Le psautier des églises réformées au xvie siècle
Résumés
Issu des psaumes de Strasbourg de 1539, le psautier de Genève se constitue de 1541 à 1561 avec des traductions de Marot, puis de Bèze, alors que d’autres poètes avaient également traduits les psaumes. Trois musiciens (Franc, Bourgeois, Davantès) ont composé les mélodies. Le psautier a été souvent traduit et a été révisé plusieurs fois, mais sans que l’on touche aux mélodies. Des harmonisations polyphoniques ont été réalisées pour le culte privé. A partir du XVIIIe siècle, des cantiques de plus en plus nombreux s’ajoutent aux psaumes.
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Mots-clés :
Bèze (Théodore de), Bourgeois, Davantès (Pierre), Franc (Guillaume), Marot (Clément), PsaumesChronologie :
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- 1 Et non plus le terme « » qui est vraisemblablement une invention d’Orentin Douen à la fin du xixe(...)
1À l’occasion de cette année Calvin, il n’est sans doute pas inutile de souligner encore une fois le rôle fondamental de Jean Calvin (1509-1564) dans la réalisation de ce qu’il est convenu d’appeler maintenant le Psautier de Genève1. L’histoire est assez bien connue depuis les très nombreux travaux de Pierre Pidoux (1905-2001) et c’est un plaisir pour moi que de citer ces quelques lignes que notre maître écrivait déjà en 1984 en parlant du Psautier :
- 2 Pierre Pidoux, « La Genève des psaumes et les psaumes de Genève - 1536-1562 », La Musique à Saint- (...)
C’est à Genève qu’il s’élabore, selon un plan déterminé, dans une unité de pensée et d’intention qui ne varie pas au long des années, pas davantage que ne varie la méthode de travail. Le maître d’œuvre est Calvin à l’instigation duquel versifient ou composent cinq collaborateurs. Le terme Psautier de Genève est celui qui rend le mieux compte de ces conditions2.
2Le présent exposé se propose, dans une première partie de rappeler les différentes étapes de la réalisation du Psautier de Genève et le rôle des cinq collaborateurs impliqués dans cette création. Dans une seconde partie, nous nous intéresserons à la postérité du Psautier de Genève du xvie au xixe siècle.
Le psautier de Genève
Clément Marot
- 3 Pour toutes les éditions citées, nous renvoyons aux travaux de Pierre Pidoux et en particulier, à (...)
3En se limitant aux seules éditions imprimées, l’histoire du Psautier de Genève pourrait commencer avec la parution en 1539 à Strasbourg des Aulcuns pseaulmes et cantiques mys en chant [PsH/II, ST 39]3. (Ill. 1) Ce livre contient dix-neuf psaumes et trois cantiques. Toutes les pièces sont accompagnées de musique et les auteurs des textes ne sont pas précisés. Néanmoins, à partir des éditions ultérieures on peut aisément reconnaître treize psaumes de Clément Marot ; le reste des pièces, c’est-à-dire six psaumes et trois cantiques, pouvant être attribué à Jean Calvin.
Ill. 1. Aulcuns Pseaulmes et cantiques mys en chant, Strasbourg, 1539
Archives de la Bibliographie des Psaumes Imprimés en Vers Français
4En fait, l’histoire du Psautier de Genève commence un peu plus tôt. Dès janvier 1537, les « prêcheurs » soumettent au Conseil de Genève des Articles dans lesquels on trouve une allusion à l’intérêt qu’il y aurait à chanter des psaumes alors qu’à cette date le culte réformé de langue française ne comporte aucun chant [PsH/II, p. 1]. Cette proposition est en fait directement inspirée de la pensée de Martin Bucer, le réformateur de Strasbourg mais elle ne semble pas avoir reçu un écho immédiat à Genève.
- 4 Pierre Pidoux, « La Genève des psaumes… », op. cit., p. 30-31.
5Une année plus tard, en avril 1538, Calvin est banni de Genève et on le retrouve justement à Strasbourg ; il y est présent, à la demande de Martin Bucer, pour organiser la communauté des réfugiés de langue française. Dès le début de 1539, les Aulcuns psaulmes sont imprimés et la communauté chante en français des psaumes. En ce qui concerne les mélodies, si l’on reconnaît dans plusieurs cas des mélodies de chorals allemands plus ou moins adaptées – en particulier pour les psaumes de Calvin – il reste un nombre important de mélodies qui ne sont pas d’origine allemande. Pierre Pidoux note à ce sujet le fait suivant : le délai très court entre l’arrivée de Calvin à Strasbourg et la parution des Aulcuns psaulmes, porte à se demander si Jean Calvin, à son arrivée, ne possédait pas déjà dans son portefeuille des psaumes en vers français avec des mélodies. Ces mélodies auraient donc pu être composées à Genève avant son exil4. Est-ce à dire que Calvin aurait été en possession de psaumes de Marot peut-être dès janvier 1537 lorsque l’on proposait de chanter des psaumes à Genève ?
- 5 Dick Wursten, Clément Marot and religion : a reassessment in view of his Psalm paraphrases, Thèse (...)
6En tout cas, les travaux récents de Dick Wursten relèvent que Calvin disposait sans doute, en 1539, de bien plus de psaumes de Marot – peut-être trente ? – que les treize qui figurent dans l’édition imprimée à Strasbourg5. On peut en voir une preuve dans le fait que le Psaume 6, premier psaume paraphrasé par Marot et figurant dans des éditions poétiques dès 1533 est absent de l’édition de 1539. Une sélection aurait donc été faite ; sur quel critère ? Dick Wursten propose très judicieusement que les psaumes de Marot figurant dans l’édition de 1539 soient les seuls psaumes déjà mis en musique à cette date ; les autres, dont le psaume 6, n’ayant pas été encore dotés de mélodies.
7En septembre 1541, Calvin est de retour à Genève et dès 1542, ce sont trente psaumes de Marot qui figurent dans La Forme des Prières et chantz ecclesiastiques [PsH/II, GE 42]. Ces psaumes circulaient déjà sous forme manuscrite et ils avaient été publiés dès 1541 à Anvers (édition non autorisée) [PsH/II AN 41] et à Paris (édition autorisée) [PsH/II PA 41] ; il ne s’agissait alors pas d’édition liturgique.
Ill. 2. La Forme des Prières et chantz ecclesiastiques, [Genève], 1542.
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- 6 Pierre Pidoux, Franc - Bourgeois – Davantès : leur contribution à la création des mélodies du Psau (...)
8Dans l’édition genevoise de 1542 (Ill. 2), le texte de cinq psaumes et deux cantiques de Calvin sont encore présents mais les deux autres pièces de Calvin de 1539 ont été remplacées par des textes de Marot. Cette édition genevoise de 1542 comporte des mélodies pour tous les psaumes et Pierre Pidoux a pu montrer que l’auteur de ces mélodies est très certainement Guillaume Franc, chantre à Genève à cette époque6. On notera que les mélodies figurant à Strasbourg en 1539 ont été retouchées ou même parfois réécrites. C’est par exemple le cas du Cantique de Siméon sur un texte de Jean Calvin.
9Finalement, en 1543, est publiée à Paris, la première édition des cinquante psaumes de Marot, c’est-à-dire plus exactement de quarante-neuf psaumes auxquels on ajoute traditionnellement le Cantique de Siméon (PsH/II, PA 43). Il s’agit comme en 1541 d’une édition sans musique. À Genève, même si aucun exemplaire n’a pu être retrouvé, il est très probable qu’une nouvelle édition de La Forme des prieres et chantz ecclesiastiques complétée ait vu le jour ; édition avec musique bien entendu. On conserve par contre au moins trois exemplaires d’une édition sans musique imprimée chez Jean Girard la même année ; elle ne comporte aucune annexe liturgique. Tous les textes de Calvin ont laissé la place à des paraphrases de Clément Marot.
10La première étape de la réalisation du Psautier de Genève se termine ici avec le décès de Clément Marot en 1544. Quarante-neuf psaumes ont été paraphrasés en vers français par ce poète et mis en musique principalement par Guillaume Franc à Genève (Annexe 1). L’année suivante, ce chantre quitte Genève pour Lausanne. Calvin perd ainsi un poète et un musicien.
La succession de Marot
- 7 Laurent Guillo, « Le Psautier de Paris et le Psautier de Lyon : à propos de deux corpus contempora (...)
11Suivant leur prestigieux modèle, plusieurs poètes vont s’intéresser à la paraphrase en vers français des psaumes. La majorité d’entre eux se gardera bien de traduire à nouveau les psaumes sélectionnés par Clément Marot ; ils essaieront plutôt de compléter le travail de Marot. Sans vouloir revenir sur des informations qui ont déjà été développées par ailleurs7, nous pouvons citer quelques noms.
12Le premier complément aux paraphrases de Marot est dû à Gilles d’Aurigny dont 30 psaumes sont publiés dès 1549 à Paris (sans musique) et à Lyon (avec la musique composée par Didier Lupi Second) (Annexe 2). Dès 1551, ces textes de Clément Marot et de Gilles d’Aurigny sont complétés par des paraphrases de Claude-Barthélémy Bernard, Robert Brincel et quelques autres. Nous avons ainsi ce que Laurent Guillo a proposé d’appeler le Psautier de Paris : c’est le premier psautier contenant l’ensemble des 150 psaumes en vers français. Cette édition complète a connu plusieurs éditions mais aucune avec musique pour tous les psaumes.
13Jean Poictevin, « chantre de Saincte Radegonde de Poictiers » propose un autre complément aux quarante-neuf paraphrases de Marot (Ill. 3).
Ill. 3. Les Cent Psalmes de David, Poitiers, Nicolas Pelesier, 1550.
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Ill. 4. Les Cent Cinquante Psaumes du royal prophete, Lyon, Michel de Boys, 1555.
