Navigation – Plan du site

AccueilNuméros18L’apport de l’étude d’un corpus d...

L’apport de l’étude d’un corpus de cartes anciennes dans la connaissance des jardins : l’exemple du château de Maisons

The contribution of a corpus of old maps to the study of gardens : the Château de Maisons
Marie Morillon

Résumés

Les cartes et plans anciens permettent d’apporter de nombreuses informations sur l’architecture et les jardins. Dans le cadre d’une étude de cas, qui concerne ici les jardins du château de Maisons, mis en place au milieu du XVIIe siècle par François Mansart pour René de Longueil, deux axes de recherche ont été développés. L’élaboration d’un inventaire des cartes représentant le dispositif paysager de Maisons constitue le premier axe. Il suppose l’étude de plusieurs fonds, conservés dans les bibliothèques et les archives. Le corpus obtenu convoque plusieurs typologies de cartes, aux enjeux divers. Le deuxième axe porte sur l’analyse de ce corpus et de la représentation cartographique. Il faut apprendre à décrypter le langage des cartes pour pouvoir mettre en évidence les évolutions structurelles des jardins de Maisons.

Haut de page

Entrées d’index

Haut de page

Texte intégral

  • 1 Georges Farhat, « Territorialités et parcs à l’âge classique : pour une approche critique de la not (...)

1Le château organise un territoire autour de lui1 : des jardins avec parterres et bosquets, traversés d’allées plantées d’arbres, sont disposés sous ses fenêtres et des communs accompagnent souvent le bâtiment principal. Des étendues d’eau sont aménagées, une campagne offre au seigneur ses ressources agraires, une forêt lui sert de terrain de chasse. Les jardins soumis aux caprices de la mode, aux difficultés climatiques et à la fragilité du végétal, nécessitent un entretien constant et couteux, aussi sont-ils sujets à des modifications et aménagements fréquents, si bien que leur étude est moins aisée que celle du bâti. Les archives, les descriptions, l’iconographie et les cartes anciennes en constituent les sources principales.

  • 2 Plusieurs études ont été menées sur ce château, considéré comme le chef-d’œuvre de son architecte F (...)

2Souvent plaisante à l’œil, la carte représente une partie du monde par des moyens géométriques : jusqu’au XVIIIe siècle, le cartographe lève la carte à vue d’œil en s’imaginant le territoire comme un oiseau qui le survolerait, puis avec des moyens de mesure plus sophistiqués ; il utilise des signes et des conventions spécifiques à son support. La carte est une « vue de l’esprit », qui comporte des raccourcis, des simplifications, des déformations ; ceci est d’autant plus vrai qu’on recule dans le temps. La carte n’est pas une illustration, c’est une source historique qui doit être analysée selon ses conventions. Notre propos portera sur la méthodologie d’étude d’un corpus de cartes et de plans anciens pour la connaissance des jardins d’un château à partir de l’exemple2, avec toutes ses spécificités.

3Ce château, situé sur la presqu’île de Saint-Germain-en-Laye, à quelques kilomètres au nord-ouest de Paris, posséda jusqu’au début du XIXe siècle un jardin régulier et un grand domaine.

  • 3 Parlementaire ambitieux, qui fut président à mortier et qui deviendra marquis de Maisons, René de L (...)
  • 4 Ceci a été étudié par Sophie Cueille : Sophie Cueille, Maisons-Laffitte : parc, paysage et villégia (...)
  • 5 Le frère du roi a acquis le château en 1777, et y a fait plusieurs aménagements dispendieux, notamm (...)

4Il ne reste du dispositif général, en partie dessiné par François Mansart pour René de Longueil3, qu’une partie très réduite et largement remaniée, surtout à partir de 1833, lorsque le banquier Jacques Laffitte4 fit lotir le grand parc, puis lorsque les abords furent vendus et construits. Cet article aura donc pour périmètre chronologique la construction du château au milieu du XVIIe siècle jusqu’à la toute fin du XVIIIe siècle, marquée par les projets du comte d’Artois5. Pour étudier et connaître les aménagements paysagers de Maisons, il faut convoquer des sources anciennes qui pallient les modifications et les disparitions. La chronologie de notre étude concerne l’Ancien Régime et procède d’une logique double : l’histoire du site et l’évolution de la cartographie, des cartes cavalières aux plans triangulés.

5En effet, les cartes anciennes contribuent utilement à l’étude des jardins, à condition de comprendre les spécificités de ce support, d’en reconnaître les principaux apports et d’en considérer les limites.

6L’évolution structurelle des jardins de Maisons telle qu’elle est connue et notamment par les cartes invite à réfléchir aux enjeux de la constitution d’un corpus de cartes et leur apport dans l’étude d’un dispositif paysager. Les limites de ce corpus sur la connaissance des jardins de Maisons sont également à interroger.

1/ Évolution structurelle des jardins de Maisons d’après les cartes

  • 6 Plusieurs publications sont à retenir pour Maisons : Pierre-Yves Louis, « Le Parc de Maisons sous l (...)

7Les jardins de Maisons prennent place autour du château, sur la rive gauche de la Seine, là où le fleuve forme une large boucle, celle de Saint-Germain-en-Laye. Le château a été construit entre 1640 et 1646 sur les plans de François Mansart pour René de Longueuil6. Il est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture française. Le château est placé entre le village de Maisons, tout proche au sud, la Seine à l’est, la forêt à l’ouest (celle de Saint-Germain-en-Laye où le roi chassait).

8 Depuis le premier tiers du XVIIe siècle, les cartes des parcs et jardins de Maisons sont de plus en plus précises. Le récit qui peut en être fait gagne en détails et en précisions.

9Ainsi, si l’on déroule l’évolution des jardins de Maisons, un certain flou subsiste pour le XVIIe siècle : une végétation et des petits bâtiments sont représentés autour du château, sans ordre précis. On peut en déduire que les jardins étaient plantés et que des bâtiments accompagnaient le château pour former un ensemble.

Fig. 1.

Fig. 1.

Brossard de Beaulieu, Carte de la forêt de Saint-Germain-en-Laye (détail), vers 1680-1690, Arch. Dép. des Yvelines, AD 78.

© photographie de l’auteur.

Fig. 2.

Fig. 2.

