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Les jeux d’eau du parc de Saint-Cloud. Des premières créations à la magnificence du parc mise en scène par Étienne Allegrain

Fountains in the Parc de Saint-Cloud: from the first creations to the magnificence of the park captured by Étienne Allegrain
Solveig d’Aboville

Résumés

Situé à un emplacement particulièrement favorable à son développement, le parc de Saint-Cloud dispose à la fois d’une vue superbe, d’une topographie et d’une géologie propices à la création de jeux d’eau. Tirant parti de ces avantages, les propriétaires successifs du château créent des ornements hydrauliques en grand nombre depuis la fin du XVIe siècle, chacun souhaitant faire du parc le reflet de son goût et de sa réussite sociale, avérée ou projetée. À la fin du XVIIe siècle, le jeune frère du roi Louis XIV, Philippe d’Orléans, entretient cette dynamique, mais à une échelle bien supérieure, faisant de l’eau jaillissante le ressort principal de l’aménagement des jardins, profitant à la fois de son caractère décoratif et de sa capacité à symboliser le pouvoir du propriétaire. Faisant face à de nombreuses contraintes liées à la topographie accidentée et à la présence d’aménagements préexistants, Monsieur adapte la fonction, l’aménagement et l’ornementation de ses jardins à cet environnement.

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Texte intégral

  • 1 Aurélia Rostaing, « Une brève histoire des jardins de Saint-Cloud », Saint-Cloud, le Palais retrouv (...)

1Le tableau attribué à Étienne Allegrain (fig. 1) illustre la splendeur du parc de Saint-Cloud à l’époque de Monsieur, période d’apogée de son essor, et la beauté des jeux d’eau qui en sont au cœur. Comme le souligne Aurélia Rostaing, « les aménagements postérieurs à la fin du XVIIe siècle viennent s’insérer dans une composition dont la distribution demeure inchangée1 ». Néanmoins, tout le mérite ne revient pas au duc d’Orléans, qui a profité d’un terrain extrêmement favorable et a inscrit ses créations dans des installations antérieures déjà réputées pour leur beauté. Les jeux d’eau semblent en effet avoir été le ressort principal de développement, matérialisant à la fois les goûts, la personnalité et les ambitions des propriétaires successifs du château. Si les différentes étapes de leur évolution ont été décrites par plusieurs auteurs, presque aucune analyse stylistique détaillée et exhaustive n’a été réalisée, ni aucune mise en perspective de cette évolution, avec l’expansion du parc et les motivations des propriétaires, tout au long du siècle. C’est donc ce que nous nous attacherons à réaliser, à l’aide des cartes et illustrations anciennes dont nous disposons, ainsi que des sources écrites de l’époque.

Fig. 1.

Fig. 1.

Étienne Allegrain (att.), Vue cavalière du château et du parc de Saint-Cloud vers 1675, 1675-1677, huile sur toile, 314 cm x 386 cm, Musée des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 743.

© BnF / Gallica

Une situation propice à l’installation de courtisans dans le bourg de Saint-Cloud

Un village idéalement situé et desservi

  • 2 Hélène Sueur, Saint-Cloud : le domaine national, Paris, Éd. du patrimoine-Centre des monuments nati (...)
  • 3 Anatole de Barthélémy, « Notes historiques sur Ville-d’Avray, du XVIIe au XVIIIe siècle », Revue de (...)

2Le village de Saint-Cloud est situé sur les hauteurs de la rive gauche de la Seine, après la première boucle du fleuve en aval de Paris. Cette localisation est particulièrement favorable à l’installation, à proximité, de courtisans. Tandis que le fleuve permet de se rendre dans toutes les localités en bord de Seine, dont la capitale, Saint-Cloud dispose jusqu’à la fin du XVIIe siècle d’un des rares ponts de l’ouest parisien franchissant la Seine. Pendant longtemps, il était donc un point de passage pour une grande partie des voyageurs qui souhaitaient se rendre à Paris. De Saint-Cloud, on peut ainsi se rendre à Versailles, qui semble être déjà une localité de taille importante, ou à Saint-Germain-en-Laye, quoique ce ne soit pas la route la plus directe depuis Paris ; surtout, on peut circuler facilement dans tous les villages situés à l’ouest de la première boucle de la Seine. Cela est d’autant plus important à partir du milieu du XVIIe siècle, du fait de l’intérêt que porte le jeune roi Louis XIV à son pavillon de chasse de Versailles, intérêt qui le pousse à y installer sa Cour de façon permanente en 1682. En effet, la route allant de Paris à Versailles passait nécessairement par Saint-Cloud, jusqu’à la construction du pont de Sèvres à la fin du XVIIe siècle. Ainsi, de nombreux personnages de haut rang empruntent cette route et ne peuvent manquer de constater les qualités naturelles des lieux. De plus, Louis XIV a probablement très tôt imaginé un réseau de demeures satellites autour de son château afin d’y organiser séjours et fêtes, et de disposer d’un logis lors de ses promenades ou de ses parties de chasse2. Proche de Versailles, ainsi que de la forêt de Fausses-Reposes qui abritait du gibier en quantité importante3, Saint-Cloud rassemblait toutes les caractéristiques requises pour appartenir à ce réseau.

  • 4 Lucie Nottin, Mise en Seine : Implantations et dispositifs paysagers des châteaux de plaisance des (...)

3Saint-Cloud se situe donc à la croisée de plusieurs routes menant d’une résidence royale à l’autre : Paris, Versailles et Saint-Germain-en-Laye – dont Henri IV avait fait étendre les jardins par une succession de terrasses descendant jusqu’à la Seine au tournant du XVIIe siècle. On peut alors espérer voir le roi y exercer son « droit de gîte4 ».

4Tous ces éléments réunis favorisent la construction de châteaux de plaisance, dédiés à la villégiature, dans la zone proche du village au cours du XVIIe siècle. Le goût pour ces demeures, importé d’Italie en France au XVIe siècle mais quelque peu étouffé par les guerres de Religion, prend un nouvel essor à la suite de la signature de l’édit de Nantes en 1598. La fonction de ces lieux étant d’échapper à la promiscuité et au bruit auxquels sont exposés les courtisans à la Cour et à la ville, les résidences sont construites dans un cadre champêtre, entourées de jardins idylliques offrant calme et réconfort. Ainsi, en 1647, Pierre Monnerot, conseiller du roi et receveur général des finances de la généralité d’Orléans, acquiert une propriété à Sèvres, village au sud de Saint-Cloud, tandis que l’archevêque François Fouquet et Jacques Le Coigneux, Chancelier de Gaston d’Orléans, frère du roi Louis XIII, s’installent à Saint-Cloud.

