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David Ancillon, une figure méconnue de pasteur idéal pour les protestants du XVIIe siècle

Julien Léonard
p. 71-87

Résumés

Le Discours sur la vie de feu Monsieur Ancillon, publié en 1698 par son fils Charles, présente un portrait de pasteur idéal du XVIIe siècle. C’est un homme modeste, aimable, charitable. Il met en pratique tout ce qu’il enseigne, apparaissant comme un modèle pour son troupeau. C’est surtout un grand prédicateur. Mais c’est aussi un grand travailleur, érudit, amoureux des livres. Ce portrait, qui ne reflète qu’imparfaitement la réalité, nous en apprend beaucoup sur les attentes envers un pasteur au XVIIe siècle.

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Géographie :

Metz, Berlin

Chronologie :

XVIIe siècle
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Texte intégral

  • 1 Paul Ferry (1591-1669) est surtout célèbre pour sa longévité à la tête d’une Église aussi important (...)
  • 2 Sur ce personnage, très largement méconnu malgré son importance dans l’histoire messine, voir mon m (...)
  • 3 Charles Ancillon, Discours sur la vie de feu Monsieur Ancillon et ses dernières heures, Bâle, Eman (...)
  • 4 Article « Ancillon » dans Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, tome premier, première (...)
  • 5 Mémoires pour servir à l’histoire des Réfugiés dans les États du roi, par Messieurs Erman et Reclam(...)
  • 6 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, ou la vie de Guillaume Farel Ministre, A (...)

1L’Église protestante de Metz au XVIIe siècle est célèbre surtout grâce à l’activité de son pasteur Paul Ferry, en fonction de 1611 à 16691. Pourtant, son histoire, très riche, est souvent restée confinée à l’érudition locale, notamment à cause de son statut particulier hérité de son occupation récente (1552) et de sa position institutionnelle, en dehors du système presbytéro-synodal français et à l’abri de la plupart des persécutions du pouvoir royal sous le régime de l’édit de Nantes. Malgré l’omniprésence de Ferry dans l’historiographie du protestantisme messin, un autre pasteur mérite de sortir de l’ombre et d’être présenté. Il s’agit de David Ancillon (1617-1692), figure importante de la Réforme à Metz de 1653 à 1685, puis réfugié à Berlin après la révocation de l’édit de Nantes2. Ce qui rend ce personnage particulièrement intéressant, en dehors du simple fait qu’il ait joué un rôle considérable dans la direction de l’Église huguenote de Metz après la mort de Ferry et qu’il ait connu le Refuge après 1685, est que l’on dispose d’une source de première main, mais très critiquable, pour connaître son caractère3. Le Discours sur la vie de feu Monsieur Ancillon, rédigé par son propre fils Charles, est en effet un matériau de toute première importance pour les historiens du protestantisme français de la seconde moitié du XVIIe siècle, car il nous présente un pasteur visiblement paré de toutes les vertus et faisant office de véritable ministre idéal. Mais il est bien évident que, s’il nous apparaît comme tel, c’est bien qu’il a été idéalisé par une réécriture a posteriori de son histoire par son fils. Aussi le Discours est-il une source précieuse pour l’écriture d’une page de l’histoire de la Réforme à Metz et en France, mais également un véritable défi lancé à la critique historique pour démêler le vrai de l’hagiographie. La situation est d’autant plus ardue qu’il est impossible de tirer des conclusions sur le caractère d’Ancillon à partir d’autres sources, puisque celles-ci ont toutes été influencées par le Discours, directement ou par des intermédiaires tels que Pierre Bayle4 ou les mémorialistes Erman et Reclam5. Cependant, une lecture critique permet d’arriver à quelques résultats pour brosser un portrait un peu moins complaisant. En effet, en se penchant sur le Discours et sur une vie de Farel écrite par David Ancillon lui-même6, on peut s’apercevoir de quelques similitudes troublantes. Aussi l’éloge du Discours est-il à comprendre non comme le portrait d’Ancillon seul, mais comme une sorte de présentation du pasteur idéal qu’il incarnerait, devenant ainsi indirectement une source intéressante pour l’étude des ministres en général. Si l’on s’en tient à la lecture des analyses historiques sur Ancillon, celui-ci est perçu dès Pierre Bayle comme un homme extraordinaire, très pieux et manifestement supérieur à bon nombre de ses coreligionnaires. Mais il faut souligner que la notice de Bayle est très largement dépendante du Discours rédigé par Charles Ancillon. Le fils du pasteur et le philosophe de Rotterdam ont été en grande partie repris par tous les historiens qui se sont penchés sur la personnalité de David Ancillon, ce qui a donné lieu à une véritable entreprise d’idéalisation du ministre messin dans toutes les notices qui lui ont été consacrées dans les différents dictionnaires et dans les ouvrages souvent hagiographiques des XVIIIe et XIXe siècle sur les personnalités du Refuge.

  • 7 Il s’agit d’un opuscule intitulé Les larmes de St. Paul, paru à Paris en 1676 sur les versets 17 et (...)
  • 8 Charles Ancillon, Discours…, op. cit, p. 252-263.
  • 9 Ibid., p. 280-283.
  • 10 Ibid., p. 263-266.
  • 11 Ibid., p. 326-328.
  • 12 Ibid., p. 227-232.
  • 13 Ibid., p. 203-204.
  • 14 Ibid., p. 204.
  • 15 Ibid., p. 9.

