À propos d’une lame de poignard inscrite au nom d’un roi Menkheperrê : notes sur un objet singulier conservé au Louvre (AF 13446)
Résumés
Le département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre conserve dans ses réserves un objet singulier, portant le numéro d’inventaire AF 13446. Inscrit au nom d’un roi Menkheperrê, il adopte la forme générale d’une lame de poignard. Le présent article comporte une description détaillée de cet objet atypique, dont on connaît deux parallèles auxquels sont également consacrées quelques lignes. Une discussion portant sur l’authenticité de ces trois objets à l’aspect inhabituel est ensuite proposée. Enfin, des hypothèses sont formulées au sujet de leur datation, nature et fonction éventuelles, en admettant que leur caractère antique soit établi.
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- 1 Sur les numéros d’inventaire provisoires en AF (Ancien Fonds), voir Paule Posener-Krieger, « Note c (...)
- 2 Les poignards sont bien représentés dans les collections égyptiennes et ont fait l’objet de nombreu (...)
- 3 Sur l’Egypt Centre et l’égyptologie à l’université de Swansea (Pays de Galles), cf. David Gill, « F (...)
1Le département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre conserve un objet peu connu, auquel a été récemment attribué le numéro d’inventaire AF 134461. Il s’agit d’une lame de poignard inscrite au nom d’un roi Menkheperrê, présentant un aspect très inhabituel pour ce type d’armes2, mais néanmoins connu à travers deux autres exemplaires : ceux-ci sont respectivement conservés dans les collections du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et dans celles de l’Egypt Centre de Swansea3. Partant d’une description détaillée de l’objet conservé au Louvre, la présente étude se propose tout d’abord de réunir les quelques données relatives à ces trois documents ; la question de l’authenticité de ces derniers, ainsi que celle de leur place éventuelle au sein du corpus des poignards égyptiens seront ensuite discutées.
La lame inscrite du musée du Louvre (AF 13446)
- 4 Au sujet de la datation, voir infra.
- 5 La composition chimique précise de ce métal est inconnue, faute d’analyse. Le vert-de-gris présent (...)
- 6 Voir infra.
- 7 La soie est l’élément de la partie supérieure de la lame qui sert à fixer la poignée.
2De provenance et de datation inconnues4, il s’agit d’une lame de poignard en métal cuivreux5, massive et coulée en une seule pièce, avec quelques détails gravés (fig. 1 et 2). Sa date d’entrée dans les collections du musée du Louvre est difficile à préciser6. Sa longueur totale est de 17 cm, pour une largeur maximale de 3 cm et une épaisseur maximale de 0,8 cm. L’objet est légèrement lacunaire : la pointe, brisée, a disparu, tout comme la soie7, dont le départ n’est conservé que sur une longueur d’environ 5 mm. Sa surface, notamment celle de la face non étiquetée, est parsemée de points de corrosion.
À l’exception d’anciens marquages présents seulement sur l’une d’entre elles et de certains détails au niveau de l’inscription, les deux faces de l’objet sont semblables.
Fig. 1

Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, face étiquetée, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,17 ; l. (max) : 0,03 ; ép. (max) : 0,008 m – Paris, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, AF 13446.
© Nathalie Couton-Perche/Musée du Louvre.
3Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, face sans étiquette, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,17 ; l. (max) : 0,03 ; ép. (max) : 0,008 m – Paris, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, AF 13446.
- 8 On pourrait éventuellement y reconnaître un motif végétal stylisé.
4La partie supérieure de la lame – opposée à la pointe – comporte l’amorce d’une soie assez épaisse, de section rectangulaire (fig. 3 et 4). Elle est garnie sur les côtés d’éléments décoratifs grossièrement symétriques dont il est difficile de préciser la nature8 : moulés avec le reste de l’objet, ceux-ci sont constitués d’une bordure extérieure arrondie – donc non tranchante – qui s’incline vers le centre de l’objet ; leurs limites intérieures sont verticales, la largeur de chaque élément diminuant légèrement jusqu’à ce qu’ils se courbent dans leurs parties basses et remontent vers l’extérieur de la lame, finissant par dépasser de la ligne formée plus loin par ces derniers.
Ces éléments décoratifs sont situés de part et d’autre d’un cadre constitué de deux lignes parallèles de même longueur partant du bord supérieur de la lame et se rejoignant brusquement dans leur partie basse pour former le sommet d’un triangle à côtés concaves, point de départ de la nervure centrale saillante qui partage ensuite la lame sur toute sa longueur (voir fig. 3 et 4).
Fig. 3

Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, détail de l’inscription, face étiquetée, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,17 ; l. (max) : 0,03 ; ép. (max) : 0,008 m – Paris, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, AF 13446.
© Nathalie Couton-Perche/Musée du Louvre.
Fig. 4

Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, détail de l’inscription, face sans étiquette, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,17 ; l. (max) : 0,03 ; ép. (max) : 0,008 m – Paris, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, AF 13446.
© Nathalie Couton-Perche/Musée du Louvre.