Un relief naturel offrant un cadre idéal pour l’élaboration d’un jardin

  • 5 Maurice Leroy, « Histoire d’eau à Sèvres, Saint-Cloud et Ville-d’Avray », Savara, bulletin de la So (...)
  • 6 Marie-Hélène Bénetière et al., Jardin : vocabulaire typologique et technique, Paris, Éd. du Patrimo (...)
  • 7 M. Leroy, art. cité. note 5, p. 8.
  • 8 Dr Martin Lister, Voyage à Paris en 1698, suivi d’Extraits des ouvrages d’Evelyn relatifs à ses voy (...)

5Un autre élément favorable au choix de cette implantation pour une demeure de plaisance est le relief naturel. À cet endroit, la Seine longe une succession de collines sur sa rive gauche   : comme les demeures de Meudon ou de Saint-Germain-en-Laye, Saint-Cloud surplombe ainsi la Seine (fig. 2). Il est situé entre les collines de Montretout et de Chaumont5, à mi-pente, profitant d’une vue extérieure6 splendide, ouverte à près de 180° sur la boucle de la Seine, la plaine de Billancourt, le bois de Boulogne et, au loin, sur Paris7. Lors de sa visite en France en 1698, le docteur Martin Lister la décrit ainsi : « De la balustrade de la terrasse, la Seine & une vaste plaine terminée à l’horizon par la vue de Paris, forment une admirable perspective8 ».

Fig. 2.

Fig. 2.

François de La Pointe et Académie des Sciences, Carte particulière des environs de Paris / Par Mess[ieu]rs de l’Académie royalle des sciences en l’année 1674 (détail), feuille 5, carte gravée, 1678, Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE DD-2987 (788,I-IX).

© BnF / Gallica

  • 9 Françoise Boudon, « Jardins d’eau et jardins de pente dans la France de la Renaissance », Architect (...)

6Cependant, l’installation d’une demeure sur une pente ne fait pas l’unanimité, la recherche d’un panorama dans l’aménagement d’un jardin n’étant un critère que pour une minorité de personnes, influencées par les idées de la Renaissance italienne. Le jardin français est traditionnellement clos et établi sur terrain plat depuis l’époque médiévale, et le reste jusqu’au début du XVIIe siècle9. Par la suite, les grands jardins les plus réputés sont parfois agrémentés d’une légère déclivité apportant dynamisme et majesté à la composition, comme à Vaux-le-Vicomte, à Sceaux ou, plus tard, à Versailles.

  • 10 Frédéric Sichet, « L’hydraulique des jardins au temps d’André Le Nôtre », cat. d’exp., Le Nôtre en (...)

7Le relief du coteau de Saint-Cloud présente un autre avantage capital : il permet d’acheminer facilement de l’eau jusqu’au jardin et de fournir une pression suffisante à la création de jeux d’eau, tout cela par la seule force la gravité. Il n’est pas nécessaire de faire appel à des infrastructures complexes de remontée d’eau ou de pompe, bien que ces techniques soient déjà parfaitement maîtrisées lorsque Monsieur ordonne la création des nombreux jeux d’eau du parc de Saint-Cloud10.

Une abondance d’eaux naturelles11, ressource clef pour la création de jardins

  • 11 M.-H. Bénetière et al., op. cit. note 6, p. 55 : les eaux naturelles sont l’« ensemble des cours d’ (...)
  • 12 F. Boudon, art. cité. note 9, pp. 139-141, 144, 146.
  • 13 Idem, ibidem, pp. 147, 160-161.

8À partir du milieu du XVIe siècle naît progressivement en France le goût pour les aménagements hydrauliques d’agrément dans les jardins, à la suite de ceux réalisés à Fontainebleau dans les années 1530-1540. Plusieurs dispositifs d’eau dormante et mouvante y furent créés avant que le principe se répande en France12, notamment grâce à la publication en 1576 de l’ouvrage Les plus excellents bâtiments de France par Jacques Androuet du Cerceau, dont les nombreuses gravures reproduisent des compositions de jardins existantes et admirées, ou simplement inventées par l’auteur. Au début du XVIIe siècle, l’eau jaillissante connaît un développement sans précédent. Cette évolution peut être expliquée par l’influence des nouveautés apportées d’Italie par les reines Catherine, puis Marie de Médicis, et leurs compatriotes installés en France. Tout au long du siècle, on assiste donc à la généralisation des motifs de la fontaine, du grand jet mais aussi du grand canal. De même, se diffuse, à partir des années 1630, l’exploitation de la pente pour la création de chutes d’eau et de cascades, selon le modèle italien du siècle précédent13.

  • 14 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 1-3, 8-9.
  • 15 Dominique Cécile Claudius-Petit, « Étangs et Aqueducs à Ville-d’Avray jusqu’à la Révolution », Pari (...)

9Les possibilités d’approvisionnement en eau deviennent un facteur clef de création d’un jardin à la mode aux XVIe et XVIIe siècles. Or, la zone dans laquelle est implantée le château de Saint-Cloud est riche en eaux naturelles. Parmi les trois seuls affluents de la Seine dans la région ouest proche de Paris, deux sont proches du village (voir fig. 2). Le premier, le ru de Vaulichard, traverse le domaine, si bien que son cours pu être capté pour alimenter les jeux d’eau sans que sa trajectoire ne soit modifiée. Le second, le ru de Marivel, coule dans le bassin versant au sud de la colline de Chaumont et traverse plusieurs étangs à Ville-d’Avray14 – dont le nombre et la dénomination évoluent au cours du XVIIe siècle15 –, recevant ainsi l’eau de plusieurs sources, dont celle du « ru des Noues ».

  • 16 M. Leroy, art cité. note 5, p. 8.
  • 17 M.-H. Bénetière et al., op. cit. note 6, p. 239.
  • 18 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 9-10.

10De plus, la composition des sols est très favorable : les couches géologiques supérieures faites de calcaire poreux16, laissent l’eau s’écouler jusqu’à une profondeur importante, où elle rencontre une couche argileuse imperméable en marne17. Elle suit alors la déclivité de cette couche, elle-même moins importante que celle de la couche poreuse. L’eau fait surface en contrebas sous la forme de ruisseaux et de très nombreuses sources, dont le débit est relativement régulier au cours de l’année. Le vallon de Saint-Cloud en comporte sept18.

