesté divine. Spon se dresse lui aussi contre l’idolâtrie et les superstitions populaires qui en découlent. Il dénonce ces abus dans une lettre au Père la Chaise, jésuite et confesseur du roi Louis XIV datée du 2 janvier 1680. S’appuyant sur des arguments historiques il écrit « que le Culte des images estoit inconnu dans l’Eglise primitive, et qu’il n’y avoit ny statuës ny Images dans les Temples. Il ne faut que sçavoir l’Histoire pour cela, et remarquer les anciennes Eglises qui n’en avoient que par dehors »1. Il poursuit sur la relative nouveauté des images dans les églises et l’interdiction de celles-ci dans les lieux de culte.
6Calvin réprouve la représentation de Dieu, mais il donne à l’art d’autres finalités.
- 2 Jean Calvin, Institution de la Religion Chrétienne, Livre I, chapitre XI, § 12.
Je n’estime pas qu’il soit licite de représenter Dieu sous forme visible, pource qu’il a défendu de ce faire, et aussi pource que sa gloire est d’autant défigurée et sa vérité falsifiée. […] Il reste donc qu’on ne peinde et qu’on ne taille sinon les choses qu’on voit à l’œil. Par ainsi que la maiesté de Dieu, qui est trop haute pour la veüe humaine, ne soit point corrompue par fantosme qui n’ont nulle convenance avec elle. Quant à ce qui est licite de peindre ou engraver, il y a les histoires pour en avoir mémorial, ou bien figures, ou médales de bestes, ou villes, ou pais. Les histoires peuvent profiter de quelque advertissement ou souvenance qu’on en prend2.
7L’art est autorisé pour ses vertus commémoratives, pédagogiques et morales. Il ne peut être un substitut ni un rival de Dieu dans son imitation mais un subalterne à mesure qu’il est désacralisé : il trouve son origine en Dieu et retourne à Dieu. L’acte de création est placé sous le sceau de la beauté. Comme Dieu, l’Homme est artiste et celui qui prétend être artiste pourra s’approcher de Dieu seulement s’il prend l’œuvre divine, la Création donc, et non le Créateur comme modèle. Dès lors, la dimension esthétique de l’art entre en compte : elle participe à la grandeur divine. L’artiste y concourt par les dons que Dieu lui a octroyés, et dont il doit user à bon escient.
Les missions de l’art
8L’art licite selon Calvin célèbre le Divin et participe à sa gloire par sa conformité à la Parole. L’artiste doit développer ses dons reçus de Dieu, mais il doit prendre garde à l’imagination : elle est condamnée car elle éloigne de la vérité. Si l’œuvre plaît par sa beauté, elle se rattachera d’elle-même aux autres productions de l’univers et contribuera à sa façon à la gloire divine.
9Spon insiste sur la formation de l’artiste. Il s’agace des représentations inexactes des peintres sur des sujets historiques ou bibliques. On ne peut peindre un sujet sans s’être auparavant renseigné sur tout ce qui concerne l’épisode représenté :
Il est aussi necessaire qu’ils [les artistes] soient savans & versés dans l’Histoire, pour faire quelque chose de bien juste, dans la representation d’une histoire ancienne, ou dans l’imitation de quelque piece antique, ne voyons nous pas qu’ils tombent tous les jours dans les fautes & dans des manieres qui n’auroient pas l’approbation des Anciens. Saint Hierôme se connoîtroit-il bien avec sa grande barbe & sa ceinture de corde, comme il plait aux plus habiles Peintres de le representer, quoy que ce S. Homme ayt declamé contre l’une & l’autre, & qu’il n’eut garde de s’habiller d’une maniere qu’il condamnoit. Ne voit-on pas que les plus savans Peintres & Graveurs representans la Cene de Nôtre Seigneur, le font asseoir avec ses Disciples sur des bancs : quoy que ce fut la coutume dans tous les peuples du Levant de prendre leurs repas à demy couchés sur des petits lits. Je croyois pouvoir executer Raphaël : mais petit Bernard, qui étoit un des habiles hommes du siecle passé, n’y trouverés vous pas les toits des maisons, faits à dos d’âne, à la maniere de Tours ; quoy que dans tout l’Orient on bâtit le dessus des maisons en maniere de plateformes, d’où vient que N. Seigneur dit, que ce qui se faisoit en cachette se précheroit sur les toits.
- 3 Jacob Spon, Discours sur une pièce antique et curieuse du cabinet de Jacob Spon, Lyon, Faëton, 1674
Je ne dis rien des armes à la Romaine, dont ils habillent les enfans d’Israël, de la fumée que vous verrés dans des batailles anciennes gravées par Tempeste, comme si l’on avoit eu alors des armes à feu, des mousquets & des canons : je ne veux aussi rien dire des colomnes canelées que ces Graveurs representent dans des histoires fort anciennes des Juifs ou des Egyptiens, quoy que l’usage n’en ait été introduit, au rapport de Vitruve, que sous le temps de l’empereur Neron. Je me serois même abstenu d’en parler, n’eut été que la matiere est assés divertissante de soy-même3.
10La fidélité et le réalisme sont indispensables pour Spon comme pour ses contemporains. L’art est lié aux enseignements moraux et historiques qu’on en tire. Il doit signifier et pas seulement figurer. Il est une production de l’esprit, et ne peut se réduire à une simple mimesis de la nature. La difficulté majeure provient de son interprétation. Il importe de déchiffrer les œuvres d’art convenablement pour trouver leur signification.
L’art reçu : les originalités d’un antiquaire
L’Antiquité : modèle et idéal
11L’art est intimement lié à l’époque de Spon à la redécouverte de l’Antiquité et de ses œuvres d’art que l’on exhume chaque jour en Italie comme en France. Le groupe du Laocoon est découvert le 14 décembre 1506 par deux ouvriers à l’emplacement des thermes de Trajan à Rome ; en France la Vénus d’Arles est mise au jour en 1656. Redécouverte par les humanistes à partir du xve siècle, par ses textes et ses œuvres d’art, enseignée, publiée, vénérée, elle fait partie du bagage culturel et intellectuel de l’honnête homme. Sa connaissance est un signe de distinction sociale.
- 4 Sur l’antiquariat en Europe aux xviie et xviiie siècles, lire Arnaldo Momigliano, « L’histoire anci (...)
- 5 Jacob Spon, Réponse à la critique publiée par M. Guillet, Lyon, Barbier, 1679, p. 63.
- 6 Ibid., p. 26.