5La silhouette de ce cadre se voit doublée à l’intérieur par un relief en creux peu profond qui en suit les contours. L’ensemble sert d’écrin à une inscription qui se résume à un cartouche au nom de Menkheperrê (Mn-xpr-Ra). Cette inscription est facilement lisible sur les deux faces de l’objet. Sur la face étiquetée, le cartouche vient buter légèrement contre la partie inférieure droite du cadre précédemment décrit (voir fig. 3). Sur la face sans étiquette, le cartouche est mieux centré, mais l’inscription plus abîmée (voir fig. 4). Les cartouches se présentent ainsi :
6Les bords de la lame situés sous les éléments décoratifs latéraux de la partie supérieure convergent progressivement vers la pointe brisée. Ils sont arrondis, épais et ne présentent aucune trace d’aiguisage ni d’un autre procédé de mise en forme postérieur à la coulée. Leur forme est par ailleurs légèrement convexe. Des « tranchants » singuliers qui, associés aux éléments décoratifs encadrant les inscriptions, confèrent à la lame un aspect atypique.
- 9 L’étiquette mesure environ 2 cm de longueur pour 1 cm de largeur. Tachée, jaunie par le temps et dé (...)
- 10 Ou plus probablement d’une simple tentative de marquage avortée.
7Enfin, sur l’une des faces de l’objet est collée une étiquette blanche octogonale (voir fig. 1)9. La mention manuscrite « ME 3 », en noir, y est encore clairement lisible. À proximité immédiate de l’étiquette, une trace de corrosion à peine plus longue et moitié moins large se détache : le vert-de-gris y est d’une couleur vive et la forme de la trace laisse penser qu’il s’agit des vestiges d’un ancien marquage10.
- 11 Voir Chantal Orgogozo et Yannick Lintz, « Les dépôts antiques du musée du Louvre et les envois d’An (...)
- 12 Idem, Ibidem.
- 13 L’auteur tient à remercier Sylvie Guichard, ingénieur d’études au département des Antiquités égypti (...)
- 14 C’est le cas de quelques autres objets numérotés en ME (communication personnelle de S. Guichard).
- 15 Sur ces inventaires, cf. P. Posener-Krieger, art. cité note 1, p. 93 sqq.
- 16 S. Guichard nous a indiqué avoir retrouvé la trace de cet inventaire, « enregistré aux archives des (...)
Le numéro « ME 3 » inscrit sur l’étiquette apporte une information bienvenue – bien qu’imprécise – sur la date d’entrée de l’objet dans les collections du Louvre. L’abréviation « ME » est en effet bien connue : elle fait référence à la création au Louvre, à la fin du xixe siècle, d’un « magasin (ou musée) égyptien », local « destiné à abriter les objets en surnombre parmi lesquels les représentants des villes et des départements viennent choisir ce qui les intéresse pour leur musée11 ». L’inventaire ME dresse donc la liste des objets destinés à être déposés par le Louvre dans les musées de province : entre 1873, date à laquelle un premier ensemble d’objets est envoyé à Marseille, et 1907, « environ 1 400 objets pharaoniques portant des numéros ME, plus rarement des numéros d’inventaire du Louvre, sont répartis dans 11 villes12 ». La chronologie précise de ces envois est difficile à restituer, mais le dépôt d’un objet numéroté ME 8 est attesté dès 189013. Ainsi, la lame dont l’étiquette porte le numéro « ME 3 » faisait sans doute déjà partie des collections du Louvre en 1890, et était destinée à être déposée dans un musée de province : pour une raison inconnue, elle semble n’avoir jamais quitté le Louvre14. Il est difficile d’apporter des précisions supplémentaires : aucun autre numéro ne nous est parvenu, et l’inventaire ME, susceptible de fournir une correspondance entre sa numérotation et celles des inventaires N ou E15 a aujourd’hui disparu16.
Les parallèles de Swansea et Saint-Pétersbourg
- 17 L’observation de ces deux objets a été faite sur photographie, contrairement à celle de l’objet du (...)
8Deux lames inscrites au nom d’un roi Menkheperrê, semblables en tous points à celle du Louvre, sont connues, conservées pour l’une au Pays de Galles et pour l’autre en Russie. Seuls leurs états de conservation respectifs permettent de distinguer ces trois objets, aussi avons-nous pris le parti de ne présenter les exemplaires gallois et russe qu’à travers de courtes notices17. Un tableau superposant les données relatives aux trois objets que nous avons pu réunir permettra ensuite quelques remarques d’ordre général.
- 18 Sur cet objet, voir la référence suivante : Egypt Centre Collection Database, [en ligne], Swansea, (...)
- 19 Sir Henry Wellcome (1853-1936) était un riche pharmacien anglais d’origine américaine. Archéologue (...)
- 20 D. Gill, art. cité note 3, p. 48.
- 21 Estimation d’après photographie.
L’exemplaire gallois est conservé dans les collections de l’Egypt Centre de Swansea, sous le numéro W 12718. De provenance inconnue, il est réputé avoir été acheté en 1906 par Sir Henry Wellcome19, dont la collection fut dispersée en 1971, l’université de Swansea s’en voyant confier une partie20. Il mesure une longueur totale de 20 cm, pour une largeur maximale de 2,8 cm et une épaisseur maximale d’environ 0,6 cm. Sa pointe est brisée, mais sa soie, longue d’un peu moins de 1,5 cm21, semble être complète (fig. 5 et 6).
