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Antonio Lozano : la voix des immigrés

Partir et arriver

Trois romans de l’immigration africaine d’Antonio Lozano
Partir y llegar. Tres novelas de la inmigración africana de Antonio Lozano
Leaving and Arriving. Three Novels on African Immigration by Antonio Lozano
Isabelle Reck
p. 23-33

Résumés

Cet article souhaite rendre hommage à l’écrivain espagnol Antonio Lozano (1956-2019) dont nous relirons les trois romans de l’immigration africaine en Espagne, Harraga (2002), Donde mueren los ríos (2003) et Me llamo Suleimán (2014). Nous y examinerons la manière dont l’auteur construit le récit du protagoniste-narrateur migrant qui raconte sa propre aventure et témoigne des autres destins douloureux qu’il a croisés sur sa route. L’action principale se trouve ainsi entrecoupée d’une multitude de micro-récits d’autres histoires de migrations et les personnages secondaires se retrouvent au premier plan. Deux termes articulent ces récits : Partir et arriver, les deux termes de tout voyage. Il en existe un troisième, le retour, qu’escamote à dessein le titre de cet article comme le font aussi les personnages. Quelles sont les différentes formes que prend cette tragédie du retour impossible ?

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Texte intégral

1Cet article souhaite rendre hommage à l’écrivain espagnol Antonio Lozano (1956-2019). Sa passion de l’Afrique a été au cœur de son activité intense en tant que romancier, traducteur et promoteur de deux festivals importants à Agüimes (Canaries) où il résidait : Festival Internacional de Narración Oral « Cuenta con Agüimes », et Festival del Sur-Encuentro Teatral Tres Continentes, qu’il a dirigé pendant 22 ans. Dans ce cadre, il a invité de nombreuses personnalités et artistes africains comme : Moussa Demba Dembélé, Boubacara Boris Diop, Ken Bugul, Amadou Kourouma, Carlos Ouedraogo ou encore Serge Aymé Coulibaly. Bon connaisseur de l’Afrique et de la langue française, il a traduit en espagnol, entre autres, Amadou Hampaté Bâ, Yasmina Khadra, Samir Kassir, Moussa Konaté. Son œuvre est riche d’une dizaine de romans et de trois textes dramatiques. Le plus souvent, il fait le choix du roman d’enquête, voire du roman noir. Il aborde les questions des migrations vers l’Europe (depuis le Maghreb, l’Afrique subsaharienne, l’Irak de Saddam Hussein), dénonce la corruption et l’exploitation des êtres humains (traite des êtres humains, prostitution, trafic d’organes) et met en fiction certains aspects de géopolitique du continent africain. On lui doit aussi des récits de voyage comme Issa Ber. Un viaje por el Río Níger (2015).

  • 1 Antonio Lozano était membre du réseau « Justice pour Sankara Justice pour l’Afrique ».

2Ainsi, Harraga (2002), Donde mueren los ríos (2003) et Me llamo Suleimán (2014) mettent en scène l’immigration africaine en Espagne. Un largo sueño en Tánger offre un portrait de la société espagnole coloniale et postcoloniale de Tanger. Las cenizas de Badgad (2009) retrace une histoire vraie, le périple de Walid, membre du parti communiste fuyant les geôles de Saddam Hussein, depuis l’Irak jusqu’au Maroc et enfin l’Espagne. La pièce Los Malditos (2017) enquête sur l’assassinat d’une prostituée sénégalaise. On retrouve le détective José García dans plusieurs de ses romans noirs : dans La sombra del minotauro (2011), l’enquête sur le meurtre d’une jeune Dominicaine est l’occasion de montrer les réseaux mafieux des îles Canaries ; son roman posthume, El desfile de los malditos (Un caso del detective José García Gago), porte sur le trafic d’organes, sans doute inspiré par les nombreux centres de santé qu’il a fréquentés et les expérimentations de nouveaux médicaments dont il a fait l’objet au cours de la longue maladie qui l’a emporté le 10 février 2019. El caso Sankara (2006), thriller très documenté, dévide les dessous des interventionnismes occidentaux dans la politique africaine à travers la reconstitution de l’assassinat du président du Burkina Faso, Thomas Sankara en 19871. Enfin citons l’autobiographie romancée, destinée à un jeune public, Nelson Mandela. El camino a la libertad (2018).

Les romans de l’immigration africaine en Espagne

  • 2 Texte interprété par Marta Viera Ramírez, dans une mise en scène de Mario Alberto Vega Ramírez (a (...)

3Nous nous intéresserons dans cet article aux romans de l’immigration africaine en Espagne, Harraga (2002), Donde mueren los ríos (2003) et Me llamo Suleimán (2014). Ce dernier, qui relève de la littérature de jeunesse, a été adapté au théâtre en 2015 par la compagnie Unahoramenos Producciones (Canaries)2. Les deux premiers relèvent du roman policier, le troisième du roman d’initiation. Ils situent leur action dans des villes et lieux qu’Antonio Lozano connaît bien : Tanger où il est né et les Canaries où il résidait et est décédé. Y apparaissent aussi toutes les autres villes du Maroc espagnol qu’il a bien connues dans son enfance et sa jeunesse – Ceuta, Nador, Tétouan, Larache – ainsi que les villes espagnoles d’Algésiras et de Grenade où il a étudié.