12Très tôt, Spon est en contact avec l’Antiquité par ses auteurs et ses traces laissées entre Saône et Rhône qui inspirèrent de nombreux historiens locaux. Jacob Spon n’est que le successeur d’une longue lignée d’antiquaires en activité dès le xve siècle. Ses fréquentations, sa formation, entre Genève Paris et Montpellier, puis sa peregrinatio academica, lui ont permis de progresser dans la connaissance de ce passé, puis de devenir un savant renommé, un antiquaire4. Il pallie les carences de l’historien intéressé par la politique et la chronologie. Son but est « la connaissance que les anciens ont voulu apprendre à la postérité de leur religion, de leurs sciences, de leur histoire, de leur politique par les monuments originaux qu’ils nous laissés. »5 Cette définition de l’antiquariat est proche de celle qu’il donne de l’archéologie que nous allons développer. L’antiquaire ose l’interprétation des sources et des faits. Spon ne considérait son activité savante que comme un « honnête divertissement » destiné à fuir l’oisiveté6. Il est à ses heures perdues un homme en quête du curieux, de l’unique. Mais cette curiosité est condamnée tant par Calvin que par les moralistes de son temps pour sa quête obsessionnelle de l’inédit, propre à détourner de Dieu. Le médecin lyonnais a toujours su lier les deux sans contradictions apparentes, distinguant ses obligations professionnelles et religieuses de ses délassements. Il se définit moins comme un savant que comme un amateur, maîtrisant ses passions et son savoir, qu’il met au service de l’histoire et des sciences. Spon incarne un nouveau type d’humaniste : l’amateur. L’antiquaire amateur attache moins d’importance aux textes littéraires qu’aux monnaies ou aux inscriptions gréco-romaines, et préfère les voyages à la critique des écrits. Il n’est pas membre du monde universitaire, qui incarnait, encore au début du siècle, les Savoirs.
L’art : définition et hiérarchisation
13Aujourd’hui, l’art n’a pas une mais plusieurs définitions. La première est l’héritière d’une conception héritée du siècle des Lumières : la beauté de l’art naît du sentiment qu’on en a, de la perception des sens. L’art cherche à exprimer la nature plutôt qu’à la copier fidèlement. La seconde définition est liée à l’évolution récente de l’art lui-même. L’art contemporain ne recherche pas de la beauté à travers l’imitation de la Nature ; il s’affranchit des contraintes esthétiques et représentatives pour figurer une réalité d’une manière conceptuelle et abstraite. L’acte de création importe davantage que l’esthétisme. Si l’art reste une interprétation de la réalité, son message a changé. Jadis il transcendait les valeurs d’une société figée dans son ordre social comme dans ses valeurs. Aujourd’hui, sa mission consisterait plus à dénoncer les abus de notre société qu’à la représenter fidèlement dans ses formes.
14Au xviie siècle, l’art est soumis à des règles de clarté, de rationalité, et de vraisemblance. Il doit tendre à la formation intellectuelle tant que spirituelle par l’imitation de la nature et le respect de l’Antiquité. Il suppose un lien indissoluble entre valeurs esthétiques et valeurs éthiques. Cette conception est héritée des idéaux platoniciens sur la beauté : le bon s’allie au beau. Une sculpture doit traduire la beauté physique et le reflet moral du sujet représenté. C’est pourquoi au temps de Spon, outre l’art religieux, les principales œuvres profanes traitent de sujets mythologiques ou historiques glorifiant les figures héroïques ou vertueuses. Par ces représentations, la fonction informationnelle de l’art doit permettre le progrès des connaissances et l’exaltation de la morale.
15Jacob Spon est en accord avec cette définition. Cependant, il emploie rarement le mot d’art qu’il comprend dans son acceptation latine de savoir-faire, de talent. Car l’art est avant tout le fruit de l’habileté et de l’inspiration de l’artiste. L’utilisation du mot de science nous paraît révélatrice de la mission qu’enjoint l’antiquaire lyonnais à l’art.
16Certaines formes d’art instruisent et édifient plus que d’autres : médailles, architecture, sculpture sont privilégiées. Elles instaurent de fait une hiérarchie dictée autant par leur richesse informationnelle que par le goût du médecin lyonnais.
Architecture, sculpture et médailles
L’architecture : entre classicisme gréco-romain et style baroque
17Spon se montre sensible à l’architecture. Sa relation de voyage contient d’innombrables édifices visités en France, en Italie, en Grèce et au Levant. Il porte son intérêt au monument dans sa singularité, comme curiosité, tachant de discerner tant sa visibilité comme ouvrage architectural dans un espace défini, que sa lisibilité c’est-à-dire sa fonction.
- 7 François Graverol (1636-1694) avocat, frère du ministre Lyonnais Jean Graverol (1647-1718), et Gail (...)
18L’architecture gréco-romaine est l’objet d’études détaillées. Lecteur de Vitruve, il en connaît les règles. Il s’interroge avec ses correspondants réformés de Nîmes sur les proportions de la Maison Carrée7, il croit voir dans des ruines lyonnaises de la colline de Fourvière les vestiges d’un palais des empereurs. La relation de son voyage contient de nombreuses descriptions de ruines de temples, agoras, thermes. Sa description des monuments athéniens devient immédiatement une référence dès la publication de sa relation en 1678.
19L’architecture baroque l’intéresse. Les édifices catholiques sont cités avec quelques appréciations personnelles : il n’hésite pas à qualifier les églises génoises de plus belles du monde, ne cache pas son admiration pour la vaste basilique Saint-Pierre à Rome. Ces remarques élogieuses à l’égard d’une architecture catholique monumentale paraissent paradoxales de la part d’un protestant. Ces édifices bâtis comme des véritables instruments de propagande après le Concile de Trente expriment toute la force de la contre-réforme catholique par la pierre. Spon n’en admire pas moins les principes de clarté, d’ordre et de simplicité se manifestant dans leurs lignes. Il marque une préférence pour le style du Bernin mais trouve Borromini fantaisiste dans le jeu des courbes et des lumières de ses constructions. Cette sensibilité au style baroque, qui n’épargne pas le monde protestant, est caractéristique du goût de l’époque, cherchant à rivaliser sinon à surpasser les prouesses architecturales de la Rome antique. La grandeur des Anciens reprend vie à travers une rationalité esthétique qui n’empêche pas la créativité de trouver sa pleine expression dans la glorification du divin. Pourtant, gêné, il ne détaille jamais dans ses ouvrages les intérieurs de ces édifices. Il décrit brièvement ce qui doit être vu soit parce ce que c’est déjà connu des lecteurs, soit par politesse à l’égard d’un public en majorité catholique. Il prétexte que ces constructions ont été mieux décrites que lui par des publications antérieures aux siennes. Il désacralise l’architecture catholique par la sobriété de sa plume, en réduisant les édifices religieux à leur fonctionnalité ecclésiale, leurs œuvres d’art à des curiosités.
- 8 BML, ms fonds général 1721, f° 219, lettre à l’abbé Nicaise, du 28 novembre 1683. La mesure de l’an (...)
20L’architecture protestante qui l’intéresse est quasiment absente. Sur la demande de son ami l’abbé Nicaise, il donne en 1683 les caractéristiques et la capacité de l’ancien temple de La Rochelle8. Il ne célèbre pas plus l’aniconisme des mosquées ottomanes visitées. Il qualifie la mosquée de la Sultane mère de Constantinople de « belle tant à l’intérieur qu’à l’extérieur » mais n’en dit pas davantage.