Fig. 5

Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, première face, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,20 ; l. (max) : 0,028 ; ép. (max) : 0,006 m. environ – Swansea, Egypt Centre, W 127.
© Carolyn Graves-Brown/The Egypt Centre, Swansea University.
Fig. 6

Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, deuxième face, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,20 ; l. (max) : 0,028 ; ép. (max) : 0,006 m. environ – Swansea, Egypt Centre, W 127.
© Carolyn Graves-Brown/The Egypt Centre, Swansea University.
- 22 Voir la notice d’Andrey O. Bolshakov, The Global Egyptian Museum, [en ligne], Center for Documentat (...)
- 23 Idem, Ibidem, la notice en ligne ne précise rien de plus.
- 24 Largeur calculée d’après photographie ; épaisseur maximale inconnue.
9L’exemplaire russe est conservé dans les collections égyptiennes du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg ; l’objet y porte le numéro d’inventaire 316022 (fig. 7 et 8). Il est également de provenance inconnue et serait arrivé à l’Ermitage à la suite d’un transfert de collection en 192423. Sa longueur totale préservée est de 20 cm, pour une largeur maximale de 2,9 cm24. Sa soie est réduite à une amorce de quelques millimètres (fig. 8) ; sa pointe, aiguë, a été préservée (voir fig. 7).
Fig. 7

Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, datation inconnue. L. : 0,20 environ ; l. (max) : 0,029 m environ ; ép. Inconnue – Saint-Pétersbourg, musée national de l’Ermitage, inv. no 3160.
© Andrey O. Bolshakov / The State Hermitage Museum, St. Petersburg
Fig. 8

Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, détails des inscriptions présentes sur les deux faces, datation inconnue. L. : 0,20 environ ; l. (max) : 0,029 m environ ; ép. Inconnue – Saint-Pétersbourg, musée national de l’Ermitage, inv. no 3160.
© Andrey O. Bolshakov / The State Hermitage Museum, St. Petersburg
Le tableau ci-dessous récapitule l’essentiel des données exposées :
10La confrontation des données relatives à la lame du Louvre et à ses parallèles gallois et russe entraîne quelques remarques.
Les dimensions de ces objets sont sensiblement les mêmes. L’exemplaire de Swansea ayant conservé sa soie et celui de l’Ermitage ayant conservé sa pointe, il est possible de leur restituer une longueur totale d’origine située entre 21 et 22 cm environ. La présence d’une soie autorise à penser qu’ils ont pu jadis comporter un manche rapporté aujourd’hui disparu, dont on peut imaginer qu’il était en bois ; l’absence de rivets et la taille modeste de la soie observable sur la lame galloise dénonce la faiblesse du système d’emmanchement. Enfin, les dates d’apparition des trois objets dans les collections occidentales sont assez rapprochées : cela ajouté à leurs traits identiques laisse supposer qu’ils ont été découverts et fabriqués au même endroit et à la même époque.
Une production de faux de la fin du xixe siècle ?
- 25 Voir supra, note 18. Cette notice précise « peut-être un faux » (en anglais, « possibly a fake »). (...)
- 26 Il existe quelques autres poignards dont l’authenticité peut être mise en doute pour ces deux raiso (...)
11La notice en ligne dédiée à l’objet de Swansea émet des réserves concernant l’authenticité de celui-ci25. L’absence de données relatives à sa provenance et aux conditions de sa découverte ainsi que son aspect étrange suffisent en effet à justifier un tel soupçon26, d’autant plus que les exemplaires du Louvre et de l’Ermitage ne sont pas mieux documentés.
- 27 Type III de S. Petschel, voir S. Petschel, op. cit. note 2, pp. 106 sqq. et 362 sqq. Voir aussi sur (...)
- 28 Type VII de S. Petschel, voir S. Petschel, op. cit. note 2, pp. 188 sqq. et 460 sqq.
- 29 Citons ainsi un poignard inscrit au nom du roi Souâdjenrê (Caire JE 83702), un autre au nom du roi (...)
Ces trois objets occupent une place particulière au sein du corpus des poignards pharaoniques. On ne peut pas les rapprocher des principaux types de poignards connus que sont les poignards « à lunules27 », datés du début du Moyen au début du Nouvel Empire, et les poignards coulés en une seule pièce28, qui apparaissent au cours de la Deuxième Période intermédiaire et sont utilisés durant tout le Nouvel Empire, ni d’autres types moins fréquents. Le seul véritable point commun qu’ils partagent avec des poignards correctement datés est l’emplacement et la nature de leurs inscriptions : certaines armes de ce type portent en effet des cartouches royaux accompagnés d’éléments de titulatures plus ou moins développés, situés fréquemment dans la partie supérieure de la lame29. Excepté ce détail, la lame du Louvre et ses cousines galloise et russe sont tout à fait à part.
- 30 Portant les numéros d’inventaire EA 56882 et EA 65260. Voir les notices disponibles sur le site du (...)
