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Construire le goût pour la Renaissance française : les pérégrinations des dames de Germain Pilon au xixe siècle

Constructing the taste for the French Renaissance: The peregrinations of Germain Pilon’s ladies in the nineteenth century
Justine Gain

Résumés

Au xixe siècle, à mesure que l’idée de musée prend forme de manière significative dans le paysage francilien, apparaissent les premières tentatives en matière de muséographie et de restauration. L’exercice de la biographie d’objets, celle de quatre sculptures féminines en bois alors attribuées à Germain Pilon, permet d’explorer ces phénomènes qui s’entrelacent. Le parcours de ces figures qui soutenaient jadis la châsse de sainte Geneviève, dans l’église parisienne du même nom, illustre autant la pratique muséale d’une époque que son goût croissant pour la Renaissance française. Cette étude se propose d’analyser les pérégrinations du groupe durant le xixe siècle, ainsi que les diverses pratiques qui ont permis son exposition au sein de trois institutions, elles-mêmes capitales dans l’histoire des collections : le musée des Monuments français, le Louvre ainsi que les Galeries historiques de Versailles.

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Texte intégral

  • 1 Musée du Louvre, Paris, MR 3555 à 3558, Figure de femmes, 1600-1625, bois feuillu. Voir : Jean-René (...)

1Au musée du Louvre, dans l’une des salles qui jouxtent la cour Marly sont exposées, anonymes, quatre sculptures de bois datées du xvie siècle1. Malgré leur présence discrète aux côtés de chefs-d’œuvre de la période, ces figures qui portèrent jadis la châsse de sainte Geneviève, patronne de Paris, dans l’église du même nom accompagnent, tout au long du xixe siècle, de collection en collection, l’émergence du goût pour la Renaissance française.

  • 2 Thierry Bonnot, Bérénice Gaillemin, Élise Lehoux, « La biographie d’objet : une écriture et une mét (...)

2Ces statues, que l’on dit alors de Germain Pilon (1525-1590), présentent toutes les qualités requises pour l’étude biographique que nous nous proposons ici de réaliser tant les événements – les déplacements, leurs attributions, les agencements divers – ayant rythmé leur trajectoire nous disent d’une époque qui construit l’idée de musée, le concept d’œuvre d’art, mais aussi un engouement substantiel et durable pour le passé. Selon l’anthropologue Thierry Bonnot, la biographie d’objet, « comme une biographie de personne, est un récit relatant le parcours d’un objet de sa fabrication à sa destruction ou, s’il n’est pas détruit, de sa création à sa position actuelle dans le monde social2 ». Suivant cette idée, il s’agira, dans cet article, d’analyser les pérégrinations du groupe de leur arrivée au dépôt des Petits-Augustins, en 1793, jusqu’à leur installation définitive dans les salles du Louvre après 1850, et de comprendre ainsi les enjeux qui structurent le paysage artistique et muséal français.

  • 3 T. Bonnot, « La biographie d’objets : une proposition de synthèse », Culture & Musées, no 25, 2015, (...)
  • 4 Ibid.
  • 5 Ibid.
  • 6 « Muséalisation », dans : André Desvallées & François Mairesse (dir.), Dictionnaire encyclopédique (...)

3Bien plus que la simple narration des épisodes qui jalonnèrent leur destinée, cette contribution entend examiner le regard que porte le xixe siècle sur ces dames de bois. Celui-ci s’inscrit dans un intérêt renouvelé pour un passé qui se conçoit d’abord comme national, où la Renaissance occupe une place de choix. L’étude de la « multiplicité de contextes successifs3 », en l’occurrence les différentes collections muséales qui accueillent ces sculptures au cours du siècle, la restitution de leur « historicité complète4 », relate moins leur polysémie5, pour reprendre la terminologie de Bonnot, que la réflexion qui préside à la conception des espaces muséographiques au sein desquels elles sont exposées et des conséquences concrètes, matérielles, qu’elles subissent du fait de leur patrimonialisation6.

Les prémices de la Renaissance française au musée : le musée des Monuments français

  • 7 « Le 6 mai. – Quatre Anges, en bois, par Germain Pilon, venant de Sainte-Geneviève », dans : « XLIV (...)
  • 8 Geneviève Bresc-Bautier & Béatrice de Chancel-Bardelot (dir.), Un musée révolutionnaire : le musée (...)
  • 9 Dominique Poulot, « Penser l’effet musée », dans D. Poulot (dir.), L’Effet musée : objets, pratique (...)
  • 10 G. Bresc-Bautier, « La dispersion des collections du musée des Monuments français, des églises à la (...)
  • 11 « Muséalisation », dans A. Desvallées & F. Mairesse (dir.), op. cit. note 6, p. 251. Voir également (...)

4Après plus d’un siècle passé entre les murs de l’église parisienne consacrée à sainte Geneviève, les statues qui en soutenaient la châsse entrent, le 6 mai 1793, au dépôt des Petits-Augustins qui centralise alors de nombreuses œuvres provenant d’édifices de la capitale7. Deux années plus tard, l’initiative d’abord provisoire prend un tournant plus institutionnel et devient le musée des Monuments français8. Comme bien des sculptures sauvées des affres révolutionnaires, l’arrivée du groupe dans l’ancien couvent met en exergue un des rôles majeurs que jouèrent ces institutions franciliennes dès leur création : un lieu « asile9 » qui recueille les objets physiquement menacés, d’une part, et présentant des qualités artistiques et patrimoniales satisfaisantes, voire exceptionnelles, de l’autre. Cette étape marque une profonde rupture avec le contexte de création dans lequel l’œuvre est prélevée. Précisément, elle « désaffecte l’objet de culte10 » pour le faire entrer au musée. D’un objet par essence fonctionnel, le groupe devient un patrimoine à sauvegarder, et ce par un processus de muséalisation. Il intègre ainsi une collection au sein de laquelle il s’apprête à recevoir un traitement spécifique en vue de sa conservation, de sa transmission et de son exposition11.

  • 12 Cette attribution est notamment remise en question dans Jean Babelon, Germain Pilon, biographie et (...)
  • 13 Hangyul Kim, L’Usage des maîtres anciens dans le discours de l’art national en France, 1780-1850, t (...)
  • 14 Dans ses écrits, Alexandre Lenoir montre fréquemment des hésitations lorsqu’il attribue des œuvres (...)

5Créateur de l’institution, Alexandre Lenoir (1761-1839) attribue ces sculptures à Germain Pilon, sculpteur de la Renaissance française, qui se distingue particulièrement sous le règne des derniers Valois. S’il faut laisser aux modernistes le soin de juger de la pertinence de cette attribution12, celle-ci révèle néanmoins la nécessité pour Lenoir de recourir à la bannière nominative des maîtres anciens, ces « nouveaux héros de la Nation13 », pour esquisser une histoire de l’art encore balbutiante14. L’historienne de l’art Hangyul Kim, spécialiste de la question, en explique le mécanisme :

  • 15 H. Kim, op. cit. note 13, p. 49.

« Dans la mesure où le problème de définir l’école nationale artistique s’inscrit dans la somme des travaux idéologiques de l’État, la question pouvait porter sur la définition de ses membres, car ils doivent être capables et dignes d’incarner son peuple. La construction de l’image visuelle de l’école nationale comme un groupe des plus grands artistes du pays peut, quant à elle, se rapprocher de la tradition de représentations picturales des Hommes illustres, ou des Grands Hommes, que nous connaissons par exemple en Italie de la Renaissance15. »

  • 16 Sur cette question, voir notamment Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales. Europe (...)

6Aussi, l’attribution de ces sculptures à l’un des artistes phares de la période participe d’une double dynamique : celle de faire histoire – en l’occurrence, histoire de l’art – et celle d’y faire figurer les grands noms de ce récit, ceux précisément enclins à valoriser la Nation, elle aussi en pleine construction sur le plan politique16.

  • 17 A. Lenoir, Histoire des arts en France, prouvée par les monumens, Paris, Panckoucke, 1811, p. 71.
  • 18 Ibid., p. 75.
  • 19 Lenoir crée plusieurs monuments à l’effigie de Jean Bullant (1515-1578), par exemple, ou de Jean Go (...)

7Dans son Histoire des arts en France, le parti pris est analogue. « Après avoir successivement examiné les quatre premières époques de la sculpture17 », Lenoir s’attelle au « siècle de la Renaissance » en nommant individuellement les artistes qui valent, selon lui, d’être cités : Paul Pauce, Jean Goujon (1510-1567), Jean Cousin (1490- ?), Pierre Bontemps (vers 1507-1568) ou encore Germain Pilon qui, écrit-il, « mérite d’être distingué parmi les sculpteurs du seizième siècle18 ». Ainsi, l’histoire de l’art français, telle qu’ébauchée par Lenoir dans son musée, comme sur le papier, ne se réduit pas à celle d’artistes anonymes. Au contraire, elle se présente comme un récit nominatif, aux accents parfois dithyrambiques, ainsi que l’attestent les monuments fictifs que le conservateur fait ériger en l’honneur de ces figures19.

  • 20 L’entrée de ces sculptures au musée des Monuments français est notamment attestée dans Louis Couraj (...)
  • 21 A. Lenoir, Musée des monumens français ou Description historique et chronologique des statues en ma (...)
  • 22 Ibid., p. 78.
  • 23 Après son passage au musée des Monuments français, le tombeau de Diane de Poitiers est installé dan (...)
  • 24 A. Lenoir, op. cit. note 21, p. 77, 78. Dans sa base de données, Béatrice de Chancel-Bardelot menti (...)