11Cette richesse en eau permet aux courtisans habitant Saint-Cloud de doter leurs jardins de jeux d’eau, non seulement dormante ou mouvante, mais aussi jaillissante, comme cela fut la mode au XVIIe siècle.

Des jardins reflétant le rang et la personnalité de leurs propriétaires : l’eau comme ornement principal

  • 19 Idem, ibidem, pp. 8, 11.
  • 20 Op. cit. note 9, pp. 91-99, 139-140.

12Ces multiples avantages font du village de Saint-Cloud un endroit privilégié pour y installer une belle demeure de plaisance. Il attire donc des personnages prestigieux, notamment à l’emplacement de l’hôtel d’Aulnay, qui existe depuis le Moyen Âge et dont le jardin est déjà agrémenté d’une source, d’une fontaine et de deux viviers, probablement situés à l’emplacement de l’étang Saint-Martin et du bassin des Carpes actuel19. Quoique ces éléments soient fréquents dans les jardins médiévaux20, l’ensemble est déjà important ; dès l’origine, l’eau semble ainsi avoir été au cœur des aménagements du terrain.

1577-1618 : un jardin d’un courtisan italien, proche de la Reine

  • 21 D. C. Claudius-Petit, « Aux origines du domaine de Saint-Cloud : La “maison de plaisance” de Barthé (...)

13À la fin du XVIe siècle, le domaine se voit profondément transformé à la fois dans ses aménagements et ses fonctions. En décembre 1577, la reine Catherine de Médicis fait don de la parcelle de terrain alors occupée par l’hôtel d’Aulnay à Jérôme de Gondi, un de ses proches également florentin21.

  • 22 M. Leroy, art. cité. note 5, p. 3.
  • 23 Monique Mosser, Georges Teyssot, Histoire des jardins : de la Renaissance à nos jours, Paris, Flamm (...)

14À cette époque commencent à se diffuser en France, sous l’impulsion de Catherine de Médicis et de son entourage, le goût pour les jardins italiens de la Renaissance. Rappelons-en trois caractéristiques, qui nous intéressent ici22 : tout d’abord, les concepteurs de jardins de la péninsule italienne savaient tirer profit de la déclivité pour mettre en scène leurs créations, notamment grâce à la construction de successions de terrasses maçonnées, maintenues par des murs de soutènement. Dans un second temps, ils concevaient ces créations en les intégrant dans leur environnement paysager, d’autant plus si la vue était remarquable. Enfin, outre la sculpture, l’un des principaux ornements de ces jardins était l’eau, à la fois mouvante et jaillissante, qui prenait la forme de canaux, de bassins, de fontaines, de cascades spectaculaires et de grottes ornées d’orgues hydrauliques, d’automates, ou d’autres inventions ingénieuses et malicieuses23. On peut constater à quel point le terrain du parc de Saint-Cloud est idéal pour installer un jardin de ce type, par sa forte déclivité, sa vue dégagée et son abondance en sources d’eau. Les jardins italiens sont surtout destinés à la promenade, la surprise et la délectation. Bien que réguliers et souvent symétriques, ils ne sont pas monotones pour autant, car leur composition n’est pas totalement unifiée et axialisée.

  • 24 Jean Guillaume, « Le jardin mis en ordre : Jardin et château en France du XVe au XVIe siècle », op. (...)

15Ce modèle d’aménagement des jardins se différencie des jardins français de l’époque. Au tournant du XVIIe siècle, ceux-ci poursuivent leur « développement architectural » initié au XVIe siècle : ce sont de grandes compositions unifiées qui reflètent l’ordre de la demeure et la mettent en valeur. Ils sont davantage destinés à la contemplation depuis les fenêtres des appartements24.

  • 25 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 11-12.

16Participant à cette évolution, Jérôme de Gondi décide de transformer sa propriété en villa suburbaine à la mode italienne. Il remodèle notamment les jardins en tirant parti de l’abondance en eau. L’une de ses premières démarches est par exemple de s’approprier l’eau de la source Saint-Martin25, afin de créer la fontaine du même nom à l’ouest de l’étang que l’on réaménage également. Située dans la partie la plus haute du jardin, cette installation constitue un réservoir d’eau nécessaire au fonctionnement des autres installations.

  • 26 Idem, ibidem, pp. 12-13.
  • 27 A. Rostaing, art. cité. note 1, p. 46.

17Parmi les créations de la première période Gondi, on compte la « Grotte du Parnasse » et son escalier d’eau ponctué de jets, ornements italiens par excellence26 (fig. 3). L’ensemble est très admiré, d’après les écrits de John Evelyn. Abraham Gölnitz précise que les murs intérieurs de la grotte sont munis de tuyaux qui projettent de l’eau à intervalles irréguliers, afin de surprendre les visiteurs, dans la veine des créations hydrauliques et des grottes italiennes dont la mode se répand progressivement en France27.

Fig. 3.

Fig. 3.

Israël Silvestre (dessinateur et éditeur), Perelle (graveur), Autre Veuë de la Grotte de Saint Clou, estampe (technique et dimensions non communiquées). D'après Israël Silvestre, Recueil d’un grand nombre de vues des plus belles villes, palais, chateaux, maisons de plaisance de France, d’Italie... dessinés et gravés par Israel Silvestre, tome second, Paris, Laurent Cars, 1750, Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, EST-546 (Tome second), p. 61.

© BnF / Gallica

  • 28 Id., ibid., p. 46.

18En 1609, son fils aurait fait construire un étang de plan carré sur son domaine28. Il s’agit probablement du futur bassin du Grand Jet dont l’aménagement s’est fait très progressivement au fil des XVIIe et XVIIIe siècles. Il est situé en aval de l’étang Saint-Martin qui l’alimente alors.

19Destiné à un courtisan italien proche de la reine de France, le jardin de l’hôtel de Gondi est donc le reflet des créations italiennes de l’époque. Il est installé sur une pente où il profite de la vue, on n’y constate aucun souci d’unification de l’espace, mais plutôt un certain goût pour la surprise. Par ailleurs, l’eau dormante n’en est pas absente, mais elle est éclipsée par la grotte et par la cascade dont les modèles sont clairement italiens.

1625-1654 : le jardin d’un haut membre du clergé français d’origine italienne

  • 29 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 13-14.

20Vendue en 1618, la propriété revient à la famille Gondi en 1625, lorsqu’elle est rachetée par Jean-François de Gondi, archevêque de Paris et lointain parent des anciens propriétaires. Il en modifie également les jardins, et est probablement à l’origine de la construction de la monumentale Fontaine de la Reine, alors que les fontaines sont de plus en plus fréquentes dans les jardins français. Celle-ci sera ensuite déplacée aux Tuileries29.