- 31 Les résultats de ces analyses sont consultables sur le site du British Museum, voir note précédente
- 32 Conservés au Rijksmuseum von Oudheden de Leyde, inv. no 1995/6.1 et au Petrie Museum de Londres, UC (...)
- 33 Vivian Davies, Catalogue of the Egyptian Antiquities in the British Museum. VII, Tools and Weapons. (...)
- 34 Inventoriées respectivement EA 24334 et EA 36811. V. Davies signale au moins trois autres exemplair (...)
12Des faux sont attestés dans le domaine de l’armement en égyptologie. Le British Museum conserve ainsi deux lames de haches ajourées imitant des exemples bien datés du Nouvel Empire30, dont le décor figure un chien attaquant une gazelle forcée de mettre un genou à terre. Les analyses effectuées sur ces objets en 1954 ont montré qu’ils avaient été fabriqués à l’aide d’outils inconnus dans l’Antiquité31. Entrées dans les collections du British Museum respectivement en 1926 et en 1939, ces lames font partie d’une série de faux produits antérieurement, dont deux autres exemplaires sont connus32. Une autre série de lames de haches ajourées, décorées du même type de sujet – à savoir un chien chassant un antilopiné – a été identifiée : il s’agit cette fois de répliques fondues à l’époque moderne reproduisant un objet authentique de la XVIIIe dynastie33. Deux des haches de cette série sont conservées au British Museum et sont entrées dans ses collections en 1891 pour l’une et avant 1904 pour l’autre34.
Davantage que leur aspect particulier et le flou qui entoure leur histoire récente, c’est donc l’existence confirmée de faux dans le domaine de l’armement pharaonique, produits à une époque correspondant à celles de leurs premières attestations, qui incite à une certaine prudence au sujet de l’authenticité de la lame du Louvre et de ses homologues. L’hypothèse d’une série de faux de la fin du xixe siècle aujourd’hui dispersée, suggérée par l’existence de trois pièces identiques, ne peut être complètement écartée.
L’hypothèse d’authentiques objets pharaoniques
13En admettant que la lame du Louvre et ses semblables soient authentiques, se posent alors deux questions importantes, auxquelles nous ne pouvons malheureusement qu’apporter de maigres éléments de réponse : la première concerne leur datation ; la seconde porte sur leur nature précise.
- 35 Jürgen von Beckerath, Handbuch der ägyptischen Königsnamen, Mayence, Verlag Philipp von Zabern, Mün (...)
Le recours à l’analogie avec des types de poignards mieux documentés n’étant pas concluant, en raison du caractère atypique des objets de notre modeste corpus, le seul indice concernant leur datation est celui que fournissent les cartouches royaux qu’ils comportent, inscrits simplement au nom d’un roi Menkheperrê. Ce nom royal est bien connu en égyptologie : il s’agit de la version la plus commune du nom de couronnement de Thoutmosis III35, pharaon de la XVIIIe dynastie, resté fameux pour ses exploits militaires, et du règne duquel il est bien sûr tentant de dater la lame de poignard du Louvre.
- 36 J. von Beckerath, op. cit. note 35, p. 182 sq. Pour une référence récente sur la carrière du grand (...)
- 37 J. von Beckerath, op. cit. note 35, p. 196 sq. L’association du fils de Rê Iny avec le nom de couro (...)
- 38 J. von Beckerath, op. cit. note 35, p. 212 sq. Sur le nom de Menkheperrê associé au pharaon Néchao (...)
- 39 C’est d’ailleurs la datation choisie dans les notices en ligne consacrées aux objets gallois et rus (...)
14Une datation à nuancer : trois personnages royaux postérieurs à Thoutmosis III ont également porté le nom de Mn-xpr-Ra. Le premier est le grand pontife d’Amon de la XXIe dynastie Menkheperrê, fils et successeur de Pinédjem Ier, dont le nom de naissance est parfois inscrit dans un cartouche36. Un peu plus tard, un certain fils de Rê Iny, obscur souverain de la Troisième Période intermédiaire, aurait choisi Mn-xpr-Ra comme nom de couronnement, imitant ainsi son illustre prédécesseur de la XVIIIe dynastie37. Enfin, Néchao Ier, roitelet peu connu du Delta contemporain de la fin de la XXVe dynastie, aurait fait de même, ce dont témoignent plusieurs documents38. On ne peut exclure que les objets de notre corpus fassent référence à l’un de ces trois personnages, d’autant plus que leur aspect particulier se trouverait alors opportunément expliqué par le caractère très incomplet de nos connaissances sur l’armement après le Nouvel Empire. Au vu de la quantité très importante de documents inscrits au nom de ce roi, une datation du règne de Thoutmosis III reste néanmoins beaucoup plus vraisemblable39.
- 40 Pour des modèles de poignards en ivoire et en bois, voir S. Petschel, op. cit. note 2, p. 352 sqq. (...)
- 41 Voir supra, note 29 : les deux premiers exemples cités proviennent de tombes de particuliers, respe (...)
