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Regards croisés sur la Démocratie chrétienne

Le Congrès fondateur du MRP des 25 et 26 novembre 1944

Laurent Ducerf
p. 97-107

Résumés

Réunissant des militants chrétiens qui s’étaient engagés contre le nazisme, le MRP, dans son Congrès fondateur (25-26 novembre 1944), se présente comme un mouvement, plus qu’un parti, voulant travailler pour le bien commun de l’ensemble de la société. Il choisit ses dirigeants. Il condamne le libéralisme économique et insiste sur le développement économique et social, bien plus que sur la politique étrangère.

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Texte intégral

  • 1  François de Menthon, Souvenirs inédits (Introduction), p. 1, Archives Départementales (AD) de Haut (...)

« Formidable. Oui c’est bien cela que nous avions voulu. Voilà le sommet d’où l’on peut comprendre et juger le passage de notre action et notre immense espérance, et l’étendue de nos lâchetés ou insuffisances, et l’horreur méprisable de tant de trahisons1

  • 2  On pourra le lire dans Pierre Letamendia, Le Mouvement Républicain Populaire. Histoire d’un grand (...)
  • 3  Cité dans Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris, Les Éditions de (...)
  • 4  Étienne Borne, 1944-1954, le sens de notre engagement, Paris, Forces Nouvelles, 1954, p. 6.

1Voilà comment un des fondateurs du MRP, François de Menthon, parle en 1977 du Manifeste du MRP. Ce texte2 a été proclamé à l’issue du 1er congrès, le 25 et 26 novembre 1944, boulevard Saint-Germain, dans les locaux poussiéreux de la Société de Géographie. Péguy, dans Clio, distingue deux manières pour l’historien de concevoir l’événement : soit « passer le long de l’événement, en recueillir l’effectuation dans l’histoire, le conditionnement et le pourrissement », soit « remonter l’événement, s’installer en lui comme dans un devenir3 ». De ce point de vue, impossible en 1944 de percevoir le déclin du MRP après 1947, impossible également de pressentir l’immense succès qui le place en tête des élections législatives de juin 1946. Les 25 et 26 novembre 1944, se regroupent une centaine de résistants et de chrétiens, porteurs d’un héritage fort, qui s’échelonne de l’engagement résistant aux pionniers de la Démocratie chrétienne. Ils sont pour la première fois associés à la décision politique dans une ambiance de tabula rasa qui permet toutes les espérances – « ressusciter le bonheur vite perdu de 1848 »écrit Etienne Borne en 19544. Les entraves des temps passés ont disparu et on éprouve une exigence de pureté pour la période qui s’ouvre.

2Le MRP n’est pas seulement né pendant la guerre, il est également né de la guerre. Au moment où les congressistes se réunissent, le général Leclerc voit enfin tenue la promesse du serment de Koufra grâce à la libération de Strasbourg. Le préambule du Manifeste n’oublie pas de saluer cette victoire de l’armée française mais cette dernière n’a pas comme horizon la seule libération du territoire national ; il s’agit de vaincre définitivement le IIIe Reich en portant le fer en Allemagne même. Le rapport de Maurice Guérin met la victoire sur l’Allemagne au premier rang des priorités de la politique du moment. Enfin, le sol national continue d’être le théâtre d’opérations violentes de Lorient à Royan, dans les poches de l’Atlantique où la Wehrmacht se bat jusqu’à la capitulation finale.

  • 5  Reproduit dans Pierre Letamendia, Le MRP, op. cit.,p. 50.
  • 6  Bernard Comte, L’honneur et la conscience. Catholiques français en résistance, 1940-1944, Paris, L (...)
  • 7  Étienne Fouilloux, Les chrétiens français entre crise et libération, 1937-1947, Paris, éd. du Seui (...)

3 « Nos hommes ont été à l’avant-garde de la bataille5 » proclame un tract du Mouvement Républicain de Libération, ancêtre du MRP. La Deuxième Guerre mondiale a conféré l’onction patriotique aux démocrates chrétiens. Rebelles de l’été 19406, ils se trouvent aux avants-postes de la lutte ; leur engagement précoce et absolu bouleverse les rapports de la République avec eux7. C’est la voix d’un militant chrétien exemplaire, Maurice Schumann, qui a incarné l’espérance française à la BBC. C’est un catholique pénétré par le sens de l’histoire, Georges Bidault, qui a succédé à Jean Moulin à la tête du Conseil National de la Résistance en 1943. On ne peut s’abstenir de citer le nom de de Gaulle qui marque la libération de la capitale par un Te Deum mouvementé à Notre-Dame de Paris le 26 août 1944.

  • 8  Sur les relations complexes entre l’UPR alsacienne et le PDP, dont elle nourrit le groupe, voir Je (...)

