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Aspects géopolitiques et militaires

La construction de l’espace roumain dans la géographie militaire française

Quelles représentations géostratégiques entre les années 1870 et les années 1920 ?
The Construction of Romanian Space in the French Military Geography. What Geostrategic Representations between the 1870s and the 1920s?
Philippe Boulanger
p. 11-24

Résumés

Comment les géographes militaires français envisagent-ils l’espace roumain entre les années 1870 et le début des années 1920 ? Cet article tend à comprendre cette approche stratégique de l’espace roumain par la géographie. Il en résulte que les géographes militaires français le présentent comme une zone pivot sur le flanc sud-est de l’Europe. Avant 1914, la Roumanie est envisagée comme un verrou entre les grands empires, une sorte d’espace stratégique incontournable entre Orient et Occident. Quand le pays intègre le plateau transylvain après la Guerre, le pays continue d’être apprécié comme une zone pivot majeure avec le réduit central de Bucarest.

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Texte intégral

  • 1 Molard J., Puissance militaire des États de l’Europe, Paris, Pilon, 1893, 425 p.

1Par sa situation géographique entre la Russie et la péninsule des Balkans, la Roumanie a une importance grande », écrit J. Molard en 1893 dans Puissances militaires des États de l’Europe1. Les géographes militaires français s’accordent à penser que la Roumanie est un espace stratégique en Europe du Sud-Est et à le représenter ainsi. Principauté indépendante par le traité de Berlin en 1878, la Roumanie devient royaume, intégrant la Moldavie, la Valachie et la Dobroudja, en 1881 (voir carte 1). Au lendemain de la Grande Guerre, elle étend sa superficie à la Transylvanie et à la Bessarabie de sorte que l’espace roumain couvre 300 000 km2 (soit presque la moitié de la superficie de la France actuelle), avec un axe majeur d’Est en Ouest de 800 km et un axe secondaire du Nord au Sud de 500 km. Cet intérêt pour la Roumanie en France est lié à plusieurs raisons. Tout d’abord, la géographie militaire française tend à se structurer en un mouvement de pensée, de la défaite face à l’Allemagne en 1871 jusqu’aux années 1930. L’apprentissage de la géographie dans les écoles militaires, comme l’École supérieure de guerre, est considéré comme un pilier du redressement de l’armée. Il révèle que l’espace roumain, bien que situé en Europe orientale et éloigné des pivots stratégiques français, suscite un certain intérêt. Sa position géostratégique fondamentale, entre Occident et Orient, est perçue comme un levier de puissance militaire en cas de guerre contre les empires (austro-hongrois, ottoman). Ensuite, l’espace politique roumain s’agrandit jusqu’aux portes de la Russie durant cette période. Il révèle alors une autre complexité, qui est au cœur du raisonnement géographique : sa composition ethnique, ses chaînes de montagnes qui structurent l’espace politique, ses richesses agricoles qui en font un territoire convoité. Parallèlement, cet intérêt des géographes militaires est à nuancer. Leur production scientifique et littéraire sur ce sujet reste limitée. La Roumanie est assimilée à une puissance de troisième ordre, sur laquelle les connaissances de fond demeurent partielles. Les nouveaux enjeux géostratégiques de la Grande Roumanie qui acquiert la Bucovine et la Transylvanie à la suite du traité de Saint-Germain et de celui de Trianon, en 1919 et 1920, ainsi que, par ailleurs, la Bessarabie, sont peu considérés par exemple.

2Comment l’espace roumain est-il envisagé comme une zone pivot de l’Europe orientale entre les années 1870 et le début des années 1920 ? Trois aspects sont mis en évidence : un espace stratégique entre deux empires, les atouts et les contraintes du terrain pour les opérations militaires, une représentation géostratégique complémentaire de celle des géographes militaires roumains à la même époque.

Un espace stratégique entre deux empires

  • 2 Lavallée Théophile, Géographie physique, historique et militaire, Paris, Charpentier & Cie, 1832, (...)

3Tout d’abord envisageons l’intérêt pour l’espace roumain de l’École française de géographie militaire. Celle-ci désigne un mouvement de pensée qui se dégage surtout après la défaite de la France face à la Prusse et s’affirme jusqu’aux années 1930. Il rassemble des officiers qui enseignent la géographie militaire dans les écoles militaires, publient des essais ou des encyclopédies de géographie militaire ou participent à la production des cartes d’état-major au sein du Service géographique de l’armée à partir de 1887. Certes, les considérations géographiques d’ordre militaire sont prises en compte dès l’Antiquité par nombre de théoriciens, mais la conception et l’emploi de la géographie n’avaient jusqu’alors jamais atteint un tel niveau de réflexion et, surtout, de rationalisation en tant qu’outil d’aide à la décision. Si le mot apparaît en 1794 dans le projet d’une Agence des cartes qui ne fut jamais créée sous la Révolution française, le premier géographe militaire français est Théophile Lavallée, premier professeur de géographie militaire à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr entre 1832 et 1869 et auteur d’une Géographie physique, historique et militaire2. La discipline est encore balbutiante jusqu’aux années 1870 et les théoriciens de la géographie militaire peu nombreux. La défaite de 1870-1871 met en exergue toutes les déficiences non seulement de la réflexion géographique militaire, mais aussi de la cartographie dans les armées. Les réformes structurelles de l’armée française tendent alors à valoriser la discipline comme la production cartographique militaire.

