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Vitae et Vota :

pour une relecture des pratiques électorales au sein des communautés religieuses durant la période moderne
Véronique Castagnet

Résumés

Cet article étudie les procédures d’élection aux charges de la communauté des ursulines de Pau, un important couvent dont les effectifs ne diminuent vraiment que dans les trois décennies précédant la Révolution. Ce sont toujours les mêmes familles qui contrôlent la communauté. Mais d’autres facteurs que les stratégies familiales jouent, comme la nécessité d’élire des personnes capables. La multiplication des charges, au XVIIIe siècle, permet à des sœurs d’origine sociale modeste d’accéder à des fonctions secondaires.

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Texte intégral

  • 1 Deux articles, dont le thème était déjà celui de la communauté des Ursulines, illustrent cette prem (...)
  • 2 Ce constat fut celui de Marc Venard dès l’année 2000 : « Introduction », in Revue d’Histoire de l’É (...)

1Au cours de nos premiers travaux, les interrogations et méthodes appliquées au corpus documentaire eurent pour finalité de s’inscrire dans le courant historiographique classique porté par M. Venard et N. Lemaître afin de proposer un apport aux études sur la Contre-Réforme et la Réforme catholique dans la chrétienté européenne1. Cependant, ces dernières années, un nouveau cheminement a été suivi qui vise à relire sous un nouveau jour des sources traditionnelles2 tout en introduisant aux côtés d’un intérêt pour l’histoire sociale, des préoccupations plus sociologiques voire psychologiques. Ce parcours scientifique est enrichi par les travaux d’O. Christin et par les réflexions menées lors de son séminaire hebdomadaire à l’École Pratique des Hautes Études. Partant de faits institutionnels clairement établis, l’historien ne pourrait-il pas saisir une part de l’inconscient des individus qu’il place au cœur de ses recherches historiques ? En ce qui concerne les communautés religieuses, l’ensemble des procédures ne tendraient-elles qu’au maintien d’une ou de plusieurs familles apparentées à la tête de la communauté grâce à des stratégies ou des réseaux d’alliances ? Cette hypothèse repousse la question d’un choix fait par chaque religieuse en son for intérieur, selon des motivations très diverses. Les élections ne seraient-elles pas plutôt des pratiques privilégiées au sein des communautés religieuses, et non pas tant des chambres d’enregistrement de volontés extérieures à la clôture ?

2Afin de mesurer la validité de ce raisonnement, un exemple singulier a été choisi : la communauté des religieuses ursulines de Pau (diocèse de Lescar) entre 1675 et 1792. Du fait de l’instauration de l’ « exclusivité protestante » en terres béarnaises entre 1571 et 1598 selon l’expression de Mark Greengrass, entre les ordonnances d’Arros et l’Edit de Fontainebleau, la pénétration de la Contre-Réforme et l’implantation d’ordres post-tridentins furent tardifs en Béarn. L’activité des Ursulines débuta, dans le diocèse d’Oloron, en 1632, et dans le diocèse de Lescar, en 1675. Le décalage chronologique observé dans les deux diocèses béarnais met en évidence une démarche dissociée, sans doute liée à la faveur épiscopale toute particulière de la dynastie des Maytie à Sainte-Marie (siège épiscopal du diocèse d’Oloron) et de la ferveur catholique des familles oloronaises. Le contexte palois fut différent en raison de la concurrence entre les ordres religieux fort nombreux dans la capitale béarnaise depuis 1620 (fondation du collège des Jésuites) ; en raison aussi du succès du protestantisme chez les familles parlementaires en particulier.

  • 3 Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, 1 Mi 194 bobine 1.

3La connaissance du fonctionnement de cette communauté repose aujourd’hui sur trois documents essentiels : le registre des délibérations de la communauté, « Toutes les réceptions, les délibérations de chapitres et les élections sont marquées dans ce livre de nos archives depuis l’année 1675 que notre établissement a commancé » jusqu’en 1792 ; celui des vêtures pour l’ensemble de la période moderne ; et la copie manuscrite de la règle des Ursulines appliquée au couvent palois A la plus grande gloire de Dieu. Constitutions du monastère des religieuses de Ste Ursule de l’ordre de St Augustin3. L’ensemble, d’une qualité exceptionnelle dans le cas béarnais, se présente sous forme manuscrite et doit être complété par la consultation plus fastidieuse de notaires (afin de retrouver des constitutions de dot), et d’ouvrages imprimés (en particulier des statuts et des règles inspirées par les écrits de saint Augustin pour faire un parallèle avec d’autres fondations). Les signatures portées au bas de chaque élection en assemblée capitulaire fondent les conclusions de l’historien sur le parcours effectué par chaque sœur au sein du couvent pour ce qui relève de sa carrière dans une perspective prosopographique. De plus, le registre des vêtures, et surtout les notices nécrologiques qu’il contient, encouragent le chercheur à mettre ces faits en relation avec la pensée, le ressenti des sœurs pour proposer une vision choisie, plus humaine, plus intimiste, de la carrière, des capacités de chaque sœur. Le croisement de ces différentes sources et le changement de méthodologie mettent en évidence un nouvel intérêt pour les procédures électives internes aux communautés. La communauté religieuse accordait un caractère fondamental à l’organisation des élections et nominations, durant toute son histoire comme régulatrice d’une vie sociale riche au sein du couvent.

Devenir électrice et/ou être éligible

4Tous les emplois à pourvoir au sein de la communauté ne relevaient pas de la même procédure ; toutes les sœurs n’avaient pas la capacité de voter ; toutes n’étaient pas éligibles. Quelques-uns de ces paramètres purent changer au cours de l’histoire de la fondation paloise.

Les sœurs vocales : définition

5Seules les sœurs vocales, celles qui ont « voix au chapitre », se prononçaient lors des élections au sein de la communauté. Dans la fondation parisienne,

  • 4 Marie-Andrée Jégou, Les Ursulines du faubourg Saint-Jacques à Paris 1607-1662 : origine d’un monast (...)

« les religieuses entraient au chapitre après quatre ans de profession, jusqu’à ce que l’assemblée comprenne vingt-cinq membres. Lorsque ce nombre était accompli, les jeunes professes n’acquéraient voix active et passive au chapitre qu’après douze ans de profession4 ».

6Pour la communauté paloise, les professes n’accédaient au chapitre avec voix active que trois ans après leur noviciat et après avoir reformulé leurs vœux devant cette assemblée. Aucun numerus clausus n’était stipulé dans les constitutions manuscrites de cette fondation : de taille modeste, cette communauté permettait à toutes les sœurs de participer aux élections, à l’exception de celles qui étaient reçues comme sœurs domestiques.

Augmentation du nombre de sœurs vocales, succès de la communauté

  • 5 Pour Dominique Dinet, « le XVIIIe siècle ne se présente nullement comme une époque de déclin monast (...)
  • 6 Louis Pérouas cite une tendance similaire pour le diocèse de La Rochelle, Le diocèse de La Rochelle (...)
  • 7 Les sources émanant de la communauté paloise n’invitent pas le chercheur, en raison de leur faibles (...)

7L’électorat s’accrut donc en fonction de l’essor de cette communauté religieuse et de son engouement auprès des familles béarnaises. Ceci se produisit selon un rythme ternaire. Entre 1676 et 1694, après une phase critique entre 1679 et 1681, le nombre des sœurs vocales augmenta nettement de 6 à 28, avant de connaître une phase de stabilité jusqu’en 1745 (entre 28 et 33 sœurs siégèrent à chaque assemblée capitulaire) puis une baisse en deux temps (1743-1758, période au cours de laquelle l’Église catholique subit une inflexion dans d’autres diocèses également d’où une chute modérée de 28 à 22 vocales, période suivie par une baisse de 22 à 14). L’engouement initial s’explique en partie par le nouveau recrutement religieux attentif aux nouveaux convertis, alors que pour le XVIIIe siècle, le déclin des effectifs ne devint réellement important que quelques décennies avant la Révolution. Cette tendance est proche de celle rencontrée dans les autres ordres religieux des diocèses français5. Néanmoins, le couvent maintint un effectif de plus d’une vingtaine de sœurs vocales pour la quasi-totalité du XVIIIe siècle. La baisse d’influence de ce couvent dans le contexte des Lumières et une plus grande attraction pour d’autres ordres religieux expliquent ce phénomène. Par ailleurs, la nécessité d’éduquer les enfants de nouveaux convertis se tarit. Or précisément cette finalité fut rappelée dans le registre de la communauté. En outre le couvent dut parvenir à saturation n’ayant plus les infrastructures et les revenus6 pour entretenir davantage de personnel, des domestiques aux sœurs vocales, en passant par les jeunes filles pensionnaires7.

Conditions d’éligibilité pour les sœurs vocales

8Les premières religieuses béarnaises furent autorisées à se prononcer lors des élections à partir des années 1704-1705. La relève entre les fondatrices, foraines, et les premières béarnaises devait se préparer très tôt, plus de dix ans auparavant, en raison des conditions d’âge (30 ans) et de durée de profession (10 ans) nécessaires pour prétendre accéder à la plus haute charge élective.

Le « gouvernement » de la communauté

Les charges importantes et leurs enjeux pour la communauté, pour les historiens

  • 8 Ces élections sont définies dans le même chapitre des constitutions : chapitre 25.

9Les élections retenaient toute l’attention des religieuses en particulier celles du « gouvernement » de la communauté : autrement dit, pour le choix de la sous-prieure, des discrètes et des officiers de la communauté8. Toutes se déroulaient le même jour que l’élection de la supérieure, et de la même façon. Cependant, la supérieure avait deux voix pour l’élection de la sous-prieure. Cette dernière ne pouvait briguer plus de deux triennes et devait avoir impérativement plus de dix ans de profession. Quant aux discrètes, elles étaient élues l’une après l’autre, la première, la deuxième, la troisième et la quatrième.

Sur les officières

10L’élection des officières de la communauté incombait entièrement aux supérieure, prieure et discrètes, selon la règle de la pluralité des voix, ce qui pourrait attester une mainmise de la part de ces dernières sur l’organisation générale de la communauté.

  • 9 A la plus grande gloire de Dieu. Constitutions du monastère des religieuses de Ste Ursule de l’ordr (...)
  • 10 Chapitre 26.

