De l’Anjou à la Bohême : le double portrait équestre de Pierre de Rohan-Gié
Résumés
Au XIXe siècle, le château de Sychrov en Bohême du Nord devient le fief d’une branche de la famille de Rohan. Les vitres de la demeure conservent de cette période un double portrait équestre de Pierre de Rohan (1451-1513) réalisé à la demande de l’un de ses descendants le Prince Camille de Rohan (1800-1892). Précieux témoins de l’histoire de la famille, la présence de ces modèles artistiques interpelle : en effet, ceux-ci sont issus d’œuvres qui, agrémentant le château du Verger à la toute fin du Moyen Âge, disparaissent au XVIIIe siècle soit un siècle avant leur réemploi à Sychrov. Dans cet article, il s’agira de revenir sur la conception de ce vitrail et de remonter aux origines du modèle artistique employé pour faire l’histoire d’un objet disparu à travers ses copies successives.
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Mots-clés :
Sychrov, collectionnisme, transnational, XIXe siècle, Rohan, François-Roger de Gaignières, Bernard de Montfaucon, Charles Lepec, vitrail, identité, héraldique, équestreKeywords:
Sychrov, collectionism, transnational, nineteenth century, Rohan, François-Roger de Gaignières, Bernard de Montfaucon, Charles Lepec, stained glass, identity, heraldry, equestrian portraitPlan
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- 1 L’autrice, titulaire de la bourse Barrande ainsi que de la bourse Antoine de Galbert, rédige actuel (...)
- 2 Raoul Chélard, L’Autriche contemporaine, Paris, Léon Chailley, 1894, p. 140 [en ligne : https://gal (...)
- 3 David Alon, « Émigrés royaux en Bohême », Radio Prague, 1er août 2007 [en ligne : https://www.radio (...)
1Les somptueux intérieurs du château de Sychrov en Bohême rappellent à celui qui en pousse les portes le prestige des hôtes d’autrefois. À partir de 1846, le prince Camille de Rohan-Rochefort (1800-1892) imagine pour ce lieu de réception et de démonstration des décors originaux afin de raconter les origines illustres de sa famille dont le destin est intimement lié à l’histoire de la Bretagne et de la France1. C’est à cet « esprit original2 » que le château doit son développement exceptionnel au milieu du XIXe siècle et l’aspect qu’on lui connaît encore aujourd’hui. Ayant fait rénover la demeure en un style néo-gothique entre 1847 et 1862, Camille de Rohan transforme les intérieurs en un « musée de légitimation de [sa] famille3 ». Les décors, unissant les macles des Rohan à l’hermine ducale qu’ils s’approprient, se font la vitrine d’une riche collection de portraits qui donne à voir l’histoire exceptionnelle de la famille depuis le Moyen Âge. Au fil des pièces d’apparat, c’est une véritable généalogie picturale des différentes branches de la Maison de Rohan qui s’offre au visiteur. Dans la salle à manger, le récit familial s’achève par le portrait en pied du prince Camille dont les oncles avaient quitté, quelques décennies plus tôt, la France révolutionnaire pour l’Empire d’Autriche. Face à ce portrait, des figures plus anciennes transparaissent sur les vitres donnant sur le parc du château. Parmi celles-ci, et à la manière d’un diptyque, deux vitraux mettent en scène Pierre de Rohan-Gié (1451-1513), maréchal de France sous les règnes de Louis XI, de Charles VIII et de Louis XII, sous la forme de deux portraits équestres (fig. 1 et 2).
Figure 1.
Jan Zachariáš Quast, portraits équestres de Pierre de Rohan-Gié, peinture sur verre colorée, vers 1870, République Tchèque, salle à manger du château de Sychrov.
© Národní památkový ústav.
Figure 2.
Jan Zachariáš Quast, portraits équestres de Pierre de Rohan-Gié (vue rapprochée), peinture sur verre colorée, vers 1870, République Tchèque, salle à manger du château de Sychrov.
© Národní památkový ústav
2Dans un encadrement fait de rinceaux gothiques, le peintre sur verre immortalise l’ancêtre de Camille de Rohan au cœur d’un paysage imaginaire laissant apparaître au loin de vastes collines. À droite, un premier vitrail représente Pierre de Rohan en armure, le heaume relevé, muni d’une épée et d’une hallebarde. Sa monture noire, conduite vers la gauche à une allure de piaffer, revêt un caparaçon aux armes du maréchal. La robe du cheval et les effets de lumière apportés à la cuirasse sont particulièrement contrastés par la brume ocre qui se dégage de l’arrière-plan. La légende inférieure nomme ainsi le personnage représenté : « Pierre de Rohan, Maréchal de Gié, Duc de Nemours, Comte de Guise. 1451-1513. » Le second vitrail, pensé tel le reflet du premier, présente quant à lui Pierre de Rohan dans un tabard armorié aux larges plis recouvrant son armure, coiffé d’un bonnet et tenant dans sa main le bâton de maréchal. Sous le destrier blanc, une inscription latine rappelant son ascendance illustre est précédée de la phrase suivante : « Cette figure est sur la porte du chateau du Verger avec ces vers en dessous ».
- 4 Miloš Kadlec, Sychrov, Plzeň, Fraus, Collec. Kulturdenkmäler, 2003, non paginé ; Inge Rohan, Zámek (...)
3Ces quelques mots en français semblent ainsi révéler l’origine du modèle artistique qui guida le travail du peintre sur verre. Cependant, le château du Verger, dont il est fait ici mention, fut construit en Anjou par Pierre de Rohan dans les dernières années du XVe siècle puis démantelé à partir de 1776, soit près d’un siècle avant la réalisation des vitraux du château de Sychrov. Bien que le vitrail représentant Pierre de Rohan en homme d’armes soit mentionné sous forme de photographies dans des publications tchèques récentes4, aucune d’entre elles n’explique la réapparition en Bohême au milieu du XIXe siècle de ce modèle angevin disparu. Cet article propose de s’intéresser à la conception du double vitrail représentant Pierre de Rohan-Gié au château de Sychrov en remontant aux origines d’un modèle artistique. Il s’agira de raconter l’histoire d’un objet disparu par le biais de la trace qu’il laisse à travers ses copies successives.
I - Pierre de Rohan-Gié en sa demeure du Verger : aux origines d’un modèle
- 5 Pierre Sénécal, « Les Rohan au Château du Verger », Société des lettres, sciences et arts du Saumur (...)
- 6 Philippe Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moyen Âge : études sur les armées des rois (...)
4Le 9 mars 1482 Pierre de Rohan-Guémené, seigneur de Gié, acquiert le domaine du Verger en Anjou5. Alors au service du roi Louis XII, qui l’avait nommé maréchal de France six ans plus tôt à seulement vingt-cinq ans, il est l’un des personnages les plus influents du royaume. Issue de la noblesse féodale bretonne, sa famille, la Maison de Rohan, connaît au XVe siècle une rapide ascension qui lui confère un rang presque égal à celui de la maison ducale de Bretagne. Avant même le rattachement du duché de Bretagne à la France, Pierre de Rohan fait partie de ces grands noms de la noblesse étrangère appelés volontiers auprès du roi de France6. Brillant capitaine des armées, son dévouement lui permet d’obtenir la confiance et la reconnaissance de trois rois. Pour le compte de Charles VIII et de Louis XII, il prend part, à partir de 1494, aux campagnes militaires menées en Italie et ses succès transalpins parachèveront sa renommée.