2Le Discours nous propose donc un portrait sans ombre de l’homme qu’est Ancillon. Il semble posséder toutes les qualités humaines que l’on attend d’un pasteur dans la France du XVIIe siècle. Il est modeste, au point de refuser d’être édité, ce qui fait qu’un seul de ses sermons est publié, après que le Consistoire l’eut forcé à donner un exemplaire de son manuscrit à un imprimeur parisien en 16767. Bien que passant sa vie à l’étude, il a livré très peu d’ouvrages au public et de nombreux écrits de sa main sont restés inédits à cause de cette modestie que son fils loue longuement8. On voit également un David Ancillon aimable, riant et agréable dans sa conversation9. Cette débonnaireté va jusqu’à une certaine sympathie pour ceux qui viennent l’importuner et le Discours rapporte de façon très complaisante deux anecdotes à ce sujet. La première le montre face à un homme venu chez lui pour le voler, ou même pour le tuer : alors que Mme Ancillon voulait le punir sévèrement, le ministre intervient pour le renvoyer chez lui sans même porter plainte10. La seconde se déroule à la veille de la Révocation, en 1684 : un dimanche de septembre de cette année, les pasteurs de Metz ont trouvé chez eux des officiers de la garnison à loger, alors que jusque là, comme les ecclésiastiques catholiques, ils bénéficiaient d’une exemption de ce type de charge. Le gradé devant loger chez Ancillon ne savait pas que son hôte était ainsi injustement persécuté : lorsqu’il l’apprend par des réformés de Metz, il part dans une auberge. Mais Ancillon va le chercher et insiste pour l’héberger tout de même, ce qu’il refuse finalement11. Le ministre messin est donc présenté comme un homme à la grandeur d’âme exceptionnelle, amoureux de l’égalité et de la franchise12 et particulièrement dévoué à la charité envers les pauvres13. Ce dernier trait de caractère est mis en avant par l’auteur du Discours qui rapporte que David Ancillon était même surnommé le « Pere des pauvres de sa Religion » et qu’un jour, après avoir prêché précisément sur ce point, la quête avait produit 1 000 ducats pour le Consistoire, ce qui fut si exceptionnel que cela fut inscrit sur les registres de la compagnie14. En lisant ce portrait rapide d’Ancillon à la lumière du Discours, on retire l’impression que cet homme était fait pour le ministère pastoral et qu’il aurait difficilement pu s’orienter vers une autre carrière, d’autant qu’il est aussi fait état de la grande précocité de sa vocation, alors qu’il n’était encore qu’un jeune élève huguenot chez les jésuites à Metz15. C’est bien là le but implicite de l’auteur : présenter son père et héros comme l’accomplissement du pasteur idéal, ce qui passe bien entendu par la nécessité pour l’homme d’avoir les qualités nécessaires à un tel emploi. En effet, toutes celles qui sont présentées dans cet ouvrage ne servent qu’à renforcer l’impression qu’Ancillon était un excellent pasteur avant tout, avant même d’être un homme de son siècle et un bon père de famille.

  • 16 Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes. La prédication réformée au XVIIe siècle en Fran (...)
  • 17 Cité par Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 36.
  • 18 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., notamment dans l’avant-propos.
  • 19 Élisabeth Labrousse, « Une foi, une loi, un roi ?» La révocation de l’édit de Nantes, Paris – Genèv (...)
  • 20 Par exemple dans Charles Weiss, Histoire des réfugiés protestants de France depuis la Révocation de (...)
  • 21 Jean Pierre Erman et Pierre Christian Frédéric Reclam, Mémoires pour servir à l’histoire des Réfugi (...)
  • 22 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 255. La mauvaise qualité littéraire de cette vie de Farel (...)

3En dehors des événements historiques auxquels Ancillon a pu prendre part, c’est surtout la figure de ministre exemplaire que le Discours présente au lecteur. Le but implicite, et même parfois clairement affiché, est de montrer en quoi il fut un prédicateur hors pair. Car c’est bien là ce que l’on attend avant tout d’un pasteur réformé français au XVIIe siècle. Comme l’a démontré Françoise Chevalier dans sa thèse, c’est le sermon qui est au centre du culte protestant à cette époque16. Aussi, le pasteur doit être surtout un habile théologien et un bon commentateur des Ecritures. La fonction pastorale est très valorisée par tous les écrits huguenots et revêt une dignité toute particulière. Selon Pierre Du Moulin, un célèbre pasteur du XVIIe siècle, il n’y a « rien sous le Ciel de plus excellent que le ministère de l’Evangile »17. David Ancillon lui-même, dans la vie de Farel qu’il rédige, présente le réformateur d’abord comme un pasteur et donc comme un prédicateur, rappelant que cette fonction est la plus noble au monde : en faisant figure d’orateur, Farel devient aux yeux de son biographe l’archétype du bon ministre, comme il est précisé dans le titre donné à son ouvrage18. Le pasteur doit donc avant tout être un théologien et expliquer de façon orthodoxe la Parole de Dieu : c’est là ce que les fidèles attendent de lui, bien plus que la seule piété et qu’une éventuelle attention aux problèmes quotidiens de la communauté, plutôt résolus par les Anciens et les diacres. Les pasteurs sont de plus généralement des notables peu accessibles pour les fidèles et restent des érudits, des hommes de cabinet qui provoquent plus la crainte que l’amitié chez leurs fidèles19. Pourtant, la présentation d’Ancillon allie le plus souvent toutes les qualités du pasteur et celles du bon réformé en général afin d’insister sur sa perfection en tant que ministre20. Plus d’un siècle après sa mort, les mémorialistes Erman et Reclam ne peuvent donc lui rendre plus bel hommage que de le présenter comme un « Théologien aussi savant que Pasteur zélé »21. C’est ainsi dans cette optique qu’il faut lire le Discours, en gardant à l’esprit que les qualités attribuées à Ancillon sont certes sans doute fondées (sinon comment expliquer l’inexistence de démenti à Berlin où, en 1698, les anciens Messins sont très nombreux ?), mais relèvent en grande partie de l’idéalisation et de la volonté de l’auteur de faire de son père un pasteur-type, ce que David Ancillon lui-même avait fait pour Farel, avec d’ailleurs peut-être à l’esprit l’idée de brosser un autoportrait implicite. Il peut être intéressant et fructueux de lire ces deux ouvrages hagiographiques en parallèle pour bien voir qu’il s’agit de part et d’autre d’une entreprise d’idéalisation parfois peu soucieuse de présenter le caractère entier des personnages ainsi élevés au rang d’exemples à suivre. Cependant, une réserve s’avère nécessaire, car la biographie de Farel n’était pas destinée à la publication et c’est un manuscrit rempli de fautes qui est tombé sous la main de l’imprimeur Jean Garel à Amsterdam en 1691 : Charles Ancillon, dans le Discours, précise très clairement que cette version de la biographie de Farel avait été désavouée par David Ancillon à cause de la mauvaise qualité de l’édition22. Malgré tout, le fond reste une source essentielle de la vie de son auteur.

  • 23 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 161-164.
  • 24 Sur ce débat concernant l’éloquence et l’usage que l’on doit en faire, voir Françoise Chevalier, Pr (...)
  • 25 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 164.
  • 26 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 160-166.
  • 27 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 162.
  • 28 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 139-150. Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nant (...)
  • 29 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 160-161.
  • 30 Ibid., p. 136-137 et 173.
  • 31 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 127-160.
  • 32 Ibid., p. 144.
  • 33 Les années 1650 ont été un temps de controverse active entre catholiques et protestants à Metz. Bie (...)