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14Dès 1550-1551, il fait imprimer les cent un psaumes qui restaient à traduire et en 1553, ces psaumes se trouvent mêlés à ceux de Marot pour constituer ce que Laurent Guillo a proposé d’appeler le Psautier de Lyon. Cette appellation provient du fait qu’un musicien lyonnais, Philibert Jambe de Fer, a donné une édition complète des cent cinquante psaumes avec des mélodies : pour les psaumes de Marot, il s’agit des mélodies genevoises, pour les psaumes de Poictevin, il s’agit de ses propres compositions. Cette édition a été imprimée en 1555 à Lyon, chez Michel Du Bois (Ill. 4 ; annexe 3). C’est la première édition d’un psautier complet avec des mélodies. Elle sera réimprimée plusieurs fois, avec ou sans mélodies, et particulièrement à Lyon.
15Avec ces éditions, nous nous sommes éloignés de Genève. Manifestement les textes de Gilles d’Aurigny, Jean Poictevin, Claude-Barthélémy Bernard ou Robert Brincel n’ont laissé aucune trace dans cette ville. Auraient-ils été théologiquement inutilisables dans la liturgie réformée ?
16L’histoire a retenu que Calvin, ayant rendu visite à Théodore de Bèze, théologien et poète, arrivé depuis quelque temps à Genève, aurait trouvé sur sa table une paraphrase du psaume 16 en vers, c’est-à-dire du premier psaume (dans l’ordre numérique) non traduit par Clément Marot. Calvin aurait emprunté ce texte pour le montrer à ses collègues et ce serait à la suite de cette découverte que Calvin aurait confié à Théodore de Bèze la poursuite du travail de Clément Marot.
Théodore de Bèze
- 8 On pourra consulter ces deux paraphrases du Ps. 16, ainsi que bien d’autres paraphrases du même ps (...)
17Après un bref séjour à Genève, Théodore de Bèze s’installe à Lausanne pour enseigner le grec à l’Académie. Très occupé, il lui faudra plus de douze ans pour achever le psautier. Dès le début, il envisage de partager la tâche avec Louis Des Masures qu’il avait rencontré à ce sujet en avril 1550. Pour une raison que l’on ignore, Calvin n’a pas retenu cette proposition. Les quelques paraphrases de psaumes de Des Masures seront publiées à Lyon en 1557 sans musique. Parmi ces vingt psaumes, on trouve le psaume 16 que l’on pourra comparer à celui de Théodore de Bèze8.
Ill. 5. Psaumes Octantetrois de David, Genève, Jean Crespin, 1551.
http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k52959m
18De son côté, Théodore de Bèze envoie régulièrement de Lausanne des paraphrases de psaumes et le nouveau chantre de Genève, Loys Bourgeois, écrit des mélodies pour ces poèmes. La première publication de nouveaux psaumes date de 1551. Il s’agit des Pseaumes Octantetrois de David, mis en rime Françoise. A sauoir, quaranteneuf par Clément Marot [...] et trentequatre par Théodore de Bèze [PsH/II, GE 51] (Ill. 5 ; annexe 4). On notera qu’à cette même date le Psautier de Paris et le Psautier de Lyon sont déjà terminés alors que nous n’avons là que 83 psaumes. Il est vrai qu’à cette date, les premiers sont sans musique alors que le Psautier de Genève, même incomplet, est pourvu de mélodies.
19Il faudra encore une dizaine d’année pour mettre en vers français les psaumes restant. Loys Bourgeois quitte Genève à la fin de 1552 et Théodore de Bèze ne dispose plus d’un compositeur pour écrire des mélodies pour ses nouveaux textes. Il est probable que c’est à cette époque qu’il paraphrase certains psaumes (26) en utilisant la même coupe strophique que des pièces figurant dans les Pseaumes octantetrois. Ainsi ces nouveaux textes peuvent se chanter sur des mélodies déjà composées. La célèbre mélodie du Psaume 36 par exemple, figurant déjà dans les Aulcuns Psaulmes et cantiques mys en chant de 1539 avec le texte de Calvin, est conservée pour la traduction de Marot du même psaume et elle se trouve réutilisée pour le Psaume 68 de Théodore de Bèze : « Que Dieu se montre seulement ... ». Il s’agit d’une composition de Matthieu Greiter pour le Psaume 119 en allemand « Es sind doch selig alle die ».
20Finalement en mars 1559, arrive à Genève un réfugié lettré, hébraïsant et musicien : Pierre Davantès. Quatre mois plus tard, c’est Théodore de Bèze qui arrive à Genève comme recteur de l’Académie. Pierre Pidoux a montré que l’on pouvait admettre que ce maître Pierre qui met les psaumes en musique est bien Pierre Davantès et que la collaboration du poète et du musicien permet l’achèvement du Psautier de Genève fin 1561 ou début 1562. Son impression en masse, dès 1562, fait l’objet d’une formidable organisation orchestrée par Antoine Vincent père et fils : le volume est imprimé simultanément sur de nombreuses presses aussi bien à Genève qu’à Lyon, Paris, Caen ou Rouen : ce sont des dizaines de milliers de psautiers qui sont imprimés pendant les années 1562-1565 (Ill. 6a et 6b).
21
Ill. 6a : Pseaumes de David, Paris, Adrian le Roy et Robert Ballard, 1562, Bibliothèque Municipale de Lyon, cote Candaux P 70, Page de titre
BM Lyon Part-Dieu, cliché Y. Krumenacker
Ill. 6b : Pseaumes de David, Paris, Adrian le Roy et Robert Ballard, 1562, Bibliothèque Municipale de Lyon, cote Candaux P 70, Psaume I
BM Lyon Part-Dieu, cliché Y. Krumenacker
22Calvin décède en 1564 : il aura vu la publication complète du Psautier de Genève. Avait-il imaginé une telle entreprise lorsqu’il proposait en 1537 de faire chanter les psaumes lors du culte réformé ?
23En conclusion, il aura fallu deux poètes, Clément Marot et Théodore de Bèze, et trois musiciens, Guillaume Franc, Loys Bourgeois et Pierre Davantès pour mener à bien la réalisation complète du Psautier de Genève, c’est-à-dire la paraphrase en vers français de l’ensemble des cent cinquante psaumes avec des mélodies. Ce psautier aura un tel succès qu’il éclipsera définitivement le Psautier de Paris et le Psautier de Lyon.
Intermède
24La question à l’origine de ce colloque était de se demander s’il existe une posture spécifique du calvinisme par rapport aux arts ou à un art particulier. Il serait bien présomptueux de ma part d’oser émettre quelques affirmations concernant Calvin et la musique.
25Je voudrais seulement noter que le Psautier de Genève est une création du Calvinisme d’origine qui a survécu jusqu’au dernier quart du xixe siècle. Comment cela peut-il s’expliquer ? La question est délicate et il est sans doute difficile de déterminer quelles sont les spécificités du Psautier qui lui ont assuré une telle longévité. Mais peut-être l’« Histoire », c’est-à-dire ici, la position des réformés pendant plus de trois cents ans vis-à-vis de leur « livre de chant », peut-elle nous donner quelques pistes de réflexion.
La postérité du Psautier de Genève du xvie au xixe siècle
- 9 Félix Bovet, Histoire du Psautier des Églises Réformées, Neuchâtel, Paris, J. Sandoz, 1872.
26Des éléments de l’histoire du Psautier des Églises réformées ont été écrits en 1872 par Félix Bovet9. Depuis cette date, plusieurs découvertes ont été faites sans que cela ne modifie de manière fondamentale les conclusions de cet auteur. C’est donc en exploitant les travaux de Félix Bovet puis de Pierre Pidoux que je voudrais retenir ici quatre points qui me semblent importants concernant la postérité du Psautier de Genève.
Les traductions
27Nous avons dit que le Psautier de Genève avait connu un succès considérable dès sa publication complète en 1562. Ce succès a eu un retentissement auprès des pays étrangers acquis à la réforme. C’est ainsi que dès 1566, on trouve les psaumes de Clément Marot et Théodore de Bèze traduits en vers flamands par Pieter Dathen. Ce poète s’impose de conserver la structure poétique de ses modèles, ce qui permet de chanter ses paraphrases hollandaises sur les mélodies de Franc, Bourgeois et Davantès. Il s’agit là d’une constante des traductions en langues étrangères : conserver la métrique des psaumes français pour conserver la mélodie.
28En Allemagne, les psaumes étaient chantés depuis bien longtemps en langue vernaculaire. Cela n’empêche pas un jurisconsulte saxon, Ambrosius Lobwasser, professeur à Kœnigsberg, de traduire le psautier en allemand en suivant la métrique des psaumes de Marot et Bèze. Son psautier complet est imprimé pour la première fois en 1573 et il s’agit d’une édition très riche. En effet, il propose non seulement la traduction des psaumes français en allemand, mais aussi la traduction des Oraisons de Marlorat – que l’on trouve parfois à la suite des psaumes dans les éditions de Marot et Bèze non genevoises – et une harmonisation à quatre voix des mélodies genevoises qui n’est autre que celle de Claude Goudimel publiée dès 1564 à Paris et à Genève. Ce psautier en allemand avec musique à une voix ou à quatre voix a eu un succès considérable.
29On pourrait encore citer bien d’autres traductions, en différentes langues dès le xvie siècle. Relevons par l’exemple, l’existence d’une édition en béarnais imprimée en 1583 à Orthez : Les Psalmes de David metuts en rima bernese Per Arnaud de Saletta ou encore celle d’éditions en latin. En 1596, est imprimée à Heidelberg, la paraphrase latine d’Andrea Spethe ; il s’agit d’une traduction de la version allemande de Lobwasser, elle-même traduction de la version française de Clément Marot et Théodore de Bèze... qui utilisait vraisemblablement une édition latine comme source. Comme dans son modèle allemand, l’édition latine donne l’harmonisation à quatre voix des mélodies genevoises dans la version de Claude Goudimel. Cette édition était naturellement destinée aux étudiants originaires de différentes nations et rassemblés dans un même établissement scolaire.
La révision des textes
- 10 Pierre Pidoux, « Une première prudente révision des Psaumes de Marot et Bèze, 1587 » PSAUME n° 1, (...)