4Harraga nous situe entre Tanger et Grenade et nous conduit, au rythme des déplacements du protagoniste et narrateur, Jalid, petit trafiquant de drogue et d’êtres humains, à Algésiras, Ceuta, Nador, Tétouan, Larache. Me llamo Suleimán et Donde mueren los ríos installent l’action sur les îles Canaries, mais les récits des migrants retracent les périples des migrations subsahariennes. C’est en effet surtout l’Afrique que nous parcourons à travers les destins individuels des immigrés africains de toutes origines qui échouent aux îles Canaries, considérées comme une avancée européenne aux portes de l’Afrique.

  • 3 Voir la conférence prononcée par Antonio Lozano à l’Université de Strasbourg en décembre 2015, re (...)

5Antonio Lozano nous montre ainsi la misère, la situation de guerre civile endémique, les déplacements des populations, les camps de réfugiés, le pillage des richesses et l’enjeu que ce continent représente pour les puissances occidentales. Les destins individuels qui s’entrecroisent construisent la fresque d’un destin collectif africain marqué par l’émigration, le colonialisme, l’impérialisme et la globalisation3. Ces romans égrènent les destins de Jalid, d’Hamid et de Fatiha, les Marocains de Tanger ou de Nador ; d’Amadú le professeur menacé par les autorités et obligé de fuir le Sierra Leone ; de Tierno, le berger peul du Mali, ruiné par la sècheresse et privé de son troupeau ; d’Usman, l’orphelin du Burkina Faso ; et enfin de Suleimán, le Malien, qui, pour aider sa famille, s’embarque à l’âge de 15 ans dans un rude et long périple vers la riche Europe.

6Ces histoires de l’immigration sont réunies dans chacun des trois romans par la voix d’un narrateur qui raconte, à la première personne, sa propre aventure et témoigne de ces autres destins douloureux qu’il a croisés sur sa route. Les trois personnages qui assurent cette fonction de narrateur sont, dans Harraga, Jalid, le trafiquant ; dans Donde mueren los ríos, Amadú, le professeur du Sierra Leone ; dans le troisième roman, Suleimán, l’adolescent malien. Dans l’épilogue de Donde mueren los ríos, Amadú se présente comme la mémoire vivante de ces destins tragiques :

  • 4 « Es un peul […] Un auténtico peul. Escribiré su historia, y la de Usmán. Y la nuestra. Porque no (...)

C’est un Peul. Un vrai Peul. J’écrirai son histoire, et celle d’Usman. Et la nôtre. Parce qu’il ne faut pas qu’il y ait d’autres vies qui tombent ainsi dans le puits sans fond de l’oubli. Pour donner un prénom et un nom à chacune de nos vies.4

Là où le théâtre espagnol de l’immigration africaine recourt souvent à la liste – liste de noms, de morts, de dates, de lieux, de gros titres dans la presse, etc. – Antonio Lozano entrecoupe l’action principale, c’est-à-dire l’histoire du narrateur migrant, d’une multitude de micro-récits d’autres histoires de migrations que recueille le protagoniste au rythme des rencontres qu’il fait. Les personnages qui peuvent apparaître comme secondaires se retrouvent ainsi au premier plan. C’est le cas dans Donde mueren los ríos où, sur les vingt-et-un chapitres, le roman n’en accorde que six au narrateur et personnage principal, Amadú. Les chapitres sont organisés par groupes de quatre, consacrés à quatre personnages, et ce jusqu’au dix-huitième chapitre, selon l’ordre immuable suivant : Amadú, Usmán, Tierno, Fatiha.

7Parfois, il est vrai, les personnages secondaires constituent un simple arrière-fond. C’est le cas surtout dans Harraga. Mais, dans les deux autres romans, les narrateurs nouent des liens forts avec ces personnages au cours de leurs périples communs. Ils leur donnent la parole ou s’en font les porte-paroles et les mémorialistes. Citons les nombreux candidats à l’émigration avec lesquels ils sont entassés dans les embarcations de fortune (pateras) et les camions qui les conduisent vers le mirage européen. Dans Donde mueren los ríos, le narrateur croise la route de la Tangérine Yasmina, mariée de force et de la Sénégalaise Aïda, violée à treize ans par son père et vendue. Il rencontre les Sénégalais Bubacar, Dieudonné et Aristide dans le sordide immeuble où s’entassent les immigrés subsahariens. L’immeuble prend des allures de fresque verticale des conditions de vie de ces immigrés en Espagne. Il est désigné comme « la petite Afrique », « la ruche africaine en plein cœur de l’Europe de l’abondance » (Lozano 2003 : 117).

