La vie, la mort et la résurrection des objets archéologiques
Résumés
La circulation des pièces archéologiques sur le marché de l’art entraîne souvent la transformation du statut de l’objet. L’exemple des bronzes du Luristan permet d’amorcer une réflexion sur la manière dont la biographie des objets peut s’écrire lorsqu’il s’agit d’artefacts archéologiques, ainsi que sur les différentes définitions de la vie d’un objet, de sa fabrication à son enfouissement puis de sa redécouverte jusqu’à son exposition. Les antiquités du Luristan, inconnues lors de leur arrivée sur le marché de l’art au début du XXe siècle, ont en premier lieu un statut d’objet « de collection », et les marchands participent ainsi à l’édification de leur valeur esthétique et commerciale. La région de provenance de ces antiquités remplace parfois la typologie même de l’objet, lorsque celui-ci est décrit ou vendu. Mais les recherches archéologiques leur confèrent aussi une nouvelle identité, et ces pièces redeviennent alors des « objets archéologiques ». L’exemple des bronzes du Luristan illustre la complexité de l’écriture de l’histoire, en lien avec les nouvelles interprétations archéologiques.
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Mots-clés :
Fouilles archéologiques, bronze, Iran, Luristan, marché des antiquités, hallebarde, collectionneursKeywords:
Archaeological excavations, bronze, Iran, Luristan, antiquities market, halberd, collectorsPlan
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- 1 André Godard, Bronzes du Luristan (Ars Asiatica, t. XVII), G. Van Oest, 1931, p. 5-11.
« Durant l’automne 1928, le hasard voulut qu’un Lur, en labourant son champ, découvrît une tombe et, dans cette tombe, des objets de métal qu’il porta au bourg le plus proche, à Harsin. La chronique locale prétend avoir gardé le souvenir de cet événement. Elle assure que le Lur troqua sa trouvaille contre un pain de sucre, qu’à peu de temps de là, l’épicier improvisé antiquaire se rendit à Kermanshah, qu’à son retour il offrit d’échanger d’autres pains de sucre contre d’autres objets de métal1. »
Introduction : l’entité des bronzes du Luristan
1Assez souvent, les objets archéologiques deviennent des pièces de collection après leur redécouverte grâce aux fouilles. Cependant, cette valeur commerciale et esthétique précède parfois les connaissances scientifiques sur leur histoire et leur région d’origine.
2Les bronzes du Luristan sont un excellent exemple démontrant comment la circulation des objets sur le marché de l’art fait naître et affecte les recherches archéologiques. Et ces recherches, en retour, redonnent non seulement de nouvelles vies et valeurs à ces objets d’art, mais enterrent aussi les rumeurs sur leur provenance. Ainsi, un objet qui a été mis au monde une première fois par un artisan durant l’Antiquité et qui a cessé d’exister lors de son enfouissement va renaître tout d’abord au moment de sa découverte par un fouilleur clandestin, un marchand d’art et un collectionneur, puis dans un second temps grâce à l’équipe d’archéologues qui établit son contexte lors de fouilles archéologiques en trouvant des objets comparables. Cet article présente donc la biographie tourmentée des bronzes du Luristan.
- 2 Ibid.
3Cette appellation désigne un ensemble d’objets métalliques, majoritairement en bronze, mais aussi en fer, de catégories variées comprenant des parures, des armes, des harnachements de cheval, des outils, des figurines et des étendards avec une morphologie complexe et une iconographie parfois très exubérante, arrivés en masse sur les marchés de l’art occidentaux ainsi que dans les grands musées du monde, de Paris à New York et de Londres à Bruxelles, à partir des années 1930. Entretenant le mystère autour de ces objets et suscitant l’attrait des collectionneurs pour ces antiquités sans provenance, le récit de leur découverte a souvent été romancé2.
Le Luristan au cœur du Zagros
4Associés à la région du Luristan, dans le Zagros, à l’ouest de l’Iran (fig. 1), ces objets constituent l’expression la plus représentative de la culture matérielle des sociétés qui vivaient dans cette région entre le IIIe et le milieu du Ier millénaire avant notre ère. Dans le jargon archéologique, le Luristan désigne la partie centrale de la chaîne montagneuse du Zagros qui dépasse les limites de la province actuelle du Luristan et couvre en plus, l’Ilam, le sud de Kermanshah et Hamedan. Arrivés dès 1928 dans le souk de la ville de Harsin, ces bronzes ont d’abord pris le nom de bronzes de Harsin avant de revêtir celui, plus général, du Luristan.

Figure 1. La carte de la région du Luristan avec les sites archéologiques majeurs, fouillés depuis les années 1930. © Zahra Hashemi
- 3 Jacques de Morgan, 1894-1905.
5La région du Luristan doit sa célébrité à ces objets métalliques. Son archéologie est fortement liée à l’histoire de leur découverte. Même si les premières recherches archéologiques dans la région ont eu lieu au milieu du XXe siècle, le Luristan est longtemps resté dans l’ombre de l’archéologie des civilisations urbaines voisines telles que la Susiane et la Mésopotamie, beaucoup plus attractives pour les explorateurs et les archéologues du XIXe siècle. Lorsque Jacques de Morgan, en 1891, mène une prospection dans le Zagros3, il s’agit plutôt d’une simple exploration dans une région périphérique de la civilisation susienne.
- 4 À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le territoire des nomades du Zagros est un champ d’inve (...)
6Ce retrait de la région est dû à sa situation géopolitique au XIXe siècle et au début du XXe. À cette époque, une organisation tribale domine la région, ce qui la fait échapper au contrôle du gouvernement central d’Iran. Peuplé majoritairement de nomades, le Zagros est un nid de révoltes en constante confrontation avec l’État central d’Iran et les colons étrangers4. L’occupation étrangère rend difficile l’accès de la région pour les chercheurs. Jacques de Morgan décrit lui-même, en 1891, les tensions entre les tribus et le gouvernement :
- 5 Jacques de Morgan, Histoire et travaux de la délégation en Perse du ministère de l’Instruction publ (...)
« Un voyage dans les montagnes du Louristan ou des Baktyaris ne peut être projeté à l’avance, car le moindre incident peut fermer les communications pour des années. C’est ainsi qu’ayant pu, en 1891, suivre la route directe de Khorremâbâd à Dizfoul, je n’ai pas retrouvé depuis cette époque la possibilité de reprendre ce chemin qui se trouve coupé depuis treize ans par des tribus révoltées5. »
7Ce n’est qu’à partir des années 1920 que l’État, par la sédentarisation forcée d’une grande partie des nomades et l’exécution des chefs tribaux, arrive, plus ou moins, à progresser dans les terres du Luristan.