- 7 Gravure du château du Verger par Jean Boisseau, dans : Jean-Pierre Babelon, Châteaux de France au s (...)
- 8 Henry Soulange-Bodin, Les Châteaux du Maine et de l’Anjou, Paris, Les Éditions d’art et d’histoire, (...)
- 9 Jean Hiret, Des Antiquitez d’Anjou, Angers, Anthoine Hernault, 1618, p. 467 ; Pierre-Hyacinthe Mori (...)
- 10 Jean Guillaume, « Renaissance Française, arts », Encyclopedia Universalis [en ligne : http://www.un (...)
- 11 J.-P. Babelon, op. cit. note 7, p. 20.
- 12 Pierre Lesueur, « Colin Biart, maître maçon de la Renaissance », Gazette des beaux-arts : courrier (...)
5Fort d’une immense fortune, il entame au Verger, sur la commune actuelle de Seiches-sur-le-Loir en Maine-et-Loire, la construction d’une demeure princière dont le chantier exceptionnel s’achève en 1499. Il ne subsiste aujourd’hui du Verger que deux ailes de l’avant-cour mais des estampes du XVIIe siècle7 permettent d’évoquer l’architecture de cette « demeure plus que royale8 » restée dans les écrits parmi les plus somptueuses de l’époque9. Celles-ci traduisent la taille exceptionnelle du château mais également son caractère étonnamment moderne. En cette fin du XVe siècle, alors que l’élite française fait « la découverte émerveillée de l’Italie10 », le Verger compte parmi les premières demeures qui s’ouvrent aux idées nouvelles venues de l’autre côté des Alpes. À l’image du roi et de son entourage le plus proche, Pierre de Rohan fait partie de ces « Italiens11 » de France qui se préoccupent d’acclimater une architecture renaissante vue lors de leurs campagnes. Pour cela, il fait appel à l’architecte Colin Biart dont les ouvrages contemporains des châteaux royaux d’Amboise et de Blois confirment sa capacité à se tourner vers la modernité12.
- 13 Jeanne Alis, Le livre d’Heures des Princes de Rohan : une œuvre inédite du Maître des miniatures de (...)
- 14 Joseph Denais, « Le mobilier des Rohan au château du Verger en 1757 », Société impériale d’agricult (...)
- 15 Ibid., p. 149.
6En son château du Verger, Pierre de Rohan réunit une riche collection qui témoigne de son goût averti pour l’art. La tapisserie, le vitrail et la statuaire sont autant de supports qu’il met au service de son image et de celle de sa famille. Ses commandes, marquées par une forte personnalisation, sont pour la plupart datées entre 1500 et 151313, période durant laquelle il délaissera progressivement les distractions de la vie de cour pour préférer celles de son château. L’histoire du Verger et plus particulièrement son démantèlement à partir de 1776 entraînent la dispersion de cette collection. Cependant, l’inventaire des biens mobiliers du château établi le 7 avril 1758 à la suite du décès de Hercule-Mériadec de Rohan-Guémené, et publié au Répertoire historique et archéologique de l’Anjou en 1869 par Joseph Denais14, rappelle la présence au milieu du XVIIIe siècle de « Cinq morceaux de tapisserie qui fait le tour de la salle de billards, représentant le maréchal de Giay, sur trois aulnes de hauteur15 ».
- 16 Cette documentation fait l’objet d’une étude par Anne Ritz-Guilbert dans l’ouvrage La Collection Ga (...)
- 17 Henri Bouchot, Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux Départemen (...)
- 18 Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-FOL, fos. 97-101.
7On retrouve la trace de ces tapisseries dans la collection de l’antiquaire François-Roger de Gaignières (1642-1715) qui consacra sa vie à réunir une documentation rare du patrimoine français médiéval et moderne16. L’inventaire des dessins de cette collection publié en 1891 par Henri Bouchot signale aux numéros 808 à 812 une « Tapisserie du château du Verger en cinq pièces, sur laquelle a été représenté un seigneur dans toutes les phases de sa carrière militaire17 ». Ces dessins réalisés par Louis Boudan pour le collectionneur sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque nationale de France18. Si leur exactitude fait débat, ils permettent néanmoins de donner une idée des tentures disparues qui ornaient la demeure. Ils représentent successivement Pierre de Rohan en homme d’armes, en guidon, en enseigne, en général et, enfin, en maréchal, dignité ultime que la postérité associa à son nom.
Figure 3.
Louis Boudan pour François Roger de Gaignières, tapisserie de Pierre de Rohan-Gié en homme d’armes, aquarelle, Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-Fol, fol. 97.
© Gallica
- 19 Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-FOL, fol. 97.
- 20 Toute sa vie durant le maréchal rappela son pèlerinage jusqu’à Saint-Jacques en Galice, cependant, (...)
8Parmi ces cinq tapisseries, c’est sans aucun doute la première qui fut à l’origine du modèle artistique déployé au XIXe siècle sur l’un des vitraux de la salle à manger du château de Sychrov. Dans cette aquarelle19 (fig. 3), Louis Boudan relève des tonalités claires pour le destrier, l’armure et le panache du heaume du maréchal. Les coquilles Saint-Jacques et les bourdons de pèlerins dont Pierre de Rohan fit son emblème20 se retrouvent ici parsemés sur son plastron et sur le fond rayé de blanc et bleu qui accompagne la représentation. Le sol tapissé de fleurs fait écho aux colonnes torsadées encadrant la scène. Dans cette narration constituée par l’ensemble des cinq tapisseries, Pierre de Rohan se donne à voir dans sa fonction militaire, rappelant ses exploits mais également son dévouement aux ambitions de la couronne de France. L’effet de répétition voulu par cette démonstration insiste également sur le programme héraldique, motif retrouvé sur le caparaçon du cheval. Les armoiries adoptées par le maréchal combinent les armes de ses fameux aïeux et rappellent son ascendance illustre, de par son père, Louis Ier de Rohan, seigneur de Guémené, issu de Navarre et d’Évreux, et de par sa mère, Marie de Montauban, elle-même issue des Visconti, seigneurs puis ducs de Milan.
- 21 Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-Fol, fol. 96.
9Un autre relevé du château du Verger réalisé à la demande de François-Roger de Gaignières fait ressurgir une représentation de Pierre de Rohan définitivement disparue. Il s’agit de la statue équestre du maréchal de Gié qui surmontait la porte d’entrée conduisant à la seconde cour du château. Alors que les gravures du Verger précédemment citées laissent seulement deviner la présence de cette statue, le dessin de Louis Boudan21 (fig. 4) en donne une image précise.
Figure 4.
