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Politiques sociales, législation et cohésion nationale

Les féministes et l’idéal national roumain de 1918

The Feminist Women and the Romanian National Ideal of 1918
Anemari Monica Negru
Traduction de Patricia Apostol (texte original en roumain)
p. 125-141

Résumés

La Société orthodoxe nationale des femmes roumaines a été une association culturelle, active de 1910 à 1948, dont les membres sont parvenus à fonder des jardins d’enfants, des écoles, des bibliothèques dans de nombreuses localités de Roumanie. Durant la Grande Guerre, les féministes, aussi bien celles qui sont restées dans le territoire occupé de la Roumanie (telles Alexandrina Gr. Cantacuzino, Zoe Gr. Râmniceanu, Zoe Rosetti-Bălănescu), que celles qui se sont refugiées en Moldavie (comme Maria Baiulescu, Elena Perticari, Maria Glogoveanu, Margot Oromolu), ont organisé et entretenu des hôpitaux pour les blessés, des refuges et des cantines pour les orphélins, ont porté correspondance avec les prisonniers de guerre de l’Empire Austro-Hongrois et d’Allemagne. L’article présente en particulier trois personnalités exemplaires parmi ces femmes d’exception : Elena Alistar, de Bessarabie, Maria Baiulescu de Transylvanie et Alexandrina Gr. Cantacuzino de Valachie, qui, en tant que leaders d’associations féministes, ont promu autour de 1918 les idéaux unionistes des Roumains à travers de nombreuses initiatives et actions : la fondation et l’unification d’associations de féministes, l’organisation de conférences, la publication de mémoires et d’article de presse à contenu unioniste.

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Texte intégral

  • 1 Archives nationales de Roumanie (ci-après NRA), Service des Archives nationales historiques centr (...)
  • 2 Statuts de la SONFR dans Monitorul oficial (Le Moniteur officiel), n° 255, 17 février 1911.

1À partir de la seconde moitié du xixe siècle, de plus en plus de femmes roumaines instruites commencent à s’organiser et à militer pour l’émancipation et les droits intégraux des femmes par le biais d’associations féministes, telles que l’Union des Femmes roumaines de Braşov (1850, Maria Nicolau, Sevastia Mureşanu, etc.), l’Union des Femmes roumaines de Iaşi (1867, Cornelia Emilian), la Société des Dames roumaines de Bucovine (1890, Tchernivtsi – Elena Popovici, Ștefania Hurmuzachi), Sprijinul (L’Appui – 1900, Iaşi, Dr Ecaterina Arbore, Izabela Sadoveanu), l’Union des Femmes roumaines (1913, Braşov, Maria Baiulescu), l’Association pour l’Émancipation civile et politique des Femmes roumaines (1918, Iași, Maria Baiulescu, Elena Meissner, Maria Buțureanu et d’autres).Parmi les plus importantes assiciations, la Société nationale orthodoxe des femmes roumaines ou SONFR, est fondée le 31 mai 1910 à Bucarest, à l’initiative de quelques dames de l’élite de la société roumaine : Zoe Gr. Râmniceanu, Alexandrina Gr. Cantacuzino, Maria I. Glogoveanu, Elena Odobescu, Sultana Miclescu, Irina Butculescu, Anastasia Gr. Filipescu, Esmeralda Manu, Elena Seulescu, Zoe Mandrea, Elisabeta Manu, Zoe Rosetti Bălănescu, Maria Timuș et Eleonora Stratilescu1. Selon les Statuts de la SONFR, le but de l’association est de promouvoir « la culture et l’éducation des enfants roumains, d’un point de vue religieux et national, comme l’exigent les intérêts patriotiques2 ».

Pages de l’histoire des associations féministes roumaines

2Les Archives nationales de Roumanie (ANR) conservent une riche et précieuse collection de documents créés par cette association entre 1910 et 1948, qui contient des rapports sur les activités de la SONFR, des discours, des lettres, des télégrammes, des adresses, des articles, des appels et des testaments, photographies, registres avec les procès-verbaux des réunions du comité central, des assemblées et des congrès de la SONFR, documentation technique pour l’érection du Mausolée des Héros de la Nation à Mărășești, invitations et illustrations reflétant l’intense activité déployée en particulier par Alexandrina Gr. Cantacuzino, présidente de la SONFR de 1918 à 1939 et de 1940 à 1944, et par d’autres membres lors de diverses manifestations nationales et internationales, des réunions d’organisations féministes et celles de la Société des Nations.

  • 3 Alin Ciupală, Femeia în societatea românească a secolului al XIX-lea [La femme dans la société ro (...)
  • 4 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 53, f. 1-121, manuscrit.
  • 5 Ibidem, dosar 38, f. 13-24.

3La direction centrale de la SONFR se trouve à Bucarest, mais de nombreuses succursales sont fondées par des femmes d’initiative dans toutes les provinces roumaines historiques : davantage en Munténie, Olténie et Moldavie qu’en Transylvanie, au Banat, en Bucovine et en Bessarabie. Sont d’abord créés des comités paroissiaux auprès des églises de Bucarest, puis des antennes dans les villes et villages de Valachie et de Moldavie. La première section est fondée à Ploiești par Lelia Candiano, épouse du général Alexandru Candiano-Popescu3. En 1919, la SONFR réussit à organiser des dizaines de sections à Ploiesti, Roșiorii de Vede, Târgu-Ocna, Botoșani, Călărași, Slatina, Vaslui, Dorohoi, Bacău, Bârlad, Galați, Craiova, Chișinău et dans d’autres localités4, dont vingt-neuf survivent à la Première Guerre mondiale. Après la guerre et la Grande Union, des femmes de six sections de Transylvanie et de trois de Bessarabie y adhèrent également5.

  • 6 Le terme utilisé à l'époque est « jardins, écoles pour les petits enfants ».

4De nombreuses membres de la SONFR écrivent de vraies pages d’histoire par leurs initiatives et leurs réalisations dans les domaines de l’éducation, de la législation et de la culture : Alexandrina Gr. Cantacuzino (fondatrice d’écoles, d’instituts, d’églises, du Monument aux héros de Mărășești, dirigeante d’associations féministes nationales et internationales), Maria Butculescu-Glogoveanu (secrétaire générale de la SONFR, fondatrice de la section de Craiova et de l’Institut des filles de Craiova), Esmeralda gen. Manu (fondatrice et responsable de la section des jardins d’enfants6, donatrice), Elena Nicolaide (directrice du jardin d’enfants de Floreasca, elle a hébergé dans des écoles des officiers évadés des camps de Bucarest en 1917), Calypso Botez (enseignante, conseillère municipale de Bucarest, elle a obtenu le droit de vote des femmes dans les conseils municipaux et départementaux), Elena Meissner (enseignante à Iaşi, dirigeante de plusieurs associations féministes), Maria Popp (dirigeante féministe d’Olténie, a fondé des écoles, des hôpitaux), Maria Dimitriu-Castano (dirigeante féministe de Dobroudja), Elena Alistar (dirigeante féministe de Bessarabie) et bien d’autres femmes.