4La situation des démocrates chrétiens a donc radicalement changé. Ils ne sont plus à la porte d’un régime qui ne les tolérait qu’à la marge – comme l’illustre la spécificité alsacienne8 – . Ils sont devenus les gardiens du temple, les pionniers de la République au  moment où hommes, partis et institutions du régime faillissaient et s’effondraient devant le pouvoir personnel et la dictature.

  • 9  Le Journal du Centre, 21 novembre 1944.
  • 10  Bernard Comte, L’honneur, op. cit., p. 67.
  • 11  Georges Bidault se trouve dans un Oflag jusqu’en septembre 1941.

5Il faut ici souligner l’importance du refus de Vichy dans le sentiment euphorisant de la Libération. C’est l’essentiel du discours que tient André Colin lorsqu’il vient à Nevers assister à la naissance de la fédération MRP en octobre 19449. Le congrès triomphal de 1944 se déroule peu après l’affligeant exode à Sigmaringen des troupes vichyssoises. Les chrétiens sociaux auraient pu céder aux sirènes d’un régime qui, dans un premier temps, a donné des gages aux catholiques, notamment à l’école, et dont certains fondements philosophiques pouvaient entrer en résonance avec la doctrine catholique, comme la reconnaissance des corps intermédiaires et le rejet de l’individualisme. C’est la Providence qui a envoyé le maréchal Pétain, selon le cardinal Gerlier10. Nul aveuglement de la part des démocrates chrétiens. Le rejet s’est fait net grâce à une foi démocratique chevillée au corps : François de Menthon, les Teitgen, les Coste-Floret... sont d’authentiques résistants de 194011. À leur absolu religieux correspond un absolu politique.

  • 12  Robert Bichet, La Démocratie chrétienne en France. Le Mouvement Républicain Populaire, Besançon, J (...)
  • 13  Le MRP donne de ce point de vue bien du souci au nonce comme l’a révélé son agenda annoté par étie (...)

6Enfin, dans la masse des militants venus au congrès fondateur se trouvent quelques prêtres mais ils sont bien effacés dans le MRP naissant. Quant à la hiérarchie ecclésiastique, elle est tenue à distance, non seulement au nom de la séparation du spirituel et du temporel mais aussi parce que les chrétiens résistants ont appris à s’en passer pendant quatre ans. Les dirigeants du MRP ont de l’amertume, voire du ressentiment contre un épiscopat dont ils pensent qu’il s’est globalement trompé12 ; ils sont persuadés que l’église enseignée doit savoir prendre ses responsabilités pour porter les valeurs de l’évangile lorsque l’Église enseignante a  failli13. Leur esprit de conquête, ils le doivent à l’impression selon laquelle l’épiscopat français s’est déconsidéré et que, heureusement, eux, des catholiques, ont été là pour assumer leurs responsabilités de chrétiens.

  • 14  Jean-Claude Delbreil, Centrisme, op. cit., p. 312.
  • 15  René Rémond, « Conclusions du colloque », in Regards sur le MRP, France-Forum, 1997, n° 316, p. 10 (...)
  • 16  Note d’information du 17 septembre 1944, AD de Haute-Savoie, 135 J 27-35.

7Borner son regard à la Deuxième Guerre mondiale pour comprendre l’origine du MRP serait une erreur. Le MRP n’est pas l’UDSR. Il ne s’agit pas d’un regroupement de circonstances, d’une poussée opportuniste née des grands bouleversements de la Libération. La tradition est longue, et les hommes et femmes réunis à la Société de Géographie ont pleinement conscience d’écrire un chapitre neuf dans un livre depuis longtemps ouvert. Il est suffisamment connu pour épargner un fastidieux rappel historique. Cette longue tradition, pour de nombreux militants, ce sont aussi beaucoup de coups reçus et plus de défaites que de victoires. Combien de ces futurs piliers de l’Assemblée nationale de la Quatrième République ont-il été étrillés par le suffrage universel durant l’entre-deux-guerres ? Songeons à un Georges Bidault battu dès le premier tour aux législatives dans l’Orne en 193614. La Libération offre la perspective de transformer une expérience faite d’insuccès à exercer les responsabilités en socle pour participer à la décision politique. Trois MRP sont déjà aux côtés du président du Gouvernement provisoire. Une des clés du succès est l’union des démocrates d’inspiration chrétienne. Le congrès de 1944 marque la victoire tardive de deux hommes qui ont marqué l’entre-deux-guerres par leur engagement, Marc Sangnier et Francisque Gay. Le premier voit un demi-siècle d’efforts récompensés et le second apparaît comme un prophète de bon augure, neuf ans après son mémoire confidentiel prémonitoire15. Le vertige de la Libération et l’accélération du temps politique propre à cette période doivent rendre possible l’amalgame, en particulier entre le Parti Démocrate Populaire et la Jeune République. Il se réalise, mais de manière incomplète. Les dirigeants du PDP renâclent moins à la disparition de leur formation qu’à leur éloignement des postes importants. Les tensions durent jusqu’au samedi 25 novembre, puis le dimanche se dégage un vrai sentiment d’union, mais l’affaire a été difficile. Ernest Pezet, Jean Raymond-Laurent et Alphonse Juge n’ont pas confiance dans le futur MRP. Pour Ernest Pezet, le Mouvement se trouve intrinsèquement condamné à siéger à droite, à cause de l’étiquette catholique de ses leaders issus de l’ACJF16. En province, les choses se passent mieux chez les militants qui sont en position de construire les nouvelles fédérations. Quant à la JR, elle donne au tout nouveau MRP son président, Maurice Schumann, et son président d’honneur, Marc Sangnier, sans cesser d’exister de plus en plus discrètement, puisque la majorité rejette la fusion avec le MRP.