  • 5 Première à Madrid en 2004. Texte publié en 2008 dans Cuadernos Escénicos de San Francisco (Salvat (...)

8Cette fresque de l’immigration en Espagne ne concerne que l’immigration africaine. Nous ne croisons aucun Cubain, aucun Équatorien, pas un seul sudaca, pas un seul ressortissant de l’Est, ce qui n’est pas le cas dans le roman et le théâtre de l’immigration qui nous situent à Madrid ou à Barcelone. Nous n’avons pas davantage le non-lieu de l’aéroport, lieu des rencontres les plus improbables, si présent dans cette littérature. Pour ne donner que quelques exemples empruntés au théâtre, la pièce de Elio Palencia, Pasajeros (2000), nous situe à l’aéroport de Barajas et fait se croiser un Cubain, un Polonais, un Roumain, une jeune sud-américaine et Hassan, le Marocain. Dans Hotel Europa (2003), de la compagnie Teatro Norte, nous avons Saïd Adwaji, l’émigré africain et Ludmila, la prostituée de l’Europe de l’Est. Dans Negra (2004), Julio Salvatierra5 donne la parole à une Malienne, à une Cubaine et à une jeune noire latino-américaine, née quelque part à la frontière de la Colombie, du Pérou et du Brésil (Reck 2009 : 45-78). C’est que Lozano témoigne de ce qu’il connaît, découvre et vit au quotidien aux îles Canaries. Mais c’est aux immigrés qu’il donne la parole. Ses personnages racontent et témoignent. Le point de vue, le regard porté sur le monde est toujours celui de l’immigré. Dans Me llamo Suleimán, on perçoit quelques échos des Lettres persanes ou des Cartas Marruecas : le jeune migrant porte un regard naïf sur une culture – l’espagnole – et des comportements dont il n’a pas la clé.

  • 6 Loi qui permettait aux forces de l’ordre d’éliminer les détenus indésirables, c’est-à-dire de tir (...)

9Dans le théâtre espagnol de l’immigration africaine, certains, comme López Mozo dans Alhán ou Alberto Miralles dans Mongo, Boso, Rosco, N‘Goe... Oniyá (1999), font resurgir les vieux démons de l’histoire d’Espagne, par exemple la Reconquête et son utilisation idéologique par le franquisme dans Alhán. Le plus souvent, au détour d’une réplique, d’un mot, ou d’une expression, refait surface l’histoire de l’Espagne de l’exil et du franquisme : un moyen sans doute pour souligner que l’histoire se répète, que l’Espagne, peuple d’exilés et d’émigrés, n’a pas retenu les leçons de sa propre histoire. Dans Alhán, Gallardo, l’un des racistes du petit village aragonais où Larbi le Marocain travaille comme saisonnier, organise une chasse au Noir. Jerónimo López Mozo la montre sur fond de projection du film de Saura, La caza (1962), reprenant la métaphore de la chasse au lapin. La pièce évoque aussi le droit de tuer en vertu de la « ley de fugas » (1921)6, appliquée pendant la guerre civile et les années qui suivirent. Dans les années 2000, nous assistons précisément à l’émergence concomitante de deux orientations fortes dans la littérature espagnole, les littératures de l’immigration africaine et celles de la récupération de la mémoire historique (disparus dans les fosses communes, exode espagnol de 1936-1939). Ce sont les années des débats de société et des lois sur ces deux questions : loi sur les étrangers 4/2000, loi de condamnation du franquisme de 2002, loi de la mémoire historique 52/2007. La littérature de l’immigration africaine met souvent en regard ces questions.

10Ce n’est pas le cas dans les trois romans d’Antonio Lozano, même si nous en trouvons quelques très rapides allusions. Dans Harraga, par exemple, à travers Manolo, le petit-fils de colons espagnols de Tanger, installé à Barcelone. Tanger, autrefois terre d’accueil pour les émigrés espagnols, est maintenant terre d’émigration marocaine et subsaharienne vers l’Espagne. Dans Donde mueren los ríos, Fatiha évoque les émigrés économiques espagnols des années soixante qui quittaient l’Espagne en masse avec leurs valises en carton pour aller accepter les pires travaux en Allemagne, en Angleterre ou en France ; elle rappelle encore ces autres Espagnols qui, à la fin du xixe siècle, poussés par la misère, se sont installés au Maroc. Cette mise au point historique met ainsi en regard l’accueil bienveillant des uns et la méfiance des autres :

  • 7 « Nadie se iba de allá para hacer turismo, para ver mundo. Como tampoco lo hicieron los españoles (...)