30Comme nous l’avons dit, à partir de 1562, le Psautier de Genève est imprimé très régulièrement à Genève comme dans plusieurs autres villes françaises ou étrangères pour les communautés réformées de langue française. Assez vite, des critiques sont sans doute faites sur les textes de Marot et Bèze et c’est ainsi que dès 1587, on trouve une petite retouche des textes. Pierre Pidoux a pris le temps de faire un relevé de ces quelques modifications10. Nous pouvons en citer une assez caractéristique car elle touche l’incipit même du psaume : au Ps. 110, Marot avait écrit : « L’omnipotent à mon Seigneur & Maistre A dict ce mot, A ma dextre te sieds,... », à partir de 1587, on trouve « Le Tout-puissant à mon Seigneur... ».
- 11 Pierre Pidoux, « Les manuscrits autographes des Psaumes de Valentin Conrart » PSAUME n° 7, Saint-É (...)
31Après cette date, pendant plusieurs décennies, le texte des psaumes semble stable. Il faut attendre les années 1670 pour qu’une nouvelle intervention ait lieu. Mais cette fois-ci elle ne provient plus de Genève, mais du milieu de l’Académie Française en la personne de son secrétaire, Valentin Conrart (1603-1675). La révision de Conrart conserve la métrique de Marot et Bèze afin de pouvoir continuer à chanter les psaumes sur les mélodies genevoises de 1562. Il s’astreint aussi, dans la mesure du possible, à conserver les rimes des psaumes originaux pour en faciliter l’apprentissage. Nous avons conservé deux manuscrits des révisions de Valentin Conrart. Le premier manuscrit est très propre et Pierre Pidoux le considère comme un témoignage de la « valeur spirituelle que le scripteur attachait à son contenu », mais il est difficile de le considérer comme une version définitive destinée à la publication (Annexes 5-6) ; le deuxième manuscrit, par contre, propose de très nombreuses variantes sans jamais faire de choix définitif ; Pierre Pidoux parle d’un « inépuisable réservoir de solutions envisageables aux problèmes posés ». De plus ce dernier manuscrit comporte aussi des annotations d’un ami de Valentin Conrart : Marc-Antoine de La Bastide11 (Annexes 7-8).
32À la mort de Conrart en 1675, aucune version n’a été imprimée mais Marc-Antoine de La Bastide poursuit le travail de son ami tout en prenant conseil auprès de différentes personnes. Une partie de la correspondance relative à cette révision a été conservée, elle est passionnante. Finalement, La Bastide fait imprimer un premier essai avec cinquante psaumes en 1677 à Paris, avec l’adresse de Charenton, c’est-à-dire le lieu de culte de l’Église réformée de Paris. On peut supposer que ce travail a été bien accueilli puisqu’il peut proposer une édition complète imprimée entre février et avril 1679 juste avant un Synode régional tenu à Charenton le 27 avril 1679 et enfin, encore une nouvelle édition imprimée de juin à août 1679 avec d’autres corrections. Comme on peut le constater, Genève semble totalement tenue à l’écart de cette révision qui est une affaire très parisienne. La version de Conrart, même si elle est régulièrement imprimée ne semble pas être adoptée par les Églises pour remplacer l’ancienne version.
33En 1685, c’est la Révocation de l’Édit de Nantes, le temple de Charenton est détruit, l’Église Réformée de Paris est dispersée... mais l’idée d’une révision est toujours d’actualité. Sur ce sujet aussi, Pierre Pidoux a rassemblé des quantités de renseignements et on peut voir les échanges entre les théologiens, les pasteurs ou les anciens au sujet de la révision des psaumes. Les avis sont parfois très différents et l’unanimité n’arrive pas à se faire.
34Finalement, c’est l’Église de Genève qui prend l’initiative d’abandonner la version de Clément Marot et Théodore de Bèze et d’adopter une nouvelle version qui, tout en s’inspirant de celle de Valentin Conrart, revue par Marc-Antoine de La Bastide, apporte de nombreuses retouches. En 1695 à Genève, voient le jour Les Psaumes de David Mis en Vers François par Cl. Marot & Th. de Bèze, retouchez par Monsieur Conrart, Revûs et aprouvez par les Pasteurs & les Professeurs de l’Eglise et de l’Académie de Genève (Annexes 9-10). Après encore quelques hésitations et corrections, la nouvelle version dite « des Pasteurs et Professeurs de l’Église et de l’Académie de Genève » est introduite au culte « le premier dimanche de novembre 1698 ». L’Église de Genève ne peut pas faire mieux que d’inciter les Églises du Refuge à suivre cette révision... sans rien imposer puisque chaque Église est indépendante des autres.
35L’Église de Berlin suivra assez rapidement l’attitude de Genève tout en choisissant un texte un peu retouché par rapport à la version de Genève. Les premières éditions révisées datent de 1701. Pour les communautés de langue française d’Amsterdam et des Pays-Bas, les discussions se poursuivent encore de nombreuses années et ce n’est qu’en 1729 que le Synode Wallon des Provinces-Unies adopte une nouvelle révision différente à la fois des révisions de Genève et de Berlin. Les différences entre les trois versions sont plus ou moins importantes et on peut se demander parfois ce qui justifie telle ou telle variante.
36Ainsi, de 1562 à la fin du xviie siècle, les réformés de langue française ont tous chanté les mêmes textes de Clément Marot et Théodore de Bèze, mais, à partir du siècle suivant, il y a au moins trois versions en parallèles ; le vieillissement de la langue du xvie siècle et la révision des psaumes ont eu raison de la belle unité. Par contre, on notera que les mélodies n’ont pas été retouchées et que dans toutes les églises, ce sont les mêmes airs du xvie siècle qui accompagnent la prière des fidèles.
Le chant à plusieurs voix
37Une autre évolution de la pratique du chant des psaumes dans les Églises Réformées mérite d’être signalée.
38On a souvent dit que Calvin était opposé à la musique. Aujourd’hui, on peut adopter une attitude beaucoup plus nuancée. Comme on l’a vu plus haut, c’est manifestement à l’instigation de Calvin que l’on a adopté le chant des psaumes dans la jeune Église Réformée et c’est lui qui a encouragé poètes et musiciens à créer un recueil liturgique absolument unique. Mais pour Calvin, le chant est un support à la prière, comme l’est le texte. Il ne peut s’agir, au culte, d’une récréation artistique orientée vers le plaisir d’entendre une belle harmonie. De plus, le chant ne doit en aucun cas gêner la compréhension du texte. Dans ces conditions, on comprend aisément que seul le chant monodique de toute l’assemblée à l’unisson ou à l’octave soit autorisé au culte.
39Par contre, chez soi, dans les familles aisées capables de lire et d’interpréter de la musique polyphonique, le chant à plusieurs voix est parfaitement autorisé à condition évidemment qu’il reste décent. Sauf erreur de ma part, nous n’avons à Genève aucun exemple d’interdiction ou de poursuite faite à un imprimeur qui aurait publié une édition polyphonique. On connaît de nombreuses éditions de psaumes ou de chansons spirituelles à plusieurs voix dès les premières années de la Réforme et parmi les diverses formes qu’ont prises ces pièces, la forme du « contrepoint simple » dite aussi « note contre note », en général à quatre voix, mérite d’être soulignée. Dans ce type d’harmonisation, tous les chanteurs chantent les mêmes syllabes du texte en même temps. Ainsi, le texte reste parfaitement compréhensible. Les principaux musiciens à avoir publié des psautiers (ou des extraits du psautier) sous cette forme sont Loys Bourgeois (lui-même auteur de mélodies comme on l’a dit), Claude Goudimel (qui n’a jamais composé de mélodie pour les psaumes) ou encore Claude Le Jeune ou Jan Pieterzoon Sweelinck par exemple. Claude Goudimel a donné plusieurs harmonisations des psaumes dans différents styles plus ou moins compliqués mais son harmonisation la plus utilisée est celle en contrepoint note contre note publiée dès 1564 à Paris, puis à Genève en 1565 et reprise par Ambrosius Lobwasser pour son édition de langue allemande.
40Les psautiers harmonisés n’étant utilisés que pour un usage domestique, on ne sera pas étonné qu’il n’en existe pas un très grand nombre d’éditions. Néanmoins, en 1667-1668, paraît à Genève une édition dont le titre est le suivant : Les Psaumes de David, Mis en Rime Françoise. Par Cl. Marot & Th. de Beze. Et en Musique à IV Parties, par Claude Goudimel. Reveus de nouveau sur le Texte des derniers Exemplaires imprimez à Paris, & acommodez maintenant pour l’usage de ceux qui veulent chanter en Partie dans l’Eglise. Cette édition est le premier témoignage d’une telle pratique au culte. À ma connaissance, on ignore si effectivement le chant des psaumes à plusieurs voix s’invite dans les Églises Réformées dès cette époque. Comme l’édition suivante du même type n’apparaît à Genève qu’en 1690 et la suivante à Neuchâtel en 1701, cette fois-ci avec le texte revu et approuvé « par les Pasteurs et Professeurs de l’Église et de l’Académie de Genève », on peut estimer que le chant polyphonique des psaumes pénètre très lentement dans les Églises Suisses.
41De 1700 à 1862, on compte un peu plus d’une vingtaine d’éditions des psaumes à quatre voix toutes imprimées en Suisse, à une exception près : il s’agit d’une édition imprimée à Valence en 1830 pour les réformés de la vallée du Rhône ou des régions adjacentes. Cette édition est intéressante car elle copie une édition de Lausanne de 1801 et c’est cette édition de 1801 à quatre voix qui a été utilisée dès le début du xixe siècle dans l’Église Réformée de Lyon nouvellement réinstallée. On possède un manuscrit complet de cette édition polyphonique disposée pour être jouée à l’orgue.
42Les différentes éditions polyphoniques de 1667-1668 à 1850 présentent parfois quelques différences dans l’harmonisation ou dans la présentation de la musique. Des études sont en cours sur ce sujet.