Quand l’Occident tourne le regard vers le Luristan
- 6 Ernst Herzfeld, « Prehistoric Persia », Illustrated London News, 8 June, London, 1929, p. 982, 983.
- 7 Peter Roger Stuart Moorey, Ancient Bronzes from Luristan, British Museum Press, 1974, p. 47, fig. 5 (...)
- 8 René Dussaud, « Ceinture en bronze du Louristan avec scènes de chasse », Syria, t. 15, fascicule 2, (...)
- 9 Paris, musée du Louvre, Livre d’inventaire conservé au département des Antiquités orientales.
8Ernst Herzfeld est parmi les premiers à se rendre dans la région. En 1929, il publie les résultats d’une fouille qu’il a menée près de la ville de Nahavand6. Par ces découvertes, il fait entrer le Luristan dans les débats archéologiques sur la provenance des objets métalliques élaborés qui se trouvaient depuis plusieurs décennies, de manière dispersée et occasionnelle, sur le marché de l’art et dans les musées occidentaux. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, cinq objets rejoignent les collections muséales européennes. La première pièce est un étendard acquis par le British Museum en 1854 au capitaine John Felix Jones de la Royal Navy et de la Compagnie des Indes orientales, qui a voyagé notamment en Perse en 18447 (fig. 2). En 1885, un deuxième bronze entre au British Museum, mais il est acheté cette fois-ci au collectionneur Rev Greville John Chester, clerc britannique qui a réalisé de nombreux voyages. Les acquisitions du British Museum continuent sporadiquement jusqu’au début du XXe siècle. En 1888, l’implantation de l’entreprise commerciale des frères Lynch dans l’ouest de la Perse, la Tigris-Euphrates Steam Navigation Company of Baghdad and Basra, permet à Henry Finnis Blosse Lynch d’obtenir la concession de la route traversant la région du Luristan, la « Lynch road », en 1891. Cela contribue sans doute aux contacts entre les frères Lynch et les tribus Lurs, car ils font plusieurs legs de bronzes du Luristan au British Museum en 1914. Du côté du musée du Louvre, la première pièce est acquise en 1893 à Ferdinand Schutz et est décrite par Léon Heuzey comme un « curieux objet antique provenant de Perse », « une enseigne gréco-parthe » présentant un mélange de motifs orientaux et grecs8. Au total, quatre pièces rejoignent les collections du musée du Louvre avant 1928. Un deuxième étendard est acheté en 1897 à Antoine Brimo, un autre est acquis auprès d’Élias Géjou en 1911. Enfin, le quatrième est remis par Léon Heuzey en 19129.

Figure 2. Étendard du Luristan, Ier millénaire avant J.-C., alliage de cuivre, H. : 0,13 m ; Largeur : 0,62 m, Londres, British Museum, acheté au capitaine Felix Jones en 1854, BM 115514. © The Trustees of the British Museum.
- 10 Charles Hercules Read, « Two bronzes of Assyrian type », Man, 18, 1918, p. 1-3.
- 11 Michael Rostovtzeff, « Bronze Belt-Clasps and Pendants from the Northern Caucasus », The Metropolit (...)
- 12 The British Museum, Londres, inv. BM 123273.
9Ces objets étant mal identifiés et parfois associés à des régions voisines, la question de leur provenance reste au cœur des débats conservés dans les archives des musées et au sein des sociétés savantes. En 1918, Charles Hercules Read, conservateur anglais et archéologue, les associe au Caucase10. En 1922, Rostovtzeff évoque la Turquie et les attribue aux Cimmériens et aux Scythes11. Ces premières arrivées sur le marché de l’art européen à partir de la seconde moitié du XIXe siècle ne permettent pas de connaître avec précision les circonstances de leur découverte. Les liens avec l’Inde sont souvent soulignés, notamment en raison de la présence de quelques « bronzes du Luristan » dans les années 1920 chez le marchand Nasli Heeramaneck, originaire de Bombay et installé à Paris de 1927 à 193012.
- 13 Il aurait lui-même acheté un vase de bronze à Khorremabad en 1928, d’après R. Dussaud, « Haches à d (...)
10C’est dans ce contexte qu’en 1929, Ernst Herzfeld a tourné les regards vers le Zagros central, en Iran. Les objets qu’il a découverts à Nahavand avaient des similitudes importantes avec les objets d’art énigmatiques qui se trouvaient en Occident13.
11À la même période, André Godard se trouve aussi au Luristan. Nommé directeur du service des Antiquités en 1928 par le gouvernement iranien, il se rend dans cette région et constitue une collection qui permet d’enrichir le musée national d’Iran. Il saisit également cette opportunité pour compléter sa propre collection, dont il vend cent soixante pièces au musée du Louvre en 1931. Dans son livre publié la même année, Godard raconte la trouvaille fortuite de ces bronzes en mentionnant plusieurs cimetières à Dasht-e Kawa, au sud de Harsin, et publie plusieurs objets qu’il y a trouvés. Cependant, sa présence lors des recherches n’est pas claire. Nous ne savons pas s’il a vraiment assisté aux fouilles des tombes ou bien si les Lurs lui ont apporté les objets et lui ont montré les cimetières déjà pillés, car les provenances exactes de la majorité des objets ne sont pas mentionnées et aucune photographie ne montre les fouilles, mais plutôt des tombes déjà pillées.
12Arthur Upham Pope, dans son article publié en 1930, décrit l’évolution du marché des bronzes du Luristan du mois de mars au mois de juin 1930 :
- 14 Arthur Upham Pope, « A Prelude to the Persian Art Exhibition: Bronzes », The Illustrated London New (...)
« Au début du mois de mars, quelques pièces sont apparues dans les bazars de Kermanshah, où elles ont rapporté quelques shillings chacune. Les marchands les plus avisés ont compris qu’ils tenaient des objets d’un intérêt inhabituel. Un peu de concurrence a fait grimper les prix rapidement et a fait descendre des montagnes un déluge de spécimens jusqu’à ce que, à la mi-juin, 1 200 pièces aient été livrées14. »
13La même année, la correspondance du musée de Bruxelles décrit les découvertes des objets provenant de tombes, faites par des tribus dans la province du Luristan :
- 15 Il s’agit d’une lettre du conservateur adjoint Louis Speleers au conservateur en chef Jean Capart. (...)
- 16 Bruxelles, archives des Musées royaux, BE-380469-1-1975, lettre de Louis Speelers à Jean Capart, le (...)