Carte de la forest royalle de St Germain en Laye & ses environs, 1686, Archives Nationales, Cartes et Plans, N II Seine-et-Oise 107.

© photographie de l’auteur.

10Les cartes de la fin du XVIIe siècle font apparaître avec une grande clarté les éléments du dispositif paysager qui resteront durablement : le château est placé sur une ligne (allée d’arbres) qui part de la rive opposée et se prolonge jusqu’à la forêt de Saint-Germain où des pavillons, au cœur d’un dispositif monumental inspiré par la poliorcétique, peuvent accueillir le roi lorsqu’il chasse. Cette longue ligne est coupée perpendiculairement par une autre, au niveau du village, avec à nouveau des pavillons d’entrée. L’ensemble vise une symétrie. Et si Maisons, de par sa position, proche du fleuve, n’a pas comme Versailles ou Vaux un miroir d’eau côté jardin, la Seine apporte l’élément aquatique (fig. 1).

11Dès que les cartes se font plus détaillées, un phénomène de « mise au point » s’effectue : les hectares silencieux autour du château semblent être des vignes, des futaies, des garennes, un paysage varié autour du château qui participe à son économie et à celle du village de Maisons, tout proche. La Carte de la forest royalle de St Germain en Laye & ses environs réalisée en 1686 (fig. 2) en est le meilleur exemple.

12Les parterres et les bosquets situés à proximité immédiate du château s’inséraient dans un dispositif d’allées plantées qui dramatisaient l’arrivée au château en le mettant en scène et en valeur. Le parc plus étendu était composé de différentes parties ayant un rôle agronome : futaies, vignes, garennes peu à peu transformées en forêt de chasse parcourue de larges allées ordonnées. En cela, le parc de Maisons semble avoir suivi la même évolution que la forêt de Saint-Germain-en-Laye. À partir de 1720, les cartes représentent le parc de Maisons intégralement boisé dans sa partie nord, tandis que la lande de Maisons, qui s’étendait entre les pavillons d’entrée du château au nord-ouest et la forêt de Saint-Germain, est elle-même devenue une forêt. Pour exemple, on peut regarder la Carte générale de la forest de St Germain en Laye et de ses environs avec une explication exacte des différentes qualités de bois qui la composent, conservée aux archives nationales (fig. 3).

Fig. 3.

Fig. 3.

Carte générale de la forêt de St Germain en Laye et de ses environs, AN, Cartes et Plans, N I Seine-et-Oise 65, photothèque des Arch.Nat.

© photographie de l’auteur.

13Il existe un parallèle dans l’évolution de ces deux lieux, à replacer dans l’évolution générale de la presqu’île de Saint-Germain. Cette tendance se confirme dans les années 1730, lorsque les allées rayonnant depuis l’allée centrale vers le nord sont mises en place, elles sont depuis devenues des rues de la ville de Maisons-Laffitte : ce sont les avenues La Fayette, Mirabeau, général Foy, de la Moskowa, Manuel, Vergniaud, Bailly. Dès 1730, le réseau d’allées du parc est stabilisé sur les cartes (fig. 4).

Andrieux de Benson, Plan général de la forest de St-Germain-en-Laye et de ses environs (détail), 1732, Château de Versailles, salon des pendules, VMB 1034, 2.

© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Amaudet


14Il est moins aisé de retracer en détail l’évolution des jardins qui se trouvent à proximité immédiate du château, les parterres réguliers et les petits bosquets qui s’organisent symétriquement sur les plans. Émerge ici l’une des difficultés de ce travail : le corpus cartographique.

2/ Étudier un corpus cartographique : généralités

Constituer un corpus cartographique

15Tous les châteaux ne se prêtent pas de la même manière à une étude cartographique. Ainsi, peu de cartes d’avant le XVIIe siècle nous sont parvenues, ce qui rend délicate l’étude des châteaux de la Renaissance. A contrario, l’abondance des plans levés au XVIIIe siècle permet les comparaisons et la restitution de l’évolution des paysages. Pour ce qui est du territoire, certaines régions ont bénéficié plus largement de campagnes de levée et d’arpentages. Pour l’Île-de-France, les cartes sont nombreuses. Enfin, les petits châteaux, propriétés de petits seigneurs, ont rarement fait l’objet de plans particuliers, tandis que les châteaux royaux ont connu de nombreuses levées. Maisons apparaît sur maintes cartes, notamment celles des environs de Paris, de la forêt de Saint-Germain-en-Laye ou de la Seine.

16Les cartes et les plans sont généralement difficiles à documenter. Elles ont souvent été extraites de leur contexte d’origine. Leur consultation peut être compliquée en raison de leurs dimensions (beaucoup ont une surface de plusieurs mètres carrés), de leur matériau (souvent fragile, papier ou parchemin) et de leur mode de conservation (une partie d’entre elles sont conservées roulées).

Typologies

  • 7 Une synthèse de cette question existe : Françoise Boudon et Hélène Couzy, « Le château et son site  (...)
  • 8 Ils sont absents pour Maisons.
  • 9 Le « plan des limittes qui séparent la terre du marquisat de Maisons et le fief de la Vaudoire d’av (...)
  • 10 Sont définies par François de Dainville, Le Langage des géographes. Termes, signes et couleurs des (...)

17 Plusieurs types de cartes ont été levées sous l’Ancien Régime, correspondant à des fonctions multiples7 : topographie, fiscalité, ingénierie, réseau routier ou fluvial, projet, etc. Les cartes étaient dressées pour répondre à des usages qui conditionnaient les éléments représentés, principe fondamental pour exploiter au mieux leur contenu. On se reportera avec grand intérêt aux plans d’intendance et aux plans terriers lorsqu’ils existent8. Certaines cartes ont pu être levées dans le cadre d’un procès ou pour arbitrer un conflit9. Les cartes topographiques10 sont sûrement les plus intéressantes et les plus utilisées pour l’étude des jardins ; Maisons apparaît sur nombre d’entre elles.

Lire une carte

  • 11 Au premier rang desquels se trouve François de Dainville, op. cit. note 10.
  • 12 F. de Dainville, op. cit. note 10, p. 62.
  • 13 Car levée « par des opérations établies sur des principes certaines avec des instruments nécessaire (...)

