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Les calebasses nka’a kügha : du contexte d’origine à la mise en exposition en Europe

Nka’a kügha calabashes: from their original context to their exhibition in Europe
Ninon Arbez-Gindre

Résumés

Les mâchoires des ennemis tués par les Bamoun étaient suspendues aux calebasses qu’on nomme nka’a kügha. Ces symboles de victoire faisaient l’objet de rituels et étaient considérés comme des regalia de la dynastie. Durant la période coloniale, ils deviennent des artefacts de collecte par les Européens, en particulier les missionnaires. Leur acquisition provoque une rupture avec leur contexte d’origine et une défonctionnalisation. Les calebasses sont alors réemployées dans un but de propagande, notamment pour justifier les actions missionnaires sur le terrain et démontrer leur efficacité. Cet article propose une analyse d’un ensemble de quatre calebasses nka’a kügha du Royaume bamoun (Cameroun) collectées par la Société des missions évangéliques de Paris (SMEP) dans les années 1920-1930 et désormais conservées au British Museum et aux musées d’ethnographie de Neuchâtel et de Genève. Entre circulation, réutilisation dans divers univers sociaux, reconnexion au contexte d’origine et restitution, les calebasses sont au cœur des problématiques muséales contemporaines, à commencer par celle de l’exposition d’œuvres composées de restes humains.

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Texte intégral

1Cet article propose une analyse d’un ensemble de quatre calebasses nka’a kügha du Royaume Bamoun au Cameroun, dont deux sont conservées au musée d’ethnographie de Genève (numéros d’inventaire : ETHAF 013445 et ETHAF 013445-b.), une à celui de Neuchâtel (numéro d’inventaire 67.10.38), une dernière au British Museum (numéro d’inventaire : Af 1929,0808.6). Toutes quatre ont été collectées par les missionnaires de la Société des missions évangéliques de Paris (SMEP) dans les années 1920-1930.

  • 1 Christraud M. Geary, Les Choses du Palais. Catalogue du musée bamoun à Foumban (Cameroun), Wiesbade (...)
  • 2 C. M. Geary, Bamum, Collection Visions of Africa, Milan, 5 Continents, p. 11.
  • 3 Sultan Njoya, Histoire et coutumes des Bamum, Paris, Mémoire de l’Institut d’Afrique noire, 1952, p (...)

2Les calebasses nka’a kügha proviennent initialement du royaume Bamoun, à l’ouest du Cameroun. La tradition orale fait remonter la fondation de celui-ci à 1394, date à laquelle commence le règne de Nshare Yen, le premier souverain Bamoun1. Cette date est cependant contestée par les historiens, qui estiment que cet État est vraisemblablement fondé à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle par ce même Nshare Yen, originaire de Rifum, État tikar. Ce peuple se fait alors appeler « Pa Mom » (« Ceux qui se cachent » selon une des multiples traductions) et le nom Pa Mom devient Bamum/Bamun dans les écrits des colonisateurs allemands2, puis Bamoun/Bamoum sous la colonisation française. Ce premier souverain vainc les chefs sur ce territoire et le royaume s’agrandit progressivement par une politique militaire expansionniste, en particulier à partir du roi Mbuembue Mandù (1757-1817), poursuivie par Nsangu (1863-1876). Des guerres sont menées contre différents peuples tels que les Peuls et les Nso. Ces conquêtes sont racontées par le roi Njoya (1860-1933), qui liste les peuples conquis et les guerres menées par ses prédécesseurs, notamment Mbuembue, qui aurait vaincu quarante-huit rois3.

3Les calebasses nka’a kügha s’inscrivent dans les rites en lien avec la guerre. D’ailleurs, en langue bamoun, nka’a signifie « calebasse » et kügha « lieu des rites ». Ces objets sont composés d’une calebasse entourée sur la panse d’un tressage de fibres. Des mandibules de leurs ennemis rapportées par les guerriers Bamoun sont suspendues par des fils à la calebasse, que des anses en fibres tressées servent à tenir.

4Ces calebasses se démarquent par leur capacité à s’insérer dans divers contextes sociaux et à être des vecteurs d’interactions sociales à travers une forme d’agentivité spécifique liée à leur nature composite, rituelle et guerrière. Ce concept est intéressant à étudier, car ces objets changent de sens au gré de leur circulation et de leur réutilisation dans divers univers sociaux. La présente étude s’articule en trois axes retraçant leurs parcours de leur contexte d’origine, guerrier et rituel, à leur remploi comme objets de propagande chrétienne pour enfin rejoindre expositions et musées en Europe.

Le contexte d’origine : des calebasses pour la guerre et les rites

Naissance des calebasses de guerre

  • 4 Propos concernant les différentes versions recueillis par le prince Sadou Njoya auprès du directeur (...)

5Concernant le début de cette pratique, il existe plusieurs versions dans la tradition orale4. La première raconte que le onzième roi Mbuembue aurait à son époque inventé les calebasses nka’a kügha, dont l’émergence coïncide avec ses réformes et la mise en place d’un art de la guerre. À son époque, Mbuembue met par ailleurs en place le poste de Tupanka (ministre de la Défense). La deuxième version attribue l’apparition des calebasses à ce nouveau ministre qui usurpe le trône aux petits-fils de Mbuembue pour devenir le roi Gbetkom (1814-1817). Ce dernier souhaite, par ces objets de guerre, montrer sa puissance. Les petits-fils de Mbuembue reconquièrent ensuite le trône et succèdent à l’usurpateur. Il paraît peu probable que ces derniers aient alors conservé des pratiques établies par Gbetkom, réputé pour sa cruauté et détesté dans tout le royaume. Une autre théorie explique ainsi que cette tradition aurait été reprise chez leurs ennemis, qui ont ensuite été intégrés au sein du royaume.

  • 5 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)

6Les artisans racontent de leur côté que la pratique aurait commencé à l’époque de Mbuembue, version retenue par le musée des Rois Bamoun de Foumban5. Les artisans du palais fabriquaient les calebasses, certains sur commande du sultan là où d’autres lui en offraient ou apportaient les plus belles d’entre elles sur ordre du roi. Cette pratique familiale est toujours exercée aujourd’hui par les descendants de ceux qui les exécutaient. La conception était donc faite en deux temps : la calebasse seule par les artisans du palais puis la décoration de la calebasse avec la pose de la mâchoire et les rituels notamment sacrificiels, que nous verrons plus loin.

Rôle des calebasses nka’a kügha dans les rituels et la guerre

  • 6 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)
  • 7 Claude Tardits, L’Histoire singulière de l’art bamoum : Cameroun, Paris, Afredit/Maisonneuve & Laro (...)
  • 8 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 43.
  • 9 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)
  • 10 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 131.

