La brebis égarée et les sanglants pasteurs
Résumés
Cet article, issu d’une incursion préalable dans le fonds Lavallée de la bibliothèque de l’université catholique de Lyon, vise à offrir un regard sur la controverse confessionnelle dans le pays nîmois au tournant des XVIe et XVIIe siècles. Les écrits de Guillaume Reboul, converti au catholicisme sous l’influence du père Cotton, s’ils réagissent au rejet opéré par son ancienne communauté, sont violemment ironiques et la marque déjà d’une plume pamphlétaire qui n’est pas sur le point de se tarir, ou du moins d’une persona littéraire fructueuse. Guillaume Reboul est dangereux car il connaît son adversaire et il l’est parce qu’il aime la joute oratoire. Ce sont là les enjeux qui semblent ressortir de l’étude de ses Salmonées. Mais ce qui est en outre intéressant dans ces rares œuvres que l’on puisse en réalité lui attribuer avec certitude, c’est qu’elles contribuent à maintenir un combat ardent et à insinuer un style oratoire et des références littéraires au sein de l’entreprise de controverse. Cet aspect se développera jusqu’aux palimpsestes de la Satyre Ménippée ou du Quart Livre dans les ouvrages apocryphes, constituant le « corpus Reboul ».
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- 1 Dans la lignée de Paul Cohen, « Death of a Polemicist : Honour and Calumny in Early Modern Europea (...)
- 2 Daniel Chamier (1564/65-1621) est une figure de proue de la controverse protestante, adversaire de (...)
1Guillaume Reboul, converti au catholicisme en 1596, est de ces néo-fidèles d’autant plus précieux pour les controversistes de sa confession d’élection que sa connaissance de celle qu’il a quittée le rend plus percutant, en raison de ce qu’il pourrait dévoiler d’une part et de l’acrimonie engendrée par l’évolution de rapports interpersonnels d’autre part. L’étude de ses œuvres permet donc d’apporter des éléments sur la pratique d’une forme pamphlétaire de controverse interconfessionnelle en France à la fin du xvie et au début du xviie siècle1, mais également d’ouvrir une fenêtre sur le cas particulier des réseaux nîmois, dans la mesure où les accusations portent expressément à l’encontre de la communauté pastorale nîmoise et languedocienne, et en particulier de Jean de Falguerolles, pasteur de Nîmes ou de Daniel Chamier2, que l’on retrouve au cœur de la lutte scripturaire des protestants contre les catholiques.
- 3 Sur la biographie de Guillaume Reboul, voir notamment Albert Puech, Un Nîmois oublié. Le pamphléta (...)
- 4 Ce sont sans doute ses liens avec le Père Coton qui expliquent l’intégration d’œuvres de Reboul au (...)
- 5 Sur les débuts difficiles de Jean de Falguerolles, qui ne se tourna vers le ministère qu’à la mort (...)
- 6 La nature même de ce qu’est l’excommunication et de son origine n’est pas claire, Calvin en défend (...)
- 7 Voir A. Puech, Un Nîmois oublié, op. cit., p. 99, qui explique comment, le 25 septembre, il fut « (...)
- 8 F. Lestringant, op. cit., p. 119. Pour cet auteur cependant, sa mort ignominieuse même n’est pas a (...)
- 9 Sur ces questions, voir l’ouvrage de Robert Sauzet, Chroniques des frères ennemis. Catholiques et (...)
- 10 Ibid., p. 24.
- 11 Ibid., p. 25.
- 12 A. Puech, Un Nîmois oublié, op. cit., p. 8 : « Il ne saurait, par sa conduite privée, mériter nos (...)
- 13 Cette personnalité peu sympathique le rendrait presque touchant. C’est son caractère paradoxal qui (...)
- 14 A. Puech, Un Nîmois oublié, op. cit., p. 8-9.
2Reboul naît dans une famille protestante3, suit des études de théologie, fréquente les milieux protestants, notamment en tant que secrétaire du vicomte de Turenne, futur duc de Bouillon. C’est à Avignon, en 1595, que Guillaume Reboul se rapproche du milieu jésuite et du Père Coton4, et commence à songer à une conversion. Le consistoire de Nîmes, et notamment le virulent Jean de Falguerolles5, décident de son excommunication fin juin 15966, après sa conversion au catholicisme. Reboul réplique par l’écrit, amorçant par là-même une carrière de controversiste à laquelle il prend un tel goût qu’elle conduit à sa brusque décapitation en 16117, décidée parce qu’il avait écrit un libelle diffamatoire contre M. de Villeroy, Jacques Ier d’Angleterre ou le pape Paul V8. L’homme, au destin funeste, est porté par son mythe : son corps exposé au bout du pont Saint-Ange, à Rome, est le symbole de cette obscénité qui est sans doute propre à cette écriture pamphlétaire si fortement incarnée que la tentation d’attribuer à Guillaume Reboul des écrits rédigés après sa mort atteste
la confusion du style et de l’homme. Ce dernier ne manque pas de courage cependant, car le pays nîmois est un lieu tenu par les protestants dès les années 15609. La Saint-Barthélemy fit de ce pays un haut lieu de la résistance à la « pollution papistique »10. Cependant, Robert Sauzet précise que la toute fin du xvie et le début du xviie siècle ont vu un regain de l’offensive catholique, culminant dans la venue du Père Coton en 159911, qui s’est déplacé dans le Sud afin d’affronter Chamier en controverse. C’est dans ce contexte que se situe la révolte de Reboul. Voilà qui n’est pas rien pour inviter à regarder de plus près les éléments textuels de cette virulence ; on ne touche pas, avec Reboul, aux hautes sphères de la grande littérature, mais il est néanmoins reconnu comme controversiste, en fait quasiment son métier. Albert Puech, qui, quoi qu’il en écrive12, voue une sympathie certaine à cet homme à la destinée romanesque13, reconnaît qu’« il n’a pas à son actif une œuvre d’une envolée puissante, comme les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné » et que « son bagage littéraire est d’ailleurs d’une moindre étendue »14. On ne lui en demande pas tant ; il n’en est sans doute que plus à même de nous informer sur la tonalité pamphlétaire de cette fin de siècle.
