2Le contexte global de la réflexion est celui d’une configuration inédite du religieux, du politique et de leurs rapports, en un temps où s’éprouve la difficulté de penser et de vivre le commun. Face au double risque d’un politique qui se replie sur la gestion des intérêts privés et d’un religieux qui se replie sur lui-même de façon sectaire (au sens wébérien), l’enjeu est tout à la fois de favoriser la reconnaissance par le politique des grandes questions humaines et sociales dont le religieux est porteur dans sa forme propre et diverse, et de réarticuler le religieux sur le sociopolitique dans le souci du bien de tous au lieu de succomber à la tentation de la radicalisation comprise comme autonomisation dans une sphère du sacré réservée à ses seuls adeptes.

3Cet axe est déployé dans les différents chapitres, à chaque fois autour d’une thématique précise : le rapport entre politique et religions (valider les particularités au lieu de sacrifier à l’horizontalité uniforme de la société liquide) ; la question de la vérité religieuse (développer une approche réflexive qui tienne compte de l’existence de divers régimes de vérité) ; la relation entre théologie et sciences religieuses (dépasser l’alternative interne/externe au profit d’une théorie critique de la culture et du social) ; la pluralité religieuse (faire fructifier les différences au lieu de les réduire à un plus petit dénominateur commun) ; l’Église comme configuration spécifiquement chrétienne du religieux (penser le christianisme, à distance du club à préserver ou du modèle à restaurer, comme acculturation et médiation des questions de tous) ; les pensées du catholique Michel de Certeau, du protestant Karl Barth et du juif Emmanuel Levinas (avec le premier, être attentif aux formes concrètes et institutionnelles du religieux ; contre le second, résister à une tendance à autonomiser la foi par rapport aux déterminations de la culture ; avec le troisième, assumer l’asymétrie entre le religieux et le séculier pour valoriser la consistance propre de ce dernier en même temps que son ouverture à la dimension d’infini).

4Le volume se clôt sur un index nominum ainsi qu’une liste des principaux ouvrages rédigés ou dirigés par l’auteur.