21Les bâtiments civils restent en retrait mais ne sont pas oubliés : l’Hôtel de Ville de Lyon est décrit en 1673 dans ses Recherches des Antiquités et curiosités de la Ville de Lyon, construit sur les plans de Simon Maupin, embelli par le peintre Thomas Blanchet sur un programme iconographique à la gloire de la ville élaboré par le jésuite Claude-François Ménestrier. Les palais romains et florentins sont décrits avec leurs particularités : ameublement, situation, jardins, œuvres d’art dans sa relation de voyage.
Sculpture et bas-reliefs
- 9 Pour une étude complète sur le goût de la sculpture antique à l’époque classique, consulter l’ouvra (...)
22La statuaire gréco-romaine incarne un modèle de perfection plastique et esthétique pour l’antiquaire du xviie siècle9. Malgré leurs mérites, les sculpteurs contemporains ou d’un passé récent passent pour des imitateurs. Spon s’en explique :
- 10 Jacob Spon, Discours sur une pièce antique et curieuse tirée du cabinet de Jacob Spon, Lyon, Faëton (...)
On me dira peut étre, que nous avons de tres habiles Sculpteurs, qui savent parfaitement imiter le genie & le charactere de l’antiquité, n’y en aura-t’il pas aussi quelcun qui assurera que nous les surpassons en cette partie ? […] Les plus habiles dans ces Arts, avoüeront eux mêmes qu’ils n’en approchent pas, & l’étude qu’ils en font avec tant d’empressement montre assez qu’ils font gloire d’aller à l’école des Anciens : c’est ce qui a rendu Michel Ange & Raphaël si celebres10.
23La collection de sculptures est le privilège d’une aristocratie de naissance qui n’hésite pas à dépenser des fortunes pour des raisons de prestige. Parmi les collections princières, l’exemple le plus brillant est au temps de Spon celui de la collection des Médicis à Florence, constituée sur plusieurs générations par les grands-ducs de Toscane. Spon estimait cette collection entreposée à la Galerie des Offices à près de deux cent cinquante statues, pour la plupart originales et antiques. Ces collections témoignent d’un passé historique révolu, dépeignant la grandeur morale ou un épisode de la mythologie gréco-romaine.
24Le goût de Spon pour la statuaire antique est conforme à celui de ses contemporains : il admire le tireur d’épine, le Laocoon, l’Hercule Farnèse, le Marc Aurèle équestre en bronze du Capitole. On préfère les statues « réalistes », fidèles aux proportions humaines à celles de l’art « gothique » postérieur au iiie siècle.
- 11 Jean Huguetan, Voyage d'Italie curieux et nouveau : enrichi de deux listes, l'une de tous les curie (...)
25L’Italie et Rome particulièrement demeurent les destinations favorites de tout amateur de sculptures. Le séjour romain de Spon pendant l’hiver 1675-1676 lui permit de visiter les palais les plus fournis en statues antiques. Il apprécie la grandeur morale des œuvres baroques de Michel-Ange et du Bernin tant profanes que sacrées. Au Capitole il voit une étourdissante suite de bustes impériaux et de statues antiques célèbres. Il tira de cette excursion romaine des listes qu’il imprima dans son Voyage en 1678, et dans l’édition du Voyage d’Italie de Jean Huguetan en 168111. Quant aux reliefs antiques, les Miscellanea contiennent quelques explications de tombeaux antiques sculptés, de la colonne Trajane, de l’arc de Titus…
La science des médailles
- 12 Voir Antoine Schnapper, Le géant, la licorne, la tulipe. Collections françaises au XVIIe siècle, Pa (...)
- 13 Paris Bibliothèque Nationale de France (BNF), Richelieu, ms lat. 10810.
- 14 Les lettres de Charles Patin à Jacob Spon sont conservées à Paris, BNF, Richelieu, ms fr naf 24171, (...)
26La médaille est une forme d’art, on l’apprécie par la qualité du métal, de la frappe, de la représentation, de sa rareté, de l’état de conservation. À l’époque de Spon, elle est répandue dans les cabinets des particuliers12. Accessible aux classes aisées et bourgeoises à des prix abordables, la médaille représente plus qu’un objet de transaction, elle renseigne sur le passé par son effigie, et son inscription. La collectionner, c’est se constituer un corpus de recherche sur l’histoire. Spon est un médailliste. Son père possédait un médaillier, mais il fut réellement initié par Charles Patin lors de son séjour chez les Boecler à Strasbourg en 1662. Ils visitèrent ensemble les cabinets du Sud de l’Allemagne. La curiosité de Spon pour les médailles le poussa à visiter la plupart des grands cabinets d’Europe : ceux de Rome et de Venise passent pour les plus beaux du monde, à l’exception de celui du roi à Paris tenu par l’un de ses protecteurs, Pierre de Carcavi. Il s’attire la bienveillance des collectionneurs. En 1672 à Paris, il dessine les raretés de Pierre Seguin, chanoine de Saint-Germain-l’Auxerrois ; en 1675, le cardinal Léopold de Médicis lui fait visiter sa collection à Florence. Spon possédait un petit cabinet de médailles romaines, en bronze vraisemblablement, afin de constituer comme ses collègues amateurs des suites d’empereurs. Son voyage fut l’occasion de ramener des médailles grecques encore rares à l’époque en France. Il ne se contentait pas de collectionner des médailles, il en faisait commerce. Son carnet de vente l’atteste13 de même que sa correspondance avec Charles Patin avec lequel il entama une association commerciale entre 1671 et 168514. Faute de pouvoir acquérir une médaille, il dessinait ou moulait les monnaies les plus rares et les plus intéressantes pour pallier les carences de son cabinet.
- 15 Op.cit., Vingt-quatrième dissertation, de l’Utilité des médailles pour l’étude de la physionomie p. (...)
27Il n’est pas un numismate réputé pour sa collection : l’objet en tant que tel ne l’intéresse pas, c’est l’enseignement qu’on peut en tirer par l’inscription et l’effigie. Il n’a jamais publié de catalogue de sa collection, et il se contentait souvent de reproductions. L’un des intérêts de la médaille résidait dans les leçons de physiognomonie qu’on en tirait. À l’aide des effigies gravées sur les médailles, le médecin lyonnais tentait de percer les traits de caractère et de moralité des personnages représentés. Il publia une dissertation sur ce sujet dans les Recherches curieuses d’Antiquité15. Cette méthode conjecturale de lier apparence et traits de personnalité date de l’Antiquité. Hippocrate, qu’il lisait régulièrement, liait sa théorie des humeurs (sang, bile, pituite, et atrabile) à quatre qualités physiques (froid, chaud, sec et humide). La physiognomonie illustre chez Spon une volonté de ne pas s’en tenir aux apparences, d’en douter, d’aller au-delà d’un esthétisme de l’objet pour en découvrir sa nature profonde, et sa place dans l’histoire. Cette intention fait de lui un précurseur de la science numismatique telle qu’on la connaît aujourd’hui.
Une place intermédiaire : les arts picturaux : peinture, dessin, gravure
La peinture : un statut ambigu
- 16 Ibid., Treizième dissertation. Sur une peinture antique trouvée à Rome depuis quelques années proch (...)