Tout indique que la lame du Louvre n’a jamais eu pour vocation de servir au combat : sa taille modeste, son caractère massif, la faiblesse de son système d’emmanchement et ses bords épais et arrondis. Il ne s’agit donc pas d’une arme véritable, mais sans doute plutôt d’un modèle funéraire, destiné à accompagner le défunt dans l’au-delà : des armes factices de ce type, parfois miniatures, sont ainsi attestées régulièrement dans les tombes40. Quant à la présence d’un cartouche royal, elle ne signifie pas que l’objet a appartenu au monarque lui-même ni qu’il provient de sa tombe, puisque des poignards inscrits au nom de rois ont été trouvés dans des tombes de particuliers41.
- 42 Par exemple, les modèles en bois peint d’un poignard et de son fourreau conservés au Metropolitan M (...)
- 43 La bouterolle correspond à la garniture inférieure du fourreau, destinée à protéger celui-ci de l’u (...)
15La forme générale de l’objet, mais surtout la présence d’une soie, nous ont conduit jusqu’ici à le désigner sous le terme bien pratique de « lame ». Pourtant, certains détails s’opposent à l’emploi d’un tel mot : son épaisseur et son aspect massif, mais par-dessus tout, ses bords arrondis et les deux éléments décoratifs latéraux présents dans sa partie supérieure. Ces derniers en particulier et plus largement la partie supérieure de la lame font penser à la pièce du fourreau qu’on nomme la chape, cette garniture plus ou moins développée qui en renforce l’ouverture et en décore l’extrémité supérieure. L’aspect arrondi des bords de l’objet évoque également celui d’un étui, de la gaine factice d’un poignard dont la seule partie visible aurait été le manche rapporté. Plutôt que d’y voir une lame nue dépourvue de manche, il faudrait donc voir dans l’objet du Louvre et ses deux parallèles des modèles de poignards dans leurs fourreaux : une interprétation séduisante, qui a le mérite d’expliquer certaines particularités morphologiques de ces « lames » si étranges, mais qui ne peut guère dépasser le stade de l’hypothèse de travail. Si des modèles de fourreaux ont bien été découverts dans certaines tombes, ceux-ci étaient creux et gainaient des modèles de poignards complets42. De plus, ni l’iconographie ni les témoignages archéologiques ne fournissent d’exemples de fourreaux dont l’aspect se rapprocherait significativement de celui de nos objets : la plupart sont pourvus d’une bouterolle43 arrondie, absente ici puisque l’exemplaire russe nous montre une extrémité pointue ; la nervure centrale peut quant à elle être figurée sur les fourreaux, en revanche l’ensemble décoratif que nous avons plus haut qualifié de chape est à notre connaissance sans équivalent dans l’art égyptien. Authenticité incertaine, histoire récente floue, provenance inconnue, datation, nature et fonction éventuelles difficiles à préciser : le dossier de l’objet AF 13446 du département des Antiquités égyptiennes du Louvre comporte de très nombreuses zones d’ombre, et ce malgré l’identification de deux documents identiques dans les collections de l’Egypt Centre de Swansea et de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Si son caractère antique était confirmé, il paraîtrait toutefois plausible qu’il s’agisse d’un modèle funéraire plus ou moins complet, provenant sans doute de la tombe d’un particulier ayant vécu au plus tôt à la XVIIIe dynastie, sous le règne de Thoutmosis III. Il faudra attendre des recherches complémentaires – dans le domaine de l’histoire des collections notamment –, des analyses scientifiques – concernant les matériaux et techniques de fabrication en particulier –, ou d’éventuelles découvertes – au cours de fouilles sur le terrain ou dans des réserves de musées – pour en savoir plus. Cette étrange lame de poignard inscrite au nom d’un roi Menkheperrê ayant à présent fait un premier pas – il est vrai quelque peu hésitant – en dehors de l’obscurité, nous ne doutons pas qu’elle retrouve un jour, accompagnée de ses acolytes, la place qui est la sienne, qu’il s’agisse d’un faux égyptisant ou d’un rare vestige de la civilisation pharaonique.
L’auteur souhaite remercier Guillemette Andreu-Lanoë, conservateur général et directrice du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, de l’avoir autorisé à publier cet objet. Toute sa reconnaissance va également à Hélène Guichard et Nathalie Couton-Perche, respectivement conservateur en chef et documentaliste scientifique au département des Antiquités égyptiennes : issu de recherches menées sous leur direction dans le cadre d’un Master 2 de l’École du Louvre, cet article leur doit beaucoup. Il remercie également Carolyn Graves-Brown, conservateur de l’Egypt Centre de Swansea, pour toutes les informations qu’elle a bien voulu lui transmettre. L’auteur souhaite aussi remercier Christophe Barbotin, conservateur en chef au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre pour ses conseils et remarques avisés.
Notes
1 Sur les numéros d’inventaire provisoires en AF (Ancien Fonds), voir Paule Posener-Krieger, « Note concernant les numéros d’inventaire des objets conservés au Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre », dans Revue d’Égyptologie, t. 12, 1960, p. 97. L’auteur souhaite remercier Christophe Barbotin, conservateur en chef au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre pour ses conseils et remarques avisés.