  • 17  Ses éditoriaux ont été reproduits dans le Bulletin des Amis de Georges Bidault, 1992 et 2001, n° 3 (...)

8Le principal est toutefois sauvegardé. Le MRP se trouve en mesure d’exercer une force centripète dans la galaxie de la Démocratie chrétienne et du christianisme social. Il hérite de la volonté d’union propre aux Nouvelles équipes françaises nées en 1938 pour faire face aux dangers totalitaires. Georges Bidault, éditorialiste phare avant guerre dans L’Aube17, assiste en 1944 à la concrétisation de son magistère intellectuel sur les chrétiens démocrates. Les combats de l’entre-deux-guerres n’ont pas été vains.

  • 18  Robert Bichet, La Démocratie chrétienne, op. cit., p. 39 sqq. et Georges Bidault, « MRP et Croix d (...)
  • 19  Lapsus révélateur, Maurice Guérin évoque à la tribune le 24 novembre 1944 dans son rapport sur les (...)
  • 20  Louis Bour, « Naissance du MRP, souvenirs et anecdotes », France-Forum, octobre-décembre 1994, p. (...)

9Par le congrès de novembre 1944, le MRP révèle son existence à l’opinion publique. Sa première dénomination, Mouvement Républicain de Libération, souffrait d’une part de paraître trop conjoncturelle, d’autre part de prêter à confusion avec le Mouvement de Libération Nationale issu de Combat et auquel de nombreux démocrates chrétiens appartenaient. Le MRL naît en 1943 à Lyon autour de Georges Bidault puis prépare clandestinement la libération à Paris avec, principalement, Bidault, Francisque Gay, Charles Flory, André Colin et André Debray18. Il tient sa première grande réunion le 4 septembre, au moment où le GPRF s’installe à Paris avec Georges Bidault, Pierre-Henri Teitgen et François de Menthon. La question du nouveau nom est abordée. L’idée de mentionner la Démocratie chrétienne est effleurée et vite rejetée. Les dirigeants s’accordent sur l’inopportunité de créer un parti confessionnel. Ce serait contraire à la tradition française ; cela risquerait d’inféoder l’action politique à l’église et cela écarterait les non-chrétiens d’une formation que l’on veut ouverte. Le manifeste issu du Congrès occulte toute dimension religieuse dans le programme, se contentant par deux fois d’évoquer les valeurs spirituelles, terme commode qu’affectionnera le MRP pour sa discrétion, et de défendre la liberté de l’enseignement. Georges Bidault se montre partisan dans un premier temps d’un Parti Démocrate, référence directe aux états-Unis mais aussi coup de chapeau appuyé au PDP19. Auparavant Bidault s’était opposé à Gaston Tessier sur la nature de la future formation, le syndicaliste espérant la création d’un vaste mouvement social alors que le futur député de la Loire veut s’en tenir à un parti politique. Dans un souci de médiation, André Colin propose que la nouvelle formation soit certes politique mais porte le titre de Mouvement. La réunion s’achève sans qu’aucune décision ne soit prise, ce qui met dans l’embarras les permanents qui doivent créer les premières cartes de membres. La réponse vient d’un billet de Georges Bidault envoyé depuis le Quai d’Orsay où il propose Mouvement Républicain Populaire20.

  • 21  Jacques Madaule, « Notre conception de la culture » in L’homme moderne sera-t-il marxiste ou spiri (...)
  • 22  Robert Prigent, « Tous nos espoirs n’ont pas été déçus », France-Forum, octobre-décembre 1994, p. (...)
  • 23  Mémoire relatif aux origines, au but et à l’évolution du Mouvement Républicain Populaire, 17 décem (...)