- 17 Jacob Spon, op.cit., p. 57. Peinture d’époque augustéenne découverte en 1606 sur l’Esquilin, elle r (...)
28Les peintures les plus prisées à l’époque de Spon sont les peintures à sujet biblique, historique ou mythologique. La peinture abonde dans les églises comme chez les particuliers. Des ex-voto naïfs aux grandes fresques romaines, la peinture religieuse marque le besoin d’une fonction médiatrice entre Dieu et les hommes, incitant à la méditation. Spon, en calviniste convaincu, critique le culte des images, ne distinguant pas la dulie de la latrie. Pourtant, son Voyage renseigne le lecteur sur les principales peintures accrochées aux murs des églises : il ne peut nier le talent de Raphaël, Michel-Ange, Reni, Poussin, Cortona, etc. Comme dans la sculpture, la représentation du sujet doit dégager une moralité et célébrer les vertus humaines : tempérance, justice, dignité. Les peintures historiques ou d’inspiration mythologiques sont louées comme la célèbre École d’Athènes de Raphaël. Il apprécie les toiles de Nicolas Poussin. Il cite dans ses listes de curieux le nom de riches collectionneurs de Poussin : Sérisier, marchand soyer lyonnais et Chantelou à Paris ; à Rome, le cardinal Respigliosi et le Palazzo Barberini détiennent quelques toiles qu’il admira. Spon fréquentait dans les cercles érudits lyonnais le peintre officiel de la Ville Thomas Blanchet, qui mêlait dans ses compositions les apports de Poussin à un italianisme marqué. Quant à la peinture antique, il en subsiste de rares vestiges. Pompéi n’a pas encore été révélée à la curiosité savante. Spon consacre une dissertation16 à une fresque trouvée à Rome près du Colisée, il y admire l’habileté des couleurs et la fidélité des proportions humaines. Dans son Voyage, il conseille aux curieux visitant Rome d’aller voir une autre fresque antique : les Noces Aldobrandines conservées alors à la Villa Aldobrandini17.
Dessins, estampes
- 18 BNF, Arsenal, FB-18 (B)-4, Recueil de dessins de Jacob Spon d’après l’Antique, encre et sanguine, 1 (...)
29Le dessin est un instrument de travail et de vulgarisation abordable que l’on réunit en d’épais recueils. Son avantage est sa grande maniabilité, et il est facilement transportable. Spon utilisa abondamment le dessin moins par souci d’une exacte reproduction que d’une vision d’ensemble de ce qu’il a devant les yeux insistant sur les détails les plus importants. Son Voyage contient plusieurs dessins de sa main reproduits en gravure par Pierre-Matthieu Ogier. Un recueil de ses dessins à l’encre et à la sanguine est conservé à la Bibliothèque Nationale18. Charles Patin l’encourage à dessiner les monnaies les plus rares qu’il rencontre, et à les lui envoyer pour qu’il en reproduise le dessin à son tour.
- 19 Pierre-Matthieu Ogier, est un graveur-éditeur prolixe dont l’activité principale consistait à repro (...)
30La gravure est similaire au dessin, elle permettait de s’assurer à moindres frais de reproductions d’œuvres d’art. Très fréquentes dans les cabinets sous forme de recueil, elles abondent dans les livres comme illustrations. Lors d’un séjour à Paris pendant l’hiver 1671-1672, Jacob Spon négocia pour le compte de Patin chez quelques-uns des meilleurs graveurs de Paris : Chauveau, Van Merlen et Cochin. La gravure lui permettait de publier pour un prix raisonnable des reproductions de monnaies, statues, gravures, portraits. Toutes les gravures imprimées dans ses ouvrages sont du graveur lyonnais Pierre-Matthieu Ogier19, qui fit d’ailleurs l’unique portrait de l’antiquaire lyonnais imprimé dans les premières pages de son Voyage.
Des arts délaissés ? Littérature, danse et musique
Les belles-lettres : littérature, poésie, théâtre
31Les belles-lettres ont peu de place mis à part la littérature grecque et latine dans son œuvre. En bon antiquaire Spon a lu les auteurs de l’Antiquité : Homère, Virgile, Properce, Cicéron, Juvénal, etc. Pour les auteurs de son époque ou antérieurs à son siècle, les références sont rares et quasiment toutes données dans des lettres de jeunesse.
32Dans les références littéraires romanesques quoique rares, il semble avoir lu Rabelais, Les Dialogues des morts du jeune Fontenelle qu’il trouve « forts polis et fort spirituels ». Il renseigne l’abbé Nicaise sur la Princesse de Clèves, « parfaitement bien écrite », selon ce qu’il a entendu.
- 20 Voir les deux lettres écrites au mois d’août 1668 par Spon à Claude Philibert, Uppsala, Universitet (...)
33Le théâtre n’est pas oublié. Molière est cité dans ses lettres de jeunesse : Le médecin malgré lui, le Tartuffe, L’amour médecin, Le Misanthrope. Il rit de bon cœur avec son correspondant Philibert sur les médecins charlatans décrits par le dramaturge20. La lecture des tragédies grecques d’Euripide, Sophocle et Eschyle et même des comédies d’Aristophane est plus utilitaire alors que celles de ses contemporains ne sont pas mentionnées. Elle lui permet de rectifier quelques erreurs sur la géographie et l’histoire de la Grèce antique.
- 21 Ibid.
34Quant à la poésie, la lecture de Clément Marot et de ses vers burlesques l’ont inspiré21, mais on ne trouve aucune mention des poèmes religieux ni de la traduction des psaumes. L’antiquaire composait à l’envi quelques vers, par exemple dans son Voyage, où la poésie est liée au chant. Ému à la vue des vestiges de Delphes au pied du séjour des Muses, il composa deux couplets en mauvais grec sur l’air du chant Réveillez vous, belle endormie. Il donne la traduction du premier couplet précisant que la rime n’est pas juste :
- 22 Op.cit., p. 288.
Donnez moi de grâce une plume
Que je compose une chanson
Puisque nous avons la fortune
De voir la maison d’Apollon22
Chant, Musique et danse
- 23 Op.cit., 1683. Huitième dissertation. Des cymbales, crotales et autres instruments des Anciens, p. (...)
35Il n’est pas fait allusion à la musique et au chant dans les œuvres et la correspondance de Spon hormis ce qui est cité au-dessus. Il publia une dissertation sur les instruments antiques dans les Recherches curieuses d’Antiquité, en se basant sur des bas-reliefs23. Quant à la danse, elle n’est pas évoquée, mais Calvin la condamne comme un exercice vain menant à la débauche.