Personne ne partait pour faire du tourisme, pour voir le monde. Et pas davantage les Espagnols qui prirent le chemin de l’Allemagne, de la France ou de la Belgique. Ni les habitants des îles Canaries lorsqu’ils partirent vers Cuba ou le Venezuela, comme me l’ont raconté mes compagnons. Au Maroc même, dans les temps difficiles, des milliers d’Espagnols vinrent s’y installer, chercher de meilleures conditions de vie. Ils trouvèrent à s’employer en tant que cordonniers, maçons, plombiers, mécaniciens, épiciers. Ils restèrent même là-bas après l’Indépendance sans que personne ne les embête ni ne les menace, comme s’ils étaient dans leur propre pays avec leurs papiers en règle […]. Bien sûr, cela irritait certains d’entre eux. C’était d’autres temps, d’autres circonstances. Et je leur répondais, oui, ce n’est pas la même chose d’émigrer par nécessité que d’accueillir des émigrés, bien sûr que ce sont des circonstances très différentes.7

Mais, le personnage central d’Antonio Lozano reste bien l’Afrique : l’histoire des ravages du colonialisme et de l’impérialisme, la politique des puissances occidentales en Afrique occupées à piller le continent, les enfers des guerres civiles, « l’enfer du Libéria », et « l’enfer guinéen » entre autres :

  • 8 «Guinea […] padecía la misma desgracia que Liberia y Sierra Leone : tener yacimientos de oro y de (...)

La Guinée était frappée du même malheur que le Libéria et Sierra Leone : posséder des gisements d’or et de diamants […]. Le même malheur que les pays producteurs de pétrole. Le Nigéria, le Cameroun, la Guinée équatoriale.8

11Le chassé-croisé d’émigrés africains, la mosaïque de destins individuels de ces trois romans mettent en évidence le destin collectif du continent africain et les mécanismes politiques, économiques, colonialistes qui le déterminent, mais en même temps chacune des histoires individuelles développe aussi l’histoire des pays respectifs. Nous pouvons observer par ailleurs comment il se produit, dans l’œuvre d’Antonio Lozano, à la fois un « resserrement » et un « élargissement » du focus sur l’histoire du continent africain. De l’espace réduit de Harraga qui met en scène les va-et-vient d’un petit trafiquant de drogue entre Melillla, Ceuta, Tanger, Nador, Larache et Grenade, nous passons, avec Donde mueren los ríos, à l’Afrique subsaharienne et l’histoire du continent africain qui se dessine par petites touches. Puis, avec El caso Sankara, Antonio Lozano se concentre sur un fragment paradigmatique de cette histoire africaine : l’assassinat programmé du président du Burkina Faso en 1987. Donde mueren los ríos consacrait déjà quelques pages à cet événement.

Partir et arriver

12Partir et arriver, les deux termes de tout voyage, est le titre de cet article. Il escamote à dessein un troisième terme : le retour. Le retour est bien la question qui, de manière lancinante et douloureuse, inquiète en sourdine ces immigrés qui ont atteint la terre promise européenne rêvée sans l’avoir vraiment atteinte. Ils ont quitté l’Afrique sans l’avoir vraiment quittée. Ne sont-ils pas regroupés dans le ghetto sordide de la « petite Afrique » dans Donde mueren los ríos ? N’ont-ils pas de plus en plus la tête pleine d’images du passé et de leur Afrique à mesure que la terre d’accueil se transforme en terre de rejet et d’exploitation ? Cette terre de liberté pour les uns et d’abondance pour les autres, et d’espoir pour tous, s’est transformée pour beaucoup en une « voie sans issue », un « piège », un lieu « sans retour » :

  • 9 «Fatiha, que recaló en esta isla como quien llega a un calléjón sin salida.» (Lozano 2003 : 14)

Fatiha a atterri dans cette île comme qui se retrouve dans une voie sans issue.9

  • 10 «Quería dar un paso hacia su meta, la única posible. Cada nuevo paso era un paso hacia la vida. C (...)

[Abú] voulait faire un pas de plus vers son but, le seul but possible. Chaque
nouveau pas était un pas vers la vie. Chaque pas en arrière était un pas vers la mort. Il n’y avait pas de choix possible.10

  • 11 «Cierto. Las pateras sólo hacen el camino en una dirección. Estamos en una trampa […].» (Lozano 2 (...)

C’est sûr. Les embarcations de fortune [pateras] font le chemin dans une
seule direction. Nous sommes dans un piège.11

  • 12 «[Tierno] – A veces me siento atrapado en un camino sin regreso.» (Lozano 2003 : 177)

[Tierno] – Parfois je me sens comme sur un chemin sans retour.12

  • 13 «[Amadú] – me sentía cada vez más atrapado en la trampa de la que yo mismo había hablado a mis co (...)

[Amadou] – Je me sentais chaque jour plus prisonnier de ce piège dont j’avais
parlé à mes compagnons de baraquement. Je ne pouvais ni retourner dans
mon pays ni revenir au Sénégal : mon passeport était désormais périmé et les
embarcations de fortune ne font le voyage que dans un sens. Si je me rendais à la
police, mon destin serait Sierra Leone, c’est-à-dire la mort. La seule issue était de
rester ici comme sans-papiers.13

  • 14 «Nos atan de pies y manos hundiéndonos en el vacío administrativo: no somos nadie.» (Lozano 2003  (...)