Les cantiques
43Si l’on compare un psautier réformé de la fin du xixe siècle avec une édition du xvie siècle, une autre différence s’impose. Il s’agit de la présence de cantiques.
- 12 Pierre-Alain Friedli, « Du ‘psautier huguenot’ au ‘psautier romand’ » La Musique à Saint-Pierre, p (...)
44On se souvient que dans les éditions de l’époque de Calvin, on ne trouvait à la suite des psaumes qu’un nombre très limité de cantiques. Dans l’édition « officielle » de 1562, on n’admet que les Dix Commandements et le Cantique de Siméon, ainsi parfois que les Prières avant et après le repas. Vers la fin du xvie siècle, on trouve parfois quelques cantiques composés par Théodore de Bèze mais ils sont rapidement abandonnés. Il faut attendre 1705 pour voir une réelle volonté d’introduire des cantiques dans le chant des Églises Réformées en remplacement ou en complément des psaumes. Cette initiative est due à Benedict Pictet mais elle n’est pas accueillie avec beaucoup d’enthousiasme semble-t-il. La première édition comporte douze cantiques qui se chantent en général sur des mélodies de psaumes, parfois un peu modifiées. Dans les années qui suivent, Pictet écrira d’autres cantiques, mais seuls les douze premiers figureront à la suite des psaumes dans les éditions imprimées à Genève ou Lausanne pendant le xviiie siècle. Ces cantiques ont un usage assez limité puisqu’ils sont destinés aux quatre « jours solennels » de l’année, c’est-à-dire aux jours où l’on célèbre la Cène12.
45Si ces douze cantiques sont introduits dans le culte pour les jours solennels, ce sont toujours les psaumes que l’on chante tous les dimanches et en semaine au culte ordinaire. A priori, on peut supposer que la tradition établie dès 1562 de chanter tout le psautier sur 25 semaines (c’est-à-dire deux fois sur l’ensemble de l’année) est conservée pendant les siècles suivants.
- 13 Félix Bovet, Histoire du Psautier ..., p. 194-197.
46Dans le dernier quart du xviiie siècle, des voix s’élèvent pour noter que certains psaumes ne méritent pas d’être chantés et le pasteur Jean Dumas peut se permettre de faire imprimer pour l’Église de Leipzig une édition ne comportant que 107 psaumes. La présentation de ce livre est assez étonnante puisque son auteur conserve la numérotation des psaumes de 1 à 150 et il remplace 43 psaumes par des cantiques d’origines diverses. Le volume se poursuit ensuite par 157 autres cantiques numérotés de 151 à 307. On a donc un total de 107 psaumes et 200 cantiques. L’exemple de Jean Dumas sera suivi principalement dans les Églises Réformées de langue française situées en pays de langue allemande13.
- 14 On trouve souvent 14, 15 et même parfois 30 cantiques à la suite de ces éditions mais ils ne vienn (...)
47Au début du xixe siècle, l’apparition de différents courants dans le protestantisme conduit à des recueils de chants pour chaque communauté. Dans ces recueils, le nombre de psaumes se réduit de plus en plus alors que l’Église Réformée « officielle » continue de faire imprimer des psautiers complets avec les douze cantiques de Pictet14.
Ill. 7 : Psaumes et cantiques, Lyon, Georg, 1885
Archives de la Bibliographie des Psaumes Imprimés en Vers Français
48Puisque nous sommes à Lyon, nous retiendrons par exemple que le recueil destiné à l’Église réformée de cette ville publié pour la première fois en 1847 contient seulement 50 psaumes suivis de 50 cantiques. Il sera augmenté d’une vingtaine de cantiques par la suite et sera utilisé à Lyon de 1847 à 1935 environ (Ill. 7).
49Finalement, l’évolution du Psautier de Genève depuis le xvie siècle conduit à la présence, au xixe siècle, de deux types de livres de chants.
50On a, d’une part, les Psaumes de David à une voix avec les 150 psaumes finalement assez proches du psautier de Calvin si ce n’est que les textes ne sont plus ceux de Clément Marot et Théodore de Bèze, mais qu’ils ont été révisés par les « Pasteurs et professeurs de l’Eglise et de l’Académie de Genève ». La dernière édition liturgique connue est celle éditée à Paris en 1875 à l’adresse de Théodore Lefèvre.
51D’autre part, on trouve des recueils de Psaumes et Cantiques en général à trois ou quatre voix, avec une sélection de psaumes (et de strophes) dont le texte est révisé. Ces psaumes sont suivis d’un nombre de cantiques plus ou moins important.
52En conclusion, si l’on compare ces deux livres de chants, on constate que, pour les psaumes, les mélodies de Genève du xvie siècle sont encore présentes dans les paraphrases du xixe siècle. On a l’impression que c’est le seul point commun de ces livres. La spécificité du Psautier de Genève résiderait donc dans ses mélodies qui ont pu traverser les siècles.
53Il me semble qu’une telle conclusion est trop restrictive. En effet, si ces mélodies ont pu se maintenir, c’est parce que toutes les révisions successives des textes de Clément Marot et Théodore de Bèze ont conservé la structure poétique des paraphrases initiales. Peut-être est-ce là une spécificité du Psautier de Genève : il s’agit d’un recueil de 150 poèmes mis en vers sous forme strophique et en utilisant des vers courts (8 ou 10 pieds, rarement 12), ces formes sont très bien adaptées à la mise en musique. De plus ce recueil de poèmes n’a rien de monotone dans la mesure où les structures poétiques utilisées sont très variées. Les musiciens les ont exploitées pour composer au xvie siècle des mélodies « syllabiques » (une note par syllabe de texte) sans mélisme ce qui en facilite la mémorisation.
54Enfin, il faut relever l’immense mérite de Jean Calvin d’avoir encouragé des poètes et des musiciens à créer, à partir de l’ensemble des cent cinquante psaumes de la Bible, le livre de chant de la jeune communauté réformée. En donnant ces poèmes dans leur langue aux réformés de langue française, ils ont pu se les approprier : le psautier n’est-il pas en effet, une source inépuisable pour tout chrétien, de mots et de pensées pour louer Dieu, le supplier, dire sa foi ou sa douleur, en un mot pour prier ?
Annexe
Annexe 1
Clément Marot - Guillaume Franc 1545 – 1562 : Pseavme XXXIII.
C’est un bel himne, auquel le Prophete invite d’entrée à celebrer le Tout-puissant : puis chante que tout est plein de sa bonté : recite ses merveilles, admoneste les Princes de ne se fier en leurs forces, & que Dieu assiste à ceux qui le reverent : puis invoque sa bonté.
Resveillez-vous chacun fidele,
Menez en Dieu joye orendroit.
Louange est tresseante & belle
En la bouche de l’homme droit.
Sur la douce harpe,
Pendue en escharpe,
Le Seigneur louez :
De luts, d’espinettes,
Sainctes chansonnettes
A son nom jouez.
Chantez de luy par melodie
Nouveaux vers, nouvelle chanson :
Et que bien on la psalmodie
A haute voix, & plaisant son.
Car ce que Dieu mande,
Qu’il dit & commande,
Est juste & parfait.
Tout ce qu’il propose,
Qu’il fait & dispose,
A fiance est fait.
Il ayme d’amour souveraine
Que droit regne, & justice ait lieu :
Quand tout est dit la terre est pleine
De la grande bonté de Dieu.
Dieu par sa parole
Forma chaque pole
Et ciel precieux :
Du vent de sa bouche
Fit ce qui attouche,
Et orne les cieux.
Il a les grand’s eaux amassées
En la mer, comme en un vaisseau :
Aux abysmes les a mussées,
Comme un tresor en un monceau.
Que la terre toute
Ce grand Dieu redoute ;
Qui fit tout de rien :
Qu’il n’y ait personne,
Qui ne s’en estonne
Au val terrien.
Car toute chose qu’il a dite
A esté faite promptement :
L’obeissance aussi subite
A esté que le mandement.
Le conseil, l’emprise
Des gens il debrise
Et met à l’envers :
Vaines & cassées
Il rend les pensées
Des peuples divers. [...]
Car luy seul, sans autre puissance,
Forma leurs cœurs tels qu’ils les ont :
C’est luy seul qui à cognoissance
Quelles toutes leurs œuvres sont.
Nombre de gendarmes,
En assaux n’alarmes
Ne sauvent le Roy :
Bras ni halebarde
L’homme fort ne garde
De mortel detroy.
Celuy se trompe qui cuide estre
Sauvé par cheval bon & fort :
Ce n’est point par sa force adextre
Que l’homme, eschappe un dur effort :
Mais l’œil de Dieu veille
Sur ceux à merveille,
Qui de volonté
Craintifs le reverent,
Qui aussi esperent
En sa grand’ bonté.
Afin que leur vie il delivre
Quand la mort les menacera :
Et qu’il leur donne de quoy vivre
Au temps que famine sera.
Que donques nostre ame
L’Eternel reclame,
S’attendant à luy.
Il est nostre adresse,
Nostre forteresse,
Pavois & appuy.
Et par luy grand’ resjouissance
Dedans noz cœurs tousjours aurons :
Pendant qu’en la haute puissance
De son Nom sainct nous esperons.
Or ta bonté grande
Dessus nous s’ espande,
Nostre Dieu & Roy :
Tout ainsi qu’entente,
Espoir & attente
Nous avons en toy.
[Forme poétique : 11 strophes de 10 vers : 8 8 8 8 5 5 5 5 5 5/ aBaB ccDeeD]
[Source : Pseaumes de David, mis en rime Francoise par Clement Marot, & Theodore de Beze. - Paris, Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1562]
Annexe 2
Gilles d’Aurigny - Didier Lupi second 1545 - 1549 : Pseavme XLII.
Quemadmodum desiderat cervus ad fontes
Oncques le cerf errant par monts & vaulx,
Ne desira tant les courans ruisseaux,
Ne soubhaita les fontaines d’eau claire,
Pour sa grand soif estaindre & se refaire,
Comme mon ame en son travail souspire,
Pour parvenir à toy, souverain Sire.