10Les mots ont été soigneusement choisis. Ils permettent tout d’abord d’établir une filiation claire avec le MRL. Le Mouvement correspond bien à la volonté de faire vivre une  formation qui ne ressemble en rien aux partis de la IIIe République. Les militants doivent pouvoir s’y engager totalement, avec le même dévouement qu’ils ont pu avoir dans l’Action catholique spécialisée ou le syndicalisme : Jacques Madaule ne dit-il pas en 1947 que les militants sont plus importants que les électeurs, car ils ont la capacité de rayonner dans le corps social21 ? Mouvement également par la conception dynamique de son rôle : rassembler toutes les composantes de la société afin que chacun puisse prendre part à l’examen des questions essentielles et y apporter une réponse, d’où l’attachement à une représentation parlementaire aussi diversifiée que possible. Cet attachement à une vision globale de la société se retrouve dans le terme Populaire et renvoie aux fondements idéologiques de la Démocratie chrétienne. Robert Prigent voit également dans cet adjectif un moyen commode d’exprimer la préoccupation sociale du MRP sans utiliser ce terme, trop connoté22.  Enfin République témoigne de la volonté d’œuvrer pour le bien commun, la Res Publica. Républicain et populaire ont également le mérite d’associer les deux formations précédentes de l’entre-deux-guerres, le PDP et la JR. Malgré tout, certains restent insatisfaits : Alphonse Juge continue de réclamer un Parti Démocrate en décembre 194423.

  • 24  Louis Bour, « Naissance », art. cit., p. 14.

11Le congrès aboutit également à la constitution du bureau, qui doit largement à André Colin et Georges Bidault. La présidence d’honneur est attribuée à Marc Sangnier, pour des raisons tactiques (obtenir le ralliement de la JR) mais surtout sentimentales. Beaucoup des dirigeants du mouvement sont certes trop jeunes pour avoir été sillonnistes ; ils n’en ont pas moins une conscience aiguë de la fécondité de l’œuvre de Marc. Il incarne tout à la fois le dévouement militant, l’esprit de la Démocratie chrétienne et la volonté de paix. En outre, son  nom est suffisamment connu pour qu’il puisse éclairer l’opinion publique sur l’orientation du tout nouveau MRP. En toute logique, la présidence aurait dû revenir à Georges Bidault dont l’ascendant en 1944 ne souffre aucune contestation. Il n’y tient pas et les autres dirigeants du Mouvement non plus pour des raisons pratiques24. Ses fonctions ministérielles l’accaparent et il ne peut assurer une présence continue à Paris : il est du reste sur le point de se rendre à Moscou avec le général de Gaulle. Pour l’indépendance du Mouvement, il semble préférable que le président ne participe pas au gouvernement.

  • 25  Laurent Ducerf, « Le Mouvement Républicain Populaire, un parti féministe ? », in L’engagement soci (...)
  • 26  AN, 350 AP 12.

12Le Congrès porte à la tête du Mouvement Maurice Schumann avant tout pour ce qu’il représente comme ancien speaker de Radio-Londres mais aussi pour ses talents oratoires. On pressent également qu’il saura s’effacer derrière Bidault si nécessaire et il a peu de prise sur le Mouvement du fait de son origine Jeune République. Les vice-présidences, attribuées à Simone Rollin, Maurice Guérin, Jean Catrice, François Reille-Soult et Paul Bacon permettent un savant dosage entre le PDP et la CFTC notamment. On remarque la présence d’un ouvrier, Paul Bacon, et d’une femme, Simone Rollin. Paul Bacon a largement contribué à Alger à faire accepter le suffrage féminin. Le MRP de 1944 est persuadé de son rôle de promotion de la femme25 et les fédérations naissantes en délèguent une trentaine au congrès fondateur26.

  • 27  L’appel de Beyrouth du 17 juin 1940 a été reproduit dans France-Forum, octobre-décembre 1994, p. 2 (...)
  • 28  Bernard Comte, L’honneur, op. cit., p. 173-174.
  • 29  Laurent Ducerf, « La Commission générale », in Jean-Dominique Durand (dir.), Les Semaines sociales (...)

13Enfin, André Colin devient le délégué général du Mouvement. C’est l’homme clé du MRP. Il n’a que 35 ans mais un parcours brillant derrière lui. Résistant dès le 17 juin 1940, il a fait preuve de lucidité sur Vichy27 et a combattu tout risque de jeunesse unique avec, notamment, Maurice-René Simonnet et Albert Gortais28. Rappelons que cet ancien président de l’ACJF a enseigné le droit aux Facultés catholiques de Lille et qu’il a subi l’influence  féconde d’Eugène Duthoit. Il a donc été à bonne école pour savoir gérer et surmonter les conflits. Membre de la Commission générale des Semaines Sociales et secrétaire de celle-ci en 1938, il joue un rôle clé dans le rajeunissement de cette dernière en faisant la jonction entre la génération des fondateurs et celles des jeunes issus des mouvements spécialisés de l’ACJF29. Son immense et infatigable talent politique a été une des richesses du MRP.