« Le meme jour les meres prieure, souprieure et les discrettes s’assembleront pour faire par les voix secrettes des billets, l’election de la mere des novices, de la mere des jeunes professes, des sacristaines, de la procuratrice, de la garde clef, des portieres, de la secretaire, de la garde clef des archives, de la prefette des classes, que l’on nommera chacune séparésment et par la pluralité des voix, dont les billets seront lû par la mere prieure, souprieure, et une discrette elue entre elles pour ce sujet, qui servira aussi pour voir avec la mere prieure et souprieure les billets de l’election des auditrices des parloirs9 […] Tous les ans, au jour que l’election aura été faite, la Mere prieure assemblera avec elle la souprieure et les discrettes, pour renouveler ou continuer les officières annuelles, sçavoir les sacristaines, la procuratrice, la garde clef, les portieres, la secretaire, la garde clef des archives la prefete des classes, la principale et les maîtresses des filles pensionnaires et de classe10. »

  • 11 « Qu’elle [la supérieure] réunisse tous les quinze jours son conseil pour prendre ses lumières sur (...)
  • 12 Marie-Andrée Jégou, Les ursulines du faubourg Saint-Jacques à Paris 1607-1662 : origine d’un monast (...)

11Dans le cas de la communauté paloise, aucun conseil n’était explicitement mentionné afin d’aider la supérieure dans la prise de certaines décisions. Il est pourtant cité dans les constitutions bordelaises11 et dans le cas parisien. D’après l’étude de Marie-Andrée Jégou, le conseil (à ne pas confondre avec le chapitre des sœurs vocales) était composé des trois premières conseillères (assistante, zélatrice et dépositaire) soit les discrètes élues par la communauté, et trois autres sœurs nommées par la supérieure avec l’avis des discrètes déjà élues. Ce conseil se réunit tous les mois en 1623, puis 3 à 4 fois par an en 1640 pour des questions financières telles que les dons faits à la communauté, l’augmentation du prix des pensions, l’achat ou la vente de biens, l’envoi de religieuses en fondation, l’acceptation de pensionnaires ayant un âge avancé, l’examen des jeunes filles demandant accès au noviciat… examen avant que ces propositions ne passent à la délibération du chapitre12.

  • 13 Chapitre 29.

12L’absence d’un tel conseil dans la fondation paloise souligne la place accordée aux pratiques électives, la supérieure ne pouvant s’entourer sur simple nomination de religieuses ayant titre de discrètes et placées sur le même plan que des religieuses, discrètes elles-aussi, mais élues par la communauté. Le mandat des discrètes paloises était ainsi plus légitime car conféré par les sœurs vocales. Leur fonction revêtait un caractère consultatif pour la supérieure, ce pourquoi elles étaient également qualifiées d’assistantes. Discrètes, car « elles tiendront secret ce qui leur sera proposé et communiqué, comme aussi les délibérations qui se tiendront entre elles »13.

13La supérieure bordelaise avait également plus de pouvoirs ou d’attributions :

  • 14 Règles et constitutions de l’institut et compagnie des religieuses de Ste Ursule, Bordeaux, J. Lebr (...)

« l’élection de la Supérieure terminée, elle nommera, à son choix, la Mère préfète ou assistante, et la procuratrice ou économe. Elle ne nommera les trois conseilles, la Discrète, la Maîtresse generale des classes et la Sacristine, qu’après avoir recueilli les suffrages des Mères [les sœurs vocales] : elle pourra aussi prendre leur avis pour les autres charges, ou les distribuer à son gré14 ».

Contre les stratégies ou alliances entre familles ?

14Le résultat de cette procédure a encouragé les historiens comme Claude-Alain Sarre ou Marie-Andrée Jégou cités en bibliographie, à conclure aux alliances entre familles pour le contrôle de la communauté. Dans le cas béarnais, là encore, les mêmes noms se succèdent en alternance pour les prieures et les sous-prieures en particulier (voir pièce justificative n°1).

  • 15 A la plus grande gloire de Dieu. Constitutions du monastère des religieuses de Ste Ursule de l’Ordr (...)

15L’idée de dessein ou de stratégie familiale et sociale était rejetée par ces textes réglementaires. Ainsi « on ne pourra point elire pour souprieure une sœur germaine de la Mere prieure ny deux sœurs pour discrettes15 ». Il est vrai que la communauté avait fort peur d’alliances entre sœurs :

  • 16 Idem, Chapitre 23.

« l’occasion la plus dangereuse est en l’election de la superieure, étant tres important quelle soit legitimement elue sans aucun soupson subordination brigue ou complot et a proportion des autres oficieres (sic). Les sœurs seront tres soigneuses de ne se laisser pas emporter a aucune passion ou affection dereglée, qui tende a aucun interêt particulier, de faire élire telle ou telle et de le persuader par discours ou autrement16 ».

  • 17 Ces difficultés sont évoquées à plusieurs reprises par exemple dans l’ouvrage de Claude-Alain Sarre (...)

16Or l’historiographie a montré que ces élections pouvaient donner lieu à de grands bouleversements et troubles au sein des couvents, à l’issue du contournement des interdictions stipulées par la règle17.

Devenir prieure ou supérieure de la communauté

17Seules les sœurs vocales intervenaient dans le choix de la supérieure de la communauté, les sœurs ayant voix passive ainsi que les novices pouvaient cependant assister au bon déroulement de la procédure, en présence du supérieur ecclésiastique (en ce cas un religieux jésuite jusqu’en 1763) et de l’Ordinaire (l’évêque de Lescar). La procédure se décomposait en deux phases successives, laissant la possibilité à la minorité de s’exprimer face à la majorité voire de la mettre en difficulté.

La procédure prévue par les statuts et règles

18Comme pour la fondation bordelaise,

  • 18 Règles et constitutions de l’institut et compagnie des religieuses de Ste Ursule, Bordeaux, J. Lebr (...)

« la Supérieure sera élue de trois ans en trois ans ; elle pourra être continuée dans l’exercice de sa charge trois autres années, et successivement de même, avec l’autorisation spéciale de l’Ordinaire sur le vœu exprimé de la communauté. L’élection se fera en présence du Supérieur ecclésiastique, ou d’un Prêtre commis pour cet effet, par suffrages secrets, selon le Concile de Trente : la Religieuse qui réunira plus de la moitié des voix sera approuvée par le Supérieur, et confirmée par l’Ordinaire […]. Le jour de l’élection, après avoir communié, elles procèderont à l’élection et choisiront celle qu’elles jugeront devant Dieu la plus capable de remplir cette importante fonction18 ».

19Lors de la première étape, les suffrages étaient exprimés par écrit sur des billets que chaque sœur vocale devait déposer dans une boîte « percée qui sera sur une petite table prez la grille [de clôture] », devant l’ensemble de l’assistance et face à un public extérieur à la communauté (l’évêque ; pour les laïcs la question reste en suspens). Le dépouillement de cette urne permettait d’assurer l’anonymat des votes tout en laissant aux votantes la possibilité de choisir pour n’importe qu’elle d’entre elles : seuls le supérieur ecclésiastique aidé par son assistant « regarderont secrettement si l’élection se trouve faite, une meme sœur ayant plus de la moitié des voix ». Immédiatement après, les billets étaient brûlés par les deux hommes. Plusieurs sœurs pouvaient ainsi avoir été choisies lors du premier tour de scrutin. Si la majorité n’était pas atteinte même après plusieurs scrutins secrets, le supérieur ecclésiastique était en mesure de nommer les deux sœurs ayant recueilli le plus de voix, afin d’organiser un dernier tour de billets : nommer en ce sens n’indique en aucune façon l’intervention de la hiérarchie ecclésiastique dans ces élections, mais le fait de rendre public, à haute et intelligible voix, les deux candidates les mieux placées. La communauté était invitée à se prononcer sur une alternative cette fois : l’une d’entre elles avait ainsi plus de chance, mathématiquement, d’obtenir la majorité requise. L’expression des minorités était ainsi détournée sur deux noms, minimisant les possibilités d’éclatement de la communauté et rendant l’élue légitime, car élue selon le principe de la majorité des voix. L’ensemble de la procédure élective se déroulait sur une journée, ce qui pouvait éventuellement aboutir à des changements de vote en toute conscience, les discussions entre sœurs vocales étant rigoureusement interdites.

20La contestation restait possible lors de la seconde étape de ces élections : à ce stade, seules les religieuses de la communauté intervenaient dans l’élection et dans le dépouillement des voix :

« la premiere scrutatrice portera a chaque Religieuse deux fêves, l’une blanche et l’autre noire, et celles qui voudront confirmer celle qui aura été élûe et nommée mettront la fêve blanche dans la susdite boette qui sera au meme lieu qu’il a été dit, et au contraire celles qui ne la voudront pas confirmer, ou qui ce voudront retracter pour faire une meilleure élection mettront le fêve noire, et si la sœur qui a eu plus de la moitié des billets, se trouve avoir plus de la moitié des fêves blanches celuy qui preside a l’election la declarera, et publiera pour prieure du monastere le trienne prochain ; que si au contraire il se trouve quelle ayt point plus de la moitié des billets, jusquesa ce qu’une meme sœur ayt tout ensemble et plus de la moitié des billets et plus de la moitié des fêves blanches (sic) ».

21Le choix des deux scrutatrices s’avérait des plus importants afin d’assurer la neutralité des dépouillements et l’impossibilité des manipulations. Ainsi, d’après les constitutions paloises, « la veille de l’election, elles [l’ensemble des sœurs vocales] eliront deux sœurs scrutatrices par voix secrette des billets pour prendre les voix des malades s’il y en a, et pour tout ce qu’il y aura a faire jusqua ce que l’élection soit faite, et elles ne pourront être scrutatrices que cette election prochaine ». Leur intervention était requise lors d’une phase où il était impossible de connaître le vote de telle ou telle sœur : la préservation de l’anonymat du vote restait une obligation. Elles veillaient au respect des votes exprimés, sans manipulation modifiant le nombre des fèves à décompter : le dépouillement devait être fait, les mains de la scrutatrice loin de la table, et à l’aide d’une baguette, pour dissocier fèves noires et fèves blanches.

22Un soin extrême était donc apporté à ces élections au sein de la communauté religieuse : tous les trois ans, l’ensemble des voix, y compris les dissidentes, pouvaient s’exprimer, sans que la communauté n’en souffrît. La procédure élective essentielle aboutissait au choix de la supérieure à l’issue de la consultation de certaines sœurs de la communauté alliant la règle de la majorité des voix à celle de la pluralité des voix tout en permettant l’expression des minorités.

Quinze prieures entre 1675 et 1789

  • 19 L’analyse des registres de la communauté complétée par les sources notariales révèle que 151 Ursuli (...)
  • 20 Agnès de Jésus (morte en 1693) ; Catherine de Ste Thérèse (morte en 1715) ; Jeanne Marie de St Mich (...)