8Après avoir, en quelque sorte, accru drastiquement la valeur artistique de ces femmes de bois en les rattachant à leur créateur supposé, Lenoir décide de les associer au monument funéraire de Diane de Poitiers (vers 1499-1566)20. « Pour sa restauration entièrement faite sur [ses] dessins21 », il adjoint au sarcophage de la duchesse de Valentinois plusieurs autres éléments qu’il juge comme étant « les plus intéressants », puisque exécutés de la main des artistes qu’elle « avoit le plus affectionnés22 ». Les quatre sculptures conservent ainsi la fonction portative qui était la leur dans l’église Sainte-Geneviève23. Lenoir les place aux angles d’un piédestal quadrangulaire où sont disposés des émaux de Léonard Limosin (1505-1577), dont certains accompagnent l’iconographie principale, à savoir le portait de François Ier d’un côté, et celui d’Henri II et Diane de Poitiers de l’autre24.

  • 25 T. Bonnot, L’Attachement aux choses, Paris, CNRS Éditions, 2014, p. 104.
  • 26 Dans cette analyse, Bonnot convoque l’article suivant : Pierre Bourdieu, « L’illusion biographique  (...)

9Cet agencement révèle autant l’inventivité de Lenoir, son attrait pour la mise en scène muséographique, que l’importance qu’a pour lui le plaisir esthétique du visiteur qu’il souhaite voir se délecter des ensembles composés par ses soins. Il permet aussi d’analyser une caractéristique récurrente dans le processus de muséalisation, dont Thierry Bonnot souligne les travers. Le muséographe peut, en effet, être tenté « d’évacuer toutes les subtilités25 » de la vie sociale de l’œuvre et de faire coïncider sa signification avec un discours qui, s’il n’est préalablement établi, se doit d’être cohérent, pédagogique même dans le cas du musée des Monuments français. Dans son développement, Bonnot convoque la réflexion que Pierre Bourdieu (1930-2002) formule dans son essai L’Illusion biographique26. De la même manière que la démarche biographique risque, par nature, de faire perdre à son auteur le sens de la nuance, une certaine objectivité atemporelle, l’extraction du contexte originel de création ainsi que le processus subséquent de muséification pourraient conduire l’œuvre à s’inscrire dans une forme « d’illusion », muséographique cette fois, perméable aux idées de l’époque.

  • 27 J. Babelon, Germain Pilon, biographie et catalogue critiques, op. cit. note 12, notice 33.
  • 28 A. Lenoir, Description historique et chronologique des monumens de sculpture, réunis au musée des M (...)
  • 29 Alfred Maury, Musée de sculpture antique et moderne, Paris, Imprimerie nationale, 1851, notice 2607 (...)
  • 30 Musée du Louvre, Paris, RF 5279,94, Recto, Anonyme, Tombeau de Diane de Poitiers, dessin ; Musée Ca (...)

10Afin de donner corps à sa vision de l’histoire de l’art, Lenoir n’hésite pas à faire restaurer les collections de son musée. Ainsi, le groupe de Pilon, pour s’associer au tombeau de Diane de Poitiers, reçoit quelques augmentations subsidiaires. L’attitude des figures est préservée – « un de ces bras replié soutenait la châsse, tandis que de l’autre main chacune de ces Vertus cardinales tenait un flambeau27 » – même si l’ensemble est entièrement restauré par Pierre-Nicolas Beauvallet (1750-1818)28. Lenoir fait ensuite disparaître leur dorure originelle, qui s’accordait sans doute mal avec le contexte funéraire recréé par le conservateur. À cette occasion, les sculptures sont « recouvertes d’une couleur29 » plus foncée, peut-être verte, que l’on distingue sur plusieurs représentations30. Il faut donc probablement y voir une tentative d’harmonisation entre les teintes sombres des émaux incrustés du piédestal et celles du sarcophage, lesquelles siéent davantage à la nouvelle apparence qu’arborent les caryatides.

  • 31 Cesare Brandi, Théorie de la restauration, Paris, Éditions du Patrimoine, 2001, p. 9.

11Selon le concept défini ultérieurement par l’historien de l’art Cesare Brandi (1906-1988), la restauration s’envisage, dans le cas d’une œuvre d’art, comme une intervention visant à remettre en état un ouvrage issu de la main de l’homme, tout en considérant sa remise en fonction comme une préoccupation secondaire, « concomitant[e], mais jamais principal[e] ou fondamental[e]31 ». Or, durant les premières décennies du xixe siècle, les muséographes – conservateurs ou architectes – hésitent entre le sort qui, selon Brandi, doit être réservé aux objets industriels – communs, pourrait-on dire – et celui que l’on se doit d’offrir aux pièces d’exception. Lenoir, premier maillon de l’histoire de cette pratique au musée, restaure ou plutôt modifie ces sculptures d’abord pour en exploiter l’atout fonctionnel, et ce tout en reconnaissant leur valeur artistique.

Figure 1. Musée du Louvre, Paris, RF 28831, Recto, Jean-Lubin Vauzelle, Vue de la salle d'introduction au Musée des Monuments français, 1815, encre, aquarelle et plume sur papier. © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Michel Urtado

  • 32 G. Bresc-Bautier, « Les “restaurations” d’Alexandre Lenoir au musée des Monuments français » dans P (...)
  • 33 B. de Chancel-Bardelot, « Les salles du musée des Monuments français », dans : G. Bresc-Bautier & B (...)
  • 34 T. Bonnot, « La biographie d’objets : une proposition de synthèse », op. cit. note 3, p. 168, 169.
  • 35 Sur cette question, voir notamment : G. Bresc-Bautier, « Alexandre Lenoir et la Renaissance françai (...)
  • 36 Mentionnons à toutes fins utiles que l’architecte Charles Percier (1764-1838) laisse plusieurs croq (...)

12L’ensemble nouvellement composé occupe, en effet, une place de choix au sein du musée, au milieu de la salle d’introduction [fig. 1]32. Cet espace situé dans l’ancienne chapelle du couvent, le premier traversé par le visiteur, est conçu pour offrir une vision synthétique et saisissante de l’histoire de la sculpture de l’Antiquité au xviie siècle33. La présence des œuvres alors attribuées à Pilon dans cette salle, puis, nous le verrons plus loin, dans d’autres lieux décisifs où se forge la pensée muséographique d’alors, rejoint les conclusions de Thierry Bonnot34. Ce passage au musée des Monuments français annonce l’intérêt de la période contemporaine pour la Renaissance française35, autant qu’il nourrit le récit historique et stylistique qui se construit alors sur le xvie siècle, tandis qu’émergent et s’articulent les notions d’histoire et d’identité nationale36.

Un jalon de l’histoire de la sculpture moderne : la galerie d’Angoulême

13À partir de la Révolution, deux institutions se distinguent donc dans le paysage muséal : le musée des Monuments français et le Louvre, qui donne accès à ses collections un an après son homologue, en 1794. En dépit de leur rôle respectif dans l’émergence de l’idée de musée, un autre continuum s’établit entre les établissements parisiens : leur concours actif à la construction d’une histoire de l’art nationale, particulièrement en matière de sculpture. Certaines modalités muséographiques, manifestes dans le choix des œuvres exposées et l’agencement adopté au sein de l’ancien couvent, se retrouvent ainsi partiellement au Louvre, à la faveur de la fermeture du musée de la rue des Petits-Augustins.

  • 37 G. Bresc-Bautier, « La dispersion des collections du musée des Monuments français, des églises à la (...)
  • 38 « Intérieur. Paris, le 2 juillet », Le Moniteur universel, 3 juillet 1824, p. 1.
  • 39 A. Lenoir, Description historique et chronologique des monumens de sculpture, réunis au musée des M (...)
  • 40 Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1826-1827, t. 1 (...)

14En 1816, la monarchie restaurée supprime définitivement l’institution créée par Lenoir. À la suite de cela, certaines sculptures demeurent in situ dans les réserves de ce qui devient bientôt l’École des beaux-arts, tandis que les plus belles pièces partent au Louvre37, dans l’optique d’agrémenter un nouvel espace qui devait s’ouvrir en 1824 : la galerie d’Angoulême, « ce musée consacré à recevoir les chefs-d’œuvre de la sculpture, depuis sa renaissance38 » où « la France, pour la première fois, vit éclore tous les talens [sic], les Lescot, les Gougeon, les Bullant, les Cousin, les Philibert, les Pilon39 ». Conservateur des Antiques du musée à partir de 1818, Frédéric de Clarac (1777-1847) nous offre une description topographique des lieux. Au rez-de-chaussée de ce qui constitue aujourd’hui le quadrilatère Sully, à partir de l’escalier Henri-IV, en direction du nord, les salles Jean-Goujon – au nombre de deux – précèdent celle du sculpteur Francheville (1548-1615), à laquelle succèdent encore deux autres respectivement dédiées à Germain Pilon ainsi qu’à Pierre Puget (1620-1694)40 [fig. 3].

  • 41 H. Kim,. op. cit., t. 1, p. 312. L’auteur utilise également l’expression de « héros de la Renaissan (...)
  • 42 Ibid, p. 327.

15S’il se dessine déjà dans les salles conçues par Lenoir un « Panthéon de l’École française41 », la sélection des sculpteurs qui le composent se cristallise au Louvre et guide en partie l’élaboration de la galerie dédiée à la sculpture moderne, notamment dans le choix du nom des salles. Notons qu’au même moment, un étage plus haut, le même type iconographique – celui du panthéon d’artistes, de maîtres anciens – est pris pour sujet de la décoration du nouveau musée Charles X42. Il s’agit de mettre à l’honneur un groupe défini d’artistes ayant contribué, par leur talent, à la renommée de l’art français, ce que poursuit précisément l’aménagement de la galerie d’Angoulême. Le choix des œuvres exposées met de côté la période médiévale pour se concentrer sur le xvie siècle et les époques ultérieures, à partir desquelles, selon les contemporains, les sculpteurs français commencent véritablement à se défaire de l’héritage italien et à former une école nationale.