4Les qualités de pasteur présentées sont nombreuses, mais se recoupent pour la plupart pour nous offrir un portrait homogène, bien que disséminé en plusieurs endroits du Discours et donnant souvent lieu à des digressions sur lesquelles on peut passer. Les qualités de l’homme que l’on a vu plus haut sont bien évidemment indissolublement liées à celles du conducteur d’âmes que doit être Ancillon en tant que ministre du Saint-Évangile. Son fils insiste surtout sur les qualités de prédicateur et tout d’abord sur la forme, c’est-à-dire l’éloquence23. Cependant, il traite ce sujet avec prudence, car d’autres ministres réformés considèrent qu’il y a là des risques de dérive vers l’érudition et même l’orgueil, ce qui ne convient pas à une prédication claire24. Cependant, la façon de s’exprimer est importante pour un pasteur. L’auteur du Discours raille ceux qui lisent leurs sermons d’un ton monocorde et ennuyeux. Au contraire, il loue la capacité qu’avait son père à parler d’une voix forte et assurée, mais aussi dans un style qui, sans être pompeux ou pédant, pouvait maintenir éveillée l’attention de ses auditeurs, notamment en adaptant le ton du sermon à la matière, car « quelquefois le ton de sa voix signifoit autant que les paroles mesmes »25. Cette volonté de captiver ses ouailles tout en restant attaché au texte à commenter est une exigence pour un bon ministre et c’est David Ancillon qui le rappelle lui-même tout au long du chapitre 11 de sa biographie de Farel, dans laquelle il montre comment la voix ferme et assurée du réformateur de Neuchâtel pouvait, alliée à un discours sain, amener les fidèles à la connaissance de l’Evangile. Pour Farel également, la volonté de ne pas ennuyer l’auditoire est affirmée par la longueur modérée de ses sermons, qui n’excédaient jamais une heure26. Le mot qui semble le mieux qualifier Ancillon est celui de modération et son fils montre que s’il était assez vif pour être convaincant, il ne l’était pas trop, pour ne pas s’emporter27. Du point de vue de la forme et de l’éloquence, les sermons d’Ancillon répondent donc aux critères implicitement normés de la prédication réformée au XVIIe siècle tels qu’ils ont été décrits dans la thèse de Françoise Chevalier. Tant de « perfection » montre que, sans aucun doute, il s’agit là d’un travail de reconstruction rétrospective effectué par Charles Ancillon, peut-être à la lumière du portrait brossé par son père de Guillaume Farel. Le problème du fond et du contenu des sermons du pasteur semble être traité de la même manière par l’auteur du Discours. Celui-ci insiste principalement sur la volonté forte d’Ancillon de ne s’appuyer que sur l’Écriture, au nom du principe protestant de sola scriptura. Il condamne sévèrement ceux qui s’éloignent de cette exigence et rappelle, comme bon nombre de ses pairs, que la Bible doit être la seule source d’inspiration28. C’est ainsi qu’il se refuse absolument à citer des auteurs païens et pense que ceux qui le font trop souvent ne sont que des orgueilleux fiers d’étaler leur érudition, tout comme ceux qui traitent de sujets qui ne sont pas directement utiles au Salut, dans la seule perspective de montrer leur savoir29. Par contre, il ne se refuse pas à se servir de l’actualité pour composer ses sermons30. Encore une fois, le parallèle avec Farel (du moins le Farel présenté par Ancillon) est tout à fait édifiant : lui aussi se refuse aux figures de style vaniteuses et aime utiliser l’actualité dans une optique de controverse31. Dans ce dernier domaine, la comparaison avec David Ancillon lui-même est particulièrement troublante, puisque le pasteur messin montre que l’habileté de Farel dans la polémique contre les catholiques a permis de « retirer les hommes des Traditions, des Inventions, & des erreurs des hommes »32, ce qui rappelle étrangement le thème principal de la controverse qu’il avait menée en 1657 avec le suffragant de l’évêque de Metz, Bédacier33

  • 34 Sur la métaphore du berger qui fait paître ses brebis, voir Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édi (...)
  • 35 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 158-159 et p. 184.
  • 36 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 236-238.

5En dehors du rôle central de prédicateur, le ministre idéal doit également avoir d’autres qualités et elles sont, bien évidemment, mises au crédit d’Ancillon dans le Discours. Il y en a principalement deux, qui vont d’ailleurs de pair : l’exigence et le travail. La nécessité pour le ministre d’être toujours à la recherche du meilleur ne se cantonne pas aux autres, elle doit s’accompagner d’un comportement exemplaire de sa part et d’une exigence envers soi-même sans faille. La vocation du bon pasteur est de mener ses brebis à Dieu et de leur faire emprunter un chemin droit et vertueux. Cette métaphore du bon berger est souvent reprise au sujet des ministres réformés français du XVIIe siècle, qui ont bien conscience d’être comptableS des âmes de leurs fidèles envers Dieu et de devoir maintenir les vertueux dans leur attitude et détourner les vicieux de la leur34. Dans sa Vie de Farel, Ancillon montre que le réformateur ne craignait pas pour ce faire de bousculer son auditoire, mais il faut agir ainsi, car plus on aime son troupeau, plus on souhaite le sortir de l’erreur, sans se soucier des éventuelles inimitiés que l’on pourrait ainsi se créer, car il est comptable devant Dieu de l’attitude des fidèles35. Le Discours montre qu’Ancillon lui-même a agi de la sorte, au détour d’une anecdote qui le montre se mettant en colère, ce qui est exceptionnel chez lui, mais justifié dans la mesure où il s’agit de sauver une âme pécheresse : un jour, un officier réformé accusé d’athéisme et d’impiété est convoqué devant le Consistoire pour lui demander de s’amender. Mais il plaisante et rit de ses juges, qui lui donnent huit jours pour changer d’attitude. Quand il revient, c’est Ancillon qui est modérateur. Le pasteur décide de lui parler sur un ton doux et calme. L’officier s’en va en disant que ça ne servait à rien. Ancillon se lève alors et, dans une grande colère, le prend par un des boutons de son justaucorps et lui dit : « Viens icy malheureux que j’arrache ton ame des mains de Satan ». L’officier tremble alors de peur et demande pardon à Dieu pour son attitude36. Au-delà de la dimension naïvement moraliste et clairement hagiographique de cette histoire, il faut voir que, là encore, Charles Ancillon nous montre son père non pas sous ses traits réels, mais dans la peau du pasteur idéal dont toute communauté rêverait.

  • 37 Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 43.
  • 38 Ibid., p. 42.
  • 39 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 175-187.
  • 40 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 189-191.
  • 41 C’est l’idée principale d’Émile G. Léonard, Histoire générale du protestantisme français, II. L’éta (...)
  • 42 Émile G. Léonard, Histoire générale du protestantisme français, op. cit., p. 331, note 2.