Louis Boudan pour François Roger de Gaignières, statue équestre de Pierre de Rohan-Gié en maréchal, aquarelle, Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-Fol, fol. 96.
© Gallica
- 22 Pascale Thibault, Louis XII : images d’un roi. De l’imperator au père du peuple, cat. d’exp. Châtea (...)
10Sous un dais parsemé de bourdons et de coquilles Saint-Jacques, le maréchal apparaît. S’il a cette fois délaissé son heaume pour un bonnet, Pierre de Rohan conserve son armure, dont la cotte d’armes est brodée de ses armoiries, et porte désormais le collier de l’Ordre de Saint Michel ainsi que le bâton de maréchal. Les rehauts d’or et de pourpre sur le dais et les jeux d’ombres employés par le dessinateur donnent tout son volume à la figure équestre qui, comme le reste de l’image, est traitée au lavis noir. Si le programme héraldique se décline une fois de plus sur le caparaçon de l’animal, la portée de l’image se retrouve également dans son emprunt à une œuvre contemporaine imaginée pour le premier homme du royaume. En effet, une statue équestre en pierre de Louis XII surmontait l’entrée du nouveau logis élevé à Blois par le roi entre 1498 et 1501. Cette œuvre, comme les autres emblèmes royaux du château, fut détruite en 179222. Ses contacts à la cour de France, qui accueillait de nombreux artistes italiens depuis le règne de Charles VIII, avaient très certainement conduit Pierre de Rohan à commander pour sa demeure du Verger une composition similaire à celle effectuée pour Louis XII. Les deux porcs-épics qui flanquent la niche de la statue du maréchal permettent de dater l’œuvre sous le règne de ce roi, après 1498. Par la reprise de ce modèle qui le place dans la tradition de l’image royale, Pierre de Rohan affirme sa place comme l’un des hommes les plus puissants du royaume. C’est assurément cette statue équestre, ornant depuis la toute fin du XVe siècle la seconde entrée du château du Verger, que le peintre sur verre chercha à reproduire sur les vitraux de la salle à manger du château de Sychrov.
II - Les dessins dans la collection Gaignières
- 23 Paris, BnF, Département des Estampes et de la Photographie, Reserve PC-18-Fol ; Reserve PE-2-Fol ; (...)
11Les aquarelles précédemment citées, réalisées par Louis Boudan pour François-Roger de Gaignières, constituent à ce jour l’unique témoignage iconographique direct des figures équestres de Pierre de Rohan-Gié au château du Verger. La Bibliothèque nationale de France conserve de la main du dessinateur seize relevés du Verger que Gaignières visita probablement vers 1699, date à laquelle d’autres monuments avoisinants tels les châteaux de Jarzé, de Soucelles et du Plessis-Bourré ou encore l’abbaye de Chaloché sont esquissés pour sa collection. Ces dessins représentent cinq vitraux, cinq tapisseries, deux effigies funéraires, une statue ainsi que trois personnages extraits de ces supports23.
12Les relevés effectués au château du Verger permettent de répondre à l’une des ambitions de la collection, celle de conserver la mémoire du monument. Par le biais de la copie, Gaignières fixe l’image du lieu et anticipe, à juste titre, sa disparition quelques décennies plus tard : si, lors de son passage au Verger à la toute fin du XVIIe siècle, la demeure appartient à l’un des descendants de Pierre de Rohan, le cardinal Armand-Gaston de Rohan (1674-1749), le château est par la suite démantelé. Face à l’absence des œuvres originales, les dessins permettent de reconstituer un corpus, bien qu’incomplet, de tapisseries, de vitraux et de statues encore visibles au château du Verger sous le règne de Louis XIV.
13Mais le dessin se veut également la mémoire des familles du royaume. À l’image des préoccupations de la fin du XVIIe siècle pour la généalogie, Gaignières accorde une importance toute particulière à l’histoire de la noblesse française. Les relevés des portraits équestres de Pierre de Rohan reflètent cet intérêt et conservent la charge héraldique que celui-ci avait conférée à ses commandes initiales. Sur toile de fond des exploits militaires du maréchal, les couleurs de son lignage s’imposent comme le sujet principal des dessins qui deviennent dès lors pour Gaignières une preuve historique.
14Au-delà de la copie, les relevés de Gaignières intègrent des informations qui permettent de renseigner les nombreux portefeuilles du collectionneur. Les annotations sur les dessins étudiés comportent ainsi des éléments biographiques à propos de Pierre de Rohan, des descriptions de l’œuvre originale ou encore sa localisation au Verger ancrant ainsi le personnage et sa famille sur un territoire. De ce fait, le relevé de Louis Boudan invite à s’éloigner de l’individualité du personnage représenté et à considérer le dessin dans un ensemble d’autres relevés afin de contribuer à la documentation d’une histoire plus grande de l’Anjou et du royaume de France.
- 24 Inventaire de la collection Gaignières réalisé en 1711 par Pierre de Clairambault : Paris, BnF, Cla (...)
- 25 Paris, BnF, Clairambault 1046, p. 55 [En ligne : https://www.collecta.fr/index-fiche.php?item_id=15 (...)
15Enfin, le dessin revêt une autre destination. Au sein de son cabinet parisien à l’hôtel de Guise puis, à partir de 1701, en son hôtel 95 rue de Sèvres, où Gaignières reçoit le milieu érudit de la capitale, les dessins sont classés dans des portefeuilles thématiques ou géographiques. D’après l’inventaire de la collection daté de 171124, ces dessins avaient pour destination de renseigner les costumes de la fin du Moyen Âge et étaient classés dans un portefeuille intitulé « 7e volume des Modes, contenant les règnes des rois Louis XI, Charles 8 et Louis 1225 ».
III - Survivance et postérité d’un modèle
- 26 Dom Bernard de Montfaucon, Les monumens de la monarchie françoise qui comprennent l’histoire de Fr (...)
- 27 Portrait de Pierre de Rohan en homme d’armes, Idem, ibidem, Tome IV, Planche XXIV [En ligne : https (...)
16Ce sont précisément les Modes de Gaignières qui le firent entrer dans la postérité. Alors que l’érudit légua dès 1711 sa collection à la Bibliothèque royale, son ami Dom Bernard de Montfaucon (1655-1741), bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, puise dans ces dessins afin d’illustrer les différents volumes de ses Monumens de la monarchie françoise (1729-1733)26. Au chapitre qu’il consacre au règne de Louis XII, l’auteur fait copier les deux portraits du maréchal de Gié précédemment cités. Une première planche gravée27 (fig. 5) reprend ainsi la figure équestre de Pierre de Rohan en homme d’armes en supprimant cependant l’ornementation et l’arrière-plan qui émanaient de la tapisserie originale. Sous les sabots du cheval, le sol tapissé de fleurs est transformé de sorte que la monture se fraie un chemin parmi la végétation.
Figure 5.
Bernard de Montfaucon, Pierre de Rohan en homme d’armes, Les monumens de la monarchie françoise, 1732, Tome IV, Planche XXIV.