- 15 Guillaume Reboul est un proche de Pierre Coton, qui viendra en personne débattre avec Chamier. C’e (...)
- 16 Les deux ouvrages sont réunis en 1597 : Les Salmonees du sieur de Reboul. Le premier contre les mi (...)
- 17 Édition consultée : La Cabale des Reformez, tiree nouvellement du Puits de Democrite. Par I.D.C. R (...)
- 18 Ibid., p. 3 : « Amy Lecteur, Tu attendois sans doute de veoir dans le second Salmonee des invectiv (...)
- 19 Guillaume Reboul, L’Apostat où il est traicté de la Nature de la Foy Catholique ; & de l’Apostasie (...)
- 20 Le Nouveau Panurge. Avec sa navigation en l’Isle Imaginaire ; son rajeunissement en icelle ; et le (...)
3Guillaume Reboul a donc écrit des œuvres de controverse et des pamphlets, il est même crédité d’œuvres qu’il n’a pas écrites, même si l’ensemble de cette production pamphlétaire est relativement éclectique. Mais ce corpus est unifié par une ironie parfois amère, parfois plus spirituelle, par la forte présence de l’énonciateur, par les attaques communes contre la communauté protestante nîmoise et languedocienne, par l’origine jésuite de l’écriture15, et dès 1597, par les jeux littéraires avec d’autres œuvres canoniques du xvie siècle, dont la force repose fortement sur la qualité de l’imagination et de l’ironie : geste rabelaisienne, Satyre Ménippée du catholicon d’Espagne. Son excommunication suscite l’écriture, assumée, de deux Salmonées, en 1596 et 159716. En 1597 est également publiée La Cabale des reformez17. Ces ouvrages sont pris dans une chaîne de répliques, et Reboul joue du pseudonymat et de l’anonymat, prenant dans La Cabale la voix d’un prétendu défenseur, qui après avoir loué la modération et la modestie de Reboul dans une adresse préliminaire au lecteur18, expose comment il a réussi à se faire inviter au cœur de l’antre protestant nîmois, conduisant dans son écriture un voyage initiatique palimpseste de celui du Quart Livre en pays papimane et s’inspirant fortement de la Satyre ménippée, citée explicitement. Entre autres, Reboul serait également l’auteur de L’Apostat19, qui répond aux fustigations que Chamier profère dans ses Epistres jesuitiques contre l’apostasie de Reboul : le véritable apostat serait le protestant, la vraie foi étant la catholique. Dans le corpus Reboul, on inclut également, pour les raisons susmentionnées, Les Navigations du Nouveau Panurge20, malgré son écriture posthume.
4C’est à la mise en scène d’un personnage que je voudrais ici m’intéresser plus particulièrement, car c’est bien de « personnage » qu’il semble falloir parler, dans la mesure où Reboul se met en scène et où la figure de l’auteur est encore utilisée de façon posthume. C’est pour cette raison que je me concentrerai plus particulièrement sur l’étude des Salmonées afin de montrer comment, à partir de la conversion de Reboul et autour de ces ouvrages, s’est cristallisée une querelle qui porte d’un côté sur un homme, de l’autre sur l’ensemble des pratiques diffamatoires et religieuses réformées.
Pourquoi les Salmonées ?
5Pourquoi ce choix ici, pourquoi ce titre, et pourquoi cette décision de la part de Reboul d’écrire un ouvrage volumineux, personnel, acerbe et accusateur, alors qu’il est celui qui a quitté son parti ? Le choix est la conséquence de deux constats : tout d’abord, celui de la paternité objective et du point de départ de ce que, de façon un peu grandiloquente, j’ai qualifié de « mythe Reboul », d’autre part celui non moins objectif de sa présence dans le fonds Lavallée, dont l’étude est à l’origine de cet article. Si L’Apostat a moins retenu mon attention, c’est que l’ouvrage répond à une logique de controverse plus classique, ou disons du moins qui ne repose pas autant sur l’ethos du controversiste.
6La raison du titre trouve son exposition dans un témoignage de Jacob Le Duchat :
- 21 Remarques sur la Confession de Sancy, dans [Johann Heinrich Samuel Formey (éd.)], Ducatiana, ou Re (...)