5Au cours de leurs cinq premières années d’activité, les membres de la SONFR ont fondé deux instituts (écoles secondaires avec diverses annexes), dix-sept jardins d’enfants et vingt-deux bibliothèques populaires. Parallèlement,

  • 7 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 19/1916-1918, f. 2, manuscrit.

des conférences populaires sont organisées dans les hôpitaux, les prisons, les usines, les régiments, les villages, et enfin, cet hiver même, est fondée la section la plus importante de toutes, celle de l’éducation des adultes, proposant quatre cours dans différentes usines7.

  • 8 ANR, SANIC, fonds familial Meissner, dossier XI/36, f. 16.

6Une autre société féministe qui a promu l’idéal national en Roumanie est l’Association pour l’émancipation civile et politique des femmes roumaines (AECPFR), qui réunit dans son premier comité, élu en 1918, en plus de dames originaires de Moldavie, des féministes de Munténie, Olténie, Transylvanie et Bessarabie, qui sont alors en exil à Iaşi. Elena Meissner, Maria Baiulescu et Ella Negruzzi sont élues présidentes, Eleonora Strătilescu, secrétaire, et Maria Buțureanu, trésorière. Les membres du comité sont : Elena Alistar, Ecaterina Harju, Elena Meleghi de Bessarabie, Calypso Botez, Cornelia Emilian, Sofia Nădejde de Moldavie, Maria Popp d’Olténie et d’autres8.

  • 9 Statutele Asociaţiei pentru Emanciparea Civilă şi Politică a Femeilor Române [Les Statuts de l’as (...)
  • 10 ANR, SANIC, fonds familial Meissner, dossier XI/100, f. 1, manuscrit.
  • 11 Acțiunea feministă, An I, 20/1920, p. 4.

7Les Statuts de l’AECPFR9 prévoient l’élection d’un cercle pour la propagation des idéaux féministes dans chaque département, d’un comité d’action et d’un comité directeur, l’organisation de congrès annuels, d’assemblées générales et de réunions. Sur une liste conservée dans le fonds de la famille Meissner10 aux ANR, figurent les dirigeantes des cercles de propagande de diverses localités : Bucarest (Izabela Sadoveanu, Ortansa Satmary, Micaela Catargi), Craiova (Maria Popp), Tchernivtsi (Claudia Năstase), Câmpulung-Bucovine (Elise Grigoriu), Galați (Maria Castano), Piatra Neamț (Eugenia Popovici, Eufrosina Săvescu), Dorohoi (Eugenia Scriban), Timișoara (Eleonora Nestor), Târgu-Jiu (Elena Caribolu), Bicaz (Silvia Armășescu), Covei-Dolj (Victoria Păsculescu) et la section de Botoșani (Dr Adela Gheorghely, Lucia Oprescu, Elisa Gheorghiu, Eufrosina Botescu) mentionnée par le journal Acțiunea feministă (L’Action féministe)11.

La Grande Guerre et les femmes à l’arrière du front

  • 12 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 17, f. 18.

8Dans le contexte de l’entrée en guerre de la Roumanie en août 1916 et du repli des autorités et de l’armée en Moldavie, certaines membres de la SONFR décident de rester dans la zone occupée, continuant à travailler dans les écoles de l’association, les hôpitaux et les camps de prisonniers. Anastasia Filipescu, présidente générale de la SONFR, nomme le 9 novembre 1916 la princesse Olga Sturdza-Mavrocordat, cheffe de la succursale de Iasi, à la tête de l’association, afin d’en assurer la continuité12.

9Ainsi, à partir du 23 novembre/6 décembre 1916, lorsque les armées allemandes commandées par le maréchal August von Mackensen occupent Bucarest, les membres de la SONFR continuent à travailler dans les écoles de l’association dans la capitale et dans de nombreuses villes où il y en avait des sections. Alors que les écoles publiques sont fermées, les jardins d’enfants, les écoles et l’Institut des filles de la SONFR à Bucarest, 63 rue Principatele Unite, déplacé ailleurs, continuent à fonctionner.

  • 13 Ibidem.
  • 14 Ibidem, dossier 16, f. 63.

10Une des initiatives philanthropiques de l’association consiste en l’organisation de soupes populaires. À partir du 24 août, dans les jardins d’enfants n° 1 Floreasca (rue Prelungirea Polonă), n° 2 Pleșoianu, n° 3 Văcărești (rue Elena Cuza) et celui du local Țesătoarea (littéralement, La Tisseuse, au 4 rue Popa Lazăr), commence la distribution des soupes populaires grâce aux fonds offerts par l’époux d’Alexandrina Cantacuzino, le prince Grigore Cantacuzino : entre le 2 septembre 1916 et le 15 octobre 1917, 1 200 repas et le pain nécessaire sont servis quotidiennement aux familles des mobilisés, en particulier aux malades, aux mères avec des enfants en bas âge et aux personnes âgées13. L’association Româncele cercetașe (Les Scoutes roumaines) offre son aide pour la préparation et la distribution des soupes, par une adresse du 29 août 1916 de sa secrétaire générale, Letitia Ghidionescu14.

  • 15 Ibidem, dossier 395, f. 12 v, manuscrit ; fonds familial Cantacuzino, dossier 44, f. 86-88, manus (...)
  • 16 Ibidem, dossier 19, f. 7-9.

11Une réalisation essentielle de la SONFR dans le Bucarest occupé est l’organisation et l’entretien de l’Hôpital 113, intégré aux locaux de l’Institut des filles de la Société, au 63 de la rue Principatele Unite. L’hôpital est subventionné par la Banque nationale de Roumanie15. En outre, la Croix-Rouge roumaine lui fournit du matériel pharmaceutique, de la ouate, des pansements, du linge, des instruments chirurgicaux, de la nourriture, et lorsque le nombre de patients augmente, elle prend en charge également une grande partie des dépenses. Cela permet de réaliser des opérations lourdes et vitales, telles que des trépanations, des amputations, des retraits de balles et d’éclats d’obus, des sutures de nerfs, des greffes, etc.16

  • 17 Darea de seamă a Comitetului Central pe anul 1916, 1917, 1918, 1919 [Compte rendu du Comité Centr (...)

12L’Hôpital 113 commence à fonctionner en août 1916. C’est l’un des plus grands et des mieux équipés de Bucarest, avec trois salles de chirurgie, deux d’opération, quatre de pansement, une pharmacie, des cellules d’isolement pour les malades contagieux, des autoclaves, une étuve, des salles de bains, un service de vermifugation, une blanchisserie, une chapelle et une salle des fêtes. Il y existe même des services d’électrothérapie et de mécanothérapie. Les médecins de l’Hôpital 113 sont des spécialistes renommés de l’époque, dont le prof. dr Ramstaedt (directeur de l’hôpital), Bendetto Cimino, Alex. Koslinschy, Ștefan Stoianof, I. Ghidionescu et Matilda Marinescu. Les membres de la SONFR réussissent même à organiser un cinéma dans l’hôpital, ainsi que des cours pour adultes (beaucoup de soldats soignés étant analphabètes), une bibliothèque, un atelier de confection de paniers et de nattes, tout cela pour le rétablissement et la stimulation des blessés17.

Hôpital 113, dans le bâtiment de l’Institut des filles de la SONFR à Bucarest. ANR, collection de docu\u0002ments photographiques, Album 37, photos 1.