7Pendant le combat, le guerrier essayait de décapiter son adversaire au coupe-coupe et il était secondé par un deuxième guerrier. Ce coupe-coupe possédait une forme en V pour briser la nuque de l’adversaire6. Les têtes, en tant que témoignages de ces faits de guerre, étaient rapportées à Foumban avec les captifs et le butin. Dans les croyances bamoun, la tête était le « siège de la force vitale attribuée à l’homme7 ». Elle était aussi considérée comme « l’expression de la continuité de la royauté » et détenait une place essentielle dans le rituel royal des Bamoun8. Les guerriers bamoun rapportaient la tête de leur ennemi pour certifier qu’il était bien mort et ainsi tester la loyauté du guerrier, le corps étant en outre trop lourd à transporter9. Selon ce système de croyances, les têtes des ennemis se détournaient du roi à l’inverse des soldats bamoun qui restaient dirigés vers lui10. Les calebasses pouvaient être ainsi un moyen d’intimidation des ennemis et de démonstration de la puissance de l’armée bamoun conduite par le souverain. L’agentivité de la calebasse de guerre s’exprime dans la capacité de ces objets à véhiculer la férocité des Bamoun et à susciter la crainte chez leurs ennemis. Dans le cas des Bamilékés, cet impact psychologique est fort dans la mesure où le culte des crânes les privait de rites et de lien avec leurs ancêtres.

  • 11 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 128.

8Après quelques jours de repos, la célébration de la victoire du Ngu (Royaume) se tenait sur la place des fêtes yié yen nja. Lors de ces festivités, les soldats vainqueurs et ceux qui avaient fait des prisonniers dansaient, tandis que les autres jouaient du tambour. Les mâchoires des adversaires ornaient les colliers des vainqueurs. Les soldats présentaient les crânes au roi et recevaient leur récompense. Le soldat vainqueur remportait la mâchoire inférieure tandis que l’autre guerrier qui l’avait assisté recevait le reste du crâne11. Les guerriers pouvaient aussi offrir les têtes au roi, ou ce dernier choisir de les garder, en particulier pour les crânes des ennemis. Le Tupanka (ministre de la Défense) et le Tita Ngu (ministre de la Justice du Royaume) pouvaient également en recevoir.

  • 12 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 132.
  • 13 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)
  • 14 Ibid.
  • 15 S. Njoya, op. cit. note 3, p. 34.

9Lors de la fête du Ngu, les guerriers se présentaient avec leurs calebasses nka’a kügha tout comme lors des réunions des membres du Nsorro, ou « Société de lignage »12 – société secrète d’un peuple conquis et qui a été reprise par les Bamoun. La calebasse détenait une fonction de récipient pour le vin de palme, réputé pour être meilleur, plus pétillant et plus frais lorsqu’il était conservé dans la calebasse13. Cela portait chance sur le champ de bataille où les guerriers effectuaient deux fois plus d’efforts pour avoir le privilège de boire dedans ; certaines calebasses voyageaient d’ailleurs sur le champ de bataille14. Le roi Njoya raconte dans son livre Histoire et coutumes des Bamum qu’un souverain adverse, qui s’était soumis sans se battre, était autorisé à boire à la même calebasse que le roi vainqueur – on suppose qu’il s’agit là de la calebasse de guerre15.

Un marqueur de la bravoure et du rang du soldat

  • 16 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)

10Après la fête du Ngu, le guerrier retournait au lieu d’habitation de son lignage et de nouvelles festivités commençaient. La mâchoire inférieure était suspendue à une calebasse par la société secrète Mêt Ngu et avant ou moment de la pose de la mâchoire, ils l’aspergeaient de sang pour donner de la sacralité à la calebasse16.

  • 17 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)

11Si un crâne de mouton était remis au soldat en même temps que la calebasse, cela signifiait que le guerrier avait secondé le roi pour tuer un ennemi, reconnaissance qui constituait un grand honneur17. Comme les guerriers ayant vaincu un ennemi pouvaient y boire et procéder avec elles à des sacrifices, les calebasses représentaient pour eux un symbole de puissance et de bravoure.

  • 18 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)
  • 19 Claude Tardits, Le Royaume bamoun, Paris, EDISEM, Publications de la Sorbonne, Librairie Armand Col (...)
  • 20 Julien Volper, « La Mort et son numéro d’inventaire. Quelques réflexions autour des crânes humains (...)

12Des rites étaient sans doute menés par le Mon fon kâben en présence du roi, du Tita Ngu, du Tupanka et de la société secrète du palais Mêt Ngu afin de donner une dimension spirituelle à leurs calebasses de guerre18. La société secrète du palais Mêt Ngu avait notamment pour rôle la sécurité du royaume et la réalisation des obligations fondamentales pour le roi19. Les calebasses du roi étaient conservées dans la case sacrée Nda Ngu (« Maison du Royaume »), une pièce secrète où seul le roi avait accès. Une autre partie était conservée chez le Tupanka et le Tita Ngu. Le musée des Rois bamoun de Foumban en possède toujours une dans ses collections, qui renvoie aux expéditions militaires menées contre les Peuls20.

  • 21 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 132
  • 22 Ibid., p. 131.

13La bravoure du soldat était mesurée au nombre de mâchoires sur sa calebasse et ceux qui en possédaient peu éprouvaient un sentiment de honte pour avoir accompli si peu d’exploits21. Les calebasses étaient conservées au sein des lignages, et ces objets personnels témoignaient des accomplissements de chaque guerrier22.

Figure 1. Anonyme, Royaume bamoun, Foumban, Cameroun. Calebasse rituelle. Fibres, calebasse, mâchoires. Hauteur : 18 cm. Londres, The British Museum, numéro d’inventaire : Af 1929,0808.6. © The Trustees of the British Museum

  • 23 Ibid., p. 132.
  • 24 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)
  • 25 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)

14Les rois possédaient également leurs propres calebasses nka’a kügha, qui se démarquaient par un bouchon en forme de serpent à deux têtes. Les gens du palais fermaient leurs calebasses par des feuilles de palmier, alors que les gens du peuple faisaient usage de feuilles de bananier23. Ces calebasses étaient considérées comme des regalia du pouvoir. Certaines étaient même emmenées sur le champ de bataille24. La taille avait son importance, puisque les calebasses du roi étaient très grandes, celles du Tupanka (ministre de la Défense) aussi. Les soldats de la Mêt Ngu, société secrète qui faisait partie de l’armée de réserve, avaient leur propre typologie de calebasses, tout comme les guerriers sous la coupe du Tupanka. Par sa taille peu élevée et sa simplicité, la calebasse conservée au British Museum (fig. 1) appartenait probablement au ministère du Tita Ngu (ministre de la Justice du Royaume, responsable de la société secrète Mêt Ngu) à un grand guerrier comme le suggère la taille volumineuse de la mâchoire au sommet25. Concernant celles du musée d’Ethnographie de Genève, l’hypothèse est qu’elles auraient appartenu au lignage de Mose Yeyap puisque ce dernier possédait une collection.

Figure 2. Anonyme, Royaume bamoun, Foumban, Cameroun, Calebasse « trophée ». fibres, calebasse, mâchoires, musée d’ethnographie de Neuchâtel, numéro d’inventaire : 67.10.38.

  • 26 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de (...)
  • 27 Propos recueillis le 29 septembre 2024 du prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois b (...)