Figure 2. Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1832-1834, t. 3, planche 368 E. © INHA

  • 43 J. Babelon, op. cit. note 12, notice 33.
  • 44 J.-R. Gaborit (dir.), op. cit. note 1, p. 695. Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 150 1 (...)
  • 45 F. de Clarac (jusqu’en 1847) & A. Maury (après 1847), Musée de sculpture antique et moderne, ou Des (...)

16Entre 1816 et 1833, la trajectoire du groupe qui nous occupe devient plus difficile à suivre. Tandis que l’historien Jean Babelon (1889-1978), auteur de la monographie publiée en 1937 sur Germain Pilon, nous indique qu’il demeure dans les réserves de l’École des beaux-arts43, le catalogue des collections du Louvre de 1998 précise que les sculptures y sont bel et bien inventoriées dans les magasins, en 1824, ce que confirment les Archives des musées nationaux44. Ces prémices d’historique pourraient être cohérentes avec la présence du groupe sur une planche gravée dans l’un des ouvrages de Clarac, dont la chronologie éditoriale permet de formuler quelques hypothèses. Écrivain prolifique, le conservateur est notamment l’auteur d’une somme aussi essentielle qu’ambitieuse sur l’institution qui l’emploie : Musée de sculpture antique et moderne, ou Description historique et graphique du Louvre et de toutes ses parties, des statues, bustes, bas-reliefs et inscriptions du Musée royal des antiques et des Tuileries et de plus de 2 500 statues antiques. L’ouvrage est si considérable que sa publication s’étend sur près de deux décennies, entre 1826 et 185345, et requiert une dizaine de volumes, eux-mêmes divisés en deux catégories, six tomes de textes et six de planches gravées.

Figure 3. Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1826-1827, t. 1, planche 12. © INHA

  • 46 F. de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1832-1834, t. 3, plan (...)
  • 47 F. de Clarac, Description des ouvrages de la sculpture française des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, (...)
  • 48 Christophe Civeton, dessinateur & Auguste Hibon, graveur, La Salle de Jean Goujon (cour Carrée, ail (...)
  • 49 A. Maury, Musée de sculpture antique et moderne contenant la description historique et graphique du (...)
  • 50 A. Lenoir, Histoire des arts en France, prouvée par les monumens, op. cit. note 17, p. 111.

17Le groupe de Pilon apparaît ainsi dans le troisième tome de planches, paru entre 1832 et 183446 [fig. 2 et 3]. Si l’on en croit la légende, les caryatides sont présentées dans la salle Jean-Goujon, l’un des espaces précisément aménagés dans la galerie d’Angoulême. Pourtant, le même ensemble ne figure pas dans le catalogue publié à l’occasion de l’inauguration du musée en 182447, ni sur la gravure du même espace par Christophe Civeton (1796-1830), exécutée vers 1826-1827 [fig. 4]48. Sans doute, les figures de bois sont-elles restées dans les réserves du musée des Petits-Augustins avant d’être transférées au Louvre, d’abord dans les magasins, puis dans la salle Jean-Goujon où elles n’auraient été que brièvement exposées, entre 1828 et 183449. Par ailleurs, ce choix d’exposer le groupe dans la salle Goujon et non dans celle consacrée à Germain Pilon recoupe les conclusions de Geneviève Bresc-Bautier et Hangyul Kim, selon lesquelles la disposition des œuvres relèverait ici moins d’une ordonnance strictement chronologique que d’une intention esthétique et muséographique permettant d’offrir au public la genèse de la « vivacité de l’esprit national50 ».

Figure 4. Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1826-1827, t. 1, planche 100. © INHA

Objet historique ou œuvre d’art ? Exposer dans les galeries historiques de Versailles

  • 51 J.-R. Gaborit (dir.), op. cit. note 1, p. 695.
  • 52 Sur cet artiste, voir Justine Gain, La fabrique de l’éclectisme ornemental au XIXe siècle : l’œuvre (...)

18Après un probable court séjour au Louvre, les sculptures rejoignent Versailles au cours de l’année 183451. Depuis un an déjà, l’ancienne résidence royale est l’objet d’une attention particulière de Louis-Philippe (1773-1850), qui y ordonne d’importants travaux. Le château se destine à accueillir le musée de l’Histoire de France, qui ouvre ses portes en 1837. La même année, Frédéric Nepveu (1777-1862), architecte en charge du chantier, ordonne de faire installer le groupe dans l’une des galeries de pierre de l’aile nord. Pour ce faire, il sollicite un artiste bien connu des sphères officielles, afin de repenser la présentation de ces figures : Jean-Baptiste Plantar (1790-1879). Sculpteur des Bâtiments du roi depuis la fin de la Restauration52, Plantar réalise à partir des années 1820 tous les décors des plus importants chantiers franciliens à Fontainebleau, au Louvre, à Compiègne ou encore à Saint-Cloud, et c’est tout naturellement qu’il se voit confier, dès 1833, le chantier versaillais. Le sculpteur et ses équipes exécutent ainsi jusqu’en 1848 les ornements sculptés sur pierre, plâtre et bois pour les nouvelles galeries historiques.

  • 53 Service des archives du château de Versailles, Versailles, 1837-12, mémoire des travaux de sculptur (...)
  • 54 Ibid.
  • 55 C’est ainsi que les sculptures apparaissent sur la gravure suivante : Pierre Fontaine (dessinateur) (...)
  • 56 Service des archives du château de Versailles, Versailles, 1837-12, op. cit. note 53.

19Le mémoire pour travaux – relevé comptable des opérations réalisées par l’atelier – consigne plusieurs interventions de différentes natures53. Les premières s’apparentent davantage à une restauration stricto sensu, à savoir une tentative de remettre l’œuvre d’art dans un état initial ; quand d’autres relèvent d’une intention tierce. « Une partie des draperies inférieures54 » est restaurée, de même que les pieds des figures. Les bras, vraisemblablement démontés lors de leur passage au Louvre, sont « refaits55 », du moins cinq d’entre eux, si l’on en croit le même document56. Pourtant, cette dernière restauration n’a pas pour objectif de revenir à un état antérieur, mais plutôt d’en façonner un nouveau. Les sculptures tiennent désormais quatre cornes d’abondance, autant de couronnes de laurier et un globe terrestre, lui-même surmonté de la couronne royale. Dans un second temps, un piédestal en pierre est exécuté, constitué de pilastres à flambeaux entourés de branches de laurier et encadrés d’une baguette perlée. Y sont visibles, en alternance, quatre panneaux décoratifs : un trophée d’art pour chacune des disciplines que sont la Peinture, la Sculpture, l’Architecture et le Commerce [fig. 5].

Figure 5. Pierre Fontaine (dessinateur), Vue de la Galerie du 1er étage de l’aile du Nord (détail), gravure, dans Palais de Versailles, domaine de la Couronne, Paris, Pihan, 1836, planche 12. © BnF

  • 57 Ibid.
  • 58 Thomas Gaehtgens, Versailles. De la résidence royale au musée historique : la galerie des Batailles (...)

20La restauration, comprend-on, n’est ici qu’une étape. Les figures, une fois « réparées57 », constituent le matériau d’une œuvre inédite, composite et peu soucieuse de son agencement originel. Si la fonction portative est à nouveau préservée, la symbolique hagiographique de l’ensemble, déjà modifiée au musée des Monuments français, se trouve cette fois encore altérée pour créer une iconographie nouvelle et servir un dessein plus politique. Le parcours du musée ainsi que les collections qui y sont exposées entendent en effet réconcilier le peuple français autour d’une histoire commune, où chaque période, chaque régime politique se trouve représenté à l’aide de portraits, peints ou sculptés, ou des scènes figurées. L’ensemble est placé sous le haut patronage de Louis-Philippe, dont le règne apparaît comme le point de convergence salutaire du récit national mis en œuvre tout au long du parcours58.

  • 59 Sur cette question, voir notamment : Ibid ; J.-M. Leniaud, « Histoire nationale, histoire universel (...)
  • 60 Charles Gavard, Catalogue général des galeries historiques de Versailles par salles et par lettres (...)
  • 61 Service des archives du château de Versailles, Versailles, Vms12, fol. 126, Palais de Versailles et (...)
  • 62 Service des archives du château de Versailles, Versailles, Vms12, fol. 126, Ibid.

21Ainsi, dès 1833, de nombreuses collections de l’ancien musée des Monuments français affluent à Versailles en raison de leur iconographie propre à illustrer l’histoire de France59. Statues, priants, gisants à l’effigie de personnages historiques importants sont notamment installés dans les galeries de pierre selon un découpage chronologique précis. Les figures de Pilon nouvellement agencées sont installées dans la galerie haute de l’aile nord dédiée à la fin du Moyen Âge ainsi qu’à la Renaissance60, période à laquelle se rattache, sur le plan esthétique, le groupe arrangé par Plantar. Notons que plusieurs autres œuvres d’après Germain Pilon y sont présentées, à l’instar des rois Henri III61 et Charles IX62.

  • 63 Aurélie Cottais, « Les salles d’Afrique : construction et décor sous la monarchie de Juillet (1830- (...)
  • 64 Service des archives du château de Versailles, Versailles, 1837-12, mémoire des travaux de sculptur (...)