6Cependant, une telle attitude serait vaine si le pasteur lui-même ne s’appliquait pas les préceptes qu’il enseigne. Or l’exigence envers soi-même et le souci de donner une image exemplaire par son comportement est un autre topos de la littérature présentant les ministres réformés. Mais il s’agit aussi d’une réalité, car une telle attitude est exigée des pasteurs par leurs Consistoires, qui n’hésitent pas à les suspendre en cas de mœurs dissolues : Françoise Chevalier a calculé qu’environ 10% des ministres du XVIIe sont déposés à un moment pour de telles affaires37. Les écrits des grands théologiens rappellent cette nécessité de l’exemplarité : c’est ainsi que le pasteur Nicolas Vigner, lors d’une cérémonie d’imposition des mains en 1632, explique que « qui cesse d’édifier, commence par détruire ce que lui-mesme, ou les autres avoient édifié »38. Le Discours reprend donc ce qui est un cliché du comportement d’un pasteur en montrant longuement en quoi Ancillon s’appliquait ses préceptes à lui-même et comment son comportement exemplaire servait à lui seul d’édification pour tout le peuple réformé39. Encore une fois, le parallèle avec la vie de Farel rédigée par Ancillon est troublant, puisque là aussi on peut lire que le réformateur considérait l’exemplarité du comportement des pasteurs comme tout à fait essentielle40. Cette vertu revendiquée des pasteurs n’a-t-elle été qu’un topos complaisamment rapporté pour l’édification des fidèles de 1698 ? Selon certains historiens du XXe siècle, l’attitude des ministres lors de la Révocation, après laquelle près de 20% choisissent d’abjurer, est révélatrice d’un dessèchement du calvinisme français au cours du XVIIe siècle41. Mais il est intéressant de noter qu’Émile Léonard apporte une citation de David Ancillon qui tendrait à montrer que le pasteur avait conscience du risque d'alanguissement en parlant ainsi à ses fidèles : « Vous êtes des léthargiques. (…) Nous dormons d’une léthargie profonde, qui nous menace d’une mort subtile et d’une ruine irréparable »42. Cela signifierait-il que le grand historien du protestantisme français n’englobait pas certains ministres, dont Ancillon, dans sa dénonciation de l’« établissement » ? En tout cas, il faut probablement en déduire que, même si le Discours rapporte un récit stéréotypéé du comportement d’Ancillon, le fond de vérité devait être assez large pour le rendre crédible, notamment aux yeux de ceux, encore nombreux à la sortie de l’ouvrage en 1698, qui avaient connu son activité messine.

  • 43 Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 47-52.
  • 44 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 124-130.
  • 45 Ibid., p. 131-134.
  • 46 Ibid., p. 95 et p. 137-138.
  • 47 Ibid., p. 128.

7La nécessité d’être studieux et travailleur ressort également nettement, tant de la littérature réformée en général que du Discours en particulier. Il s’agit pourtant du seul trait de caractère d’Ancillon que l’on ne puisse pas retrouver développé dans la biographie de Farel qu’il a rédigée. Cela ne veut pas dire pour autant que Charles Ancillon ait choisi cette fois de sortir des règles de la littérature hagiographique concernant les pasteurs. En effet, celle-ci insiste souvent sur le besoin qu’ont les pasteurs à beaucoup travailler et étudier afin de préparer des sermons dignes. Jean Calvin lui-même avait formellement condamné l’improvisation et demandait aux ministres un effort sérieux et appliqué43. Dans cette perspective, l’auteur du Discours ne manque aucune occasion de rappeler quel homme studieux et travailleur était son père. Cela se traduit principalement par le rappel de la dénonciation de la paresse par Ancillon, notamment celle des ministres : c’est ainsi qu’il se refuse à utiliser deux fois le même sermon, alors que des théologiens réputés, tel Le Faucheur à Charenton, ne se privent pas de le faire44. De même, il refuse, conformément à l’exigence calvinienne en la matière, de céder à la facilité de l’improvisation, bien que son fils précise qu’il en aurait été tout à fait capable45. Au contraire, on le voit préparer ses sermons avec soin et consacrer la plus grande partie de son temps à l’étude dans son cabinet46, ce qui a fait de lui « un des plus sçavants hommes & un des plus solides Prédicateurs de son temps »47. On voit bien qu’ici, encore une fois, le Discours répond à une norme implicitement établie au cours du XVIIe siècle par la littérature réformée, pour laquelle la figure du bon pasteur est nécessairement celle d’un homme passant sa vie à travailler dans son étude, sans trop se mêler au reste de la communauté, ce qui peut d’ailleurs nous surprendre : mais le pasteur du Grand Siècle est un homme de livres et de cabinet avant d’être un homme de terrain. Il semble cependant que sur ce sujet plus que sur tout autre, le fond de vérité de ce récit-type est grand. En effet, de nombreux indices convergent pour penser qu’Ancillon était réellement un homme d’étude. Le principal signe en est la notoriété qu’il avait acquise par la constitution d’une grande et belle bibliothèque, signe évident de son goût prononcé pour le travail intellectuel et livresque.

  • 48 Voir Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 47-52, Élisabeth Labrousse, « (...)
  • 49 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 105.
  • 50 Ibid., p. 102-103.
  • 51 On peut penser notamment à Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, op. cit., 2e édition, (...)
  • 52 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 37.
  • 53 Ibid., p. 61.
  • 54 Ibid., p. 77-79.
  • 55 Ibid., p. 102-123.
  • 56 Ibid., p. 103.
  • 57 Ibid., p. 108.
  • 58 Ibid., p. 115-121.
  • 59 Ibid., p. 109.
  • 60 Ibid., p. 113-114.
  • 61 Ibid., p. 121-123.
  • 62 En 1685, quelques jours après la Révocation et après le départ d’Ancillon vers les États allemands, (...)
  • 63 Inventaire aux Archives départementales de la Moselle B3357.
  • 64 Inventaire aux Archives municipales de Metz II297.
  • 65 Voir Henri Tribout de Morembert, « Bibliothèques messines du XVIIe siècle », Annales de l’Est, n°3, (...)
  • 66 Elie Fleur, « Un bibliophile messin, David Ancillon, pasteur de l’Église réformée de Metz », art. c (...)