15Quant à la calebasse conservée au musée d’ethnographie de Neuchâtel (fig. 2), le propriétaire était peut-être membre d’une société secrète, si l’on en croit les traces de sang sacrificiel et la position inhabituelle inversée de la mâchoire26. Les membres des sociétés secrètes possédaient des calebasses avec des cauris et d’autres éléments tels des cornes, à l’image de celle du musée du quai Branly-Jacques Chirac (73.1992.0.30). Cependant, son nom vernaculaire est renseigné : Tou Ngu, signifiant « la tête pensante du Royaume ». En raison de ce titre faisant référence au fait de guider le royaume, cette calebasse aurait pu appartenir au roi ou alors être constituée de mâchoires de chefs ennemis. En effet, chaque calebasse avait sa propre fonction27. Il est néanmoins difficile de déterminer avec certitude la fonction de ces différentes calebasses nka’a kügha, ou de leur propriétaire en se fondant sur ces observations. Il serait intéressant de mener une étude approfondie en lien avec le musée des Rois bamoun de Foumban et la direction des Affaires culturelles du royaume.

  • 28 Jacques Aymeric Nsangou, Sous la cendre d’un monument incendié à Foumban (Ouest-Cameroun), Paideuma (...)

16Il convient de signaler, enfin, que l’association entre guerre et calebasse était telle qu’elle était très souvent représentée dans les arts. La Nshut Nsem, porte d’entrée du royaume bâtie au XVIIIe siècle (fig. 3), était ornée d’un guerrier, de son faisceau de lances et d’une calebasse de guerre exécutés semble-t-il par Ibrahim Njoya28. Cette calebasse à la forme très reconnaissable est d’ailleurs conservée aujourd’hui au Musée des Rois bamoun de Foumban.

Figure 3. Peinture murale de l’artiste Ibrahim Njoya représentant un guerrier et une calebasse de guerre (à gauche), porte d’entrée de Foumban, capitale du Royaume bamoun, vers 1930. La photographie a été prise par le pasteur Jean Rusillon après 1930 et transmise au musée d’ethnographie de Genève en 1979. © MEG, Archives photographiques

17Ainsi, le concept d’agentivité prend son sens ici, puisque ces calebasses nka’a kügha s’insèrent dans un univers social normé et participent à la démonstration de cette hiérarchisation et de la puissance de chaque individu. Plus une personne était importante et plus le nombre de mâchoires et la taille étaient élevés. Ce bien jouait un rôle dans les interactions sociales et agissait comme une récompense pour les efforts fournis par le soldat. Boire à la calebasse permettait aux guerriers d’être vus, de se distinguer des autres. Lors des festivités, les plus grands combattants avaient certainement le privilège de se trouver dans un espace spécial près du roi.

Les calebasses comme « trophées de victoire » en contexte missionnaire

Sous la plume missionnaire : « calebasse-trophée » ou « trophée de victoire »

  • 29 Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa et al., La Guerre du Cameroun : l’invention de la (...)
  • 30 Propos recueillis le 29 septembre 2024 du prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois b (...)
  • 31 Ibid.

18À la fin du XIXsiècle, les colonisateurs européens se disputent le territoire correspondant au Cameroun actuel. En 1884, celui-ci devient officiellement une colonie allemande appelée Kamerun. À la suite du traité de Versailles, l’Allemagne est cependant dépossédée de ses colonies29. De 1919 à 1959, le Cameroun est administré par le gouvernement français en tant que territoire africain sous mandat. L’arrivée des colonisateurs, l’arrêt des guerres locales entre voisins, l’émergence du christianisme et la conversion du Royaume à l’islam sont vraisemblablement à l’origine de la fin de la pratique de création de calebasses de guerre. L’arrêt de la confection de ces calebasses ne signifie pas l’arrêt des rituels les concernant. Auparavant la calebasse était aspergée de sang humain lors des rituels, en particulier des chefs de lignage qui refusaient de se soumettre et préféraient mourir – leur mâchoire était d’ailleurs récupérée alors que ceux qui se soumettaient intégraient le royaume30. Ensuite avec ce changement de contexte, le sang de mouton a remplacé le sang humain et une reconversion de la fonction de l’objet s’opère : les calebasses nka’a kügha sont désormais utilisées pour commémorer les guerriers de l’époque31. Cela montre bien que même au sein de son contexte d’origine, la fonction d’un objet n’est pas fixe et évolue dans le temps, restant connecté avec les pratiques présentes.

  • 32 Cette partie est inspirée de mon mémoire : Ninon Arbez-Gindre, Circulations des collections, savoir (...)

19Ces dernières font aussi partie des objets collectés par les colonisateurs européens et les quatre calebasses que nous étudions ici se retrouvent entre les mains des représentants de la Société des missions évangéliques de Paris (SMEP)32.

20La SMEP est fondée en 1822. D’entrée de jeu, elle est indépendante des Églises officielles luthérienne et réformée33. En 1917, elle installe un champ de mission au Cameroun, récupérant les biens de la Mission de Bâle mis sous séquestre. L’article premier du règlement de la Société des missions évangéliques chez les peuples non chrétiens, établie à Paris, stipule que son objectif est « de propager l’Évangile parmi les païens et autres peuples non chrétiens34 ». Ses actions se concentrent alors sur l’extension de son influence, l’établissement des « œuvres scolaires et médicales », l’impression de livres et la traduction des textes sacrés dans les langues locales.

21Dans ce contexte de colonisation, les calebasses nka’a kügha bamoun attirent l’attention des colons européens, en particulier des missionnaires de la SMEP qui veulent conduire les populations à abandonner leurs pratiques culturelles rituelles et les objets associés. Ces calebasses deviennent à ce moment, sous la plume de ces missionnaires, des symboles du « paganisme » local et des objets ethnographiques s’éloignant de leur fonction d’origine en raison de ce changement de contexte. Parmi les missionnaires, les pasteurs Frank Christol et Henri Nicod, ainsi que le docteur Josette Debarge collectent plusieurs calebasses nka’a kügha. Ces objets alimentent les récits missionnaires, notamment dans le Journal des missions évangéliques de Paris où Christol met en scène la calebasse conservée au British Museum (fig. 1) :

  • 35 Frank Christol, Journal de la Société des missions évangéliques de Paris, 1929, p.102.

« J’ai actuellement devant les yeux un trophée plus sanglant encore : une calebasse rapportée de Foumban. Elle porte sur ses flancs trois mâchoires inférieures d’ennemis tués par le possesseur de la calebasse ! Pour éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et l’ombre de la mort !… Béni soit le Seigneur qui dans sa grande miséricorde a arrêté l’effusion du sang en terre bamilékée ! Rendons aussi hommage aux gouvernements coloniaux qui ont apporté la paix en arrêtant définitivement les guerres tribales. Ah ! ces guerres de sauvages, on peut supposer ce que cela pouvait être en fait de cruauté35 ! »

22Ce texte au vocabulaire très connoté et péjoratif témoigne de la volonté de démontrer au lecteur le « paganisme », les pratiques « sanglantes » et la « cruauté » des populations locales et servait à justifier l’évangélisation pour inciter le lecteur à rejoindre la mission – qui manquait de personnel – et encourager les dons. Le texte décrivant la calebasse s’accompagne d’une prière louant les bénéfices des actions des missionnaires et du gouvernement et montrant leur rôle dans la « paix » afin de glorifier leurs actions. Une simplification de leur fonction s’opère donc, gommant toute la complexité des croyances et des pratiques associées à ces objets afin de les réduire à des armes de guerre « barbares » entre « tribus ». Dans l’ouvrage Sur les sentiers de l’Afrique équatoriale (1931), Henri Nicod emploie ce même terme de « trophée de guerre » pour désigner les calebasses qu’il a photographiées. La médecin missionnaire Debarge dans ses notes emploie lui aussi les mots de « calebasse-trophée » et de « curieuse coutume »36.