22L’ensemble ainsi constitué allie une apparence qui sied dans la galerie où il prend place à une iconographie contemporaine, évoquant les succès du régime de Juillet [fig. 6]. La célébration des arts et du commerce qui émane du décor du piédestal, de même que l’abondance et l’envergure mondiale de l’Empire français suggérées par les ajouts en partie supérieure, font écho à différents ensembles décoratifs du musée, notamment à l’atmosphère conférée aux salles d’Afrique devant l’entrée desquelles le groupe est installé. Sur le point d’être aménagés de l’autre côté de l’escalier du roi, ces espaces glorifient les premières conquêtes coloniales françaises en Algérie et au Maroc actuels63. À en croire Nepveu, et au vu des dépenses qu’induit le nouvel arrangement – 4 500 F64 –, l’œuvre et son exposition revêtent une importance particulière. En mars 1837, dans l’une des lettres relatant les visites du roi sur le chantier, l’architecte écrit :

  • 65 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, O/4/2858, fol. 3, 98e rapport de Frédéric Nepveu à Isid (...)

« Dans la galerie en pierre du 1er étage, le Roi a trouvé presque terminé la sculpture de tous les ajustements du groupe des 4 figures de Germain Pilon supportant la Couronne de la France ; j’ai négligé jusqu’à ce jour que vous demandiez un crédit spécial pour ce travail tout particulier qui a exigé une armature assez forte en fer, un piédestal en pierre, beaucoup de main-d’œuvre et de sculpture65. »

Figure 6. Collection particulière, Pierre Fontaine, Vue de la galerie de pierre du 1er étage de l’aile du Nord à Versailles, 1837-1839, aquarelle.

23Bien que Nepveu reconnaisse la valeur artistique de l’œuvre en mentionnant son attribution à Pilon, cela ne semble pas entrer en contradiction, du point de vue déontologique, avec les modifications majeures qu’il commande à Plantar. La restauration concourt à faire de ces sculptures un signal politique fort, sous couvert d’une esthétique renaissante en dialogue avec son contexte muséographique immédiat. Il ne s’agit nullement de restaurer pour préserver une configuration esthétique, mais de tirer parti d’un objet historique à disposition.

  • 66 Service des archives du château de Versailles, Versailles, 1839-6, mémoire des travaux de sculpture (...)
  • 67 Ibid. Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, O/4/2858, fol. 1, 166e rapport du 29 juin 1839.
  • 68 Collection particulière, P. Fontaine, Vue de la galerie de pierre du 1er étage de l’aile du Nord à (...)
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  • 70 Service des archives du château de Versailles, Versailles, O3001 VZ 21, lettre d’Eudore Soulié à Lé (...)
  • 71 A. Cottais, « Les salles d’Afrique : construction et décor sous la monarchie de Juillet (1830-1848) (...)

24Malgré les sommes engagées pour son installation, le groupe n’est exposé que peu de temps puisqu’en 1839, les équipes de Plantar le déposent66 : « Dans l’Aile du Nord, le Roi a paru satisfait de l’empressement mis à faire disparaître le groupe de Germain Pilon et s’est informé si l’on préparait l’étoile en marbre qui le remplacera dans le carrelage67. » Plus qu’un remaniement individuel, toute cette section de la galerie de pierre est repensée. Située au milieu d’un corridor longiligne qui dessert le premier étage, elle forme en réalité une avancée vers les salles d’Afrique voisines, faisant ainsi office de vestibule. Trois représentations – les deux premières, datées d’avant 1839, par Pierre Fontaine (1762-1853)68 [fig. 6] et la dernière postérieure69, une gravure réalisée pour l’un des ouvrages de Charles Gavard (1794-1871) [fig. 7] – permettent de saisir dans le détail cette réorganisation. Elle devait non seulement proposer une sélection d’œuvres chronologiquement plus cohérente avec le reste de la galerie, mais aussi améliorer la circulation du public70. En effet, le groupe de Pilon se trouvait à quelques centimètres de la balustrade en pierre ouvrant sur l’escalier du roi. En 1839, date de l’enlèvement du groupe, le même Plantar vient tout juste d’achever l’ornementation sculptée du même escalier, destiné à être admiré par les visiteurs depuis les volées de marches partant du rez-de-chaussée, comme du premier étage, à l’endroit précis où les sculptures prenaient place71.

Figure 7. Musée national des châteaux de Versailles et Trianon, Versailles, INV.GRAV 6121, Jacques-Joseph Huguenet (graveur), Probst (dessinateur), Charles Gavard (éditeur), Galerie de sculpture de l’aile du Nord, après 1839, gravure. © Château de Versailles

Le retour au Louvre : muséaliser l’œuvre d’art

  • 72 G. Bresc-Bautier, « Laborde, Léon-Emmanuel-Simon-Joseph (vicomte, comte, puis marquis de) », dans : (...)

25Une décennie plus tard, il est à nouveau question de ces statues dans la correspondance entre le conservateur détaché à Versailles depuis 1850, Eudore Soulié (1817-1876), et le comte Léon de Laborde72 (1807-1869), son homologue au Louvre. Le 4 avril, le premier écrit au second :

  • 73 Service des archives de Versailles, O3001 VZ 21, Lettre d’Eudore Soulié à Léon de Laborde du 4 avri (...)

« Quant aux figures de Germain Pilon, il y a plus de dix ans qu’elles ont été retirées de la galerie où elles se trouvaient et remplacées par le tombeau du cardinal de Birague et de Valentine Balbiano. Ces statues ont été à cette époque transportées à Paris : quant à moi, je ne les ai jamais vues ni à Paris ni à Versailles. Il est impossible, ce me semble, qu’Étienne ou Rousseau ne puissent vous indiquer ce qu’elles sont devenues73. »

  • 74 Sophie Martin & Véronique Milande, en collaboration avec Nathalie Blondil, « Léon de Laborde (1807- (...)
  • 75 Ibid.
  • 76 G. Bresc-Bautier (dir.), Histoire du Louvre, op. cit., note 48, p. 109.
  • 77 « Beaux-arts. Musée de sculpture de la Renaissance au Louvre », Le Siècle, 13 mars 1850, p. 1. G. B (...)
  • 78 C. Tarral, « Le musée de la Renaissance au Louvre », Revue des beaux-arts, 1851 [15 octobre 1851], (...)

26On comprend ainsi que l’expéditeur a entrepris une recherche active de ces œuvres74. Toujours attribuées à l’artiste de la Renaissance, elles constituent de fait des pièces « précieu[ses] pour l’histoire de l’art75 », et en particulier celle de la sculpture. Depuis mai 1849, Laborde est en effet chargé du nouveau département du Moyen Âge, de la Renaissance et des Temps modernes dont les collections, à l’origine exposées dans la galerie d’Angoulême, sont sur le point d’être remaniées et présentées au public selon un dispositif muséographique inédit76. Cette restructuration s’inscrit dans une entreprise de modernisation plus large, initiée par Philippe-Auguste Jeanron (1808-1877), nommé à la tête du Louvre en 1848. Ainsi, le goût pour le xvie siècle, s’agissant spécifiquement de la sculpture, s’institutionnalise encore lorsque est inauguré, l’année suivante, un véritable « musée de la Renaissance77 » où sept salles, sur les douze du département, sont exclusivement consacrées à la période78. Chaque espace se voit à nouveau attribuer le nom d’un sculpteur remarquable, et celle dédiée à Jean Goujon accueille ainsi les quatre figures de bois.

27Malgré l’absence d’une traçabilité systématique après leur passage à Versailles, les statues ne semblent donc pas longtemps égarées puisqu’elles font l’objet, en novembre 1850, d’une autre missive adressée à Émilien de Nieuwerkerke (1811-1891), directeur des musées impériaux et successeur de Jeanron, par le même Laborde :

  • 79 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 144 793/2, Lettre de Léon de Laborde à Émilien de Ni (...)

« Après avoir essayé de placer les statues en bois de Germain Pilon dans l’ordre qu’elles ont occupé primitivement, je suis obligé de reconnaître qu’elles font moins bien qu’en les groupant dos à dos. Pour moi je préfère montrer au public un fragment de monument dans la disposition qui lui donne la meilleure idée du monument primitif, à le lui présenter sous un aspect plus flatteur en pendant d’un monument avec lequel il n’a pas de rapport. Toutefois si vous décidez que les statues de G. Pilon seront groupées de manière à former le pendant des 3 Grâces, je vous demanderai l’autorisation de faire mouler à la gélatine une des faces du piédestal de ce dernier monument, pour, en le répétant quatre fois, orner le nouveau piédestal79. »

  • 80 « Faits divers », La Révolution, 7 octobre 1851, p. 2.

28Ces échanges documentent une pratique muséale en pleine évolution, bien différente de la conception qui dominait quelques années auparavant à Versailles. Au Louvre, il s’agit d’exposer « l’histoire de la sculpture française, par ses productions les plus remarquables, depuis la renaissance des arts, sous Louis XII, jusqu’aux sculpteurs modernes Houdon et Chaudet80 », et non plus d’évoquer l’histoire de France par le moyen de l’iconographie. Dès lors, la valeur artistique de l’œuvre dans sa dimension historique, dans son historicité, semble prévaloir. Dans cette optique, Laborde entend ainsi repenser la configuration du groupe grâce à une série d’opérations visant non seulement à le restituer dans son état d’origine, mais aussi à en offrir une présentation idoine aux visiteurs.

  • 81 Henry Barbet de Jouy, Musée impérial du Louvre. Description des sculptures modernes, Paris, Vinchon (...)
  • 82 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 144 793/2, Autorisation d’Émilien de Nieuwerkerke de (...)
  • 83 L’activité de restaurateur de Debay n’a été que très peu documentée jusqu’à présent. Archives natio (...)