Dans ce libelle, s’attaquant personnellement au Ministre Jean de Falgueirolles, dans le nom duquel il trouva par Anagramme les mots d’Enragé fils d’Eole, il se mocquoit de son excommunication résoluë à Nimes par les soins de ce Ministre, & la comparoit à l’entreprise de Salmonée, Fils d’Eole ; lequel, aïant voulu contrefaire un jour la foudre de Jupiter, & tous ses efforts n’étant allez qu’à faire de la fumée, du bruit, & rien plus, fut foudroié aux Enfers par Jupiter, en punition de sa témérité. Il y eut une Réponse à ce prémier Salmonée, à laquelle Reboul en ajoûta pour replique un second beaucoup plus gros, dirigé contre tous les Ministres du Languedoc21.
7Dans ce titre donc, une référence nominative, pouvant sembler lointaine, mais répondant à un jeu très en vogue à la fin du xvie siècle, qui a la passion des anagrammes. Les Salmonées sont ici les adversaires de Reboul qui, tels les habitants de l’île de Ruach du Quart Livre, ne semblent vivre que de vent. Rassemblés dans ce pluriel dépersonnalisant, ils n’en sont que plus méprisables.
- 22 P. Cohen, op. cit.
8Quant à la décision de Reboul, elle s’explique par le fait qu’il ne pardonne pas la rancœur de ses anciens coreligionnaires. Dans les Salmonées, un ton est donné. Or ce ton est, semble-t-il, commun à un ensemble de pièces pamphlétaires de convertis qui poursuivent plusieurs buts, celui de défendre un honneur piqué à vif22 – il est important par conséquent que ces ouvrages soient pris dans une chaîne de disputes scripturaires –, défendre la nouvelle foi, mettre à bas l’ancienne et ses sectateurs, que l’on connaît personnellement et à qui, en effet miroir, on attribue la trahison de l’amitié. Cependant, il ressort également de la lecture des Salmonées le sentiment d’un goût de l’attaque.
Un « mauvais génie satirique » ?
9Prosper Marchand, dans son Dictionnaire historique, commence son article sur Reboul en ces termes :
- 23 P. Marchand, Dictionnaire historique, op. cit., t. 2, p. 160.
Mauvais Ecrivain de la fin du XVI, Siécle & du commencement du XVII, étoit de Nimes, & Réformé : mais, sa mauvaise vie l’aïant fait excommunier dans ce parti, il se jetta dans le Romain, où, pour se venger de cette flétrissure, il se livra tout entier à son esprit naturellement mordant & satirique, & publia quantité de Libelles, aussi remplis de fades plaisanteries que de calomnies atroces, contre les Réformez. Recherché & vivement poursuivi en justice, pour certains deniers qu’il avoit mal administrez comme Sécrétaire du Maréchal Duc de Bouillon ; & s’étant sauvé à Avignon, & de là à Rome, pour éviter le juste châtiment que méritoit cette infidéle administration ; il y fut, pendant quelque tems, protégé par le Cardinal Baronius : mais aïant perdu ce Protecteur, & n’aïant pu obtenir, malgré ses pressantes sollicitations, certain Bénéfice sur lequel il avoit jetté les yeux, tout son mauvais Génie satirique se reveilla chez lui, & le porta à se venger de cette prétendue injustice sur le Pape même […]23.
- 24 Ce sont ces échos qui ont conduit à l’appellation donnée par les critiques contemporains de « corp (...)
10Par « mauvais génie satirique », il faut sans doute entendre « méchant » et « peu habile ». Cette alliance de termes n’est pas sans intérêt, car parmi les peu habiles, Reboul était suffisamment méchant pour se porter au-delà de lui-même et faire des émules. Habile, il le fut donc, même si ses écrits n’ont pas porté les fruits qu’il aurait voulu faire éclore de ses fleurs de rhétorique. La conversion de Reboul et ce qui s’en suivit ont suscité de tels remous que ses livres ont fini par impliquer davantage les hommes que les idées. C’est le caractère très personnel de la satire qui a fait saillir Reboul comme une figure de converti ardent, au service de son nouveau parti, comme il y en eut plusieurs, de plus ou moins doués. Le style que Reboul a imprimé à ses pamphlets et le succès des Salmonées qu’il a écrits ont eu des échos qui ont justifié une équivoque volontaire dans les reprises de thèmes et les allusions de pamphlétaires ultérieurs24. Reboul est pour Frank Lestringant un « homme de paille », qui exista de façon posthume plus encore que de son vivant :
- 25 F. Lestringant, op. cit., p. 121.
Reboul mort ou vif, mais plutôt mort que vif, légitime une parole libérée, voire scandaleuse, un style agressif qui passe outre aux édits royaux et multiplie les attaques ad hominem25.
- 26 Marc Angenot, La Parole pamphlétaire, Paris, Payot, 1982.
11Cette parole est si fort incarnée qu’elle a besoin de l’homme qui la porta, encore après sa mort. C’est le paradoxe du pamphlétaire étudié par Marc Angenot, pamphlétaire qui peut être anonyme, dont l’écriture et la parole sont souvent dénigrées, et qui pourtant se confond avec elles, leur donne une forte consistance, devient la légitimité même26. Malgré tout, la justification est un des arguments de l’écriture.