18Les historiens de la cartographie11 nous ont donné certains outils pour appréhender le langage des cartes. Il faut tenir compte des différentes parties les constituant : du cadre aux ornements, des écritures aux symboles, de la représentation aux points12. La cartographie géométrique du XVIIIsiècle, plus sûre et plus régulière13 que les entreprises de levée des siècles précédents, apparaît plus facile à lire car elle se rapproche des usages contemporains. Il n’en est pas de même avec la cartographie antérieure, souvent levée à vue sur le terrain, sans aucune mesure.

Fig. 5.

Fig. 5.

Jouvin de Rochefort, Carte des environs de Paris, vers 1675, Bibliothèque nationale de France, Cartes & Plans, Ge C 1603.

© BnF

  • 14 Cette carte répond à une finalité précise : représenter le cours de la Seine entre Paris et Poissy (...)
  • 15 On reconnaît bien l’église, petit édifice surmonté d’une croix. Le village de Maisons est situé tou (...)
  • 16 Par son signe de convention cartographique : un bateau vu de dessus relié aux deux rives par un fil (...)
  • 17 Cette route, vraisemblablement projetée par François Mansart aurait été terminée par son neveu, Jul (...)

19Les cartes plus anciennes sont plus ardues à comprendre ; elles constituent une documentation précieuse, mais nécessitent une part de décryptage. Leur lecture tient souvent de l’interprétation. Ainsi, la carte des environs de Paris levée vers 1675 par Jouvin de Rochefort (fig. 5)14, montre Maisons comme un amas de bâtiments et d’arbres à proximité du fleuve. Cette carte correspond à un type de représentation « au naturel » courant au début du XVIIe siècle. Le village de Maisons est représenté en vue cavalière15, tandis que les édifices du domaine des Longueil, le château, ses écuries et ses pavillons, sont représentés en élévation. Malgré la maladresse de la représentation, cette carte offre des informations sur le premier état du domaine. Le château de Maisons est au bord de la Seine et dispose de son propre parc, en partie boisé. Le bac, qui permettait de passer la rivière, est indiqué16, de même que les alignements d’arbres qui encadraient la route reliant Maisons à Houilles sur la rive opposée, marqueur important du paysage, déroulé sur plusieurs kilomètres17. La bande bleue passant dans la forêt de Saint-Germain et à proximité de Maisons est difficilement interprétable : il pourrait s’agir d’un projet de canal.

Les cartes générales : le château dans un territoire

Fig. 6.

Fig. 6.

Carte générale de la France, dite Carte de Cassini, château de Maisons, vers 1756-1815, Bibliothèque nationale de France, Cartes & Plans.

© BnF / Gallica

  • 18 Levée sous la direction de César-François Cassini de Thury, à la demande de Louis XV, à une échelle (...)
  • 19 Ce parc de chasse était appelé « Grand Parc », en opposition au « Petit Parc » qui formait les abor (...)

20 Les cartes générales, levées à petite échelle et très peu détaillées, ne peuvent apporter a priori que peu d’informations sur le château qui y apparaît en tant que symbole, qu’il s’agisse d’un cercle ou d’un bâtiment surmonté d’un étendard. Sur la célèbre Carte générale de la France (fig. 6), dite Carte de Cassini18, le château de Maisons est placé en bord de Seine, dispose d’un bac, possède un parc boisé parcouru d’allées en éventail19. C’est l’implantation de Maisons dans un territoire large, celui des environs de Paris, qui apparaît ici. Et les rares éléments paysagers représentés (la route de Houilles), malgré l’échelle employée, manifestent l’importance d’un dispositif de grande ampleur.

21Pareillement, les cartes – nombreuses – des environs de Paris, sur lesquelles Maisons apparaît, montrent comment ce domaine s’inscrivait dans le réseau de la campagne d’Île-de-France, parcourue de routes, de canaux, de bacs, d’allées, et combien les jardins ne formaient pas un ensemble clos, mais un ensemble de mailles au sein d’un territoire vaste et géométrisé.

Les cartes fluviales

  • 20 Cet Atlas, levé entre 1745 et 1780 sur ordre de Charles Daniel Trudaine et conservé aux Archives Na (...)
  • 21 Carte du Cours de la Seine du Pec à Poissi, AD 78, 3S9. On peut lire sur cette carte les mentions s (...)

22Si Maisons n’apparaît pas sur l’Atlas de Trudaine20, d’autres cartes routières peuvent intéresser notre étude. La Carte du cours de la Seine du Pec à Poissi21, qui porte de nombreuses annotations manuscrites sur la morphologie du fleuve, a son importance à Maisons : la Seine ordonne et distribue le paysage autour d’elle, constitue un point de vue, un axe de transport (bac, navigation fluviale et chemin de halage) mais également un élément naturel à maîtriser car les débordements et les crues étaient fréquents.

Fig. 7.

Fig. 7.

Carte des chasses du comte d’Artois (détail de l’angle supérieur gauche), Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, D 134.

© Ville de Paris / Bibliothèque historique, Réserve F 134.

  • 22 Cette vue occupe l’angle supérieur gauche de la « carte des chasses du comte d’Artois », BHVP D 134
  • 23 Ce moulin relie le rivage à l’Île de la Corvée, il a été étudié par Chris Gibbins, « Le Moulin de M (...)

23Une vue du château22 (fig. 7) illustre cette vie animée des berges de la Seine. À partir de la façade sur jardin, les parterres de gazon mènent au fleuve, sur lequel naviguent des embarcations tirées par des chevaux depuis le chemin de halage de la rive droite. Rive gauche, on reconnaît le moulin dont les larges piles sont enfoncées dans l’eau23. Le bac dépose quelques silhouettes, qu’on imagine rejoignant le village en suivant le chemin qui longe les murs du jardin du château.

Les cartes de forêt : dans le détail, l’organisation du domaine

Fig. 8.

Fig. 8.

Caron pour le roi, Carte de la forest royalle de St-Germain-en-Laye et ses environs, 1686, AN, Cartes et Plans, N II Seine-et-Oise 107.

© photographie de l’auteur.

  • 24 F. de Dainville, op. cit. note 10, p. 43.
  • 25 La dorure y est employée pour les châteaux royaux de Saint-Germain-en-Laye.
  • 26 Son échelle est de 800 toises soit 1 : 9 500.