D’ardent desir & d’alteration,
Mon ame brusle ayant affection,
De raffreschir sa volunté naysve
En toy (ô Dieu fonteine claire, & vive),
Las je te pry dy moy quand donc sera-ce,
Qu’apparoistray devant ta sainte face ? [...]
Je considere & pense longuement,
Tous leurs propos en mon entendement,
Dont je respands (pour l’ ennuy qui me touche)
Larmes des yeulx, & souspirs de la bouche.
Puis dis ainsi, quand vivray-je en liesse,
En la maison du Dieu plein de richesse ?
Mais que fais-tu ame de peu de foy ?
Pourquoy es-tu affligée ? pourquoy
Me rends-tu triste & plain de faicherye ?
Espere en Dieu, ne le fuy, je te prye,
Car quelque jour me mettra hors d’esclandre,
Puis mettray peine à louenge luy rendre.
Mon ame en moy se tourmente (ô mon Dieu)
Et ne la puis consoler en ce lieu,
Qu’en contemplant la grace qui fut veue,
Depuis Jourdain (fleuve en grande estendue)
Jusqu’à Hermon montaigne tresexquise,
Donnant la terre à noz peres promise.
Lors un abisme aultre abisme invitoit,
Pour submerger du tout ce qui restoit
Des ennemis, & tes escluses fortes,
Faisoyent grands bruyts & sons d’estranges sortes,
Pour les noyer, & bien tost deborderent,
Vagues & flotz à mes costéz passerent.
Dieu fait en nous sa bonté apparoir,
Et nous en fait experience veoir,
Voulant qu’ayons tousjours memoire d’elle :
Parquoy combien que mon mal renouvelle,
Toutes les nuits, sans que mon vouloir change,
Du Dieu vivant chanteray la louenge.
Et en mon chant diray, O Dieu trescher,
Puis que tu es ma force & mon rocher,
Pourquoy m’as tu mis en oubly si viste ?
Pourquoy fais-tu que je chemine triste,
Lorsqu’ennemis m’affligent & desprisent,
Et au tourment mes os rompent & brisent ?
Ne me chauldroit quand ilz me donneroyent
Tous les tourmens qu’inventer ilz pourroyent :
Mais quand ainsi ilz me disent sans cesse,
Où est ton Dieu ? Ilz me font plus d’oppresse,
Que s’ilz avoyent ma poictrine frappée
Tout au travers d’une trenchante espée.
Pourquoy mon ame endure-tu tourment,
Et me rends triste ? Espere seulement
Au Seigneur Dieu : car dedans peu d’espace
Mon mal fauldra, & me fera la grace,
Que luy rendray mercys en sa presence :
Ainsi j’espere avec ferme fiance
[Forme poétique : 11 strophes de 6 vers : 10 10 10 10 / AAbbcc]
[Source : voix de Tenor prise des Psalmes trente du royal prophete David, traduictz en vers francois par Giles Daurigny, dict le Pamphile, & mis en musique à quatre parties par D. Lupi Second. Cantus. Tenor [Altus. Basis. - Lyon, Godefroy & MarcelIin Beringen, 1549]
Annexe 3
Claude Le Maistre - Philibert Jambe-de-Fer 1545 - 1555 : Pseavme XLII.
Quemadmodum desiderat cervus.
Les enfans de Korah qui congnoissoient le vouloir de David [sic pour Dieu] feirent ce Pseaume lors que David avoit esté deschassé de son Royaume par Absalon son filz, auquel il se plaint d’estre privé de la compaignie des Saincts ; & demande d’estre restitué en son entier.
Comme le Cerf longuement pourchassé
Quelque ruisseau desire pour retraite :
Ainsi pour vray le mien Esprit lassé
Aller à toy (ô Seigneur Dieu) souhaite.
Aussi mon ame a esté alterée
De la vive eau, qui est toy, Dieu puissant :
Las quand viendra celle heure bien heurée
Que te verray au ciel resplandissant ?
De mes deux yeux les larmes doloreuses
En lieu de pain m’ont servy nuict & jour,
Quand des mocqueurs les langues outrageuses
Me demandoient : Ou fait ton dieu sejour ? [...]
Mon ame en soy respond quelle est troublée
De ses desirs. Parquoy ne souviendra
Du mont Hermon, aussi de l’assemblée
Des eaux Jourdain jusques le temps viendra.
Qu’à haute de ces cataracteres
Que lon verra en ton corps haut pendu
De ta pitié l’ abysme des miseres
Appellera l’ abysme confondu.
Las, tes Ruisseaux, & gros fleuves puissans,
Petis travaulx, & peines sans mesure,
En leur fureur terrible fremissans
On[t] tous passé sur moy ta creature.
Le jour Dieu veult que sa misericorde
Lon recongnoisse, & qu’on luy soit servant,
Et que la nuict nostre langue s’accorde
Mettre à son loz cantiques en avant. [...]
Mais pourquoy donc m’as-tu mis en oubly,
Dont en ce point travaillé je chemine,
Quand l’adversaire en tout mal accomply
Fait son effort à fin qu’il me domine ?
Quand à telz gens je ne puis resister,
Et que mes os dessoubz le faiz se ployent
Leur grand orgueil ne se veut desiste[r],
Ains contre moy leurs reproches employent.
En me disant tousjours par mocquerie,
Ou est ton Di[e]u, en qui tu as espoir ?
Certainement ou sa force est perie,
Ou de t’ayder il n’a aucun vouloir.
C’est pour celà que mon ame est troublée,
Et qui me rend ainsi triste & dolent :
Voire & pourquoy ma peine est redoublée,
Et mon esprit assoupy, foible & lent.
Mais, ô mon ame, en ton affliction
Espere en Dieu, & te tiens asseurée,
Que luy feray encor[e] confession,
Qui à jamais aura ferme durée.
[Forme poétique : 17 strophes de 4 vers : 10 10 10 10 / AbAb ou aBaB]
[Source : Les Cent Cinquante Pseaumes du Royal Prophete David Traduits en rithme Françoyse par CI. Marot, M Jan Poitevin, M. Seve Lyonnais, & autres. Mis en Musique par Philibert Jambe de Fer. - Lyon, Michel du Boys, 1555]
Annexe 4
Théodore de Bèze - Loys Bourgeois 1551 – 1562 : Pseavme XLII.
Le Prophete empesché par ses ennemis d’estre en l’assemblée du peuple sainct, en faict une grande complaite : & proteste qu’il y est de cœur, encores qu’il soit absent de corps : declare ses calamitez : s’asseure & console soy mesme en la bonté de Dieu. Pseaume pour ceux que les infideles empeschent de se trouver en l’Eglise.
Ainsi qu’on oit le cerf bruire,
Pourchassant le frais des eaux,
Ainsi mon cœur qui souspire,
Seigneur, apres tes ruisseaux,
Va tousjours criant, suivant
Le grand, le grand Dieu vivant.
Helas donques, quand sera-ce,
Que verray de Dieu la face ?
Jours & nuicts pour ma viande
De pleurs me vay soustenant,
Quand je voy qu’on me demande,
Où est ton Dieu maintenant ?
Je fon en me souvenant,
Qu’en troupe j’alloy’ menant,
Priant, chantant, grosse bande
Faire au temple son offrande.
D’où vient que t’esbahis ores,
Mon ame, & fremis d’esmoy ?
Espere en Dieu : car encores
Sera-il chanté de moy :
Quand d’un regard seulement
Il guerira mon tourment.
Las ! mon Dieu, je sen mon ame
Qui de grand desir se pasme.
Car j’ay de toy souvenance
Depuis outre le Jourdain,
Et la froide demeurance
De Hermon pays hautain,
Et de Misar autre mont.
Un gouffre l’autre semond,
Lors que tonnent sur ma teste
Les torrens de la tempeste.
Tous les grands flots de ton onde
Par dessus moy ont passé :
Mais sur un poinct je me fonde,
Que n’estant plus courroucé,
De jour tes biens m’envoyras,
De nuict chanter me feras,
Priant d’une ame ravie,
Toy seul autheur de ma vie.
Je diray, Dieu ma puissance,
D’où vient qu’en oubli suis mis ?
Pourquoy vi-je en desplaisance,
Pressé de mes ennemis ?
Je sens leurs meschans propos
Me navrer jusques aux os,
Quand ils disent a toute heure,
Où fait ton Dieu sa demeure ?
D’où vient que t’esbahis ores,
Mon ame, & fremis d’esmoy ?
Espere en Dieu, car encores
Sera-t-il loué de moy,
D’autant qu’il est le Sauveur
Me presentant sa faveur.
Bref, pour conclure, mon ame,
C’est le Dieu que je reclame.
[Forme poétique : 7 strophes de 8 vers : 7 7 7 7 7 7 7 7 / aBaB CCdd]
[Source : Pseaumes de David, mis en rime Francoise par Clement Marot, & Theodore de Beze. - Paris, Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1562]
Annexe 5
Valentin Conrart (manuscrits), avant 1675 : Psaume XXXIII
Réveillez-vous, Peuple fidéle,
Pour loüer Dieu tout d’une voix,
Sa loüange est honnête et belle,
En la bouche des hommes droits.
Dans tout son Empire,
Joignez de la Lyre,
Les accors divers,
Avec la Musette,
Avec l’épinette,
En vos doux concers.
[Var : Dans tous vos concers.]
Loüez son nom, par 1’harmonie,
De vos Cantiques mesurez,
Ajoûtez-y la Symphonie,
De tous les instrumens sacrez.
Ce que Dieu demande,
Qu’il fait, qu’il commande,
[Var : Qu’il fait, ou commande,]
Est juste, et parfait,
Et de toute chose,
C’est luy qui dispose,
[Var : Il voit et dispose,
Il sayt et dispose,]
La cause et l’effet.
Par sa puissance souveraine,
[Var : Par sa volonté souveraine,]
La justice regne en tout lieu,
Mesme en tout lieu la Terre est pleine,
[Var : Et la Terre en tout-temps est pleine]
De l’extrême bonté de Dieu.