« Dès que le bruit s’en fut répandu, un marchand persan eut l’idée d’exploiter systématiquement quelques endroits de la contrée, avec la protection et l’assistance des chefs de tribus et de recueillir les antiquités à peu de frais, car les indigènes ignoraient encore, à ce moment, la valeur qu’elles présentent pour nos collectionneurs. D’autres marchands ne tardèrent pas à imiter le premier, de sorte que, bientôt, quantité de ruines furent explorées et de nombreuses tombes furent violées. […]. À l’aide de marchands intermédiaires, les antiquités furent jetées à bas prix sur divers marchés et surtout sur celui de Kermanschah (S. E. de Hamadan)15. En juin 1930, on connaissait déjà un bon millier de pièces de cette provenance16. »
14Ainsi, en quelques mois, les fouilles clandestines qui jusqu’alors se résumaient plus ou moins, pendant des années, à des découvertes accidentelles d’objets dans les champs par des villageois et à leur vente à petit prix dans les bazars locaux, se transforment, dès 1930, en une véritable activité locale encouragée par l’intérêt des marchands d’art et des collectionneurs.
- 17 Pierrefitte-sur-Seine, Archives nationales, Archives des musées nationaux, procès-verbaux du Comité (...)
15Lors de la séance du Comité consultatif des musées nationaux du 29 janvier 1931, René Dussaud, conservateur au département des Antiquités orientales, porte l’attention sur le fait que les antiquités du Luristan « sont mises au pillage, envoyées en vrac sur le marché et profitant de l’intérêt qu’on porte de tous côtés à ces trouvailles, les antiquaires en demandent des prix inabordables17 ».
- 18 Les fouilles commerciales en Iran sont définies et réglementées par la loi sur la protection du pat (...)
- 19 Voir le site internet de la Mahboubian Collection : http://mahboubiancollection.com/ [07/04/2024].
16Parallèlement au développement de ces fouilles clandestines, il faut rappeler l’existence de fouilles commerciales qui ont également contribué à approvisionner le marché de l’art en antiquités du Luristan dès les années 1930. Ne pouvant pas accéder aux archives iraniennes, nous ne possédons que quelques éléments concernant les fouilles commerciales18. Les sites où celles-ci étaient autorisées ne sont pas précisément connus, mais le marchand Benjamin Mahboubian semble par exemple avoir pu bénéficier de permis19.
17C’est ainsi que les bronzes du Luristan sont arrivés en masse en Occident. Les acquisitions d’antiquités du Luristan se multiplient dans les musées européens et américains et les marchands d’origine iranienne s’installent dans les capitales pour développer leur commerce d’antiquités. En 1931, l’Exposition internationale d’art persan organisée à Londres à la Burlington House permet de placer la Perse au centre des regards et témoigne de l’intérêt accru pour les antiquités du Luristan et l’art décoratif persan. Il faut également noter qu’en profitant de cette situation, de nombreux objets provenant d’autres régions sont arrivés sur le marché de l’art européen sous le nom de « bronzes du Luristan », largement à la mode à cette époque.
Les archéologues à la recherche des bronzes du Luristan
18Conséquence de cette profusion de bronzes sur le marché de l’art, les archéologues découvrent le riche potentiel archéologique de la région et arrivent rapidement au Luristan. Ces recherches archéologiques ont ainsi été guidées par l’intérêt vif que suscitaient ces objets métalliques. Elles étaient largement orientées vers les cimetières où ces objets semblaient être particulièrement présents (fig. 1).
- 20 Georges Contenau et Roman Ghirshman, Fouilles du Tépé Giyan près de Néhavend, 1931 et 1932, Paul Ge (...)
19Tépé Giyan est parmi les premiers cimetières du Luristan fouillés en 1931-1932 par une équipe française. Lors de la séance du Comité consultatif des musées nationaux du 29 janvier 1931, René Dussaud précise qu’Herzfeld a fait un rapport inquiétant sur le site de Tépé Giyan, qui serait touché par des fouilles clandestines. André Godard demande alors une concession de fouilles. Le 9 mars 1931, le Conseil artistique des musées nationaux confie la mission archéologique de Tépé Giyan à Georges Contenau20.
- 21 Freya Stark, « The Bronzes of Luristan », The Geographical Journal, vol. 80, no 6, décembre 1932, p (...)
20La même année, l’exploratrice anglaise Freya Stark voyage au Luristan, entre Nahavand et Aleshtar, à la recherche de ces bronzes. Cependant, toutes les tombes qu’elle visite sont déjà pillées, et de nombreux objets lui sont présentés par des Lurs21. Elle évoque dans son récit de voyage les difficultés à attribuer une provenance exacte aux objets archéologiques proposés à la vente, en raison du mode de vie des Lurs. Elle explique que les tribus se déplacent à chaque saison et emportent avec elles leurs affaires, dont les antiquités trouvées précédemment, leur provenance se perdant au gré des transhumances. Elle précise néanmoins que c’est la tribu des Ittivends qui possède les « meilleurs bronzes » et que l’insécurité règne toujours dans la région, certains marchands devant parfois payer en munitions le passage des cols et l’accès aux sites.
- 22 Aurel Stein, Old Routes of Western Iran. Narrative of an Archaeological Journey Carried out and Rec (...)
21Après elle, en 1936, Aurel Stein, durant son voyage à l’ouest de l’Iran, mène une prospection et quelques fouilles au Luristan22. Malgré les précieuses informations qu’il nous donne de ce voyage, toutes les tombes qu’il fouille sont également déjà pillées. C’est pourquoi le nombre des objets métalliques qu’il découvre reste très limité.
- 23 Erich Schmidt, Maurits van Loon & Hans Curvers, The Holmes Expeditions to Luristan (Oriental Instit (...)
22Le premier apogée de la découverte de bronzes du Luristan issus de fouilles archéologiques peut être attribué à une mission américaine, la Holmes Expedition menée entre 1934 et 1938 et durant laquelle, sous la responsabilité d’Erich Schmidt, plusieurs cimetières de l’âge du bronze et de l’âge du fer sont repérés et fouillés. Leur prospection en 1938 entraîne la découverte du sanctuaire de Surkh Dum-i Lori à Kuhdasht, où pour la première fois des centaines de bronzes du Luristan sont mis au jour en contexte votif, dans les maçonneries et sous le sol d’un temple daté du début de Ier millénaire avant notre ère. Il faut cependant attendre 1989 pour que le résultat de cet exceptionnel site soit publié23.
Le Luristan et ses bronzes, entre la guerre et la révolution
- 24 Doris Duke University, Rubenstein Library, Correspondence and related materials concerning transact (...)