  • 3 Cours de géographie, 2e division, Saint-Cyr, École spéciale militaire, 1878-1879.
  • 4 Barré Chef de bataillon Octave, Cours de géographie, étude de l’Europe centrale, Fontainebleau, É (...)
  • 5 Niox Gustave-Léon et Darsy Eugène, Atlas de géographie physique, politique et historique, Paris, (...)
  • 6 Castex Amiral, Théories stratégiques, Paris, Économica, rééd. 1996, t. 6, 374 p.

4Durant cette période d’essor de la géographie militaire, l’espace roumain et son environnement régional (Hongrie, Dobroudja, Transylvanie, Bulgarie, Serbie, Empire austro-hongrois) préoccupent les différents théoriciens de la discipline. Si celui-ci apparaît déjà dans l’ouvrage de Théophile Lavallée avant 1870, tous les géographes militaires en soulignent désormais, après 1871, la valeur géostratégique. À Saint-Cyr, en 1878-1879, un cours de géographie est dédié aux théâtres de guerre de Hongrie, de Transylvanie et de Valachie3. En 1897, dans ses cours publiés de géographie militaire de l’École d’application du génie et de l’artillerie de Fontainebleau, le commandant Barré met en évidence la géographie physique régionale, notamment le cours du Danube comme grande route du commerce vers l’Orient, ainsi que les trois grandes plaines bavaroises, hongroise et roumaine, alors considérées comme des espaces de bataille traditionnels depuis l’Antiquité4. Cette région de l’Europe orientale suscite ainsi un intérêt réel, qui peut paraître paradoxal a priori du fait de la vocation de la géographie militaire à défendre d’abord le territoire national contre l’Empire allemand. En réalité, il en est autrement pour des raisons diverses, comme la reconnaissance politique par la France du royaume de Roumanie, créé en 1881, et des affinités culturelles et linguistiques avec les Roumains. Il en est une autre qui apparaît plus géostratégique : la considération apportée à ce royaume aux portes des empires allemand, russe et austro-hongrois. La valeur d’espace tampon ou de pivot stratégique ne leur échappe pas à la lecture des cartes qu’ils publient dans des atlas de géographie militaire tel celui du colonel Gustave-Léon Niox, qui enseigne cette discipline à l’École supérieure de guerre entre 1876 et 18945. Après 1918 le contre-amiral Raoul Castex, fondateur de la géostratégie française au début des années 1930, désigne la Roumanie comme un arrière stratégique pour la France en cas de guerre6. De toute évidence, le pays, qui étend ses frontières, est un espace stratégique à prendre en compte.

Un espace stratégique

  • 7 Marga Capitaine Anatole, Principaux États de l’Europe, 2e partie, Nancy-Paris, Berger-Levrault, t (...)

5Entre les années 1870 et 1920, le territoire roumain revêt une valeur stratégique en Europe orientale en fonction de ses caractéristiques physiques et humaines. Le commandant Anatole Marga, auteur d’une Géographie militaire en cinq volumes, qui enseigne cette discipline à l’École d’application de l’artillerie et du génie entre 1879 et 1882, souligne ses spécificités d’abord physiques : la grande plaine alluvionnaire de la rive gauche du Danube, le plateau de la Dobroudja ; les deux régions de la Moldavie au Nord et de la Valachie au Sud ; la chaîne des Carpathes (220 km de long jusqu’à la mer) ; le delta du Danube, qui occupe la moitié de l’espace régional. Son interprétation militaire de l’espace met en exergue la porte d’entrée de la Valachie considérée comme un espace stratégique fondamental, « une position de défense » contre la Russie de Focşani à Galatz (cours inférieur du Siret)7.

  • 8 Hue Gustave, Aperçu de la géographie militaire de l’Europe (moins la France), Paris, Jouvet, 1880 (...)

