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Comptes rendus

Martine BRACONNIER, Couthon, Neyzac, Éditions du Roure, 1996, 286 p.

Bruno Benoit

Texte intégral

1Georges Couthon, ce fils d'Orcet en Auvergne, est une figure de proue de l'an II que l'imagerie révolutionnaire représente en fanatique se déplaçant sur une chaise roulante. Au-delà de cette représentation, Michel Vovelle rappelle en préface que Couthon - est-ce l'ombre de Robespierre qui l'a caché ? - est mal connu et que sa biographie a été délaissée par les historiens. C'est ce vide biographique que Martine Braconnier a voulu combler en s'intéressant à la vie de Couthon, loin des clichés traditionnels, de sa naissance, le 22 décembre 1755, à sa mort, le 10 thermidor an II. Cette démarche n'est pas nouvelle et s'inscrit dans la tendance actuelle qui consiste à revisiter la vie des grands hommes du panthéon révolutionnaire.

2Qu'apprend-t-on ? Ce fils de notaire appartient au monde des petits notables de province en quête d'ascension sociale. Devenu avocat à Reims au terme d'un périple assez obscur, il réside à Paris en 1781 et vient s'installer à Clermont en 1782 où sa bibliothèque s'enrichit de nombreux livres de droit et d'histoire. Franc-maçon dans une loge de la robe clermontoise en 1785 où il gravit vite les grades d'initiation, membre de la Société littéraire de Clermont et auteur à ses heures perdues d'une comédie, Couthon, qui se marie en 1787, est un digne représentant des Lumières provinciales. La révolution municipale de 1789 le projette au premier plan de la vie politique locale et en mars 1790 le voilà membre de la Société des amis de la Constitution où il occupe rapidement un rôle des plus actifs. Élu député à la Législative, et en cela parfaite illustration des hommes nouveaux de 1791, il saura garder jusqu'à sa mort, des liens étroits avec la ville de Clermont. Durant la Législative, Couthon est un " compagnon de route " des Girondins : il est pour la guerre, approuve le ministère brissotin, épouse les critiques contre le veto du roi en juin 1792 et va même jusqu'à condamner les massacres dans les prisons en septembre. Il semble que cette année soit celle du mûrissement politique et de la " gauchisation " de Couthon. Réélu à la Convention, il vote pour la mort du roi et c'est à ce moment-là que Couthon traverse la Gironde pour gravir la " Montagne " ! Si ce parcours n'a rien d'exceptionnel dans le monde politique de l'époque, tant les événements qui ont lieu sont des ruptures violentes qui remettent en cause des certitudes, ce qui pousse Couthon vers le " parti " montagnard est d'abord l'incapacité des Girondins à mener la guerre, incurie qu'il attribue à un complot contre la République, ensuite le développement de la crise fédéraliste qui porte atteinte à l'unité et à l'indivisibilité de la République et enfin son action économique en faveur des plus pauvres qui tranche avec le libéralisme des Girondins. Membre du Comité de salut public dès le 10 mai 1793, le 2 juin est une nouvelle étape vers le pouvoir. Avec la Terreur mise à l'ordre du jour, son action politique et sociale que l'on retrouve dans de nombreuses lois votées à cette époque, dont la grande Terreur, la lutte contre les exagérés et les indulgents, il se rapproche de Robespierre à qui son destin est désormais lié et ce jusqu'à la mort. Le plan chronologique suivi par l'auteur, non sans de nombreux retours en arrière, est classique et n'apporte pas un éclairage vraiment nouveau sur l'itinéraire politique de Couthon.

3En revanche, deux points m'ont davantage fait réagir. En premier lieu, la maladie de Couthon, sujet sur lequel Couthon est très bavard dans ses lettres. Si ses douleurs remontent à son enfance, sa capacité motrice se détériore en 1791, puisqu'il a besoin d'une canne ou de béquilles pour se rendre à l'Assemblée. En 1792, il se fait porter et en 1794, il utilise un fauteuil roulant. Poliomyélite, tuberculose de la colonne vertébrale ou tumeur bénigne ? L'auteur insiste sur le fait que jamais l'ingambe Couthon n'utilisa cet argument pour se faire plaindre ou élire. Le cas Couthon pose la question des liens entre maladie et capacité à exercer le pouvoir. Dans son cas, la maladie ne l'empêcha pas d'être au rendez-vous de l'Histoire ! Le second point porte sur la crise fédéraliste lyonnaise. L'auteur a des sources anciennes sur Lyon qui lui donne une interprétation fausse et bien schématique de la situation lyonnaise, phénomène que j'avais déjà souligné pour sa communication sur Lyon à l'occasion du colloque sur Les fédéralismes à Marseille en septembre 1993.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Bruno Benoit, « Martine BRACONNIER, Couthon, Neyzac, Éditions du Roure, 1996, 286 p.  »Cahiers d'histoire [En ligne], 42-1 | 1997, mis en ligne le 14 mai 2009, consulté le 19 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ch/19 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ch.19

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