  • 30 AN, Q1490, pièce 27 : contrat passé entre Jean-Baptiste de Gondi, Jacques Le Coigneux et Melle du (...)
  • 31 Ibidem.

21D’après un accord sur le devenir des eaux en aval de la propriété Gondi, rédigé en 1628, l’archevêque fait construire à cette date une fontaine « à la tête de l’allée du Mail30 », selon le dessin du « sieur Francine31 », soit probablement un membre de la famille d’ingénieurs hydrauliciens italiens Francini, installée en France depuis le début du XVIIe siècle. Deux dispositifs hydrauliques peuvent correspondre à cette description.

  • 32 Antoine-Joseph Dézallier d’Argenville, La Théorie et la pratique du jardinage …, Arles, Actes Sud, (...)
  • 33 M. Leroy, art. cité. note 5, p. 14.
  • 34 Elie Brackenhoffer, Voyage de Paris en Italie, 1644-1646, Paris, Berger-Levrault, 1927, pp. 43-44.

22Le premier est l’étang carré construit près de vingt ans plus tôt. Il est transformé par l’archevêque en « Cascade Gondi », un buffet d’eau32 monumental. D’origine italienne, ce motif est encore rare en France à cette époque, mais commence à se diffuser et sera ensuite très en vogue. À titre d’exemple, on en trouvera un à Vaux-le-Vicomte au milieu du XVIIe siècle. Bénéficiant de la déclivité naturelle du terrain33, l’eau jaillit d’une dizaine de mascarons qui ornent le mur de soutènement de la terrasse en surplomb, et se déverse dans des vasques traitées en coquilles, avant de se jeter dans un bassin. Au centre du vaste bassin carré s’élance un jet d’eau. Dans Voyage de Paris en Italie, 1644-1646, Elie Brackenhoffer la décrit brièvement en s’attardant sur le décor sculpté34 : un Neptune crache de l’eau au centre du bassin et plusieurs sculptures entourent celui-ci, dont une serait une réplique du Laocoon. Ainsi, il semble que le lien entre sculpture et jeu d’eau soit assez important dans ce jardin, selon la mode d’origine italienne.

  • 35 M.-H. Bénetière et al., op. cit. note 6, p. 138 : un nymphée de jardin est une « construction élevé (...)

23Le second est le nymphée35 situé dans l’axe de l’allée du Tillet, ornement qui serait également mentionné par Brackenhoffer. Cet ornement, dont on trouve des exemples dans les jardins italiens dès la Renaissance, prend ici l’apparence d’un bassin rectangulaire orné de deux jets latéraux et recueillant l’eau d’une fontaine en buffet, au pied d’un mur percé de niches et surmonté d’une balustrade.

24Les jardins de l’archevêque de Gondi, bien que d’une surface encore réduite, sont déjà d’une grande richesse, notamment en ce qui concerne les aménagements hydrauliques et les jeux d’eau. Si ceux-ci sont de plus en plus répandus dans les jardins français, ils sont ici particulièrement nombreux et densément répartis. L’action de l’archevêque a visiblement consisté à magnifier le jardin, afin de lui donner le faste correspondant au rang de son propriétaire, tout en continuant de s’inspirer des créations italiennes qui tirent parti de la déclivité pour créer des jeux d’eau dynamiques. Ce tropisme pour les aménagements dans le goût italien lui vient peut-être de ses origines personnelles. Il participe probablement à leur diffusion à cette époque.

1655-1658 : le jardin d’un haut fonctionnaire de l’administration royale

  • 36 Florence Austin-Montenay, Saint-Cloud, une vie de château, Genève, Vögele Édition, 2005, p. 17.

25À la suite du décès de Jean-François de Gondi, Barthélémy Hervart, contrôleur des Finances et protégé du cardinal Mazarin, se porte acquéreur du domaine le 8 juin 165536.

  • 37 D. C. Claudius-Petit, art. cité. note 21, p. 109.
  • 38 D. C. Claudius-Petit, art. cité. note 21, p. 105.

26Dès son installation, Barthélémy Hervart apporte des modifications dans les jardins, dont témoignent plusieurs documents37. Tous ces aménagements se font dans la perspective de l’émulation naissante entre Abel Servien, sans doute Nicolas Fouquet, et lui-même. Appartenant au même cercle de hauts fonctionnaires de l’administration royale, il semble que l’émulation qui caractérise leurs relations ait poussé à la mise au point d’une typologie des jardins destinés aux personnalités de haut rang, où plusieurs ornements sont récurrents. Tous trois emploient d’ailleurs le même architecte, Louis Le Vau38.

27Barthélémy Hervart semble avoir eu un intérêt particulier pour les jeux d’eau, puisque de nombreuses modifications sont à noter durant sa brève période d’occupation des lieux.

  • 39 Idem, ibidem, pp. 113-115.

28Ainsi, l’étang de la Reine, que l’archevêque de Gondi avait rénové, est agrandi par Hervart. Il prend alors la forme d’un grand canal, que l’on voit sur le plan Robert de Cotte. Il sert de réservoir pour la grotte et les installations hydrauliques en aval39. Ce grand canal reflète le goût, né au XVIe siècle, pour ce type d’installations qui prennent une ampleur considérable au XVIIe siècle, comme en témoignent les parcs de Vaux-le-Vicomte, Sceaux ou Versailles.

  • 40 Id., ibid., p. 111.
  • 41 Id., ibid., p. 112.
  • 42 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 14, 18-19.
  • 43 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 14, 18-19.

29Alors que se répand le motif du grand jet dans les jardins, Hervart décide d’augmenter de quarante pieds la hauteur du jet d’eau surgissant du centre de la Cascade Gondi. Culminant désormais à hauteur de quatre-vingt-dix pieds40, ce jet entraine la transformation progressive du nom du bassin en « Grand Jet » (voir fig. 1). Pour obtenir une telle hauteur, il faut augmenter considérablement la pression du jet. L’eau doit donc être stockée à une altitude supérieure. Il faut alors construire un réservoir sur le cours du ru de Vaulichard au-delà des limites de la propriété, qui n’est alors pas très étendue vers l’ouest41. La Carte d’une partie des environs de Versailles réalisée par Caron vers 1678 indique qu’une pièce d’eau d’une taille importante se situe à flanc de colline, au-dessus du parc du château. Dans cette zone, une parcelle de terrain pourrait bien porter les traces d’une ancienne infrastructure hydraulique : le jardin des Valois. Il s’agit d’un enclos quadrangulaire dont le niveau est inférieur à celui des terrains alentours, probablement construit par la main de l’homme. Le relevé de l’arpentage de Rozy réalisé pour Monsieur en 168542 et une carte des archives des Yvelines datant de la même époque43 confirmeraient cette hypothèse.