- 25 Pierrefitte-sur-Seine, Archives nationales, AJ 38/3 494, Commissariat général aux questions juives, (...)
- 26 Anne-Elizabeth Dunn-Vaturi, François Bridey et Gwenaëlle Fellinger, « “Unclaimed” Artworks Entruste (...)
23Pendant la Seconde Guerre mondiale, les recherches archéologiques s’arrêtent au Luristan. Le marché de l’art parisien est également bouleversé. La plupart des marchands installés à Paris, dès les années 1920, organisent leurs réseaux entre Téhéran, Paris, Londres et New York, se situant à proximité des collectionneurs et des musées. Souvent de confession juive, les marchands d’origine iranienne doivent s’exiler ou cesser leurs activités durant cette période. C’est le cas de Mozaffar Cohen, de nationalité britannique, qui semble quitter Paris durant la Seconde Guerre mondiale, d’Ayoub Rabenou qui se trouve en Iran à ce moment-là24, ou de la famille Emir dont certains membres sont fusillés25. La circulation des bronzes du Luristan ne cesse pourtant pas entre 1939 et 1945, comme le démontrent les six bronzes Antiquités orientales Récupération (AOR 1 à 6) vendus par Garabed Kevorkian en 1943 à Walter Bornheim, rapatriés après-guerre, choisis par la Commission de récupération artistique et attribués au département des Antiquités orientales26.
24En juillet 1948, le musée Cernuschi inaugure une exposition qui replace l’art iranien au cœur de l’attention des collectionneurs. À cette occasion, le Louvre et le musée de Téhéran prêtent des pièces à l’institution de l’avenue Velasquez. René Grousset, alors conservateur au musée Cernuschi, organise en collaboration avec André Godard cette présentation d’objets datant d’époques variées. Parallèlement au développement de l’entente diplomatique entre la France et l’Iran et des coopérations culturelles, les années 1950 sont marquées par un rebond de pièces du Luristan sur le marché de l’art (fig. 3). En 1956, l’exposition Mostra d’Arte Iranica organisée à Rome au palais Brancaccio confirme l’attrait du public pour l’art iranien et explique l’engouement des collectionneurs qui recherchent des antiquités du Luristan sur le marché de l’art européen et américain. L’épanouissement des relations diplomatiques aboutit en 1961 à l’exposition Sept mille ans d’art en Iran, présentée au Petit Palais et qui connaît un succès majeur auprès du public parisien et étranger, attirant plus de 160 000 visiteurs.

Figure 3. Couverture du catalogue de vente « Objets d’art iraniens » des 21 et 22 juin 1960 à l’Hôtel Drouot, conservé à la Bibliothèque nationale de France. Photographie des autrices.
- 27 Clare Goff, « Luristan in the First Half of the First Millennium B. C.: A Preliminary Report on the (...)
25À partir des années 1960, les fouilles archéologiques reprennent au Luristan. Dans la partie orientale du Luristan culturel, plusieurs forteresses et quelques habitats sont découverts et fouillés27. Mais ils ne fournissent presque aucun bronze.
- 28 Louis Vanden Berghe, La Nécropole de Khurvin, Publications de l’Institut historique et archéologiqu (...)
26En 1968, la Mission archéologique belge en Iran, sous la responsabilité de Louis Vanden Berghe, s’installe à Posht Kuh, dans la partie occidentale du Luristan, pour explorer la région. Recentrée sur les tombes, cette mission met au jour une vingtaine de cimetières datant du Chalcolithique (IVe millénaire avant notre ère) à l’âge du fer III (660 avant notre ère), constituant une riche collection des bronzes du Luristan28. Leur mission ainsi que toutes les autres missions étrangères sont brusquement interrompues par la révolution qui a bouleversé la situation politique de l’Iran en 1979.
- 29 Ata Hasanpur, Zahra Hashemi & Bruno Overlaet, « The Baba Jilan Graveyard near Nurabad, Pish-I Kuh, (...)
- 30 Yaghoub Mohammadifar, Peyman Mansouri & Hassan Rezvani, « Preliminary Report on the Salvage Excavat (...)
27Deux ans après la révolution, l’Iran entre dans une période de huit ans de guerre (1981-1988). Depuis, les désaccords politiques entre l’Iran et l’Occident, l’application des sanctions ainsi que la corruption plongent le pays dans les difficultés économiques et ne facilitent pas la mise en place d’activités archéologiques durables. La majorité des investigations au Luristan se limitent à des découvertes accidentelles après le passage de fouilleurs clandestins29, ou à des interventions préventives de courte durée à la suite des travaux de construction de barrages et de routes30. La région a ainsi longtemps souffert d’un manque de prospection systématique et de fouilles programmées.
Sangtarashan et la nouvelle page de l’histoire des bronzes du Luristan
- 31 Zahra Hashemi, Mehrdad Malekzadeh & Ata Hasanpour, « Sangtarashan : l’âge du fer au Pish Kuh du Lur (...)
28Au début du XXIe siècle, une nouvelle fenêtre s’ouvre dans l’histoire de l’archéologie du Luristan et de ces bronzes énigmatiques. En 2002, lors des travaux de réparation de canalisations d’eau au village de Sangtarashan, la pioche des ouvriers met au jour des dizaines d’objets métalliques regroupés, enfouis dans la terre et rapidement identifiés comme des bronzes du Luristan. L’importance et les caractéristiques exceptionnelles du site se révèlent très vite. Les travaux s’arrêtent et une fouille programmée est mise en place sous la responsabilité de Mehrdad Malekzadeh et Ata Hasanpour entre 2004 et 201031. Cette fois, il ne s’agit pas de tombes. Ces objets semblent appartenir à des dépôts rituels. De ce fait, le contexte se rapproche de Surkh Dum-i Lori, fouillé presque soixante-dix ans plus tôt. Au sein d’une structure architecturale circulaire, en pierre, chevauchée par plusieurs autres structures, plus de deux mille objets, et notamment des centaines de bronzes du Luristan, sont découverts. Certains sont en lot et enfouis sous le sol, tandis que d’autres restent isolés parmi les blocs de pierre des constructions ou éparpillés sur toute la surface du site. Une des contributions exceptionnelles de Sangtarashan à l’histoire des bronzes du Luristan est l’opportunité singulière de fouiller et d’étudier un nombre considérable de bronzes dans un contexte archéologique connu et non funéraire.