  • 30  Jean-Marie Domenach, Gilbert Dru, celui qui croyait au Ciel, Paris, ELF, 1947, 169 p. (réédité che (...)

14Quatre autres noms doivent être cités, au premier rang desquels, évidemment, Gilbert Dru30. Cette figure du martyr est omniprésente pour le tout nouveau MRP. C’est le 17 juillet 1944 qu’il a été arrêté à Lyon, avec Francis Chirat, à l’issue d’une réunion du Comité de coordination et d’action chrétiennes. Dix jours plus tard, il était fusillé place Bellecour. C’est la jeunesse fauchée en plein vol, la promesse qu’il faudra toujours tenir, une exigence morale sanctifiée par le sacrifie absolu. C’est implicitement l’autre président d’honneur du MRP.

  • 31  François Bazin, « Le Personnel du MRP »., in Regards sur le MRP, cit., p. 10,

15Pris par leurs responsabilités ministérielles, Pierre-Henri Teitgen et François de Menthon n’apparaissent pas au premier rang de l’organigramme du MRP (ils sont simplement membres de la Commission exécutive) mais leur rôle est bien évidemment essentiel, quoique secondaire derrière Bidault. Ils incarnent le renouvellement de la classe dirigeante, la Résistance et une exigence intellectuelle en politique : tous les deux sont agrégés de Droit et ont été des enseignants dévoués. Enfin, il faut insister sur la figure de Charles Flory. C’est lui qui accueille à Paris les premières réunions clandestines et il a marqué la génération des quadragénaires du MRP. Président de l’ACJF durant les années Vingt, il a orienté les jeunes vers l’action civique et occupe une place quasi paternelle pour les dirigeants du MRP31. La revue qu’il a fondée, Politique, est devenu aussitôt le carrefour des « hommes de notre esprit », pour reprendre la formule consacrée. En février 1945, de nouvelles responsabilités  l’éloignent quelque peu du MRP puisqu’il est élu président des Semaines Sociales. C’est l’homme du carrefour, de la synthèse et du débat intellectuel. Il peut prétendre au titre de co-fondateur du MRP même si sa nature le tient par la suite écarté de la scène politique, beaucoup trop violente pour son caractère.

  • 32  Lettre d’Alfred Coste-Floret (à Paul Bacon [?]), 24 novembre 1944, AN, 350 AP 12.

16Le Manifeste reste le témoignage le plus immédiat du congrès de 1944. Plus qu’un programme, il témoigne d’une espérance, celle de « la révolution par la loi ». Un premier projet, essentiellement élaboré par Alfred Coste-Floret32 et présenté par Paul Bacon ne reçoit pas l’assentiment des militants, qui le jugent trop tiède. François de Menthon prend alors la parole pour insister sur le caractère révolutionnaire de la nouvelle formation et participe activement à la rédaction du nouveau Manifeste :

  • 33  Compte rendu du 1er Congrès national du MRP, AN, 350 AP 12.

« Que voulons-nous ? Une révolution, c’est-à-dire non pas seulement des réformes, mais une transformation radicale du vieil état de choses. Cette révolution, nous entendons la faire dans un sens spiritualiste, démocratique et national (...) Nous voulons la révolution dans l’ordre, dans le respect de la souveraineté nationale33. »

  • 34  Brochure MRP, 1er Congrès national, 24-25 novembre 1944, AN, 350 AP 12.
  • 35  Louis Biton, La Démocratie chrétienne dans la politique française, sa grandeur, ses servitudes, An (...)

17Un seul nom est cité dans le manifeste, avec d’autant plus de force qu’il revient deux fois. Il s’agit du général de Gaulle, toujours associé au Gouvernement provisoire. En 1944, le MRP est gaulliste en toute innocence et le congrès vote une motion où il proclame « son admiration, sa reconnaissance et sa confiance » pour le chef de la France Libre34. Le manifeste résonne de manière gaullienne. Il évoque la « destinée » de la France et se clôt par un appel « au service exclusif de la grandeur nationale ». Du point de vue des institutions, le Manifeste met au premier plan l’autorité de l’État et la continuité de l’action gouvernementale. C’est clairement le Gouvernement provisoire qui se trouve dépositaire de la légitimité en 1944 selon le MRP. Les institutions futures ne sont qu’esquissées mais on est frappé de voir inscrite la nécessité « d’une représentation exactement proportionnelle des diverses tendances politiques françaises ». Le MRP a toujours jugé le scrutin d’arrondissement rédhibitoire car privilégiant le notable au programme. Enfin, le Manifeste évoque non la souveraineté nationale, mais la souveraineté populaire, nuance importante puisque la première se limite à la représentation parlementaire alors que la seconde sous-entend l’utilisation du référendum35. La politique institutionnelle du MRP se trouve donc esquissée : un exécutif fort et efficace associé au respect de la souveraineté populaire dans son pluralisme.