[Var : De la bonté de ce grand ...]
L’un & l’autre pole,
Sont de sa parole,
L’Effet glorieux ;
Du vent de sa bouche,
[Var : D’un mot de sa bouche]
Il fit ce qui touche,
Les astres des Cieux.
[...]
[vers 8-10, var :
Sa bouche feconde
A paré le monde
[Eclaire le monde]
[Enrichit le monde]
Des astres des Cieux.]
[vers 8-10, var :
Sa bouche feconde
fit briller au monde
[A fait luire au monde]
Les astres des Cieux.]
Il fit la mer, ce vase immense,
[Var : La Mer est comme un…]
Dont l’Eau ne passe point les bors,
[Var : ... l’Eau ne peut passer...
... l’Eau ne franchit point...]
Il serre, par Sa Providence,
[Var :
Il serrea, par sa Providence,
Il renferme, par sa prudence,]
Dans ses abymes ses tresors.
[Var : Ses abymes dans ses...]
Que toute la Terre,
Craigne son tonnerre,
Et qu’humiliez,
Tous ceux qui l’habitent,
Sa colére évitent,
Tremblant à ses piez.
Une chose, quand il l’a dite, S’exécute si prontement,
Que l’obéissance subite,
Suit toûjours son commandement.
L’Eternel méprise,
La foIe entreprise,
[Var : La vaine entreprise,]
Des hommes pervers,
Il vit des pensées,
Vaines, insensées,
Des peuples divers.
Sur tous les coeurs il a puissance,
Il les fit, il sayt ce qu’ils sont, Et luy seul a la connaissance,
De tout ce que les hommes font.
[Var : Des oeuvres que ...]
La plus grande armée,
[Var : La plus forte armée,]
La mieux animée,
[Var : La plus animée,]
Pour sauver un Roy,
Pour sauver un Roy
[Var : Pour servir ...
Pour suivre son Roy,]
Le fort, ni l’habile,
Tout est inutile,
Contre un grand effroy.
C’est souvent en vain que le maistre,
D’un cheval vigoureux et fort,
Par sa vitesse prétend estre,
[Var : Par son adresse prétend ...]
Délivrée d’un mortel effort.
Mais l’oeüil de Dieu veille,
Sur ceux qu’il conseille,
Dont la volonté,
Le craint, le révére,
[Var : L’ayme, le révére,]
Et qui rien n’espére,
Que de sa bonté.
Si la mort vient à les poursuivre,
Il l’arreste ; il retient sa main,
Dans la famine il les fait vivre,
[Var : Dans L’abondance il les...]
Quand les autres manquent de Pain.
Qu’à jamais nôtre ame,
[Var : Qu’en tout-temps notre ...]
L’Eternel reclame,
Et s’attende à luy,
Son trône immobile,
Est seul nôtre asyle,
Et seul nôtre appuy.
Nos cœurs pleins de reconnoissance,
Le nom du Seigneur béniront,
Tant-que soûmis à sa puissance
[Var : Puis-que soûmis...]
En sa grace ils espéreront.
Que ta bonté grande,
Sur nous se répande,
Nôtre divin Roy,
Tranquile, et contente,
Nôtre ame innocente,
N’espere qu’en toy.
[Var : Attend tout de toy.
Ne s’attend qu’à toy.]
[Forme poétique : 11 strophes de 10 vers : 8 8 8 8 5 5 5 5 5 5 / aBaB ccDeeD]
[Source :
Les Psaumes de David mis en Rimes françoises, par Clement Marot, et Theodore de Beze. Et corrigez par Monsieur Conrart. Conseiller, et Sécretaire du Roy. Manuscrit : Paris BnF : Acq. nouv. ft. 1725
Les Psaumes de David mis en vers français par Valentin Conrart. Manuscrit : Paris Maz. Ms. 3931]
Annexe 6
Valentin Conrart (manuscrits), avant 1675 : Psaume XLII.
Comme on entend le Cerf bruire,
Aprés les courantes Eaux,
[Var : Cherchant la fraicheur des eaux,]
Ainsy mon ame soupire,
[Vers 1 -3, var : Comme un Cerf altéré brame,
Aprés la fraîcheur des eaux,
Ainsi soupire mon ame,]
Seigneur aprés tes ruisseaux,
Sa soif augmente en marchant,
[Var : Ma soif ...]
Il s’écrie en te cherchant,
[Var : Et s’écrie ...]
Grand Dieu vivant, quand sera-ce,
Que je reverray ta face ?
Mes larmes sont ma viande,
De jours, de nuit, en tout-lieu,
Quand je voy qu’on me demande,
Qu’est donc devenu ton Dieu. ?
Je pense à ce temps heureux,
Ou j’allois rendre mes voeux,
Avec la trouppe fidéle,
Dans ta maison eternelle.
[Var : Devant ta gloire immortelle.]
[Vers 6-8, var : Où je te rendois mes voeux
Par des chansons solenelles
A la feste des fidéles.]
Quoy ? mon ame, tu ne cesses,
De craindre, et de t’agiter ;
J’espére, aprés ces détresses,
[Var : J’espére, dans ces...]
Le nom du Seigneur chanter,
Si d’un regard seulement, Il soulage mon tourment. o mon Dieu, je sens mon ame,
[Var : Eternel, je sens ...]
Qui dans sa douleur se pâme.
[Var : Qui de tant d’ennuis se ...]
[Var : Qui dedans cet exil se pâme.
[sic : un pied de trop]
Je me remets en mémoire,
Mais je l’y remets en vain,
[Var : Mais c’est toute fois en vain,]
L’heureux séjour de ta gloire,
[Var : Ce païs si plein de ...]
Depuis le large Jourdain,
[Var : Les rivages du Jourdain,
Depuis l’orgueilleux Jourdain,
Depuis le fameux Jourdain,]
Jusqu’à Mitsar, et Hennon,
Je suis effrayé du son,
D’un abyme, qui succéde,
A l’abyme qui précéde.
[Var : ... qui lui cède.]
Tes torrens ont sur ma teste,
grondé, tonné, menacé,
Tous les flots de ta tempeste,
[Var : Et les flots ...]
Sur moy cent fois ont passé
Mais quand tu t’appaiseras,
[Var : ... quand Dieu s’appaisera,]
De jour tu me béniras,
[Var : Le jour, il me bénira,]
De nuit, mon ame ravie,
[Var : La nuit, ...]
Lou’ra l’auteur de ma vie.
O grand Dieu, dans la misère,
Où ton oubly m’à soumis,
Je me voy, par ta colére,
Sujet à mes ennemis,
[Var : Aux pieds de mes]
Je sens leurs piquans propos,
Me percer jusques aux os,
Quand ils disent à toute-heure,
Où fait ton Dieu sa demeure ?
Pourquoy t’alarmer encore,
Mon ame, avec tant d’ effroy ?
Espére au Dieu que j’adore,
Qui sera loüé de moy ;
[Var : Et qu’il soit loüé de toy]
Un regard en sa faveur,
[Var : Dans tous mes maux sa faveur,]
M’apprend qu’il est mon Sauveur,
Et c’est le seul Dieu, mon ame,
[Var : Et c’est aussy luy, mon ame]
Qu’en tous mes maux je reclame.
[Forme poétique : 7 strophes de 8 vers : 77777777 / aBaB CCdd]
[Source :
Les Psaumes de David mis en Rimes françoises, par Clement Marot, et Theodore de Beze. Et corrigez par Monsieur Conrart. Conseiller, et Sécretaire du Roy. Manuscrit : Paris BnF : Acq. nouv. ft. 1725
Les Psaumes de David mis en vers français par Valentin Conrart. Manuscrit : Paris Maz. Ms. 3931]
Annexe 7
Valentin Conrart et Marc-Antoine de La Bastide 1677 - 1679 : Psaume XXXIII.
Ps. de Doctr. [psaume de doctrine]
Réveillez-vous, peuple fidelle,
Pour loüer Dieu tout d’une voix,
Sa loüange est honnête et belle
[1679 : ... est & juste & belle]
En la bouche des hommes droits.
[1679 : En la bouche ...]
Sur la douce harpe,
Penduë en écharpe,
Loüez le Seigneur ;
Et que la Musete,
Le luth, l’Epinette,
Chantent son honneur.
Loüez son nom par l’harmonie
De vers nombreux & mesurez..
Ajoûtez-y la simphonie
De tous les instrumens sacrez.
Ce que Dieu demande,
Ce qu’il nous commande,
Tout ce qu’il a fait,
Et ce qu’il propose,
Et ce qu’il dispose,
Tout est tres parfait.
II aime d’amour souveraine
Que par tout la justice ait lieu ;
Qui ne voit que la terre est pleine
De l’extréme bonté de Dieu.
L’un & l’autre pole
Sont de sa parole
L’effet glorieux ;
Ce souverain Maître
[1679 : Par luy fut formée]
En soufflant fit naître
[1679 : La brillante armée]
Les astres des Cieux.
[1679 : Des astres ...]
Sa main a les eaux amassées
Dans la mer, comme en un vaisseau ;
Et dans ses gouffres entassées
[1679 : Il a les ondes entassées]
Comme un trésor en un monceau.
Que-toute la terre
Craigne son tonnerre ;
Et qu’humiliez,
Tous ceux qui l’habitent
Sa colere evitent,
Soûmis à ses piez.
La chose aussi tôt qu’il l’eût dite,
Fût & parût dans le moment ;
[1679 : Eût son être dans]
L’obéissance fût subite
Comme fût le commandement.
[1679 : Comme étoit le...]
L’Eternel méprise
La vaine entreprise
Des peuples divers,
Et par sa justice
[1679 : Sa juste puissance]
Confond la malice
[1679 : Confond la prudence]
Des hommes pervers.
[...]
C’est Dieu seul qui, par sa puissance,
Fit les cœurs de tous les humains ;
Luy seul juge avec connoissance
Toutes les œuvres de leurs mains.