29Avant que ne se pose la question de la muséographie, les arrangements fantaisistes qui avaient été réalisés jusque-là sont démontés. Laborde fait supprimer les modifications de Plantar, puis les sculptures sont « nettoyées de la couleur qui les défigurait81 » depuis leur séjour au musée des Monuments français [fig. 1 et 4]. L’opération est réalisée en novembre 1850 par Debay père (1779-1863)82, sculpteur d’origine flamande, second prix de Rome en 1823 et alors restaurateur des Antiques au musée83. À son arrivée au Louvre, le groupe est donc dérestauré, c’est-à-dire rétabli dans sa forme première, défait des ajouts qui concouraient à suggérer un contexte différent de celui de sa création, se rapprochant ainsi des principes développés par Brandi. Il ne s’agit plus de tirer parti de la fonction portative de l’ensemble, mais bien de souligner son apport artistique au sein d’une histoire de la sculpture française.

  • 84 S. Martin & V. Milande, en collaboration avec N. Blondil, op. cit. note 74, p. 26.
  • 85 G. Bresc-Bautier (dir.), Histoire du Louvre, op. cit. note 48, p. 107.

30Par ailleurs, une nette différence de point de vue transparaît entre un Laborde qui souhaite évoquer le contexte originel « sans jamais tomber dans le factice et la théâtralité84 », prenant ainsi le contrepied des entreprises antérieures, et un Nieuwerkerke qui préfère, semble-t-il, une disposition plus esthétique. Le débat cristallise en réalité des enjeux inhérents à l’évolution d’une muséographie qui s’efforce de se départir des volontés individuelles, circonstancielles, pour penser un parcours muséal plus systématique, consacré à la compréhension de l’histoire de l’art et à la valorisation des œuvres pour leur caractère artistique exceptionnel, en symbiose avec la mutation qu’est en train d’opérer le Louvre85.

Figure 8. Musée national du Louvre, département des Sculptures, salle Jean Goujon, photographie, MNLS 809 N, Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie, Charenton-le-Pont. © Ministère de la Culture / Médiathèque du patrimoine et de la photographie. Dist. GrandPalaisRmn

  • 86 Roger Pouivet, Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ?, Paris, Vrin, 2007, p. 75-76.

31L’interrogation qui divise les deux hommes réside précisément dans la manière dont le groupe doit être exposé et fait écho à la définition que propose le philosophe Roger Pouivet de l’œuvre d’art. Il considère celle-ci comme étant « une substance artéfactuelle dont le fonctionnement esthétique détermine sa spécificité86 », autrement dit un objet réalisé par l’Homme dont la particularité – ce qui lui confère son caractère artistique – résulterait de la singularité de son agencement esthétique. Or, c’est justement cette configuration, la manière dont les éléments du groupe interagissent, qui a été modifiée, altérée tour à tour depuis 1793. Dès lors, il devient nécessaire de concevoir une articulation plausible, de stabiliser l’agencement des figures de Pilon au travers d’une proposition vraisemblable, capable d’évoquer leur contexte de création.

  • 87 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 144 793/2, Autorisation d’Émilien de Nieuwerkerke, d (...)
  • 88 Musée du Louvre, Paris, MR 1581, Anonyme, Diane appuyée sur un cerf, 1640-1560, marbre. J.-R. Gabor (...)
  • 89 G. Bresc-Bautier, « Exposer la sculpture au Louvre au temps de Rodin, 1860-1914 », Les Cahiers de l (...)
  • 90 Notons que l’aménagement de cette salle doit beaucoup au travail d’Adrien Longpérier (1816-1882), p (...)
  • 91 G. Bresc-Bautier, « Exposer la sculpture au Louvre au temps de Rodin 1860-1914 », op. cit. note 89, (...)
  • 92 Ibid. Voir également S. Martin & V. Milande, en collaboration avec N. Blondil, op. cit. note 74, p. (...)

32Comme l’attestent plusieurs clichés [fig. 8 et 9], c’est finalement la seconde option, celle défendue par Nieuwerkerke, qui est retenue. Les femmes de bois sont à nouveau disposées dos à dos et placées sur une reproduction du piédestal des Grâces de Germain Pilon87. L’ensemble est exposé en pendant des mêmes Grâces, de part et d’autre de la Diane d’Anet autrefois présentée dans le jardin du musée des Monuments français88. Dans ses nombreux travaux, pionniers en la matière, Geneviève Bresc-Bautier revient sur les jalons de l’histoire muséographique du département des Sculptures. Elle insiste notamment sur cette symétrie récurrente, cette façon de « mettre en valeur et mettre en relation89 » les œuvres au sein d’un même espace90. Selon son analyse, la complémentarité des sculptures « par leur style, ou leur iconographie, ou leur technique91 » est une constante de ces premières salles d’exposition, de même que la valorisation d’une œuvre pivot qui conditionne l’installation d’autres ouvrages, souvent présentés sur de hauts piédestaux : « Tout ceci supposait une hiérarchie, dictée autant par la qualité intrinsèque et l’importance historique que par la forme ou par la facilité à mettre en résonance des œuvres symétriques92. »

Figure 9. Musée du Louvre, Paris, INV 20426, Alfred Martin, La salle Jean Goujon au Musée du Louvre en 1914, 1914, huile sur toile. © 2018 GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau

  • 93 G. Bresc-Bautier, « Exposer la sculpture au Louvre au temps de Rodin, 1860-1914 », op. cit. note 89 (...)
  • 94 Ibid.

33La disposition du groupe est donc caractéristique de cette nouvelle approche muséographique qui s’écrit à l’aube des années 1850 et qui fait d’ailleurs l’objet de commentaires de contemporains. On lit à propos de ces sculptures qu’elles sont « extrêmement jolies, mais très mal placées au milieu du passage, qui conduit à la salle des Anguiers93 », ou qu’elles sont « exposées au soleil, [ce] qui nécessairement les détériorera, si l’on n’y prend garde94 ». Ainsi, au fil des décennies, la considération dévolue aux œuvres d’art connaît une nette évolution. D’abord perçue comme un patrimoine à préserver, malléable, que l’on peut restaurer, modifier à loisir, l’œuvre se voit conférer un caractère plus sacré dans le cadre du musée, lui-même en pleine modernisation.

  • 95 Le Panthéon, symbole des révolutions. De l’église de la Nation au temple des grands hommes, catalog (...)
  • 96 Denis Bocquet, Panthéon ou église Sainte-Geneviève ? Les ambiguïtés d’un monument (1830-1885), mémo (...)
  • 97 G. Bresc-Bautier, « La dispersion des collections du musée des Monuments français, des églises à la (...)
  • 98 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 150 043/2, Lettre d’Auguste Romieu du 22 novembre 18 (...)

34Au même moment, la correspondance du département des Sculptures nous livre une anecdote qui souligne la déférence avec laquelle le groupe est désormais traité. Après avoir été consacré au souvenir des grands hommes, le Panthéon est rendu au culte catholique en 185195. L’architecte Simon-Claude Constant-Dufeux (1801-1871) est chargé des travaux de réaménagement qui consistent, entre autres, à réintroduire un mobilier liturgique à l’intérieur de l’église. Pour ce faire, l’architecte prévoit d’installer sous la coupole, à la croisée du transept, une crypte ouverte surmontée d’un impressionnant baldaquin au sein duquel devaient être intégrées les figures de Pilon conservées au Louvre96. Alors que de nombreuses sculptures réintègrent leurs édifices d’origine après leur passage au musée des Monuments français97, il apparaît inconcevable, en novembre 1852, que ces dames de bois soient « rendues à leur destination primitive98 ». Leur entrée au Louvre marque ainsi une étape aussi cruciale qu’irréversible de leur histoire muséographique. Leur statut évolue résolument vers celui, plus moderne, d’œuvre d’art inaliénable, sanctifiée par son intégration dans le domaine muséal.

  • 99 T. Bonnot, « La biographie d’objets : une proposition de synthèse », op. cit. note 3, p. 165-166.
  • 100 « Muséalisation », dans A. Desvallées & F. Mairesse (dir.), op. cit. note 6, p. 251.
  • 101 Natalis Rondot, Rapport sur les objets de parure, de fantaisie et de goût, fait à la commission fra (...)

35L’histoire de ces quatre femmes de bois, le récit de leur vie sociale au cours du xixe siècle, s’inscrit ainsi à la croisée de phénomènes qui façonnent profondément l’évolution muséale et artistique du temps. L’émergence d’un intérêt accru pour le patrimoine, l’histoire, et par extension le désir de penser une histoire de l’art nationale encourage l’engouement croissant pour la Renaissance française99. En filigrane, les pérégrinations de ces sculptures mettent en exergue l’itinéraire institutionnel de la muséification de la sculpture moderne, en partant du musée des Monuments français, creuset de cette appétence inédite pour le passé, en passant par Versailles, au dessein plus politique et strictement historique, pour arriver enfin au Louvre, de la galerie d’Angoulême à l’aménagement d’un département moderne de sculpture. En parallèle, une déontologie de la muséalisation des œuvres d’art commence à s’esquisser100. L’histoire de ces collections au musée revêt une importance d’autant plus grande à une époque où l’art, et en particulier la sculpture, s’ancre résolument dans une référence viscérale au passé, tout au long du xixe siècle. « La source de cette fécondité d’invention que l’étranger nous envie, il faut, pour la trouver, remonter jusqu’à la Renaissance ; nos Liénard sont de l’école de Jean Goujon et de Germain Pilon101. »

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Notes

1 Musée du Louvre, Paris, MR 3555 à 3558, Figure de femmes, 1600-1625, bois feuillu. Voir : Jean-René Gaborit (dir.), Sculpture française II – Renaissance et Temps modernes, Paris, Réunion des Musées nationaux, 1998, t. 2, p. 695.

2 Thierry Bonnot, Bérénice Gaillemin, Élise Lehoux, « La biographie d’objet : une écriture et une méthode critique », Images re-vues no 15, « Trajectoires biographiques d'images », 2018 [en ligne]. Disponible sur : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/imagesrevues.5925.