18C’est sur le plan économique et social que le manifeste est le plus développé.

  • 36  Excellente mise au point dans Roger Picard, Le conflit des doctrines économiques en France à veill (...)
  • 37  Caroline Saudejaud, Le syndicalisme chrétien sous l’occupation, Paris, Perrin, 1999, 283 sqq.

19Il condamne à deux reprises les puissances d’argent et en appelle à une économie dirigée. Il garantit la propriété individuelle et familiale mais non celle des grands moyens de production. On sait que le rejet du libéralisme économique est constitutif de la doctrine sociale de l’Église. La crise des années Trente a voué aux gémonies le capitalisme tel que le défend l’école néo-libérale, où les chrétiens sont du reste bien absents, sauf l’atypique Daniel Villey36. L’appel à la nationalisation n’a donc rien d’original en 1944 même si les catholiques sociaux ont toujours privilégié l’organisation professionnelle, ce que n’oublie pas le Manifeste. Pour permettre cette organisation de l’économie, il est nécessaire d’avoir des acteurs clairement identifiés, d’où l’appel réitéré à la liberté syndicale. Les militants de la CFTC présents au congrès du MRP ont combattu la Charte du Travail37. Du point de vue financier, le manifeste demande un assainissement de la monnaie, cinq mois après les accords de Bretton Woods. Dans la même phrase, il demande la reprise de la production, ce qui ne permet pas de savoir  où il se situe dans le conflit entre Mendès France et Pleven. On retrouve là l’ambiguïté programmatique du MRP qui est persuadé que l’on ne peut pas laisser le capitalisme sans un cadre fort tout en défendant une gestion des finances publiques orthodoxe.

20Si le développement économique et social appartient aux préoccupations récurrentes du MRP naissant, il n’en est pas de même de la politique étrangère de la France. Le quasi silence sur le sujet paraît d’autant plus frappant que Georges Bidault occupe le Quai d’Orsay. Il est seulement fait référence à « l’avènement d’un ordre international » : l’idée d’une nouvelle SDN s’est imposée aux alliés depuis la Charte de l’Atlantique en 1941. Mais rien sur l’avenir de l’Allemagne, rien sur une quelconque organisation européenne alors que René Mayer a rédigé une note à ce sujet dès le 30 septembre 1943 ; elle s’interroge sur la future organisation de l’Europe, jugée indispensable un mois plus tôt par un autre commissaire du CFLN, Jean Monnet. Doit-il s’agir d’un super-état fédéral ou d’un Zollverein? Malgré le débat devant l’Assemblée consultative le 18 mars 1944, le Manifeste du MRP ne souffle mot du sujet. C’est, en 1944, un MRP clémenciste, l’horizon étant fixé sur la victoire. On voit, en filigrane, combien le poids personnel de Robert Schuman a pesé dans l’orientation européenne du MRP, étrangère au Georges Bidault de l’immédiate après-guerre.

  • 38  François de Menthon à Pierre-Henri Teitgen, 2 avril 1944, cité dans Pierre-Henri Teitgen, « Faites (...)
  • 39  François de Menthon à Georges Bidault, 16 mai 1944, AD de Haute-Savoie, 135 J 6.

21En conclusion, posons une question que les démocrates chrétiens récusent car jugée intempestive : le MRP est il à droite ou à gauche en 1944 ? Son programme social et le ton révolutionnaire du manifeste empêchent clairement de le situer chez les modérés. En même temps, il réfute le marxisme qui constitue l’ossature de la gauche, y compris dans une SFIO qui devient plus dogmatique avec l’emprise de Guy Mollet après 1946. Les relations avec les socialistes sont du reste plutôt méfiantes après la grande déception du travaillisme. Menthon arrive à Paris avec une forte prévention contre ces laïcistes timorés et doctrinaires38. En  revanche, le MRP porte un véritable espoir, très vite déçu, de coopération difficile mais loyale avec le PCF. Le MRP condamne les puissances d’argent et « l’asservissement de l’homme au capital ». C’est grâce à Menthon que deux commissaires communistes sont entrés dans le CFLN au printemps 1944 et le MRP sait que le PCF est indispensable pour associer la classe ouvrière au nouveau régime39. Les communistes ont moins besoin de l’étendard de la laïcité pour mobiliser leurs troupes que la SFIO ou les radicaux. Du reste, la SFIO ne souscrit que tardivement au principe d’une alliance avec le MRP, quelques jours seulement avant le congrès fondateur de celui-ci. L’Humanité du 20 novembre 1944 ironise sur le fait que les socialistes tardent à se rallier clairement à une position sur laquelle le PCF s’était déjà prononcé sans ambiguïté. Le MRP croit au tripartisme, avec l’ascendant du général de Gaulle pour conduire le gouvernement. Les alliances du MRP le placent donc nettement à gauche.