  • 37 Ce terme est issu du latin facticius et provient du portugais feitiço soit « artificiel » utilisé p (...)

23Sous la plume de ces collecteurs, les calebasses nka’a kügha deviennent ainsi des « calebasses-trophées » caractérisées par les missionnaires-collecteurs, qui utilisent le vocabulaire européen, comme des « trophées ». Pour les missionnaires, ces objets font partie des coutumes à combattre, au côté des « fétiches »37. Malgré la dimension cultuelle de ces objets, ces évangélisateurs gardent plutôt le terme de « trophée » et non de « fétiche », considérant l’objet principalement sous l’angle guerrier, oubliant également sa dimension spirituelle. Les calebasses deviennent dès lors des curiosités ethnographiques à collecter pour nourrir leur imaginaire, ainsi que leur intérêt intellectuel pour ces cultures.

  • 38 Steven Hopper, « La collecte comme iconoclasme », Gradhiva. Revue d’anthropologie et d’histoire des (...)
  • 39 Laurick Zerbini. « La collecte missionnaire comme forme de disqualification, de mésusage ou d’icono (...)
  • 40 Ibid., p. 40.

24Cette contradiction entre volonté de mettre fin aux coutumes considérées comme « sanglantes » et « païennes » et souhait de préserver ces objets ethnographiques peut s’expliquer de plusieurs façons. Dans le cas des objets cultuels, les activités de préservation comme de destruction ne sont pas incompatibles, car, selon Steven Hopper, les missionnaires veulent préserver la preuve de leurs actions de destruction des « idoles » à savoir la désacralisation et l’humiliation38. De plus, la collecte tout comme la muséification des objets constituent un acte de désacralisation transformant le statut de l’objet39. Préservés, recontextualisés et refonctionnalisés comme preuves de la destruction de l’idolâtrie, ces objets se situaient, selon Laurick Zerbini, dans une démarche iconoclaste de destruction du sens des images religieuses par la confiscation, la désacralisation et la neutralisation de leur essence spirituelle, la monstration et l’emploi d’un vocabulaire péjoratif disqualifiant40. Nous pourrions étendre ces théories sur les objets cultuels aux calebasses de guerre, puisque ces dernières sont désignées sous des termes péjoratifs et remployées dans des expositions de propagande missionnaire comme témoignages matériels de la « barbarie » des populations locales.

Propagande religieuse : utilisation des calebasses dans les expositions et les musées missionnaires

  • 41 Émilie Gangnat, « De l’Afrique aux paroisses de France : les expositions de la Société des missions (...)
  • 42 Charles Perrier, « Qu’est-ce qu’une exposition missionnaire ? », L’Ami des missions, novembre 1928, (...)

25La SMEP dispose de ses propres collections d’objets qui servent pour les expositions. Les missionnaires les leur prêtent ou les leur offrent. Les expositions missionnaires sont organisées partout en France et dans des pays voisins, et ont un but de propagande et d’enseignement pour faire connaître la Société et susciter l’engouement parmi les populations41. Le document Qu’est-ce qu’une exposition missionnaire ? écrit par Charles Perrier nous permet de saisir le regard des évangélistes sur ces objets. Pour ceux-ci, l’idée est d’élever les populations « primitives » à une moralité et une spiritualité correspondant aux idéaux religieux de la civilisation occidentale. Les objets, en particulier les objets rituels, au sein de ces expositions, dénués de leur fonction première, deviennent des « trophées de victoire »42. L’objet collecté est pour eux la preuve matérielle de l’efficacité de l’évangélisation et de la victoire de la foi sur le « paganisme ». D’ailleurs, un stand est monté au sein des expositions, baptisé « Trophées d’évangile », pour illustrer cette « victoire » de la mission chrétienne sur le « paganisme » des populations locales. Cela se traduit selon la vision de ces protagonistes par l’abandon au missionnaire des objets et l’arrêt des pratiques rituelles par les populations converties. Or, nous pouvons supposer que certaines stratégies étaient mises en place par les individus pour continuer leurs pratiques religieuses et l’abandon des objets aurait pu avoir pour but de berner le missionnaire en supprimant la preuve matérielle.

26La plus grande démonstration de la SMEP est l’Exposition coloniale internationale de 1931, organisée à la demande d’Hubert Lyautey, son commissaire général43. À cette occasion, la SMEP demande aux missionnaires sur le terrain des objets à présenter, et une liste exhaustive leur est envoyée. Représentant une multitude de domaines, cette liste met l’accent sur les objets cultuels à collecter, témoins des croyances locales et de la nécessité des missions, et la catégorie guerre y figure également44. Parmi ceux qui reçoivent cette demande figurent Henri Nicod, en poste à Ndoungué, et le docteur Josette Debarge. Cette dernière envoie une série d’objets Bamoun, dont trois calebasses à mâchoires. Pour la partie de l’exposition sur le Cameroun, trois caisses d’objets transitent des stations missionnaires vers Douala, à l’ouest du Cameroun, et embarquent sur le vapeur Canada le 25 février 1931 pour arriver ensuite à Marseille. Elles sont enfin expédiées par le transporteur J. Hains & Cie vers Bercy Douane, à Paris45. La SMEP ne récupérant pas les marchandises dès leur arrivée en gare de Bercy Douane, est avertie le 2 mai 1931 que les caisses étaient « en souffrance » et qu’il fallait les retirer au plus vite pour éviter l’accumulation de frais46.

  • 47 « Liste des objets envoyés au Docteur Jean Roux au musée de Bâle », Carton « Exposition 1931 », (...)
  • 48 « Liste des objets envoyés à M. Pittard », 9 décembre 1931, Carton « Exposition 1931 », Dossier « (...)
  • 49 Lettre de Jean Roux au directeur Allégret, 2 octobre 1931, Bâle, Dossier « Exposition 1931 Divers (...)

27Certains objets envoyés par les différents champs de mission sont en outre détériorés ou cassés par ce long acheminement. Le docteur Debarge profite de cette occasion pour transmettre directement après l’Exposition les objets, dont les calebasses, aux musées d’ethnographie de Bâle47 et de Genève48, ce qui leur permet d’économiser les frais de transport vers la France, puisque la SMEP les prend en charge. Cette dernière économise quant à elle les frais de retour, car le musée paie le transport et la douane. D’après la lettre de Jean Roux, la famille du docteur à Genève conformément à sa demande aurait reçu de l’argent concernant l’acquisition de la collection du docteur49. Les objets peuvent ainsi sortir plus facilement du territoire, et les missionnaires profitèrent de l’Exposition pour les faire circuler. Cet exemple témoigne de la valeur marchande des objets qui sont au cœur de transactions matérielles.