  • 44 D. C. Claudius-Petit, art. cité. note 21, p. 111.

30Afin de fournir suffisamment d’eau à ses nouvelles installations hydrauliques, Barthélémy Hervart décide également de réaliser des travaux de fouilles sur des terrains en amont, parfois assez éloignés, à Garches et à Villeneuve44. Il fait ensuite poser des canalisations, créant le premier réseau d’alimentation complexe en eau du parc.

31Réalisées en trois ans, toutes ces installations donnent au parc de Saint-Cloud encore davantage de faste. Rivalisant avec celle du Surintendant des Finances Abel Servien et celle, encore en construction, de Nicolas Fouquet, la propriété d’Hervart se veut digne d’un haut fonctionnaire du royaume et à l’image de son ambition à la fois politique et foncière, bien que sa surface soit très réduite et irrégulière. S’il ne peut créer de grande perspective comme on en voit à Meudon et à Vaux-le-Vicomte, il fait néanmoins construire un canal et un grand jet, motifs à la mode, et profite de l’abondance d’eau et de la pente pour créer des jeux d’une grande richesse sur le modèle des jeux d’eau italiens, désormais incorporés dans les jardins français. Très admirée, cette propriété suscite probablement les convoitises.

  • 45 F. Austin-Montenay, Op. cit. note 36, p. 17.
  • 46 AN, O3870, liasse 9, pièce 181 : copie de l’acte de vente de la demeure de Barthélémy Hervart à M (...)

32Cédant à l’insistance du cardinal Mazarin, Barthélémy Hervart reçoit somptueusement le Roi et son frère à dîner dans son domaine le 6 octobre 165845. Tous deux ont dû être séduits par la beauté des lieux et par les possibilités offertes, si bien que le 25 octobre 165846, Hervart se voit contraint de vendre sa propriété à Louis XIV qui en fait don à son frère Philippe, alors duc de Chartres, dit Monsieur.

33D’une belle demeure de courtisan, Saint-Cloud devient alors un palais digne d’un prince du sang grâce aux nombreuses campagnes de travaux et d’embellissement que va mener Monsieur, notamment dans son parc.

1658-1701 : le parc d’un prince du sang

  • 47 M. Leroy, art. cité. note 5, p. 16 
  • 48 Frédéric Sichet, Pierre-Antoine Gatier, « Saint-Cloud : une analyse du parc à travers son histoire (...)

34Lorsqu’il entre en sa possession, la première initiative de Monsieur est d’agrandir la propriété, car ses vingt-quatre arpents47 représentent une surface bien trop réduite pour un château appartenant au frère du roi. Il poursuit d’ailleurs ces achats de terrain jusqu’à sa mort en 1701. D’après Frédéric Sichet et Pierre-Antoine Gatier, deux phases sont identifiables. De 1658 à 1685, il se concentre sur les bas jardins, jusqu’à ce que ces derniers atteignent leur étendue maximale, du bourg de Saint-Cloud à celui de Sèvres. Il se tourne ensuite vers la pente ouest du domaine et vers le parc48.

La frénésie de l’aménagement des bas jardins

35Cette priorité accordée à la zone située en contrebas du château peut sembler paradoxale car il s’agit de terrains déjà aménagés et habités, qui imposent donc un certain nombre de contraintes. Monsieur ne peut y faire construire ce qu’il souhaite, à moins de tout détruire et éventuellement reterrasser le sol, ce qui représente une somme conséquente et un temps certain. Pourquoi ce choix ? Plusieurs raisons sont envisageables. Tout d’abord, cela est probablement dû à la topographie : ces parcelles présentent un relief moins accidenté, plus simple à aménager. En contrebas du château et le long de la colline de Chaumont, une forte déclivité permet de ménager des effets hydrauliques et paysagers, tandis que la parcelle longeant la Seine est presque plate et naturellement adaptée à la création de parterres. De plus, ces terrains étant en contrebas de ceux qu’il possède déjà, il n’a pas à se soucier de leur approvisionnement en eau pour des ornements de jardin : elle est puisée à la sortie des aménagements qu’il possède à flanc de colline.

  • 49 L. Nottin, op. cit. note 4, p. 49 X sqq.

36Un autre paramètre peut avoir influencé cette décision : la présence de la Seine. Monsieur souhaite peut-être posséder tous les terrains le séparant de la Seine pour que celle-ci ferme la composition de son jardin, comme celui de Vaux-le-Vicomte est clos par un canal perpendiculaire à son axe principal. En cela, il s’inscrit dans la typologie des châteaux de la Seine, dont l’une des caractéristiques principales est l’existence d’un axe de composition partant de la demeure parallèlement à la Seine ou perpendiculairement, jusqu’à croiser le fleuve49. Si cet axe n’est jamais réalisé à Saint-Cloud, du moins pas dans la zone séparant le château de la Seine, les dessins que propose André Le Nôtre prouvent qu’il a cependant été projeté.

  • 50 F. Sichet, P.-A. Gatier, art. cité. note 48, p. 141.

37Quoi qu’il en soit, ces nouvelles parcelles permettent de créer des parterres où l’eau est au cœur de l’ornementation. Dans leur aménagement, Monsieur est confronté à la présence de constructions préexistantes. Face au prix que représentent les travaux de destruction et de terrassement, ainsi qu’à la volonté de Monsieur de disposer rapidement d’un jardin digne de son rang, le parti est pris de s’adapter et de remployer certains éléments. Comme le soulignent Frédéric Sichet et Pierre-Antoine Gatier, on choisit par exemple de conserver le nymphée et le bassin de la propriété du Tillet, acquise en 165950. De même, une grande majorité des ornements de la propriété Gondi-Hervart perdurent et sont très peu modifiés, comme la Grotte du Parnasse, le Grand Jet ou le grand canal (fig. 4).

Fig. 4.

Fig. 4.

Robert de Cotte, Plan de St Clou leve lane mil sy sans soisante ne, plume, encre et crayon, 1669, Bibliothèque nationale de France, cabinet des estampes et de la photographie, Va 438 B. 188044.