36Ces arts supposés délaissés se rapportent à l’univers quotidien du xviie siècle. Ils répondent à des pratiques sociales qui ne correspondent pas toujours à la sociabilité de notre médecin, éloigné des distractions populaires mais aussi de celles de la Cour. Danse et musique paraissent bien éphémères à l’égard des arts plastiques, plus durables et moins sujets à des effets de mode. Ses ouvrages et sa correspondance se destinaient à informer et à renseigner ses interlocuteurs et ses lecteurs, et non à s’épancher sur ses goûts en matière de littérature ou de musique. En raison de sources lacunaires, il est impossible de parler de goûts artistiques spécifiquement protestants. La singularité de Spon est davantage à chercher dans son activité savante favorisant certains arts au détriment d’autres pour l’avancement de ses recherches.
L’art expliqué : deux démarches innovantes et leur application
- 24 Krzysztof Pomian, op. cit., p. 42-43.
37L’art dans l’acception de Spon est un savoir-faire, la maîtrise d’une technique, mais il confond souvent l’œuvre d’art avec l’artefact. L’artefact est un objet reproductible fabriqué pour un usage précis. L’œuvre d’art est l’expression d’une habileté, un objet unique et original difficilement duplicable. Dans certains cas, Spon accorde à l’artefact le statut d’œuvre d’art parce qu’il s’agit d’objets prisés et valorisés pour leur rareté, leur qualité d’exécution, leur dessin. Il traite dans ses publications de l’œuvre d’art ou de l’artefact comme d’un objet d’art, ou mieux encore comme un document d’art, c’est-à-dire tout objet apte à renseigner sur l’origine d’une représentation ou d’une création quelconque au-delà d’une fonctionnalité précise ou d’un esthétisme formel. Krzysztof Pomian utilise le terme de sémiophore24 pour définir une œuvre d’art, c’est-à-dire un objet non consommable, non transformable mais chargé de significations qui lui donnent sa valeur. Plus le sémiophore est porteur de sens, plus sa valeur augmente et suscite donc intérêts, échanges et écrits. Une œuvre d’art est donc à la fois objet, figuration et signification.
38Ce que nous venons d’évoquer sur la perception des œuvres d’art par Spon s’accorde bien au crédit porté aux realia. Ce sont les traces matérielles antiques parvenues jusqu’à son temps : ruines de temples ou de thermes, médailles, statues, urnes funéraires, bas-reliefs et inscriptions… Il les estime plus fiables que les textes des auteurs anciens parsemés d’erreurs. Ces vestiges de pierre de marbre ou de métal ont su résister aux aléas du temps sans subir les fautes des copistes. La sola scriptura antique comme vulgate du passé antique est remise en cause. La validité des realia se trouve justifiée par la définition scientifique de l’archéographie, ou archéologie, qu’il est le premier à donner.
- 25 Traduction tirée de la préface des Miscellanea Eruditæ Antiquitatis, Lyon, Thomas Amaulry, 1685.
L’Archéographie est le fait de montrer ou de connaître les vestiges antiques par lesquels les Anciens se sont appliqués à diffuser la Religion, l’Histoire, la Politique et les autres arts ou sciences de leur temps, et à les transmettre à la postérité. Or étant donné la diversité des supports sur lesquels ces traces se trouvent gravées, l’Archéographie semble devoir se subdiviser en autant de sciences25.
39Ces subdivisions sont au nombre de huit : la numismatographie (science des monnaies), l’épigrammotographie (l’épigraphie), l’architectonographie (science des édifices), l’iconographie (science des statues), la glyptographie (science des gemmes), la toreumatographie (science des bas-reliefs), la bibliographie (sciences des manuscrits), et l’angeiographie (science des instruments).
40Cette définition jette les bases de la science archéologique. Elle met au centre de l’étude l’objet d’art. D’un socle de statue, des vestiges d’un temple grec, on tire autant de renseignements que des textes de Pausanias ou de Tite-Live qu’on critique sans contester la vénérable autorité. Il attribue à l’objet d’art le rôle singulier de témoin et plus seulement d’illustration. Leur analyse se fait souvent chez Spon à l’aide d’un raisonnement déductif et critique. Pour expliquer une monnaie, une sculpture, ou un bâtiment, il a recours à une méthode comparative, où il confronte l’œuvre telle qu’elle apparaît devant lui aux textes antiques, par exemple, le bouclier de Scipion.
- 26 Voir la notice détaillée qu'en fait François Baratte in Roland Etienne, Jean-Claude Mossière (dir.) (...)
- 27 Cette scène intervient au Chant XIX.
- 28 BML, fond général 1721, f° 212, lettre à l'abbé Nicaise du 15 décembre 1682.
- 29 Jacob Spon, Recherche des antiquités et curiosités de la ville de Lyon, Lyon, Jacques Faëton, 1673, (...)
- 30 Jacob Spon, Recherches curieuses d'antiquités, Lyon, Thomas Amaulry, 1683. Première dissertation. S (...)
- 31 Op. cit., sectio III, 1685, p. 152-153.
41Spon est fasciné par ce bouclier votif en argent du IVe siècle26 trouvé près d’Arles en 1656, qu’il interprète faussement comme « La restitution d’une captive Ibère à sa famille par Scipion l’Africain ». Il s’agit en vérité d’un épisode de l’Iliade : la restitution de Briséis à Achille par le roi Agamemnon27. Il est acheté peu après sa découverte par Octavio Mey marchand soyer et collectionneur de Lyon. L’antiquaire en fait une explication publique lors d’un dîner chez l’intendant de la généralité du Lyonnais, Olivier Lefèvre d’Ormesson, réunissant quelques curieux de la ville et l’abbé Tallemant en 168228. Spon a publié trois commentaires sur le bouclier. Le premier, très succinct, est inséré dans les Recherches des Antiquités et curiosités de la ville de Lyon en 167329 avec une reproduction du disque. Le second, édité en 1683 dans Recherches curieuses d’Antiquité30 est plus ample. Le troisième est publié en latin dans les Miscellanea eruditœ antiquitatis en 168531. Arrêtons-nous au second.
42Il débute son analyse par la définition d’un CLYPEVS et s’en rapporte à des considérations historiques sur l’usage du bouclier chez les Grecs et les Romains, puis le compare aux médailles représentant des boucliers votifs. Il affirme ensuite, en se basant sur l’œuvre de Tite-Live, Ab Urbe condita au livre XXVI, que le sujet représenté est Scipion l’Africain au siège de Carthagène en 210 avant Jésus-Christ. Ayant identifié l’épisode historique, il poursuit par la description de la composition du bouclier. Il précise chaque détail en les confrontant au texte de Tite-Live et à ses propres connaissances historiques. Il déduit que cette œuvre date vraisemblablement de l’époque de Scipion l’Africain et spécule sur l’origine de sa perte. Il achève sa dissertation par une réfutation des critiques faites à son endroit sur l’interprétation, et donne son avis sur le style du bouclier par un avis sur l’art romain en prenant appui sur ce bouclier supposé être du IIIe siècle avant Jésus-Christ :
La cizelure plate, la simplicité du dessein & des contours & le peu d’art dans l’ouvrage d’Architecture, montre assez que cette piece est d’un temps que les Arts n’avoient pas atteint leur perfection, quoy que leur maniere ne fut pas mauvaise, ou qu’elle fut du moins beaucoup meilleure que la maniere des Siecles apres Constantin, qui degenera dans le Gothique.