2 Les poignards sont bien représentés dans les collections égyptiennes et ont fait l’objet de nombreuses publications, la plus complète – et la plus récente – étant celle de Susanne Petschel : en s’appuyant sur l’étude d’un large corpus, celle-ci propose une typologie précise, fondée sur des critères morphologiques, accompagnée d’un catalogue riche – sans être exhaustif – doté de notices approfondies. Voir Susanne Petschel, Den Dolch betreffend. Typologie der Stichwaffen in Ägypten von der prädynastichen Zeit bis zur 3. Zwischenzeit, Wiesbaden, Harrasowitz Verlag, Philipikka, « Marburger altertumskundliche Abhandlungen », t. 36, 2011.
3 Sur l’Egypt Centre et l’égyptologie à l’université de Swansea (Pays de Galles), cf. David Gill, « From Wellcome Museum to Egypt Centre: Displaying Egyptology in Swansea », dans Göttinger Miszellen, t. 205, 2005, p. 47 sqq. Voir aussi infra, note 19.
4 Au sujet de la datation, voir infra.
5 La composition chimique précise de ce métal est inconnue, faute d’analyse. Le vert-de-gris présent sur l’objet révèle cependant la présence de l’élément cuivre : reste à savoir si ce dernier était allié à un autre métal – par exemple l’étain ou le plomb –, et dans quelles proportions.
6 Voir infra.
7 La soie est l’élément de la partie supérieure de la lame qui sert à fixer la poignée.
8 On pourrait éventuellement y reconnaître un motif végétal stylisé.
9 L’étiquette mesure environ 2 cm de longueur pour 1 cm de largeur. Tachée, jaunie par le temps et déchirée dans sa partie inférieure droite, elle est décorée d’une fine ligne bleue qui en suit les contours, elle-même doublée d’une bande plus large de couleur semblable, ornée d’une frise de méandres.
10 Ou plus probablement d’une simple tentative de marquage avortée.
11 Voir Chantal Orgogozo et Yannick Lintz, « Les dépôts antiques du musée du Louvre et les envois d’Antinoé en France : l’apport du récolement », dans Actes du VIIIe Congrès international d’Études coptes, Paris, 28 juin-3 juillet 2004, publiés sous la direction de Nathalie Bosson et Anne Boud’hors, Louvain, Peeters Publishers, « Orientalia Lovaniensia Analecta », t. 163, vol. 1, 2007, p. 246.
12 Idem, Ibidem.
13 L’auteur tient à remercier Sylvie Guichard, ingénieur d’études au département des Antiquités égyptiennes du Louvre, à qui il doit cette information et qui a accepté de répondre à toutes ses interrogations sur l’inventaire ME.
14 C’est le cas de quelques autres objets numérotés en ME (communication personnelle de S. Guichard).
15 Sur ces inventaires, cf. P. Posener-Krieger, art. cité note 1, p. 93 sqq.
16 S. Guichard nous a indiqué avoir retrouvé la trace de cet inventaire, « enregistré aux archives des musées nationaux sous la cote 7 DD5 et sous le titre : Inventaire des monuments égyptiens du Louvre. Ancien fonds ME 1-ME 958. À la première page, on pouvait lire : “Inventaire des objets égyptiens enfermés dans les deux magasins donnant sur les cours” ». L’inventaire ME en lui-même n’a cependant pas été retrouvé.
17 L’observation de ces deux objets a été faite sur photographie, contrairement à celle de l’objet du Louvre que nous avons eu l’occasion de voir directement.
18 Sur cet objet, voir la référence suivante : Egypt Centre Collection Database, [en ligne], Swansea, Egypt Centre/University of Wales Swansea, 2005, [24/02/2012], http://www.egyptcentre.org.uk/index.asp?page=item&mwsquery={Identity%20number}={W 127} (consulté le 15 septembre 2012).
19 Sir Henry Wellcome (1853-1936) était un riche pharmacien anglais d’origine américaine. Archéologue amateur, il mena notamment des fouilles au Soudan, ce qui lui permit de se constituer une vaste collection d’antiquités, à laquelle vinrent s’ajouter des objets issus des fouilles de l’Egypt Exploration Society à Amarna et Ermant, de Garstang à Méroé, et des acquisitions faites lors de ventes aux enchères. Pour une note biographique concise sur H. Wellcome, voir Warren R. Dawson et Eric P. Uphill, Who’s who in Egyptology, Londres, The Egypt Exploration Society, 1972 (2e éd.), p. 300. La date de 1906 n’est pas sans évoquer la vente chez Sotheby’s, à partir du 19 décembre de cette année, de la collection de Robert de Rustafjaell : les recherches menées dans le catalogue de cette vente n’ont rien donné (voir Catalogue of the collection of Egyptian antiquities, formed in Egypt by R. de Rustafjaell, Londres, Dryden Press, 1906).
20 D. Gill, art. cité note 3, p. 48.
21 Estimation d’après photographie.
22 Voir la notice d’Andrey O. Bolshakov, The Global Egyptian Museum, [en ligne], Center for Documentation of Cultural Natural Heritage, 2004, [24/02/2012], http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=13351 (consulté le 15 septembre 2012) et voir également А. О. Большаков, Древний Египет в Эрмитаже. Санкт-Петербург, 2008, p. 16. L’auteur remercie A. O. Bolshakov, conservateur au département de l’Orient ancien à l’Ermitage, de lui avoir signalé cette dernière référence, qu’il n’a malheureusement pas pu exploiter, n’étant pas russisant.