Hôpital 113, dans le bâtiment de l’Institut des filles de la SONFR à Bucarest. ANR, collection de docu\u0002ments photographiques, Album 37, photos 1.
  • 18 Alexandrina Gr. Cantacuzino, Cincisprezece ani de muncă socială şi culturală. Discursuri, conferi (...)

13Le 23 novembre 1918, la reine Marie, la princesse Élisabeth et le général Henri Berthelot visitent le siège de la SONFR au 63 Principatele Unite, où a fonctionné jusqu’en avril 1918 l’Hôpital 113. Alexandrina Cantacuzino y donne une réception et un office est célébré dans la chapelle. Berthelot reçoit un parchemin signé par cent membres de la SONFR le remerciant pour la libération de Bucarest18.

  • 19 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 189, f. 45-47, dossier 365, f. 4.

14Une des tâches les plus difficiles et dangereuses des membres de la SONFR (la princesse Alexandrina Gr. Cantacuzino, Zoe Gr. Râmniceanu, Elena Greceanu, Zoe Rosetti Bălănescu, Elena Nițescu, Aristia Pompei et d’autres) est l’organisation et l’approvisionnement des camps de prisonniers de la capitale, tâche qu’elles ont assumée de leur propre initiative, dès les premières heures de l’arrivée de plus de 6 000 prisonniers roumains à Bucarest. Elles réussissent à limiter l’épidémie de typhus exanthématique qui, grâce aux mesures prises, est très réduite dans la capitale. Du 29 novembre 1916 au 1er janvier 1918, le comité de l’association distribue aux prisonniers roumains de l’argent, des objets et de la nourriture d’une valeur de 58 000 lei, et lors des fêtes d’hiver il leur offre des cadeaux (gâteaux, saucisses, vêtements), et assure des services religieux. Certaines membres de la SONFR facilitent l’évasion de 106 officiers et soldats roumains des camps allemands de Bucarest19.

Groupe du personnel de l'hôpital 113, des infirmières volontaires, des soldats malades et blessés. ANR, collection de docu\u0002ments photographiques, Album 37, photos 13.

Groupe du personnel de l'hôpital 113, des infirmières volontaires, des soldats malades et blessés. ANR, collection de docu\u0002ments photographiques, Album 37, photos 13.

15Certaines membres de la SONFR se réfugient en Moldavie et travaillent dans des organisations féministes à Iaşi, sous la direction de la princesse Olga Sturdza Mavrocordat, présidente intérimaire de la Société en 1916-1918. C’est le cas de Maria Glogoveanu, secrétaire générale, qui s’occupe de la réorganisation du secrétariat à Iasi et organise diverses célébrations ; d’Elena gén. Perticari, qui travaille à la section des orphelins ; Aristia C. Dissescu, qui s’occupe de diverses ventes et des chèques ; Elena Seulescu, Maria Timuș, Sultana Miclescu, Tatiana Niculescu Dorobanțu, etc. De nombreuses membres de la section de Craiova, comme Elena Coloni et Margot Oromolu, se réfugient également en Moldavie.

  • 20 Le Mărțișor (littéralement, petit mars) est l’une des traditions roumaines et moldaves (mais que (...)
  • 21 Ibidem, dossier 26, ff. 116, 117, manuscrit.

16Les membres de l’association des différentes localités du pays organisent des conférences sur des questions nationales et morales, continuent à créer des jardins d’enfants, des écoles primaires et secondaires, des cours pour adultes, à ouvrir des bibliothèques populaires, organisent des campagnes de collecte de fonds et vendent des mărțișor20 avec l’emblème national. Maria Glogoveanu dessine le modèle d’un marque-page à la mémoire des batailles héroïques des soldats roumains de 1917, en y inscrivant « deux motifs : sur l’un d’eux était écrit SONFR et sur l’autre : Mărășești, Mărăști, Oituz 1917 – Ils ne passeront pas »21. Des milliers de cartes de ce type sont vendues en Moldavie et l’argent récolté est envoyé aux sections de l’association confrontées à des difficultés.

Marque-page, réalisé à la Pyrotechnie de l’armée de Iaşi en 1918, cf. SONFR, Compte rendu du comité central des années 1916, 1917, 1918, 1919, Bucarest, Imprimerie Poporul, 1920, p. 14.

Marque-page, réalisé à la Pyrotechnie de l’armée de Iaşi en 1918, cf. SONFR, Compte rendu du comité central des années 1916, 1917, 1918, 1919, Bucarest, Imprimerie Poporul, 1920, p. 14.

Trois leaders féministes et leurs initiatives unionistes : Maria Baiulescu, Elena Alistar, Alexandrina Cantacuzino

17Maria Baiulescu (1860-1941), issue d’une famille d’intellectuels de Brașov reçoit une éducation solide. Son père, le prêtre orthodoxe Bartolomeu Baiulescu, avait fondé une école et sa mère, Elena, avait édité le journal Familia et avait été membre de l’Union des femmes roumaines à Brașov. Elle devient écrivaine, publiciste, traductrice, elle écrit de la poésie, de la prose, des pièces de théâtre publiées dans diverses revues, et leader féministe à la présidence de l’Union des Femmes roumaines à Brașov pendant vingt-huit ans.

  • 22 Ana Victoria Sima, Maria Baiulescu, dans Adina Berciu-Drăghicescu (dir.), Eroinele României Mari. (...)

18Maria Baiulescu, esprit moderne et réformateur dans la société complexe de Transylvanie, soutient l’intensification des relations avec des associations de femmes hongroises et saxonnes similaires. En 1909, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l’Union des femmes allemandes à Braşov, elle est invitée à parler du rôle de cette union et de son implication dans les projets caritatifs de la ville22.

  • 23 Maria Baiulescu, Zece ani în România Mare şi şaptesprezece ani de la înfiinţare. Istoricul [Dix a (...)
  • 24 Adina Berciu-Drăghicescu, op. cit., p. 21.

19L’idéal de l’unité des associations de femmes dans l’Empire austro-hongrois, énoncé pour la première fois en 1911, est au cœur de la vision de Maria Baiulescu. Le nombre d’unions de femmes apparues en Transylvanie au cours des dernières décennies rend nécessaire leur unification, pour une meilleure coordination de leurs activités. Après de nombreuses discussions et négociations, Maria Baiulescu réussit en 1913 à les réunir sous l’égide de l’Union des femmes roumaines de Hongrie (avec elle-même comme présidente et Elena Săbădeanu comme présidente d’honneur). Plus de 140 déléguées de trente-sept unions de femmes roumaines participent au congrès d’unification, qui se tient les 3 et 4 juin 1913 à Braşov et se transforme en une véritable fête nationale23. Parmi les femmes particulièrement actives dans cette Société et, plus tard, dans leur collaboration avec la Croix-Rouge, on peut citer Catinca Bârseanu (Sibiu), Ana Filip (Abrud), Paulina Rădulescu (Lugoj), Maria Moldovan (Arad), Elena Pop (Blaj), Lucreția Murășanu (Turda), Elena Mețianu (Zernești), Ana Pop de Lemeny (Cluj)24.

  • 25 Ştefania Mihăilescu, Din istoria feminismului românesc. Antologie de texte (1838-1929) [Une histo (...)