24Maisons se situe à proximité immédiate de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, qui a fait l’objet de nombreuses représentations cartographiées, répondant à des finalités cynégétiques ou forestières. Les cartes et plans de forêt ont pour but de décrire les parcelles de bois du domaine24. L’un des plus beaux exemples est la Carte de la forest royalle de St-Germain-en-Laye et ses environs, levée par Caron en 1686 pour le Roi, dont elle porte le blason (fig. 8). Il s’agit d’une carte d’une grande qualité25, précise et détaillée, tant dans son échelle26 et dans sa représentation que dans les indications qu’elle porte. Aussi le détail de l’état de la forêt, la dénomination et la quantité des triages sont-ils indiqués. Cette carte est la plus ancienne qui donne autant d’informations sur le domaine de Maisons, l’organisation de son parc, les dispositions de son territoire, les plantations de ses clos.

Fig. 9.

Fig. 9.

Carte des chasses impériales, sur commande royale, débutée dans les années 1764-1774 et dont la gravure ne fut terminée qu’en 1820, BNF, Cartes et Plans, Ge BB-207.

© BnF / Gallica

  • 27 F. de Dainville, op. cit. note 10, p. 43 

25Les cartes de chasse sont destinées à indiquer aux invités le terrain où doit se dérouler la chasse27. La plus célèbre, la Carte des chasses impériales (fig. 9), a constitué une vaste entreprise cartographique, issue d’une commande royale débutée dans les années 1764-1774 et dont la gravure n’a été terminée qu’en 1820. Elle couvre un grand territoire correspondant à l’ouest parisien, de Mantes à Saint-Denis, d’Épernon à Corbeil. Le détail de la représentation est tout à fait remarquable. Un élément du paysage mansonnien attire l’attention : les allées de son parc de chasse convergent toutes vers un même point, situé sur la grande allée menant vers le château depuis la forêt de Saint-Germain. Le dispositif d’allées en éventail est ici dédoublé pour former un tracé rayonnant impressionnant dont l’urbanisme actuel de la ville a gardé le souvenir, mais dont aucune carte du XVIIIe siècle ne rend compte. Cette observation nous invite à considérer que l’état représenté par la carte des chasses est celui de la gravure qui en fut faite au début du XIXe siècle.

Les jardins par les plans du château

26 Les cartes qui apportent le plus d’information sont évidemment les plans du château ; ils sont peu nombreux pour Maisons et nous n’en citerons que deux, qui offrent un niveau de détail important, dû à la très grande échelle employée. Ils englobent généralement les abords immédiats du château mais délaissent son emprise sur un territoire plus large.

Fig. 10.

Fig. 10.

Jacques-François Blondel, Plan du Château de Maisons, de ses issues, & de ses principales dépendances, Cours d’Architecture, planche XXX, tome IV, 1771-1774.

© BnF / Gallica

Fig. 11.

Fig. 11.

Plan du Château de Maisons, AN CP N III Seine et Oise 378-1.

© photographie de l’auteur.

  • 28 Jacques-François Blondel, Cours d'architecture, ou Traité de la décoration, distribution et constru (...)

« Combien ne sommes-nous pas convaincus de notre insuffisance, lorsque toutes les années nous nous transportons à Maisons avec nos élèves, pour nous convaincre que Mansart est le Dieu de l’Architecture28. »

27Ce sont les mots de l’architecte Jacques-François Blondel qui, pour illustrer son Cours d’architecture, fit réaliser des plans et des vues des édifices étudiés. Le plan du château de Maisons y offre une représentation détaillée et précise : parterres, quinconces, allées et palissades sont identifiés (fig. 10). Ce plan s’accompagne d’une description dont nous ne livrerons qu’un court extrait, résumant l’état des jardins dans les années 1770 :

  • 29 Jacques-François Blondel, Planches pour le quatrième cours d'architecture , qui contient les leçons (...)

« Ils sont trop négligés aujourd’hui pour que nous en donnions la description ; d’ailleurs ils ne renferment rien de bien remarquable, à l’exception de quelques grottes, & de plusieurs belles routes, percées dans l’épaisseur du Parc. Les Jardins de propreté sont presque tous incultes29. »

  • 30 Dont il porte le blason, accompagné d’une Renommée
  • 31 Ce jardin anglais semble ne pas avoir été réalisé. Un jardin à l’anglaise sera mis en place dans le (...)
  • 32 Chaque entrée se faisait par une paire de pavillons, séparée par un fossé, qui permet au regard de (...)
  • 33 Ce procès-verbal, de 1777, a été publié. P.-Y. Louis, Le Marquisat de Maisons en 1777, procès-verba (...)
  • 34 Le plan porte une signature, qui pourrait être celle de Thomas Blaikie, jardinier écossais engagé p (...)

28 Plusieurs années après ce plan gravé, un autre, tout à fait remarquable, est dessiné et minutieusement mis en couleurs pour le comte d’Artois30 (fig. 11), nouveau propriétaire du château qui ambitionne de lui redonner son lustre passé : des décors intérieurs sont refaits, des restaurations menées et un jardin à l’anglaise projeté31. Ce plan propose une représentation inédite, dont la précision tend, semble-t-il, vers l’exactitude. On peut identifier les allées, les différentes parties des vignes, vergers et potagers, la disposition des pavillons32, l’aménagement des quinconces et des parterres, l’emplacement des terrasses, des escaliers, des bosquets et des plans d’eau. La même année, un procès-verbal33, établi à la suite de la visite du domaine, note chaque élément avec soin. Les deux documents corroborent : ainsi, les quinconces installés sur les terrasses de chaque côté du château se composaient de 136 marronniers selon le procès-verbal, pour 134 apparaissant sur le plan. La précision du plan permet de le confronter au procès-verbal et conduit à s’interroger sur le contexte de création de ces deux documents, les plus précis dont nous disposons : ont-ils été conçus conjointement34 ?

29L’étude d’un corpus cartographique requiert une méthodologie critique ; la comparaison des cartes les unes aux autres, après avoir ajusté leur orientation et leur échelle, permettra de lire une évolution. La prudence dans l’interprétation est de mise pour plusieurs raisons. D’abord, si un élément du paysage n’est pas représenté, cela ne signifie pas qu’il n’existait pas ; ensuite, certaines cartes ont pu être levées en en copiant des plus anciennes sans tenir compte des évolutions intervenues entre temps ; enfin, il a pu y avoir des réalisations d’après descriptions, ayant donné lieu à des représentations aberrantes, qu’il ne s’agirait toutefois pas de mettre de côté mais bien de considérer comme telles.

