Patrick Cabanel et Jean-Dominique Durand (dir.), Le grand exil des congrégations religieuses françaises, 1901-1914, Paris, Éditions du Cerf, 2005, 489 p.
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1Au moment où nous croûlons sous les publications commémorant en ordre dispersé le centenaire de la loi de Séparation, où l’urgence a souvent cédé devant la recherche concertée, il est bon de saluer cette parution à double titre. D’une part, il est toujours agréable d’avoir entre les mains des Actes de Colloque qui répondent à un plan construit au préalable et qui fournissent donc une trame logique à une étude par ailleurs curieusement délaissée jusque là. D’autre part, jouant sur la double commémoration de l’exil des congrégations et de la fin du régime des cultes reconnus, ils permettent de recadrer cette fameuse loi dans un contexte bien souvent oublié et pourtant fondamental afin de comprendre les réactions et les présupposés des uns et des autres.
2La recension d’Actes où se côtoient une vingtaine de spécialistes internationaux n’est pas chose aisée. On y suivra une utile lecture de la législation anticongréganiste, d’abord replacée dans la longue durée grâce à Bernard Hours (de suggestives passerelles entre XVIIIe et XIXe siècles), puis sur le plan juridique (Alain Boyer), sans oublier l’aspect proprement historique, du bilan dressé par Bernard Delpal au point de vue romain analysé par J.-D. Durand. L’essentiel est pourtant sur ce « moment » (Patrick Cabanel) historique qu’est l’exil, un choix entre sécularisation forcée avec ou sans « exil intérieur » ou entrée en résistance passive et départ temporaire ou définitif. La plus grande partie des chapitres suivants font le tour des « espaces de l’exil » des religieux-religieuses et de leurs élèves, tout comme des couvents, collèges et écoles, des voisins européens à un large bassin méditerranéen en passant par les Amériques, ce qui y a renforcé pour un temps le caractère international du catholicisme français. On ne négligera pas les trois conclusions suggestives et complémentaires qui nous aiguillent sur la mesure de cet événement méconnu, « le dernier qui ait marqué l’histoire politico-religieuse tourmentée de la France » : dix « hypothèses ou pistes » de Jean Baubérot pour replacer cette histoire dans celle de la laïcité en France, une réflexion d’Andrea Riccardi sur cette crise d’un monde congréganiste renouvelé au XIXe siècle (à la différence de l’Italie) et « alternative aux modèles du monde », et d’utiles pistes et « enjeux de méthode », recensés par J.‑D. Durand, pour une recherche qui reste ouverte ou, plus justement, qui est enfin ouverte par cette rencontre.
References
Electronic reference
Jean-Pierre Chantin, “Patrick Cabanel et Jean-Dominique Durand (dir.), Le grand exil des congrégations religieuses françaises, 1901-1914, Paris, Éditions du Cerf, 2005, 489 p.”, Chrétiens et sociétés [Online], 12 | 2005, Online since 22 March 2010, connection on 23 March 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/2268; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.2268
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