© Gallica
- 28 Portrait de Pierre de Rohan maréchal, Id., ibid., Tome IV, Planche XXV [En ligne : https://gallica. (...)
17Une seconde planche28 (fig. 6) est consacrée à la représentation issue de la statue équestre de Pierre de Rohan. Si, comme pour la première, la gravure extrait le personnage de son contexte, elle rend néanmoins compte des ombres initialement créées par la niche qui renfermait la statue.
Figure 6.
Bernard de Montfaucon, Pierre de Rohan Maréchal de France, Les monumens de la monarchie françoise, 1732, Tome IV, Planche XXV.
© Gallica
- 29 Id., ibid., p. 142-144.
18Par cette planche, Montfaucon propose également une nouvelle articulation entre l’image et le texte : sous la représentation de Pierre de Rohan, le savant restitue la phrase en français issue du relevé de Louis Boudan et situant la statue originale au château du Verger, ainsi que l’inscription latine prélevée sous le monument. Les planches s’accompagnent d’une courte biographie de Pierre de Rohan et d’une description de ses portraits au château du Verger tel que l’auteur pouvait encore les admirer29. Si la gravure est en noir et blanc, la présence de l’héraldique dans le texte comme dans l’image permet de restituer les couleurs du vêtement au lecteur. Cet ouvrage érudit qui retrace la chronologie de la monarchie française participe donc à la diffusion des portraits équestres de Pierre de Rohan.
- 30 Père Jacques Lelong, Bibliothèque historique de la France contenant le catalogue de tous les ouvrag (...)
- 31 Idem, ibidem, Tome IV, p. 126 [En ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k108699r/f680.item]
- 32 Ibid., Tome IV, p. 126 [En ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k108699r/f680.item].
- 33 Pierre de Rohan, Seigneur de Gié, maréchal de France, mort en 1513. Sous Louis 12. Au dessus de la (...)
19Puis, Charles-Marie Fevret de Fontette, dans son édition augmentée de la Bibliothèque historique de la France du Père Lelong30, réactive l’existence de ce modèle artistique. Le recueil qui fut achevé et publié après sa mort en 1775 par Barbeau-Labruyère fait dresser la liste des Modes de Gaignières. Avant même l’inventaire exécuté en 1891 par Henri Bouchot, les numéros 96 et 97 de la « Table des dessins recueillis par M. de Gaignières » de cet ouvrage mentionnent respectivement « Pierre de Rohan, Seigneur de Gié, Maréchal de France, mort en 1513, représenté à cheval, au-dessus de la porte du château du Verger en Anjou, avec dix Vers Latins au-dessous, en 1499. (Enluminé)31 » et « Le même, armé et à cheval. Tiré d’une tapisserie qu’il a fait faire pour le Verger. (Enluminé)32 ». Pierre de la Mésangère (1761-1831), directeur du Journal des dames et des modes, s’intéresse également de près aux Modes de Gaignières et, dans une aquarelle non datée conservée à la Bibliothèque municipale de Rouen, l’éditeur fait reproduire le portrait de Pierre de Rohan en homme d’armes33.
- 34 Statue équestre de Pierre de Rohan-Gié en maréchal, gravure par Charles Goutzwiller, Paris, BnF, dé (...)
20Au XIXe siècle, l’attrait des dessins de Louis Boudan demeure également dans leur pouvoir de rendre compte d’un patrimoine disparu à la Révolution française. C’est vraisemblablement le cas pour le graveur et miniaturiste Charles Goutzwiller (1819-1900), dont les lithographies illustrent de nombreux ouvrages à propos de l’art du passé. La Bibliothèque nationale de France conserve de sa main une gravure (fig. 7) indépendante qui représente la statue équestre de Pierre de Rohan au château du Verger34 : la présence de la niche et du riche décor qui l’ornait témoigne de la visite de l’artiste au Cabinet des Estampes où celui-ci a pu consulter le recueil de la collection Gaignières.
Figure 7.
Charles Goutzwiller, Statue équestre de Pierre de Rohan-Gié en maréchal, gravure, Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve VA-49-Fol, Microfilm H131227.
© Jeanne Alis
- 35 Pierre de Rohan, seigneur de Gié, maréchal de France en 1475, Raymond Quinsac Monvoisin, 1835, huil (...)
- 36 Philippe Le Bas, L’Univers Pittoresque : histoire et description de tous les peuples, de leurs rel (...)
21Ces mentions et ces représentations, établies bien souvent d’après les dessins originaux, participent à faire connaître le modèle de la figure équestre de Pierre de Rohan. D’autres œuvres s’éloignent plus librement de la composition originale, laissant disparaître ou esquissant grossièrement les armes du maréchal, à l’image du grand format que le peintre d’histoire Raymond Quinsac Monvoisin exécute en 183535 ou encore d’une gravure du l’Univers Pittoresque qui décuple en 1842 le portrait équestre de Pierre de Rohan tiré des tapisseries du château du Verger36.
IV - Charles Lepec à la bibliothèque impériale : un intermédiaire parisien pour le prince Camille.
22À la mort de Louis Victor Mériadec de Rohan-Guémené en 1846, son neveu Camille, prince de Rohan-Rochefort, hérite des biens et des titres des trois princes de Guémené, ses oncles qui, après les événements français de 1789, avaient fait le choix de l’exil avant de rejoindre définitivement l’Empire des Habsbourg en 1808. Dès son acquisition en 1820, le manoir de Sychrov situé au Nord de la Bohême devient le nouveau fief familial. Si Charles-Alain de Rohan-Guémené engage les premiers remaniements architecturaux, c’est le prince Camille qui transforme la demeure en un lieu de mémoire et de légitimation de sa famille dont il poursuit les ambitions de s’établir parmi les plus importantes des Pays tchèques. La riche collection d’art qu’il s’efforça de réunir toute sa vie au sein du château de Sychrov participe à l’élaboration d’un récit historique de la famille de Rohan depuis le Moyen Âge, affirmant à la fois l’ancienneté et la continuité de sa grandeur.
- 37 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 4 janvier 1859. Státní oblastní (...)
- 38 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 30 janvier 1859. Státní oblastn (...)
- 39 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 8 mars 1859. Státní oblastní ar (...)
- 40 Charles Lepec est inscrit au département des Estampes depuis le 25 octobre 1851 (Répertoire alphabé (...)
- 41 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 8 mars 1859. Státní oblastní ar (...)