8Les sources semblent bien converger pour montrer que cette bibliothèque était extraordinaire et constituait la principale fierté de son possesseur. Les pasteurs français se doivent, pour la préparation de leurs sermons, de posséder une bibliothèque assez importante. Aussi tous les ministres de renom ont chez eux un cabinet contenant les principaux ouvrages nécessaires à cette activité essentielle de leur fonction48. Pour ceux qui étaient trop pauvres pour s’en doter, notamment dans les Églises modestes, les Consistoires pouvaient parfois mettre à leur disposition les ouvrages fondamentaux. Mais l’idéal est celui d’un pasteur bibliophile. Or Ancillon répond tout à fait, comme avant lui son collègue Ferry, à cette image et pousse même la passion des livres plus loin. En effet, il accorde une importance toute particulière à la possession d’œuvres, si possible dans leurs premières éditions et considère les livres comme des objets précieux. Il se dit d’ailleurs lui-même atteint de « bibliomanie », bien que son fils relativise le caractère « pathologique » de cette collection en précisant qu’il n’est jamais allé jusqu’à mettre sa fortune en danger pour cela, au contraire de certains humanistes du XVIe siècle, comme le célèbre Alde Manuce49. Bien que ce caractère soit donc plutôt commun parmi le corps pastoral français du XVIIe siècle, la passion des livres entretenue par David Ancillon semble avoir marqué les esprits et avoir donné lieu à la constitution d’une des plus belles bibliothèques de France, qu’il augmente régulièrement des dernières nouveautés et qui attire la visite des curieux de passage à Metz50. Cet amour des livres a fait d’Ancillon un personnage sympathique aux yeux d’écrivains postérieurs qui ont souvent rappelé cette passion comme un fait éminemment positif et exemplaire de sa qualité de « bon pasteur » idéal, voire idéalisé51. Cette image est entièrement due à la présentation que fait Charles Ancillon de son père dans le Discours, car on sait que cette source a servi, directement ou par l’intermédiaire du Dictionnaire de Bayle et des Mémoires d’Erman et Reclam, à toutes les notices consacrées au ministre de Metz. Il est donc utile de voir de plus près ce que le Discours apporte sur ce sujet. Dès avant son arrivée à Metz, le jeune David Ancillon éprouve une attirance certaine pour les livres et c’est ainsi qu’on peut le voir profiter de son passage à Charenton en 1641, lorsqu’il se fait recevoir pasteur, pour acheter des ouvrages à Paris52. De la même façon, son amitié avec les hommes de lettres en vue de la capitale lors de son ministère à Meaux lui donne la possibilité de recevoir régulièrement leurs travaux pour sa bibliothèque53. Enfin, par son mariage, Ancillon acquiert une aisance financière certaine qui est, de l’aveu du fils du couple, largement consacrée à l’achat de livres54. Mais lorsqu’il arrive à Metz, on a l’impression que cette « bibliomanie » prend de l’ampleur, et le Discours fait une longue digression sur ce sujet pour montrer au lecteur qu’il s’agit bien là d’un des principaux traits de caractère de l’homme55. Il en ressort clairement qu’au travers de sa bibliothèque, Ancillon est présenté, une fois de plus, comme le pasteur idéal, remplissant toutes les conditions pour être une sorte d’incarnation du portrait brossé par la Discipline des Églises réformées de France. Malgré cela, ce sujet apporte une touche d’ambiguïté, car on sent bien une certaine gêne de l’auteur à parler de cette passion un peu trop matérielle que son père entretenait pour les livres. Mais il met un bémol à cette contradiction et n’insiste que sur ce qui peut faire du pasteur un personnage digne de respect. Ainsi, on voit que s’il passe tout son temps dans sa bibliothèque, ce n’est pas pour l’admirer, mais pour y travailler, ce qui peut faire figure de sacrifice, puisque, par exemple, Charles Ancillon insiste sur le fait que l’on ne voyait jamais son père se reposer ou se promener, mais ne sortait de son cabinet d’étude que pour se rendre au temple et passait une grande partie de ses nuits au milieu de ses livres56. Une fois cette précision faite, le Discours revient plus précisément sur la méthode de travail adoptée par le pasteur et sur le contenu des sciences étudiées par lui. La lecture de ce passage laisse cependant une impression étrange, puisque l’on voit qu’il aimait tout lire, y compris les romans57, mais qu’il rejetait certaines sciences jugées inutiles, comme la métaphysique, en tant que préparateur de sermons et qu’il condamnait ainsi la tendance à l’érudition encyclopédique qui marquait les études de certains de ses confrères58. Cette contradiction apparente est cependant levée par la présentation de la façon de lire qu’il adopte, très différente selon l’importance qu’il accorde à l’ouvrage qu’il a entre les mains, tantôt parcouru rapidement, tantôt médité longuement et relu plusieurs fois59. Pour la préparation de ses interventions en chaire, il prend des notes dans des cahiers manuscrits ordonnés selon le sujet abordé afin de pouvoir donner des preuves de ce qu’il avance60. Il se penche avant tout sur l’étude des Écritures elles-mêmes, comme il convient à un homme exerçant sa fonction, mais il rappelle également l’importance de l’étude de l’histoire, notamment celle de l’Antiquité61. Ainsi, sa bibliothèque était le reflet de cette volonté de se consacrer avant tout à sa charge pastorale dans la dignité et dans le respect des instructions de la Discipline, ce qui est bien en accord avec la volonté implicite de son fils de le présenter comme incarnation idéale du ministre dont il faut suivre l’exemple. Malheureusement, nous ne possédons pas l’inventaire exhaustif du contenu de sa bibliothèque, ni même une évaluation chiffrée sûre du nombre de volumes qu’elle comprenait, essentiellement à cause des conditions tragiques de sa dispersion62. On doit donc se contenter d’une approximation ou d’une comparaison avec les collections de ses collègues messins pour lesquels nous avons plus de sources, notamment Abraham de La Cloche63 et Paul Ferry64, à la tête respectivement de 836 et 2 596 volumes. Ces deux bibliothèques ont fait l’objet d’analyses par les historiens65. Il en ressort que leur composition ne variait guère par rapport aux laïcs réformés, mais beaucoup par rapport aux catholiques, avec évidemment une forte proportion d’ouvrages religieux : la Bible bien sûr, des psautiers, des ouvrages de controverse, des livres d’histoire religieuse, mais également des livres « séculiers ». Selon l’érudit messin Elie Fleur, la bibliothèque d’Ancillon devait compter environ 2 000 ouvrages, ce qui est considérable66. Malgré ces quelques indications, il ne faudrait pas donner trop de poids à une telle approximation, ni tirer trop de conclusion de la comparaison avec Ferry ou La Cloche. Faute de sources, il faut donc se résigner à admettre que la bibliothèque d’Ancillon devait être remarquable, mais que l’on n’en connaîtra jamais la composition exacte.

  • 67 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 104.
  • 68 Ibid., p. 301.
  • 69 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 4-9.
  • 70 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 95 et 100.