3 T. Bonnot, « La biographie d’objets : une proposition de synthèse », Culture & Musées, no 25, 2015, p. 175-178.

4 Ibid.

5 Ibid.

6 « Muséalisation », dans : André Desvallées & François Mairesse (dir.), Dictionnaire encyclopédique de muséologie, Paris, Armand Colin, 2011, p. 252-253.

7 « Le 6 mai. – Quatre Anges, en bois, par Germain Pilon, venant de Sainte-Geneviève », dans : « XLIV. État des objets d’art envoyés au Dépôt des Petits-Augustins du 1er au 27 mai 1793 », Inventaire général des richesses d’art de la France. Archives du musée des Monuments français, deuxième partie, Paris, Plon, 1886, p. 54. Alexandre Lenoir, Notice succincte des objets de sculpture et architecture réunis au dépôt provisoire national, rue des Petits-Augustins, Paris, Imprimerie Desenne, 1793, p. 3. J.-R. Gaborit (dir.), op. cit note 1, p. 695.

8 Geneviève Bresc-Bautier & Béatrice de Chancel-Bardelot (dir.), Un musée révolutionnaire : le musée des Monuments français d’Alexandre Lenoir, catalogue d’exposition (Paris, musée du Louvre, 7 avril-4 juillet 2016), Paris, Hazan/Louvre Éditions, 2016, p. 87.

9 Dominique Poulot, « Penser l’effet musée », dans D. Poulot (dir.), L’Effet musée : objets, pratiques et cultures, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2022, p. 10-11.

10 G. Bresc-Bautier, « La dispersion des collections du musée des Monuments français, des églises à la galerie d’Angoulême », dans François Furet (dir.), Patrimoine, temps, espace. Patrimoine en place, patrimoine déplacé, Paris, Fayard, 1997, p. 124.

11 « Muséalisation », dans A. Desvallées & F. Mairesse (dir.), op. cit. note 6, p. 251. Voir également André Gob, « Le jardin des Viard ou les valeurs de la muséalisation », no 4 intitulé Les Dilemmes de la restauration, 2009 [en ligne]. Disponible sur : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ceroart.1326.

12 Cette attribution est notamment remise en question dans Jean Babelon, Germain Pilon, biographie et catalogue critiques. L’œuvre complète de l’artiste reproduite en 82 héliogravures, Paris, Les Beaux-Arts, 1927, notice 33.

13 Hangyul Kim, L’Usage des maîtres anciens dans le discours de l’art national en France, 1780-1850, thèse de doctorat, sous la direction de D. Poulot, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, Paris, 2018, t. 1, p. 47.

14 Dans ses écrits, Alexandre Lenoir montre fréquemment des hésitations lorsqu’il attribue des œuvres à tel ou tel artiste. Cela est illustré par cette remarque à propos d’une œuvre qu’il attribue à Pilon, tout en précisant : « Quoique cependant il paroisse antérieur à ce sculpteur », dans A. Lenoir, op. cit. note 7, no 25, p. 3 et no 78, p. 8.

15 H. Kim, op. cit. note 13, p. 49.

16 Sur cette question, voir notamment Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales. Europe XVIIIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1999.

17 A. Lenoir, Histoire des arts en France, prouvée par les monumens, Paris, Panckoucke, 1811, p. 71.

18 Ibid., p. 75.

19 Lenoir crée plusieurs monuments à l’effigie de Jean Bullant (1515-1578), par exemple, ou de Jean Goujon. Sur cette question, voir G. Bresc-Bautier, « La mise en scène des personnalités historiques : quelques monuments factices au musée des Monuments français », dans : G. Bresc-Bautier & B. de Chancel-Bardelot (dir.), op. cit. note 8, p. 151-152.

20 L’entrée de ces sculptures au musée des Monuments français est notamment attestée dans Louis Courajod, Alexandre Lenoir, son journal et le Musée des monuments français, Paris, Honoré Champion, 1878, t. 1, p. 2.

21 A. Lenoir, Musée des monumens français ou Description historique et chronologique des statues en marbre et en bronze, bas-reliefs et tombeaux des hommes et des femmes célèbres, pour servir à l’histoire de France et à celle de l’art, Paris, Chez l’Auteur, 1805, t. 4, p. 77.

22 Ibid., p. 78.

23 Après son passage au musée des Monuments français, le tombeau de Diane de Poitiers est installé dans l’ancienne laiterie du château de Neuilly en 1817, elle-même redécorée par Jean-Baptiste Plantar, affectée à Versailles en 1848 puis rendue au château d’Anet en 1853. Chapelle du château d’Anet, Anet, Tombeau de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, 1566-1575, marbre. Voir B. de Chancel-Bardelot, « Notice : Matthieu Jacquet, Tombeau de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois (1500-1566) », base de données Agorha [en ligne]. Disponible sur : https://agorha.inha.fr/ark:/54721/94220cac-c54a-4d04-821e-638d554fba5d.

24 A. Lenoir, op. cit. note 21, p. 77, 78. Dans sa base de données, Béatrice de Chancel-Bardelot mentionne la présence d’une autre œuvre sur ce même piédestal : B. de Chancel-Bardelot, « Notice : Léonard Limosin, Retable de la Résurrection, Agorha, [en ligne]. Disponible sur : https://agorha.inha.fr/ark:/54721/e6975b78-e6e3-4be4-b738-0e90f2ab3731.

25 T. Bonnot, L’Attachement aux choses, Paris, CNRS Éditions, 2014, p. 104.

26 Dans cette analyse, Bonnot convoque l’article suivant : Pierre Bourdieu, « L’illusion biographique », Raisons pratiques. Sur la théorie de l’action, Paris, Seuil, 1994, p. 82.

27 J. Babelon, Germain Pilon, biographie et catalogue critiques, op. cit. note 12, notice 33.

28 A. Lenoir, Description historique et chronologique des monumens de sculpture, réunis au musée des Monumens français, Paris, Chez l’Auteur, 1800, p. 243.

29 Alfred Maury, Musée de sculpture antique et moderne, Paris, Imprimerie nationale, 1851, notice 2607 C, p. 354.

30 Musée du Louvre, Paris, RF 5279,94, Recto, Anonyme, Tombeau de Diane de Poitiers, dessin ; Musée Carnavalet – Histoire de Paris, Paris, P2074, Lubin Vauzelle, La Salle d’introduction du musée des Monuments français, 1804, huile sur toile.

31 Cesare Brandi, Théorie de la restauration, Paris, Éditions du Patrimoine, 2001, p. 9.

32 G. Bresc-Bautier, « Les “restaurations” d’Alexandre Lenoir au musée des Monuments français » dans Pierre-Yves Kairis, Béatrice Sarrazin & François Trémolières (dir.), La Restauration des peintures et des sculptures, Paris, Armand Colin, 2012, p. 55.

33 B. de Chancel-Bardelot, « Les salles du musée des Monuments français », dans : G. Bresc-Bautier & B. de Chancel-Bardelot (dir.), op. cit. note 8, p. 122.

34 T. Bonnot, « La biographie d’objets : une proposition de synthèse », op. cit. note 3, p. 168, 169.

35 Sur cette question, voir notamment : G. Bresc-Bautier, « Alexandre Lenoir et la Renaissance française », dans G. Bresc-Bautier & B. de Chancel-Bardelot (dir.), op. cit. note 8, p. 171, 172. « L’empressement à trouver ainsi l’origine de la Renaissance française dans l’art statuaire se voit fonder et se répandre jusqu’au milieu du XIXe siècle », dans : H. Kim, op. cit. note 13, t. 1, p. 75.

36 Mentionnons à toutes fins utiles que l’architecte Charles Percier (1764-1838) laisse plusieurs croquis de ces figures dans l’un de ses ensembles de dessins conservé à la bibliothèque de l’Institut : Bibliothèque de l’Institut, Paris, MS 1012, Dessins de Charles Percier, fol. 41 et fol. 42.

37 G. Bresc-Bautier, « La dispersion des collections du musée des Monuments français, des églises à la galerie d’Angoulême », dans F. Furet (dir.), op. cit., note 10, p. 132.

38 « Intérieur. Paris, le 2 juillet », Le Moniteur universel, 3 juillet 1824, p. 1.

39 A. Lenoir, Description historique et chronologique des monumens de sculpture, réunis au musée des Monumens français, 7e édition, Paris, Chez l’auteur, 1803, p. 207.

40 Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1826-1827, t. 1, planche 12.

41 H. Kim,. op. cit., t. 1, p. 312. L’auteur utilise également l’expression de « héros de la Renaissance française », dans Ibid, p. 178.

42 Ibid, p. 327.

43 J. Babelon, op. cit. note 12, notice 33.

44 J.-R. Gaborit (dir.), op. cit. note 1, p. 695. Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 150 162/72, Inventaire des magasins de la sculpture antique et moderne [après 1824], fol. 100. Les sculptures de Germain Pilon sont indiquées comme il suit : « Inconnu. Figures (quatre) en bois provenant du monument de Diane de Poitiers. »

45 F. de Clarac (jusqu’en 1847) & A. Maury (après 1847), Musée de sculpture antique et moderne, ou Description historique et graphique du Louvre et de toutes ses parties, des statues, bustes, bas-reliefs et inscriptions du Musée royal des antiques et des Tuileries et de plus de 2 500 statues antiques, Paris, Imprimerie royale (puis impériale), 1826-1853, 13 volumes.

46 F. de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1832-1834, t. 3, planche 368 E.

47 F. de Clarac, Description des ouvrages de la sculpture française des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, exposés dans les salles de la galerie d’Angoulême, Paris, Imprimerie royale, 1824.