23D’après la reconstitution prosopographique, 15 prieures19 se succédèrent dont certaines obtinrent, le cas échéant, la permission de l’évêque pour briguer plusieurs fois ce mandat et échangèrent momentanément leur office avec leur ancienne sous-prieure20.

24Durant la première époque de ce couvent, de la fin du XVIIe siècle au début du XVIIIe siècle, l’administration fut détenue par les religieuses fondatrices venues de Dax et de Bayonne. La personnalité la plus marquante est celle de Catherine de Ste Thérèse, élue prieure à 7 reprises (1676, 1679, 1683, 1686, 1688, 1695 et 1699). Deux autres sœurs participèrent à la longévité de son règne : Agnès de Jésus fut sa sous-prieure à 4 reprises (1679, 1683, 1686 et 1692) ; Jeanne Marie de St Michel brigua un trienne à partir de 1692 avant de lui succéder à la tête du couvent (élections de 1705 et 1708). Cependant, seul le récit de vie de Catherine de Ste Thérèse, par sa richesse lexicale et sa valeur d’exemple, revêt quelques singularités notables.

  • 21 Règles…, p. 171.

25La notice de Catherine de Ste Thérèse, rédigée en 1715, célèbre le quarantième anniversaire de la fondation avec une fidélité aux textes fondamentaux. À noter que cette célébration intervint lors d’un trienne d’une des premières supérieures paloises, formée par la défunte. Les œuvres de cette dernière s’inscrivent ainsi pleinement dans les fonctions assignées à la Supérieure par la règle. « La véritable marque de la volonté de la Supérieure à la charge qu’elle occupe, est d’être aussi prête à déposer la place qu’à la conserver, et d’avoir un grand zèle pour le soin des âmes que Dieu lui a confiées, sans avoir égard à autre chose qu’au seul intérêt de la gloire de Dieu21 », soulignaient les statuts de la communauté de Bordeaux. La biographie se termine en apothéose édificatrice pour l’ensemble de la communauté. Le registre des vêtures a une valeur commémorative toute particulière en ce cas : il s’agit, d’après la nature de cette source, de se souvenir des actes les plus notables et exemplaires de chacune et pour le bien de la communauté. En ce sens, la très belle et riche notice consacrée à la sœur Catherine de Ste Thérèse pourrait sembler un modèle en somme, d’autant qu’elle relata la vie, au seuil de la mort, de la première prieure de la communauté paloise.

  • 22 En effet, plusieurs rédactrices se succédèrent, aux orthographes et écritures variées ; aucun éléme (...)

26Or, ces lignes ne constituèrent pas un modèle narratif édifiant retenu par les scriptrices successives de ce registre de vêtures. Durant le XVIIIe siècle, les anonymes qui consignèrent par écrit la vie de leurs consoeurs nommèrent des tâches accomplies au sein du couvent, sans omettre des descriptions plus personnelles : elles donnèrent ainsi plus d’individualité aux prieures. Le récit de la vie accompagné de celui de la mort de la religieuse (les deux sont rassemblés dans la même notice) ne fut plus le lieu d’édification pour les survivantes. Il devint la célébration des sentiments, de la personnalité, des qualités de la défunte, en s’éloignant du stéréotype initial de la sœur exemplaire. La perception de la profession des 14 prieures, par la ou les rédactrices, n’est pas homogène : elle présente 5 groupes différents, inconsciemment ménagés par la plume de la ou des auteures22.

27Le premier isole le parcours de la sœur Jeanne Marie de St Michel, morte en 1719. Deux éléments justifient cette spécificité et quelques similitudes avec le récit de la sœur Catherine de Ste Thérèse : à en juger par le style employé et la structure du récit, l’auteure doit être la même pour les deux notices et elle choisit de consacrer des témoignages très proches sur la vie des deux premières prieures de ce couvent. Toutefois, cet amalgame s’accorde mal avec les faits et une différence dans l’action des deux sœurs est à noter. Si Catherine de Ste Thérèse et Jeanne Marie de St Michel furent toutes deux foraines aux diocèses béarnais, l’œuvre de la seconde fut plus modeste en apparence : elle ne régna que durant trois triennes, travaillant pendant 30 ans dans l’ombre de la personnalité charismatique de sœur Catherine de Ste Thérèse. Pendant les trois premières décennies de ce couvent palois, elles se partagèrent véritablement le gouvernement de la communauté. Sans doute n’était-elle pas assez étoffée pour qu’un certain renouvellement dans l’exercice des charges fût instauré. Sans doute aussi avaient-elles acquis l’expérience nécessaire à la création d’un couvent et à sa pérennité durant leur formation dans leur premier monastère (Dax, Bayonne). Par ailleurs, la communauté s’accrut considérablement, passant de 10 sœurs en 1684 à 25 en 1689 puis à 29 en 1720…

  • 23 Sœur Jeanne Marie de St Michel demanda à l’évêque son maintien dans l’office de sous-prieure en 170 (...)

28Force est de constater que sœur Catherine de Ste Thérèse et sœur Jeanne Marie de St Michel, aux personnalités différentes, alternèrent pour les postes de prieure et de sous-prieure, dans le plus grand respect de la règle et sans solliciter systématiquement la permission de l’évêque pour poursuivre un trienne supplémentaire23. Même si la carrière de sœur Jeanne Marie de St Michel fut avant tout celle d’une sous-prieure zélée (5 triennes, d’après les élections en 1689, 1695, 1699, 1711 et 1714), cette sœur se fit polyvalente, cumulant des expériences : discrète (en 1676, 1679, 1683 et 1686), elle devint maîtresse des novices (1676, 1679, 1699, 1714), maîtresse du pensionnat (1680, 1691), procuratrice (1681, 1687), secrétaire (1694, 1697, 1701), sacristaine (1680) et « compagne des hommes » (1688). Comme toutes les prieures du couvent palois, elle eut aussi comme mission, à la fin de sa vie, la garde des clés des archives de la communauté (1701, 1711, 1712, 1713). Ces deux itinéraires illustrent l’importance de la communauté au-delà de leurs éventuels soucis de carrière personnelle : les sœurs assument des fonctions pour lesquelles leurs capacités étaient reconnues par leurs consoeurs.

  • 24 Pour sœur Marie Josèphe des Séraphins, la noblesse parlementaire.
  • 25 Les parents de sœur de St Pierre furent en mesure de verser une aumône dotale de 2000 livres et 500 (...)

29Pour le second groupe associant sœur Marie Josèphe des Séraphins (morte en 1727) et sœur de St Pierre (morte en 1732), le discours de la rédactrice s’inscrit en parallèle avec la collecte des faits relevés dans les actes des assemblées capitulaires. Ces deux sœurs accomplirent une carrière au terme de laquelle leur action fut couronnée par l’accession à l’office de supérieure et de sous-prieure. Deuxième point de comparaison, elles eurent toutes deux des postes équivalents, qui les amenèrent à assister régulièrement la prieure de leurs conseils : portière (sœur Marie Josèphe des Séraphins en 1697, 1702, 1704, 1707 et 1710 ; sœur de St Pierre en 1699 et 1712), sacristaine (sœur Marie Josèphe des Séraphins en 1681, 1689, 1701, 1703, 1706, 1711, 1712, 1713 ; sœur de St Pierre en 1702 et 1705). Pour le reste, sœur Marie Josèphe des Séraphins acquit une place plus privilégiée tout de même dans le couvent, en étant élue régulièrement discrète dès 1683 (puis en 1692, 1695, 1702, 1711, 1714, 1720 et 1723). Sœur de St Pierre assuma plutôt des fonctions de procuratrice (1707, 1715, 1720, 1721, 1722, 1723). Au moment du décès de sœur Marie Josèphe des Séraphins, le choix de la communauté se porte sur sœur de St Pierre qui n’a ni les mêmes origines familiales, ni les mêmes origines sociales, ni les mêmes origines géographiques que la défunte. Mais sans doute étaient-elles liées toutes deux par des affinités personnelles, une amitié, une entente dans le suivi des affaires du couvent : loin de succomber à un réseau d’alliances familiales (en ce cas entre la noblesse de robe24 et la bourgeoisie aisée25), la communauté aurait ainsi pu apprécier et reconnaître ces qualités.

  • 26 Pour sœur Françoise des Anges : discrète (1699, 1708), garde-clés des archives (1703, 1720), maître (...)
  • 27 Pour sœur de l’Annonciation : aide portière (1735, 1736) et portière (1748, 1749, 1761), compagne d (...)

30Le troisième groupe, constitué de sœur Françoise des Anges26 (en profession dans le couvent palois entre 1677 et 1724) et de sœur de l’Annonciation27 (1734-1788), repose uniquement sur la similitude de la carrière : toutes deux ont exercé une grande diversité d’emplois avant de connaître l’élection à l’office de prieure et de sous-prieure. L’analyse pourrait par ailleurs laisser penser que en raison de ce grand nombre de fonctions exercées, la notice ne saurait rester que générale et qu’on ne saurait désormais consacrer plusieurs pages à l’évocation de la vie des prieures du XVIIIe siècle, un hommage appuyé ayant été réservé uniquement à la première prieure de la communauté paloise.

31La rédaction se fait encore plus standard, plus uniforme, dans le groupe de sœur de St Augustin (1678-1722), sœur du Calvaire (1715-1748), sœur Thomas de St André (1699-1758), sœur Rose de St Bernard (profession de 1697 à 1764), sœur de St Nicolas (1719-1773), sœur de St Paul (1736-1788), et sœur de St Charles (1756-1788). Ici, sans être trop dissertes, les rédactrices prirent le soin d’évoquer les fonctions exercées au sein du couvent, les qualités personnelles de la mère et les conditions de sa mort : l’ensemble ne relève plus du genre hagiographique mais reste respectueux, élogieux, essayant même de placer la personnalité au cœur de la notice.

Pour en finir avec la question des stratégies familiales

32Les résultats de la procédure élective pour le choix de la prieure et de la sous-prieure, personnes de pouvoirs au sein de la communauté, l’analyse des récits de vie de toutes les religieuses, mettent en évidence d’autres logiques et explications possibles que celles des réseaux et des alliances familiales immuables sur plusieurs décennies.

L’importance du droit d’aînesse contre la possible carrière d’une cadette

  • 28 Cette religieuse appartient au troisième groupe de religieuses évoquées plus haut.