6Gustave Hue, dans son Aperçu de géographie militaire de l’Europe (moins la France), en 1880, offre une analyse géostratégique similaire en insistant sur le concept de théâtre d’opérations des Carpates8. Selon lui, la capacité militaire de la Roumanie repose sur une armée limitée (18 000 hommes), mais de conscription, ce qui assure une cohésion nationale à la défense du territoire. Sa dimension stratégique est moins liée à ses capacités militaires qu’à l’utilisation de son espace. Une partie de ce territoire est associée à une région plus vaste, et étendue au théâtre d’opérations des Carpates qui recouvre la Hongrie, la Transylvanie et la Valachie. Celui-ci forme un « arc de cercle » de 700 km de long à 2 000 mètres d’altitude. Son axe stratégique se situe en Transylvanie, alors saillant offensif de l’Autriche, qui constitue « une vraie citadelle » et un bastion défensif naturel tandis que la Valachie est « la plaine fertile » nourricière pour les populations et les armées. Cette région est alors délimitée au Nord par les Alpes transylvaines, la ligne du Siret à l’Est, le fossé du bas Danube au Sud. Ce que souligne particulièrement Hue est la nature spécifique d’une guerre dans cette région. La guerre de montagne s’impose, où chaque opération conduit d’une vallée à l’autre par les lignes intérieures. Ce sont donc les voies de communication qui constituent les éléments clefs de la géographie humaine militaire. La voie de chemin de fer de Galatz à Orşova, les ponts de franchissement du Danube comme à Brăila (à l’Ouest du delta du Danube), les routes vers les vallées (Danube, Bazias, Temeş) sont des axes fondamentaux pour assurer la mobilité des armées et parvenir dans les plaines qui sont les lieux des batailles.

  • 9 Niox Gustave-Léon, Géographie militaire, tome 4, Autriche-Hongrie, Balkans, Paris, Dumaine, 1887 (...)

7Gustave-Léon Niox, dans le quatrième volume de la Géographie militaire, qui porte sur l’Autriche-Hongrie et les Balkans, accorde aussi une importance spécifique au Sud-Est européen en étudiant les « provinces danubiennes » (Valachie, Moldavie)9. Le destin particulier de l’espace roumain (Valachie, Moldavie, Dobroudja) est mis en évidence : l’héritage chrétien des populations soumises à l’Empire ottoman, puis placées sous la protection de la Russie à partir de 1859 ; l’intervention de la France dans la guerre de Crimée en 1856 qui conduit à l’autonomie de deux provinces (la Moldo-Valachie et la Bulgarie). La Roumanie, écrit-il en 1887, « peut avoir un rôle important à jouer sur le plan politique et militaire ». Elle pourrait s’interposer entre la Russie et les petits États slaves de la péninsule des Balkans. Raccordée à la Bessarabie par le chemin de fer en 1877, elle obtient son indépendance mais perd les trois départements de cette province qu’elle avait récupérée en 1856 (partie de la Moldavie historique) et reçoit la Dobroudja, rappelle-t-il. De fait, contrairement à Hue, la ligne de défense du pays ne serait pas le cours d’eau Siret mais l’éperon Sud-Est des Carpates jusqu’à Galatz.

  • 10 Ministère de la Guerre, École spéciale militaire de Saint-Cyr, Cours de géographie militaire, 192 (...)

8Après la Première Guerre mondiale, cette valeur stratégique continue d’être mise en évidence. Dans les cours de géographie militaire de Saint-Cyr publiés en 1920 et 1921, il est expliqué que « l’arc carpatho-balkanique » est composé de plusieurs régions naturelles10. Celle roumano-transylvaine est l’une des plus importantes, marquée par ses étagements, ses bassins fluviaux suspendus et ses grandes plaines fertiles. Espace tampon entre la Russie, l’Autriche et les nouveaux États balkaniques, ainsi que la nouvelle Turquie en cours de construction, la Roumanie, intégrant désormais la Transylvanie, est surtout un axe géostratégique à maîtriser sur le plan militaire. La vallée du Danube vers Constantinople, axe d’échanges pluriséculaire, en est le corridor militaire fondamental, à défendre face à des invasions elles-aussi anciennes.

Un espace exposé aux invasions

  • 11 Op. cit.

9L’espace roumain, entre 1871 et 1920, apparaît aussi vulnérable aux invasions. Cette réflexion essentielle dans la pensée des géographes militaires se distingue comme le résultat des précédentes observations. « La plaine roumaine se prête aux mouvements », apprend-on aux élèves officiers de Saint-Cyr au début des années 192011. Outre la plaine du Danube, ses différents affluents, que sont le Siret et le Prut (ou Pruth), sont aussi des axes de parcours, qui ne sont toutefois pas si nombreux à l’échelle du nouvel État. Le nombre restreint des routes contraint « les colonnes à suivre des itinéraires faciles à surveiller ». Il n’existe pas de « dissimulation facile des mouvements aux vues et aux attaques aériennes », est-il noté. Durant cette période, on distingue une continuité géostratégique dans la manière de penser l’espace roumain à partir de deux grandes idées : un espace tampon et un espace d’invasion.