Se défendre
12Cette défense constitue un premier mouvement, la première partie des Salmonées, « contre les vaines terreurs de l’excommunication des ministres de Nismes » (p. 19-95) pour contrer des accusations portées à son encontre après sa conversion en 1596. Cette dernière fut-elle intéressée ? Voilà de ces questions auxquelles il est souvent plus sage de renoncer de répondre. Soyons donc un peu déraisonnable : pour Albert Puech,
- 27 A. Puech, op. cit., p. 38.
La conversion de Reboul aurait été désintéressée ; au lieu d’être prompte et subite, elle a eu une longue et lente incubation qui atteste sa sincérité ; elle a été préparée par ses études en histoire religieuse et achevée par les Jésuites en la compagnie desquels il se trouvait à Avignon et en particulier par le père Cotton27.
- 28 G. Reboul, Les Salmonées, op. cit., p. 22.
13L’opportunisme dont il a pu faire preuve par la suite cependant, mais surtout la virulence de ses griefs contre les ministres de Nîmes, permettraient semble-t-il d’avancer l’hypothèse d’une conversion aux motifs multiples, c’est-à-dire comme bien souvent en réalité, d’un déclencheur de la conversion de l’ordre du repoussoir, du rejet, de l’apostasie, et non de l’attirance, de la conversion. Mais quel que soit son ressentiment, il tente avant tout de se justifier contre les calomnies. À partir de la page 22, il explique pourquoi il s’est converti : il a commencé à s’intéresser à l’étude des Pères, il s’est rendu aux sermons catholiques à Avignon et c’est alors qu’il a commencé à s’interroger sur le bien-fondé de ce qu’il présente comme la haine des protestants envers les catholiques. Il a commencé à se dire que ces derniers suivaient bien l’Église primitive, que les protestants vouaient une détestation infondée à la messe. Calvin lui-même n’a-t-il pas écrit, dans le 4e livre de son Institution, au 1er chapitre, « que pour quelque erreur qu’il y ayt dans l’Eglise, il ne faut pas s’en retirer, pourveu que le fondement demeure, Jesus Christ28. ». C’est donc l’image d’une conversion à la fois raisonnée, progressive, et fondée sur ceux-là mêmes dont se revendiquent les protestants qu’il met en avant : c’est par Calvin qu’il a achevé de se convaincre ; le retournement, pour classique qu’il soit, est adroit.
- 29 L’accusation de débauche est un lieu commun de la littérature de controverse anti apostat.
14Reboul revient ensuite sur deux affaires : il a été tout d’abord rendu responsable de la grossesse d’une chambrière ; cette accusation est restée secrète jusqu’à la conversion, et fut portée au cœur des accusations contre lui par la suite29. Il s’en défend :
15Ce qui le révolte le plus cependant, est le fait qu’on lui ait reproché – cette fois-ci avant sa conversion – une conduite trop peu décente. Il aurait dansé au Comtat, et le consistoire l’aurait rappelé à l’ordre :
- 31 G. Reboul, Les Salmonées, op. cit., p. 115.
J’allay au temple, mais un peu tard ; d’autant que le consistoire estoit déjà sorti. Me retirant à mon logis, je trouve deux ministres dans la boutique d’un marchand, l’un desquels vint droit à moy. Je luy dy, que je venois du temple, cuidant y trouver le consistoire : il me présente à l’autre, lequel assisté de trois ou quatre frères consistoriaux, commence à me représenter le grand scandale que j’avois commis d’avoir esté en un bal, auquel je me deusse estre opposé, pour avoir de l’authorité en ce lieu. Que les dances estoient deffendues par leur discipline ; s’estendant après au long sur ce lieu commun31.
- 32 Cependant, ces pratiques étaient très mal vues du consistoire. R. Sauzet, Chroniques des frères en (...)
- 33 Je n’ai pas retrouvé la trace de cette Response des ministres du Languedoc.
16Le problème, on le voit, est toujours le même : si on l’appelle au consistoire, c’est qu’il a une notoriété suffisante pour que son comportement puisse être un scandale32. Il a sans doute, ayant une forte personnalité (dont on se méfiait), ressenti cette surveillance et ces injonctions à bien se tenir comme insupportables, ce qui a sûrement pesé dans son impulsion vers l’abjuration. On aurait pu, sans doute, en rester là. Mais les ministres répondent33, ce qui suscite l’écriture du deuxième ouvrage, beaucoup plus long (plus de quatre cents pages), dans lesquelles Reboul passe à la stratégie de l’attaque.
Attaquer : les arguments de l’attaque
- 34 G. Reboul, Les Salmonées, op. cit., p. 19.
17L’attaque, on le sait, est la meilleure défense. C’est le manque de « charité »34, selon le terme employé à l’époque, c’est-à-dire le rejet immédiat dont il a été l’objet quand il s’est intéressé aux catholiques, qui est avancé par Reboul comme grief à l’encontre des protestants. Il adopte une rhétorique du retournement visant à démontrer que l’inconséquence vient des catholiques et non de lui. Ce sont ses anciens coreligionnaires qui ne sont guère intéressés par les questions de dogme et de conscience, car ils prennent leur décision avant la discussion :
- 35 Ibid., p. 90.