20En août 1916, lorsque l’armée roumaine entre en Transylvanie et qu’une partie de la population saxonne et hongroise de Brașov fuit les nouveaux arrivants, Maria Baiulescu, avec son frère Gheorghe et les autres membres de l’Union des Femmes, choisit de rester et de se mettre à la disposition des autorités militaires roumaines. À son initiative, l’Union des Femmes roumaines de Brașov devient la Société roumaine de la Croix-Rouge et prend en charge la restauration des hôpitaux et les soins aux troupes roumaines. Elle est aidée par les autres membres de l’Union, notamment Elena Săbădeanu (vice-présidente), Maria Popescu-Bogdan (secrétaire), Virginia Braniște, Maria Oncioiu, Tulia Găvruș (sœurs de la Charité), Catinca Pușcariu25 et d’autres. Les initiatives de Maria Baiulescu se tournent également vers les orphelins, dont beaucoup sont hébergés dans la pension de l’Union des Femmes, qui cesse ses activités à l’issue des quarante-huit jours de domination roumaine sur Braşov.

21Lorsque les troupes roumaines se retirent de Transylvanie, Maria Baiulescu, consciente des lourdes conséquences pour tous ceux qui ont collaboré avec elles, choisit de passer dans le Royaume. Certaines de ses proches collaboratrices, comme Virgilia Braniște et Maria Oncioiu, quittent elles aussi Braşov pour travailler comme sœurs de Charité dans le service sanitaire de l’armée roumaine, en accompagnant les soldats sur le front en Moldavie. Pour celles qui décident de rester à Braşov, il s’ensuit une période de mesures coercitives de la part des autorités hongroises réinstallées, qui se traduisent par des arrestations, des perquisitions, le pillage et la confiscation des biens.

22À Iaşi, Maria Baiulescu collabore avec des membres de la SONFR, telle la princesse Olga Sturdza Mavrocordat, à l’initiative de laquelle sont fondés le premier Comité des dames pour la Protection des orphelins de guerre et la Société pour la Protection des orphelins de guerre. Elle collabore également avec les leaders féministes Elena Meissner, Ella Negruzzi, Calypso Botez, avec lesquelles elle réussit à fonder l’Association pour l’Émancipation civile et politique des femmes roumaines, dont elle est la première présidente. Plus tard, dans le rapport présenté au congrès de l’Union des femmes roumaines en mars 1919, elle déclare :

  • 26 L’Annuaire…, op. cit., p. 5.

Seule représentante de la Transylvanie, j’ai eu l’honneur d’être élue présidente du comité et des statuts, dirigeant jusqu’à mon départ cette Société composée des personnes les plus remarquables de la classe intellectuelle. Lorsque notre rêve s’est réalisé par la victoire finale remportée par le peuple épris de justice, l’Association a été la première à avoir organisé, à l’aube du nouveau bonheur, de la manifestation nationale du 1er décembre 1918, une célébration à laquelle j’ai eu l’immense honneur de participer en présence de Sa Majesté la reine Marie. Lors de cette célébration nationale, j’ai eu l’occasion de parler au nom des femmes roumaines de Transylvanie26.

  • 27 Anton Drăgoescu (dir.), Istoria României. Transilvania [Histoire de la Roumanie. La Transylvanie] (...)
  • 28 Carmen Albert, Valeria Pintea, dans Adina Berciu-Drăghicescu, op. cit., p. 152.

23Alors que les Roumains de Tchernivtsi décrètent le 15/28 novembre 1918 au Congrès général de Bucovine « l’union inconditionnelle et définitive de la Bucovine avec le Royaume de Roumanie », les unions de femmes de Transylvanie et du Banat élisent leurs déléguées à la Grande Assemblée nationale d’Alba-Iulia avec pour mandat de soutenir « l’union avec le pays » de ces provinces habitées majoritairement par des Roumains, et les réformes démocratiques, y compris le suffrage universel pour les deux sexes. Les participantes venues de Sibiu sont Eugenia Tordășianu et le Dr Eleonora Lemenyi-Rozvány, enseignantes à l’École civile pour filles27 ; l’une des participantes originaire du Banat est Valeria Pintea28.

  • 29 Ștefania Mihăilescu, op. cit., tome I p. 35.

24Lors de l’Assemblée du 18 novembre/1er décembre 1918 à Alba Iulia l’union de la Transylvanie et du Banat avec la Roumanie est proclamée. Des représentantes des unions de femmes roumaines y sont également présentes. Eleonora Lemeny, de Sibiu, est élue députée au Grand Conseil national et se voit confier la direction du département du Travail au sein du Conseil dirigeant29.

  • 30 Mihail Ipate, Elena Alistar-Romanescu, dans Adina Berciu-Drăghicescu, op. cit., p. 201.
  • 31 ANR, SANIC, fonds personnel Pelivan Ion, dossier 16, p. 4, 11v.

25En Bessarabie, Elena Alistar est une figure marquante de la lutte des Roumains pour l’unité. Née le 1er juin 1873 à Vaisal, un village du département d’Ismail, dans la famille du prêtre Vasile Bălan, elle commence ses études dans une école russe du village, entre en 1883 à l’école éparchiale pour filles de Chișinău et obtient son diplôme en 1890. Elle a du mal à s’habituer au régime de l’école, en particulier à la règle de ne parler que le russe, et ses souvenirs d’études sont surtout liés à la dénationalisation30. Plus tard, en décembre 1918, lorsqu’elle est nommée enseignante et directrice de l’école éparchiale pour filles, elle transforme cette vieille institution de russification en une pépinière de roumanité31.

  • 32 Ibidem, f. 13.
  • 33 Ion Pelivan, l’un des dirigeants du mouvement national en Bessarabie, a déclaré lors de la célébr (...)

26Elle travaille comme institutrice jusqu’en 1896 dans les communes de Roșu et de Zărnești dans le département d’Ismail, puis épouse le prêtre Dimitrie Alistar32 et l’accompagne dans ses paroisses. En 1898, ils s’installent dans le village de Rezeni, dans le département de Chişinău, où elle fonde « la seule école pour adultes de toute la Bessarabie », mais qui est fermée par les autorités. Son désir d’« éclairer le peuple » se heurte cependant à un problème majeur : le manque de livres en roumain. Elena Alistar promeut la culture roumaine en diffusant les revues Sămănătorul (Le Semeur), Albina (L’Abeille)33, des ouvrages d’histoire du peuple roumain, dans les écoles où elle enseignait.

  • 34 Ibidem, f. 13.
  • 35 Ibidem, f. 2.
  • 36 Ibidem, f. 3, 14.

27En 1909, elle s’inscrit comme boursière à la Faculté de médecine de Iaşi, soutenue par le philanthrope Vasile Stroescu et Constantin Stere. Le 16 mai 1912, elle participe avec Pantelimon Halippa et Eliza Bălan34 aux manifestations étudiantes contre la Russie, qui célèbre alors le centenaire de l’annexion de la Bessarabie35. Toujours en 1912, Elena Alistar publie des articles dans le journal Cuvânt Moldovenesc [Parole moldave], dans lesquels elle dénonce la politique coloniale de la Russie tsariste en Bessarabie, où plus de 90 % des Moldaves de Bessarabie sont analphabètes. Elle attire ainsi sur elle l’attention des autorités russes, comme le montre un signalement du commandement de la gendarmerie de Bessarabie au procureur du tribunal de Chișinău le 26 août 1914. À cette époque, elle est arrêtée pour propagande pro-roumaine et détenue pendant plusieurs semaines à la prison centrale de Chișinău en tant qu’espionne roumaine36.