23 Idem, Ibidem, la notice en ligne ne précise rien de plus.
24 Largeur calculée d’après photographie ; épaisseur maximale inconnue.
25 Voir supra, note 18. Cette notice précise « peut-être un faux » (en anglais, « possibly a fake »). À l’inverse, l’exemplaire russe (voir. A. O. Bolshakov, op. cit. note 22) est simplement daté d’après les cartouches, du règne de Thoutmosis III. Sur une datation par l’inscription, voir infra.
26 Il existe quelques autres poignards dont l’authenticité peut être mise en doute pour ces deux raisons. C’est le cas par exemple d’un manche en bois décoré d’un visage humain et de deux têtes de faucon opposées, conservé au Carnegie Museum of Natural History de Pittsburgh, inv. no 9074-2464. Suzanne Petschel signale aussi un poignard dont la lame, antique, a été montée sur un manche moderne à l’aspect très singulier, décoré d’un visage féminin : l’objet est conservé à l’Ashmolean Museum d’Oxford où il porte le numéro 1933.502. Pour ces deux exemples, voir Petschel, op. cit. note 2, pp. 484 sq. et 528 sq.
27 Type III de S. Petschel, voir S. Petschel, op. cit. note 2, pp. 106 sqq. et 362 sqq. Voir aussi sur ce sujet Dietrich Raue (coll.), « Report on the 35th Season of Excavation and Restoration on the Island of Elephantine », dans Annales du Service des Antiquités de l’Égypte, t. 82, 2008, p. 212 sq.
28 Type VII de S. Petschel, voir S. Petschel, op. cit. note 2, pp. 188 sqq. et 460 sqq.
29 Citons ainsi un poignard inscrit au nom du roi Souâdjenrê (Caire JE 83702), un autre au nom du roi Bébiânkh (British Museum EA 66062), un troisième au nom d’Aâqenenrê (Collection Corble, lieu de conservation inconnu) ; sur ces trois objets, cf. Petschel, op. cit. note 2, pp. 362 sq. et 462 sq. Un quatrième exemple, absent de l’ouvrage de S. Petschel, mérite d’être évoqué ici : il s’agit d’un fragment de poignard portant un cartouche royal, probablement au nom de Ramsès II, conservé au Los Angeles County Museum of Art, inv. no M.80.203.48.
30 Portant les numéros d’inventaire EA 56882 et EA 65260. Voir les notices disponibles sur le site du British Museum : British Museum Collection Database, [en ligne], Londres, The Trustees of the Brisith Museum, 2012, [24/02/2012], http://www.britishmuseum.org/research/searchthecollectiondatabase/ ainsi que http://www.britishmuseum.org/research/searchthecollectiondatabase/ (consultés le 15 septembre 2012).
31 Les résultats de ces analyses sont consultables sur le site du British Museum, voir note précédente.
32 Conservés au Rijksmuseum von Oudheden de Leyde, inv. no 1995/6.1 et au Petrie Museum de Londres, UC 40958. Il est possible que l’un des deux soit l’objet antique ayant servi de modèle à la série.
33 Vivian Davies, Catalogue of the Egyptian Antiquities in the British Museum. VII, Tools and Weapons. 1. Axes, Londres, British Museum Publications, 1987, p. 52 (no 165).
34 Inventoriées respectivement EA 24334 et EA 36811. V. Davies signale au moins trois autres exemplaires connus : un premier appartenant à l’ancienne collection Hilton Price, un deuxième conservé au Royal Museum of Scotland d’Édimbourg, inv. no 1902.24 et un dernier aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, sous le numéro E 5343 : ibidem, note 33, p. 52 (no 165, note 1).
35 Jürgen von Beckerath, Handbuch der ägyptischen Königsnamen, Mayence, Verlag Philipp von Zabern, Münchner Ägyptologische Studien, t. 49, 1999, p. 136 sqq. (T1 et T4 pour la graphie à trois signes).
36 J. von Beckerath, op. cit. note 35, p. 182 sq. Pour une référence récente sur la carrière du grand prêtre Menkheperrê, voir José Lull, « Beginning and End of the High Priest of Amun Menkheperre » dans The Lybian Period in Egypt: historical and cultural studies into the 21st and 24th dynasties. Proceedings of a conference at Leyden University, 25-27 october 2007, publiés sous la direction de Gerard P. F. Broeckman, Robert J. Demarée et Olaf E. Kaper, Nederlands Instituut voor het Nabije Oostern/Peeters, Egyptologische Uitgaven, t. 23, Leyde, 2009, p. 241 sqq.
37 J. von Beckerath, op. cit. note 35, p. 196 sq. L’association du fils de Rê Iny avec le nom de couronnement Mn-xpr-Ra ne repose que sur un document en particulier, la stèle C 100 du Louvre, attribuée à ce roi sur une proposition de Jean Yoyotte : voir Jean Yoyotte, « Pharaon Iny. Un roi mystérieux du viiie siècle avant J.-C. », dans Cahiers de Recherches de l’Institut de Papyrologie et d’Égyptologie de Lille, t. 11, 1989, p. 113 sqq.