La résurrection des hallebardes du Luristan
29Les liens flagrants entre l’évolution du marché de l’art et des recherches archéologiques au cours des siècles donnent parfois la possibilité d’attribuer à nouveau une origine archéologique aux objets arrachés de leur contexte initial lors de fouilles clandestines, puis arrivés sur le marché de l’art sans provenance ou avec une étiquette Luristan. Pour démontrer les apports nécessaires entre les recherches archéologiques et les études sur l’histoire du marché de l’art, nous allons prendre l’exemple d’une hallebarde du Luristan issue d’une collection publique (fig. 4) afin de lui redonner, grâce à l’histoire que nous venons d’écrire, une vie d’objet archéologique.

Figure 4. Les Hallebardes du Luristan. À gauche : Hallebarde, alliage de cuivre, provenant de la collection David-Weill, Paris, musée du Louvre (AO 25015). Longueur : 17cm, Largeur : 13,3 cm. © Photos : Zahra Hashemi. À droite : Hallebardes, alliage de cuivre, provenant du site archéologique de Sangtarashan, musée de Falakolaflak (n° 1398 & n°1399), Khorramabad (Luristan, Iran). Longueur : 16 cm, Largeur : 11,8 cm / Longueur : 19,8 cm, Largeur : 13,5 cm. Photos : Zahra Hashemi, 2018. Dessins : Naimeh Ghabaie.
- 32 J. de Morgan, La Préhistoire orientale, t. III, « L’Asie antérieure », Paul Geuthner, 1927, fig. 31 (...)
- 33 Godard, 1931, 56-59, pl. XXI-XXIII.
30Les hallebardes sont des armes à lame et à douille qui se différencient des haches par la forme en croissant de leur lame. Les hallebardes dites du Luristan ont des formes très particulières, présentant un animal (assis ou couché) sur la douille et une tête (humaine ou animale) à la jonction entre la douille et la lame. Elles semblent être des formes évoluées des haches fenestrées du Proche-Orient, dont la hauteur de la douille est diminuée et les extrémités de la lame libres. Cette forme évoluée a des similitudes avec certaines hallebardes du Caucase datées de la fin de IIe millénaire avant notre ère32. Les hallebardes dites du Luristan sont apparues avec les premières vagues d’arrivée des bronzes du Luristan sur les marchés de l’art occidentaux33. Cependant, elles n’ont jamais été attestées dans les fouilles archéologiques. Ni la Holmes Expedition ni la Mission archéologique belge en Iran n’ont trouvé d’exemples comparables pendant leurs fouilles. Ces objets proviennent-ils réellement du Luristan ? La question demeurait irrésolue.
- 34 Nous remercions la famille David-Weill et Madame Nathalie Petitdidier pour l’accès aux archives.
31La hallebarde inventoriée AO 25015, conservée au département des Antiquités orientales du musée du Louvre, a rejoint les collections en 1972 grâce à la donation de Jean et Pierre David-Weill. Dans les années 1930, leur père, David David-Weill (1871-1952) rassemble un certain nombre de bronzes du Luristan. Étant en contact avec des marchands comme les frères Merguedditch et Agop Indjoudjian, les frères Maurice et Raphaël Stora, Ayoub Rabenou et Kharaman Nazare-Aga, il achète principalement des antiquités iraniennes entre 1930 et 193634. Les archives privées du collectionneur permettent de savoir que l’objet portait le numéro David-Weill 31/145, ce qui signifie que la hallebarde a été achetée sur le marché de l’art parisien en 1931 et n’est pas une des premières pièces acquises par le collectionneur provenant de cette région. Cette hallebarde est décrite comme « hallebarde, hache, bronze, Louristan », donnée au Louvre en décembre 1971 (fig. 5). Elle est inscrite sur l’inventaire de la famille David-Weill en 1936, estimée à trois mille francs puis à l’inventaire de 1959 à cinq cent mille francs. Sur les fiches de l’inventaire de la famille David-Weill, très peu d’informations sont données quant à la provenance des objets acquis en 1930 et 1931. Deux cent vingt-trois objets archéologiques sont inventoriés pour l’année 1931 dans les archives David-Weill. Il s’agit pour la majorité d’objets provenant de Perse et plus précisément du Luristan, mais quelques antiquités sont dites provenant également de Syrie, de Sibérie ou de Chine.

Figure 5. Fiche d’inventaire, papier, archives privées de la collection David-Weill. © Autorisation de publication donnée par Madame Hélène David-Weill.
32Un certain nombre de bronzes du Luristan apparaissent également dans les ventes publiques à partir des années 1930. Mais la première mention clairement identifiée d’un bronze dit « du Luristan », semble dater du 28 novembre 1932, lors de la vente organisée par les commissaires-priseurs Gabriel et Bataille et l’expert Jean Enkiri à l’Hôtel Drouot. Cette vente s’intitule Objets antiques, terres cuites et marbres grecs, bronzes du Louristan. Entre 1932 et 1936, seule une dizaine de haches et de hallebardes du Luristan sont vendues à l’Hôtel Drouot. Si les bronzes n’arrivent dans les ventes publiques qu’à partir de 1932 à Paris et en petite quantité, l’achat en 1931 par David David-Weill a dû se faire directement auprès d’un marchand. Le premier marchand à présenter des bronzes dans sa boutique à Paris est Nasli Heeramaneck, mais il ne semble actif à Paris qu’entre 1927 et 1930, avant de partir pour New York. Nous pouvons donc écarter la possibilité d’un achat de la hallebarde dans la boutique de ce marchand.
- 35 Bruxelles, Archives des musées royaux, dossiers BE-380469-1-2013 et 2024.
33Les autres marchands actifs dès 1930 sont les frères Stora et les frères Sassoon. Une vingtaine d’objets du Luristan sont vendus et donnés par ceux-ci entre 1930 et 1931 au musée Cernuschi (notamment), mais il s’agit principalement de mors, d’idoles, de pendeloques et de trois céramiques. Les premiers marchands actifs à Paris ayant vendu des haches, appellation qui peut englober les hallebardes, car la précision n’est pas toujours faite dans les descriptions, sont Charles Vignier, qui donne une hache au musée du Louvre en 1930 (AO 11985), et Albert Emir, qui vend une hache en 1930 également au musée du Louvre (AO 12428). Nous retrouvons ensuite des haches principalement dans les collections Godard, Citroën et Coiffard, qui rejoignent plus tardivement le Louvre. La correspondance conservée dans les musées royaux de Bruxelles mentionne qu’en 1931, le marchand Alfandari installé à Paris propose à la vente un certain nombre d’objets provenant des tombes du Luristan, dont des haches35. Sans accès aux archives des marchands, nous n’aurons peut-être probablement jamais la connaissance de l’identité de l’antiquaire chez lequel David David-Weill a acheté cette hallebarde. Mais en étant achetée par ce collectionneur en 1931, elle peut être considérée comme une des premières hallebardes du Luristan arrivées en Europe.