On m’oyt dans le Consistoire proposer en peu de mots ce qui estoit de ma creance, touchant le schisme. On me donne lieu pour entendre plus particulierement mes raisons, & toutesfois sur le champ on conclud l’excommunication contre moy […]. Vous estes bien prompts, Salmonees, & bien precipitez en vos deliberations : mais bien imprudents, de descouvrir si promptement le secret de vostre escole35.
18Ce refus de la controverse est la marque de la défaite, ce reproche est un lieu commun de la rhétorique et se retrouve souvent chez Reboul. Ce dernier accuse également ses anciens coreligionnaires d’inconséquence, car s’ils avaient vraiment considéré sa débauche, ils auraient dû tout faire pour l’en faire revenir, pour l’amener à se convertir à une vie pure. Le mal est donc de leur côté, ou, à nouveau, le « manque de charité ». Cette faute serait liée au dogme, à l’absence de confession :
- 36 Ibid., p. 120-122.
L’Eglise de tout temps a voulu que les ames Chrestiennes vinssent aux medecins spirituels descouvrir leur playes & leurs ulceres, pour y recevoir particulierement les remedes convenables à leur santé. Mais vous Salmonees, desireux de la desbauche des consciences, avez crié cela estre une tyrannie des ames. La loy de Iesus-Christ estre une loi de liberté, qui ne nous obligeoit point à ceste servitude, laissant à chacun le mesnage de sa conscience. D’où combien de maux chez vous. Ce sont les effects de cette tyrannie abattuë. Ce sont les fruicts de cette nouvelle liberté que vous avez acquise aux vostres. En laquelle i’aurois vescu avec plus de desbordemens que vous ne dictes, qu’auroit-on à s’estonner ? […] Ainsi serez vous tousiours cause des desbauches dont vous m’accusez, tantost pour la negligence de vostre discipline, tantost pour le malheur d’une doctrine vrayement libertine36.
19Les protestants l’accusent de faits qui, s’ils sont avérés, n’ont pas été empêchés par des tentatives qu’ils auraient effectuées pour le ramener dans le droit chemin. La boucle est bouclée, et si faute il y a de la part de Reboul, que ne leur ont-ils dit avant ? C’est qu’ils agissent dans la lâcheté et par soif de vengeance, non pour venir en aide à leur prochain :
- 37 Ibid., p. 91-92.
Et puis, quelle façon à prononcer ce sanglant arrest ? Le jeune Salmonée tres-aise d’avoir l’occasion de se ressentir de la reprimende que je luy avois faicte au-paravant dans le Consistoire […] estant pressé de sortir de la compagnie, comme i’ay dit tantost, se leve de son siege, se met en posture, r’appelle tous ses sens, bande son esprit, esleve sa voix, la roidist pour mieux enfoncer l’intimidation de ceste foudre dans mon ame, l’esclat de son œil monstre le contentement de la vengeance […] et prononce la menace de l’excommunication future, resoluë dés le iour d’hier. Les autres ses compagnons l’appreuvent par un estonné silence37.
20Reboul tourne Jean de Falguerolles en ridicule en le montrant tel un pantin animé par le seul souffle de sa vacuité, Salmonée qu’il est. Il manie également le pathos dans l’adresse à ses anciens et prétendus amis, qui ne l’ont pas soutenu :
- 38 Ibid., p. 93-94.
Et vous, mes amis, qu’un sainct lien d’amitié a liez avec moy depuis le berceau : avez-vous bien peu entendre ceste cruelle menasse, sans vous ressentir du mal que l’on me veut faire ? Personne de vous n’a rendu aucun tesmoignage de ce ressentiment. Au contraire, ceux desquels ie faisois plus d’estat, l’appreuvent, dressent des risees de moy par tout, & se mocquent de celuy, de l’amitié duquel autresfois ils ont faict gloire38.
21Reboul se présente en homo sacer, rejeté d’une communauté dont en réalité il est lui-même parti. Mais c’est toujours la logique du retournement qui préside à l’écriture et qui est préparée par l’opposition d’un « je » et d’un « ils ».
Attaquer : les traits stylistiques récurrents
- 39 Ce sera encore développé dans La Cabale des Reformés qui présente un naïf catholique seul contre t (...)
22L’énonciation reste simple ici, c’est un « je » qui s’exprime et se proclame à ciel ouvert. Le principe constitutif de l’apostasie est néanmoins qu’elle édifie ce « je » en un autre, et c’est aussi cette altérité que le clan renié établit par le rejet. Reboul à son tour se met en scène en construisant l’ethos d’un être de raison et de cœur, livré en pâture aux bêtes féroces39.
23L’ironie est ici présente dans le titre même, mais elle réside surtout en germe, dans la façon dont Reboul diminue la valeur de son adversaire pour nier la portée de ses attaques :
- 40 G. Reboul, Les Salmonées, op. cit., p. 32-33.
Mais qu’est-ce que ie crain ? voyons, ie vous prie, qu’est-ce qui me fait peur ? Ah ! que ie suis peu asseuré si ie crain ce que ie voy, si i’ay peur de ce que i’oy. Une foudre cela ? un Iupiter cestuy-là ? non, non, ie me trompe : c’est un Salmonee, non pas un Iupiter, sa foudre est contrefaicte, elle n’est pas vraye foudre40. »
- 41 Ibid., p. 35.