33La présentation de sœur Marie de la Visitation28 (1706-1745) soulève quelques interrogations car la pauvreté lexicale et factuelle de sa notice ne se justifie pas au regard de l’action accomplie par cette dernière au sein de la communauté. Seuls les apports du registre des décisions capitulaires permettent de reconstituer son parcours : elle fut compagne des hommes (1735), garde-clés des archives (1725, 1734, 1737, 1742, 1743), maîtresse (1711, 1721), portière (1722), procuratrice ou procureuse (1726, 1727, 1728, 1733, 1734), sacristaine (1720, 1724), vestiaire (1739). Elle exerça en fin de carrière les fonctions de sous-prieure (élection de 1736 et 1742) et de prieure (élections de 1740). Ni l’exercice des offices de sous-prieure (élections de 1736 et de 1742) et de prieure (élection de 1740), ni ses origines familles ne furent mises en évidence pour la mémoire de la communauté dans le registre de vêtures.

  • 29 En Béarn, les parents versèrent en moyenne une aumône dotale de 2250 livres. Les variations furent (...)

34Parmi les Ursulines figurent deux sœurs de Marie de la Visitation : sœur Anne de Ste Claire (profession entre 1705 et 1734) et sœur de Ste Thérèse (1721-1737). Toutes trois furent dotées également de 2500 livres par leurs parents Jean de Mosqueros, conseiller au parlement de Navarre, du diocèse de Dax, et de dame Marie Darridole, du diocèse d’Oloron29.

  • 30 Le choix de ce prénom n’est pas anodin. Les parents, Jean de Mosqueros et Marie de Darridole, préno (...)
  • 31 maîtresse (1726, 1727, 1729, 1731) ou seconde maîtresse (1735), maîtresse de chœur (1725, 1736), ma (...)

35En réalité il semble que sœur Marie de la Visitation ait connu une ascension plutôt promise à sa sœur Anne, en religion Anne de Ste Claire. La notice de cette dernière insiste davantage sur ses qualités religieuses et l’étendue de ses talents. Or les apports de la prosopographie présentent Anne comme une des sœurs essentielles de la communauté : elle fut maîtresse (1711, 1712, 1713, 1714, 1721, 1723), maîtresse du chœur (1725, 1728), maîtresse principale (1729, 1730) portière (1720, 1728), procuratrice (1732), sacristaine (1722) et surtout discrète en 1729 et 1732, à la fin de sa vie. La troisième Ursuline de la famille, Anne de Mosqueros30, en religion sœur de Ste Thérèse (profession entre 1721 et 1737), suivit une carrière plus modeste au sein du couvent palois : elle n’exerça pas de fonction d’officière durant sa profession31.

  • 32 Le Béarn connaît le régime de l’aînesse intégrale : la Maison, entité juridique, foncière et famili (...)
  • 33 Elle prononça ses vœux 13 ans auparavant.

36Toutefois, entre 1721 et 1734, la présence de ces trois sœurs aurait pu aider l’une d’elles à briguer une fonction préférée, même si les textes fondamentaux insistaient, en théorie, sur le devoir de réserve des parentes lors du déroulement des élections et des nominations. L’importance de la carrière de la sœur Anne de Ste Claire, par rapport à celle de ses deux sœurs, est liée à sa position d’aînesse selon les attentes familiales et sociales32. De plus, la mort prématurée de sœur Anne de Ste Claire a amené Marie de la Visitation, sœur de Ste Thérèse étant trop jeune en religion33 à relever le dessein familial et social en devenant lors des élections suivant le décès de sa sœur sous-prieure (1736) puis prieure (1739). La prestigieuse présence de la famille au sein de la communauté était assurée, ce que l’ensemble de la société paloise pouvait remarquer.

Préparer la relève : la succession des premières fondatrices

37À l’issue d’une rapide lecture, l’historien pourrait conclure que les familles de Mesplès (famille de conseillers et d’avocats au Parlement de Navarre séant à Pau) et de Saint-Pée (détenant la lieutenance royale) se répartirent les triennes, grâce à l’action de leurs filles, au sein de ce couvent d’esprit post-tridentin. Car Marie de Mesplès, devenue en religion, sœur de St Augustin (profession entre 1678 et 1722) fut élue prieure en 1703, 1711 et 1714 ; aux élections de 1720 elle devint sous-prieure, laissant la charge de prieure à Françoise de Saint-Pée, devenue en religion sœur Françoise des Anges (profession 1676-1724). Marie de Mesplès accéda à la tête de la communauté car elle suivit les mères fondatrices dacquoises comme jeune novice. Ce binôme fut dissout par la mort de sœur de St Augustin, c’est la sœur Marie Josèphe des Séraphins qui prit la relève de la charge de prieure en 1724.

  • 34 Pour sœur de St Augustin : 1680, 1695, 1697, 1701, 1704. Pour sœur Françoise des Anges : 1705, 1706 (...)

38Or depuis 1723, sa parente, sœur Françoise des Anges, était sous-prieure de la communauté, sa sœur germaine, Jeanne de Saint-Pée, devenue en religion sœur Madeleine de La Croix étant morte depuis 1695. Le rôle de ces sœurs et de leur famille dans l’essor du couvent est à rapprocher aussi de l’exercice par sœur Françoise des Anges et par sœur de St Augustin de la charge de procuratrice34, poste important durant les premiers temps d’une fondation, poste dans lequel elles purent bénéficier de l’appui de la puissance des deux familles nobles béarnaises afin de maintenir la jeune fondation ursuline.

  • 35 Fille de Pierre de Betbedé, du diocèse de Lescar, et de Philippe de Bourbon, du diocèse d’Oloron.
  • 36 Sœur Marie de St Louis exerça la charge de préfète (1686, 1706, 1709, 1710, 1713, 1721, 1731).
  • 37 Marie de Mesplès était issue d’une branche collatérale. Son père était conseiller au parlement de N (...)

39Une autre famille se vit associée à cette répartition des offices lors du décès de sœur Marie Josèphe de Séraphin : la famille Betbedé, aux origines plus modestes. Marie de Betbedé35, en religion Marie de St Pierre (profession 1682-1732), brigua un trienne de sous-prieure, en remplacement de la défunte, puis de prieure en 1732. Elle aussi avait déjà une carrière de procuratrice derrière elle (mentions en 1707, 1714, 1720, 1721, 1723, 1724) ; elle aussi pouvait compter sur le soutien, si ce n’est la voix, de sa sœur germaine et homonyme, Marie de Betbedé, en religion Marie de St Louis (profession 1683-173636). Mais en choisissant cette sœur, Marie de St Pierre, la communauté « oublia » la présence de membres de la famille de Mesplès : Quitterie de Mesplès, en religion sœur Madeleine de la Ste Trinité (profession 1710-1731) et Catherine de Mesplès, en religion Catherine de Ste Ambroise (profession 1705-1763), toutes deux filles de Paul Joseph de Mesplès, avocat général au parlement de Navarre et de dame Jeanne de Gassion, du diocèse de Lescar37.

40S’il y avait eu une quelconque stratégie familiale, toutes les sœurs apparentées à ces deux familles auraient successivement rempli des fonctions éminentes. L’explication est donc à chercher dans un autre élément clé : ces religieuses paloises succédèrent à la génération des fondatrices foraines aux diocèses béarnais. La nécessité du moment était d’assurer la pérennité de la fondation et pour ce faire de choisir des personnes capables, formées, ayant de l’instruction pour tenir les comptes et les registres d’écritures diverses : les jeunes filles issues de la noblesses semblaient désignées tout naturellement pour assurer la relève et surmonter les éventuels risques liés au changement de génération.

41Avec le succès des Ursulines auprès de l’ensemble de la société paloise, avec l’accroissement de la communauté et du nombre de sœurs vocales, grâce à l’instruction dispensée aux pensionnaires (dont certaines devinrent religieuses), les sœurs issues de la bourgeoisie furent de plus en plus nombreuses à détenir les offices de la communauté : par exemple, sœur Marie Rose de St Bernard (1697-1764), sous-prieure (1739, 1740) ou prieure de la communauté (1733, 1736, 1742, 1745, 1757, 1760) ; sœur de St André acquit au préalable une solide expérience de procuratrice (1729, 1730, 1731).

  • 38 Sœur des Anges : auditrice (1757, 1758), compagne des hommes (1751, 1753, 1754, 1760, 1762, 1763, 1 (...)
  • 39 Sœur de St Cyprien : célerière (1782, 1785), compagne des hommes (1763), dépensière (1764, 1768, 17 (...)

42Un glissement social se produisit puisque malgré la présence de filles de conseiller au parlement de Navarre ou de lieutenant du roi en Béarn (comme lors de la première phase du couvent), trois jeunes femmes, issues de familles peu connues, dirigèrent la communauté : Jeanne Lardas, en religion sœur de St Nicolas ; Marie Barrere, en religion sœur de l’Annonciation (profession 1734-1788) et Anne Lassus, en religion sœur de St Paul (profession 1736-1788). Sœur de l’Annonciation brigua trois triennes importants, la sœur de St Paul huit, alors même que Marguerite de Saint-Pée, en religion sœur des Anges, accomplissait une carrière des plus modestes38, tout comme sœur de St Cyprien39.

Le vote, une pratique plébiscitée par les sœurs au XVIIIe siècle

43La nécessité de ces pratiques électorales dans le règlement d’éventuels conflits internes, dans la recherche d’un consensus et d’une unité de la communauté, justifie l’augmentation du nombre de procédures électorales au sein du monastère dans le deuxième tiers du XVIIIe siècle.

La création de nombreuses charges

44De plus en plus de charges nouvelles (34 entre 1735 et 1778, soit au moment de l’apogée de la communauté) étaient à pourvoir par le biais de l’élection, en assemblée capitulaire, et par les sœurs vocales.

45Si certaines de ces fonctions laissent à penser que les religieuses prirent désormais soin de bien de répartir les fonctions le plus précisément possible, au point d’entrer dans un détail fastidieux au moment des assemblées capitulaires, d’autres reflètent des préoccupations caractéristiques de ce Siècle des Lumières ou de la conjoncture béarnaise : l’évolution des mœurs avec l’évocation de la musique et de la danse et du soin des perruques ; les nécessités liées à l’éducation de jeunes pensionnaires ; le souci quant au bétail pyrénéen fortement touché par l’épizootie des années 1774-1776 (d’où le souci de veiller au soin des cochons de la communauté à partir de 1778).