10L’espace roumain considéré comme espace d’invasion se traduit par différents axes de pénétration venant de l’extérieur, l’un artificiel les autres naturels. La ligne d’invasion artificielle relie l’Europe occidentale à Constantinople par voie terrestre. Plus précisément, dans la partie méridionale du pays, elle suit l’axe ouest-est d’Orşova à Bucarest puis Giurgevo (Giurgiu), doublé par une voie de chemin de fer gérée par une société berlinoise avant d’être rachetée par l’État en 1880. Les lignes d’invasion naturelles se rencontrent à deux niveaux. La première se localise sur un axe nord-sud de la Moldavie au cœur du pays, traversé par les larges vallées du Prut et du Siret, dont les sources proviennent de Bucovine. Le Prut, qui s’écoule du nord vers le sud, en Moldavie, coupe la frontière russe tandis que le Siret rejoint le Danube à Galatz sans être une voie navigable. Le second se situe en plat pays de Valachie suivant un axe Est-Ouest qui traverse plusieurs unités naturelles ainsi que les affluents du Danube qui proposent des axes de parcours secondaires vers la Transylvanie.

La Roumanie, espace stratégique entre les grandes puissances d’Europe orientale avant 1914, © Philippe Boulanger, 2002.

11Ces axes naturels d’invasion se distinguent comme les plus importants face aux deux grands empires voisins jusqu’en 1919. La principale menace provient de la partie septentrionale sous influence russe, donnant un rôle décisif aux trouées situées sur les routes de Focşani à Galatz dans le coude du Danube, puis de Galatz en direction de la mer Noire et de la Dobroudja. L’autre menace est d’origine autrichienne, en provenant du flanc ouest. Les géographes militaires soulignent qu’une invasion autrichienne pourrait traverser les Carpates ou traverser la Serbie ou la Bulgarie. À la lecture des cartes à petite échelle élaborées à cette époque par les géographes militaires, comme celles de Niox ou Marga dans les années 1880, force est de comprendre toute la valeur géostratégique du pays au regard du système des alliances militaires. La France, alliée de la Russie à partir de 1891, regarde avec intérêt la position politique de la Roumanie. Celle-ci suscite autant d’intérêt en raison de sa position de « talon d’Achille », ou de zone arrière stratégique dans le cas contraire, sur le flanc Sud-Est de l’Empire austro-hongrois jusqu’en 1919.

12Ainsi, les géographes militaires français nous donnent une lecture géostratégique des grands ensembles du pays, révélant que sa position géographique constitue un atout pour le nouvel État dans les rapports de force régionaux et continentaux. Leurs travaux et analyses révèlent également toute une réflexion sur les atouts et les contraintes de l’espace roumain dans une dimension opératique.

Atouts et contraintes de l’espace roumain pour les opérations militaires

13Commençons par la contrainte des obstacles naturels. La géographie militaire, par définition, consiste à comprendre et à analyser le facteur géographique comme une aide à la manœuvre. La distinction des éléments favorables ou contraignants à une opération militaire est donc l’une de ses spécificités, qui tend à se développer à partir de la seconde moitié du xixe siècle. La production cartographique militaire, qui lui est souvent assimilée, s’inscrit en complémentarité. Souvent, les géographes militaires s’appuient sur la lecture des cartes existantes pour en déduire des raisonnements tactiques, opératiques et stratégiques. Jusqu’à la Grande Guerre, ce sont les données physiques qui prédominent dans cette approche. La géomorphologie, la topographie, le milieu naturel et la climatologie, avec les connaissances scientifiques et les moyens matériels de collecte des données de l’époque, apparaissent donc fondamentales. Les expressions de « tyrannie du terrain » ou de « le terrain commande » font référence généralement à cet impact du facteur physique sur les activités militaires.

14Dans l’analyse de la Roumanie, puis de la Grande Roumanie après 1919, les contraintes physiques pour les opérations sont envisagées selon quatre grands types de relief. Le premier prend en compte les Alpes transylvaines, caractérisées par leur étagement et une altitude élevée, ainsi que par le couvert végétal. Le massif est alors assimilé à un rempart naturel, mais traversé par de nombreux cours d’eau qui sont autant de voies de communication et de défilés favorables à des embuscades. Le deuxième prend en compte la chaîne des Carpates marquée par leur altitude moyenne (1 250 à 1 500 mètres), leurs nombreux passages, leur étagement qui s’étend vers le sud et la plaine du Danube (les chaînes basses entre le Siret et le Prut). Le troisième milieu naturel contraignant relevé pour les armées est la zone littorale et le delta du Danube considérés comme difficiles pour la mobilité en raison des zones marécageuses. Enfin, le dernier type concerne le plateau de la Dobroudja au nord-est, caractérisé par son milieu aride au sud du Val Trajan, ses collines et ses étendues de prairies au nord. Après 1918, les géographes militaires y ajoutent la région de Transylvanie marquée par son plateau (300 à 488 mètres d’altitude moyenne) et sa ceinture de montagnes (les monts du Bihor et les monts métallifères à l’ouest, les Alpes de Transylvanie au Sud, les Carpates orientales à l’est) et ses vallées étroites.