43La démarche de Spon se définit comme suit :
observation => confrontation avec les auteurs anciens => déduction => conclusion
44Ce raisonnement est lié à sa pratique de la médecine. Il se base sur la confrontation entre l’expérience tirée de l’observation et la connaissance livresque. Pour les vestiges antiques, comme un temple par exemple, Spon use de sa méthode sur le terrain, où il confirme ses intuitions. À Athènes, il disserte sur le temple de l’Hephaïstion et la lanterne de Diogène.
- 32 Voir Jacques Solé, Le débat entre protestants et catholiques français de 1598 à 1685, Paris, Aux am (...)
45L’Antiquité, tenue pour critère de vérité, est abondamment utilisée par les controversistes catholiques comme protestants tout au long du XVIIe siècle32 pour justifier leur foi. Les protestants assimilent le catholicisme aux paganismes, dont les cultes ont perverti et dénaturé l’Église et l’ont détournée du culte voulu par Dieu, alors qu’ils revendiquent pour la leur la pureté originelle des premiers chrétiens basée sur l’Écriture. L’Antiquité chrétienne devient pour les polémistes catholiques et protestants un gage d’autorité indiscutable : le passé est garant d’un ordre immuable qu’on reprend à son compte et que l’on cherche à reproduire sans changements. La quête des origines chrétiennes vise à revendiquer pour son camp des valeurs stables car immobiles, à l’aide d’arguments basés sur l’ancienneté, l’authenticité et la vérité. Les polémistes protestants à la suite de Calvin dénoncent l’Église catholique comme un conservatoire des paganismes, où règnent la superstition et l’idolâtrie bien loin de la religion chrétienne primitive. La pureté des origines, l’ancienneté, dépendent de la pratique d’un culte proche de celui pratiqué par les premiers chrétiens. Spon confirme l’ancienneté de sa foi par ses écrits à l’aide de l’art dans la polémique qui l’oppose au Père de La Chaize en 1680. Celui-ci souhaitait que Spon se convertisse :
Je souhaite, écrit le Confesseur du roi, plus ardamment, que je ne puis vous l’exprimer, qu’estant aussi eclairé que vous estes, vous profitiez de vos propres lumieres, et que vous servant des connoissances de l’antiquité pour l’avantage le plus solide que vous en puissiez retirer, vous repariez le malheur que vous avez eu de naistre parmy les nouveautez, et mettiez votre conscience en repos, et vostre salut en asseurance.
46Le Huguenot répond sans céder à l’invitation du Jésuite, sur l’ancienneté de sa foi :
- 33 Voir la note 1 pour la localisation de ces extraits.
J’ay cru mesme qu’on pourroit dire sans hiperbole quelle étoit aussi ancienne que le Monde, et qu’une Religion qui n’a pas cette antiquité-là ne peut prétendre à justre titre d’être la véritable Religion, car comment est-il possible que Dieu qui est un Estre immüable desaprouvast le fons d’une religion qu’il auroit luy mesme enseignée des le commencement et qu’il en establist une autre toute differente ?33
- 34 Jacques Solé, op. cit., p. 255, mentionne le ministre George Thompson, qui en 1607 dans La Chasse d (...)
47Dans sa réponse, il utilise sa connaissance de l’Antiquité pour parer aux pressions de son correspondant. Outre la dénonciation des superstitions et de l’idolâtrie papiste, son argumentation s’appuie sur l’épigraphie funéraire paléochrétienne et la description de médailles. Il s’agit là d’un cas singulier dans le débat confessionnel entre catholiques et protestants34 qui utilise quasi exclusivement les écrits. Il utilise deux médailles. La première présente le pape Adrien Ier (772-795), sans tiare mais avec une mitre, ce qui lui permet d’évoquer les différentes formes de représentations du pape à travers les siècles. La seconde ridiculise une tentative d’interprétation d’un religieux sur une traduction des Écritures, et infirme une description faite par Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1632), le savant aixois qui avait cru voir un autel et une hostie sur une médaille de Constantin.
- 35 Antoine Arnauld, Remarques sur une lettre de M Spon de la religion pretenduë reformee Medecin à Lyo (...)
48La place accordée aux arts dans sa justification religieuse semble déplacée. Si ses coreligionnaires célèbrent et publient sa lettre, les controversistes catholiques la combattent. Antoine Arnauld y fit réponse35 mais, mal à l’aise sur le terrain mal défriché de l’archéologie, il ne s’attaqua qu’à la profession de foi protestante développée par Spon. Habilement le médecin a déplacé la polémique sur le terrain de l’histoire par l’emploi insolite des realia. Ce débat dépasse le strict cadre de la controverse pour s’insérer dans le cadre plus large de la République des Lettres supposée transconfessionnelle, que l’antiquaire prend en arbitre.
Spon dans la République des Lettres : la diffusion des arts
Un rôle d’intermédiaire
- 36 Pour une présentation générale de la République des Lettres voir l'ouvrage de Hans Bots et François (...)
49La République des Lettres36 est un « État » sans frontière, sans distinction de religion ni de naissance dont les membres, savants, lettrés, sont reliés entre eux par de vastes réseaux de correspondance où s’échangent idées, manuscrits, livres, et objets particuliers. Cette forme de sociabilité intellectuelle avait comme finalité la communication et la diffusion du savoir à travers un réseau de correspondance. Son fonctionnement démocratique et résiliaire suppose une tolérance religieuse entre ses membres.
50Tout citoyen de la République des Lettres se doit de communiquer ses connaissances par la publication et la correspondance. Spon est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages, de médecine, d’antiquités, et d’histoire. Il publia les éditions critiques de relations de voyages de protestants lyonnais : Jean Huguetan et Sylvestre Dufour, et publia un recueil des lettres de Guy Patin à son père Charles. Il est le rédacteur de plusieurs articles parus dans le Journal des Savants entre 1679 et 1681. La plupart de ses ouvrages et de ses articles traitent uniquement ou partiellement d’œuvres d’arts antiques. La publication souvent réalisée aux frais de l’auteur permettait de diffuser savoirs et opinions et de les confronter au sein de la République des Lettres. Le bouclier de Scipion qu’il est le premier à décrire dans les Recherches des antiquités et curiosités de la ville de Lyon en 1673 est l’objet de critiques dès sa parution.
51À Lyon, Jacob Spon jouissait d’une position d’intermédiaire concurrençant les Jésuites du collège de la Trinité comme unique interlocuteur entre érudits locaux et les grandes figures de la République des Lettres. Il est au contact de trois réseaux :
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le réseau genevois, « porte d’entrée » du monde protestant. Il garde des liens privilégiés avec la Rome protestante et les cantons suisses, par sa foi et ses attaches familiales.
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le réseau italien : il entretient une relation soutenue avec Charles Patin en exil à Padoue, Antonio Magliabechi à Florence et le comte Mezzabarba Birago à Milan. Spon n’a que des contacts épisodiques avec Rome, la capitale de l’ antiquariat.