24L’ironie est bien sûr paradoxale, car la réponse même est un argument en sens inverse, prouvant que les adversaires de Reboul ont frappé juste, suffisamment juste pour susciter une réaction. La provocation et l’animosité vont de pair ; Reboul leur reproche leur lâcheté dans la métaphore filée édifiant un orage théâtral : « Que n’en avez vous fait de mesme contre le Roy […] ? Vous ne greslez que sur le persil41. »
25Si l’ironie donc est agressive, c’est qu’elle s’appuie sur une rhétorique du combat, qui semble galvaniser l’énonciateur lui-même. Voici comment il s’adresse à son nouveau parti :
- 42 Ibid., p. 86.
Si vous regardez l’armee des ennemis, ce sont de fuitifs schismatiques, divisez en cent bandes, sans commandement, sans obeyssance, : si le lieu du combat, c’est dans le schisme qu’ils combatent42.
26À ces régiments d’hérétiques en déroute il oppose la sainte armée de Jésus-Christ, composée de ses nouveaux coreligionnaires :
- 43 Ibid., p. 87.
Cette armee au reste composee de mille nations, mais toutes unies de foy, de charité, de cœur, & de corps, tesmoignage trescertain que Iesus Christ la commande ça bas43.
27Si la subtilité n’est pas nécessairement de mise dans l’écriture de Reboul, la variété en est néanmoins un composant, que ce soit dans la multiplicité des adresses, dans le souci de maintenir une énergie accusatrice, dans la recherche des champs lexicaux ou dans l’alternance des modes énonciatifs, entre narration et discours. En outre, la tonalité peut se faire prophétique, lorsque Reboul admoneste les protestants :
- 44 Ibid., p. 85.
Cessez, cessez de vendre vos fumees au peuple. Il y a long temps qu’on vous cognoist. Et vous recognoistra on mieux à l’advenir, puis que Dieu fait la grace à beaucoup de gens d’honneur de vous monstrer du doigt44.
28La réitération de l’injonction, l’expression de la patience éprouvée, la désignation imagée, tout ressortit à cette rhétorique qui fait de l’énonciateur un messager divin.
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- 45 F. Lestringant, op. cit., p. 120.
29Ainsi, les œuvres de Reboul, tout particulièrement les Salmonées, font entrevoir la violence des relations entre les protestants et les catholiques, et surtout entre les dirigeants protestants nîmois et les apostats de la première ou de la dernière heure. Elles nous plongent dans l’histoire vive du protestantisme nîmois à la fin du xvie siècle et des réseaux jésuites autour de Pierre Coton. Elles nous instruisent sur l’usage des « hommes de paille », pour reprendre la formule de Frank Lestringant45, et sur la façon dont l’écriture polémique s’inscrit dans une logique de l’anonymat et de la collaboration. Le cas Reboul permet d’explorer la façon dont le style se fonde sur la construction de l’ethos pour progressivement effacer ce dernier au profit d’une jouissance autoréférentielle. C’est donc bien en interaction que ces livres doivent s’explorer.
Notes
1 Dans la lignée de Paul Cohen, « Death of a Polemicist : Honour and Calumny in Early Modern European Religious Debate », English Historical Review, vol. CXXXIII, n° 562, 2018, p. 533-566, il s’agit de saisir ici la controverse en contexte et d’éclairer son rôle en mettant en lumière les tenants et aboutissants de sa virulence.
2 Daniel Chamier (1564/65-1621) est une figure de proue de la controverse protestante, adversaire de plume de Coton.
3 Sur la biographie de Guillaume Reboul, voir notamment Albert Puech, Un Nîmois oublié. Le pamphlétaire Guillaume de Reboul (1564-1611), Nîmes, Grimaud, 1889 et Frank Lestringant, « Une liberté féroce : Guillaume Reboul et Le Nouveau Panurge », dans Isabelle Moreau et Grégoire Holtz (dir.), « Parler librement ». La liberté de parole au tournant du xvie et du xviie siècle, Lyon, ENS éditions, 2005, p. 117-131.
4 Ce sont sans doute ses liens avec le Père Coton qui expliquent l’intégration d’œuvres de Reboul au fonds Lavallée qui rassemble beaucoup de pièces concernant ce fameux jésuite, futur confesseur de Henri IV.
5 Sur les débuts difficiles de Jean de Falguerolles, qui ne se tourna vers le ministère qu’à la mort de son frère Pierre, sur son caractère sans doute orgueilleux et les critiques nombreuses qu’il dut essuyer, on se reportera à Philippe Chareyre, Le Consistoire de Nîmes, 1561-1685, thèse de doctorat d’État ès Lettres et Sciences humaines, dir. Michel Péronnet, Université Paul Valéry – Montpellier III, 1987, 4 vol. , notamment vol. 1, p. 212-214.
6 La nature même de ce qu’est l’excommunication et de son origine n’est pas claire, Calvin en défendant la nature religieuse (exclusion de la cène), à l’encontre de Luther et Zwingli (voir Robert Kingdon, « Calvin et la discipline ecclésiastique », Bulletin de la SHPF, t. 155-1, 2009, p. 117‑126).