3/ Ce que les cartes n’apprennent pas

  • 35 L’orangerie du château de Maisons a été reconstruite à la fin du XVIIIe siècle pour le comte d’Arto (...)
  • 36 B. Hiernaux de Saint-Ours-Vivien, op. cit. note 6 2014, p. 157.

30 Les cartes figent le jardin, et ne rendent pas compte des changements induits par le moment de la journée ou la saison. Les jardiniers déplaçaient fréquemment les orangers35 ou couvraient les statues pour les protéger de l’hiver. La carte ne permet pas d’exprimer le mouvant, l’éphémère. Ensuite, l’échelle à laquelle sont levés plans et cartes ne peut pas faire apparaître, lorsqu’elle est à petite échelle, les éléments petits, étroits ou souterrains : les statues, les pots, les fontaines, les bassins, les décorations végétales en élévation, les grottes, les tunnels, les réseaux de canalisation. Plusieurs éléments mentionnés dans le procès-verbal de 1778 restent invisibles sur les cartes : la salle voûtée, la glacière, la cascade de pierre ou encore l’eau jaillissante des fontaines. Contrairement aux jardins d’autres châteaux, nous ne possédons pour Maisons aucun plan représentant des parterres de broderie, or ces broderies étaient très en vogue au XVIIe siècle et il est probable que les jardins aient été brodés. Pareillement, nous savons par un poème de Ravaud36 daté de 1637 que Maisons possédait au XVIIe siècle un parterre de tulipes, qui n’apparaît sur aucune carte. Les cartes ne sont effectivement pas l’outil le plus adéquat pour la connaissance des plantations horticoles des jardins anciens.

Fig. 12.

Fig. 12.

Plan du Château de Maisons (détail), AN CP N III Seine et Oise 378-2.

© photographie de l’auteur.

  • 37 Une partie du dispositif de l’entrée existe encore, quoique fortement remaniée.

31 Les cartes projettent une représentation du monde de façon plane, l’écrasent en partie et ne rendent compte qu’avec difficulté du relief et des élévations des édifices, les courbes de niveau étaient inexistantes. Pour y remédier, l’impression de relief était rendue au moyen d’un lavis gris pour les cartes manuscrites ou de fines stries parallèles pour les cartes gravées. Ce système est évidemment d’une grande approximation. Or les jardins de Maisons n’étaient pas plats. D’une part, le terrain ne l’était pas, et d’autre part ils empruntaient beaucoup, comme de nombreux jardins du XVIIe siècle, à l’art des fortifications, avec des dénivelés, des fossés, des terre-pleins. L’entrée du roi en lisière de la forêt de Saint-Germain à l’extrémité de la Grande Allée est tout à fait paradigmatique de ces grands aménagements relevant plus de la fortification que du jardin (fig. 12). Ici, pour rendre compte du dénivelé existant37, un lavis gris vient ombrer le bord des fossés. L’ampleur de ce dispositif est presque inédite. Il est illustré ici avec la carte offrant l’échelle la plus détaillée, mais cet aménagement a rarement été oublié, quoique souvent simplifié sur les autres cartes. À l’autre bout du parc, face au château, sur la rive droite de la Seine, nous pouvons observer sur les cartes un dispositif similaire : un parterre de gazon encadré d’une allée bordée d’arbres qui forme un fer à cheval, amorçant la route plantée d’arbres et menant jusqu’à Houilles (fig. 13). Là encore, on observe un lavis grisé, qui semble indiquer que ce parterre était surélevé. Les berges du fleuve étaient aménagées avec un grand raffinement. Le château faisait face à un parterre planté qui accueillait le regard et se plaçait sur une position légèrement surélevée par rapport au reste des berges. Ainsi, cet aménagement se trouvait protégé du fleuve et s’offrait au regard à une hauteur sans doute plus avantageuse, tenant vraisemblablement compte des nécessités du point de vue depuis la rive opposée.

Fig. 13.

Fig. 13.

Plan du Château de Maisons (détail), AN CP N III Seine et Oise 378-3.

© photographie de l’auteur.

Lacunes

32 La constitution du corpus cartographique de Maisons est soumise aux aléas historiques. Une part de la documentation a été perdue. Ainsi, certaines minutes de la Carte des chasses impériales, déjà citée, manquent. Ces minutes, cartes préparatoires à la grande carte gravée, étaient colorées et levées à une échelle plus grande. Malheureusement, si la plupart sont encore conservées au Service Historique de la Défense à Vincennes, une partie a disparu, dont toutes les minutes de la partie nord-est (comptant Poissy et donc Maisons).

  • 38 Sur les neuf planches attendues, seules six sont conservées.

33Le chercheur sera également confronté à la difficulté de documenter une carte inachevée. La carte (fig. 15) de la Bibliothèque nationale de France constitue un bon exemple : il s’agit d’une carte fragmentaire38 et inachevée (des blancs ont été laissés en réserve dans l’attente de recevoir un texte, comme le suppose le processus de gravure des cartes). Et malgré une gravure fine et précise, il est difficile de relier cette carte à un auteur ou à une commande, le titre même étant absent. L’étude est donc rendue délicate par l’absence de contexte.

Fig. 14.

Fig. 14.

Sans titre [carte des environs de Paris], BNF Cartes & Plans, Ge DD-2987 (799, I).

© BnF / Gallica

Imprécisions, maladresses et aberrations

  • 39 Jacques Bertin, Sémiologie graphique, Paris, Mouton et Gauthier-Villars, 1967.
  • 40 Non cotée.

34 Les cartes anciennes posent souvent le problème de la fidélité de la représentation. Il s’agit donc de s’interroger sur le degré d’exactitude cartographique39, et sur la façon dont le cartographe a procédé : s’est-il rendu sur place ou a-t-il travaillé d’après d’autres plans connus ou des descriptions textuelles ? Sans nécessairement trouver les réponses, nous pouvons nous poser ces questions pour la Carte des environs de Saint-Germain, conservée aux archives municipales d’Herblay40, où Maisons apparaît grossièrement dessiné (fig. 16).

Fig. 15.

Fig. 15.