48 Christophe Civeton, dessinateur & Auguste Hibon, graveur, La Salle de Jean Goujon (cour Carrée, aile Louis-XIII, rez-de-chaussée), eau-forte, dans : Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1826-1827, t. 1, planche 100. Voir également G. Bresc-Bautier (dir.), Histoire du Louvre, Paris, Fayard/Louvre Éditions, 2016, t. 2, p. 61.

49 A. Maury, Musée de sculpture antique et moderne contenant la description historique et graphique du Louvre, Paris, Imprimerie nationale, 1851, p. 354, numéro 2607 C. Si la planche illustrant ces figures est publiée entre 1832 et 1834, la notice correspondante dans le volume de texte n’est quant à elle publiée qu’en 1851. L’historique détaillé dans cette notice ne fait référence qu’au musée des Monuments français, omettant notamment le passage du groupe à Versailles. Cela pourrait indiquer que la notice n’était pas actualisée en 1851 et refléterait plutôt un état des lieux datant de 1832-1834, avant que les sculptures ne soient intégrées aux collections des galeries historiques. De plus, la notice évoque des modifications apportées au groupe, telles que la mise à nu du bois, que Lenoir avait recouvert d’une teinte verte, afin de, selon l’auteur, « mieux faire ressortir le mérite de la sculpture ». Ces interventions pourraient avoir été réalisées avant l’exposition du groupe dans la galerie d’Angoulême, aux alentours de 1828.

50 A. Lenoir, Histoire des arts en France, prouvée par les monumens, op. cit. note 17, p. 111.

51 J.-R. Gaborit (dir.), op. cit. note 1, p. 695.

52 Sur cet artiste, voir Justine Gain, La fabrique de l’éclectisme ornemental au XIXe siècle : l’œuvre de Jean-Baptiste Plantar (1790-1879), thèse de doctorat, sous la direction de Jean-Michel Leniaud, École pratique des hautes études, en co-encadrement avec Lionel Arsac, École du Louvre, Paris, 2024. Une notice est consacrée aux modifications réalisées par Plantar sur le groupe qui nous occupe dans le catalogue en ligne associé à cette thèse : Ibid, catalogue en ligne (Omeka S), notice 1199. Disponible sur : https://jeanbaptisteplantar.huma-num.fr/s/plantar/item/1199.

53 Service des archives du château de Versailles, Versailles, 1837-12, mémoire des travaux de sculpture en bois et en pierre n° 10738 que le sieur Plantar Jean-Baptiste a faits pendant le cours de l’année 1837 pour le pavillon de Noailles (château de Versailles) sous les ordres de M. Nepveu, architecte de la division, et sous l’inspection de M. Blondel.

54 Ibid.

55 C’est ainsi que les sculptures apparaissent sur la gravure suivante : Pierre Fontaine (dessinateur), Vue de la Galerie du 1er étage de l’aile du Nord, gravure, dans : Palais de Versailles, domaine de la couronne, Paris, Pihan Delaforest, 1836, planche 12 [fig. 5].

56 Service des archives du château de Versailles, Versailles, 1837-12, op. cit. note 53.

57 Ibid.

58 Thomas Gaehtgens, Versailles. De la résidence royale au musée historique : la galerie des Batailles dans le musée historique de Louis-Philippe, Paris, Albin Michel, 1984, p. 63-64.

59 Sur cette question, voir notamment : Ibid ; J.-M. Leniaud, « Histoire nationale, histoire universelle : propositions sur l’iconographie monumentale de la monarchie de Juillet », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, no 19 intitulé Les Galeries historiques de Versailles au XIXe siècle : origine, organisation, réception, 2021 [en ligne]. Disponible sur : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crcv.21379 ; Hélène de Carbonnières, « Les sources iconographiques des peintures à sujet médiéval du musée de l’Histoire de France de Versailles », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, ibid. [en ligne]. Disponible sur : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crcv.21304.

60 Charles Gavard, Catalogue général des galeries historiques de Versailles par salles et par lettres alphabétiques ou Guide du voyageur à Versailles, explication des différentes salles et détail de ce qu’elles contiennent en suivant l’itinéraire adopté pour les visiteurs du palais, Paris, Gavard, 1849, p. 24.

61 Service des archives du château de Versailles, Versailles, Vms12, fol. 126, Palais de Versailles et des deux Trianons. Inventaire général des musées de Versailles et des Trianons dressé en 1850. Liquidation de la liste civile de Louis-Philippe, manuscrit relié, 1850. Versailles, musée national du château de Versailles et du Trianon, d’après Germain Pilon, Buste de Henri III, plâtre, LP 1274.

62 Service des archives du château de Versailles, Versailles, Vms12, fol. 126, Ibid.

63 Aurélie Cottais, « Les salles d’Afrique : construction et décor sous la monarchie de Juillet (1830-1848) », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2010 [en ligne]. Disponible sur : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crcv.10498.

64 Service des archives du château de Versailles, Versailles, 1837-12, mémoire des travaux de sculpture en bois et en pierre n° 10738 que le sieur Plantar Jean-Baptiste a faits pendant le cours de l’année 1837 pour le pavillon de Noailles (château de Versailles) sous les ordres de M. Nepveu, architecte de la division, et sous l’inspection de M. Blondel.

Ibid.

65 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, O/4/2858, fol. 3, 98e rapport de Frédéric Nepveu à Isidore Godard-Dubuc du 18 mars 1837.

66 Service des archives du château de Versailles, Versailles, 1839-6, mémoire des travaux de sculpture n° 14280 que le sieur Plantar demeurant à Paris rue du bac n° 58 a faits pendant le courant de l’année 1839 pour la dépose d’un groupe au pavillon de Noailles (château de Versailles), sous les ordres de M. Nepveu, architecte de la division, et sous l’inspection de M. Blondel.

67 Ibid. Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, O/4/2858, fol. 1, 166e rapport du 29 juin 1839.

68 Collection particulière, P. Fontaine, Vue de la galerie de pierre du 1er étage de l’aile du Nord à Versailles, 1837-1839, aquarelle. Nous remercions chaleureusement Jean-Philippe Garric de nous avoir transmis cette image. À propos de ce fonds, voir Michèle Heng, « Un fonds inédit d’œuvres, archives et collections provenant de l’architecte Pierre-François-Léonard Fontaine (1762-1853) », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français (2011), 2012, p. 63-94. P. Fontaine (dessinateur), Vue de la galerie du 1er étage de l’aile du Nord à Versailles, gravure, dans : Palais de Versailles, domaine de la couronne, Paris, Pihan Delaforest, 1836, planche 12.

69 Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles, INV.GRAV 6121, Jacques-Joseph Huguenet (graveur), Probst (dessinateur) & Charles Gavard (éditeur), Galerie de sculpture de l’aile du Nord, après 1839, gravure.

70 Service des archives du château de Versailles, Versailles, O3001 VZ 21, lettre d’Eudore Soulié à Léon de Laborde du 4 avril 1850. Dans cette lettre, Soulié indique que le groupe de Germain Pilon est retiré de la galerie haute de l’aile du Nord au profit des tombeaux de René de Birague et de Valentine Balbiani, mais aucun inventaire n’atteste d’une telle installation. Ces deux sculptures sont aujourd’hui conservées au Louvre : Musée du Louvre, Paris, LP 396, Germain Pilon, Le Cardinal René de Birague, 1584, statue agenouillée ; LP 397, Germain Pilon, Valentine Balbiani accoudée, 1573, statue.

71 A. Cottais, « Les salles d’Afrique : construction et décor sous la monarchie de Juillet (1830-1848) », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2010 [en ligne]. Disponible sur https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crcv.10498. Dans les notes 37 et 38, Cottais indique la référence suivante : Service des archives de Versailles, 1838-8 et 1839-6.

72 G. Bresc-Bautier, « Laborde, Léon-Emmanuel-Simon-Joseph (vicomte, comte, puis marquis de) », dans : Philippe Sénéchal & Claire Barbillon (dir.), Dictionnaire critique des historiens de l’art actifs en France de la Révolution à la Première Guerre mondiale, Paris, INHA [en ligne]. Notice disponible sur : www.inha.fr/fr/ressources/publications/publications-numeriques/dictionnaire-critique-des-historiens-de-l-art/laborde-leon-emmanuel-simon-joseph.html.

73 Service des archives de Versailles, O3001 VZ 21, Lettre d’Eudore Soulié à Léon de Laborde du 4 avril 1850.

74 Sophie Martin & Véronique Milande, en collaboration avec Nathalie Blondil, « Léon de Laborde (1807-1869) : de la galerie d’Angoulême au département des Sculptures », dans G. Bresc-Bautier & M. Lafabrie (dir.), Un combat pour la sculpture. Louis Courajod (1841-1896), historien d’art et conservateur, Paris, École du Louvre, 2003, p. 19-20

75 Ibid.

76 G. Bresc-Bautier (dir.), Histoire du Louvre, op. cit., note 48, p. 109.

77 « Beaux-arts. Musée de sculpture de la Renaissance au Louvre », Le Siècle, 13 mars 1850, p. 1. G. Bresc-Bautier (dir.), Histoire du Louvre, op. cit., note 48, p. 144. Une première version de ce musée ouvre en janvier 1850, puis à nouveau en octobre 1851, à la suite du remaniement des espaces par Laborde. À cette occasion, les salles sont à nouveau décrites dans : Claudius Tarral, « Variétés. Le musée de la Renaissance au Louvre. », Le Moniteur parisien, 16 octobre 1851, p. 3. Voir également G. Bresc-Bautier & M. Lafabrie (dir.), op. cit. note 74, p. 10.