  • 37 Mihail Ipate, op. cit., p. 203.

28En 1913, en tant qu’infirmière volontaire, elle participe à la seconde guerre balkanique et contribue à la lutte contre le choléra et le typhus exanthématique en Olténie et en Munténie, où elle est décorée des médailles Vaillance et Foi et Mérite sanitaire. En 1916, Elena Alistar est mobilisée comme médecin sous-lieutenant à l’hôpital de la Croix-Rouge de Iaşi, où elle travaille jusqu’en octobre 1917, date à laquelle elle retourne en Bessarabie comme médecin à l’hôpital de Costiujeni. À la fin du mois de mars 1917, elle contribue, avec de nombreux intellectuels, dont Paul Gore, Vladimir Herța, Pantelimon Halippa, Simeon Murafa, Nicolae Alexandri, le Dr Varzari et le père C. Popovici, à la fondation du Parti national moldave en Bessarabie37.

29En octobre 1917, lors de l’élection des membres de l’Assemblée nationale législative appelée Sfatul țării (Conseil du Pays), elle est la seule femme roumaine parmi les 156 députés. En tant que membre du Conseil du Pays, Elena Alistar rejoint le groupe le plus nombreux – le Bloc moldave – qui, bien que divisé sur les questions sociales, a la même vision de la question nationale : l’union avec la Roumanie. Le Conseil du Pays, véritable parlement révolutionnaire de la Bessarabie, fonctionne entre le 21 novembre 1917 et le 27 novembre 1918 et Elena Alistar agit dans les comités éditorial et scolaire.

30L’ouverture des travaux du Conseil du Pays, le 21 novembre/4 décembre 1917, est solennelle et émouvante. Elena Alistar, en costume national, place le ruban tricolore sur les épaules du président du Conseil, Ion Inculeț. Au cours de la réunion, la représentante de la Ligue des Femmes moldaves souligne le rôle des femmes dans l’éducation des générations futures. Le 2/15 décembre, le Conseil du Pays proclame la République démocratique de Moldavie. Le journaliste Alexis Nour relate ces événements dans Acțiunea feministă (L’Action féministe) :

  • 38 Alexe Nour, dans « Acțiunea feministă », An I, n° 4/15 juin 1919 ; Elena Alistar était à ce momen (...)

L’éligibilité et la participation des femmes à toutes les élections ont été établies ; une femme juge de paix a été admise, sur la base de ce principe triomphant, Mme le Dr E. Alistari a été élue députée au Conseil du pays et une socialiste, Vera Grunfeld, est devenue ministre de l’Industrie et du Commerce de la République de Moldavie…38

  • 39 Vezi Alexandru Boldur, Istoria Basarabiei [Histoire de la Bessarabie], Éd. Logos, Bucarest, 1992.

31Le 24 janvier/6 février 1918 est proclamée la République moldave indépendante, séparée de la République fédérative de Russie. Après le Te Deum et la procession à la cathédrale, le général Ernest Broșteanu, commandant des troupes roumaines qui ont libéré la Bessarabie, invite l’ensemble du Conseil du Pays ainsi que le personnel de la légation française au Casino. Lors du banquet, dont le thème principal est l’union dans les plus brefs délais, Elena Alistar prononce un discours magnifique et émouvant sur ce thème39.

Elena Alistar parmi les députés élus au Conseil du Pays (ANR, collection de documents photographiques, F IV 234.)

Elena Alistar parmi les députés élus au Conseil du Pays (ANR, collection de documents photographiques, F IV 234.)

32Le 27 mars-9 avril 1918 Elena Alistar, portant le costume traditionnel et la marama (foulard oblong tissé à la main avec du fil de soie brute et porté sur la tête) fait partie des 135 députés qui votent pour l’union de la Bessarabie avec la Roumanie. Elle décrit ce moment historique dans ses mémoires :

  • 40 Alistar Elena, « Amintiri din anii 1917/1918 » [Souvenirs des années 1917/1918], dans Patrimoniu (...)

Le soir du 27 mars, à 6 heures, a commencé la séance de proclamation de l’Union de la Bessarabie avec la Mère Patrie. Il est difficile de décrire la joie de nombreux membres du Conseil national, notamment de M. Stere, qui avait l’air d’un homme très heureux. Le soir, M. Marghiloman [Président du Conseil de la Roumanie] nous a invités à un banquet. Malgré toute la joie que je ressentais dans mon cœur à l’occasion de l’Union, j’ai éprouvé une grande douleur lorsque M. Marghiloman a dit « la première et la dernière députée du pays ». Ces paroles sorties de la bouche de M. Marghiloman m’ont fait regretter de ne pas avoir eu assez de courage pour protester en faveur de la préservation des droits40.

  • 41 Mihail Ipate, « Nadejda Tudor » dans Adina Berciu-Drăghicescu, op. cit., p. 174.
  • 42 ANR, SANIC, fonds personnel Pelivan Ion, dossier 16, f. 4.

33Elena Alistar fonde la société culturelle des étudiantes en médecine intitulée Făclia (Le Flambeau) et avec d’autres professeurs, comme Nadejda Tudor41, elle fonde et préside la Ligue culturelle des Femmes moldaves de Bessarabie, à travers laquelle elle coordonne des étudiantes (Nina Bogos, Iulia Bujoreanu, Elena Tocan, Marioara Gheorghiu) et des professeurs (Speranța Tudor, Elena Derevici, Ana Hariton, Olga Turcan, Ana Gheorghiu) afin de promouvoir l’idéal de l’unité roumaine42.

  • 43 Ibidem, f. 26, manuscrit.

34Elle adhère également à la section de Chişinău de la SONFR et participe à la réunion de fondation de la section de Bessarabie de la Société, le 17 juin 1918, dans la salle du Musée régional de Chişinău, avec plusieurs membres, dont certaines réfugiées en Moldavie (Margot Oromolu, Elena Perticari). Dans le procès-verbal de cette réunion, sa présence est notée comme suit : « Mme la Dr E. Alistar parle au nom de la Ligue des Femmes de Bessarabie, qui poursuit les mêmes objectifs nationaux-culturels que la Société orthodoxe »43. Dans l’entre-deux-guerres, Elena Alistar n’a de cesse de promouvoir le mouvement féministe, collabore avec Iulia Siminel, présidente de la section bessarabienne de la SONFR, assiste aux réunions de l’association et fonde une section bessarabienne du Groupe des Femmes roumaines, le premier parti politique des femmes roumaines.

  • 44 Elle a publié en 1928 Quinze ans de travail social et culturel. Discours, conférences, articles, (...)