23Pour le décor d’un double vitrail de la salle à manger, Camille de Rohan fait représenter l’un de ses plus lointains et prestigieux ancêtres, Pierre de Rohan-Gié (fig. 1), exhumant pour cela les portraits équestres disparus du maréchal. Ce choix interroge : comment le prince avait-il connaissance d’un modèle aussi lointain ? L’étude de la bibliothèque du château de Sychrov ne permet pas de conclure que le prince possédait l’une des publications précédemment citées qui font mention des copies successives des dessins de Louis Boudan, et ce malgré l’intérêt de Camille de Rohan pour les ouvrages sur le costume et la mode. Cependant, une documentation inédite révèle le rôle d’un intermédiaire majeur dans la transmission du modèle artistique. En effet, les papiers personnels de Camille de Rohan témoignent d’une correspondance régulière avec un artiste parisien, Charles Lepec (1830-après 1888), dont il requiert les services. Dans une première lettre datée du 10 août 1854, le jeune peintre exprime son dévouement au prince. Formé auprès d’Hippolyte Flandrin, Charles Lepec n’a pas encore connu la renommée que lui apporteront ses compositions en émail qu’il exposera avec succès aux Salons de 1866 et 1867. Alors que les séjours de Camille de Rohan dans la capitale française se font rares, celui-ci sollicite l’aide de l’artiste afin de rechercher à Paris une documentation qui a trait à sa famille et à ses figures célèbres. Le 4 janvier 1859, Charles Lepec écrit à ce sujet : « […] Comme votre Altesse a pu le voir par les feuilles ci-jointes, je lui envoie des renseignements authentiques sur Pierre de Rohan : quelques heures ont suffi pour me procurer la vive satisfaction de pouvoir, dans mes faibles moyens, être agréable à votre Altesse. […] Par un hasard heureux on possède sur Pierre de Rohan plus de renseignements que sur la plus part des rois de France. Il y a des devises, des légendes, et des inscriptions louangeuses. Par un hasard heureux, j’ai mis de suite la main sur un ouvrage contenant huit portraits de Pierre de Rohan37. » Dans les lettres suivantes, il apporte plus de détails sur l’ouvrage en question : « Le livre qui contient tous ces portraits (400, environ) est un manuscrit rempli de miniatures grandes comme cette feuille et faites à la main. C’est un livre unique appartenant à la bibliothèque Impériale, et par conséquent introuvable38. » Il ajoute : « Dans ce precieux Recueil de Gaignières qui contient 12 000 personnages illustres en miniature, d’après des renseignements authentiques il y a 8 membres de la famille de Rohan39. » Ainsi, Charles Lepec se rend à la Bibliothèque Impériale40 pour consulter les portefeuilles légués en son temps par François-Roger de Gaignières qu’il décrit de la manière suivante : « Gaignières était un illustre collectionneur qui vivait sous Louis XIV : il a passé sa vie à rassembler en 14 volumes tous les grands personnages dont il a pu se procurer les portraits réels […]41. »
- 42 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 25 février 1861. Státní oblastn (...)
- 43 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 4 janvier 1859. Státní oblastní (...)
- 44 Ibid.
- 45 Ibid.
- 46 Ibid.
- 47 La ponctuation employée est celle de Charles Lepec.
24Dans une lettre du 25 février 1861, Charles Lepec propose de faire parvenir à Camille de Rohan des dessins des portraits de Pierre de Rohan. Il ajoute : « Tous ces portraits sont en miniature très bien coloriées sur vélin et puisées à des sources tout à fait authentiques42. » Si ces documents n’ont, à ce jour, pas été identifiés, l’artiste décrit néanmoins au prince les dessins de Louis Boudan représentant Pierre de Rohan. Il note : « Pour rappeler les différentes phases de sa vie, Pierre de Rohan avait commandé une tapisserie avec diverses époques de sa vie. Tous les renseignements ici consignés viennent de magnifiques miniatures représentant les 8 portraits de Pierre de Rohan et copiées d’après les tapisseries qui ornaient le chateau du Verger en Anjou (château qu’il avait fait construire). Des 8 portraits 6 sont à cheval, 2 à pied43. » Parmi les relevés signalés par Charles Lepec se trouvent en effet les cinq tapisseries qui ornaient l’intérieur du château du Verger dont celle représentant Pierre de Rohan « en homme d’armes44 » mais l’artiste décrit également la statue équestre du maréchal « en tunique […] et le toquet, tel qu’il est sur le dessus de la porte du château du Verger en Anjou45 ». Au dos de la lettre, il esquisse les armoiries de Pierre de Rohan (fig. 8), un dessin qu’il accompagne du texte suivant : « Ceci est un fragment de l’habit de Pierre de Rohan – en petite tenue il portait cette tunique par-dessus son armure - en grande tenue l’armure était découverte et le cheval était recouvert d’un grand vêtement ainsi dessiné46 ! 47 ». Par l’image et les mots, Charles Lepec retranscrit l’importance donnée à l’héraldique dès le dessin de Louis Boudan. Cet intérêt est partagé par Camille de Rohan qui, à l’encre rouge, surligne et transcrit certains éléments en allemand. Le prince ajoute également quelques annotations concernant son ancêtre qu’il extrait de la lettre. L’utilisation de l’allemand, qui témoigne de son apprentissage de la langue officielle de l’Empire, avait pour vocation de faciliter les échanges avec les artistes et les artisans des Pays tchèques qui œuvrèrent au château de Sychrov.
Figure 8.
Croquis extrait de la lettre de Charles Lepec envoyée à Camille de Rohan, 4 janvier 1859, Rodinný archiv Rohanů, Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín, inv. 644.
© Jeanne Alis
V - Camille de Rohan et le réemploi d’un modèle : les vitraux du château de Sychrov
- 48 Rohan Album (14 akvarelů), Sychrov, Bibliothèque du château de Sychrov, ZK S - 04385 (ancienne cote (...)
25Un album, aujourd’hui conservé dans la bibliothèque du château de Sychrov, renferme quatorze petites aquarelles représentant des figures de la famille de Rohan48. Glissées entre les pages, des annotations de Camille de Rohan donnent les instructions destinées à leur réalisation. Le prince précise les commandes et prépare en français les légendes qui accompagneront les portraits. D’après ses notes, il confie le 29 mars 1868, et pour la somme de 50 florins chacun, l’exécution de deux portraits de Pierre de Rohan à Emil Lauffer. Né en 1827 en Moravie, le peintre renommé pour ses peintures d’histoire et de mythologie s’est formé à Vienne avant de s’installer en 1865 à Prague où il devient professeur à l’Université technique allemande. L’étude de l’une de ces aquarelles (fig. 9) montre le réemploi par l’artiste, non pas des dessins originaux de la collection Gaignières, mais des gravures de l’ouvrage de Montfaucon.
Figure 9.
Emil Lauffer, portrait équestre de Pierre de Rohan-Gié, aquarelle, vers 1868, Bibliothèque du château de Sychrov.
© photographie de Jeanne Alis, avec l’aimable autorisation du château de Sychrov.
26La reprise de la figure équestre du maréchal et du déploiement du texte tel qu’il est imaginé dans les Monumens de la monarchie françoise est néanmoins accompagnée de quelques modifications. Tout d’abord, Emil Lauffer confère à Pierre de Rohan des traits juvéniles et des proportions plus harmonieuses de sorte qu’il crée un meilleur équilibre des formes entre le cavalier et sa monture. Il intensifie également le regard de l’animal tout en gommant l’expression de sa bouche. Puis, il inverse le sens de la marche du cheval et de son cavalier. Ce choix n’est pas sans conséquence puisqu’il conduit à l’inversion maladroite des armoiries. Seule la guivre milanaise conserve son sens accoutumé. Celle-ci, ordinairement représentée de couleur bleue sur fond blanc, est peinte en rouge sur un fond jaune. De plus, les bordures des vêtements sont transformées : les coquilles Saint-Jacques disparaissent au profit de points dorés alignés sur un fond rouge. Enfin, le peintre place la figure équestre dans un paysage imaginaire, un lieu aride façonné de quelques collines. La verticalité de l’image est accentuée par la présence d’un vaste ciel clair.
