Convertir/se convertir. Regards croisés sur l’histoire des missions chrétiennes, sous la direction de Jan Borm, Bernard Cotret et Jean-François Zorn, Paris, Nolin, 2006, 202 p.
Texte intégral
1L’ouvrage réunit onze communications dont Jan Borm et Bernard Cottret assurent la présentation tandis que Jean-François Zorn, historien et théologien des missions protestantes, fournit dans sa conclusion une vision d’ensemble synthétique et suggestive. L’ambition était de procéder à une comparaison entre approches catholiques et protestantes, et à croiser démarche historique et théologique. Il en résulte des communications dont on apprécie la qualité d’analyse et la diversité des points de vue, à défaut d’en saisir toujours les convergences. La réflexion passe ainsi du modèle paulinien de la conversion, susceptible de lectures différentes et de missiologies concurrentes, à la conversion comme pratique missionnaire et comme expérience, individuelle ou collective, avant de poser la question du rapport ambivalent et ambigu entre la conversion du missionnaire convertisseur et celle du « païen » converti . Il nous semble que la question posée en conclusion par Jean-François Zorn méritait d’être davantage débattue car elle est au centre des théologies de la mission, catholique et protestante. Comment l’homme peut-il prétendre convertir si le christianisme affirme par ailleurs que la conversion lui échappe et n’est jamais achevée ? En d’autres termes, il n’est pas certain que la mission n’ait jamais été justifiée théologiquement par la conversion des païens. Le discours catholique préfère mettre en évidence l’extension géographique et la plantation de nouvelles Eglises qui relèvent clairement, au contraire de la conversion, de la responsabilité des croyants. Plus proche qu’on pourrait le croire de la théologie protestante il devient hésitant quand il s’agit de faire du salut des âmes le but de la mission, a fortiori de la légitimer par la conversion elle-même. On trouvera une réflexion sur ce paradoxe dans l’ouvrage codirigé par Nadine-Josette Chaline et Jean-Dominique Durand, La conversion aux XIXe et XXe siècles, publié par Artois Presses Universités en 1996.
2Tel qu’il est, cet ouvrage n’en contribue pas moins efficacement à élargir et approfondir la réflexion historique. Nous nous garderons bien de distinguer certaines interventions d’autant qu’on trouve au nombre des contributeurs deux chercheurs de RESEA ; Yves Krumenacker et Philippe Delisle. En somme l’ouvrage met en évidence la nécessité pour l’historien de s’ouvrir aux théologies et aux spiritualités qui ont nourri la mission. Il confirme aussi que le passage par l’histoire des missions extérieures est nécessaire pour comprendre l’histoire du christianisme européen car la confrontation à l’Autre met en lumière des dimensions négligées ou met en cause de fausses évidences.
Pour citer cet article
Référence électronique
Claude Prudhomme, « Convertir/se convertir. Regards croisés sur l’histoire des missions chrétiennes, sous la direction de Jan Borm, Bernard Cotret et Jean-François Zorn, Paris, Nolin, 2006, 202 p. », Chrétiens et sociétés [En ligne], 13 | 2006, mis en ligne le 15 septembre 2009, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/2054 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.2054
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