Figure 6. Site de Sangtarashan, un dépôt votif d’objets métalliques contentant un exemple de hallebarde du Luristan, objets in situ. © Photo : Mission archéologique du site de Sangtarashan, 2005.
34Le site archéologique de Sangtarashan, au début du XXIe siècle, marque une nouvelle page dans l’histoire de ces hallebardes. Les archéologues mettent au jour, pour la première fois, des exemples de hallebardes grâce aux fouilles archéologiques. Parmi les lots d’objets enfouis sous le sol de sa première phase d’occupation se trouvent sept hallebardes dans quatre lots différents (fig. 6 et 7). Deux de ces hallebardes présentent une ressemblance flagrante avec celle du musée du Louvre (fig. 4). Après soixante-dix ans de doute et d’hésitation, les hallebardes de Sangtarashan ont permis de confirmer l’appartenance de ce type de hallebardes au Luristan, la datation (l’âge du fer I-II : XIIIe-IXe siècle avant notre ère) et la provenance des objets qui ont eu une vie dans l’Antiquité, qui ont été enfouis et qui ont traversé les péripéties du XXe siècle.

Figure 7. Site de Sangtarashan, un dépôt votif d’objets métalliques contentant la hallebarde (N° 1399) comparable à celle du musée du Louvre, objets in situ. © Photo : Mission archéologique du site de Sangtarashan, 2005.
- 36 G. Contenau & R. Ghirshman, op. cit. note 20, 1935, pl. V-6.
- 37 E. Haerinck, B. Overlaet & Z. Jaffar-Mohammadi, art. cité note 28, 2004, pl. 14, 15.
- 38 Ibid., pl. 5.
35Les mors de cheval sont un autre type d’objets très caractéristiques des bronzes du Luristan dont le destin attend encore la pioche d’un archéologue pour confirmer leur provenance. Ces plaques décorées de figures très élaborées (des chevaux, des bouquetins, des cavaliers, des animaux fantastiques, des maîtres des animaux, etc.) étaient très fréquentes dans les ventes publiques dès les années 1930 (fig. 8). Un certain nombre de catalogues de ventes d’« objets de haute curiosité » consacrent une partie aux bronzes du Luristan et un ou deux mors sont à chaque fois vendus. Pourtant, à l’heure actuelle, aucun mors décoré n’a été retrouvé lors des missions archéologiques. Les mors de Tépé Giyan36 et Khatunban37 sont simples et sans plaque latérale décorée. Une autre plaque de mors de Khatunban38, décorée d’une figure de bouquetin ailé, n’est pas issue de fouilles archéologiques, mais a été confisquée en 1970.

Figure 8. Mors de cheval, alliage de cuivre, provenant de la collection Godard, Paris, musée du Louvre (AO13878). Hauteur : 13 cm, Longueur : 18,5 cm, Largeur : 11 cm. Photo : Zahra Hashemi, 2023.
36Les plaques décorées des mors de cheval, dites du Luristan, sont alors des objets sans contexte qui doivent cette appellation uniquement à la provenance qui leur a été attribuée par les marchands. Pouvons-nous espérer que les futures fouilles archéologiques leur donneront une nouvelle vie ?
Conclusion
37Bien qu’on l’on doive à ces « bronzes » la reconnaissance mondiale du Luristan et le dévoilement du riche potentiel de la région, il faut souligner que pendant presque un siècle, ils ont largement orienté l’émergence des recherches et ont biaisé les problématiques scientifiques considérablement centrées sur ces objets et les contextes dans lesquels ils se trouvaient. Par cela, d’autres aspects de ces cultures montagnardes tels que leur architecture domestique ou encore leur contexte de fabrication ont été délaissés. Même si, à la charnière du XXe et du XXIe siècle, la région souffre encore d’un manque d’investigation méthodologique et systématique sur le terrain, les études croisées rassemblant les nouvelles données des fouilles archéologiques et des recherches sur la provenance de ces antiquités permettent de donner une nouvelle vie à ces lointains objets « migrateurs », qui ont quitté le monde iranien pour gagner la terre d’Europe au début du XXe siècle.
38Si la valeur archéologique de ces objets émerge alors avec les fouilles scientifiques, la terminologie de « bronzes du Luristan » reste quant à elle attachée à leur valeur esthétique et commerciale, englobant de nombreux artefacts circulant sur le marché de l’art et dont la provenance est inconnue. Ainsi, l’appellation « bronzes du Luristan » accompagne encore beaucoup de ces objets « orphelins » de leur contexte d’origine, en attendant que les fouilles révèlent leur réelle identité.
Notes
1 André Godard, Bronzes du Luristan (Ars Asiatica, t. XVII), G. Van Oest, 1931, p. 5-11.
2 Ibid.
3 Jacques de Morgan, 1894-1905.
4 À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le territoire des nomades du Zagros est un champ d’investigations routières et pétrolières par les Britanniques. Voir Jean-Pierre Digard, Une épopée tribale en Iran, les Bakthyâri, CNRS Éditions, 2015.
5 Jacques de Morgan, Histoire et travaux de la délégation en Perse du ministère de l’Instruction publique, 1897-1905, Leroux, 1905, p. 23, 24.
6 Ernst Herzfeld, « Prehistoric Persia », Illustrated London News, 8 June, London, 1929, p. 982, 983.
7 Peter Roger Stuart Moorey, Ancient Bronzes from Luristan, British Museum Press, 1974, p. 47, fig. 50.
8 René Dussaud, « Ceinture en bronze du Louristan avec scènes de chasse », Syria, t. 15, fascicule 2, 1934, p. 197-198 : « Quand M. Heuzey présenta la pièce à l’académie des Inscriptions, en 1895, on ignorait ce qu’on appelle aujourd’hui l’art du Louristan. […] Quelques pièces étaient sorties de cette région, mais ayant été acheminées par l’Anatolie, on les classait comme cappadociennes ou hittites. Certains les faisaient descendre jusqu’à l’époque parthe. »
9 Paris, musée du Louvre, Livre d’inventaire conservé au département des Antiquités orientales.
10 Charles Hercules Read, « Two bronzes of Assyrian type », Man, 18, 1918, p. 1-3.
11 Michael Rostovtzeff, « Bronze Belt-Clasps and Pendants from the Northern Caucasus », The Metropolitan Museum of Art Bulletin, vol. 17, no 2, 1922, p. 36-40.