Ils nous tiennent, pieds et mains liés, et nous enfoncent dans le vide administratif : nous ne sommes personne.14

Comme nous le voyons, ces citations évoquent les différentes formes que peut prendre cette tragédie du retour impossible. Le retour impossible de l’exilé politique, que l’expulsion condamnerait à une mort certaine ; le retour si ardemment désiré qui conduit à une nostalgie destructrice. Le retour-sans-retour de ceux qui, ayant échoué, perdent leur honneur par ce retour même : le seul retour possible est le retour triomphant. En effet, pour pouvoir partir, beaucoup ont contracté une dette à l’égard de la famille et de la communauté qui ont financé le voyage. Sans compter le sentiment de culpabilité de n’avoir pas su aider les compagnons morts au cours du périple. Dans Donde mueren los ríos, Tierno évoque « le voyage sans retour » (« camino sin regreso ») comme une traversée du miroir. Un autre personnage rappelle que « les embarcations de fortune ne font le voyage que dans un seul sens ». « Nous sommes piégés », conclut-il (p. 102). C’est d’abord le récit de ce leurre et de ce mirage que nous livre Antonio Lozano.

  • 15 Voir le numéro que consacre la revue Raison présente à cette question, sous le titre Un monde emm (...)

13Le voyage dont nous parle Antonio Lozano est le voyage qui conduit, pour reprendre les titres du double prologue de la pièce Alhán (1996) de Jerónimo López Mozo, de l’« Afrique frontière Nord » à l’« Europe : frontière Sud ». La première est le point d’où l’Europe est à portée de vue, voire de mains. La deuxième est le point à partir duquel les gardiens de la « porte » (commissaire européen, député espagnol) veillent face à la horde des « envahisseurs » : « Il existe des lieux devenus symboliques du franchissement des frontières, où se jouent des drames humains » rappelle Catherine Wihtol de Wenden (2017 : 34). Ce lieu en est un. Entre ces deux frontières, entre ce partir et cet arriver, ce sont d’abord des histoires de frontières et de franchissements de lignes, de grilles, de barrages, d’obstacles naturels comme le désert et la mer15. Mais, une fois arrivés, les migrants sont confrontés à ces autres frontières invisibles que construisent les ghettos. Au bout du compte ce ne sont que des frontières élastiques, constate Larbi, le héros marocain de Alhán, dans l’un de ses dialogues avec son double. Il y évoque l’impossible intégration :

Image de Larbi.— Et si nous étions encore au Maroc, si nous n’avions jamais traversé la frontière ? Cela ne ressemble-t-il pas à un ghetto, à un sordide faubourg de Casablanca ou de Tanger ? […]

Larbi.— On l’a bien réalisé ce voyage, mais à mesure que nous avancions, nous reculions les frontières comme s’il se fût agi d’un ruban élastique. Nous n’avons jamais réussi à laisser la frontière derrière nous. (López Mozo 1997 : 133)

14Dans ces trois romans de l’immigration d’Antonio Lozano, le voyage est bien le motif central, mais seuls les points d’arrivée et de départ sont décrits dans Donde mueren los ríos et dans Harraga. Par contre, dans Me llamo Suleimán, le récit s’attarde sur le périple proprement dit : les deux voyages de Suleimán, ses deux tentatives pour atteindre l’Espagne depuis le Mali. Il tente d’abord de franchir les grilles de Melilla après avoir traversé le désert. Il choisit ensuite de traverser la mer qui le sépare des îles Canaries. Dans tous les cas, le récit débute au point du retour ou du non-retour, de l’impossible retour, pour nous ramener au point d’arrivée, puis au « partir », les deux lieux de tous les espoirs.

15Le point de départ de chacun de ces trois récits à la première personne est le lieu d’où surgit cette voix narrative : le lieu de l’échec et de l’enfermement, la cellule d’une prison ou d’un hôpital psychiatrique. Dans ces espaces fermés et claustrophobes, se condensent violemment les tensions, les espoirs, les nostalgies, les images et les visages du passé et du périple. Le récit qui témoigne y devient l’expression d’une double urgence : alléger le poids de la souffrance par la parole et mettre en garde ceux qui, croyant encore au mirage, se préparent à entreprendre le voyage. Dans Harraga, Jalid moisit dans une cellule du centre neuropsychiatrique de Tanger depuis deux ans ; il convoque les souvenirs des bonheurs familiaux simples et retrace son périple :

JE FERME LES YEUX. De ma paillasse, je vois le plafond fissuré de ce lieu où l’on m’a enfermé. Je ne compte plus les jours, les semaines, les années que j’ai passés là.
[…]
Voilà longtemps que je ne distingue plus les moments où je suis dans mes rêves et les instants où je suis plongé dans mes pensées. Et pour me sentir encore vivant, j’ai besoin de reconstruire ma vie, de me souvenir des étapes qui m’ont amené jusqu’ici, de savoir quel péché, quelle espérance m’a fait prendre un mauvais chemin, me laissant sur ce matelas miteux, enfermé dans ce trou par lequel le soleil de Tanger n’a pas le droit d’entrer. (Lozano 2008 : 13).