Carte des environs de Saint-Germain, archives municipales d’Herblay.

© photographie de l’auteur.

35Souvent, en fonction de la nature de la carte, le cartographe a pu simplifier, schématiser, ajouter, oublier. Il faut donc toujours garder un regard critique. Parfois également, la carte peut s’arrêter brusquement et laisser vide l’espace qui aurait pu être intéressant, comme la Carte des chasses du comte d’Artois conservée à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (fig. 16), qui représente le territoire de chasse du comte sur la rive droite du fleuve et omet Maisons (situé sur la rive gauche) dans sa plus large part. Seul le jardin situé à proximité immédiate du château est représenté.

Fig. 16.

Fig. 16.

Carte des chasses du comte d’Artois, conservée à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (BHVP D 134).

© Ville de Paris / Bibliothèque historique, Réserve F 134.

Fig. 17.

Fig. 17.

Carte générale des châteaux et forêts de Saint-Germain-en-Laye, BNF, Cabinet des Estampes, Va-448 (E) Ft 6.

© BnF

36La carte peut être un outil de datation précieux pour identifier un état des jardins. Néanmoins, même une carte datée peut reprendre un fond de carte plus ancien. À titre d’exemple, la Carte générale des châteaux et forêts de Saint-Germain-en-Laye (fig. 17), est tout à fait révélatrice : datée de 1788, elle montre un état du domaine plus proche de celui du début du XVIIIe siècle. De plus, certains éléments manquent (la route bordée d’arbres menant jusqu’à Houilles), d’autres ne se retrouvent sur aucune carte de ce même siècle (l’allée perpendiculaire à la Grande Allée du côté de la forêt), et certains sont représentés de manière aberrante (l’île devant Maisons). Cette carte est un bel exemple de cartographie maladroite et erronée.

Fig. 18.

Fig. 18.

David Vignier, Plan particulier des environs de Paris et Versailles, 1675, Musée des Plans-Reliefs, E 28.

© Musée des plans reliefs

37 Certaines cartes peuvent proposer une représentation des jardins tout à fait étonnante, qui ne corrobore absolument pas le reste de la documentation. Ainsi, le Plan particulier des environs de Paris et Versailles par David Vignier (fig. 18) laisse circonspect si on le compare avec les autres représentations connues de Maisons. Ici, le cartographe représente le parc comme un assemblage de huit carreaux aux dessins variés, qui semblent être des parterres de gazon et des bosquets. Le château apparaît seulement comme un signe, contrairement aux autres châteaux figurés sur la carte (Versailles au premier titre) et il n’est pas accompagné de ses pavillons et écuries. Le cartographe semble avoir été gêné par l’emplacement de Maisons sur la carte, entre le bord gauche et le cartouche aux armes du marquis de Louvois. Le crédit que l’on peut accorder à cette carte est donc très limité ; il s’agit sûrement plus d’une pensée générique du jardin en 1675.

38L’étude du territoire d’un château par les cartes est un travail de grand intérêt qui croise histoire locale (celle des environs du château), histoire d’un bâtiment et histoire, plus large, de la cartographie. Cette étude croisée des cartes d’un lieu permet d’en raconter l’histoire ici, celle de Maisons, mais également d’envisager de manière critique ce corpus de sources, à force de comparaisons.

39Ainsi, le château de Maison apparaît sur de nombreuses cartes comme le cœur d’un dispositif paysager de grande ampleur, ayant connu de nombreuses évolutions en un siècle et demi, tout en conservant son emprise sur ce site, tandis qu’à partir du milieu du XIXe siècle, le parc est loti et ne s’organise plus autour du château mais autour de la ville émergeante.

Haut de page

Notes

1 Georges Farhat, « Territorialités et parcs à l’âge classique : pour une approche critique de la notion de territoire », Polia-Revue de l’art des jardins, no 10, automne 2008, pp. 7-32.

2 Plusieurs études ont été menées sur ce château, considéré comme le chef-d’œuvre de son architecte François Mansart, vraisemblablement à l’origine du premier dessin des jardins. Smith/Braham 1973, Mignot/Babelon 1998, Mignot 2016.

3 Parlementaire ambitieux, qui fut président à mortier et qui deviendra marquis de Maisons, René de Longueil fit établir par Mansart les plans du château de Maisons situé en bordure de la forêt de Saint-Germain pour être un « appât » tendu au Roi.

4 Ceci a été étudié par Sophie Cueille : Sophie Cueille, Maisons-Laffitte : parc, paysage et villégiature, 1630-1930, Service régional de l’Inventaire général, Paris, Association pour le patrimoine de l’Île-de-France, 1999.

5 Le frère du roi a acquis le château en 1777, et y a fait plusieurs aménagements dispendieux, notamment dans les jardins, avec la complicité de son architecte, Bélanger.

6 Plusieurs publications sont à retenir pour Maisons : Pierre-Yves Louis, « Le Parc de Maisons sous l’Ancien Régime », Cahiers du Vieux Maisons, no 11, 1987, pp. 5-24 ; S. Cueille, « François Mansart à Maisons : essai de restitution des premiers jardins », Les Cahiers de Maisons, nos 27-28, 1999, pp. 82-95 ; Béatrice Hiernaux de Saint-Ours-Vivien, Les Demeures et collections d’un grand seigneur : René de Longueil, président de Maisons (1597-1677), thèse de doctorat en histoire de l’art, sous la direction de Claude Mignot, Paris, Sorbonne, 2014.

7 Une synthèse de cette question existe : Françoise Boudon et Hélène Couzy, « Le château et son site : l’histoire de l’architecture et la cartographie », dans Revue de l’art, Éditions du CNRS, Paris, 1977.

8 Ils sont absents pour Maisons.

9 Le « plan des limittes qui séparent la terre du marquisat de Maisons et le fief de la Vaudoire d’avec la Capitainerie de Saint-Germain-en-Laye », levé en 1718 par Caron, arpenteur général des eaux et forêts du département de Paris, (AN, R1 449, dossier 2, apanage du Comte d’Artois, plan accompagné de son procès-verbal), « à la requête de René de Longueil marquis de Maisons contre Monsieur duc de Noaille représentant les intérêts du Roi », constitue un exemple significatif.