9Cette bibliothèque était pour le pasteur messin le seul signe extérieur de richesse dont il tirait plaisir. En effet, bien qu’il possédât plusieurs maisons de campagne, dont une près de Metz, il n’y allait que très rarement, trois ou quatre fois en 32 ans de ministère messin selon son fils67. De façon plus générale, le Discours montre de façon assez complaisante qu’il se refuse à profiter de ses biens et de son argent68. Mais, une fois de plus, on pourrait faire un parallèle troublant avec le récit que David Ancillon lui-même a fait de la vie de Guillaume Farel qui, lui aussi, selon les dires de son biographe, refusait de se laisser gagner par l’envie du luxe69. Ce caractère de travailleur infatigable, même s’il est sans aucun doute largement amplifié par le portrait brossé par son fils, a eu des conséquences sur sa vie sociale et familiale et, là encore, Ancillon, par son désintérêt des problèmes contingents et séculiers, fait figure de modèle. L’engagement du pasteur dans son ministère doit en effet être total. Un bon ministre doit toujours être chez lui à travailler. Cela peut paraître aujourd’hui étrange, mais il faut constamment avoir à l’esprit qu’au XVIIe siècle il s’agit d’un notable, d’un personnage craint et respecté qui ne se mêle guère aux autres, précisément à cause de cet éloignement intellectuel qu’il s’impose pour remplir correctement sa charge. En effet, bien qu’il ait d’autres activités, la préparation des sermons prend tant de temps qu’il ne peut pas s’adonner à des activités mondaines ni même familiales. Ancillon satisfait bien à cette exigence de détachement70. Cela a donc eu des conséquences sur sa vie de famille et sur sa vie en société.

  • 71 Ibid., p. 107.
  • 72 On retrouve des allusions à la présence de domestiques au long du Discours. En 1684, un recensement (...)
  • 73 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 267-271. Le nom du mari violent n’est pas donné par cette (...)
  • 74 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 287-294.
  • 75 Ibid., p. 101-102.
  • 76 Ibid., p. 102.
  • 77 Archives départementales de la Moselle J226.
  • 78 Michel-Edmond Richard, La vie des protestants français, op. cit., p. 49.

10Par son mariage, David Ancillon a, semble-t-il, réussi à trouver le moyen de ne pas se préoccuper des tâches matérielles. L’auteur du Discours insiste de façon touchante sur la manière qu’avait Marie Macaire, sa mère, d’aider son mari dans sa mission pastorale, en se chargeant des charges domestiques71. Or celles-ci devaient être importantes, puisque le couple a eu plusieurs enfants, dont cinq lui ont survécu, et l’entretien de la maison nécessitait la présence de domestiques72. Malgré ce détachement, Ancillon a vécu des moments difficiles et de deuil, notamment à la mort en 1684 de sa fille aînée, Marguerite, mariée de façon malheureuse à un homme violent, David de Montigny73. Durant son enterrement, la douleur était si forte que, selon son fils, ce fut la seule fois où il a pleuré. En règle générale, Charles Ancillon aime à rappeler que son père « aymoit tendrement sa famille », mais qu’il agissait avec ses enfants plus comme un frère aîné que comme un père et parfois plus comme un pasteur et un éducateur que comme un père, montrant encore une fois implicitement que chez David Ancillon, la fonction et l’homme étaient si étroitement imbriqués qu’il serait vain de faire la part des choses74. Dans la vie « séculière », Ancillon fait également preuve de retenue et de peu d’investissement. Lorsque à la mort de son père, à une date inconnue devant se situer au début des années 1650, il est établi tuteur de son frère Joseph et de sa sœur, il les laisse agir comme bon leur semble et ne leur demande pas de lui rendre des comptes75. Le Discours renchérit sur cette attitude vis-à-vis de la vie civile et le qualifie de « véritable Anachorete, Il estoit hors du commerce des hommes, & ne songeoit qu’à Dieu & à son Église »76. En la matière, il est cependant fort à parier que la volonté de montrer Ancillon comme un pasteur entièrement consacré aux seules affaires ecclésiastiques a modifié la réalité. En effet, on peut trouver un exemple de contrat d’achat d’un pré à Jean Marchal le 2 janvier 167077. Il ne faut certes pas tirer trop de conclusions d’un seul cas, mais le fait est qu’à l’occasion, le ministre savait se transformer en homme d’affaires, ou tout au moins en gestionnaire attentif de son patrimoine. On ne connaît pas l’ampleur de la fortune du pasteur, ni même le montant de ses revenus annuels, qui devaient avoisiner les 700 à 800 livres par an si l’on compare les revenus de ministres d’Églises de France78. Mais, prisonnières du Discours, d’autres sources ont repris intégralement à leur compte cette idée d’un total détachement d’Ancillon vis-à-vis des choses du monde. Ainsi, l’article qui lui est consacré dans le Dictionnaire de Bayle nous le présente nettement comme un pasteur idéal, notamment dans une de ses notes où il est présenté explicitement comme

  • 79 Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, op. cit., 2e édition, t. 1, p. 241, présentation (...)

« l’idée d’un pasteur accompli (…) occupé uniquement des fonctions de son ministère, sans se mêler, comme tant d’autres, de ce qui n’est convenable qu’aux séculiers, ni tenir sa maison ouverte aux délateurs et aux nouvelistes »79.

  • 80 Hubert Bost, « L’histoire des Églises réformées de France dans le Dictionnaire de Bayle », dans La (...)
  • 81 Ibid., p. 244, note 62. L’auteur pense que cet article n’est pas totalement prisonnier du Discours, (...)

11Selon Hubert Bost, il s’agit là d’une volonté de Bayle de présenter Ancillon non pas tel qu’il fut, mais comme un pasteur idéal80. Il faut cependant préciser que l’article du Dictionnaire est largement redevable du Discours et que la volonté d’idéalisation provient sans doute autant, voire plus, de Charles Ancillon que de Pierre Bayle81.

  • 82 Je ne reviens pas sur le caractère exemplaire et stéréotypé de ce récit des dernières heures de Dav (...)

12On pourrait croire, à lire le portrait hagiographique donné par le Discours, que l’homme de retraite qu’a semblé être David Ancillon n’a pas pu ou voulu prendre une place trop importante au sein de la communauté messine. Or, c’est faux et tout au long de son ministère, cette place grandit. En effet, dès son arrivée à Metz en 1653, il s’investit dans les débats de sa communauté. En 1657, il participe à une controverse avec Pierre Bédacier, un des chefs catholiques, au sujet de la place de la Tradition. Après la mort de son célèbre collègue Paul Ferry en décembre 1669, il devient même le chef spirituel incontesté de ses coreligionnaires. Le Discours nous présente cet investissement de façon relativement discrète, afin de conserver l’image d’un pasteur avant tout voué à l’étude et à la réflexion. Mais, lors de l’épisode de la Révocation, puis, de 1686 à sa mort en 1692, son activité au sein de l’Église française de Berlin montre bien que le fils d’Ancillon a largement idéalisé le caractère de son père pour en faire un exemple et que le Discours est à considérer comme une reconstruction de l’image du pasteur rêvé, y compris jusque dans le récit de son agonie, longuement présenté et répondant à tous les topoi de ce genre de littérature pour montrer le caractère exemplaire de la figure d’Ancillon82. En ce sens, cette source est donc un apport important pour la compréhension de la figure importante du pasteur dans la communauté protestante française du XVIIe siècle.