L’épilogue tragique montre Amina, venue reconnaître le cadavre de son frère, Jalid :

Son visage, qu’elle découvrit lorsque l’infirmier souleva le drap, traduisait le bonheur de se libérer enfin de ces deux interminables années passées sous cette croûte. Amina eut l’impression, pendant les quelques secondes qu’elle mit à le reconnaître, qu’il s’était éteint dans un dernier sourire. C’est l’image qu’elle garderait de lui à jamais. (Lozano 2008 : 152).

16Dans Donde mueren los ríos, accusé d’abord du meurtre d’une prostituée sénégalaise puis incarcéré, Amadú, le professeur réfugié politique du Sierra Leone, est ensuite libéré mais fait l’objet d’une surveillance policière. C’est aussi depuis la cellule d’une prison qu’il évoque les premiers souvenirs de son périple :

  • 16 «Pero creo que aquí, en vuestra tierra, tengo que contaros mi vida o, mejor dicho, la parte de mi (...)

Mais je crois que c’est ici, sur votre terre, que je dois vous raconter ma vie, ou plutôt, la partie de ma vie qui commence lorsque je quitte mon pays, passe brièvement par la prison où je commence à écrire et s’achève sur une plage, assis face à ce même horizon que contemplent tous les hommes et toutes les femmes du monde. C’est mon histoire et c’est celle des personnes que j’ai croisées […].16

Le narrateur n’a pas besoin de nous décrire ce qui l’attend. Il n’y a aucune possibilité de légalisation de sa situation. Tout est dit. L’irrémédiable expulsion le condamne à mort.

17Dans Me llamo Suleimán, le jeune Malien raconte son histoire au policier qui l’a arrêté. Il témoigne de son périple depuis l’espace du commissariat. Il va être expulsé et témoigne surtout depuis ce point de son aventure : l’échec du retour imminent.

18Ainsi dans ces romans illustrant le retour ou l’impossible retour, la boucle est bouclée pour la plupart des personnages. Le piège s’est refermé. Il prend le visage de la mort, du déshonneur ou de l’impasse. Seuls trois personnages semblent échapper à cette fatalité : Farida, Tierno et Usman.

19Farida, dans Donde mueren los ríos, réussit à s’intégrer et à envisager une vraie vie en Espagne. Le jeune Peul, Tierno, poursuit la tradition du nomadisme peul en terre espagnole et européenne. Il transforme ce voyage imposé par les circonstances (la sécheresse qui l’a ruiné) en un voyage initiatique : « voyage à la rencontre de soi », ainsi définit-il le choix de son nouveau nomadisme en terre étrangère. Usman enfin, l’orphelin de Me llamo Suleimán, se fait volontairement expulser. Il choisit de rentrer au Burkina Faso pour reprendre l’œuvre humanitaire de l’orphelinat qui l’avait accueilli. Il s’agit aussi d’un voyage initiatique dans la mesure où le périple et le retour lui ont permis de redonner du sens à sa vie en Afrique. « Un voyage n’est accompli, au sens initiatique, que lorsqu’on est revenu », dit un proverbe touareg que cite Gilbert Coyer : « revenir à soi-même, après s’être perdu, là, peut-être, est la destination d’un voyage qui devient initiatique », commente-t-il (Coyer 1999 : 155-175). C’est bien ce voyage initiatique qu’accomplissent les voix narratives de ces trois romans. Leur retour plein de sens et d’espoir répond à la constatation désespérée de Larbi dans Alhán qu’au bout du compte il n’y aura pas eu de voyage.

20Les romans d’Antonio Lozano trouvent une certaine dose d’optimisme dans ces personnages qui se mettent au service des autres ou de la construction de leur pays : Usman retourne dans son pays pour poursuivre l’œuvre de l’orphelinat. Fatiha s’intègre en Espagne mais pour mieux aider ses compatriotes. La sœur de Jalid a étudié le droit et est devenue avocate pour mieux défendre les femmes de son pays.

21Dans Harraga, les personnages représentent les différents choix de vie : le cousin de Jalid a choisi la religion comme refuge. Intégriste, il finit en prison. Le vieux garçon de café, que Jalid aurait pu remplacer, et le père se contentent de ce que la vie leur a donné et leur donne : une vie misérable certes, mais honnête, laborieuse, résignée. Amina, la sœur, a fait le choix des études qui lui permettront de sortir de la misère et d’échapper à son destin de fille à marier de force. Mais c’est aussi pour elle le moyen d’agir dans la société. Les quatre destins tragiques dans le roman sont ceux des deux Harragas, Yasmina et Munir qui perdent la vie dans la traversée du détroit, et des deux trafiquants de drogue, Hamid et Jalid, qui se sont perdus dans le mirage de l’argent facile. Les seuls destins que ces romans présentent comme positifs sont ceux des personnages qui restent ou retournent au pays pour œuvrer au changement de leur pays. Mais c’est peut-être une perspective occidentale ?