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le réseau parisien. Paris est la capitale de la République des Lettres, où tout converge : hommes, idées, objets d’art. Il fréquentait l’assemblée d’antiquaires réunie par le duc d’Aumont. Ses contacts épistolaires parisiens sont nombreux : médecins comme François de Monginot, prélats de cour tel l’abbé Huet, ou éditeurs avec Claude Barbin, ou ses amis antiquaires Jean Foy Vaillant, et Antoine Galland.
52Il croise réseaux et correspondants, et les met en relation lorsque l’occasion s’y prête. Cette position d’intermédiaire le favorise. Il voit passer entre ses mains dessins, projets de livres, médailles, inscriptions, lettres de recommandation, etc. Il apprend à moindres frais, en manipulant les objets qui lui sont confiés, on lui envoie inscriptions et dessins pour qu’il donne son avis de spécialiste. Parmi les objets échangés, la médaille est omniprésente. Il tient un rôle de conseiller auprès de l’abbé Nicaise, qui ne sait pas quelles médailles offrir au Père La Chaise. Toutefois, sa brouille avec le confesseur du roi semble lui avoir aliéné de nombreux correspondants ecclésiastiques. Il rejetait avec politesse les tentatives de conversion de Nicaise, mais s’insurgeait contre les pressions subies par ses coreligionnaires à la veille de la Révocation. L’idéal transconfessionnel de la République des Lettres semble donc à réévaluer, au moins pour la France, où les appartenances religieuses quoique non déterminantes sont revendiquées et assumées comme dans le cas de Spon.
Transactions autour de l’art
- 37 BML, ms fond général 1720, f° 23, Charles Patin à Jacob Spon, lettre datée du 12 mars 1671.
53Sa qualité d’intermédiaire le rend lui-même négociant, mais cette activité se réduit aux realia, surtout aux médailles. Il marchande pour son compte et celui de son ami Charles Patin lors d’un long séjour à Paris à la fin de l’année 1671. Il acquiert et vend pour son ami en exil à Strasbourg médailles, estampes et sculptures, comme ce taureau de marbre acheté à Bernard Lescuyer, contrôleur des rentes à Paris et envoyé en Alsace37. Son livre de compte donne la liste de ses achats et de ses ventes de monnaies antiques. En 1677, il achète à Chaponnay, un village proche de Lyon, un trésor monétaire du Bas-Empire fait de monnaies de billon. Il les revend en 1678 au détail en espérant réaliser de petits bénéfices. La plupart des acheteurs de ces monnaies sont des marchands lyonnais, souvent ses amis curieux protestants comme Claude Philibert et Philippe Sylvestre Dufour, mais on trouve aussi le duc de Verneuil et Jean Foi Vaillant. En 1679, il adresse un mémoire des monnaies romaines qu’il détient chez lui à l’abbé Nicaise, et qu’il espère vendre. Parmi les pièces curieuses de son cabinet, une urne antique vendue à Stoffel, magistrat protestant de Bâle en 1674, est l’objet d’une publication.
- 38 Une copie de son testament daté du 9 décembre 1685 est conservée à Lausanne aux Archives cantonales (...)
- 39 Laurent Josse Le Clerc, Bibliothèque du Richelet, Lyon, Bruiset frères, 1728, article « du Four ».
54L’argent des achats de Spon provenait de son activité de médecin, qu’il hérita de son père Charles, mais sa fortune semble précaire à partir des années 1680. Une partie de la clientèle de son père passa à son cousin Charles Spon. Nous ignorons ce que contenait précisément son cabinet en objets d’art, l’inventaire réalisé après sa fuite n’ayant pas été conservé. Son testament ne mentionne rien sur ce sujet38. Toutefois, nous savons que l’antiquaire donna à un de ses amis, le jeune chanoine Roman de Rives39 quelques monnaies qui sont à l’origine de l’actuel médaillier du musée des beaux-arts de Lyon. Peut-être en usa-t-il de même avec d’autres interlocuteurs.
55Jacob Spon allia habilement sa profession de médecin, ses activités savantes et sa foi réformée. Reconnu comme un des plus grands spécialistes de l’Antiquité en France à son époque, protestant, ce qui constitue une singularité dans « l’escadron volant des antiquaires » qui compte dans ses rangs un important contingent d’hommes d’Église. Il ne cultive pas des goûts artistiques purement protestants sur l’art, hormis la question de l’iconographie religieuse. Si l’art sert à préciser ou à rectifier l’histoire, l’histoire elle, sert à légitimer sa foi face aux pressions insistantes de conversion de ses correspondants ecclésiastiques : La Chaise, Nicaise et La Chambre. Tous échouent dans leurs tentatives. Rien ne pourrait le faire renoncer à sa liberté de conscience. Chez Spon, l’articulation entre histoire et art n’est pas réductible à une quête de pureté confessionnelle.
56Le partage désintéressé de ses découvertes, qu’il communique au public par le biais de publications se fait par le biais de la République des Lettres. Sa formation médicale, son attachement à Lyon et à son passé romain, mais aussi son appartenance à la bourgeoisie ont certainement motivé son inclination pour l’étude de l’Antiquité et de ses arts.
57L’art répond à des finalités intellectuelles, son étude doit élever le spectateur à la connaissance et à la vérité. Le caractère innovant de Spon ne réside pas dans sa conception de l’art mais dans l’usage qu’il en fait pour accéder à la connaissance historique. Pour questionner ces traces du passé, il définit et utilise une nouvelle méthode empirique, inspirée de sa pratique de la médecine. Mieux, il la pratique en allant sur les vestiges mêmes ; il fait de l’archéologie une science de terrain. L’émergence d’une critique de l’objet et la remise en cause presque sacrilège de l’autorité des auteurs anciens coïncide avec une mutation du Savoir et de la méthode historique qui s’opère au tout au long du XVIIe siècle. L’érudit des années 1600 compilait dans un vaste ensemble encyclopédique les connaissances. Dans la dernière décennie du siècle, il a cédé sa place au savant, à l’exemple de Jacob Spon, spécialisé dans une discipline particulière, interprétant les savoirs et les faits.
Notes
1 Lyon, Bibliothèque municipale, (BML), ms, 1313, f° 148-152, Lettre au Pere La Cheze.
2 Jean Calvin, Institution de la Religion Chrétienne, Livre I, chapitre XI, § 12.
3 Jacob Spon, Discours sur une pièce antique et curieuse du cabinet de Jacob Spon, Lyon, Faëton, 1674.
4 Sur l’antiquariat en Europe aux xviie et xviiie siècles, lire Arnaldo Momigliano, « L’histoire ancienne et l’Antiquaire », Problèmes d’historiographie ancienne et moderne, Paris, Gallimard, 1983, p. 244-293.
5 Jacob Spon, Réponse à la critique publiée par M. Guillet, Lyon, Barbier, 1679, p. 63.
6 Ibid., p. 26.
7 François Graverol (1636-1694) avocat, frère du ministre Lyonnais Jean Graverol (1647-1718), et Gaillard Guiran (1600-1680), conseiller au parlement d’Orange et au parlement de Nîmes.