12 The British Museum, Londres, inv. BM 123273.
13 Il aurait lui-même acheté un vase de bronze à Khorremabad en 1928, d’après R. Dussaud, « Haches à douille de type asiatique », Syria, t. 11, fascicule 3, 1930, p. 245-271.
14 Arthur Upham Pope, « A Prelude to the Persian Art Exhibition: Bronzes », The Illustrated London News, 6 septembre 1930, p. 388. Texte original : “Early in March a few pieces brought a few shillings each. The more astute dealers recognised that they had hold of something unusual interest. A little competition sent prices swiftly up and brought down from the mountains a deluge of specimens until, by the middle of June, fully 1200 pieces had been delivered.”
15 Il s’agit d’une lettre du conservateur adjoint Louis Speleers au conservateur en chef Jean Capart. L’auteur situe la ville au sud-est de Hamedan alors qu’elle est au sud-ouest.
16 Bruxelles, archives des Musées royaux, BE-380469-1-1975, lettre de Louis Speelers à Jean Capart, le 12 novembre 1930.
17 Pierrefitte-sur-Seine, Archives nationales, Archives des musées nationaux, procès-verbaux du Comité consultatif des musées nationaux, 20 150 157/41, p. 258-260.
18 Les fouilles commerciales en Iran sont définies et réglementées par la loi sur la protection du patrimoine national du 3 novembre 1930 et le règlement du 19 novembre 1930.
19 Voir le site internet de la Mahboubian Collection : http://mahboubiancollection.com/ [07/04/2024].
20 Georges Contenau et Roman Ghirshman, Fouilles du Tépé Giyan près de Néhavend, 1931 et 1932, Paul Geuthner, 1935.
21 Freya Stark, « The Bronzes of Luristan », The Geographical Journal, vol. 80, no 6, décembre 1932, p. 498-505.
22 Aurel Stein, Old Routes of Western Iran. Narrative of an Archaeological Journey Carried out and Recorded, Macmilan and Co., Londres, 1940.
23 Erich Schmidt, Maurits van Loon & Hans Curvers, The Holmes Expeditions to Luristan (Oriental Institute Publication, 108), The Oriental Institute of the University of Chicago, 1989.
24 Doris Duke University, Rubenstein Library, Correspondence and related materials concerning transactions with Mr. Rabenou.
25 Pierrefitte-sur-Seine, Archives nationales, AJ 38/3 494, Commissariat général aux questions juives, dossier 1278, « Établissements Emir », rapport no 6.
26 Anne-Elizabeth Dunn-Vaturi, François Bridey et Gwenaëlle Fellinger, « “Unclaimed” Artworks Entrusted to French Museums after World War II. The Case of Near Eastern Art and Antiquities », RIHA Journal Special Issue, « The Fate of Antiquities in the Nazi Era », 2023.
27 Clare Goff, « Luristan in the First Half of the First Millennium B. C.: A Preliminary Report on the First Season’s Excavations at Baba Jan, and Associated Surveys in the Eastern Pish-i-Kuh », Iran, 6, 1968, p. 105-134; C. Goff, « Excavations at Baba Jan 1967: Second Preliminary Report », Iran, 7, 1969, p. 115-130; C. Goff, « Excavations at Baba Jan: The Architecture of the East Mound. Levels II and III », Iran, 15, 1977, p. 103-140 ; C. Goff, « Excavation at Baba Jan : The Pottery and Metal from Levels III and II », Iran, 16, 1978, p. 29-65 ; C. Goff, An archaeology in the making: Six Seasons in Iran, London, 1980 ; C. Goff, « Excavations at Baba Jan : The Architecture and Pottery of Level I », Iran, 23, 1985, p. 1-20 ; Wolfram Kleiss, « Die Medische Festung », dans W. Kleiss, P. Calmeyer, (éd.), Bisutun, Ausgrabungen und Forschungen in den Jahren, 1963-1967, Gebr. Mann Verlag, Berlin, 1996, p. 21-23 ; David Stronach & Michael Roaf, Nush-i Jan, the Major Buildings of the Median Settlement, British Institute of Persian Studies, Peeters, London, 2007 ; Kordevani, « Les fouilles de Tchogha Gavaneh », Bastan Chenasi va Honar-e Iran, Ministère de la Culture et des Arts, Tehran, 7/8, 1971, p. 30-35 ; Jørgen Meldgaard, Henrik Thrane & Peder Mortensen, Excavations at Tepe Guran, Luristan: Preliminary Report of the Danish Archaeological Expedition to Iran, 1963, E. Munksgaard, Copenhagen, 1964 ; Henrik Thrane, Excavations at Tepe Guran in Luristan: the Bronze Age and Iron Age periods, Jutland archaeological Society Hojberg, 2001 ; Hilary Gopnik & Mitchell Rothman, On the High Road: The History of Godin Tepe, Iran, Mazda Publishers in association with the Royal Ontario Museum, Costa Mesa, 2011.