Conclusion

  • 17 Voir la conférence donnée par Antonio Lozano en 2015 à Strasbourg, publiée dans ce volume.

22Pour Antonio Lozano, la littérature est d’abord ce lieu pour comprendre le monde, pour montrer les dessous du monde, de l’homme, de la vie. La littérature est politique, doit être un acte politique dans le sens où elle peut agir sur la réalité en n’éludant pas les questions, en enquêtant sur certaines réalités, en offrant un autre regard17. Ses romans sur l’Afrique se donnent cette mission, et ont pour modèle les grands romans de la littérature africaine, dont les titres émaillent son roman Donde mueren los ríos : Babdala de Abdourahman Waberi, Sí mi comandante de Amadou Hampâté Bâ, Los soles de las independencias et Esperando el voto de las fieras de Ahmadou Kourouma, La aventura ambigua de Cheik Amidou Kane. Antonio Lozano y cite encore Jean-Baptiste Mutabaruka et Noemia de Souza. Le roman commence par un dialogue où Amadú le professeur de littérature explique ce lien entre littérature et politique :

  • 18 «–Soy profesor de literatura. La lectura es mi vida. Busco en los libros la respuesta a todo lo q (...)

[Amadú] – Je suis professeur de littérature. La lecture est ma vie. Je cherche dans les livres la réponse à tout ce que je ne comprends pas dans le monde. Parfois je la trouve. […] – Pourquoi parlais-tu de politique si tu étais professeur de littérature ?
– De quoi crois-tu que doit parler un professeur de littérature ? répondis-je.18

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Bibliographie

Gilbert Coyer G., 1999, « Étrange étranger. L’identité de l’exil », dans Evelyne Pewzner (coord.), Questions d’identités, Chilly-Mazarin : Sciences en situation, p. 155-162.

Lozano A., 2002, Harraga, Granada, ediciones Zoela, col. « Negrura » n° 6.

Lozano A., 2003, Donde mueren los ríos, Granada, ediciones Zoela.

Lozano A., 2006, El caso Sankara, Córdoba, editorial Almuzara.

Lozano A., 2006, Preludio para una muerte, Granada, ediciones b.

Lozano A., 2007, Donde mueren los ríos, Córdoba, editorial Almuzara.

Lozano A., 2008, Harraga, traduction de l’espagnol par J. Aubergy, Marseille, Éditions L’Écailler du Sud, coll. « L’atinoir ».

Lozano A., 2009, Las cenizas de Bagdad, Córdoba, editorial Almuzara.

Lozano A., 2011, La sombra del minotauro, Córdoba, editorial Almuzara.

Lozano A., 2013, L’affaire Sankara, traduction de l’espagnol par J.-M. Flores, Québec, La citadelle.

Lozano A., 2014, Là, où vont mourir les fleuves, traduction de l’espagnol de S. Bachs, Marseille, Éditions L’Écailler du Sud, coll. « L’atinoir ».

Lozano Antonio, 2014, Me llamo Suleimán, Madrid, ediciones Anaya infantil y juvenil, col. « El Volcán ».

Lozano A., 2018, Nelson Mandela. El camino a la libertad, Madrid, ediciones Anaya infantil y juvenil.

Lozano A., 2019, El desfile de los malditos (Un caso del detective José García Gago), Barcelona, Editorial Alrevés, col. « novela negra ».

Mozo Jerónimo L., 1997, Alhán, Madrid, Ediciones Cultura Hispánica.

Reck I., 2009, « La traversée du détroit de Gibraltar dans le théâtre espagnol 1998-2008 », dans Reck I. et Weber E., « De mots en maux : parcours hispano-arabes », ReCHERches, n° 2, p. 45-78.

Salvatierra J., 2008, « Negra », Cuadernos Escénicos de San Francisco « Artes Escénicas y Migraciones », n° 1, décembre, Bilbao, ABKE, p. 89-113.

Wihtol de Wenden C., 2017, « Frontières », Raison présente, n° 202, numéro monographique Un monde emmuré, p. 33-44.

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Notes

1 Antonio Lozano était membre du réseau « Justice pour Sankara Justice pour l’Afrique ».

2 Texte interprété par Marta Viera Ramírez, dans une mise en scène de Mario Alberto Vega Ramírez (avec la projection d’images animées de Juan Carlos Cruz et Elena Gonca, et une musique de Salif Keita). Outre cette adaptation au théâtre – par Antonio Lozano – de son roman Me llamo Suleimán, il a écrit pour la compagnie Unahoramenos (Canaries), dirigée par Mario Vega, deux textes dramatiques. El crimen de la perra Chona (2014) en collaboration avec Alexis Ravelo, prend la forme du théâtre-parcours dans la ville pour une enquête sur un crime qui a eu lieu aux Canaries en 1955. La deuxième pièce, Los Malditos (2017), est sa première expérience d’écriture théâtrale en solo. La pièce, mise en scène par Mario Vega, affiche une équipe multiculturelle : l’Uruguayen Gustavo Saffores, l’Espagnol d’origine guinéenne Emilio Buale, l’Espagnole des Canaries Soraya G. del Rosario et l’Argentin Quique Fernández. Los Malditos aborde la question de la traite d’êtres humains dans le contexte des mouvements migratoires et prend la forme d’une enquête policière sur l’assassinat d’une prostituée sénégalaise.