8 BML, ms fonds général 1721, f° 219, lettre à l’abbé Nicaise, du 28 novembre 1683. La mesure de l’ancien temple de La Rochelle, transformé en cathédrale en 1648, a été faite à l’été 1682 lors d’un voyage de Spon et de son ami l’apothicaire réformé Henry Moze dans le Sud et l’Ouest de la France dont le but était l’observation des eaux minérales.
9 Pour une étude complète sur le goût de la sculpture antique à l’époque classique, consulter l’ouvrage de Francis Haskell et Nicholas Penny, Taste and the Antique. The Lure of Classical sculpture. 1500-1900, 1981, New Haven and London Yale University Press ; publié en France sous le titre Pour l’amour de l’antique. La statuaire gréco-romaine et le goût européen, Paris, Hachette, 1988.
10 Jacob Spon, Discours sur une pièce antique et curieuse tirée du cabinet de Jacob Spon, Lyon, Faëton, 1674.
11 Jean Huguetan, Voyage d'Italie curieux et nouveau : enrichi de deux listes, l'une de tous les curieux et de toutes les principales curiositez de Rome, et l'autre de la pluspart des sçavans, curieux et ouvriers excellens de toute l'Italie à présent vivans, Lyon, Amaulry, 1681, 346 p.
12 Voir Antoine Schnapper, Le géant, la licorne, la tulipe. Collections françaises au XVIIe siècle, Paris, Flammarion, 1988, chap. IV et V, p. 180-301 ; Krzysztof Pomian, « Médailles/coquilles = érudition/philosophie », Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris, Venise : XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1987, p. 143-162.
13 Paris Bibliothèque Nationale de France (BNF), Richelieu, ms lat. 10810.
14 Les lettres de Charles Patin à Jacob Spon sont conservées à Paris, BNF, Richelieu, ms fr naf 24171, et à Lyon, BML, ms fonds général 1720.
15 Op.cit., Vingt-quatrième dissertation, de l’Utilité des médailles pour l’étude de la physionomie p. 353-397.
16 Ibid., Treizième dissertation. Sur une peinture antique trouvée à Rome depuis quelques années proche le Colisée, p. 195-203. Il ne nous a pas été possible d’identifier l’œuvre étudiée.
17 Jacob Spon, op.cit., p. 57. Peinture d’époque augustéenne découverte en 1606 sur l’Esquilin, elle relate le mariage de Thétis et Pelée. Elle est aujourd’hui conservée au Musée du Vatican.
18 BNF, Arsenal, FB-18 (B)-4, Recueil de dessins de Jacob Spon d’après l’Antique, encre et sanguine, 125 f°.
19 Pierre-Matthieu Ogier, est un graveur-éditeur prolixe dont l’activité principale consistait à reproduire peintures et dessins, voir Marie-Félicie Perez (dir.), Dictionnaire des graveurs éditeurs et marchands d’estampes à Lyon aux XVIIe et XVIIIe siècles, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2002, p. 112.
20 Voir les deux lettres écrites au mois d’août 1668 par Spon à Claude Philibert, Uppsala, Universitetsbibliotek, Waller collection, ms fr 08563 – 08564, disponibles en ligne sur le site de la bibliothèque.
21 Ibid.
22 Op.cit., p. 288.
23 Op.cit., 1683. Huitième dissertation. Des cymbales, crotales et autres instruments des Anciens, p. 146-158.
24 Krzysztof Pomian, op. cit., p. 42-43.
25 Traduction tirée de la préface des Miscellanea Eruditæ Antiquitatis, Lyon, Thomas Amaulry, 1685.
26 Voir la notice détaillée qu'en fait François Baratte in Roland Etienne, Jean-Claude Mossière (dir.), Jacob Spon un humaniste lyonnais du XVIe siècle, Paris, de Boccard, 1993, p. 295-300.
27 Cette scène intervient au Chant XIX.
28 BML, fond général 1721, f° 212, lettre à l'abbé Nicaise du 15 décembre 1682.
29 Jacob Spon, Recherche des antiquités et curiosités de la ville de Lyon, Lyon, Jacques Faëton, 1673, p. 186-187.
30 Jacob Spon, Recherches curieuses d'antiquités, Lyon, Thomas Amaulry, 1683. Première dissertation. Sur un bouclier antique d'argent appellé CLYPEVS VOTIVVS, qui se voit à Lyon dans le cabinet de Monsieur Octavio Mey, p. 1-26.
31 Op. cit., sectio III, 1685, p. 152-153.
32 Voir Jacques Solé, Le débat entre protestants et catholiques français de 1598 à 1685, Paris, Aux amateurs du livres, 1979, 1928 p. Les recours à l'Antiquité par l'emploi des écrits des Pères de l'Église dans la controverse sont massifs dans les deux camps. Elle sert aussi de repoussoir : la collusion entre paganisme et catholicisme est fréquente chez les réformés.
33 Voir la note 1 pour la localisation de ces extraits.
34 Jacques Solé, op. cit., p. 255, mentionne le ministre George Thompson, qui en 1607 dans La Chasse de la bête romaine emprunta les travaux de l'antiquaire lyonnais Guillaume du Choul (1496-1560) sur les monnaies flaviennes dénonçant les abus de l'Église romaine.
35 Antoine Arnauld, Remarques sur une lettre de M Spon de la religion pretenduë reformee Medecin à Lyon contenant les raisons qui font prendre à ces Messieurs la Religion Catholique pour nouvelle, & la leur pour ancienne & qui leur font croire, qu'en y demeurant ils mettent leur salut en assurance, Anvers - Paris, A. Pralard, 1681.
36 Pour une présentation générale de la République des Lettres voir l'ouvrage de Hans Bots et Françoise Waquet, La République des lettres, Paris, Belin, 1997. Françoise Waquet « Qu'est-ce que la République des Lettres ? Essai de sémantique historique », Bibliothèque de l'École des chartes, 147 (1989), Paris, p. 473-502.
37 BML, ms fond général 1720, f° 23, Charles Patin à Jacob Spon, lettre datée du 12 mars 1671.
38 Une copie de son testament daté du 9 décembre 1685 est conservée à Lausanne aux Archives cantonales vaudoises, bis 34/1.
39 Laurent Josse Le Clerc, Bibliothèque du Richelet, Lyon, Bruiset frères, 1728, article « du Four ».
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Titre | Jacob Spon, Miscellanea eruditæ antiquitatis, sectio III, p. 163 |
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Crédits | Reproduction par Matthieu Ogier |
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Pour citer cet article
Référence papier
Yves Moreau, « Jacob Spon et les arts : un savant protestant dans la République des Lettres », Chrétiens et sociétés, Numéro spécial I | -1, 91-113.
Référence électronique
Yves Moreau, « Jacob Spon et les arts : un savant protestant dans la République des Lettres », Chrétiens et sociétés [En ligne], Numéro spécial I | 2011, mis en ligne le 16 juin 2022, consulté le 02 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/2732 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.2732
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