  • 40  Thèse défendue par Robert Vinen, Bourgeois politics in France, 1945-1951, Cambridge, Cambridge Uni (...)
  • 41  Jean-Paul Thomas, « Réseaux et enjeux des droites en  1944-1945 », in Gilles Richard et Jacqueline (...)
  • 42  Laurent Ducerf, « Le MRP face au RPF, un traumatisme mal surmonté », in ibidem, p. 229-239.

22Pourtant, un historien anglais a développé l’hypothèse que le MRP était le véritable héritier du Parti Social Français du colonel de La Rocque, dont on attendait un immense succès électoral en 194040. Ce postulat se trouve tout-à-fait contredit par les travaux de Jean-Paul Thomas sur les réseaux de la droite à la Libération41. Il est toutefois certain que le MRP de 1944 est une valeur refuge pour la France modérée décapitée. La création du RPF capte en 1947 cet électorat qui retrouve progressivement le vote modéré, comme le montre la création du CNIP en 195242.

  • 43  Étienne Borne, 1944-1954, op. cit., p. 30.

23Les démocrates chrétiens ont donc raison de ne pas aborder la définition du MRP par sa place sur l’échiquier politique. On constate également que le programme a beaucoup  évolué entre 1944 et la fin de la Quatrième république, l’aspect dirigiste s’étant vite effacé alors que la construction européenne devenait l’ultima ratio de l’action politique. La spécificité des hommes du MRP est moins dans tel ou tel aspect de leur programme que dans une manière globale d’appréhender le monde, le rôle civique du chrétien dans une société pluraliste, le fait « de croire à la fois au spirituel et au temporel43 », pour reprendre les termes d’étienne Borne. Cette exigence spirituelle et ce goût de l’action, c’est ce que traduit avec l’enthousiasme des origines le manifeste du MRP du 25 novembre 1944.

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Notes

1  François de Menthon, Souvenirs inédits (Introduction), p. 1, Archives Départementales (AD) de Haute-Savoie, 135 J (Les papiers de Menthon sont en cours de recolement).

2  On pourra le lire dans Pierre Letamendia, Le Mouvement Républicain Populaire. Histoire d’un grand parti français, Paris, Beauchesne, 1995, p. 65 ainsi que sur le site internet du MRP (http://www.amicalemrp.org).

3  Cité dans Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris, Les Éditions de Minuit, 1991, p. 107.

4  Étienne Borne, 1944-1954, le sens de notre engagement, Paris, Forces Nouvelles, 1954, p. 6.

5  Reproduit dans Pierre Letamendia, Le MRP, op. cit.,p. 50.

6  Bernard Comte, L’honneur et la conscience. Catholiques français en résistance, 1940-1944, Paris, Les éditions de l’Atelier, 1998, p. 85 sqq.

7  Étienne Fouilloux, Les chrétiens français entre crise et libération, 1937-1947, Paris, éd. du Seuil, 1997, p. 214.

8  Sur les relations complexes entre l’UPR alsacienne et le PDP, dont elle nourrit le groupe, voir Jean-Claude Delbreil, Centrisme et Démocratie-chrétienne en France, Le Parti Démocrate Populaire, des origines au MRP, 1919-1944, Paris, Publications de la Sorbonne, 1990, p. 33.

9  Le Journal du Centre, 21 novembre 1944.

10  Bernard Comte, L’honneur, op. cit., p. 67.

11  Georges Bidault se trouve dans un Oflag jusqu’en septembre 1941.

12  Robert Bichet, La Démocratie chrétienne en France. Le Mouvement Républicain Populaire, Besançon, Jacques et Demontrond, 1980, p. 227.

13  Le MRP donne de ce point de vue bien du souci au nonce comme l’a révélé son agenda annoté par étienne Fouilloux (étienne Fouilloux [Edizione critica et annotazione], Angelo Giuseppe Roncalli - Giovanni XXIII, Anni di Francia, Agenda del nunzio, 1945-1948, Bologna, Istituto per le Scienze religiose, 2004, 594 p. )

14  Jean-Claude Delbreil, Centrisme, op. cit., p. 312.

15  René Rémond, « Conclusions du colloque », in Regards sur le MRP, France-Forum, 1997, n° 316, p. 107. Voir également ce que Gay déclare à un journaliste de Franc-Tireur (Bernard Lefort, Mes carnets secrets de la IVe, Paris, éd. du Seuil, 1996, p. 11. )