35La princesse Alexandrina Pallady-Cantacuzino44 (1876-1944), fille du boyard Theodor Pallady et d’Alexandrina Krețulescu, fait ses études à Paris. Elle épouse le prince Grigore Gheorghe Cantacuzino (1872-1930), avec lequel elle a trois fils. Alexandrina Cantacuzino est une oratrice appréciée et l’auteur de nombreux essais, mémoires et articles promouvant l’émancipation des femmes. Elle fonde et/ou coordonne plusieurs associations féministes nationales et internationales, telles que la SONFR, le Conseil national des Femmes roumaines, le Conseil international des Femmes, la Petite Entente féminine, Solidarité, la Maison des Femmes, la Société Țesătoarea (La Tisseuse), fondée par la Reine Élisabeth, etc. Elle voyage dans le monde entier et promeut les valeurs des femmes roumaines aux États-Unis, au Canada, en Italie, en Espagne, en France, en Pologne, en Suisse, en Transnistrie, en Ukraine, en Crimée et en Inde.

36Alexandrina Gr. Cantacuzino est une promotrice constante de l’idéal de l’unité roumaine, qui a soutenu sans cesse les efforts culturels des femmes en Transylvanie, au Banat et en Bessarabie, et a œuvré pour la création d’associations féministes nationales :

  • 45 Les débats de l’Assemblée générale et du Congrès de Cluj, salle du Théâtre national, 24 et 25 avr (...)

Notre premier souci, depuis 1910, a été d’établir des liens étroits avec les associations culturelles de Transylvanie, du Banat, de Bessarabie et de Bucovine, ainsi qu’avec les dirigeants des provinces alliées, en vue d’une coopération plus étroite dans la poursuite du saint idéal qui nous inspirait. Le soutien que nous avons apporté après le début de la guerre mondiale à nos frères de Transylvanie, réfugiés dans notre patrie, est bien connu : la célébration de la Nativité du Seigneur en 1915 et 1916, lorsque quatre cents membres éminents de Transylvanie s’étaient réunis sous sous l’égide de la Société orthodoxe, avec M. Goga, le père Lucaciu, le père Imbroane, M. Voicu Nițescu et d’autres, sont des témoignages de nos sentiments fraternels. En même temps, nous distribuions des aides d’une valeur de 300 000 lei aux femmes pauvres de la région de Transylvanie qui s’étaient réfugiées dans la capitale. Lors des fêtes religieuses nous avons également fait distribuer aux soldats des hôpitaux de Braşov, Cluj, Sibiu des vêtements, du linge et de l’argent grâce aux dons faits à Mmes Baiulescu et Catinca Bârsan à cet effet45.

  • 46 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 13/1913, f. 1.

37Le 26 mai 1913 l’assemblée générale de la SONFR se tient à Iaşi, où la « situation politique et culturelle insupportable » des Roumains de Transylvanie46 est analysée et où une motion condamnant la politique anti-roumaine du gouvernement hongrois et soutenant les droits nationaux des Roumains est adoptée.

38Dans le contexte de la Première Guerre mondiale et de la Grande Union, les femmes de la SONFR lancent un appel à leurs compatriotes de Transylvanie :

  • 47 « Apelul Societății Ortodoxe către femeile române din Ardeal » [L’Appel de la Société Orthodoxe R (...)

Appel à nos sœurs de Transylvanie. De notre cœur au vôtre.
Dans les tourments où nous avons vécu le feu, le sang et l’humiliation, seule la foi dans la juste cause de notre nation nous a donné l’espoir et la force de tout affronter pour vivre ces moments divins, où les larmes séculaires de toute une nation coulent aujourd’hui comme une rosée bénie enrichissant la terre sainte de la Grande Roumanie. Dans la grande joie de ces journées, notre première pensée va vers vous, chères sœurs, qui avez su, par tant de sacrifices et de constance, construire un pays libre pour tous nos enfants. Aujourd’hui, cependant, d’autres grands devoirs nous appellent tous à travailler au développement de notre Grande Roumanie. Nous vous assurons de notre amour indéfectible et de notre grand désir de travailler ensemble, main dans la main, pour le progrès de notre peuple et le bien commun. Nous attendons le grand moment où nous pourrons vous avoir parmi nous pour vous célébrer de tout cœur47.

39Plusieurs unions de femmes roumaines de Transylvanie leur répondent en leur adressant leurs remerciements et leurs sentiments chaleureux. Catinca Bârsan, une dirigeante active de Sibiu, écrit au comité de la SONFR :

  • 48 « Răspunsul diferitelor reuniuni ale femeilor române din Ardeal », [La réponse des différentes r (...)

Nous sommes en possession de votre précieuse lettre du 27 décembre 1918, n° 108, qui nous a été envoyée par Mme Maria B. Baiulescu, présidente de l’Union des Femmes roumaines d’au-delà des Carpates. Nous vous remercions pour votre aimable souvenir et vos salutations chaleureuses dans la joie des grands jours que le bon Dieu nous a accordés, en réalisant le rêve de nos pères, la réunification de notre nation. Nous vous prions également de recevoir l’assurance de la diligence avec laquelle nous sommes prêtes à travailler toujours, de tout notre cœur, pour le progrès de notre peuple et le bien commun48.

Les femmes de Bucovine envoient un télégramme à la SONFR :

  • 49 Télégramme envoyé à la Société Orthodoxe par les Femmes Roumaines de Bucovine, dans ibidem, p. 10 (...)

La Société des Dames roumaines de Bucovine, réunie aujourd’hui en assemblée générale, a pris connaissance avec beaucoup de plaisir et d’intérêt du rapport présenté à l’assemblée par sa déléguée, qui a passé deux semaines à Bucarest. Nous vous adressons, ainsi qu’à toutes les dames de la Société des Femmes orthodoxes, nos remerciements les plus sincères pour le bel et bon accueil que vous avez réservé à cette déléguée, qui est rentrée chez elle avec les souvenirs les plus agréables et de riches impressions qui animent d’un souffle nouveau notre travail ici. L’assemblée générale de la Société des Dames de Bucovine49.

40Dans les réserves de l’ANR se trouve également une photographie de janvier 1919, lorsque les membres de la SONFR organisèrent une fête en l’honneur de Miron Cristea, évêque de Caransebeș ; Iuliu Hossu, évêque de Cluj-Gherla ; Dragomir Silviu, historien et secrétaire de la Grande Assemblée nationale d’Alba Iulia, venus à Bucarest pour remettre au roi Ferdinand l’Acte d’Union du 1er décembre 1918. 

  • 50 ANR, SANIC, fond SONFR, dossier 14, f. 15, registre, manuscrit.
  • 51 Elvira-Ecaterina Ivănescu, Societatea Ortodoxă Naţională a Femeilor Române (1910–1948, 1990–2001) (...)

41Dans ce contexte de l’unification roumaine, de plus en plus de féministes se solidarisent, se réunissent en assemblées et s’organisent en associations nationales. Le 25 mai/7 juin 1919, les membres de la SONFR tiennent leur première assemblée générale d’après-guerre, puis le congrès annuel de la société50 est organisé à Bucarest, dans les locaux de l’Institut, 63 rue Principatele Unite, avec pour invitées les représentantes de l’association de l’Union des femmes roumaines de Transylvanie, de Bucovine et de Bessarabie, qui parlent, évidemment, beaucoup d’unions, de la création de la Grande Roumanie51. La présidente Alexandrina Gr. Cantacuzino accueille de nombreuses déléguées venues de tout le pays, dont Catinca Bârsan et Eugenia Tordășianu de Sibiu, Maria Baiulescu de Braşov, Aurelia Pipoș et le père Lupaș de Cluj, le père Coriolan Buracu de Mehadia, le docteur Rațiu de Turda, Aspasia Luta de Bucovine.