15La notion d’obstacles naturels apparaît donc très relative dans le raisonnement géographique en raison justement de connaissances limitées. Ce sont les formes topographiques, le franchissement des cours d’eau, l’encaissement des vallées et les défilés qui suscitent les développements les plus aboutis dans la description du terrain. À une échelle plus régionale, les géographes militaires, comme Gustave-Léon Niox, soulignent surtout l’impact des Carpates et des Alpes de Transylvanie sur le plan géostratégique, notamment leur rôle de bastion naturel entre Moldavie et Valachie. Celles-ci organiseraient le sens des grandes invasions depuis l’Antiquité. « Le flot se partage en deux courants », écrit Niox, tantôt vers le nord en longeant « la muraille des Karpathes », tantôt vers l’ouest en remontant la vallée du Danube. La Transylvanie exerce un rôle particulier comme une sorte de pivot stratégique et un lieu refuge des populations « de la plaine fuyant les Barbares ». Région convoitée et à la convergence des migrations comme des invasions, la Transylvanie comprend quelques passes dont la vocation militaire est ancienne comme celle de l’Ojtoz (Oituz) qui voit passer les Mongols au xiiie siècle et les Ottomans au xviiie siècle. Quant aux Alpes de Transylvanie, plus sauvages et aux sommets dénudés (comme le Mont Omu à 2 500 mètres d’altitude), les nombreuses brèches qui les traversent revêtent une importance stratégique depuis les lointaines invasions des Hongrois et Turcs.

La difficile organisation des lignes de défense

16Les géographes militaires français, entre les années 1870 et 1920 (en-dehors de la Grande guerre), tentent d’évaluer les avantages et les contraintes du terrain afin d’apporter une aide à la décision. Ils examinent les menaces potentielles et envisagent une analyse géostratégique de la situation d’un État. Comme il a été abordé précédemment, à partir des informations dont les auteurs disposent, deux États puissants (Russie et Autriche-Hongrie) constituent une réelle menace pour le jeune État roumain. Leur analyse géographique du terrain révèle que les montagnes qui traversent son territoire sont un frein à la mobilité et à la manœuvre, loin cependant d’être un obstacle infranchissable. De fait, la Roumanie tend à s’orienter vers une autre voie. La meilleure défense possible en s’appuyant sur le terrain consiste à développer une organisation spatiale militaire dans la profondeur.

17Face à une offensive russe, le Prut et la branche supérieure des bouches du Danube, qui forment la frontière avec la Roumanie, ne peuvent pas être envisagés comme une ligne de défense efficace. La défense en profondeur reposerait plutôt sur deux passages entre les Alpes de Transylvanie et la mer Noire : Focşani et Galatz, pour accéder à la Valachie, Galatz et la mer Noire pour atteindre la Dobroudja. Les géographes militaires concluent que les efforts d’aménagement du terrain en vue de contrer une offensive porteraient surtout sur le premier passage.

  • 12 Op. cit.
  • 13 Op. cit.

18Face à une offensive austro-hongroise, avant la Première Guerre mondiale, les géographes militaires sont plus réservés tant le terrain se prête difficilement à une défense en profondeur. Anatole Marga, en 1884, évoque ainsi une « situation militaire désavantageuse »12. Les cols des Carpates sont sous le contrôle de l’Autriche-Hongrie. Les nombreux défilés, liés aux profils des cours d’eau, conduisent à étaler les capacités militaires et à privilégier une défense mobile. J. Molard, en 1893, note toutefois que le Danube, qui sert de frontière face à la Serbie et à la Bulgarie dans la partie sud, est « un excellent fossé », supposant ainsi une défense du terrain favorable sur la rive gauche en s’appuyant sur les difficultés de franchissement13. Malgré cet avantage apporté par le terrain dans cette zone frontalière, la partie occidentale apparaît comme la plus vulnérable. Marga considère d’ailleurs que la « Moldavie n’est pas défendable » en cas d’offensive austro-hongroise. Le point d’arrêt des armées adverses doit s’effectuer plus à l’intérieur du pays pour se heurter aux obstacles fortifiés.

Des aménagements fortifiés peu nombreux

19Les aménagements fortifiés se concentrent essentiellement sur l’axe de la Valachie, entre Focşani et Galatz, soit le premier passage favorable à une invasion russe. Les organisations défensives, au début xxe siècle, sont alors considérées comme « des lignes solides de batteries et d’ouvrages » sur la rive gauche des cours inférieurs du Siret et de la Putna : Odobeşti (aile gauche de la position), Focşani et Nămoloasa (au centre), Galatz (point d’appui de l’aile droite), dont les batteries sont casematées et à tourelles transportables réparties sur plusieurs lignes.

  • 14 Op. cit.