78 C. Tarral, « Le musée de la Renaissance au Louvre », Revue des beaux-arts, 1851 [15 octobre 1851], 21e année, t. 2, p. 313. Voir également : G. Bresc-Bautier (dir.), Histoire du Louvre, op. cit. note 48, p. 149.

79 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 144 793/2, Lettre de Léon de Laborde à Émilien de Nieuwerkerke du 16 novembre 1850. Cette lettre a déjà été publiée dans : Madelaine Rousseau, « Deux lettres de Léon de Laborde à M. de Nieuwerkerke concernant le département des Sculptures modernes au Louvre », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, Paris, Armand Colin, 1934, p. 301-302.

80 « Faits divers », La Révolution, 7 octobre 1851, p. 2.

81 Henry Barbet de Jouy, Musée impérial du Louvre. Description des sculptures modernes, Paris, Vinchon et Mourgues, 1855, p. 65. Il s’agit sans doute de la couleur apposée sur les sculptures durant leur passage au musée des Monuments français, peut-être rafraichi lors de leur séjour à Versailles [fig. 1 et 6].

82 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 144 793/2, Autorisation d’Émilien de Nieuwerkerke de faire mouler le piédestal des Grâces de Germain Pilon du 15 novembre 1850.

83 L’activité de restaurateur de Debay n’a été que très peu documentée jusqu’à présent. Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 144 787/2, Lettre de Léon de Laborde du 27 février 1851. Dans cette lettre, le conservateur se montre particulièrement critique à l’encontre de la restauration des bas-reliefs en bronze provenant du tombeau de François Ier à Saint-Denis par le sculpteur. Debay est, par ailleurs, mentionné comme « restaurateur des antiques des musées impériaux » dans : Ernest Fillonneau, « Nécrologie des artistes de 1863 », Moniteur des Arts, 1er janvier 1864, p. 4.

84 S. Martin & V. Milande, en collaboration avec N. Blondil, op. cit. note 74, p. 26.

85 G. Bresc-Bautier (dir.), Histoire du Louvre, op. cit. note 48, p. 107.

86 Roger Pouivet, Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ?, Paris, Vrin, 2007, p. 75-76.

87 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 144 793/2, Autorisation d’Émilien de Nieuwerkerke, directeur des musées, de faire mouler le piédestal des Grâces de Germain Pilon du 15 novembre 1850.

88 Musée du Louvre, Paris, MR 1581, Anonyme, Diane appuyée sur un cerf, 1640-1560, marbre. J.-R. Gaborit (dir.), op. cit. note 1, p. 685. Voir également Valérie Montalbetti, « Alexandre Lenoir, Jean Goujon et la création d’un imaginaire artistique national », dans G. Bresc-Bautier & B. de Chancel-Bardelot (dir.), op. cit. note 8, p. 339-342.

89 G. Bresc-Bautier, « Exposer la sculpture au Louvre au temps de Rodin, 1860-1914 », Les Cahiers de l’École du Louvre, no 8, 2016, p. 30.

90 Notons que l’aménagement de cette salle doit beaucoup au travail d’Adrien Longpérier (1816-1882), prédécesseur de Laborde. Dans les archives du département des Sculptures du Louvre, sont conservées les plans successifs de Longpérier, légèrement modifiés par Laborde. Voir : Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 144 793/2, Plan des trois salles de sculpture moderne, 30 octobre 1849, par Adrien Longpérier ; 20 144 793/3, Tableau de la sculpture de la Renaissance et des temps modernes avec la désignation des objets qu’elles contiennent, vers 1856. Voir également, G. Bresc-Bautier (dir.), Histoire du Louvre, op. cit. note 48,p. 143-144.

91 G. Bresc-Bautier, « Exposer la sculpture au Louvre au temps de Rodin 1860-1914 », op. cit. note 89, p. 30.

92 Ibid. Voir également S. Martin & V. Milande, en collaboration avec N. Blondil, op. cit. note 74, p. 26.

93 G. Bresc-Bautier, « Exposer la sculpture au Louvre au temps de Rodin, 1860-1914 », op. cit. note 89, p. 30.

94 Ibid.

95 Le Panthéon, symbole des révolutions. De l’église de la Nation au temple des grands hommes, catalogue d’exposition (Paris, Hôtel de Sully, 31 mai-30 juillet 1989 ; Montréal, Centre canadien d’architecture, 19 septembre-15 novembre 1989), Paris & Montréal, Caisse nationale des monuments historiques et des sites/Picard, 1989, p. 219-223.

96 Denis Bocquet, Panthéon ou église Sainte-Geneviève ? Les ambiguïtés d’un monument (1830-1885), mémoire de maîtrise, sous la direction d’Alain Corbin, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, Paris, 1992, p. 108-109. Le Panthéon, symbole des révolutions, op. cit. note 95, p. 225.

97 G. Bresc-Bautier, « La dispersion des collections du musée des Monuments français, des églises à la galerie d’Angoulême », dans F. Furet (dir.), op. cit. note 10, p. 135-136.

98 Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 20 150 043/2, Lettre d’Auguste Romieu du 22 novembre 1852.

99 T. Bonnot, « La biographie d’objets : une proposition de synthèse », op. cit. note 3, p. 165-166.

100 « Muséalisation », dans A. Desvallées & F. Mairesse (dir.), op. cit. note 6, p. 251.

101 Natalis Rondot, Rapport sur les objets de parure, de fantaisie et de goût, fait à la commission française du jury international de l’Exposition universelle de Londres, Paris, Imprimerie impériale, 1854, p. 8. Sur Michel Liénard (1810-1870), voir Sophie Derrot, Michel Liénard (1810-1870) : luxuriance et modestie de l’ornement au XIXe siècle, thèse de doctorat, sous la direction de J.-M. Leniaud, École pratique des hautes études, Paris, 2014.

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Table des illustrations

Légende Figure 1. Musée du Louvre, Paris, RF 28831, Recto, Jean-Lubin Vauzelle, Vue de la salle d'introduction au Musée des Monuments français, 1815, encre, aquarelle et plume sur papier. © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Michel Urtado
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Légende Figure 2. Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1832-1834, t. 3, planche 368 E. © INHA
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Légende Figure 3. Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1826-1827, t. 1, planche 12. © INHA
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Légende Figure 4. Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne. Planches, Paris, Texier, 1826-1827, t. 1, planche 100. © INHA
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Légende Figure 5. Pierre Fontaine (dessinateur), Vue de la Galerie du 1er étage de l’aile du Nord (détail), gravure, dans Palais de Versailles, domaine de la Couronne, Paris, Pihan, 1836, planche 12. © BnF
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Légende Figure 6. Collection particulière, Pierre Fontaine, Vue de la galerie de pierre du 1er étage de l’aile du Nord à Versailles, 1837-1839, aquarelle.
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Légende Figure 7. Musée national des châteaux de Versailles et Trianon, Versailles, INV.GRAV 6121, Jacques-Joseph Huguenet (graveur), Probst (dessinateur), Charles Gavard (éditeur), Galerie de sculpture de l’aile du Nord, après 1839, gravure. © Château de Versailles
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Légende Figure 8. Musée national du Louvre, département des Sculptures, salle Jean Goujon, photographie, MNLS 809 N, Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie, Charenton-le-Pont. © Ministère de la Culture / Médiathèque du patrimoine et de la photographie. Dist. GrandPalaisRmn
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Légende Figure 9. Musée du Louvre, Paris, INV 20426, Alfred Martin, La salle Jean Goujon au Musée du Louvre en 1914, 1914, huile sur toile. © 2018 GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau
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Pour citer cet article

Référence électronique

Justine Gain, « Construire le goût pour la Renaissance française : les pérégrinations des dames de Germain Pilon au xixe siècle »Les Cahiers de l’École du Louvre [En ligne], 23 | 2024, mis en ligne le 12 décembre 2024, consulté le 15 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/35729 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12ydu

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Auteur

Justine Gain


Diplômée de l’École du Louvre et docteure en histoire de l’art de l’École pratique des hautes études, Justine Gain consacre l’essentiel de ses recherches à la sculpture et à l’ornement. Sa thèse, dirigée par Jean-Michel Leniaud, porte sur La Fabrique de l’éclectisme ornemental au xixe siècle : l’œuvre de Jean-Baptiste Plantar (1790-1879). Parallèlement, elle contribue au programme de recherche French Sculpture Census conduit par Laure de Margerie au Clark Art Institute, avant de poursuivre son parcours professionnel au sein d'institutions telles que le Louvre, Orsay, Versailles ou la Frick Collection. Chargée d’études et de recherche à l’Institut national d’histoire de l’art entre 2019 et 2023, elle collabore notamment au projet d’édition numérique Les Papiers Antoine-Louis Barye. Depuis septembre 2024, elle est Slifka Foundation Interdisciplinary Senior Fellow au sein du département European Sculpture and Decorative Arts du Metropolitan Museum of Art.

A graduate of the École du Louvre who also has a PhD in art history from the École Pratique des Hautes Études, Justine Gain has devoted most of her research to sculpture and ornament. Her thesis, supervised by Jean-Michel Leniaud, is titled La Fabrique de l’éclectisme ornemental au XIXe siècle : l’œuvre de Jean-Baptiste Plantar (1790-1879). She also contributed to the French Sculpture Census research programme led by Laure de Margerie at the Clark Art Institute, then pursued her career at institutions such as the Louvre, Musée d’Orsay, Versailles and the Frick Collection. Between 2019 and 2023, she was a research assistant at the Institut National d’Histoire de l’Art, where she worked on the digital publishing project Les Papiers Antoine-Louis Barye. Since September 2024, she has been Slifka Foundation Interdisciplinary Senior Fellow at the European Sculpture and Decorative Arts Department of the Metropolitan Museum of Art.

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