Fonction citée lors des assemblées capitulaires

Année de première évocation

Chargée de la cave

1748

Aide portière

1734

Suivante du maître des leçons de danse et de clavecin

1751

Chargée des clefs de la cave

1734

Chargée des clefs du vin

1752

Chargée du soin des guimpes

1734

Célérière

1755

Soin du jardin

1735

Maîtresse de l’écriture et des chiffres

1757

Aide infirmière

1735

Chargée du soin des chemises

1760

Chargée du soin des linceuls et des guimpes

1736

Chargée du soin de la cour

1760

Aide vestiaire

1737

Suivante du maître des leçons de danse

1761

Boulangère

1737

Soin de la perruquerie

1761

Soin du linge

1738

Aide à la sacristie

1762

Soin des meubles

1741

Soin de la cave

1765

Aide au soin du linge

1742

Religieuse « pour faire écrire »

1767

Chargée de la cantine

1745

Chargée du soin du clavecin

1769

Soin de l’assemblée

1746

Aide à la cave

1769

Chargée du soin du réfectoire

1746

Chargée du soin des cochons

1778

Chargée du soin du vin

1747

Suivante du maître des leçons de clavecin

1778

Une reconnaissance des religieuses d’origines modestes

46Les religieuses qui bénéficièrent le plus de cette nouvelle répartition des charges, plus nombreuses et plus variées, figurèrent au nombre des sœurs converses entrées en religion depuis le deuxième quart du XVIIIe siècle. Elles acquirent ainsi une place à part entière dans la communauté par le biais de l’exercice de ces fonctions, ce qui signale une certaine reconnaissance mutuelle. Il est deux itinéraires différents pour ces sœurs aux origines laïques modestes : soit elles accomplirent discrètement les mêmes tâches durant plusieurs années voire décennies ; soit elles eurent l’opportunité de briguer plusieurs charges durant leur profession.

  • 40 Cette sœur est boulangère en 1745, 1748, 1750, 1756, 1757, 1759, 1760, 1762, 1763, 1764, 1766, 1767 (...)
  • 41 Sœur de St Jean a la charge du vestiaire en 1736, 1744, 1748 ; elle n’est qu’aide vestiaire en 1746 (...)
  • 42 En 1746, 1748, 1749, 1751, 1752, 1757, 1758, 1760, 1761, 1762, 1763, 1764, 1765.
  • 43 Instruction des jeunes filles du dehors en 1749, 1753, 1754 ; soin des pensionnaires en 1754.

47Sœur de St Gabriel (1723-1782), sœur de St Jean (profession 1723-1761), sœur de St Félix (1723-1769), sœur de Ste Claire (profession après 1749), sœur de St Vincent (profession après 1756), sœur de St Laurent (après 1775), soeur de la Visitation (profession après 1779), appartiennent à la première catégorie avec une certaine spécialisation : la boulangerie pour sœur de St Gabriel40, le soin du vestiaire pour sœur de St Jean41, le soin du jardin pour sœur de St Félix42, l’instruction des filles du dehors et le soin des pensionnaires pour sœur de Ste Claire43. Quant aux sœurs de St Vincent, de St Laurent et de la Visitation, elles ne furent citées que trois fois lors des assemblées capitulaires de répartition des tâches : sœur de St Vincent et sœur de St Laurent travaillaient à la cuisine en 1762 toutes les deux ; sœur de la Visitation fut portière en 1780 et même maîtresse en 1788. Car, pour quelques-unes d’entre elles seulement, elles accédèrent à des fonctions plus importantes à la fin de la carrière : sœur de la Visitation en étant maîtresse comme sœur de Ste Claire avait été infirmière en 1753, 1754, 1778 et 1782.

48Pour le reste, elles restèrent assistantes ou « aides » de la sœur en charge de ces tâches mais ne furent pas autonomes à ces postes importants : sœur de St Jean avait été aide portière en 1734, aide infirmière en 1735 et aide vestiaire en 1746, 1751, 1752, 1753, 1755. Il ne semble pas que seules les qualités des religieuses intervinrent dans le choix de leurs tâches : ayant été pendant plusieurs « aides », elles acquirent durant cet apprentissage de nouvelles compétences.

  • 44 Sœur de St Alexis : infirmière (1736, 1753), soin de la cantine (1746), soin de la cuisine (1753), (...)

49Les autres sœurs converses, comme sœur de St Alexis (profession après 1723), sœur de St Barthélémy (après 1743) ou encore sœur de Ste Marthe, eurent la possibilité d’exercer une grande variété de fonctions au sein de la communauté d’après les décisions capitulaires : soin de la cantine, soin du linge, soin de la cuisine, soin de la cave, mais aussi infirmière, réfectorière ou encore vestiaire44. Se seraient-elles montrées plus industrieuses ? Auraient-elle pu bénéficier de protection au sein de la communauté parmi les officières ? La baisse des effectifs leur a-t-elle permis de postuler plus facilement à ces emplois ? Ne les a-t-on pas obligées à y postuler ?

Loin de ce que les statuts prévoyaient…

  • 45 Le chercheur ne dispose pas de renseignement sur le cursus de sœur Marie de St Laurent (morte en 16 (...)

50La règle se montrait particulièrement dure à l’égard de ces religieuses. Son respect était très strict à la fin du XVIIe siècle et encore durant la première moitié du XVIIIe siècle : les donates (religieuses entrées au couvent avec des aumônes dotales très faibles entre 300 et 500 livres), domestiques ou converses modestes ne furent pas retenues dans les assemblées capitulaires pour exercer des fonctions dans la communauté à tel point qu’il est très difficile pour l’historien de reconstituer leur « carrière » parmi les Ursulines durant cette période. Seule la sœur Cécile de St Dominique échappa à cette règle en 1705 puisqu’elle fut élue par les sœurs vocales au soin des corsets des Ursulines45. Néanmoins, ces religieuses disposèrent d’une voix lors des élections à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Cet élément revêt un caractère encore plus important surtout si l’on songe que la communauté était à cette date fort nombreuse, même si un léger déclin apparaissait. La distinction classique et inscrite dans les règles de l’Ordre et ordinairement reprise par les historiens entre les officières et les autres ne fut pas manifeste ici, pour qui étudie les récits de vie de l’ensemble des religieuses, quelles que furent leurs origines sociales, leurs fonctions, leur parcours.

  • 46 Les sœurs domestiques citées dans les sources :
  • 47 Les sœurs donates : Marienne de Bonnefon (sœur de St Augustin, présente dans le couvent en 1759), L (...)
  • 48 Les sœurs converses : Germaine Dionsabeau (sœur Germaine de Ste Anne, après 1683), Marguerite Mirem (...)

51D’après les pratiques électorales, le statut de sœur domestique ne fut pas discriminant. Il serait possible d’associer à ce groupe de 5 sœurs domestiques46 (qui disposent entre 500 et 900 livres d’aumône dotale, plus un très modeste ameublement), 3 donates47 et quelques 12 sœurs converses48 qui elles aussi sont d’origines fort modestes (aumône dotale et ameublement en moyenne de 620 livres). Or les historiens, se fondant sur les actes notariés et quelques actes de délibérations capitulaires, ne peuvent tenir compte de la carrière de ces sœurs au sein des communautés religieuses.

  • 49 Voir les pièces justificatives.
  • 50 Sur 20 sœurs citées comme donates, domestiques ou converses, seules 9 furent l’objet d’une notice n (...)

52Certes les constitutions de l’Ordre ne leur laissent espérer qu’une petite place au sein de la communauté : elles ne sauraient être, au maximum, qu’un septième du nombre de sœur vocales49. De fait, l’analyse factorielle des récits de vie de 9 de ces sœurs donates, domestiques ou converses50 reflète une grande pauvreté dans l’évocation de leur place au sein du couvent ce qui tendrait à valider l’application des constitutions de l’Ordre. Mais le croisement entre cette analyse factorielle et les éléments du fichier prosopographique illustre une évolution considérable de la mentalité de ces religieuses entre la fin du XVIIe et le XVIIIe siècle : elles pouvaient désormais être élues à des fonctions considérées comme inférieures et pourtant essentielles pour la communauté.

53Le fait que ces sœurs soient élues et non plus nommées par la supérieure, reflète sans doute une transformation de la représentation politique que les religieuses avaient de leur propre communauté. L’ascension sociale permise pour ces jeunes filles peu fortunées se limitait à l’entrée dans le couvent et à l’exercice de fonctions inférieures : l’entrée dans le groupe des officières et dirigeantes (supérieure, sous-prieure et discrètes) du monastère leur restait interdit. L’exemple de ces religieuses, donates, domestiques et converses, illustre la nécessaire adaptation de la règle au contexte social, tout en gardant l’idée d’une société inégalitaire.

54Voulant expliquer l’alternance de religieuses issues des mêmes familles durant plusieurs années à la tête de communautés religieuses, les chercheurs en histoire sociale ont tendance à ériger les réseaux familiaux comme acteurs sociaux incontournables jusque dans la clôture. Ces acteurs sociaux et leurs fortes relations ont encouragé à des explications systémiques sur de longues périodes. Pourquoi penser que les constitutions, textes réglementaires pour ces communautés, permettraient une gestion familiale des plus hautes charges de la communauté (supérieure, sous-prieure, discrètes et officières) sur le monde des offices civils, transmissibles et vénaux ? Même si certaines stratégies paraissent contradictoires, il n’en demeure pas moins que les pratiques de désignation par le vote mettent en évidence l’importance des cursus électifs ainsi que la place des barrières sociales malgré l’anonymat du nom de vêture (entre sœurs vocales et sœurs domestiques). Il ne s’agit pas non plus de penser les procédures électives comme moments d’expression d’une anachronique démocratie ou comme inutiles, inutilisées, inefficaces dans un contexte absolutiste contraignant. Au contraire, ces charges (appelées également dans le monde de la clôture : offices) furent conçues sur le modèle de charges non patrimoniales et maintinrent dans cette communauté religieuse (micro-société de nature ecclésiastique donc sans auto-recrutement possible) des procédés d’auto-régulation sans contournement de la règle.