© BnF / Gallica

  • 51 Madeleine de Scudéry, Mathilde, Paris, Honoré Champion Éditeur, Sources Classiques 2002, pp. 98-97.

38Monsieur ajoute cependant de nombreuses créations dès les premières années, puisque la description que fait Mademoiselle de Scudéry des jardins dans Les jeux de Mathilde d’Aguilar en 1667 mentionne déjà le parterre des Mignardises, le bassin de la Gerbe, le bassin des Treize Jets, le parterre des Couronnes51. Les aménagements se poursuivent au cours des années 1670, avec la construction des Goulottes et du jardin d’Apollon (voir fig. 1 et fig. 5).

Fig. 5.

Fig. 5.

Anonyme, Plan de Saint-Cloud pour sa description par nous Harcouêt en 1698, encre, lavis et crayon (traces de mise au carreau), 1693-1698, Sceaux, Musée de l’Île-de-France inv. 69-24-15.

Trois ornements à la mode

  • 52 F. Sichet, P.-A. Gatier, art. cité. note 48, p. 141.
  • 53 M.-H. Bénetière, op. cit. note 6, p. 134 : « La cascade architecturée peut ménager une suite […] de (...)
  • 54 A. Rostaing, art. cité. note 1, p. 51.
  • 55 A. Rostaing, art. cité. note 1, p. 57.

39Entre 1658 et 1685, trois créations sont particulièrement remarquables par leur ampleur et la dynamique dans laquelle elles s’inscrivent. La première est la Grande Cascade, réalisée par Antoine Le Pautre entre 1659 et 1665, au milieu de la futaie du Tillet qui est alors en partie rasée52. Profitant de l’importante déclivité au pied de la colline de Chaumont, une immense cascade architecturée déverse une importante quantité d’eau sous forme de chutes de perrons53, pentes d’eau et série de chandeliers d’eau, à grand renfort de sculptures, masques et animaux crachant. Contrairement à la Cascade Gondi, celle-ci est verticale. Monsieur cherche ainsi à imiter la cascade réalisée entre 1674 et 1657 dans le domaine voisin du « Petit-Bourbon », cascade qui rencontre un grand succès et sera beaucoup imitée54. Celle de Saint-Cloud est prolongée par un buffet d’eau puis une allée gazonnée encadrée de deux goulettes qui rappellent celles créées par André Le Nôtre à Vaux-le-Vicomte au milieu du XVIIe siècle55 (fig. 1). Elle est remaniée en 1699 par Jules Hardouin-Mansart, qui développe notamment la partie inférieure, créant les Grandes Nappes et un canal à la place des coulettes.

  • 56 F. Sichet, P.-A. Gatier, art. cité. note 48, pp. 141-142.
  • 57 Franklin Hamilton Hazlehurst, Des jardins d’illusion : le génie d’André Le Nostre, Paris, Somogy éd (...)

40La deuxième création remarquable est le Trianon de Saint-Cloud et son parterre de Vénus, construit entre 1670 et 1675. Imitant son frère, qui fait ériger, à partir de 1669, le Trianon de Porcelaine – un petit pavillon de plaisance dans le parc de Versailles, destiné au délassement lors de courts séjours intimes –, Monsieur fait bâtir un pavillon destiné au divertissement et à la fête dans son propre parc. Il l’installe sur des parcelles agricoles, faciles à aménager, ce qui lui permet de déployer une véritable composition paysagère, dessinée par André Le Nôtre56. Au pied du pavillon, il déploie un vaste parterre pentagonal, agrémenté de cinq bassins dont le principal, au centre, est orné d’un groupe statuaire. Leur disposition répond au principe de l’anamorphose, compensant la largeur du terrain et son manque de profondeur57. Ce principe est utilisé dans bien d’autres compositions du jardinier, dont la réputation est déjà faite auprès de la noblesse française.

  • 58 F. H. Hazlehurst, op. cit. note 55, p. 292-293.
  • 59 Alexandre Maral, « Le Nôtre, le parterre d’Eau et la Grande Commande de Versailles », op. cit. note (...)
  • 60 F. H. Hazlehurst, op. cit. note 55, p. 292.

41Le troisième ornement est le bassin des Cygnes, un miroir d’eau à la forme contournée construit au pied de l’aile du Midi vers 1672-1675 (voir fig. 1). Il s’inspire probablement du premier parterre d’Eau réalisé au même moment au pied du château de Versailles58. D’un style nouveau, ce dernier, constitué de cinq bassins aux contours sinueux, est orné de nombreuses sculptures59. Philippe d’Orléans choisit alors de faire construire au pied de l’aile principale de son château, une pièce d’eau aux contours également sinueux, entourée d’ornements sculptés et faite pour être observée depuis les appartements du premier étage60. Pour l’ériger, il sacrifie tout ce qui se trouvait dans cette zone, à savoir un parterre avec un bassin, la seconde Fontaine de la Reine construite par Hervart, et l’étang Saint-Martin. Ce bassin est transformé vers 1687-1688, lors du remaniement de la façade sud de l’aile du Midi, en bassin du Fer à Cheval. Ses contours deviennent plus sobres mais ses jeux d’eau, un buffet d’eau et trois jets, sont plus développés.

42Ces trois éléments sont donc le reflet de la volonté de Monsieur de suivre les effets de la mode et de disposer des ornements les plus en vogue. Leur réalisation entraîne la mise en place d’un chantier de grande ampleur, ex nihilo, nécessitant parfois de détruire et de terrasser les anciennes constructions.

La Grande Perspective

  • 61 F. Sichet, P.-A. Gatier, art. cité. note 48, pp. 144, 146.
  • 62 Jean Guillaume, op. cit. note 9, pp. 103-123.
  • 63 Georges Farhat, « Les grandes perspectives dans l’œuvre de Le Nôtre », op. cit. note 10, p. 171.
  • 64 Idem, ibidem, p. 174.

43Ayant atteint les possibilités maximales d’extension de ses jardins le long de la Seine, Monsieur se tourne ensuite vers la pente nord pour poursuivre son œuvre, à partir de 168561. Il y aménage des jardins privés dont les ornements hydrauliques nous sont inconnus, mais aussi un parc, et surtout, une grande perspective, principal ornement de tous les jardins à la mode depuis la création de celle de Vaux-le-Vicomte. Héritée de l’axialisation des jardins français par rapport à la demeure qui progresse depuis le XVIe siècle62, les perspectives sont, d’après Georges Farhat, des axes majeurs de composition où s’enchaînent : « parterres, terrasses, bassins, tapis vert, canal et avenues ouverts sur l’horizon63 ». Probablement réalisée par Le Nôtre, celle de Saint-Cloud est la seule de son corpus, tracée uniquement en contre-plongée64.