Figure 4. Photographie anonyme, Stand « Caméroun », Exposition coloniale internationale de 1931, Pavillon des missions protestantes, Bibliothèque du Défap, Service protestant de mission.

  • 50 Journal des missions évangéliques, 1931, p. 438.
  • 51 Élie Allégret, « L’Exposition des missions protestantes », Rapport général présenté par le gouverne (...)

28L’agentivité de ces objets est telle que le stand du Cameroun (fig. 4) présente l’une des trois « calebasses-trophées » du docteur Debarge en son centre, pour mettre en avant sa singularité. Par ce choix scénographique, le visiteur pénétrant dans l’installation est immédiatement confronté à cette calebasse composée de restes humains, ceci probablement pour le choquer. La scénographie accentue le fait que les objets présentés sont considérés comme « des trophées de victoire de l’Évangile sur le paganisme, ou des preuves de transformations qu’a pu apporter, dans des individus ou chez des peuples, la Vérité dévoilée50 ». La valorisation des missionnaires, qui sauvent les indigènes par la propagation de la foi chrétienne, est au centre de l’espace d’exposition. Allégret rappelle que le but des stands est surtout de montrer les effets des principes de l’Évangile sur les populations, plus encore que de rappeler les objets que celles-ci confectionnent51.

  • 52 SMEP, « Livret-Guide du Visiteur » du Pavillon des Missions protestantes, Exposition coloniale inte (...)
  • 53 Floriane Morin, « Mose Yeyap (1895-1941), cet “éminent révolutionnaire”… », Totem : Journal du Musé (...)

29Le mode d’acquisition de la calebasse du docteur Debarge est mentionné dans le livret de l’Exposition coloniale internationale de 1931 : « Objet extrêmement rare, abandonné au missionnaire après la conversion du propriétaire qui avait cessé de croire dans la puissance de son fétiche52. » Il n’est pas précisé que Mose Yeyap, cousin et opposant du sultan Ibrahim Njoya converti au protestantisme par la SMEP, était à l’origine de l’acquisition des calebasses du Docteur Debarge. Mose Yeyap (1895-1941) les a transmis au docteur Debarge53. Il s’agit donc d’une présentation orientée à des fins de propagande, qui efface le parcours réel de l’objet en simplifiant son mode d’acquisition, présenté ici comme un abandon. Sortie de son contexte, la calebasse nka’a kügha est recontextualisée à l’Exposition tandis que le rôle de Mose Yeyap a été supprimé.

Les calebasses de guerre nka’a kügha comme objets ethnographiques et patrimoniaux en contexte muséal

Enrichissement des collections muséales

30Dès le XIXe siècle et tout au long du XXe, les musées européens enrichissent leurs collections d’objets ethnographiques du fait d’un intérêt croissant pour cette discipline et d’ambitions coloniales. Face à la modernisation imposée par les colons, qui menace de faire « disparaître » les cultures traditionnelles selon la vision de l’époque, l’enjeu pour ces Européens est de sauvegarder la mémoire par la collecte des objets caractéristiques des autochtones54. Dans cette optique, Eugène Pittard, le fondateur du musée d’ethnographie de Genève (MEG), lance en 1921 un appel aux dons55. Dans les années 1930, l’anthropologue suisse continue de collecter des fonds et s’informe auprès de son entourage, souhaitant recueillir des objets dénués de toute influence européenne56. De nationalité suisse, le médecin-missionnaire Josette Debarge se renseigne pour le conservateur du MEG, notamment sur les calebasses, et lui fournit des notes plutôt détaillées recueillies auprès de Mose Yeyap57. Dans le même esprit, le missionnaire Frank Christol est chargé de collecter des objets pour le British Museum, fait mentionné d’ailleurs dans les écrits de son collègue missionnaire Dieterlé58, mais là encore, les sources que nous avons consultées ne nous ont pas permis de comprendre la nature des relations de cet homme avec l’institution londonienne. Le contexte de collecte de ces objets, leur origine et leurs divers propriétaires nous demeurent donc inconnus.

  • 59 F. Morin, op. cit. note 53, p. 6.
  • 60 Ibid., p. 6.
  • 61 Ibid., p. 8.

31C’est Mose Yeyap qui se charge de trouver des objets « rares et précieux » pour le compte du docteur Debarge, en particulier des calebasses59. Or, au travers de ses propos sur le patrimoine se devine une ambition politique : la destitution du souverain, ébranler son aura et lui donner une image négative60. La calebasse devient ainsi un vecteur de lutte politique ; la récupération d’un objet aussi symbolique, regalia du pouvoir, lui retire son essence, dans un processus de désacralisation qui finit par toucher le souverain en s’attaquant aux objets qui légitiment sa place sur le trône. La réaction de Pittard est également intéressante, puisque le conservateur suisse annonce qu’il placera la calebasse à côté d’une statuette à clous61, un choix muséal qui interroge. En effet, il se pourrait que ces statuettes soient les nkisi, d’autres objets au visuel composite très fort et à la charge magique puissante, intriguant les Européens de l’époque.

  • 62 Henri Nicod, Trophées de guerre : cloches de fer, crâne humain et calebasses entourées de mâchoires (...)

32Quant à la calebasse collectée par le missionnaire Henri Nicod, de nationalité suisse, elle est offerte au musée d’ethnographie de Neuchâtel aux côtés de divers objets. Les notes sur les objets de cette collection proviennent des ouvrages d’Henri Nicod, notamment Sur les sentiers de l’Afrique équatoriale. Dans ce livre, une photographie présente une calebasse à gauche qui ressemble fortement à celle collectée par Henri Nicod et conservée en très mauvais état à Neuchâtel62. On constate en effet que l’objet possède la même mâchoire inversée, placée exactement dans la même position, ainsi que ce même élément sur la droite. S’il s’avère effectivement qu’il s’agit de la calebasse du musée d’ethnographie de Neuchâtel, cette photographie nous donne ainsi une idée de l’état d’origine de la calebasse. Elle démontre que celle-ci a souffert du transport et des mauvaises conditions de conservation alors que les missionnaires de la SMEP souhaitaient conserver les objets dans les musées. La photographie figure dans son ouvrage sans aucune explication sur la calebasse et les objets l’accompagnant, démontrant que malgré sa volonté de se positionner en tant qu’ethnographe, Nicod n’a pas documenté l’histoire de l’objet.

  • 63 Lettre de Gabus à Nicod, le 31 janvier 1966, Musée d’ethnographie de Neuchâtel, 19660131_MEN.
  • 64 Lettre de Nicod à Gabus, Lausanne, le 11 janvier 1966, Musée d’ethnographie de Neuchâtel, 19660111_ (...)