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Notes

1 Paul Ferry (1591-1669) est surtout célèbre pour sa longévité à la tête d’une Église aussi importante que celle de Metz. Son activité éditoriale fut importante, notamment son Catéchisme général de la Réformation (1654), ouvrage qui a marqué le début de son dialogue avec le jeune Bossuet, auteur en 1655 de la Réfutation du Catéchisme, relation qui prend une tournure irénique en 1666. Malgré les très nombreuses sources disponibles sur ce personnage exceptionnel, les études le concernant sont assez décevantes, notamment parce que l’historiographie du protestantisme messin est marqué par des affrontements qui ont rendu parfois caricaturale la vision de Ferry. C’est ainsi que, pour l’instant, nous sommes encore tributaires de deux ouvrages très engagés le concernant : Roger MAZAURIC, Le pasteur Paul Ferry, Messin, interlocuteur de Bossuet et historien, Metz, Mutelet, 1964, 154 p. et, dans une moindre mesure, François Gaquère, Le Dialogue irénique Bossuet – Paul Ferry à Metz (1652-1669), Paris, Beauchesne, 1967, 271 p.

2 Sur ce personnage, très largement méconnu malgré son importance dans l’histoire messine, voir mon mémoire de DEA, De Metz à Berlin. La vie de David Ancillon (1617-1692), pasteur réformé en France et dans le Refuge, sous la direction de Gérard Michaux, Université de Metz, 2005, 251 p., ainsi que mon article « Le parcours du pasteur David Ancillon (1617-1692) », in Huguenots. De la Moselle à Berlin, les chemins de l’exil, études réunies et présentées par Philippe Hoch, Metz, Editions Serpenoise, 2006, p. 109-126.

3 Charles Ancillon, Discours sur la vie de feu Monsieur Ancillon et ses dernières heures, Bâle, Eman & König, 1698, 400 p. (désormais abrégé en Discours).

4 Article « Ancillon » dans Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, tome premier, première partie (A-B), Rotterdam, Reinier Leers, 2e édition, 1702, t. 1, p. 237-242.

5 Mémoires pour servir à l’histoire des Réfugiés dans les États du roi, par Messieurs Erman et Reclam, Berlin, Jean Jasperd puis Frédéric Barbiez, 9 vol., 1782-1799, voir notamment le t. 2, p. 4-22.

6 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, ou la vie de Guillaume Farel Ministre, Amsterdam, Jean Garrel, 1691, 280 p.

7 Il s’agit d’un opuscule intitulé Les larmes de St. Paul, paru à Paris en 1676 sur les versets 17 et 18 du chapitre 3 de l’épître de Paul aux Philippiens. Cité par Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 258.

8 Charles Ancillon, Discours…, op. cit, p. 252-263.

9 Ibid., p. 280-283.

10 Ibid., p. 263-266.

11 Ibid., p. 326-328.

12 Ibid., p. 227-232.

13 Ibid., p. 203-204.

14 Ibid., p. 204.

15 Ibid., p. 9.

16 Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes. La prédication réformée au XVIIe siècle en France, Genève, Labor et Fides, 1994, p. 9-18. Sur les pasteurs en général, on peut aussi voir Michel-Edmond Richard, La vie des protestants français de l’Edit de Nantes à la Révolution (1598-1789), Paris, Editions de Paris, 1994, p. 41-50, et une étude plus ancienne, Paul de Felice, Les protestants d’autrefois, t. 2, Les pasteurs, vie officielle, vie privée : vie intérieure des Églises, mœurs et usages, Paris, Fischbacher, 1898, XIII-368 p.

17 Cité par Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 36.

18 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., notamment dans l’avant-propos.

19 Élisabeth Labrousse, « Une foi, une loi, un roi ?» La révocation de l’édit de Nantes, Paris – Genève, Payot – Labor et Fides, 1985, p. 51-53.

20 Par exemple dans Charles Weiss, Histoire des réfugiés protestants de France depuis la Révocation de l’Edit de Nantes jusqu’à nos jours, Paris, Charpentier, 1853, t. 1, p. 38 : « À Metz, David Ancillon gagnait tous les cœurs, tant par sa vie sans reproche, sa piété sincère et sans faste, que par le soin avec lequel il méditait et composait ses sermons. »

21 Jean Pierre Erman et Pierre Christian Frédéric Reclam, Mémoires pour servir à l’histoire des Réfugiés…, op. cit., t. 2, p. 10.

22 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 255. La mauvaise qualité littéraire de cette vie de Farel est également soulignée par Louis Moréri, Le Grand Dictionnaire historique, ou le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane, Paris, Libraires associés, édition de 1759, t. 1, p. 21 : « C’est un livre qui à force d’être écrit d’un style pompeux & d’un goût mystique, devient un vrai galimathias ».

23 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 161-164.

24 Sur ce débat concernant l’éloquence et l’usage que l’on doit en faire, voir Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 26-27.

25 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 164.

26 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 160-166.

27 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 162.

28 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 139-150. Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 66-75.

29 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 160-161.

30 Ibid., p. 136-137 et 173.

31 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 127-160.

32 Ibid., p. 144.

33 Les années 1650 ont été un temps de controverse active entre catholiques et protestants à Metz. Bien que Ferry ne soit pas versé dans les affrontements de cette nature, David Ancillon, arrivé à Metz depuis 1653 seulement, accepte au contraire de s’opposer à Pierre Bédacier, suffragant de l’évêque de Metz, sur le thème de la Tradition. Deux rencontres, âpres et disputées, sont organisées, laissant bien entendu aux deux camps la possibilité de s’en proclamer vainqueur. Sur la controverse à Metz en général, voir la synthèse de Gérard Michaux, « Réforme catholique et Contre-Réforme à Metz au XVIIe siècle », dans Protestants messins et mosellans (XVIe-XXe siècles), études réunies par François-Yves Le Moigne et Gérard Michaux, Metz, Editions Serpenoise – SHAL, 1988, p. 47-70. Pourtant, cet épisode de la rencontre entre Ancillon et Bédacier est resté occulté dans l’historiographie, sans doute masqué par le dialogue irénique Bossuet – Ferry mené quelques années plus tard.

34 Sur la métaphore du berger qui fait paître ses brebis, voir Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 44-46.

35 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 158-159 et p. 184.

36 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 236-238.

37 Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 43.

38 Ibid., p. 42.

39 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 175-187.

40 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 189-191.