- 49 Praha, Národní knihovna České republiky, 65 B 000007/T.4 [en ligne : https://new.manuscriptorium.co (...)
27Ainsi, alors que Charles Lepec avait manifesté à Camille de Rohan l’existence des dessins de la collection Gaignières, relevés à même les monuments du château du Verger, le prince a fourni au peintre Emil Lauffer la copie de ces modèles artistiques publiée par Bernard de Montfaucon en 1732. Si Charles Lepec ne précise pas dans ses lettres s’il a également transmis les dessins de Montfaucon, cette hypothèse ne peut être écartée. De même, il est tout à fait possible qu’Emil Lauffer ait eu accès aux Monumens de la monarchie françoise par l’intermédiaire d’autres bibliothèques princières ou de la bibliothèque publique et universitaire de Prague. À titre d’exemple, la Bibliothèque nationale de République Tchèque conserve aujourd’hui les cinq volumes d’un exemplaire de cet ouvrage issu de la bibliothèque praguoise de la famille Lobkowicz49.
- 50 Österreichisches biographisches Lexikon 1815-1950. Bd. 8 Lfg. 39, H. Böhlaus Nachf., Wien, 1982, (...)
- 51 Adam Rehja, Pamětní kniha zámecké kaple na Sychrově 1862–1867, Bakalářská práce, Univerzita Karlova (...)
- 52 Cette information nous a été communiquée par Ondřej Kubáček, responsable des collections au château (...)
- 53 Si la commande n’est pas documentée et qu’il convient d’être prudent quant à leur attribution, la q (...)
28Pour la réalisation des vitraux de la grande salle à manger du château de Sychrov, Camille de Rohan aurait fait appel à Jan Zachariáš Quast (1814-1891). Le peintre miniaturiste, connu pour ses portraits et ses sujets religieux, est alors le seul artiste de Bohême à maîtriser la technique exigeante de peinture sur verre colorée. Sa carrière est marquée par d’importantes commandes à l’image des vitraux qu’il réalise pour de nombreuses églises mais également pour la cathédrale Saint-Guy de Prague50. Il s’appuie pour cela sur les travaux de ses contemporains tel le peintre d’histoire Eduard von Engerth dont il s’inspire des dessins pour l’exécution des vitraux de la chapelle du château de Sychrov51. Vers 187052, c’est vraisemblablement à partir des aquarelles précédemment citées qu’il réalise les vitraux de la salle de réception53. Dans le diptyque immortalisant le double portrait équestre de Pierre de Rohan-Gié, Jan Zachariáš Quast réemploie le modèle établi par Emil Lauffer dont il intègre les modifications et conserve la composition disposant le portrait au-dessus de sa légende. Le travail du peintre sur verre est particulièrement remarquable dans les jeux d’ombre et de lumière qu’il apporte aux deux figures équestres. Le face à face des deux montures, dont les robes noire et blanche s’opposent, est accentué par les contrastes offerts par les arrière-plans respectifs. Le décor est agrémenté de rinceaux gothiques qui fondent le vitrail dans l’architecture des fenêtres.
- 54 Grande salle à manger du château de Sychrov, 1893, Archive photographique du château de Sychrov.
- 55 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 4 janvier 1859. Státní oblastní (...)
- 56 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 8 mars 1859. Státní oblastní ar (...)
29Ainsi, c’est dans une pièce de réception de son château que le prince Camille fait le choix de présenter à ses hôtes l’un des personnages les plus célèbres de sa famille. Par un double portrait équestre peint sur les vitraux de la salle à manger, il fait représenter son ancêtre Pierre de Rohan-Gié dans sa fonction militaire afin d’évoquer les qualités de courage et de dévouement du maréchal dont la renommée s’accomplit dans de nombreux écrits. Ce diptyque est le seul parmi douze autres figures anciennes de la famille de Rohan peintes sur les vitres de la pièce. Comme en témoigne une photographie prise à la toute fin du XIXe siècle54, ces vitraux répondent à des peintures de grand format représentant des membres plus contemporains, et exclusivement masculins, de la famille. Le portrait de Camille de Rohan en chevalier de la Toison d’or, peint par Jan Brandeis en 1866, affirme la volonté du prince de s’inscrire dans un récit familial construit par le biais d’une généalogie picturale dont le double portrait équestre de Pierre de Rohan est l’un des plus anciens maillons. La recherche d’un modèle artistique pré-existant et de ce que son correspondant parisien Charles Lepec nomme à plusieurs reprises « renseignements authentiques55 » ou encore « portraits réels56 » témoigne de sa préoccupation permanente à légitimer ses origines anciennes et prestigieuses. En effet, s’il souhaite alors affirmer sa place et celle de sa famille parmi la noblesse de l’Empire, Camille de Rohan se heurte également durant cette période à la remise en question en France de certains de ses titres et de ceux de la branche dont il est issu.
Conclusion
30Remonter l’histoire des vitraux du château de Sychrov c’est, dans le cas du double portrait équestre de Pierre de Rohan, faire l’histoire d’œuvres disparues dont le modèle transmis à travers les siècles et au-delà des frontières françaises peut être aujourd’hui contemplé sur un autre support, le vitrail. Chaque étape de la vie de ce modèle iconographique réactive le sens donné à l’objet original tout en l’enrichissant d’une signification et d’un usage nouveaux. Si au château du Verger, en Anjou, Pierre de Rohan se fait représenter à la fois dans sa fonction et dans son individualité, les relevés effectués pour François-Roger de Gaignières en sont une première interprétation et prennent part à une vaste collection documentaire sur l’histoire des familles et du patrimoine médiéval et moderne du royaume de France. Peu de temps après, Bernard de Montfaucon s’empare des dessins de Louis Boudan avec lesquels il compose pour ses Monumens de la monarchie françoise dont le succès participe à la large diffusion des portraits du maréchal. Au milieu du XIXe siècle, Charles Lepec fait ressurgir les dessins originaux de Louis Boudan et, dans une quête de vérité historique, réactive la charge héraldique, motif immuable du modèle qui traverse les supports – dessin, gravure, aquarelle et peinture sur verre – et que Camille, descendant de Pierre de Rohan, met au service d’une légitimation de son nom dans un nouvel espace géographique.
31L’étude de ce diptyque et de sa réalisation a permis de mettre en valeur la circulation d’un modèle artistique depuis le Verger, en Anjou, jusqu’au château de Sychrov. De façon inédite, elle a révélé le rôle du peintre Charles Lepec comme intermédiaire privilégié du prince Camille à Paris. Si la contribution des artistes et des artisans des Pays tchèques à Sychrov est relativement bien connue, le présent article invite à s’intéresser davantage au lien qui unit Camille de Rohan à ses origines, afin de contribuer aux recherches sur les échanges artistiques entre la France et la Bohême au XIXe siècle.