  • 52 « Raportul Comitetului Central de la 1 noiembrie 1918-1 noiembrie 1919 » [Le Rapport du Comité Ce (...)

42Le premier congrès d’après-guerre de la SONFR a lieu sous la présidence du métropolite Pimen de Moldavie et de Suceava et avec la participation de ministres – George Mârzescu, Ștefan Cicio Pop, Vasile Goldiș – et du maire de la capitale, Emil Petrescu. Le métropolite Pimen propose de lancer le programme de construction de l’église de la Nation à Mărășești, pour qu’y reposent les soldats qui se sont sacrifiés pour la patrie52, proposition que les membres de la société acceptent. Eugenia Tordășianu, la déléguée des femmes de Sibiu déclare :

  • 53 ANR, SANIC, fond SONFR, dossier 14, f. 18-19, registre, manuscrit.

Onze unions de Transylvanie, par l’intermédiaire de trente de leurs déléguées, participent à l’assemblée d’aujourd’hui, qui est le premier jour de célébration de l’âme roumaine après des siècles de tourments et de souffrances. La femme a éduqué les générations d’enfant : « Le Roumain est puissant et ne périt jamais » et nous voyons aujourd’hui à quel point elle a eu raison ; nous sommes venues vous remercier pour le soutien accordé aux frères persécutés et pour encourager ceux qui saignent encore aujourd’hui ; cela montre le sens des unions transylvaniennes qui ont renforcé l’Église, l’école, préservé la langue et les coutumes53.

  • 54 Ibidem, dossier 80, f. 4.

43Ainsi, l’idéal national a été promu au niveau du mouvement féministe, par les associations existant dans les provinces roumaines. Alexandrina Cantacuzino, dans un exposé des objectifs de la SONFR, a soutenu en premier lieu la nécessité de renforcer l’Église orthodoxe, « le second point du programme portant sur le renforcement de l’idée nationale et la préparation des âmes à la réalisation de l’union, tant attendue depuis des siècles. Dieu nous a aidés à vivre l’heure sainte de la réunification de la nation et à contribuer à ce grand acte, à l’aune de nos pouvoirs54 ».

44En conclusion, ces trois femmes d’exception : Elena Alistar de Bessarabie, Maria Baiulescu de Transylvanie et Alexandrina Gr. Cantacuzino de Valachie, ont mené une activité exemplaire en tant que leaders d’associations féministes, pour promouvoir, autour de 1918, les idéaux unionistes des Roumains à travers de nombreuses initiatives et actions. Elles représentent les figures de proue d’une première génération de féministes ayant agi au niveau national, dans toutes les provinces historiques roumaines, pendant la Première Guerre mondiale, en tant qu’infirmières aux côtés des soldats ou à l’arrière du front, dans des écoles transformées en hôpitaux, ou dans les camps, toujours animées par l’idéal national, que le peuple roumain a finalement atteint en 1918.

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Notes

1 Archives nationales de Roumanie (ci-après NRA), Service des Archives nationales historiques centrales (ci-après SANIC), Fonds de la Société nationale orthodoxe des femmes roumaines – Comité central (ci-après SONFR), dossier 4, feuille (f.) 65.

2 Statuts de la SONFR dans Monitorul oficial (Le Moniteur officiel), n° 255, 17 février 1911.

3 Alin Ciupală, Femeia în societatea românească a secolului al XIX-lea [La femme dans la société roumaine du xixe siècle], Editura Meridiane, Bucuresti, 2003, p. 89.

4 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 53, f. 1-121, manuscrit.

5 Ibidem, dosar 38, f. 13-24.

6 Le terme utilisé à l'époque est « jardins, écoles pour les petits enfants ».

7 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 19/1916-1918, f. 2, manuscrit.

8 ANR, SANIC, fonds familial Meissner, dossier XI/36, f. 16.

9 Statutele Asociaţiei pentru Emanciparea Civilă şi Politică a Femeilor Române [Les Statuts de l’association civile et politique des femmes roumaines], dans ANR, SANIC, fonds de l’Institut d’études historiques et socio-politiques, XV, « Personalités », dossier 268.

10 ANR, SANIC, fonds familial Meissner, dossier XI/100, f. 1, manuscrit.

11 Acțiunea feministă, An I, 20/1920, p. 4.

12 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 17, f. 18.

13 Ibidem.

14 Ibidem, dossier 16, f. 63.

15 Ibidem, dossier 395, f. 12 v, manuscrit ; fonds familial Cantacuzino, dossier 44, f. 86-88, manuscrit.

16 Ibidem, dossier 19, f. 7-9.

17 Darea de seamă a Comitetului Central pe anul 1916, 1917, 1918, 1919 [Compte rendu du Comité Central des années 1916, 1917, 1918, 1919], Imprimerie Poporul, Bucarest, 1920, p. 47-80.

18 Alexandrina Gr. Cantacuzino, Cincisprezece ani de muncă socială şi culturală. Discursuri, conferinţe, articole, scrisori [Quinze ans de travail social et culturel. Discours, conférences, articles, lettres], Tipografia Românească, Bucarest, 1928, p. 38.

19 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 189, f. 45-47, dossier 365, f. 4.

20 Le Mărțișor (littéralement, petit mars) est l’une des traditions roumaines et moldaves (mais que l’on retrouve également en Bulgarie, en Macédoine du Nord et en Serbie) les plus représentatives. Célébré le 1er mars, le Mărţişor symbolise le début du printemps. Sujet de plusieurs mythes et légendes, le Mărţişor est un porte-bonheur offert pendant tout le mois de mars aux proches et aux bien-aimés afin de leur apporter bonne chance et santé. Il est formé d’un fil blanc (symbolisant l’hiver qui passe) et d’un fil rouge (symbolisant le printemps, la renaissance) tressés, auxquels on attache traditionnellement d’autres symboles de la chance : un trèfle à quatre feuilles, un fer à cheval, un ramoneur, une coccinelle, un cœur, ou bien d’autres petits objets décoratifs, des médaillons en céramique, verre, bois ou métal. À partir de 2017, il fait partie du patrimoine immatériel de l’Unesco. (NDT)

21 Ibidem, dossier 26, ff. 116, 117, manuscrit.

22 Ana Victoria Sima, Maria Baiulescu, dans Adina Berciu-Drăghicescu (dir.), Eroinele României Mari. Destine din linia întâi [Les Héroïnes de la Grande Roumanie. Destins en première ligne], Éd. Muzeul Literaturii Române, Bucarest, 2018, p. 85.

23 Maria Baiulescu, Zece ani în România Mare şi şaptesprezece ani de la înfiinţare. Istoricul [Dix ans de Grande Roumanie et dix-sept ans depuis sa fondation], dans Anuarul Uniunii Femeilor Române din România Mare. Al şaptesprezecelea an de la întemeiere (1913-1930) [L’Annuaire de l’union des femmes roumaines de la Grande Roumanie. 17e année depuis la fondation], Brașov, septembre 1930, p. 1-3 ; Revista Scriitoarei, An I, 8/1927, p. 123.