16  Note d’information du 17 septembre 1944, AD de Haute-Savoie, 135 J 27-35.

17  Ses éditoriaux ont été reproduits dans le Bulletin des Amis de Georges Bidault, 1992 et 2001, n° 3 et 4.

18  Robert Bichet, La Démocratie chrétienne, op. cit., p. 39 sqq. et Georges Bidault, « MRP et Croix de Lorraine », Le Journal de la France. Les années Quarante, Paris, Librairie Jules Tallandier, 1978, t. VI, p. 2745-2756

19  Lapsus révélateur, Maurice Guérin évoque à la tribune le 24 novembre 1944 dans son rapport sur les conditions de la création du MRP le « Mouvement Démocrate » (AN, 350 AP 12)

20  Louis Bour, « Naissance du MRP, souvenirs et anecdotes », France-Forum, octobre-décembre 1994, p. 14.

21  Jacques Madaule, « Notre conception de la culture » in L’homme moderne sera-t-il marxiste ou spiritualiste ? Paris, SERP, 1947, p. 46-47 ; il s’agit de la première session de formation des militants MR P.

22  Robert Prigent, « Tous nos espoirs n’ont pas été déçus », France-Forum, octobre-décembre 1994, p. 16.

23  Mémoire relatif aux origines, au but et à l’évolution du Mouvement Républicain Populaire, 17 décembre 1944, AD de Haute-Savoie, 135 J 27-35 .

24  Louis Bour, « Naissance », art. cit., p. 14.

25  Laurent Ducerf, « Le Mouvement Républicain Populaire, un parti féministe ? », in L’engagement social des croyants, Strasbourg, ERCAL, 2004, p. 205-216 .

26  AN, 350 AP 12.

27  L’appel de Beyrouth du 17 juin 1940 a été reproduit dans France-Forum, octobre-décembre 1994, p. 21-22.

28  Bernard Comte, L’honneur, op. cit., p. 173-174.

29  Laurent Ducerf, « La Commission générale », in Jean-Dominique Durand (dir.), Les Semaines sociales de France, 1904-2004, Actes du colloque de Lyon du 13-16 octobre 2004, Parole et Silence, 2006, p. 133-145.

30  Jean-Marie Domenach, Gilbert Dru, celui qui croyait au Ciel, Paris, ELF, 1947, 169 p. (réédité chez Beauchesne avec une préface de Bernard Comte)

31  François Bazin, « Le Personnel du MRP »., in Regards sur le MRP, cit., p. 10,

32  Lettre d’Alfred Coste-Floret (à Paul Bacon [?]), 24 novembre 1944, AN, 350 AP 12.

33  Compte rendu du 1er Congrès national du MRP, AN, 350 AP 12.

34  Brochure MRP, 1er Congrès national, 24-25 novembre 1944, AN, 350 AP 12.

35  Louis Biton, La Démocratie chrétienne dans la politique française, sa grandeur, ses servitudes, Angers, Siraudeau, 1955, p. 89.

36  Excellente mise au point dans Roger Picard, Le conflit des doctrines économiques en France à veille de la guerre, [New-York], Brentano’s, [1944], p. 36 sqq.

37  Caroline Saudejaud, Le syndicalisme chrétien sous l’occupation, Paris, Perrin, 1999, 283 sqq.

38  François de Menthon à Pierre-Henri Teitgen, 2 avril 1944, cité dans Pierre-Henri Teitgen, « Faites entrer le témoin suivant », Rennes, Ouest-France, 1988, p. 326

39  François de Menthon à Georges Bidault, 16 mai 1944, AD de Haute-Savoie, 135 J 6.

40  Thèse défendue par Robert Vinen, Bourgeois politics in France, 1945-1951, Cambridge, Cambridge University Press, 1995, 300 p.

41  Jean-Paul Thomas, « Réseaux et enjeux des droites en  1944-1945 », in Gilles Richard et Jacqueline Sainclivier (dir.), La Recomposition des droites en France à la Libération, 1944-1948, Rennes, PUR, 2004, p. 137- l50.

42  Laurent Ducerf, « Le MRP face au RPF, un traumatisme mal surmonté », in ibidem, p. 229-239.

43  Étienne Borne, 1944-1954, op. cit., p. 30.

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Pour citer cet article

Référence papier

Laurent Ducerf, « Le Congrès fondateur du MRP des 25 et 26 novembre 1944 »Chrétiens et sociétés, 12 | 2005, 97-107.

Référence électronique

Laurent Ducerf, « Le Congrès fondateur du MRP des 25 et 26 novembre 1944 »Chrétiens et sociétés [En ligne], 12 | 2005, mis en ligne le 03 juin 2010, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/2222 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.2222

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Laurent Ducerf

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