20Parallèlement, la capitale, Bucarest, est considérée comme le réduit de défense générale. Elle est aménagée, à la veille du xxe siècle, comme le grand camp retranché du pays, couvert par dix-huit forts détachés à 12 km du centre urbain. J. Molard estime, en 1893, que « la plupart en construction sont à la hauteur des progrès les plus récents »14. Anatole Marga rappelle que cette organisation spatiale militaire est inspirée de l’ingénieur général belge de renom Henri-Alexis Brialmont dont l’idée centrale est de fortifier la capitale située en plaine. Ce plan d’aménagement militaire présente toutefois une vulnérabilité majeure. En l’absence d’obstacles naturels, le réduit est facilement bloqué en cas de guerre. De plus, il est aménagé contre une invasion russe et suppose d’abandonner la Dobroudja et d’implanter les fortifications de la défense de Galatz dans la zone des marais. Enfin, cet effort militaire se fait au détriment de la défense de la frontière occidentale qui reste franchissable par des armées austro-hongroises.

  • 15 Op. cit.

21D’autres considérations géostratégiques viennent conforter l’impression d’un espace défensif bien contrôlé en cas d’invasion étrangère. La grande ligne de chemin de fer ouest-est, par Craiova-Bucarest-Galatz-Focşani, assure une mobilité moderne pour l’époque et une bonne répartition des forces grâce aux nombreux embranchements. L’organisation de la nouvelle armée roumaine se veut performante avec une armée d’active et de conscrits devant effectuer un service de sept ans (dont trois comme militaires). En 1893, nous apprend Molard, elle se compose de quatre corps d’armée (32 000 hommes) et d’une division de cavalerie, soit 48 000 hommes au total, auxquels s’ajoutent 102 000 hommes placés dans les réserves. Enfin, la marine comprend dix-sept bâtiments de guerre et 1 700 hommes. En raison de cette modernisation des forces à la fin du xixe siècle, le géographe militaire Hue considère que le pays appartient au groupe des quatre puissances de troisième ordre – avec la Belgique, le Portugal et les Pays Bas –, après les six grandes puissances et les trois puissances secondaires, mais devant les six petites puissances (Serbie, Danemark, Suisse, etc.)15.

Une interprétation géostratégique française complémentaire des analyses géographiques roumaines

22On assiste à l’émergence d’une pensée géographique militaire roumaine. Comme dans bien d’autres pays d’Europe, l’École de géographie militaire roumaine commence à se développer dans la seconde moitié du xixe siècle. Les écoles latines et germaniques apparaissent dès le début du siècle dans le contexte de la lutte contre la présence des armées napoléoniennes sur leurs territoires. L’école roumaine, quant à elle, semble également émerger dans un contexte d’opposition. La lutte et l’esprit de résistance contre l’Autriche-Hongrie par les insurgés en 1848 dans les Carpates seraient à l’origine d’une pensée militaire qui voit dans la géographie un moyen de contrer les revendications adverses et d’affirmer un esprit d’indépendance.

  • 16 Ene Tudorel, « La Géographie militaire de la Roumanie », La Géographie militaire, Stratégique, n° (...)

23La production scientifique tend surtout à se développer des années 1890 à l’entre-deux-guerres16. Selon Tudorel Ene, parmi les géographes militaires roumains de cette période, les plus importants sont le général Anghelescu, auteur de Organizarea sistemului militar al României (1864), le colonel Brătianu (Călătorii de stat-major, 1895), le général Crăiniceanu (Geografie militară, 1894), le major Ion Pavelescu (Geografia militară a României, 1910), le lieutenant-colonel Vasile Mitrea (Geografia militară a României, 1924). Ces auteurs, dont la liste n’est pas exhaustive, sont tous significatifs de cette école de géographie militaire : officiers de carrière, théoriciens, défenseurs d’une souveraineté roumaine relativement récente fondée sur l’approche spatialisée. Il est intéressant de relever que les grands géographes européens sont cités et bien connus comme le français Élisée Reclus ou les Allemands Humboldt et Ritter. En revanche, il n’est pas fait référence à des géographes militaires français, comme Niox ou Marga, qui ont pourtant établi des analyses sur l’espace roumain. Inversement, il est peu probable que les géographes militaires français aient eu connaissance des analyses de leurs homologues roumains.

24Parallèlement, selon Tudorel Ene, la conception de la géographie militaire roumaine a joué un rôle décisif sur un plan stratégique, ainsi que sur la décision d’entrer en guerre en 1916. En particulier, les considérations géostratégiques, comme celles du major Pavelescu, auraient influencé les autorités politico-militaires pour entrer en guerre contre l’Autriche-Hongrie. Il faut en trouver l’explication probablement dans la vocation de la géographie militaire pour l’état-major roumain. Moins abstraite et théorique, celle-ci apparaît comme une approche opérative.