33De plus, la correspondance des années 1965-1967 entre le missionnaire Henri Nicod et le conservateur du musée d’ethnographie de Neuchâtel Jean Gabus, conservée aujourd’hui dans les archives du musée, témoigne de la volonté de ce dernier d’agrandir la collection camerounaise du musée en faisant appel au missionnaire63. Henri Nicod lui envoie en plus des objets, des photographies pour documenter les objets. Dans sa lettre du 11 janvier 1966, il décrit une photographie de deux guerriers où figure « une calebasse ornée de mâchoires humaines comme j’en ai une qui doit être celle-là même qui figure sur la photo64 ». Cependant, le positif envoyé étant très sombre, il est difficile d’affirmer qu’il s’agit effectivement de la calebasse qu’il a collectée et elle n’est pas mentionnée dans la description de la photographie donnée par le site internet du musée.

34Ainsi, malgré l’ambition des missionnaires de se positionner en tant qu’ethnographes et d’enrichir les collections des musées, les informations restent lacunaires et imprécises. Ces calebasses perdent une partie de leur histoire et de leur parcours en raison de ce manque d’information participant à leur décontextualisation.

Problématiques actuelles autour des calebasses nka’a kügha 

35Aujourd’hui, de nouvelles problématiques morales et légales jaillissent quant à ces objets. Les débats portent sur la question de l’exposition et de la conservation de restes humains, s’interrogeant notamment sur le respect de la dignité humaine, le consentement, la dimension morale et juridique, ainsi que la restitution.

Figure 5. La calebasse de guerre retirée de sa vitrine et placée dans une boîte. Depuis 2020, les restes humains africains ne sont plus présentés aux expositions permanentes du musée d’ethnographie de Genève. Ils doivent bientôt être examinés et analysés par leurs propriétaires culturels. © MEG, Jonathan Watts, 2020

36Sur les sites des musées, nous pouvons observer diverses approches. Lorsqu’on cherche à voir la calebasse, le British Museum floute l’objet et avertit du fait qu’il peut heurter la sensibilité ; il faut donc consentir à le découvrir, là où le musée d’ethnographie de Neuchâtel a choisi de le laisser visible. Sur le site du musée genevois, l’image n’est pas accessible en ligne pour des questions morales. En 2020, la calebasse a été retirée de l’exposition permanente du musée pour être placée dans une boîte afin d’entrer en dialogue avec les communautés d’origine et de réfléchir sur la place de ce bien culturel dans le musée (fig. 5). En 2022, l’institution a choisi de ne plus présenter au public des objets constitués de restes humains, à l’exception de ceux ayant obtenu le consentement de l’État ou de la communauté d’origine. En outre, des procédures ont été mises en place pour contacter les communautés. Les objets qui n’ont pas reçu de consentement explicite ont été enlevés de l’exposition permanente et leurs photographies du catalogue des collections en ligne65. Un vrai travail de médiation est également mené par le musée, avec un parcours de visite détaillant les raisons de ces retraits ainsi que la biographie de l’objet66. Un travail de recherche de provenance a été effectué pour les calebasses nka’a kügha conservées dans le musée67 – les recherches continuent toujours – et les échanges se poursuivent avec la communauté Bamoun.

37Pour le musée d’ethnographie de Neuchâtel, un travail de recherche approfondi sur les calebasses est encore à réaliser. De même, la calebasse du British Museum n’est pas exposée et n’a pas fait l’objet d’un travail documentaire approfondi, puisque qu’elle est répertoriée comme provenant du peuple « bamiléké » avec un point d’interrogation, alors que nous avons vu plus haut que le missionnaire Christol avait collecté ce bien culturel à Foumban.

38Un nombre croissant de musées restituent les restes humains à leurs communautés d’origine, mais la procédure reste longue et confrontée au vide juridique ou au principe d’inaliénabilité. Dans le droit suisse, la communauté d’origine peut émettre une demande de restitution concernant les restes humains conservés dans des institutions privées ou publiques, car ces restes sont considérés comme des « choses » au sens juridique68. Concernant les autres collections, la législation, qui ne s’applique que pour les huit musées nationaux, ne donne aucune directive quant au principe d’inaliénabilité69. Ce vide juridique est comblé par la soft law des organismes professionnels70. À l’échelle fédérale, aucune réglementation n’a été établie à ce sujet. La Suisse s’appuie néanmoins sur des instruments normatifs internationaux, notamment la Convention de l’UNESCO de 1970, qu’elle a ratifiée en 2003, la Convention d’UNIDROIT 1995, signée en 1996, et la loi sur le transfert des biens culturels de 2003. Le musée d’ethnographie de Genève a établi une « Politique de retour et de restitution des biens culturels » au sein de sa plus vaste « Politique de gestion des collections » (2022) et a déjà procédé à un certain nombre de restitutions, en particulier de restes humains71. Si le British Museum a lui aussi restitué des objets comportant des reliquats humains, pour le reste, les procédures sont particulièrement complexes. Ce musée a publié une politique en matière de restitution des restes humains intitulée « The British Museum Policy : Human Remains in the Collection »72.

39Concernant la calebasse nka’a kügha, la question demeure plus compliquée puisqu’il s’agit de parties du corps de guerriers ennemis. Pour justifier d’une restitution, le British Museum exige que les demandeurs prouvent un lien généalogique ou que la communauté ait une continuité culturelle avec ces restes, qui doivent également avoir une importance culturelle. Or, les communautés d’origine ont été intégrées dans le royaume Bamoun et il est donc difficile de les retrouver. D’autre part, le British Museum considère que les restes humains ne peuvent être restitués que s’ils étaient destinés originellement à des pratiques funéraires. Les demandes concernant des collections de restes humains « modifiés dans un but autre que mortuaire » ne seront pas acceptées, ce qui exclut d’emblée la calebasse – sauf dans le cas où les communautés d’origine prouveraient que ce sont des restes humains issus de leur population et prélevés sans leur consentement.

40Néanmoins, considérant aujourd’hui la valeur culturelle et patrimoniale des calebasses nka’a kügha, des restitutions pourraient donc être envisagées. L’État camerounais collabore d’ailleurs étroitement avec les communautés pour la restitution et a monté un comité dirigé par le directeur du musée national du Cameroun, Hugues Heumen. La question reste de prouver que l’objet a été mal acquis et les cas des calebasses du British Museum et du musée d’Ethnographie de Neuchâtel sont à étudier.

  • 73 Journal des missions évangéliques, 1928, p. 611.
  • 74 « Objets prêtés par le missionnaire Pierre Galland », Carton « Exposition internationale 1931 », (...)
  • 75 SMEP, « Livret-Guide du Visiteur » du Pavillon des Missions protestantes, Exposition coloniale inte (...)

41La question du don est actuellement remise en cause dans la mesure où certains missionnaires de la SMEP ont confisqué des objets. C’est le cas par exemple de Pierre Galland et de « l’attirail de sorcier » confisqué par un chef lors d’un procès, puis récupéré par le missionnaire73. Nous pouvons supposer que certains Européens poussèrent les populations à se débarrasser de leurs objets et que ces dernières y concédèrent par peur de représailles ou de dénonciation à l’administration coloniale. Fait important, à l’Exposition coloniale internationale de 1931, Pierre Galland prête « 1 sac de médecin-féticheur avec tout son attirail »74 qui est présenté comme un « appareil du féticheur » ayant été donné au missionnaire après que ses propriétaires aient « cessé de croire à la puissance des ennemis75 ». S’il s’agit de ce même attirail – la description est très proche de celui mentionné plus haut –, cela démontre à nouveau la construction d’un discours autour des objets par les missionnaires gommant le véritable contexte d’acquisition. La notion de « don » est donc relative et ce choix de terme décontextualise et défonctionnalise l’objet tout en le refonctionnalisant pour justifier la rupture avec son propriétaire et son contexte d’origine. Dès lors, cette notion subjective de don ne constitue pas une preuve suffisante de la bonne acquisition des objets.