7 Voir A. Puech, Un Nîmois oublié, op. cit., p. 99, qui explique comment, le 25 septembre, il fut « pendu en signe d’ignominie » ; voir aussi René Pintard, Le Libertinage érudit dans la première moitié du xviie siècle, nouvelle édition augmentée, Genève, Slatkine, 2000, p. 20 : « Tel Guillaume Reboul, protestant converti au catholicisme, établi à Rome, pamphlétaire à la solde de la Curie, et fort bien vu pour ses invectives contre le roi d’Angleterre et contre la Réforme, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive, en fouillant dans ses papiers, qu’il écrivait aussi, pour son plaisir, contre le Pape : il fut alors proprement décapité. » Il semble que le plaisir n’ait pas été le seul moteur de cet écrit, dans la mesure où Paul V a, selon toute apparence, refusé à Reboul une charge qu’il briguait (voir Prosper Marchand, Dictionnaire historique ou Memoires critiques et litteraires, concernant la vie et les ouvrages de divers personnages distingués, particulierement dans la Republique des Lettres, La Haye, Pierre de Hondt, 1759, t. 2, p. 162). Irene Fosi consacre un chapitre de Inquisition, Conversion and Foreigners in Baroque Rome, Leiden / Boston, Brill, 2020 à la figure de Guillaume Reboul et au procès qui le mena à l’échafaud. Sa position était dangereuse car, en controversiste assumé, il vivait entouré de livres interdits et en converti, il était objet de suspicion : « Converts sometimes became victims of their own zeal and, even when their social position guaranteed stability, they remained liminal figures. » (p. 123).
8 F. Lestringant, op. cit., p. 119. Pour cet auteur cependant, sa mort ignominieuse même n’est pas avérée de source sûre. Pour Paul Cohen (op. cit.), elle est l’aboutissement de la logique d’un polémiste trop peu prudent et trop peu au fait des tractations diplomatiques entre la France, l’Angleterre et Rome. Il écrit ainsi : « These competing imperatives could cut across seemingly absolute oppositions in surprising ways, even forcing a pope, who had commissioned a pamphlet against a Protestant king, to have that pamphlet’s author put to death in order to please that very same king. » (p. 566)
9 Sur ces questions, voir l’ouvrage de Robert Sauzet, Chroniques des frères ennemis. Catholiques et protestants à Nîmes du xvie au xviiie siècle, Caen, Paradigme, 1992. Selon lui, « La prépondérance protestante, à la fin du xvie siècle et au xviie siècle, était à la fois démographique, économique et politique. Il y avait alors à Nîmes seulement 3 ou 4 000 catholiques pour 11 ou 12 000 religionnaires. » (p. 25).
10 Ibid., p. 24.
11 Ibid., p. 25.
12 A. Puech, Un Nîmois oublié, op. cit., p. 8 : « Il ne saurait, par sa conduite privée, mériter nos sympathies ».
13 Cette personnalité peu sympathique le rendrait presque touchant. C’est son caractère paradoxal qui a intéressé F. Lestringant, le caractère toujours protestant d’une fougue dirigée contre les réformés, sa haine viscérale, presque pathétique : « Guillaume Reboul (1564-1611), au départ, est protestant, et c’est cette culture satirique protestante qui informe son œuvre pamphlétaire, alors même qu’il a changé de camp. Le renégat Reboul est le type même du transfuge. C’est dire qu’il emporte avec lui une attitude, un outillage idéologique et une panoplie de références culturelles qui dénotent une paradoxale fidélité envers la famille qu’il a trahie. » (op. cit., p. 117)
14 A. Puech, Un Nîmois oublié, op. cit., p. 8-9.
15 Guillaume Reboul est un proche de Pierre Coton, qui viendra en personne débattre avec Chamier. C’est par le milieu jésuite qu’il fut converti et c’est au milieu jésuite que son nom est associé.
16 Les deux ouvrages sont réunis en 1597 : Les Salmonees du sieur de Reboul. Le premier contre les ministres de Nismes. Le second contre les ministres du Languedoc, Lyon, Jacques Roussin, 1597. Ces deux ouvrages sont les seuls dont l’attribution soit certaine selon Pierre Labbé, Édition annotée et commentée de La Cabale des Reformez tirée nouvellement du puits de Democrite par I.D.C. généralement attribuée à Reboul, thèse en littérature française, dir. Guy Demerson, université de Clermont-Ferrand II, 1981 (cité par F. Lestringant, op. cit., p. 120, n. 10-11).
17 Édition consultée : La Cabale des Reformez, tiree nouvellement du Puits de Democrite. Par I.D.C. Reveüe en ceste Edition au dernier Consistoire tenu à Geneve, & du consentement des Peres fut ordonné, que l’Apologie de Reboul sur leur Cabale y seroit adioustee, Mompellier [sic], Chez le Libertin, Imprimeur juré de la saincte Reformation, 1600. Avec privilège de ladite Dame.