Non, dans les alarmes,
Ny camp ni Gendarmes,
Ne sauvent le Roy ;
Le fer, le courage,
Sont de nul usage,
Eternel, sans toy.
En vain on pense que, peut être,
Un cheval adroit & leger
Pourra seul degager son maître
D’un mortel & pressant danger.
Mais Dieu de son aile
[1679 : ... de ses ailes]
Couvre le fidele.
[1679 : ...les fideles,]
Dont la pieté
[1679 : Et veille toûjours]
L’aime & le revere
[1679 : Pour qui le ...]
Et qui rien n’espere
Que de sa bonté.
[1679 : Que de son secours.]
Si la mort vient à nous poursuivre
Il l’arrête & retient sa main ;
Dans l’abondance il nous fait vivre
Quand par tout on manque de pain.
Qu’en tout tems nôtre ame L’Eternel reclame
Et s’attende à luy :
Son trône immobile
Est seul nôtre asyle,
Et seul nôtre appuy.
Nos cœurs pleins de reconnoissance
Beniront le nom du Seigneur,
Toûjours soûmis à sa puissance
Ils celebrerons son honneur.
Que ta bonté grande
Sur nous se répande,
O Dieu nôtre Roy !
Remply nôtre attente,
Nôtre ame contente
N’espere qu’en toy.
[Forme poétique : 11 strophes de 10 vers : 8 8 8 8 5 5 5 5 5 5/ aBaB ccDeeD]
[Source : Les Livre des Psaumes En vers François, par CI. Ma. & Th. de Be. Retouchez par feu Monsieur Conrart. [...] Première Partie. - Charenton [Paris], Antoine Cellier, Etienne Lucas et la Veuve Olivier de Varennes, 1677
Les Psaumes en vers François, Retouchez sur l’ancienne version de CI. Marot & Th. de Beze. Par feu M V. Conrart Conseiller & Secretaire du Roy. &c. - Charenton [Paris], Antoine Cellier, 1679]
Annexe 8
Valentin Conrart et Marc-Antoine de La Bastide. 1677 - 1679 :
Psaume XLII.
Ps. de consolation
Comme un Cerf altéré brame
Cherchant le courant des eaux,
Ainsy soûpire mon ame,
Seigneur, aprés tes ruisseaux ;
Elle a soif du Dieu vivant,
Et s’écrie en le suivant,
Mon Dieu, mon Dieu, quand sera-ce,
Que je pourray voir ta face ?
[1679 : Que mes yeux verront ta face ?]
Mes larmes sont ma viande,
[1679 : Mes larmes sont mon breuvage,]
Et nuit & jour en tout lieu ;
Quand je voy qu’on me demande
[1679 : Quand on me tient ce langage,]
Qu’est donc devenu ton Dieu ?
O trop heureuse saison,
Quand j’allois en ta Maison
Chantant avec les Fideles
Tes loüanges immortelles.
Mais quel chagrin te devore,
Mon ame rassûre toy,
Espere en Dieu, car encore
Il sera loüé de moy.
Quand d’un regard seulement,
Il finira mon tourment ;
Mon Dieu, je sens que mon ame
D’un ardent desir se pâme.
Je pense à toy depuis l’heure
Que j’étois vers le Jordain ;
Et vers la froide demeure
D’Hermon où j’errois en vain,
Et dans tous ces autres lieux
Exilé loin de tes yeux,
Par tout mes maux me poursuivent,
Comme des flots qui se suivent.
Les torrens de ta colère
Sur moy cent fois ont passé :
Mais par ta grace j’ espere,
Qu’enfin l’orage est cessé ;
Tu me conduiras le jour,
Et moy la nuit à mon tour
Je celebreray la gloire
[1679 : Je sauray chanter la gloire]
De l’auteur de ma victoire.
Dieu, diray-je en ma souffrance,
D’un esprit humble & soûmis,
Tu peux tout, & ta puissance
Me livre à mes ennemis :
[1679 : M’expose à mes ennemis :]
Je sens leurs méchans propos
Qui me percent jusqu’aux os,
Quand ils disent à toute heure,
Où fait ton Dieu sa demeure ?
Mais pourquoi, mon ame, encore
T’abbatre avec tant d’effroy ?
Espere au Dieu que j’adore,
Il sera loüé de moy.
Un regard dans sa faveur,
Me dit qu’il est mon Sauveur ;
Et c’est aussy luy, mon ame,
Oüy, luy seul que je reclame.
[1679 : Qu’en tous mes maux je reclame.]
[Forme poétique : 7 strophes de 8 vers : 77777777 / aBaB CCdd].
[Source :
Les Livre des Psaumes En vers François, par CI. Ma. & Th. de Be. Retouchez par feu Monsieur Conrart. [...] Première Partie. - Charenton [Paris], Antoine Cellier, Etienne Lucas et la Veuve Olivier de Varennes, 1677
Les Psaumes en vers François, Retouchez sur l’ancienne version de CI. Marot & Th. de Beze. Par feu M V. Conrart Conseiller & Secretaire du Roy. &c. - Charenton [Paris], Antoine Cellier, 1679].
Annexe 9
Eglise de Genève 1695 [Eglise de Berlin (1701), Révision du Synode Wallon (1729)] : Psaume XXXIII.
Psaume de doctrine
Réveillez-vous, Peuple fidèle, Pour loüer Dieu, tout d’une voix :
[Berlin : Bénissons Dieu, tout ...]
Sa loüange fut toûjours belle,
Dans la bouche des hommes droits.
Sur la douce harpe,
Penduë en écharpe,
Loüez le Seigneur :
Et que la musette,
Le luth, l’épinette,
Chantent son honneur.
Loüez son nom, par 1’harmonie
Des vers nombreux & mesurez :
Ajoûtez-y la symphonie
De tous les instrumens sacrez.
Ce que Dieu demande,
Ce qu’il nous commande,
Tout ce qu’il a fait,
Tout ce qu’il propose,
[Berlin : Et ce qu’il ...]
Et ce qu’il dispose,
[Berlin : Tout ce qu’il ...]
Est juste, & parfait.
Il veut, par sa loi souveraine, Que par-tout la justice ait lieu. Qui ne voit que la terre est pleine
De la grande bonté de Dieu ?
L’un et l’autre pole
Sont de sa parole
L’effet glorieux :
D’un mot fut formée
La céleste armée,
Qui brille à nos yeux.
Il rassembla les eaux profondes,
Les tenant comme en un vaisseau ;
Il mit les ondes sur les ondes,
Comme un trésor en un monceau.
Que toute la terre
Craigne son tonnerre ;
Et qu’humiliez,
Tous ceux qui l’habitent
Sa colère évitent,
Soûmis à ses piez.
La chose, aussi-tôt qu’il l’eut dite,
Eut son être, dans le moment ;
L’obéissance fut subite,
Et suivit le commandement.
[Berlin : Comme étoit le...]
L’Eternel méprise
La vaine entreprise
Des peuples divers :
Sa juste puissance
Confond la prudence
Des hommes pervers.
[...]
C’est Dieu seul qui, par sa puissance,
Fit le cœur de tous les humains ;
Il démêle, avec connoissance,
Toutes les œuvres de leurs mains.
Et dans les alarmes,
[Berlin, Wallon : Non, dans les alarmes,]
Ni camp, ni gendarmes,
Ne sauvent le Roy ;
Le fer, le courage,
Sont de nul usage,
Eternel, sans toi.
C’est en vain qu’on croit que l’adresse
[Berlin, Wallon : En vain on penseroit peut-être]
D’un cheval puissant & léger,
[Berlin : Qu’un coursier adroit & leger]
[Wallon : Qu’un cheval adroit & leger,]
Tirant son maître de la presse,
[Berlin, Wallon : Pourra seul retirer son maître]
Le délivrera du danger :
[Berlin, Wallon : Du milieu d’un pressant danger :]
Mais Dieu, de ses aîles,
Couvre les fidèles ;
Et veille toûjours,
Pour qui le révère,
Pour qui rien n’espère
Que de son secours.
Si la mort vient à nous poursuivre,
Le Seigneur lui retient la main ;
Dans l’abondance il nous fait vivre,
Quand par-tout on manque de pain.
Qu’ainsi donc nôtre ame
Toujours le réclame,
Et s’attende à lui :
Son Trône immobile
Est seul nôtre asile,
Et seul nôtre appui.
[Berlin : Est seul notre appui.]
Nos cœurs, pleins de reconnoissance,
Béniront le nom du Seigneur ;
Nous reposant sur sa clémence,
[Berlin : Nous assurant sur sa puissance,]
Nous célébrerons son honneur.
[Berlin : II fera seul nôtre bonheur ;]
Que sa bonté grande
Sur nous se répande,
O Dieu, nôtre Roi :
Remplis nôtre attente ;
Nôtre ame contente
N’espère qu’en toi.
[Forme poétique : 11 strophes de 10 vers : 8 888 5 5 5 5 5 5 / aBaB ccDeeD]
[Source : Les Psaumes de David, Mis en Vers François par CI. Marot & Th. de Beze. Retouchez par Monsieur Conrart. Revûs & aprouvez par les Pasteurs & les Professeurs de l’Eglise et de l’Académie de Genève [n.] - Genève, « pour la Compagnie », 1695
Les Psaumes en Vers, Avec la Liturgie, le Catéchisme, & la Confession de Foi des Eglises Réformées. Nouvelle Edition retouchée une dernière fois, sur toutes celles qui ont précédé. - Berlin, R. Roger, 1701 [édition en 420 p.]
Les Pseaumes de David, Mis en Vers François, et revus par ordre du Synode Walon des Provinces-Unies. Amsterdam, Nicolas-Etienne Lucas, 1729].
Annexe 10
Eglise de Genève 1695 PSAUME XLII. [Eglise de Berlin (1701), Révision du Synode Wallon (1729)]
Ps. de consolation
Comme un cerf altéré brame
[Berlin : Comme on voit un cerf qui brâme]
Après le courant des eaux ;
Ainsi soûpire mon ame,
Seigneur, après tes ruisseaux :
Elle a soif du Dieu vivant ;
Et s’écrie, en le suivant,
Mon Dieu, mon Dieu, quand sera-ce
Que mes yeux verront ta face ?