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Annexe

Pièces justificatives

N°1 : Liste des prieures et des sous-prieures de la communauté, avec indication de leur patronyme d’origine

Prieures

Nom du père
(et fonction)

Sous-prieures

Nom du père (et fonction)

Sœur Catherine de sainte Thérèse
23/8/1689

Daima

Sœur Jeanne Marie de saint Michel
23/8/1689

Inconnu

Sœur Jeanne Marie de saint Michel
19/9/1692

Inconnu

Sœur Agnès de Jésus
19/9/1692

Inconnu

Sœur Catherine de sainte Thérèse
19/9/1695

Daima

Sœur Jeanne Marie de saint Michel 19/9/1695

Inconnu

Sœur Catherine de sainte Thérèse 30/1/1699

Daima

Sœur Jeanne Marie de saint Michel 30/1/1699

Inconnu

Sœur Catherine de sainte Thérèse
2/2/170251

Daima

Sœur Jeanne Marie de saint Michel
2/2/170252

Inconnu

Sœur Jeanne Marie de saint Michel
23/6/1705

Inconnu

Sœur Marie de saint Augustin
23/6/1705

Dominique Desclaux de Mesples
(parlementaire)

Sœur Jeanne Marie de saint Michel 23/6/1708

Inconnu

Sœur Marie de saint Augustin
23/6/1708

Dominique Desclaux de Mesples
(parlementaire)

Sœur Marie de saint Augustin
23/6/1711

Dominique Desclaux de Mesples
(parlementaire)

Sœur d Jeanne Marie de saint Michel
23/6/1711

inconnu

Sœur Marie de saint Augustin
23/7/1714

Dominique Desclaux de Mesples
(parlementaire)

Sœur Jeanne Marie de saint Michel
23/7/1714

inconnu

Sœur Françoise des Anges
23/6/1717

Pierre d’Antin (lieutenant du roi)

Sœur Marie de saint Augustin
23/6/1717

Dominique Desclaux de Mesples
(parlementaire)

Sœur Françoise des Anges
23/6/1720

Pierre d’Antin (lieutenant du roi)

Sœur Marie de saint Augustin
23/6/1720

Dominique Desclaux de Mesples (parlementaire)

Sœur Madeleine de saint Paul
14/8/1723

François de Capdeville
(juge au sénéchal)

Sœur Françoise des Anges
14/8/172353

Pierre d’Antin
(lieutenant du roi)

Sœur Marie Madeleine de saint Paul
21/8/1725

François de Capdeville
(juge au sénéchal)

Sœur Marie Josèphe des Séraphins 14/9/1724 en remplacement

Pierre d’Antin
(lieutenant du roi)

Sœur Marie Thérèse de saint Pierre
1/9/1729

Pierre de Milaa

Sœur Marie Josèphe des Séraphins
21/8/1726

Pierre d’Antin
(lieutenant du roi)

Sœur Marie Thérèse de saint Pierre
1/9/173254

Pierre de Milaa

Sœur Marie Madeleine de saint Paul
1/9/1729

François de Capdeville
(juge au sénéchal)

Sœur Marie Rose de saint Bernard
25/6/1733

Jérôme de Day
(trésorier du roi)

Sœur Marie Madeleine de saint Paul 1/9/1732

Jean de Mosqueros
(parlementaire)

Sœur Marie Rose de saint Bernard
25/6/1736

Jérôme de Day
(trésorier du roi)

Sœur Elisabeth de la Visitation
25/6/1736

Jean de Mosqueros
(parlementaire)

Sœur Marie de la Visitation
25/6/1739

Jean de Mosqueros
(parlementaire)

Sœur Marie Rose de saint Bernard
25/6/1739

Jérôme de Day
(trésorier du roi)

Sœur Marie de la Visitation 1740

Jean de Mosqueros
(parlementaire)

Sœur Marie Rose de saint Bernard
1740

Jérôme de Day
(trésorier du roi)

Sœur Marie Rose de saint Bernard
25/6/1742

Jérôme de Day
(trésorier du roi)

Sœur Marie de la Visitation
25/6/1742

Jean de Mosqueros
(parlementaire)

Sœur Marie Rose de saint Bernard
25/10/1745

Jérôme de Day
(trésorier du roi)

Sœur Catherine de saint Xavier
25/10/1745

Jean de Hiton

Sœur de saint André
28/10/1748

Pierre de Forcade

Sœur Marie de saint Bernard
28/10/1748

Jérôme de Day
(trésorier du roi)

Sœur de saint André
29/10/1751

Pierre de Forcade

Sœur Marie de saint Bernard
9/10/1751

Jérôme de Day
(trésorier du roi)

Sœur de saint Nicolas
28/10/1754

Daniel de Lardas

Sœur de saint André
28/10/1754

Pierre de Forcade

Sœur Marie de saint Bernard
28/10/1757

Jérôme de Day
(trésorier du roi)

Sœur de saint Nicolas
28/10/1757

Daniel de Lardas

Sœur de saint Nicolas
28/10/1766

Daniel de Lardas

Sœur de saint Paul
28/10/1766

Jean Pierre de Lassus

Sœur de saint Paul
17/11/1772

Jean Pierre de Lassus

Sœur de saint Nicolas
17/11/1772

Daniel de Lardas

Sœur de l’Annonciation
28/11/1775

Pierre de Barrere

Sœur de saint Paul
28/11/1775

Jean Pierre de Lassus

Sœur de l’Annonciation
28/11/1778

Pierre de Barrere

Sœur de saint Paul
28/11/1778

Jean Pierre de Lassus

Sœur de saint Paul 26/1/1782

Jean Pierre de Lassus

Sœur de l’Annonciation
26/1/1782

Pierre de Barrere

Sœur de saint Charles 29/1/1785

Inconnu

Sœur de saint Paul
29/1/1785

Jean Pierre de Lassus

Sœur de l’Annonciation
11/8/1786

Pierre de Barrere

Sœur de saint Paul
11/8/1786

Jean Pierre de Lassus

Sœur de saint Régis
18/10/1788

Joseph de Quintre ?

Sœur de La Croix
11/8/1786

Jean de Mesplès ?

N°2 : Les sœurs domestiques d’après les constitutions paloises

Le monastere pourra avoir des sœurs domestiques au nombre seulement de la septieme partie des sœurs du cœur. La mere prieure aura soin de leur donner une sœur qui pourrait être la depensiere pour leur faire la lecture le matin, et le reste du jour elle ce (sic) trouveront avec les sœurs vocales dans les autres exercices, aussi (sic) que la recreation lorsque leurs employ ne les occupera pas.

La mere prieure leur destinera une religieuse qui aura soin de les instruire, leur donnera loraison tous les soirs, leur faira quelque fois la lecture, et elles luy seront soumises sans prejudice de leurs charges.

Elles feront les offices du monastere suivant la règle qui leur sera prescrite par la superieure.

Une d’elles sera commise chaque année le jour que lon renouvelle les officieres au service des pensionnaires, les autres serviront tous les mois alternativement a la cuisine et a la boulangerie et les unes et les autres auront soin de tenir le monastère bien net, excepté le dortoir qui sera balaiyé par deux sœur du cœur qui feront c’est (sic) exercice par tour.

Les sœurs domestiques nauront jamais de voix active ny passive elle (sic) ne pourront jamais apprendre a lire sous peine d’etre tant elles que celles qui les leurs (sic) apprendront et rendront tres soigneusement aux sœurs du cœur le respect lobeissance et la charité quelles doivent, les honorant avec humilité et les servant avec toute douceur et dilection.

En un mot elles observeront tres exactement le contenu de ces constitutions suivant leur etat et leur condition laquelle les obligeant en servant Dieu de servir aussi le monastere a cause des occupations que c’est (sic) employ leur donne elle (sic) seront ecartees de lheure doraison qui se fait apres diner comme aussi des recoillections (sic) que les autres sœurs font tous les mois mais elle (sic) feront la meditation du matin ce (sic) levant a quatre heure pour la faire jusques a cinq. Elles feront avec les autres sœurs les exercices annuels de dix jours selon qu’il plaira a la Mere prieure de l’ordonner et les partager ; elles diront outres les pater de leur offices, un rosaire pour chaque defunte au lieu de loffice des morts et feront pour les sœurs decedées ce que les autres sont obligée de faire55.

N°3 : Le récit de la vie de sœur Cécile de Saint Dominique (1709)

Le 4 octobre de l’année 1709 mourut notre chère sœur Cécile de Saint Dominique âgée de 48 ans après en avoir passé en religion 27 du rang des sœurs converses Dieu a éprouvé sa patience par les grandes infirmités qui l’ont mise hors d’état d’exercer les fonctions de sa vocation presque dès son entrée en religion elle a réparé ce manquement par la pratique des vertus particulièrement par la patience avec laquelle elle a souffert ces maux et par une piété constante dont elle nous a édifié jusqu’aux derniers jours de sa vie sa dernière maladie n’a duré que huit jours Dieu lui a fait la grâce de recevoir les derniers sacrements avec une entière liberté d’esprit et des sentiment très édifiant assistée du révérend père recteur des jésuites et secourue des prières de toute la communauté.

N°4 : Le récit de la vie de sœur Susanne de Saint Philippe (1728)

Le 18me du mois d’avril de l’année 1728 mourut notre chère sœur Susanne de Saint Philippe âgée de 74 ans après en avoir passé 45 dans le service de Dieu et de la religion : cette fille fut de tout temps prévenue d’un attrait particulier pour l’état religieux, et il ne tint pas à elle de s’y confesser dès les premières années de sa vie. Son zèle pour le travail propre de son état, et encore plus pour ce qui regardait ses devoirs envers Dieu lui a fait réparer avantageusement le temps qui s’était écoulé avant il ne lui fut permis d’entrer en religion. Elle a servi sans s’épargner tandis qu’elle a eu des forces et n’a pas laissé d’être encore fort utile dans ces dernières années ou les infirmités d’un âge assez avancé ne lui ont plus permis de vacquer assidument aux travaux des sœurs converses. Elle nous a toujours édifié spécialement par la ferveur qu’elle témoignait dans la fréquentation des sacrements. Sa régularité à cet égard ne pouvait aller plus loin. Il semble que le bon Dieu ait voulu récompenser le zèle qu’il lui avait inspiré pour cela par les pressentiments les plus vifs d’une mort prochaine. Dès la veille qu’elle tomba malade de sa dernière maladie, elle fit une confession générale come elle eut souhaité la paix à la mort, et communia de même le lendemain au chœur, quoiqu’elle eut été fort tracassée durant la nuit d’une colique qui fut le commencement de sa maladie. La fièvre accompagnée de vomissemen s’y joignit le même jour elle ne douta point que le bon Dieu ne voulait la retirer de ce monde par cette voie. Sa piété lui fit envisager la mort avec beaucoup de courage, et de confiance en son époux. Elle se prépara à sa venue par une parfaite resignation à ses volontés et souhaita ardemment de recevoir le saint Viatique après s’être confessée de nouveau, mais elle en fut privée par un évanouissement qui dégénéra en léthargie. Elle demeura 5 jours en cet état au bout desquels il plut à Dieu les retirer de ce monde munie du sacrement d’extrême-onction et assitée des prières de l’église par Monsieur Egan notre confesseur.