44Elle est constituée du parterre des Orangers, de l’Allée des Statues, du parterre des Vingt-Quatre Jets, du Tapis Vert et de la Grande Gerbe (fig. 5). Le parterre des Orangers – qui remplace un premier parterre sans doute érigé en même temps que l’Orangerie elle-même, vers 1678-1681, et agrémenté de trois bassins à jets d’eau (voir fig. 1) – est orné d’un rond d’eau d’où s’élève un petit jet. L’accès de l’Allée des Statues se fait par un escalier dont le palier est encadré de deux bassins identiques au précédent. Le parterre des Vingt-Quatre Jets est une composition hydraulique monumentale constituée du bassin quadrilobé de la Petite Gerbe, et d’une vaste grille d’eau dont les vingt-quatre jets sont répartis dans deux bassins aux contours travaillés. Cette grille devait probablement conclure la composition du jardin à l’époque où les terrains en surplomb n’étaient pas encore aménagés. La Grande Gerbe est un immense jet d’eau dans un bassin circulaire. Il faut s’imaginer la surprise des visiteurs, de voir un jet aussi puissant à si haute altitude : pour faire monter l’eau si haut, il faut une pression importante, ce qui implique de faire venir l’eau d’encore plus haut. Or depuis le palais, la pente continuant au-delà de ce bassin est invisible. Ce jet semble alors le résultat d’une prouesse technique.

  • 65 D. C. Claudius-Petit, art. cité. note 15.

45La présence d’un pareil ensemble paraît essentielle dans le parc du frère du roi. Elle est très appréciée par les hommes de haut rang car elle organise le paysage autour de leur demeure, la magnifiant et lui offrant une agréable vue. L’achèvement de cette perspective, vers 1690, marque le terme de l’expansion des installations hydrauliques des jardins. Afin d’alimenter un ensemble d’une telle richesse, Monsieur développe le réseau d’approvisionnement en eau, puisant dans le bassin versant du ru de Marivel et les étangs de Ville d’Avray, comme le détaille Dominique Cécile Claudius-Petit dans ses publications65.

Les caractéristiques des jardins mis en évidence par l’étude des ornements hydrauliques

Entre régularité et irrégularité de la composition

46Il est clair que l’aménagement des jardins a manqué de conception d’ensemble et n’a été imaginé que par portions. À cela s’ajoute le fait que l’irrégularité de la forme et de la topographie de la parcelle n’ont pas permis de mettre en place une composition symétrique et régulière. C’est en réalité à l’échelle des parterres que s’appliquent ces principes, qui sont de rigueur dans les jardins de l’époque. Ainsi, les bassins de chaque parterre se répondent les uns les autres par leur taille, leur disposition et leurs ornements, comme en témoignent le parterre des Mignardises, celui des Couronnes ou celui de Vénus.

Impact de la fonction du jardin sur leur ornementation hydraulique

47De plus, on remarque une différence dans la conception des ornements hydrauliques selon la zone des jardins dans laquelle ils se trouvent, qui pourrait s’expliquer par l’adaptation de ces ornements aux différentes fonctions de ces espaces.

  • 66 F. Austin-Montenay, op. cit. note 36, pp. 20, 29, 37.

48Les bas jardins semblent avoir été dédiés à la promenade à pied et au divertissement. En effet, ils sont mobilisés lors des nombreuses fêtes organisées par Monsieur et les jeux d’eau sont mis en fonctionnement et illuminés au son de la musique66. En dehors de ces réceptions, le Bas Parc reste un élément de divertissement. La zone étant relativement plate, elle est facilement praticable et donc idéale pour la promenade, plutôt pédestre du fait de la présence d’escaliers. C’est pourquoi nous sont parvenues de nombreuses descriptions de ces jardins par des visiteurs, tels que Mademoiselle de Scudéry, Martin Lister ou Elie Brackenhoffer. La plupart de ces écrits suivent d’ailleurs l’itinéraire parcouru par leur auteur, preuve d’un réel cheminement. La structure même de ces jardins en fait un lieu propre au délassement et à l’agrément : des zones couvertes alternent avec des zones à la vue dégagée sur la Seine et la campagne, certaines cachent leurs ornements à travers un rideau d’arbres afin de susciter un effet de surprise, tandis que d’autres laissent voir de larges compositions d’ensemble. En conséquence, les jeux d’eau du Bas Parc sont visiblement faits pour être appréciés de près : ils sont généralement de plus faibles dimensions et dotés de statues et autres détails invisibles de loin. Ainsi, ce n’est qu’en déambulant au sein du parterre des Mignardises qu’on profite des petits jets et des canaux étroits décrits par Mademoiselle de Scudéry, tout comme en s’engouffrant dans le bosquet des Treize Jets, on en admire les jeux d’eau éponymes. Quant à la Cascade et au Grand Jet, ils sont également dissimulés par des rideaux d’arbres et ne se dévoilent au visiteur qu’au dernier moment pour l’éblouir soudainement. Leur grande taille leur permet cependant d’être parfaitement visibles depuis les bateaux sur la Seine ou depuis la route à l’est, la futaie étant rasée de ce côté.

49À cela s’oppose la Grande Perspective qui est surtout conçue pour être contemplée depuis le château ou pour être parcourue à cheval ou en carrosse, plutôt que pour être réellement utilisée. C’est probablement la raison pour laquelle il n’en existe ni description ancienne détaillée, ni représentations rapprochées. Cette vue d’ensemble a peut-être pour principale fonction l’apparat. La pente y est très raide, ce qui la rend beaucoup moins praticable pour les piétons, surtout si l’on considère la mode vestimentaire du XVIIe siècle ; les jeux d’eau la composant sont faits pour être vus de loin. Ne comportant aucune sculpture ou autre détail que l’on remarquerait de près, ces bassins, ainsi que les effets qu’ils produisent, voient leurs dimensions augmenter proportionnellement à leur éloignement du château. Ainsi, on observe une gradation de la hauteur du jet entre le bassin de l’Orangerie, la Petite Gerbe et la Grande Gerbe, tous trois parfaitement alignés sur un axe central.