Notes
1 L’autrice, titulaire de la bourse Barrande ainsi que de la bourse Antoine de Galbert, rédige actuellement une thèse de doctorat, en préparation depuis 2022, intitulée Le château de Sychrov et ses collections d’art : reconstruction identitaire de la famille de Rohan en Bohême au XIXe siècle (Université Charles, Prague – École du Louvre, Paris).
2 Raoul Chélard, L’Autriche contemporaine, Paris, Léon Chailley, 1894, p. 140 [en ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k371698j, consulté le 25/01/2024]
3 David Alon, « Émigrés royaux en Bohême », Radio Prague, 1er août 2007 [en ligne : https://www.radio.cz/fr/rubrique/histoire/emigres-royaux-en-boheme, consulté le 25/01/2024].
4 Miloš Kadlec, Sychrov, Plzeň, Fraus, Collec. Kulturdenkmäler, 2003, non paginé ; Inge Rohan, Zámek Sychrov - novogotický památník rodu Rohanů, Turnov, Spolek přátel zámku Sychrov, 1996, p. 25 et fig. 66.
5 Pierre Sénécal, « Les Rohan au Château du Verger », Société des lettres, sciences et arts du Saumurois, no 116, février 1967, Saumur, Éd. Société des lettres, sciences et arts du Saumurois, 1967, p. 4.
6 Philippe Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moyen Âge : études sur les armées des rois de France 1337-1494, Paris, Éd. de l’EHESS, 2004, p. 424.
7 Gravure du château du Verger par Jean Boisseau, dans : Jean-Pierre Babelon, Châteaux de France au siècle de la Renaissance, Paris, Flammarion, 1989, p. 37 ; Veuë et perspective du chasteau du Verger en Aniou, demeure ordinaire des Princes de Rohan-Guemené, gravure par Jean Marot d’après un dessin d’Israël Silvestre, L 294 LR/185 Recto, musée du Louvre, département des Arts graphiques.
8 Henry Soulange-Bodin, Les Châteaux du Maine et de l’Anjou, Paris, Les Éditions d’art et d’histoire, 1934, p. 32.
9 Jean Hiret, Des Antiquitez d’Anjou, Angers, Anthoine Hernault, 1618, p. 467 ; Pierre-Hyacinthe Morice, Histoire généalogique des maisons de Porhoët et de Rohan, XVIIIe siècle, Paris, BnF, ms. nouv. acq. fr. 3065, f.163r ; Louis de Rouvroy de Saint-Simon, Écrits inédits, publiés sur les manuscrits conservés au Dépôt des affaires étrangères par P. Faugère, t. VIII. Nottes sur tous les duchés-pairies, comtés pairies et duchés vérifiés depuis 1500 jusqu’en 1730, Paris, Hachette, 1883, p. 110.
10 Jean Guillaume, « Renaissance Française, arts », Encyclopedia Universalis [en ligne : http://www.universalis.fr/encyclopedie/renaissance-francaise-arts/, consulté le 25/01/2024].
11 J.-P. Babelon, op. cit. note 7, p. 20.
12 Pierre Lesueur, « Colin Biart, maître maçon de la Renaissance », Gazette des beaux-arts : courrier européen de l’art et de la curiosité, juillet 1929, p. 210-231 ; J.-P. Babelon, op. cit. note 7, p. 37 ; Pierre de Cossé Brissac, Châteaux de France disparus, Paris, Éditions Tel., 1947, p. 23.
13 Jeanne Alis, Le livre d’Heures des Princes de Rohan : une œuvre inédite du Maître des miniatures de dédicace, mémoire de Master en histoire de l’art sous la direction de Marie Jacob, Université Rennes 2, 2020, p. 35.
14 Joseph Denais, « Le mobilier des Rohan au château du Verger en 1757 », Société impériale d’agriculture, sciences et arts d’Angers, Répertoire historique et archéologique de l’Anjou, Commission archéologique de Maine et Loire, Académie des sciences, belles-lettres et arts (dir.), Angers, 1869, pp. 147-154.
15 Ibid., p. 149.
16 Cette documentation fait l’objet d’une étude par Anne Ritz-Guilbert dans l’ouvrage La Collection Gaignières, Un inventaire du royaume au XVIIe siècle paru en 2016, suivie du programme ANR Collecta.
17 Henri Bouchot, Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux Départements des estampes et des manuscrits. Tome 1, Paris, Librairie Plon, 1891, p. 94.
18 Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-FOL, fos. 97-101.
19 Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-FOL, fol. 97.
20 Toute sa vie durant le maréchal rappela son pèlerinage jusqu’à Saint-Jacques en Galice, cependant, comme le souligne l’étude de Denise Péricard-Méa, aucun élément historique ne permet d’affirmer les faits et cet emblème tiendrait davantage d’une construction imaginée plutôt qu’à la réalité (Denise Péricard-Méa, Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Âge, Paris, Presses Universitaires de France, 2000, p. 33-37).
21 Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-Fol, fol. 96.
22 Pascale Thibault, Louis XII : images d’un roi. De l’imperator au père du peuple, cat. d’exp. Château de Blois, 18 décembre 1987-14 février 1988), Blois, 1987-1988, p. 97.
23 Paris, BnF, Département des Estampes et de la Photographie, Reserve PC-18-Fol ; Reserve PE-2-Fol ; Reserve OA-15-Fol, fos 96 à 108.
24 Inventaire de la collection Gaignières réalisé en 1711 par Pierre de Clairambault : Paris, BnF, Clairambault 1032 [En ligne : https://www.collecta.fr/index-collection.php].
25 Paris, BnF, Clairambault 1046, p. 55 [En ligne : https://www.collecta.fr/index-fiche.php?item_id=15980].
26 Dom Bernard de Montfaucon, Les monumens de la monarchie françoise qui comprennent l’histoire de France, avec les figures de chaque règne que l’injure des temps a épargnées, Paris, J-M Gandouin et P. F. Giffart, 1729-1733, 5 vol.
27 Portrait de Pierre de Rohan en homme d’armes, Idem, ibidem, Tome IV, Planche XXIV [En ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k318446x/f236.item].
28 Portrait de Pierre de Rohan maréchal, Id., ibid., Tome IV, Planche XXV [En ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k318446x/f238.item].
29 Id., ibid., p. 142-144.
30 Père Jacques Lelong, Bibliothèque historique de la France contenant le catalogue de tous les ouvrages tant imprimez que manuscrits qui traitent l’histoire de ce roïaume ou qui y ont rapport, Paris, C. Osmont, 1719. Réédition par Fevret de Fontette, Paris, 1768-1778, 5 vol.