N°5 : Le récit de la vie de sœur Marie de la Visitation (morte en 1745)

Le 13 d’août 1745 il plut à Dieu appeler à lui cette chère sœur Marie de la Visitation au grand regret de la communauté dont elle s’était acquis l’estime et la confiance par le caractère de son cœur et de son esprit les infirmités continueles (sic) dont elle a été éprouvée presqu’aussitôt qu’elle eut fait sa profession n’ont point empêché qu’elle n’ait servi la religion dans les emplois fatigants de l’instruction et de la procure dont elle s’acquittait parfaitement trouvant dans son zèle de quoi suppléer à son peu de santé elle fut élue supérieure six ans avant sa mort et nous gouverna en bonne Mère pendant trois ans mais ne pouvant joindre à ses bonnes qualités l’assiduité au train commun par rapport à ses incommodités habituelles on ne put l’obliger à se laisser élire de nouveau supérieure quelque instance qu’on lui en fit il fallut céder à ses représentations et se contenter de la faire sous prieure dans cet emploi elle conserva toujours le même zèle pour faire observer les règles celles qui regardent la charité et le support furent surtout celles sur quoi elle parut plus ardente soigneuse de les pratiquer elle même on peut dire qu’elle souffrait impatiemment les plus légères fautes à cet égard sa dernière maladie nous allarma extrêmement ce fut un engorgement au cerveau qui parut au premier instant qu’elle se plaignit cependant le bon Dieu lui fit la grâce de revenir à elle assez de temps pour se confesser et recevoir le saint Viatique deux jours avant sa mort et nous eumes la consolation de la voir munie des sacrements et mourir avec tous les secours de l’Église

N°6 : Le récit de la vie de Mère de Saint Bernard (1764)

Notre chère Mère de Saint Bernard mourut le 28 d’octobre 1764 dans la quatre vingt unième année de son âge elle n’avait que quatorze ans lorsqu’elle prit notre saint habit et l’on peut dire que sa raison était au-dessus de son âge entrant dans le noviciat elle eut l’avantage d’avoir pour maîtresse une des mères fondatrices venues de Dax s’en fut sans doute un pour elle puisqu’elle fut dès lors formée à la pratique de toutes les vertus religieuses qui la rendirent dans la suite du temps un sujet propre pour toutes les charges et tous les emplois de la maison de Dieu lui avait donné des qualités soit de l’esprit soit du corps conformes aux autres desseins qu’il avait sur elle l’ayant doué d’un caractère doux mais ferme dans les occasions nécessaires d’un grand zèle pour la régularité et pour l’instruction des pensionnaires dont elle fut souvent principale quoi qu’habituellement infirme elle n’ait pas aisé de faire les emplois de maîtresse de classe de portière de sacristaine jusqu’à ce qu’enfin elle fut élue supérieure elle fit bien voir ce que fait le zèle lorsqu’il est soutendu et dirigé par la vertu.

Toutes la respectait et l’aimait comme leur mère, sa charité et sa bonté lui attiraient la confiance de ces filles nulle qui ne trouvât auprès d’elle les secours qui lui étaient nécessaires les malades surtout éprouvait chaque jour l’effet de sa charité par les soins qu’elle se donnait pour que rien ne leur manquât zélée autant qu’attentive pour que le service divin se fit avec le respect et la décence qui convenait ; elle ne passait pas une faute au chœur elle avait la lecture et la voix fort agréable et par là même elle connaissait plus qu’une autre les fautes qu’il faisait et tâchait autant qu’il dépendait d’elle d’inspirer le même zèle en elle en qui elle connaissait des dispositions soit pour le chant soit pour la psalmodie sa dévotion ne se ralentit point par la multiplicité de ses occupations ni ses maladies presque continuelles elle puisait sans doute dans la fréquentation des sacrements les forces nécessaires dans la place du supérieure qu’elle a occupé 24 ans c’est à ses soins que nous devons le bonheur d’avoir la dévotion du sacré-cœur de Jésus établie chez nous c’est elle encore qui a fait faire les caveaux pour les mortes, fardé l’église, la boiserie qui l’entoure et le chœur tel qu’il est sans compter plusieurs autres réparations entre autres la boiserie du réfectoire qui n’était qu’un sol de terre la dévotion à la sainte Vierge aurait pu seule la caractériser nous ne doutons point que ce ne soit pas sa protection qu’elle n’est obtenu des secours bien marqué dans les différentes circonstances surtout à sa mort qui fut bien doux mais sans doute bien précieuse au yeux du Seigneur.

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Notes

1 Deux articles, dont le thème était déjà celui de la communauté des Ursulines, illustrent cette première démarche, de même que notre thèse soutenue en décembre 2002. « Une société religieuse d’esprit post-tridentin au sein d’une terre béarnaise creuset protestant entre juin 1675 et juin 1792 », in Annales du Midi, Toulouse, Privat, avril-juin 2003, tome 115 n°242, p.181-200. et « Orthéziennes et Dacquoises dans l’essor d’une communauté féminine : les Ursulines de Pau 1675-1792 », Bulletin de la société de Borda, Dax, 2002, n°465, p.47-58

2 Ce constat fut celui de Marc Venard dès l’année 2000 : « Introduction », in Revue d’Histoire de l’Église de France, tome 86, n° 217, juillet-décembre 2000, p. 322.

3 Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, 1 Mi 194 bobine 1.

4 Marie-Andrée Jégou, Les Ursulines du faubourg Saint-Jacques à Paris 1607-1662 : origine d’un monastère apostolique, Paris, Presses Universitaires de France, 1981, p. 117. Il faut tenir compte d’éventuelles variantes (quant aux chiffres et conditions de participation) propres à chaque fondation ursuline.

5 Pour Dominique Dinet, « le XVIIIe siècle ne se présente nullement comme une époque de déclin monastique permanent. À mesure que la qualité de nos traces s’améliore, le niveau des professions, malgré des irrégularités et une baisse finale, reste honorable. Sauf à la veille de la Révolution, l’allure d’une débâcle est évitée. », Vocations et fidélité, Paris, Économica, 1988, p. 131. Même si cette citation s’applique dans cet ouvrage aux ordres masculins, elle s’avère à propos ici.

6 Louis Pérouas cite une tendance similaire pour le diocèse de La Rochelle, Le diocèse de La Rochelle de 1648 à 1724. Sociologie et pastorale, Paris, S.E.V.P.E.N., 1964, p. 439.

7 Les sources émanant de la communauté paloise n’invitent pas le chercheur, en raison de leur faiblesse, à reconstituer le fichier des pensionnaires de ce couvent.

8 Ces élections sont définies dans le même chapitre des constitutions : chapitre 25.

9 A la plus grande gloire de Dieu. Constitutions du monastère des religieuses de Ste Ursule de l’ordre de St Augustin, manuscrit, copie d’une règle imprimée, Archives Départementales des Pyrénées-Atlantiques, chapitre 25.

10 Chapitre 26.

11 « Qu’elle [la supérieure] réunisse tous les quinze jours son conseil pour prendre ses lumières sur le bon gouvernement de la Communauté, dans les choses spirituelles et temporelles. » in Règles et constitutions de l’institut et compagnie des religieuses de Ste Ursule, Bordeaux, J. Lebreton, sd, p. 178.

12 Marie-Andrée Jégou, Les ursulines du faubourg Saint-Jacques à Paris 1607-1662 : origine d’un monastère apostolique, Paris, Presses universitaires de France, 1981, p. 116 et suivantes.

13 Chapitre 29.

14 Règles et constitutions de l’institut et compagnie des religieuses de Ste Ursule, Bordeaux, J. Lebreton, sd, p. 168-171 ; partie intitulée « regles particulieres » chapitre 1 « De l’Election de la Supérieure ».

15 A la plus grande gloire de Dieu. Constitutions du monastère des religieuses de Ste Ursule de l’Ordre de St Augustin, Chapitre 25.

16 Idem, Chapitre 23.

17 Ces difficultés sont évoquées à plusieurs reprises par exemple dans l’ouvrage de Claude-Alain Sarre (op. cit., p. 216 et suivantes). Nous n’avons pas trouvé de tels rebondissements pour les élections paloises.

18 Règles et constitutions de l’institut et compagnie des religieuses de Ste Ursule, Bordeaux, J. Lebreton, sd, p. 168-171 ; partie intitulée « regles particulieres » chapitre 1 « De l’Election de la Supérieure ».

19 L’analyse des registres de la communauté complétée par les sources notariales révèle que 151 Ursulines vécurent dans la fondation paloise entre 1675, année de la fondation, et 1792, année de la fermeture du couvent par les autorités révolutionnaires. En réalité, l’historien dispose de 116 notices nécrologiques mais en analysant l’ensemble de la documentation disponible et en affinant la base de donnée prosopographique, 151 noms d’Ursulines sont apparus.

20 Agnès de Jésus (morte en 1693) ; Catherine de Ste Thérèse (morte en 1715) ; Jeanne Marie de St Michel (morte en 1719) ; Marie de St Augustin (morte en 1722) ; Sœur des Séraphins (morte en 1724) ; Sœur Françoise des Anges (morte en 1724) ; Sœur de St Pierre (morte en 1733) ; Sœur de St Paul (morte en 1735) ; Sœur du Calvaire (morte en 1748) ; Sœur de Ste Rose (morte en 1764) ; Sœur de St Nicolas (morte en 1773) ; Sœur de St Charles (morte en 1785) ; Sœur de l’Annonciation (morte en 1788).

21 Règles…, p. 171.

22 En effet, plusieurs rédactrices se succédèrent, aux orthographes et écritures variées ; aucun élément (par exemple, une signature portée au bas de la notice) ne laisse d’indice sur le nom de l’auteure de tel ou tel passage du registre. De plus, les Constitutions évoquent seulement le rôle de la secrétaire quant à certains registres, mais ne cite pas le registre des vêtures :

« La secrétaire tiendra fidèlement acte de toutes les deliberations qui ce (sic) prendront en chapitre elle marquera l’an, le moy, le jour et lheure quelles auront été faites, et elle faira lecture de cet acte devant toutes les sœurs vocales et aprez l’avoir fait signer a la mere prieure, sousprieure, et aux discrettes elle-même le signera » (chapitre 34).