Une conception de la géographie militaire plus opérative

25La géographie militaire roumaine présente en effet une orientation plus opérative et pragmatique que celle adoptée en France à la même époque. Les analyses se veulent plus en adéquation avec les impératifs défensifs et les menaces potentielles d’invasion des États limitrophes. Ce sentiment de menace fait partie intégrante de son identité. La compréhension des qualités de l’espace, l’exploitation de leurs forces, l’analyse des théâtres d’opérations occupent une place prépondérante et suscitent des considérations réalistes et éloignées de théories abstraites. Parallèlement, la crainte d’invasion repose sur une perception d’un peuple longtemps divisé, établi sur « une île de latinité » face à des peuples de cultures différentes. Le peuple roumain est présenté comme isolé au milieu des peuples slaves, assimilés à des « ennemis historiques » (Bulgares, Ukrainiens, Russes), tout comme les Hongrois. Mitrea, dans son manuel de géographie militaire, en 1924, suggère alors « une alliance avec les peuples d’origine latine » pour sortir le pays de cet isolement. Cette approche en géographie culturelle apparaît fondamentale pour comprendre la spécificité de la géographie militaire roumaine. Cet auteur, par exemple, en souligne tous les aspects, notamment la part prépondérante des Roumains (les trois quarts de la population), mais aussi les minorités (Hongrois, Juifs, Allemands, Russes, Serbes, etc.).

26L’approche régionale, notamment par théâtre d’opérations, est particulièrement mise en évidence, permettant de distinguer quatre grandes entités, notamment dans l’œuvre du Mitrea. La première est le théatre d’opérations Est, réunissant la Moldavie, la Bessarabie et la Bucovine, soit un rectangle de 450 km sur 260 km environ. Ce sont des régions riches sur le plan agricole, notamment le Nord de la Bucovine et la Bessarabie, mais aussi convoitées par le puissant voisin russe. L’analyse des offensives russes passées met en évidence la difficulté de défendre 500 km de frontières et d’arrêter ces armées qui peuvent emprunter trois axes de pénétration différents. Sur la marge occidentale, les Carpates constituent un rempart naturel qui peut toutefois être contourné par une offensive hongroise et allemande en direction de la Transylvanie selon les géographes militaires roumains (avant 1919). Le deuxième théâtre d’opérations se situe à l’Ouest, frontalier de la Hongrie et formant un trapèze de 300 x 40 x 200 km. Il est considéré comme vulnérable face à une offensive occidentale, notamment hongroise, yougoslave et tchécoslovaque après la Grande Guerre, et toujours en lien avec le pivot stratégique de Bucarest. Outre les conditions naturelles défensives, devenues moins favorables avec le nouveau tracé des frontières au début des années 1920, cette vulnérabilité est liée à la question des minorités serbe, allemande et hongroise dont le rattachement à la Roumanie est susceptible de poser des problèmes. Le troisième théâtre d’opérations est méridional et peu homogène selon les géographes militaires. Il se divise en deux zones (Olténie-Munténie et Dobroudja), mais comprend une frontière difficile à franchir, qui est celle du Danube. Cet espace est aussi le plus stratégique, assimilé au grenier à blé du pays, pourvu de gisements de pétrole (2e exportateur européen en 1910), comme menacé par la Bulgarie vers le sud et par la Russie au Nord. Le centre de résistance de Focşani en Munténie y occupe donc un rôle défensif essentiel tandis que la région de l’Olténie, au sud-ouest du pays, serait la zone de concentration des forces militaires roumaines pour contrer une offensive. Enfin, la dernière entité est le réduit central situé sur un plateau de 500 mètres d’altitude et entouré de montagnes, protégé par ce rempart naturel et vulnérable par le contrôle nécessaire des cols pour y accéder.

  • 17 Op. cit.

27Les géographes militaires roumains donnent des perspectives concrètes à la manière d’envisager les espaces défensifs dans le déroulement des opérations militaires. Ils donnent à comprendre une représentation d’un État « forteresse à l’échelle continentale »17. Cette représentation est liée à la manière d’employer la géographie comme un outil de dissuasion, d’influencer les perceptions des adversaires potentiels. Elle s’accentue également après la Grande Guerre lorsque la Transylvanie est intégrée au territoire national. Cette région apporte de nouvelles qualités et avantages défensifs, assimilée à une nouvelle base d’opérations et à un nouveau réduit national pour la défense stratégique. Cette vision géostratégique apparaît ainsi originale par le fait de considérer l’approche géographique comme décisive et s’inscrit pleinement en complémentarité des analyses françaises.