42Enfin, au musée des Rois bamoun de Foumban, il ne reste actuellement que très peu de calebasses nka’a kügha, et une nouvelle problématique se pose quant à la pertinence de conserver dans des réserves de musées européens des objets déconnectés de leur contexte culturel d’origine.



Je tiens à remercier sincèrement le directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban, le prince Sadou Njoya, pour son aide, nos échanges sur la culture bamoun et toutes les informations apportées pour cet article.

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Notes

1 Christraud M. Geary, Les Choses du Palais. Catalogue du musée bamoun à Foumban (Cameroun), Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, Collection Studien zur Kulturkunde, 1984, p. 42.

2 C. M. Geary, Bamum, Collection Visions of Africa, Milan, 5 Continents, p. 11.

3 Sultan Njoya, Histoire et coutumes des Bamum, Paris, Mémoire de l’Institut d’Afrique noire, 1952, p. 27. Traduction du pasteur Henri Martin.

4 Propos concernant les différentes versions recueillis par le prince Sadou Njoya auprès du directeur des Affaires culturelles du Palais.

5 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

6 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

7 Claude Tardits, L’Histoire singulière de l’art bamoum : Cameroun, Paris, Afredit/Maisonneuve & Larose, 2004, p. 16.

8 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 43.

9 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban

10 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 131.

11 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 128.

12 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 132.

13 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

14 Ibid.

15 S. Njoya, op. cit. note 3, p. 34.

16 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

17 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

18 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

19 Claude Tardits, Le Royaume bamoun, Paris, EDISEM, Publications de la Sorbonne, Librairie Armand Colin, 1980, p. 306.

20 Julien Volper, « La Mort et son numéro d’inventaire. Quelques réflexions autour des crânes humains en collections muséales », Histoire d’objets extra-européens : collecte, appropriation, médiation, Lille, Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, 2021.

21 C. M. Geary, op. cit. note 1, p. 132

22 Ibid., p. 131.

23 Ibid., p. 132.

24 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

25 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

26 Entretien du 5 avril 2024 avec le prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

27 Propos recueillis le 29 septembre 2024 du prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

28 Jacques Aymeric Nsangou, Sous la cendre d’un monument incendié à Foumban (Ouest-Cameroun), Paideuma, Mitteilungen zur Kulturkunde, 2021, p. 9.

29 Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa et al., La Guerre du Cameroun : l’invention de la Françafrique, 1948-1971, Paris, La Découverte, 2016, p. 47.

30 Propos recueillis le 29 septembre 2024 du prince Sadou Njoya, directeur adjoint du musée des Rois bamoun de Foumban.

31 Ibid.

32 Cette partie est inspirée de mon mémoire : Ninon Arbez-Gindre, Circulations des collections, savoirs et « œuvres missionnaires ». Les envoyés de la Société des missions évangéliques de Paris au Cameroun, Mémoire d’histoire et d’histoire de l’art appliquée aux collections, Paris, Sciences Po / École du Louvre, 2023.

33 www.defap-bibliotheque.fr/expositions/la-mission-de-paris-1822-1971/ [30/04/2024].

34 Jean Bianquis, Les Origines de la Société des missions évangéliques de Paris, Tome premier, Paris, Société des missions évangéliques, 1930, p. 58.

35 Frank Christol, Journal de la Société des missions évangéliques de Paris, 1929, p.102.

36 www.ville-ge.ch/meg/sql/musinfo_public_notice.php?id=2826 [consulté en avril 2024].

37 Ce terme est issu du latin facticius et provient du portugais feitiço soit « artificiel » utilisé pour désigner le « fétiche », « l’ensorcellement ». Employé dans un contexte de domination coloniale, il fait référence aux objets cultuels des populations.

38 Steven Hopper, « La collecte comme iconoclasme », Gradhiva. Revue d’anthropologie et d’histoire des arts, 2008, no 7, p. 122.

39 Laurick Zerbini. « La collecte missionnaire comme forme de disqualification, de mésusage ou d’iconoclasme », L’objet africain dans les expositions missionnaires (XIXe-XXIe siècle) : Dépouiller, partager, restituer, Paris, Maisonneuve & Larose-Hémisphères Éditions, 2021, p. 338-340. L’iconoclasme, terme inventé à Byzance, consistait en la destruction physique des images saintes. Vers la fin du XVIIIe siècle, il a pris un nouveau sens plus large de condamnation des pratiques superstitieuses, en particulier chez les protestants.

40 Ibid., p. 40.

41 Émilie Gangnat, « De l’Afrique aux paroisses de France : les expositions de la Société des missions évangéliques de Paris durant l’Entre-deux-guerres ». L’Objet africain dans les expositions missionnaires (XIXe-XXIe siècle) : Dépouiller, partager, restituer, Paris, Maisonneuve & Larose-Hémisphères Éditions, 2021, p. 205.

42 Charles Perrier, « Qu’est-ce qu’une exposition missionnaire ? », L’Ami des missions, novembre 1928, no 10, p. 110.

43 defap-bibliotheque.fr/expositions/les-missions-protestantes-a-lexposition-coloniale-de-1931/#:~:text=Le%206%20mai%201931%20est,connaître%20l’Empire%20Français%20 ». [consulté en avril 2024].

44 Élie Allégret, « Exposition coloniale internationale. Notice sur la participation des missions protestantes », Carton « Affiches textes photos. Divers Expositions missionnaires 1920-1979 et programmes Réunions missionnaires », Dossier « Pavillon des Missions protestantes à l’Exposition coloniale internationale de Vincennes, mai-novembre 1931 », Bibliothèque du Défap – Service protestant de mission, non inventorié.

45 Lettre adressée à la SMEP par J. Hains & Cie à propos de l’« Expédition de 3 caisses objets pour Paris », 28 mars 1931, Marseille. Carton « Exposition 1931 », Dossier « Service de la Manutention », Lettre M. Gondrand.

46 Lettre adressée à la SMEP par J. Hains & Cie à propos de « 3 caisses d’objets de collection pour exposition », 2 mai 1931, Marseille, Carton « Exposition 1931 », Dossier « Exposition Cameroun ».

47 « Liste des objets envoyés au Docteur Jean Roux au musée de Bâle », Carton « Exposition 1931 », Dossier « Exposition 1931 Divers III + suite », Sous-dossier « Objets prêtés et rendus », Bibliothèque du Défap – Service protestant de mission, non inventorié.

48 « Liste des objets envoyés à M. Pittard », 9 décembre 1931, Carton « Exposition 1931 », Dossier « Exposition 1931 Divers III + suite », Sous-dossier « Objets prêtés et rendus », Bibliothèque du Défap – Service protestant de mission, non inventorié.