18 Ibid., p. 3 : « Amy Lecteur, Tu attendois sans doute de veoir dans le second Salmonee des invectives fort piquantes contre les Ministres du Languedoc, pour responce à tant de calomnies, desquelles ils ont tasché de couvrir l’honneur de son Autheur, iugeant tres-bien que l’impudence de ces gens là le meritoit : mais tu as esté trompé en ton opinion, ledit Autheur n’ayant respondu que fort moderement à toutes ces iniures. Ceste modestie a fasché ses amis, estimant les procedures des Ministres dignes d’une Satyre Menippee. »
19 Guillaume Reboul, L’Apostat où il est traicté de la Nature de la Foy Catholique ; & de l’Apostasie des Ministres, Lyon, Jean Bertrand, 1604.
20 Le Nouveau Panurge. Avec sa navigation en l’Isle Imaginaire ; son rajeunissement en icelle ; et le voyage que fit son esprit en l’autre monde ; pendant le rajeunissement de son corps. Ensemble une exacte observation des merveilles par luy veuës : tant en l’un que l’autre monde, La Rochelle, Michel Gaillard, [1615]. Édition consultée : éd. Marie-Christine Pioffet, Paris, Garnier, 2017.
21 Remarques sur la Confession de Sancy, dans [Johann Heinrich Samuel Formey (éd.)], Ducatiana, ou Remarques de feu M. Jacob Le Duchat, sur divers sujets d’histoire et de littérature, Amsterdam, Pierre Humbert, 1738, livre II, chap. VI, p. 370-374, rapportées dans P. Marchand, Dictionnaire historique, op. cit., t. 2, p. 161.
22 P. Cohen, op. cit.
23 P. Marchand, Dictionnaire historique, op. cit., t. 2, p. 160.
24 Ce sont ces échos qui ont conduit à l’appellation donnée par les critiques contemporains de « corpus Reboul » pour un ensemble d’œuvres appartenant à la postérité tout au moins diégétique des Salmonées.
25 F. Lestringant, op. cit., p. 121.
26 Marc Angenot, La Parole pamphlétaire, Paris, Payot, 1982.
27 A. Puech, op. cit., p. 38.
28 G. Reboul, Les Salmonées, op. cit., p. 22.
29 L’accusation de débauche est un lieu commun de la littérature de controverse anti apostat.
30 G. Reboul, Les Salmonées, op. cit., p. 145. Il se défend tout d’abord contre cette accusation dans le Registre du Consistoire, 17 juillet 1596, fol. 108 (cité par A. Puech, op. cit., p. 27 : « De qui tenez-vous ces advis, je vous prie ? répond-il à l’accusateur anonyme. Est-ce des parents de la Damoiselle ? pourquoy ayant reçu un tel affront de moy, ne s’en sont-ils ressentis, pendant que j’estois parmy eux ? Suis-je si grand qu’ils n’ayent osé s’en plaindre, ou à moy-mesmes, ou à la justice ? Ou s’ils ne le vouloient faire, n’importoit-il pas au public qu’un tel attentat fut réprimé par l’advocat du Prince ? Que si les parents estoient insensibles, si la justice aveugle, qu’est-ce que faisoit ce sacré-sainct consistoire ? Estoit-il si endormy pour ignorer une chose si publique ? – Le rapt qui mérite la mort en un estat bien policé n’aura pas été trouvé digne d’une réprimande ? – Je me soumets à la peine capitale et de ce traict de plume, je signe l’arrest de ma mort, pourveu, Salmonées, que mon accusateur et les témoins publient leur nom en cette accusation. Ils ne l’oseroient ; ils se cachent. Argument de mon innocence et de leurs calomnies. Mais je ne veux autres tesmoins de cecy, que les parents mesmes, desquels ils parlent, avec lesquels j’ay toujours vescu à Orange, avec toute l’amitié du monde ? »)
31 G. Reboul, Les Salmonées, op. cit., p. 115.
32 Cependant, ces pratiques étaient très mal vues du consistoire. R. Sauzet, Chroniques des frères ennemis, op. cit., p. 24 : « Les délibérations consistoriales du xviie siècle montrent la persistance des débordements condamnés particulièrement de la danse. »
33 Je n’ai pas retrouvé la trace de cette Response des ministres du Languedoc.
34 G. Reboul, Les Salmonées, op. cit., p. 19.
35 Ibid., p. 90.
36 Ibid., p. 120-122.
37 Ibid., p. 91-92.
38 Ibid., p. 93-94.
39 Ce sera encore développé dans La Cabale des Reformés qui présente un naïf catholique seul contre tous, opposant aux passions déchaînées des protestants la conscience, la constance et la raison.
40 G. Reboul, Les Salmonées, op. cit., p. 32-33.
41 Ibid., p. 35.
42 Ibid., p. 86.
43 Ibid., p. 87.
44 Ibid., p. 85.
45 F. Lestringant, op. cit., p. 120.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Mathilde Bernard, « La brebis égarée et les sanglants pasteurs », Chrétiens et sociétés, 30 | 2023, 59-70.
Référence électronique
Mathilde Bernard, « La brebis égarée et les sanglants pasteurs », Chrétiens et sociétés [En ligne], 30 | 2023, mis en ligne le 28 mars 2024, consulté le 10 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/10184 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.10184
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