10 Sont définies par François de Dainville, Le Langage des géographes. Termes, signes et couleurs des cartes anciennes 1500-1800, 1964, p. 37 : « celles qui ne représentent qu’un petit espace, une ville et son territoire, mais avec tout son détail. Tout doit s’y trouver, la moindre colline, un moulin, un chemin creux, une fontaine, un vignoble, les prairies. Les plus détaillées sont les meilleures. »

11 Au premier rang desquels se trouve François de Dainville, op. cit. note 10.

12 F. de Dainville, op. cit. note 10, p. 62.

13 Car levée « par des opérations établies sur des principes certaines avec des instruments nécessaires », F. de Dainville, op. cit. note 10, p. 48

14 Cette carte répond à une finalité précise : représenter le cours de la Seine entre Paris et Poissy avec un projet de canal entre les Champs-Élysées et Achères qui ne sera pas réalisé.

15 On reconnaît bien l’église, petit édifice surmonté d’une croix. Le village de Maisons est situé tout à côté du château.

16 Par son signe de convention cartographique : un bateau vu de dessus relié aux deux rives par un fil. Le bac permettait de traverser la rivière avant la construction du pont qui n’aura lieu qu’au début du XIXe siècle. Les archives rapportent plusieurs incidents au cours desquels le bac se renversait. De nombreux bacs étaient utilisés pour traverser la Seine dans toute l’Île-de-France.

17 Cette route, vraisemblablement projetée par François Mansart aurait été terminée par son neveu, Jules Hardouin-Mansart, lorsqu’il reprit une partie du chantier. Alexandre Gady, Jacques Lemercier, architecte et ingénieur du Roi, Paris, MSH, 2005, pp. 567-569 ; elle est décrite en 1777 par Thomas Blaikie : « j’ai traversé le village et je suis arrivé à une avenue de tilleuls qui est en face du château de Maisons, mais qui en est séparée de nouveau par le fleuve, que j’ai traversé de nouveau. » Thomas Blaikie, Journal d’un botaniste-jardinier (1775-1792), Paris, Klincksieck, p. 178 [vendredi 20 septembre 1777].

18 Levée sous la direction de César-François Cassini de Thury, à la demande de Louis XV, à une échelle de 100 toises soit 1 : 86 400, cette carte de France a été levée entre 1749 et 1755 puis gravée.

19 Ce parc de chasse était appelé « Grand Parc », en opposition au « Petit Parc » qui formait les abords immédiats du château et où l’on trouvait les parterres et les fontaines.

20 Cet Atlas, levé entre 1745 et 1780 sur ordre de Charles Daniel Trudaine et conservé aux Archives Nationales (CP F14 8443 à 8507), peut aider à l’étude d’un jardin ; il constitue un outil important pour la connaissance du territoire et des routes sous l’Ancien Régime. Précis et détaillé, il offre de nombreuses indications sur les éléments se trouvant à proximité des routes, il peut cependant se révéler assez frustrant ou décevant, car il omet les territoires qui ne sont pas traversés par une route ; c’est le cas de Maisons, situé loin des routes de Poissy et de Saint-Germain-en-Laye. Voir F. Boudon et H. Couzy, op. cit. note 7.

21 Carte du Cours de la Seine du Pec à Poissi, AD 78, 3S9. On peut lire sur cette carte les mentions suivantes : « il y a un bassin rempli de pierre très dangereux que les batteaux touchent en passant » et « perret nuisible qui oblige de faire le tirage dans le Parc de Maisons ».

22 Cette vue occupe l’angle supérieur gauche de la « carte des chasses du comte d’Artois », BHVP D 134.

23 Ce moulin relie le rivage à l’Île de la Corvée, il a été étudié par Chris Gibbins, « Le Moulin de Maisons : un moulin-pendant » , Cahiers du Vieux Maisons, n° 8, décembre 1983, pp. 2-9.

24 F. de Dainville, op. cit. note 10, p. 43.

25 La dorure y est employée pour les châteaux royaux de Saint-Germain-en-Laye.

26 Son échelle est de 800 toises soit 1 : 9 500.

27 F. de Dainville, op. cit. note 10, p. 43 

28 Jacques-François Blondel, Cours d'architecture, ou Traité de la décoration, distribution et construction des bâtiments : contenant les leçons données en 1750 et les années suivantes, tome II, Paris, Veuve Desaint, 1771-1777, p. 221.

29 Jacques-François Blondel, Planches pour le quatrième cours d'architecture , qui contient les leçons données en 1750 et les années suivantes, par JF Blondel architecte, dans son école des arts, tom IV, Paris Veuve Desaint, 1773, pl. XXX.

30 Dont il porte le blason, accompagné d’une Renommée

31 Ce jardin anglais semble ne pas avoir été réalisé. Un jardin à l’anglaise sera mis en place dans le Petit Parc au XIXe siècle.

32 Chaque entrée se faisait par une paire de pavillons, séparée par un fossé, qui permet au regard de circuler. Les pavillons de l’entrée du Roi, au nord de la Grand Allée, du côté de la forêt de Saint-Germain sont d’une disproportion tout à fait exceptionnelle, qui tient plus de la fortification que du jardin de plaisance.

33 Ce procès-verbal, de 1777, a été publié. P.-Y. Louis, Le Marquisat de Maisons en 1777, procès-verbal de visite par A.-N. Dauphin et S.-J. Duboisterf architectes experts, Paris, 1981.

34 Le plan porte une signature, qui pourrait être celle de Thomas Blaikie, jardinier écossais engagé par le comte d’Artois d’abord à Bagatelle puis à Maisons, où il semble n’avoir finalement rien réalisé. Si nous sommes tentés de lui attribuer ce plan, de plus amples recherches seront nécessaires pour une attribution sûre.

35 L’orangerie du château de Maisons a été reconstruite à la fin du XVIIIe siècle pour le comte d’Artois, sur les dessins de Bélanger, les Archives nationales conservent une élévation du projet, N III Seine-et-Oise 378-2.