49 Lettre de Jean Roux au directeur Allégret, 2 octobre 1931, Bâle, Dossier « Exposition 1931 Divers III + suite », Sous-dossier « Objets prêtés et rendus », Bibliothèque du Défap – Service protestant de mission, non inventorié.

50 Journal des missions évangéliques, 1931, p. 438.

51 Élie Allégret, « L’Exposition des missions protestantes », Rapport général présenté par le gouverneur général Olivier, tome V, partie I, Paris, Imprimerie nationale, 1931, p. 367-368.

52 SMEP, « Livret-Guide du Visiteur » du Pavillon des Missions protestantes, Exposition coloniale internationale de Vincennes, Pavillon des Missions protestantes, « stand no 4 Cameroun », p. 6, Carton Exposition internationale 1931, bibliothèque du Défap – Service protestant de mission, non inventoriée.

53 Floriane Morin, « Mose Yeyap (1895-1941), cet “éminent révolutionnaire”… », Totem : Journal du Musée d’ethnographie de Genève, no 63, p. 6.

54 Alice L. Conklin, Exposer l’humanité : race, ethnologie & empire en France, 1850-1950, Paris, Muséum national d’histoire naturelle, publications scientifiques, 2015, p.160.

55 www.meg.ch/fr/propos-du-meg/reperes-historiques#:~:text=En%201876%2C%20la%20Société%20des,de%20la%20création%20du%20MEG [consulté en avril 2024].

56 F. Morin, op. cit. note 53, p. 6.

57 www.ville-ge.ch/meg/sql/musinfo_public_notice.php?id=2826 [consulté en avril 2024].

58 Paul Dieterlé. Souvenirs du Cameroun, 1920-1946, Non publié [s.n.], p. 24, Bibliothèque du Défap – Service protestant de mission.

59 F. Morin, op. cit. note 53, p. 6.

60 Ibid., p. 6.

61 Ibid., p. 8.

62 Henri Nicod, Trophées de guerre : cloches de fer, crâne humain et calebasses entourées de mâchoires d’ennemis, dans H. Nicod, Sur les sentiers de l’Afrique Équatoriale, Paris, Société des missions évangéliques, 1931, p. 303.

63 Lettre de Gabus à Nicod, le 31 janvier 1966, Musée d’ethnographie de Neuchâtel, 19660131_MEN.

64 Lettre de Nicod à Gabus, Lausanne, le 11 janvier 1966, Musée d’ethnographie de Neuchâtel, 19660111_MEN.

65 www.meg.ch/fr/recherche-collections/restes-humains-au-meg [consulté en avril 2024].

66 www.meg.ch/fr/recherche-collections/restes-humains-au-meg [consulté en avril 2024].

67 Floriane Morin, op. cit. note 53, p. 6.

68 www.unige.ch/campus/files/2615/8342/2571/140_-_DO4.pdf#:~:text=possible%20de%20décider%20de%20les,que%20l’on%20veut%20restituer [consulté en avril 2024].

69 Brigitte Monti, « Inaliénabilité des collections du Musée d’art et d’histoire », Genava, revue d’histoire de l’art et d’archéologie, no 63, 2015, p. 97.

70 Ibid., p. 97.

71 Boris Wastiau, « Mettre en lumière et interpréter les archives », Totem : Journal du musée d’ethnographie de Genève, no 63, p. 2.

72 www.britishmuseum.org/sites/default/files/2019-10/Human_Remains_policy_061218 [consulté en avril 2024].

73 Journal des missions évangéliques, 1928, p. 611.

74 « Objets prêtés par le missionnaire Pierre Galland », Carton « Exposition internationale 1931 », Bibliothèque du Défap – Service protestant de mission. Non inventorié.

75 SMEP, « Livret-Guide du Visiteur » du Pavillon des Missions protestantes, Exposition coloniale internationale de Vincennes, Pavillon des Missions protestantes, « Stand n° 4 Cameroun », p. 6, Carton « Exposition coloniale 1931 », Bibliothèque du Défap – Service protestant de mission, non inventoriée.

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Table des illustrations

Légende Figure 1. Anonyme, Royaume bamoun, Foumban, Cameroun. Calebasse rituelle. Fibres, calebasse, mâchoires. Hauteur : 18 cm. Londres, The British Museum, numéro d’inventaire : Af 1929,0808.6. © The Trustees of the British Museum
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/35209/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 208k
Légende Figure 2. Anonyme, Royaume bamoun, Foumban, Cameroun, Calebasse « trophée ». fibres, calebasse, mâchoires, musée d’ethnographie de Neuchâtel, numéro d’inventaire : 67.10.38.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/35209/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 217k
Légende Figure 3. Peinture murale de l’artiste Ibrahim Njoya représentant un guerrier et une calebasse de guerre (à gauche), porte d’entrée de Foumban, capitale du Royaume bamoun, vers 1930. La photographie a été prise par le pasteur Jean Rusillon après 1930 et transmise au musée d’ethnographie de Genève en 1979. © MEG, Archives photographiques
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/35209/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 661k
Légende Figure 4. Photographie anonyme, Stand « Caméroun », Exposition coloniale internationale de 1931, Pavillon des missions protestantes, Bibliothèque du Défap, Service protestant de mission.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/35209/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 557k
Légende Figure 5. La calebasse de guerre retirée de sa vitrine et placée dans une boîte. Depuis 2020, les restes humains africains ne sont plus présentés aux expositions permanentes du musée d’ethnographie de Genève. Ils doivent bientôt être examinés et analysés par leurs propriétaires culturels. © MEG, Jonathan Watts, 2020
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/35209/img-5.jpg
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Pour citer cet article

Référence électronique

Ninon Arbez-Gindre, « Les calebasses nka’a kügha : du contexte d’origine à la mise en exposition en Europe »Les Cahiers de l’École du Louvre [En ligne], 23 | 2024, mis en ligne le 12 décembre 2024, consulté le 14 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/35209 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12ydo

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Auteur

Ninon Arbez-Gindre


Ninon Arbez-Gindre est diplômée du double master en histoire et histoire de l’art appliquée aux collections de Sciences Po Paris et de l’École du Louvre. Après un stage effectué auprès de la Route des Chefferies, en Afrique subsaharienne, elle a soutenu, en 2023, un mémoire sur la circulation des collections, les savoirs et les œuvres missionnaires de la Société des missions évangéliques de Paris au Cameroun, sous la codirection de Florence Bernault et Gaëlle Beaujean. Elle travaille actuellement dans une organisation internationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Ninon Arbez-Gindre has a double master’s degree in history and art history applied to collections from Sciences Po Paris and the École du Louvre. In 2023, after an internship with the Route des Chefferies in sub-Saharan Africa, she took the viva for her thesis, which was supervised by Florence Bernault and Gaëlle Beaujean, on the circulation of collections, knowledge and missionary works of the Société des Missions Évangéliques de Paris in Cameroon. She is currently working for an international organisation for the safeguarding of intangible cultural heritage.

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Droits d’auteur

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