Un rôle important est celui de la sœur chargée du soin de la clé des archives : « il y aura un coffre ou armoire qui se fermera a deux clefs et qui sera mis dans le lieu du monastere le plus assuré, ou l’on tiendra les titres du couvent, avec un livre contenant l’invantaire de tous les biens de la maison, et un autre ou seront écrits et collationnez tous les contrats ; […] outre ces livres elle en aura encore un autre ou elle écrira toute la recepte qui se fera chaque année, meme des pensions et des charitez, marquant les (sic) nombre de personnes de qui on recevra de l’argent, avec le jour que l’on l’aura reçues (sic) et celui de l’entrée des pensionnaires » (ces sources ont disparu).

23 Sœur Jeanne Marie de St Michel demanda à l’évêque son maintien dans l’office de sous-prieure en 1701 et sœur Catherine de Ste Thérèse dans celui de prieure en 1702.

24 Pour sœur Marie Josèphe des Séraphins, la noblesse parlementaire.

25 Les parents de sœur de St Pierre furent en mesure de verser une aumône dotale de 2000 livres et 500 livres d’ameublement en 1682.

26 Pour sœur Françoise des Anges : discrète (1699, 1708), garde-clés des archives (1703, 1720), maîtresse de chœur (1680), maîtresse des pensionnaires (1704, 1712, 1713, 1714, 1720), préfète (1694), procuratrice ou procureuse (1708, 1711), sacristaine (1691, 1697, 1702, 1707), seconde maîtresse (1687, 1695) ; prieure en 1720, sous-prieure en 1723.

27 Pour sœur de l’Annonciation : aide portière (1735, 1736) et portière (1748, 1749, 1761), compagne des hommes (1752, 1764, 1775, 1778) dépensière (1740, 1748), discrète (1757, 1760, 1766), garde-clés des archives (1754), infirmière (1757), maîtresse des pensionnaires (1742), maîtresse (1739, 1741), procuratrice ou procureuse (1760, 1769, 1773), régente (1738), sacristaine (1745, 1746, 1751, 1762, 1763, 1765, 1767, 1768, 1770, 1778), chargée du soin des linceuls et des guimpes (1736), vestiaire (1743). prieure (1775 et 1778) et sous-prieure (1782).

28 Cette religieuse appartient au troisième groupe de religieuses évoquées plus haut.

29 En Béarn, les parents versèrent en moyenne une aumône dotale de 2250 livres. Les variations furent cependant très grandes, mais cette moyenne semble inférieure à celle communément admise par les historiens (Claude-Alain Sarre évoque un montant de 2 500 livres environ dans Vivre sa soumission. L’exemple des Ursulines provençales et comtadines 1592-1792, Paris, Publisud, 1997, p. 172.) : de 5000 livres pour Catherine Assat (sœur Catherine de Monique) à 300 livres pour Susanne Laforgue (sœur de la Visitation). De grandes inégalités subsistèrent aussi pour l’ameublement des jeunes novices.

30 Le choix de ce prénom n’est pas anodin. Les parents, Jean de Mosqueros et Marie de Darridole, prénomment leur enfant ainsi après que la première Anne de Mosqueros est entrée en religion (sous le nom d’Anne de Ste Claire) précisément en 1705 année de naissance de cette troisième fille, future Ursuline.

31 maîtresse (1726, 1727, 1729, 1731) ou seconde maîtresse (1735), maîtresse de chœur (1725, 1736), maîtresse des novices (1736), portière (1721, 1723), régente (1735), sacristaine (1730, 1732), soin du jardin (1735).

32 Le Béarn connaît le régime de l’aînesse intégrale : la Maison, entité juridique, foncière et familiale, élit son aînée ou aîné.

33 Elle prononça ses vœux 13 ans auparavant.

34 Pour sœur de St Augustin : 1680, 1695, 1697, 1701, 1704. Pour sœur Françoise des Anges : 1705, 1706, 1709, 1710.

35 Fille de Pierre de Betbedé, du diocèse de Lescar, et de Philippe de Bourbon, du diocèse d’Oloron.

36 Sœur Marie de St Louis exerça la charge de préfète (1686, 1706, 1709, 1710, 1713, 1721, 1731).

37 Marie de Mesplès était issue d’une branche collatérale. Son père était conseiller au parlement de Navarre.

38 Sœur des Anges : auditrice (1757, 1758), compagne des hommes (1751, 1753, 1754, 1760, 1762, 1763, 1764, 1767, 1769, 1770), discrète (1785), garde-clé des archives (1749, 1755, 1763, 1765, 1773, 1788), infirmière (1748), maîtresse (1746, 1751), maîtresse principale (1748, 1751), portière (1741), préfète (1778, 1782), régente (1744), sacristaine (1757), soin du linge (1745), suivante des leçons du maître de danse et de clavecin (1752).

39 Sœur de St Cyprien : célerière (1782, 1785), compagne des hommes (1763), dépensière (1764, 1768, 1775, 1788), garde-clé des archives (1769), maîtresse (1761), maîtresse principale (1760, 1767, 1770), portière (1782), procuratrice (1772), soin des clés de la cave (1768), soin du linge (1757, 1758), suivante du maître de leçon de clavecin (1763).

40 Cette sœur est boulangère en 1745, 1748, 1750, 1756, 1757, 1759, 1760, 1762, 1763, 1764, 1766, 1767, 1769, 1771, 1772, 1775, 1778.

41 Sœur de St Jean a la charge du vestiaire en 1736, 1744, 1748 ; elle n’est qu’aide vestiaire en 1746, 1751, 1752, 1753, 1755. Par ailleurs on lui confia la tâche d’aide portière en 1734 et d’aide infirmière en 1735.

42 En 1746, 1748, 1749, 1751, 1752, 1757, 1758, 1760, 1761, 1762, 1763, 1764, 1765.

43 Instruction des jeunes filles du dehors en 1749, 1753, 1754 ; soin des pensionnaires en 1754.

44 Sœur de St Alexis : infirmière (1736, 1753), soin de la cantine (1746), soin de la cuisine (1753), soin du linge (1763), réfectorière (1764, 1765, 1767, 1768, 1769, 1770, 1772, 1773, 1775, 1778), soin de la cave (1770, 1772, 1775, 1778).

Sœur de St Barthélémy : soin de la cantine (1748), soin du pensionnat (1749, 1751, 1753), réfectorière (1755), soin des meubles (1755, 1757, 1758, 1760, 1761, 1762, 1763, 1764, 1765), aide vestiaire (1757), vestiaire (1758, 1760, 1775, 1777, 1778, 1782, 1788), soin de la perruquerie (1761), aide apothicaire (1762, 1763, 1764, 1765, 1767, 1768, 1769, 1770, 1772, 1775, 1777, 1778, 1782, 1788).

Sœur de Ste Marthe : soin de la cantine (1747, 1749), infirmière (1753), soin de la cuisine (1753), soin du linge (1760, 1761, 1762, 1764, 1765, 1767, 1768, 1770, 1772, 1773, 1775, 1778), soin des chemises (1760), réfectorière (1761, 1762), aide infirmière (1763), soin des meubles (1763, 1764, 1765, 1767, 1770, 1772, 1773, 1775, 1778), boulangère (1782, 1788), soin des cochons (1778, 1782).

45 Le chercheur ne dispose pas de renseignement sur le cursus de sœur Marie de St Laurent (morte en 1690), sœur Marie de Gabriel (morte en 1717), de sœur Germaine de Ste Anne (morte en 1718), de sœur Catherine de St Jean (morte en 1722), de sœur Susanne de St Philippe (morte en 1728)

46 Les sœurs domestiques citées dans les sources :

Cécile de Bourbon (en religion sœur Cécile de St Dominique, en profession 1682-1709 ; acte de naissance et renseignements sur la famille Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, 5 Mi 445 R 1), Susanne de Foucaut ou Foucaud (en religion sœur Susanne de St Philippe, profession 1684-1728, acte de naissance et renseignements sur la famille Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, 5 Mi 284 R 1), Marie de Bourbon sœur de Cécile (en religion sœur Marie de St Gabriel, profession 1689-1717, sœur de Cécile de Bourbon), Catherine de Cambert (en religion sœur Catherine de St Jean, profession 1679-1722), Marie de Capdet (en religion, sœur Marie de St Laurent, profession 1682-1690, acte de naissance et renseignements sur la famille Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, 5 Mi 237 R 1).

47 Les sœurs donates : Marienne de Bonnefon (sœur de St Augustin, présente dans le couvent en 1759), Luce Berdoy (née en 1753, donate citée en 1791) et les deux Marie Lacoste (en fait, il s’agit de deux sœurs homonymes citées à la fin du XVIIIe siècle comme donates au sein du couvent des Ursulines),

48 Les sœurs converses : Germaine Dionsabeau (sœur Germaine de Ste Anne, après 1683), Marguerite Miremon (sœur de St Gabriel, 1722-1782), Marie Labay (sœur de St Félix, 1723-1769), Jeanne Faurisien (sœur de St Jean, 1723-1761), Jeanne Chicot (sœur de St Alexis, après 1723), Jeanne Labeyrie Tignay (sœur de St Barthélémy, après 1743), Marguerite Beyris (sœur de Ste Marthe, après 1746), Graci Larché (sœur de Ste Claire, après 1749), Elisabeth Vigneau (sœur de St Vincent, après 1759), Susanne Lafargue (en religion sœur de la Visitation, citée après 1779), Marie Astis (sœur de St Laurent, citée après 1775). Une incertitude demeure sur Catherine Colbert (en religion sœur de St Jean, après 1677) : était-elle sœur domestique ou sœur converse avec une très faible aumône dotale ?

49 Voir les pièces justificatives.

50 Sur 20 sœurs citées comme donates, domestiques ou converses, seules 9 furent l’objet d’une notice nécrologique. La raison en est fort simple : 10 d’entre elles, entrées au couvent dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ne décédèrent pas avant la Révolution qui marque la fin temporaire du fonctionnement de ce couvent et donc de la tenue des registres.

51  Pour une troisième fois avec permission de l’évêque.

52  Avec permission de l’évêque.

53  Morte après avoir exercé ces fonctions pendant 12 mois et 19 jours donc des élections furent organisées pour son remplacement

54  Mourant la première année de son mandat donc de nouvelles élections eurent lieu.

55 Chapitre 47 « Des sœurs domestiques ».

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Pour citer cet article

Référence électronique

Véronique Castagnet, « Vitae et Vota : »Chrétiens et sociétés [En ligne], 14 | 2007, mis en ligne le 09 juin 2022, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/201 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.201

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Auteur

Véronique Castagnet

IUFM de Douai

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