41 C’est l’idée principale d’Émile G. Léonard, Histoire générale du protestantisme français, II. L’établissement (1564-1700), Paris, PUF, 1961, 453 p. Ce jugement, ainsi que le chiffre de 20%, ont cependant été rapidement remis en cause par les historiens postérieurs. Parmi eux, on peut citer Élisabeth Labrousse, notamment dans « Une foi, une loi, un roi ?», op. cit., et dans son recueil d’articles Conscience et conviction. Etudes sur le XVIIe siècle, Paris, Universitas, 1996, 299 p. ou, plus récemment, Yves Krumenacker, par exemple dans Des protestants au siècle des Lumières. Le modèle lyonnais, Paris, Honoré Champion, 2002, 356 p. Ils présentent au contraire un protestantisme français actif et vigoureux et des pasteurs plus nombreux à choisir le Refuge.

42 Émile G. Léonard, Histoire générale du protestantisme français, op. cit., p. 331, note 2.

43 Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 47-52.

44 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 124-130.

45 Ibid., p. 131-134.

46 Ibid., p. 95 et p. 137-138.

47 Ibid., p. 128.

48 Voir Françoise Chevalier, Prêcher sous l’édit de Nantes, op. cit., p. 47-52, Élisabeth Labrousse, « Une foi, une loi, un roi ?», op. cit., p. 51-53 ou encore Michel-Edmond Richard, La vie des protestants français, op. cit., p. 45.

49 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 105.

50 Ibid., p. 102-103.

51 On peut penser notamment à Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, op. cit., 2e édition, t. 1, p. 238-240 (note D), Jean Pierre Erman et Pierre Christian Frédéric Reclam, Mémoires pour servir à l’histoire des Réfugiés…, op. cit., t. 2, p. 9-10, Otto Michaelis, « David Ancillon und der Zusammenbruch der alten Metzer Hugenottenkirche », dans Die evangelische Kirche in Lothringen in Vergangenheit und Gegenwart, textes réunis par Otto Michaelis, Metz, Scriba, 1917, p. 45-50, Elie Fleur, « Un bibliophile messin, David Ancillon, pasteur de l’Église réformée de Metz », Cahiers Lorrains, 1937, n°2 (mars-avril), p. 29-30, ou encore Erich Haase, Einführung in die Literatur des Refuge. Der Beitrag der französischen Protestanten zur Entwicklung analytischer Denkformen am Ende des 17. Jahrhunderts, Berlin, Duncker & Humblot, 1959, p. 391.

52 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 37.

53 Ibid., p. 61.

54 Ibid., p. 77-79.

55 Ibid., p. 102-123.

56 Ibid., p. 103.

57 Ibid., p. 108.

58 Ibid., p. 115-121.

59 Ibid., p. 109.

60 Ibid., p. 113-114.

61 Ibid., p. 121-123.

62 En 1685, quelques jours après la Révocation et après le départ d’Ancillon vers les États allemands, la bibliothèque du pasteur a en effet été pillée, notamment par des ecclésiastiques. Malheureusement, on ne dispose que du Discours pour évoquer cet épisode. Ancillon avait cependant pris le soin d’évacuer à l’étranger une partie de ses ouvrages, notamment après le 29 août 1685, date à laquelle un arrêt du Parlement de Paris avait interdit la possession des livres interdits par l’archevêque de Paris François de Harlay de Champvallon. Grâce à cette précaution, il a pu se reconstituer une bibliothèque au Refuge.

63 Inventaire aux Archives départementales de la Moselle B3357.

64 Inventaire aux Archives municipales de Metz II297.

65 Voir Henri Tribout de Morembert, « Bibliothèques messines du XVIIe siècle », Annales de l’Est, n°3, 1971, p. 219-229 et surtout Philip Benedict, « Bibliothèques protestantes et catholiques à Metz au XVIIe siècle », Annales ESC, n°2, mars-avril 1985, p. 343-370.

66 Elie Fleur, « Un bibliophile messin, David Ancillon, pasteur de l’Église réformée de Metz », art. cit.

67 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 104.

68 Ibid., p. 301.

69 David Ancillon, L’idée du fidele Ministre de Jesus Christ, op. cit., p. 4-9.

70 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 95 et 100.

71 Ibid., p. 107.

72 On retrouve des allusions à la présence de domestiques au long du Discours. En 1684, un recensement montre qu’il y a encore une servante à leur service. Voir d’Alphonse Thorelle (éd.), « Extrait et Estat Général des habitants de la ville de Metz qui font profession de la religion Prétenduë Refformée », Jahrbuch der Gesellschaft für lothringische Geschichte und Altertumskunde, t. 3, 1891, p. 348.

73 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 267-271. Le nom du mari violent n’est pas donné par cette source, mais a pu être retrouvé, ainsi que la date de l’événement, grâce aux notes de l’abbé François-Jacques Poirier, Documents généalogiques de Metz. Armée, noblesse, magistrature, haute bourgeoisie, d’après les registres des paroisses. 1561-1792, Paris, Lamulle et Poisson, 1899, p. 7.

74 Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 287-294.

75 Ibid., p. 101-102.

76 Ibid., p. 102.

77 Archives départementales de la Moselle J226.

78 Michel-Edmond Richard, La vie des protestants français, op. cit., p. 49.

79 Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, op. cit., 2e édition, t. 1, p. 241, présentation prolongée dans la note F à la même page.

80 Hubert Bost, « L’histoire des Églises réformées de France dans le Dictionnaire de Bayle », dans La Vie intellectuelle aux Refuges protestants, Actes de la Table ronde de Münster du 25 juillet 1995, textes réunis par Jens Häseler et Antony McKenna, Paris, Honoré Champion, 1999, p. 244.

81 Ibid., p. 244, note 62. L’auteur pense que cet article n’est pas totalement prisonnier du Discours, mais je crois le contraire, car la 1ère édition du Dictionnaire, parue avant le Discours, ne contenait pas d’article Ancillon et que la seconde ne reprend que des éléments du Discours, sauf une erreur dans la date de naissance.

82 Je ne reviens pas sur le caractère exemplaire et stéréotypé de ce récit des dernières heures de David Ancillon. Il est donné par un écrit anonyme placé à la suite de la biographie du pasteur (Charles Ancillon, Discours…, op. cit., p. 418-495) et répond parfaitement aux règles du genre « dernières heures » exposées par Marianne Carbonnier-Burkard, « Le récit des « dernières heures » d’un théologien protestant », Etudes théologiques et religieuses, t. 71, 1996, p. 347-359.

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Pour citer cet article

Référence papier

Julien Léonard, « David Ancillon, une figure méconnue de pasteur idéal pour les protestants du XVIIe siècle »Chrétiens et sociétés, 13 | 2006, 71-87.

Référence électronique

Julien Léonard, « David Ancillon, une figure méconnue de pasteur idéal pour les protestants du XVIIe siècle »Chrétiens et sociétés [En ligne], 13 | 2006, mis en ligne le 16 juin 2022, consulté le 13 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/2123 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.2123

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Julien Léonard

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