36 B. Hiernaux de Saint-Ours-Vivien, op. cit. note 6 2014, p. 157.

37 Une partie du dispositif de l’entrée existe encore, quoique fortement remaniée.

38 Sur les neuf planches attendues, seules six sont conservées.

39 Jacques Bertin, Sémiologie graphique, Paris, Mouton et Gauthier-Villars, 1967.

40 Non cotée.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1.
Légende Brossard de Beaulieu, Carte de la forêt de Saint-Germain-en-Laye (détail), vers 1680-1690, Arch. Dép. des Yvelines, AD 78.
Crédits © photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-1.png
Fichier image/png, 318k
Titre Fig. 2.
Légende Carte de la forest royalle de St Germain en Laye & ses environs, 1686, Archives Nationales, Cartes et Plans, N II Seine-et-Oise 107.
Crédits © photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 270k
Titre Fig. 3.
Légende Carte générale de la forêt de St Germain en Laye et de ses environs, AN, Cartes et Plans, N I Seine-et-Oise 65, photothèque des Arch.Nat.
Crédits © photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 322k
Légende Andrieux de Benson, Plan général de la forest de St-Germain-en-Laye et de ses environs (détail), 1732, Château de Versailles, salon des pendules, VMB 1034, 2.
Crédits © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Amaudet
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 548k
Titre Fig. 5.
Légende Jouvin de Rochefort, Carte des environs de Paris, vers 1675, Bibliothèque nationale de France, Cartes & Plans, Ge C 1603.
Crédits © BnF
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 26k
Titre Fig. 6.
Légende Carte générale de la France, dite Carte de Cassini, château de Maisons, vers 1756-1815, Bibliothèque nationale de France, Cartes & Plans.
Crédits © BnF / Gallica
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 41k
Titre Fig. 7.
Légende Carte des chasses du comte d’Artois (détail de l’angle supérieur gauche), Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, D 134.
Crédits © Ville de Paris / Bibliothèque historique, Réserve F 134.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 496k
Titre Fig. 8.
Légende Caron pour le roi, Carte de la forest royalle de St-Germain-en-Laye et ses environs, 1686, AN, Cartes et Plans, N II Seine-et-Oise 107.
Crédits © photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-8.png
Fichier image/png, 136k
Titre Fig. 9.
Légende Carte des chasses impériales, sur commande royale, débutée dans les années 1764-1774 et dont la gravure ne fut terminée qu’en 1820, BNF, Cartes et Plans, Ge BB-207.
Crédits © BnF / Gallica
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 40k
Titre Fig. 10.
Légende Jacques-François Blondel, Plan du Château de Maisons, de ses issues, & de ses principales dépendances, Cours d’Architecture, planche XXX, tome IV, 1771-1774.
Crédits © BnF / Gallica
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 483k
Titre Fig. 11.
Légende Plan du Château de Maisons, AN CP N III Seine et Oise 378-1.
Crédits © photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-11.png
Fichier image/png, 253k
Titre Fig. 12.
Légende Plan du Château de Maisons (détail), AN CP N III Seine et Oise 378-2.
Crédits © photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 13k
Titre Fig. 13.
Légende Plan du Château de Maisons (détail), AN CP N III Seine et Oise 378-3.
Crédits © photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 9,8k
Titre Fig. 14.
Légende Sans titre [carte des environs de Paris], BNF Cartes & Plans, Ge DD-2987 (799, I).
Crédits © BnF / Gallica
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 606k
Titre Fig. 15.
Légende Carte des environs de Saint-Germain, archives municipales d’Herblay.
Crédits © photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-15.png
Fichier image/png, 118k
Titre Fig. 16.
Légende Carte des chasses du comte d’Artois, conservée à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (BHVP D 134).
Crédits © Ville de Paris / Bibliothèque historique, Réserve F 134.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 235k
Titre Fig. 17.
Légende Carte générale des châteaux et forêts de Saint-Germain-en-Laye, BNF, Cabinet des Estampes, Va-448 (E) Ft 6.
Crédits © BnF
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 660k
Titre Fig. 18.
Légende David Vignier, Plan particulier des environs de Paris et Versailles, 1675, Musée des Plans-Reliefs, E 28.
Crédits © Musée des plans reliefs
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/22039/img-18.png
Fichier image/png, 500k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Marie Morillon, « L’apport de l’étude d’un corpus de cartes anciennes dans la connaissance des jardins : l’exemple du château de Maisons »Les Cahiers de l’École du Louvre [En ligne], 18 | 2022, mis en ligne le 01 juillet 2022, consulté le 16 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/22039 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cel.22039

Haut de page

Auteur

Marie Morillon

Cette étude s’inscrit dans le cadre des recherches effectuées par Marie Morillon au cours de sa scolarité à l’École du Louvre, pendant laquelle elle suit la spécialité Architecture, décor et ameublement des grandes demeures qui proposait alors une étude des palais russes puis allemands (cycle de cours par Emmanuel Ducamp). Elle rédige durant son Master 1 en Muséologie un mémoire d’étude portant sur l’Analyse critique du dispositif paysager du château de Maisons au travers des cartes et plans d’Ancien Régime, et confirme l’année suivante son intérêt pour les lieux et les supports graphiques à l’occasion d’un autre mémoire consacré aux vues de ville au XVIIe siècle en Lorraine. Après avoir effectué son premier et son deuxième cycle à l’École du Louvre, elle obtient un second master à l’École des chartes, en Technologies numériques appliquées à l’histoire. Elle rédige alors un mémoire technique sur les archives du Centre national de la littérature pour la jeunesse - La Joie par les livres. Elle réussit en 2019 le concours de bibliothécaire d’État puis de conservateur des bibliothèques d’État. Elle coordonne aujourd’hui les services au public du département Littérature et Art à la Bibliothèque nationale de France.
This study is part of the research carried out by Marie Morillon at the École du Louvre, where she specialised in the Architecture, decoration and furnishings of stately homes, which included Russian and German palaces (a series of lectures by Emmanuel Ducamp). During her Master 1 in museology, she wrote a dissertation on the critical analysis of the landscape of the Château de Maisons through Ancien Régime maps and plans, and the following year confirmed her interest in places and graphic media with another dissertation on city views in seventeenth-century Lorraine. After completing her undergraduate and graduate studies at the École du Louvre, she obtained a second master’s degree, in digital technologies applied to history, from the École des Chartes. She then wrote a technical dissertation on the archives of the Centre National de la Littérature pour la Jeunesse – La Joie par les Livres. In 2019 she passed the competitive examination to become a state librarian and then a state library curator. Today she coordinates the public services of the literature and art department at the Bibliothèque Nationale de France.

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search