3 Voir la conférence prononcée par Antonio Lozano à l’Université de Strasbourg en décembre 2015, reproduite dans ce volume.

4 « Es un peul […] Un auténtico peul. Escribiré su historia, y la de Usmán. Y la nuestra. Porque no pueden seguir cayendo vidas en el pozo sin fondo del olvido. Para darle nombre y apellido a cada una de nuestras vidas » (Lozano 2003 : 227). Les traductions des citations sont de nous.

5 Première à Madrid en 2004. Texte publié en 2008 dans Cuadernos Escénicos de San Francisco (Salvatierra 2008).

6 Loi qui permettait aux forces de l’ordre d’éliminer les détenus indésirables, c’est-à-dire de tirer dans le dos d’un détenu prenant la fuite, en réalité mis en demeure de prendre la fuite par ces mêmes forces de l’ordre pour pouvoir l’éliminer « légalement ».

7 « Nadie se iba de allá para hacer turismo, para ver mundo. Como tampoco lo hicieron los españoles cuando salieron para Alemania, Francia o Bélgica. O los canarios para Cuba y Venezuela, como mis compañeros me contaron. A Marruecos mismo. En los años difíciles, miles de españoles se fueron a vivir, a buscarse la vida. Trabajaron como zapateros, albañiles, fontaneros, mecánicos, tenderos. Y siguieron allí después de la Independencia sin que nadie les molestara, les amenazara, como si estuvieran en su propia tierra, con sus papeles en regla […]. A algunos les irritaba esto, claro. Eran otros tiempos, otras circunstancias. Sí, les contestaba yo, no es lo mismo emigrar por necesidad que recibir emigrantes, claro que son circunstancias muy distintas. » (Lozano 2003 : 54-55)

8 «Guinea […] padecía la misma desgracia que Liberia y Sierra Leone : tener yacimientos de oro y de diamantes. […]. La misma desgracia que los países productores de petróleo. Nigeria, Camerún, Guinea Ecuatorial.» (Lozano 2003 : 60)

9 «Fatiha, que recaló en esta isla como quien llega a un calléjón sin salida.» (Lozano 2003 : 14)

10 «Quería dar un paso hacia su meta, la única posible. Cada nuevo paso era un paso hacia la vida. Cada paso atrás, un paso hacia la muerte. No había opción.» (Lozano 2003 : 42)

11 «Cierto. Las pateras sólo hacen el camino en una dirección. Estamos en una trampa […].» (Lozano 2003 :102)

12 «[Tierno] – A veces me siento atrapado en un camino sin regreso.» (Lozano 2003 : 177)

13 «[Amadú] – me sentía cada vez más atrapado en la trampa de la que yo mismo había hablado a mis compañeros de barracón. No podía volver a mi país, ni podía regresar a Senegal, porque mi pasaporte ya no tenía validez y las pateras solo hacen el viaje en una dirección. Si me entregaba a la policía española, mi destino sería Sierra Leone, es decir la muerte. El único camino era permanecer aquí como ilegal.» (Lozano 2003 : 134)

14 «Nos atan de pies y manos hundiéndonos en el vacío administrativo: no somos nadie.» (Lozano 2003 : 135)

15 Voir le numéro que consacre la revue Raison présente à cette question, sous le titre Un monde emmuré, n° 202, 2017.

16 «Pero creo que aquí, en vuestra tierra, tengo que contaros mi vida o, mejor dicho, la parte de mi vida que empieza al salir de mi país, que pasa fugazmente por la cárcel en que empiezo a escribir y termina en una playa, sentado frente al mismo horizonte que contemplan todos los hombres y mujeres del mundo. Es mi historia y la de las personas con que me encontré […].» (Lozano 2007 : 11)

17 Voir la conférence donnée par Antonio Lozano en 2015 à Strasbourg, publiée dans ce volume.

18 «–Soy profesor de literatura. La lectura es mi vida. Busco en los libros la respuesta a todo lo que no comprendo en el mundo. A veces la encuentro. (Amadú) […] «–¿Por qué hablabas de política en clase si eras profesor de literatura? –¿De qué crees que deben hablar los escritores?, contesté.» (Lozano 2003 : 12-13)

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Pour citer cet article

Référence papier

Isabelle Reck, « Partir et arriver »reCHERches, 28 | 2022, 23-33.

Référence électronique

Isabelle Reck, « Partir et arriver »reCHERches [En ligne], 28 | 2022, mis en ligne le 15 juin 2022, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cher/13768 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cher.13768

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Auteur

Isabelle Reck

Professeure, Université de Strasbourg, CHER (Culture et histoire de l’espace roman UR 4376)

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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