38 J. von Beckerath, op. cit. note 35, p. 212 sq. Sur le nom de Menkheperrê associé au pharaon Néchao Ier, voir notamment Herman De Meulenaere, « Une statuette égyptienne à Naples », dans Bulletin de l’Institut français d’Archéologie orientale, t. 60, 1960, p. 126 sq. ; voir aussi plus récemment Olivier Perdu, « De Stéphanitès à Néchao ou les débuts de la XXVIe dynastie », dans Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. 146, v. 4, 2002, p. 1234 sqq.
39 C’est d’ailleurs la datation choisie dans les notices en ligne consacrées aux objets gallois et russe, voir supra, notes 18 et 19.
40 Pour des modèles de poignards en ivoire et en bois, voir S. Petschel, op. cit. note 2, p. 352 sqq. ; pour un exemple de modèle miniature trouvé à Kerma, idem, ibidem, p. 414 sq. (no 95).
41 Voir supra, note 29 : les deux premiers exemples cités proviennent de tombes de particuliers, respectivement situées à Hou et à Nagada. Il est difficile d’interpréter la présence d’un cartouche : arme ayant appartenu au roi, faveur royale accordée à un courtisan, symbole d’allégeance, marque d’atelier ou protection magique, les possibilités sont aussi variées qu’indémontrables.
42 Par exemple, les modèles en bois peint d’un poignard et de son fourreau conservés au Metropolitan Museum of Art de New York, inv. no 12.183.17 a et b ou, autre exemple, ceux conservés au musée égyptien du Caire sous le numéro JE 42939. Sur ces deux ensembles d’objets, voir S. Petschel, op. cit. note 2, pp. 354 sq et 358 sq.
43 La bouterolle correspond à la garniture inférieure du fourreau, destinée à protéger celui-ci de l’usure provoquée par la pointe de l’arme qui est placée à l’intérieur. Elle peut aussi avoir une fonction décorative. Les modèles en bois évoqués dans la note précédente sont pourvus d’une bouterolle, ce qui est aussi le cas par exemple de certaines représentations de fourreaux de poignards à pommeau en forme de tête de faucon, une iconographie qui a fait l’objet d’un récent réexamen : voir le type VIII dans S. Petschel, op. cit. note 2, p. 222 sqq.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Fig. 1 |
Légende | Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, face étiquetée, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,17 ; l. (max) : 0,03 ; ép. (max) : 0,008 m – Paris, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, AF 13446. |
Crédits | © Nathalie Couton-Perche/Musée du Louvre. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/603/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 532k |
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Titre | Fig. 2 |
Crédits | © Nathalie Couton-Perche/Musée du Louvre. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/603/img-2.jpg |
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Titre | Fig. 3 |
Légende | Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, détail de l’inscription, face étiquetée, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,17 ; l. (max) : 0,03 ; ép. (max) : 0,008 m – Paris, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, AF 13446. |
Crédits | © Nathalie Couton-Perche/Musée du Louvre. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/603/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 728k |
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Titre | Fig. 4 |
Légende | Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, détail de l’inscription, face sans étiquette, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,17 ; l. (max) : 0,03 ; ép. (max) : 0,008 m – Paris, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, AF 13446. |
Crédits | © Nathalie Couton-Perche/Musée du Louvre. |
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Titre | Cartouche |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/603/img-5.png |
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Titre | Fig. 5 |
Légende | Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, première face, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,20 ; l. (max) : 0,028 ; ép. (max) : 0,006 m. environ – Swansea, Egypt Centre, W 127. |
Crédits | © Carolyn Graves-Brown/The Egypt Centre, Swansea University. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/603/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 124k |
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Titre | Fig. 6 |
Légende | Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, deuxième face, datation inconnue. Alliage cuivreux (?), L. : 0,20 ; l. (max) : 0,028 ; ép. (max) : 0,006 m. environ – Swansea, Egypt Centre, W 127. |
Crédits | © Carolyn Graves-Brown/The Egypt Centre, Swansea University. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/603/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 120k |
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Titre | Fig. 7 |
Légende | Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, datation inconnue. L. : 0,20 environ ; l. (max) : 0,029 m environ ; ép. Inconnue – Saint-Pétersbourg, musée national de l’Ermitage, inv. no 3160. |
Crédits | © Andrey O. Bolshakov / The State Hermitage Museum, St. Petersburg |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/603/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 44k |
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Titre | Fig. 8 |
Légende | Lame de poignard inscrite au nom de Menkheperrê, détails des inscriptions présentes sur les deux faces, datation inconnue. L. : 0,20 environ ; l. (max) : 0,029 m environ ; ép. Inconnue – Saint-Pétersbourg, musée national de l’Ermitage, inv. no 3160. |
Crédits | © Andrey O. Bolshakov / The State Hermitage Museum, St. Petersburg |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/603/img-9.jpg |
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Titre | Tableau |
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Pour citer cet article
Référence électronique
Renaud Pietri, « À propos d’une lame de poignard inscrite au nom d’un roi Menkheperrê : notes sur un objet singulier conservé au Louvre (AF 13446) », Les Cahiers de l’École du Louvre [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 01 septembre 2012, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/603 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cel.603
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