31 Idem, ibidem, Tome IV, p. 126 [En ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k108699r/f680.item].
32 Ibid., Tome IV, p. 126 [En ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k108699r/f680.item].
33 Pierre de Rohan, Seigneur de Gié, maréchal de France, mort en 1513. Sous Louis 12. Au dessus de la porte du Château du Verger, en Anjou, en 1499, coll. Pierre de la Mésangère, Rouen, Bibliothèque municipale, Leber 6116-1-112 [En ligne : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb441969318].
34 Statue équestre de Pierre de Rohan-Gié en maréchal, gravure par Charles Goutzwiller, Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve VA-49-Fol, Microfilm H131227.
35 Pierre de Rohan, seigneur de Gié, maréchal de France en 1475, Raymond Quinsac Monvoisin, 1835, huile sur toile, RMN-Grand Palais (Château de Versailles). [En ligne : https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/raymond-quinsac-monvoisin_pierre-de-rohan-seigneur-de-gie-marechal-de-france-en-1475-1453-1513_huile-sur-toile_1835, consulté le 25/01/2024].
36 Philippe Le Bas, L’Univers Pittoresque : histoire et description de tous les peuples, de leurs religions, mœurs, coutumes, industries, etc. France : dictionnaire encyclopédique, Tome VIII, Paris, Firmin Didot Frères, 1842, planches 465 et 466 [En ligne : https://archive.org/details/bub_gb_WTQvAAAAMAAJ/page/n945/mode/1up, consulté le 25/01/2024].
37 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 4 janvier 1859. Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín. Rodinný archiv Rohanů, Inv. 644. Nous remercions bien chaleureusement l’équipe des archives, tout particulièrement Otto Chmelík et Iva Jaburková pour leur aide précieuse.
38 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 30 janvier 1859. Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín. Rodinný archiv Rohanů, Inv. 644.
39 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 8 mars 1859. Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín. Rodinný archiv Rohanů, Inv. 644.
40 Charles Lepec est inscrit au département des Estampes depuis le 25 octobre 1851 (Répertoire alphabétique des cartes de travail délivrées par le département des Estampes de décembre 1845 à mai 1859, BnF, Rés. Ye -131 [A] Pet-Fol, no 1772, p. 119).
41 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 8 mars 1859. Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín. Rodinný archiv Rohanů, Inv. 644.
42 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 25 février 1861. Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín. Rodinný archiv Rohanů, Inv. 644.
43 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 4 janvier 1859. Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín. Rodinný archiv Rohanů, Inv. 644.
44 Ibid.
45 Ibid.
46 Ibid.
47 La ponctuation employée est celle de Charles Lepec.
48 Rohan Album (14 akvarelů), Sychrov, Bibliothèque du château de Sychrov, ZK S - 04385 (ancienne cote : X N/1-7-9).
49 Praha, Národní knihovna České republiky, 65 B 000007/T.4 [en ligne : https://new.manuscriptorium.com/hub/catalog/default/detail/single/manuscriptorium%7CNKCR__-NKCR__65B000007T4_2KU72I7-cs?lang=en, consulté le 25/01/2024].
50 Österreichisches biographisches Lexikon 1815-1950. Bd. 8 Lfg. 39, H. Böhlaus Nachf., Wien, 1982, p. 353.
51 Adam Rehja, Pamětní kniha zámecké kaple na Sychrově 1862–1867, Bakalářská práce, Univerzita Karlova v Praze Filozofická fakulta, Katedra pomocných věd historických a archivního studia, 2013, p. 48.
52 Cette information nous a été communiquée par Ondřej Kubáček, responsable des collections au château de Sychrov, nous le remercions.
53 Si la commande n’est pas documentée et qu’il convient d’être prudent quant à leur attribution, la qualité d’exécution de ces peintures invite à penser qu’elles sont l’œuvre de l’artiste (Jiří Hořava, Křehký základ imaginace : Jan Zachariáš Quast (1814-1891), malíř skla, pocelánu a miniaturista, Písek, Prácheňské Muzeum ; Wetzlar, Städtische Museen, 2018, p. 76, 77.
54 Grande salle à manger du château de Sychrov, 1893, Archive photographique du château de Sychrov.
55 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 4 janvier 1859. Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín. Rodinný archiv Rohanů, Inv. 644.
56 Extrait de la lettre de Charles Lepec à Camille de Rohan, Paris, le 8 mars 1859. Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín. Rodinný archiv Rohanů, Inv. 644.
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Figure 1. |
---|---|
Légende | Jan Zachariáš Quast, portraits équestres de Pierre de Rohan-Gié, peinture sur verre colorée, vers 1870, République Tchèque, salle à manger du château de Sychrov. |
Crédits | © Národní památkový ústav. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/33453/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 161k |
Titre | Figure 2. |
Légende | Jan Zachariáš Quast, portraits équestres de Pierre de Rohan-Gié (vue rapprochée), peinture sur verre colorée, vers 1870, République Tchèque, salle à manger du château de Sychrov. |
Crédits | © Národní památkový ústav |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/33453/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 372k |
Titre | Figure 3. |
Légende | Louis Boudan pour François Roger de Gaignières, tapisserie de Pierre de Rohan-Gié en homme d’armes, aquarelle, Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-Fol, fol. 97. |
Crédits | © Gallica |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/33453/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 881k |
Titre | Figure 4. |
Légende | Louis Boudan pour François Roger de Gaignières, statue équestre de Pierre de Rohan-Gié en maréchal, aquarelle, Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve OA-15-Fol, fol. 96. |
Crédits | © Gallica |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/33453/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 959k |
Titre | Figure 5. |
Légende | Bernard de Montfaucon, Pierre de Rohan en homme d’armes, Les monumens de la monarchie françoise, 1732, Tome IV, Planche XXIV. |
Crédits | © Gallica |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/33453/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 326k |
Titre | Figure 6. |
Légende | Bernard de Montfaucon, Pierre de Rohan Maréchal de France, Les monumens de la monarchie françoise, 1732, Tome IV, Planche XXV. |
Crédits | © Gallica |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/33453/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 321k |
Titre | Figure 7. |
Légende | Charles Goutzwiller, Statue équestre de Pierre de Rohan-Gié en maréchal, gravure, Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Réserve VA-49-Fol, Microfilm H131227. |
Crédits | © Jeanne Alis |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/33453/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 849k |
Titre | Figure 8. |
Légende | Croquis extrait de la lettre de Charles Lepec envoyée à Camille de Rohan, 4 janvier 1859, Rodinný archiv Rohanů, Státní oblastní archiv Litoměřice, pobočka Děčín, inv. 644. |
Crédits | © Jeanne Alis |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/33453/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 490k |
Titre | Figure 9. |
Légende | Emil Lauffer, portrait équestre de Pierre de Rohan-Gié, aquarelle, vers 1868, Bibliothèque du château de Sychrov. |
Crédits | © photographie de Jeanne Alis, avec l’aimable autorisation du château de Sychrov. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/33453/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 225k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Jeanne Alis, « De l’Anjou à la Bohême : le double portrait équestre de Pierre de Rohan-Gié », Les Cahiers de l’École du Louvre [En ligne], 22 | 2024, mis en ligne le 25 juillet 2024, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/33453 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11w6w
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