28 Louis Vanden Berghe, La Nécropole de Khurvin, Publications de l’Institut historique et archéologique néerlandais de Stamboul, 1964 ; L. Vanden Berghe, « La nécropole de Bani Surmah », Archéologia, 24, 1968, p. 52-63 ; L. Vanden Berghe, « Excavations in Luristan, Kalleh Nisar », Bulletin of the Asia Institute, 3, 1973, p. 25-56 ; L. Vanden Berghe, « La nécropole de Chamzhi Mumah », Archéologia, 108, 1977, p. 52-63 ; L. Vanden Berghe, « Des tombes de l’âge du fer au Luristan : la nécropole de Djub-i Gauhar en Iran », Archéologia, 138, 1980, p. 32-47 ; L. Vanden Berghe, Vorgeschichtliche bronzekunst aus Iran: Katalog der ausstellung., Ausstellungskataloge der Prähistorischen Staatssammlung 8, München, Museum für Vor-und Frühgeschichte, 1981 ; Ernie Haerinck & Bruno Overlaet, Armes et outils miniatures en Afghanistan et en Iran à l’âge du bronze et à l’âge du fer, dans J. Deshayes, J. L. Huot, M. Yon, Y. Calvet (éd.), De l’Indus aux Balkans. Recueil à la mémoire de Jean Deshayes, Paris, Recherche sur les civilisations, 1985, p. 389-416 ; E. Haerinck & B. Overlaet, The Chalcolithic Period, Parchinah and Hakalan. Belgian Archaeological Mission in Iran. The Excavations in Luristan, Pusht-i Kuh, 1965-1979 (Luristan Excavation Documents 1), Brussels, Royal Museums of Art and History, 1996 ; E. Haerinck & B. Overlaet, « Chamahzi Mumah: An Iron Age III Graveyard » (Luristan Excavation Documents 2), Acta Iranica, 33, Peeters, Lovanii, 1998 ; E. Haerinck, B. Overlaet, « Djub-i Gauhar and Gul Khanan Murdah: Iron Age III Graveyards in the Aivan Plain » (Luristan Excavation Documents 3), Acta Iranica, 36, Peeters/Leuven, 1999 ; B. Overlaet, « The Early Iron Age in the Pusht-i Kuh, Luristan » (Luristan Excavation Documents 4), Acta Iranica, 40, Peeters/Leuven, 2003 ; E. Haerinck & B. Overlaet, « The Iron Age III Graveyard at War Kabud, Pusht-i Kuh, Luristan » (Luristan Excavation Documents 5), Acta Iranica, 42, Peeters/Leuven, 2004 ; E. Haerinck & B. Overlaet, « The Chronology of the Pusht-i Kuh, Luristan, Results of the Belgian Archaeological Mission in Iran », dans K. Von Folsach, H. Thrane, I. Thuesen (éd.), From Handaxe to Khan. Essays Presented to Peder Mortensen on the Occasion of his 70th Birthday, Aarhus, Aarhus University Press, 2004, p. 118-136 ; E. Haerinck, B. Overlaet, « Bani Surmah: An Early Bronze Age Graveyard in Pusht-i Kuh, Luristan » (Luristan Excavation Documents 6), Acta Iranica, 43, Peeters/Leuven, 2006 ; E. Haerinck & B. Overlaet, « The Kalleh Nisar Bronze Age Graveyard in Pusht-i Kuh, Luristan » (Luristan Excavation Documents 7), Acta Iranica, 46, Peeters/Leuven, 2008 ; E. Haerinck & B. Overlaet, « Early Bronze Age Graveyards to the West of the Kabir Kuh, Pusht-i Kuh, Luristan » (Luristan Excavation Documents 8), Acta Iranica, 50, Peeters/Leuven, 2010 ; E. Haerinck, B. Overlaet & Z. Jaffar-Mohammadi, « Finds from Khatunban B, Badavar Valley (Luristan) in the Iran Bastan Museum », Teheran, Iranica Antiqua, 39, 2004, p. 105-168.
29 Ata Hasanpur, Zahra Hashemi & Bruno Overlaet, « The Baba Jilan Graveyard near Nurabad, Pish-I Kuh, Luristan, A preliminary report », Iranica Antiqua, 50, 2015, p. 171-212.
30 Yaghoub Mohammadifar, Peyman Mansouri & Hassan Rezvani, « Preliminary Report on the Salvage Excavation at the Kolaseg, Guilan-E Gharb of Kermanshah, Iran », in Global Journal of Human-Social Science, History, Archaeology & Anthropology, 14/2, version I, 2014, p. 29-48 ; Reza Naseri, Mehrdad Malekzadeh & Ali Naseri, « Gunespan, a Later Iron Age Site in the Median Heartland », in Iranica Antiqua, 51, Peeters/Leuven, 2016, p. 103-139.
31 Zahra Hashemi, Mehrdad Malekzadeh & Ata Hasanpour, « Sangtarashan : l’âge du fer au Pish Kuh du Luristan », Acta Iranica, 62, Peeters/Leuven, 2023.
32 J. de Morgan, La Préhistoire orientale, t. III, « L’Asie antérieure », Paul Geuthner, 1927, fig. 313, no 3.
33 Godard, 1931, 56-59, pl. XXI-XXIII.
34 Nous remercions la famille David-Weill et Madame Nathalie Petitdidier pour l’accès aux archives.
35 Bruxelles, Archives des musées royaux, dossiers BE-380469-1-2013 et 2024.
36 G. Contenau & R. Ghirshman, op. cit. note 20, 1935, pl. V-6.
37 E. Haerinck, B. Overlaet & Z. Jaffar-Mohammadi, art. cité note 28, 2004, pl. 14, 15.
38 Ibid., pl. 5.
Haut de pageTable des illustrations
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Légende | Figure 1. La carte de la région du Luristan avec les sites archéologiques majeurs, fouillés depuis les années 1930. © Zahra Hashemi |
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Légende | Figure 2. Étendard du Luristan, Ier millénaire avant J.-C., alliage de cuivre, H. : 0,13 m ; Largeur : 0,62 m, Londres, British Museum, acheté au capitaine Felix Jones en 1854, BM 115514. © The Trustees of the British Museum. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/35522/img-2.jpg |
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Légende | Figure 3. Couverture du catalogue de vente « Objets d’art iraniens » des 21 et 22 juin 1960 à l’Hôtel Drouot, conservé à la Bibliothèque nationale de France. Photographie des autrices. |
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Légende | Figure 4. Les Hallebardes du Luristan. À gauche : Hallebarde, alliage de cuivre, provenant de la collection David-Weill, Paris, musée du Louvre (AO 25015). Longueur : 17cm, Largeur : 13,3 cm. © Photos : Zahra Hashemi. À droite : Hallebardes, alliage de cuivre, provenant du site archéologique de Sangtarashan, musée de Falakolaflak (n° 1398 & n°1399), Khorramabad (Luristan, Iran). Longueur : 16 cm, Largeur : 11,8 cm / Longueur : 19,8 cm, Largeur : 13,5 cm. Photos : Zahra Hashemi, 2018. Dessins : Naimeh Ghabaie. |
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Légende | Figure 5. Fiche d’inventaire, papier, archives privées de la collection David-Weill. © Autorisation de publication donnée par Madame Hélène David-Weill. |
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Légende | Figure 6. Site de Sangtarashan, un dépôt votif d’objets métalliques contentant un exemple de hallebarde du Luristan, objets in situ. © Photo : Mission archéologique du site de Sangtarashan, 2005. |
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Légende | Figure 7. Site de Sangtarashan, un dépôt votif d’objets métalliques contentant la hallebarde (N° 1399) comparable à celle du musée du Louvre, objets in situ. © Photo : Mission archéologique du site de Sangtarashan, 2005. |
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Légende | Figure 8. Mors de cheval, alliage de cuivre, provenant de la collection Godard, Paris, musée du Louvre (AO13878). Hauteur : 13 cm, Longueur : 18,5 cm, Largeur : 11 cm. Photo : Zahra Hashemi, 2023. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/35522/img-8.png |
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Pour citer cet article
Référence électronique
Anne-Lise Guigues et Zahra Hashemi, « La vie, la mort et la résurrection des objets archéologiques », Les Cahiers de l’École du Louvre [En ligne], 23 | 2024, mis en ligne le 12 décembre 2024, consulté le 15 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/35522 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12ydq
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