24 Adina Berciu-Drăghicescu, op. cit., p. 21.

25 Ştefania Mihăilescu, Din istoria feminismului românesc. Antologie de texte (1838-1929) [Une histoire du féminisme roumain. Anthologie de textes (1838-1929)], tome I, Éd. Polirom, Bucarest, 2002, p. 33 et 46 ; Ana Victoria Sima, op. cit., p. 86.

26 L’Annuaire…, op. cit., p. 5.

27 Anton Drăgoescu (dir.), Istoria României. Transilvania [Histoire de la Roumanie. La Transylvanie], Éd. Fundația George Barițiu, Cluj-Napoca, volumul II, 1997, p. 663.

28 Carmen Albert, Valeria Pintea, dans Adina Berciu-Drăghicescu, op. cit., p. 152.

29 Ștefania Mihăilescu, op. cit., tome I p. 35.

30 Mihail Ipate, Elena Alistar-Romanescu, dans Adina Berciu-Drăghicescu, op. cit., p. 201.

31 ANR, SANIC, fonds personnel Pelivan Ion, dossier 16, p. 4, 11v.

32 Ibidem, f. 13.

33 Ion Pelivan, l’un des dirigeants du mouvement national en Bessarabie, a déclaré lors de la célébration du 65e anniversaire d’Elena Alistar qu’il avait reçu d’elle les premiers numéros de ces revues lorsqu’il était étudiant au séminaire théologique de Chisinau, voir ANR, SANIC, fonds personnel Pelivan Ion, dossier 16, f. 2.

34 Ibidem, f. 13.

35 Ibidem, f. 2.

36 Ibidem, f. 3, 14.

37 Mihail Ipate, op. cit., p. 203.

38 Alexe Nour, dans « Acțiunea feministă », An I, n° 4/15 juin 1919 ; Elena Alistar était à ce moment-là la seule femme du Conseil départemental. Voir Maria Vieru Isaer, « Elena Alistar – deputat în Sfatul Țării, pedagog și promotoare a portului popular » [Elena Alistar – députée au Conseil départemental, enseignante et promotrice du costume folklorique] dans Buletin Științific [Bulletin scientifique], revue d’ethnographie, de sciences naturelles et de muséologie du musée national d’Ethnographie et d’histoire naturelle de Chisinau, 29 (42), 2018, p. 14 et Alexandru Chiriac, « Membrii Sfatului Ţării (1917-1918) » [Les membres du Conseil départemental (1917-1918)], Dictionnaire, Éd. Fundaţiei Culturale, Bucarest, 2001, p. 100.

39 Vezi Alexandru Boldur, Istoria Basarabiei [Histoire de la Bessarabie], Éd. Logos, Bucarest, 1992.

40 Alistar Elena, « Amintiri din anii 1917/1918 » [Souvenirs des années 1917/1918], dans Patrimoniu [Patrimoine], Revista de lectură istorică [Revue de lecture historique], 1991, 3, p. 97-117, <https://www.flipsnack.com/cecoinadejda/alistar-elena-amintiri-din-anii-19171918-in patrimoniu-rev.html>.

41 Mihail Ipate, « Nadejda Tudor » dans Adina Berciu-Drăghicescu, op. cit., p. 174.

42 ANR, SANIC, fonds personnel Pelivan Ion, dossier 16, f. 4.

43 Ibidem, f. 26, manuscrit.

44 Elle a publié en 1928 Quinze ans de travail social et culturel. Discours, conférences, articles, lettres, Tipografia Românească, Bucarest. Voir aussi les recueils de documents édités par Anemari Monica Negru : Alexandrina Cantacuzino et le mouvement féministe dans l’entre-deux-guerres, tomes I et II, Éd. Cetatea de Scaun, Târgoviște, 2015 et 2019 ; Une l’histoire de la Société nationale orthodoxe des femmes roumaines, Éd. Cetatea de Scaun, Târgoviște, 2016.

45 Les débats de l’Assemblée générale et du Congrès de Cluj, salle du Théâtre national, 24 et 25 avril 1926, dans Dare de seamă a Comitetului Central. Septembrie 1924-1925 [Compte rendu du Comité Central. Septembre 1924-1925], Curierul Judiciar, Bucarest, 1927, p. 25-26.

46 ANR, SANIC, fonds SONFR, dossier 13/1913, f. 1.

47 « Apelul Societății Ortodoxe către femeile române din Ardeal » [L’Appel de la Société Orthodoxe Roumaine aux femmes roumaines de Transylvanie], dans Compte rendu du Comité Central des années 1916, 1917, 1918, 1919, op. cit., p. 98.

48 « Răspunsul diferitelor reuniuni ale femeilor române din Ardeal », [La réponse des différentes réunions des femmes roumaines de Transylvanie] dans Compte rendu du Comité Central des années 1916, 1917, 1918, 1919, op. cit., p. 99.

49 Télégramme envoyé à la Société Orthodoxe par les Femmes Roumaines de Bucovine, dans ibidem, p. 100.

50 ANR, SANIC, fond SONFR, dossier 14, f. 15, registre, manuscrit.

51 Elvira-Ecaterina Ivănescu, Societatea Ortodoxă Naţională a Femeilor Române (1910–1948, 1990–2001) [La Société Orthodoxe Nationale des Femmes Roumaines (1910-1948, 1990-2001)], Éd. Universitaria Craiova, 2001, p. 19.

52 « Raportul Comitetului Central de la 1 noiembrie 1918-1 noiembrie 1919 » [Le Rapport du Comité Central du 1er novembre 1918-1er novembre 1919], dans Compte rendu du Comité Central des années 1916, 1917, 1918, 1919, op. cit., p. 17.

53 ANR, SANIC, fond SONFR, dossier 14, f. 18-19, registre, manuscrit.

54 Ibidem, dossier 80, f. 4.

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Table des illustrations

Titre Hôpital 113, dans le bâtiment de l’Institut des filles de la SONFR à Bucarest. ANR, collection de docu\u0002ments photographiques, Album 37, photos 1.
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Titre Groupe du personnel de l'hôpital 113, des infirmières volontaires, des soldats malades et blessés. ANR, collection de docu\u0002ments photographiques, Album 37, photos 13.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cher/docannexe/image/15146/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 104k
Titre Marque-page, réalisé à la Pyrotechnie de l’armée de Iaşi en 1918, cf. SONFR, Compte rendu du comité central des années 1916, 1917, 1918, 1919, Bucarest, Imprimerie Poporul, 1920, p. 14.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cher/docannexe/image/15146/img-3.jpg
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Titre Elena Alistar parmi les députés élus au Conseil du Pays (ANR, collection de documents photographiques, F IV 234.)
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Pour citer cet article

Référence papier

Anemari Monica Negru, « Les féministes et l’idéal national roumain de 1918 »reCHERches, 30 | 2023, 125-141.

Référence électronique

Anemari Monica Negru, « Les féministes et l’idéal national roumain de 1918 »reCHERches [En ligne], 30 | 2023, mis en ligne le 15 juin 2023, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cher/15146 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cher.15146

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Auteur

Anemari Monica Negru

Enseignante d’histoire et conseillère supérieure aux Archives nationales de Roumanie, Bucarest.

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