Une vision stratégique de l’espace roumain complémentaire

28La représentation géostratégique des géographes militaires roumains est complémentaire de celle de leurs homologues français. Tous insistent sur l’importance du réduit central que forme la capitale Bucarest dans l’organisation défensive du pays entre les années 1870 et le début des années 1920. Ce réduit correspond à la zone pivot stratégique et préserve cette caractéristique de manière continue. De même, au lendemain des traités, le plateau transylvain est aussi assimilé à un théâtre d’opérations décisif en cas de guerre, c’est-à-dire à un second pivot stratégique dans l’organisation défensive, puisqu’il permet d’accéder à toutes les autres régions. Ne pas perdre la Transylvanie est devenu un impératif géostratégique. La région occupe désormais la place de pivot refuge et de voie de passage à défendre entre la Hongrie et Bucarest. En revanche, le théâtre d’opérations du Sud (Olténie, Munténie, Dobroudja) apparaît plus stratégique pour les auteurs roumains que ne le laissent supposer les géographes militaires français. Cette différence d’interprétation est liée à une approche régionale plus claire et plus précise dans la pensée militaire roumaine.

  • 18 Op. cit.

29Parallèlement, les perspectives annoncées par les géographes militaires français se développent également dans la pensée de leurs homologues roumains dès la fin xixe siècle. Elles sont relatives, d’abord, au rôle attribué aux « fortifications naturelles » que sont les Carpates et les Alpes de Transylvanie. Celles-ci exercent une influence dans toutes les opérations militaires envisagées. Cette interprétation essentielle accordée au relief montagnard se découvre dans la pensée de Mitrea en 1924 : « Grâce à cette fortification naturelle, la Roumanie ne peut être vaincue dans aucune guerre par la perte de la Bessarabie, de la Moldavie, de la Munténie avec la capitale, Bucarest, de la Dobrogea, avec ses ports de mer. Mais elle résistera difficilement à la perte de la Transylvanie. »18

30La géographie militaire de la Roumanie occupe ainsi une place particulière dans la pensée française. Certes, le pays ne constitue pas le centre d’intérêt le plus important des études de géographie militaire entre les années 1870 et 1920. Il n’en demeure pas moins que sa position géostratégique est envisagée comme un élément particulier à l’échelle du continent européen. En effet, avant 1914, la Roumanie se comprend comme un verrou entre les grands empires, une sorte d’espace stratégique incontournable entre Orient et Occident, entre l’Empire austro-hongrois et l’Empire ottoman. Quand le pays intègre le plateau transylvain et accroît sa superficie, les théâtres d’opérations prennent encore plus d’importance, notamment celui du Nord-Est transylvain aux portes des nouveaux États créés par les traités d’après-guerre. Le pays continue d’être apprécié comme une zone pivot au sud-est de l’Europe, divisé à son tour en plusieurs espaces clefs dont le réduit central de Bucarest.

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Notes

1 Molard J., Puissance militaire des États de l’Europe, Paris, Pilon, 1893, 425 p.

2 Lavallée Théophile, Géographie physique, historique et militaire, Paris, Charpentier & Cie, 1832, 1836, 1853 (4e éd.), 612 p.

3 Cours de géographie, 2e division, Saint-Cyr, École spéciale militaire, 1878-1879.

4 Barré Chef de bataillon Octave, Cours de géographie, étude de l’Europe centrale, Fontainebleau, École d’application de l’artillerie et du génie, 1897.

5 Niox Gustave-Léon et Darsy Eugène, Atlas de géographie physique, politique et historique, Paris, Delagrave, 1890, 80 cartes.

6 Castex Amiral, Théories stratégiques, Paris, Économica, rééd. 1996, t. 6, 374 p.

7 Marga Capitaine Anatole, Principaux États de l’Europe, 2e partie, Nancy-Paris, Berger-Levrault, t. 2, 1882 (2e éd.), 303 p.

8 Hue Gustave, Aperçu de la géographie militaire de l’Europe (moins la France), Paris, Jouvet, 1880, 295 p.

9 Niox Gustave-Léon, Géographie militaire, tome 4, Autriche-Hongrie, Balkans, Paris, Dumaine, 1887 (2e éd.).

10 Ministère de la Guerre, École spéciale militaire de Saint-Cyr, Cours de géographie militaire, 1921.

11 Op. cit.

12 Op. cit.

13 Op. cit.

14 Op. cit.

15 Op. cit.

16 Ene Tudorel, « La Géographie militaire de la Roumanie », La Géographie militaire, Stratégique, n° 81, 1/2001, p. 105-116.

17 Op. cit.

18 Op. cit.

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Table des illustrations

Légende La Roumanie, espace stratégique entre les grandes puissances d’Europe orientale avant 1914, © Philippe Boulanger, 2002.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cher/docannexe/image/13937/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 807k
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Pour citer cet article

Référence papier

Philippe Boulanger, « La construction de l’espace roumain dans la géographie militaire française »reCHERches, 29 | 2022, 11-24.

Référence électronique

Philippe Boulanger, « La construction de l’espace roumain dans la géographie militaire française »reCHERches [En ligne], 29 | 2022, mis en ligne le 30 novembre 2022, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cher/13937 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cher.13937

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Auteur

Philippe Boulanger

Professeur des universités en géographie à Sorbonne Université, Laboratoire “Médiations, sciences des lieux, sciences des liens”

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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