Pour pain je n’ai que mes larmes,
Et nuit, & jour en tout lieu ;
[Berlin : La nuit, le jour, en tout lieu,]
Lorsqu’en mes dures alarmes,
On me dit, que fait ton Dieu ?
[Berlin : Où, me dit-on, est ton Dieu ?]
Je regrette la saison,
Que j’alois en ta Maison,
[Berlin : Que j’allois dans ta maison,]
Chantant avec les fideles,
Tes loüanges immortelles.
Mais quel chagrin te devore ?
Mon ame, rassure-toy :
Espere en Dieu ; car encore
Il sera loué par moi,
[Berlin : Il sera loué de moi,]
Quand, d’un regard seulement,
[Berlin : Un doux regard seulement,]
Il guerira mon tourment.
[Berlin : Vient-il calmer mon tourment,]
Mon Dieu, je sens que mon ame,
D’un ardent desir se pâme.
Je pense à toi, depuis l’heure
[Wallon : Je me souviens à toute heure]
Que j’étois vers le Jourdain,
[Wallon : Du tems que vers le Jourdain,]
Et vers la froide demeure
[Wallon : J’avois pour triste demeure]
D’Hermon, où j’errois en vain ;
[Wallon : Hermon, où j’errois en vain,]
A Misar en tous ces lieux,
[Wallon : Et Misar, & tous ces lieux,]
Exilé loin de tes yeux.
[Wallon : Où j’étois loin de tes yeux.]
Par-tout, mes maux me poursuivent,
Comme des flots, qui se suivent.
[Berlin : Tels que des flots qui se suivent.]
Les torrens de ta colère,
Sur moi, cent fois, ont passé,
Mais par ta grace, j’espere
Qu’enfin l’orage est cessé :
Tu me conduiras, le jour ;
Et moi, la nuit, à mon tour,
Loüant ta Majesté sainte,
[Berlin : Je sçaurai chanter la gloire]
Je t’adresserai ma plainte.
[Berlin : De l’auteur de ma victoire.]
Dieu, ma force & ma puissance,
Dirai-je, as-tu donc permis
Qu’une si longue souffrance
M’expose à mes ennemis ?
Leurs fiers & malins propos
[Berlin : Leurs fiers, leurs malins propos]
Me pénétrent jusqu’aux os,
Quand ils disent à toute-heure,
[Berlin : Ils me disent à toute heure,]
Où fait ton Dieu sa demeure ?
Mais pourquoi, mon ame, encore
T’abatre, avec tant d’effroi ?
Espere au Dieu que j’adore,
Il sera loüé de moi.
Un regard, dans sa faveur,
Me dit qu’il est mon Sauveur :
Et c’est aussi lui, mon ame,
Qu’en tous mes maux je reclame.
[Forme poétique : 7 strophes de 8 vers : 77777777 / aBaB CCdd]
[Source :
Les Psaumes de David, […] - Genève, "pour la Compagnie", 1695. L’exemplaire utilisé étant incomplet de quelques pages, le texte a été repris d’une édition un peu postérieure.
Les Psaumes en Vers, Avec la Liturgie, […] - Berlin, R. Roger, 1701 [édition en 420 p.]
Les Pseaumes de David, […] - Amsterdam, Nicolas-Etienne Lucas, 1729]
Notes
1 Et non plus le terme « » qui est vraisemblablement une invention d’Orentin Douen à la fin du xixe siècle et qui doit être abandonné aujourd’hui. Pierre Pidoux note : « Félix Bovet, auteur en 1872 d’une étude historique parle du Psautier des Eglises réformées. L’expression « » serait-elle due à O. Douen ? Elle peut s’appliquer aux psaumes chantés en France par les huguenots, mais elle ne traduit pas leur origine ; d’autre part elle est anachronique puisque c’est après son achèvement que le Psautier a servi de signe de ralliement lors des guerres de religion » (même source que la note 2, ci-dessous).
2 Pierre Pidoux, « La Genève des psaumes et les psaumes de Genève - 1536-1562 », La Musique à Saint-Pierre, Genève, Clefs de Saint-Pierre, 1984, p. 60.
3 Pour toutes les éditions citées, nous renvoyons aux travaux de Pierre Pidoux et en particulier, à : Le Psautier Huguenot du XVIe siècle. Premier volume : les mélodies ; deuxième volume : documents et bibliographie, Bâle, Baerenreiter, 1962. Les références à la suite des éditions citées renvoient au volume II. La mention PsH/II, p.nnn renvoie à un texte cité par Pierre Pidoux dans le tome II.
4 Pierre Pidoux, « La Genève des psaumes… », op. cit., p. 30-31.
5 Dick Wursten, Clément Marot and religion : a reassessment in view of his Psalm paraphrases, Thèse de Doctorat soutenue le 19 mai 2009 à l’Université Libre d’Amsterdam, p. 53-56.
6 Pierre Pidoux, Franc - Bourgeois – Davantès : leur contribution à la création des mélodies du Psautier de Genève, Mémoire dactylographié inédit, déposé dans plusieurs bibliothèques par l’auteur, Genève, 1993.
7 Laurent Guillo, « Le Psautier de Paris et le Psautier de Lyon : à propos de deux corpus contemporains du Psautier de Genève (1549-1561) », Bulletin de la Société d’Histoire du Protestantisme Français, 136 (1990), p. 363-419. Supplément dans le vol. 137 (1991), p. 319-321. Voir aussi Marc Desmet et Jean-Michel Noailly, « Les psaumes et leurs harmonisations à Lyon au XVIe siècle », in Yves Krumenacker (dir.), Lyon 1562 capitale protestante, Lyon, Olivétan, 2009, p. 207-219.
8 On pourra consulter ces deux paraphrases du Ps. 16, ainsi que bien d’autres paraphrases du même psaume dans « Une centaine de paraphrases poétiques du Psaume 16, Conserva me, domine pour le centenaire de la naissance de Pierre Pidoux (4 mars 1905 - 16 juillet 2001) » PSAUME, n° 16, Saint-Étienne, Institut Claude Longeon, Université de Saint-Étienne, mars 2005. Voir aussi l’analyse du Ps. 84 par divers auteurs dont Des Masures et Th. de Bèze dans Eliane Engelhard, « Les traductions en vers du Psaume 84 entre 1542 et 1562 »in Les paraphrases bibliques aux XVIe et XVIIe siècles, actes du colloque de Bordeaux des 22-24 septembre 2004, in Véronique Ferrer et Anne Mantero(dir.), Genève, Droz, 2006, p. 265-287.
9 Félix Bovet, Histoire du Psautier des Églises Réformées, Neuchâtel, Paris, J. Sandoz, 1872.
10 Pierre Pidoux, « Une première prudente révision des Psaumes de Marot et Bèze, 1587 » PSAUME n° 1, Saint-Étienne, Institut Claude Longeon, Université de Saint-Étienne, automne 1987, p. 9-12.
11 Pierre Pidoux, « Les manuscrits autographes des Psaumes de Valentin Conrart » PSAUME n° 7, Saint-Étienne, Institut Claude Longeon, Université de Saint-Étienne, automne 1992, p. 151-158.
12 Pierre-Alain Friedli, « Du ‘psautier huguenot’ au ‘psautier romand’ » La Musique à Saint-Pierre, p. 61-81 et particulièrement p. 78-79.
13 Félix Bovet, Histoire du Psautier ..., p. 194-197.
14 On trouve souvent 14, 15 et même parfois 30 cantiques à la suite de ces éditions mais ils ne viennent en aucun remplacer des psaumes.
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Ill. 1. Aulcuns Pseaulmes et cantiques mys en chant, Strasbourg, 1539 |
---|---|
Crédits | Archives de la Bibliographie des Psaumes Imprimés en Vers Français |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 184k |
Titre | Ill. 2. La Forme des Prières et chantz ecclesiastiques, [Genève], 1542. |
Crédits | Archives de la Bibliographie des Psaumes Imprimés en Vers Français |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 228k |
Titre | Ill. 3. Les Cent Psalmes de David, Poitiers, Nicolas Pelesier, 1550. |
Crédits | Archives de la Bibliographie des Psaumes Imprimés en Vers Français |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 416k |
Titre | Ill. 4. Les Cent Cinquante Psaumes du royal prophete, Lyon, Michel de Boys, 1555. |
Crédits | Archives de la Bibliographie des Psaumes Imprimés en Vers Français |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 352k |
Titre | Ill. 5. Psaumes Octantetrois de David, Genève, Jean Crespin, 1551. |
Crédits | http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k52959m |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 304k |
Titre | Ill. 6a : Pseaumes de David, Paris, Adrian le Roy et Robert Ballard, 1562, Bibliothèque Municipale de Lyon, cote Candaux P 70, Page de titre |
Crédits | BM Lyon Part-Dieu, cliché Y. Krumenacker |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,3M |
Titre | Ill. 6b : Pseaumes de David, Paris, Adrian le Roy et Robert Ballard, 1562, Bibliothèque Municipale de Lyon, cote Candaux P 70, Psaume I |
Crédits | BM Lyon Part-Dieu, cliché Y. Krumenacker |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 940k |
Titre | Ill. 7 : Psaumes et cantiques, Lyon, Georg, 1885 |
Crédits | Archives de la Bibliographie des Psaumes Imprimés en Vers Français |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 356k |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 120k |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 112k |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 140k |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/docannexe/image/2728/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 105k |
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Michel Noailly, « Le psautier des églises réformées au xvie siècle », Chrétiens et sociétés, Numéro spécial I | -1, 57-90.
Référence électronique
Jean-Michel Noailly, « Le psautier des églises réformées au xvie siècle », Chrétiens et sociétés [En ligne], Numéro spécial I | 2011, mis en ligne le 29 septembre 2011, consulté le 01 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/2728 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.2728
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