50Il convient de s’attarder sur le motif de la gerbe d’eau67. À Saint-Cloud, les gerbes prennent la forme d’une fleur de lys68 : un ensemble de jets centraux de grande hauteur retombe en une sorte de nuage évasé, tandis que des petits jets paraboliques sont projetés vers l’extérieur tout autour. Ce motif a certainement beaucoup plu à Monsieur, mais n’est identifiable qu’à distance. Cela explique que l’on n’en trouve que sur la Grande Perspective ou au bout d’une longue allée très dégagée du Bas Parc. Le motif de la fleur de lys participe d’ailleurs à cette idée d’apparat, à laquelle est dédiée la Grande Perspective. Quant au parterre des Vingt-Quatre Jets, il est presque davantage conçu pour être contemplé depuis la route en surplomb, là où voitures et chevaux peuvent circuler, car la hauteur permet d’admirer les formes contournées et élaborées de ses bassins.

Les jeux d’eau jaillissante : ornement principal des jardins à la symbolique politique

51Une autre caractéristique de ces ornements hydrauliques est que l’eau y est exclusivement jaillissante. Si le goût pour ce type d’utilisation de l’eau est partagé à cette époque, on trouve généralement des étendues d’eau calme, principalement un canal, comme à Versailles, Marly, Chantilly, ou Vaux-le-Vicomte. À Saint-Cloud, même l’ancien Grand canal est animé de jets, tout comme le canal de la cascade. Monsieur a peut-être considéré qu’il n’avait pas besoin d’un tel canal dans ses jardins, car la Seine en contrebas jouait déjà ce rôle.

  • 69 F. Sichet, art. cité. note 10, p. 211.

52Ces jeux d’eau jaillissante constituent l’ornement principal des jardins de Saint-Cloud. Le schéma décoratif majoritaire est le parterre de gazon interrompu par des bassins ou des compositions intégralement hydrauliques. C’est d’ailleurs ce qui frappe toute personne observant la vue peinte attribuée à Étienne Allegrain représentant les bas jardins (voir fig. 1). Cela n’est pas un hasard. Comme l’explique Frédéric Sichet, « si les grandes perspectives et les réseaux d’avenues impriment dans le paysage du XVIIe siècle la marque du pouvoir seigneurial ou royal, l’hydraulique quitte sous Louis XIV le monde de l’artifice dissimulé pour devenir objet de représentation69. » Les jeux d’eau sont autant un élément de décoration qu’une marque de richesse et de pouvoir. Par un tel ensemble, Monsieur cherche la comparaison avec son frère, soulignant son sang royal.

L’œuvre attribuée à Allegrain : une mise en scène politique

53Le tableau met en scène la principale réussite de Monsieur à l’époque de sa réalisation : les bas jardins. En effet, il présente l’allée d’accès au palais, tracée vers 1683, et le réservoir de la colline de Montretout, construit vers 1685, mais pas la nouvelle façade sud de l’aile du Midi, qui date de 1687-1688. La toile daterait donc de 1685-1687, moment où la Grande Perspective n’est pas terminée.

54Vue depuis la colline de Chaumont dont l’altitude est nettement exagérée, la demeure du duc d’Orléans y apparaît magnifiée par ses jardins et ses jeux d’eau, et sa situation avantageuse en surplomb du fleuve et de la campagne est soulignée. Sur l’ensemble des demeures installées sur les rives de la Seine aux alentours, seules les demeures royales du château Neuf de Saint-Germain-en-Laye et du château de Madrid sont présentes dans l’œuvre, preuve de la rivalité qui s’établit entre le duc d’Orléans et son frère. Leur représentation, surtout celle de leurs jardins, ne fait pas honneur à la beauté qui est alors la leur. Au loin, les flèches de Saint-Denis rappellent le rang et le sang de l’illustre propriétaire de Saint-Cloud.

  • 70 Sophie de Hanovre, Mémoires et lettres de voyage, cité par F. Austin-Montenay, op. cit. note 36, p. (...)

55Si l’objectif de Monsieur fut de soutenir la comparaison avec les jardins royaux, on peut considérer qu'il fut atteint. Comme l’écrivit dans ses mémoires Sophie de Hanovre, tante de sa seconde épouse, qui visita Versailles et Saint-Cloud : « Je préfèrerais Saint-Cloud, si j’avais à choisir70 ».

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Notes

1 Aurélia Rostaing, « Une brève histoire des jardins de Saint-Cloud », Saint-Cloud, le Palais retrouvé, sous la dir. de Bernard Chevallier, Paris, Swan éditeur, Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, 2013, p. 75.

2 Hélène Sueur, Saint-Cloud : le domaine national, Paris, Éd. du patrimoine-Centre des monuments nationaux, 2e édition, 2011, p. 6.

3 Anatole de Barthélémy, « Notes historiques sur Ville-d’Avray, du XVIIe au XVIIIe siècle », Revue de l’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, 6e année, février 1904, Versailles, p. 244.

4 Lucie Nottin, Mise en Seine : Implantations et dispositifs paysagers des châteaux de plaisance des bords de Seine en Ile-de-France, aux XVIIème et XVIIIème siècles, Mémoire de Première année de Deuxième cycle, sous la dir. de Stéphanie Celle, Ecole du Louvre, 2018, p. 46.

5 Maurice Leroy, « Histoire d’eau à Sèvres, Saint-Cloud et Ville-d’Avray », Savara, bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire de Sèvres, n° 6, 1994, p. 22.

6 Marie-Hélène Bénetière et al., Jardin : vocabulaire typologique et technique, Paris, Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, Principes d’analyse scientifique, 2000, p. 63 : une vue extérieure est une « vue franchissant les limites du jardin, ménagée à l’aide d’un relief ».

7 M. Leroy, art. cité. note 5, p. 8.

8 Dr Martin Lister, Voyage à Paris en 1698, suivi d’Extraits des ouvrages d’Evelyn relatifs à ses voyages en France de 1648 à 1661, Paris, 1873, p. 180.

9 Françoise Boudon, « Jardins d’eau et jardins de pente dans la France de la Renaissance », Architecture, jardin, paysage : l’environnement du château et de la villa aux XVe et XVIe siècles, 1er-4 juin 1992, publié sous la dir. de Jean Guillaume, Paris, Picard, 1999, p. 150 X sqq.

10 Frédéric Sichet, « L’hydraulique des jardins au temps d’André Le Nôtre », cat. d’exp., Le Nôtre en perspective, sous la dir. de Béatrix Saule, Patricia Bouchenot-Déchin et Georges Farhat, Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, 22 octobre 2013-23 février 2014, Paris, Hazan, 2013, pp. 205, 206.

11 M.-H. Bénetière et al., op. cit. note 6, p. 55 : les eaux naturelles sont l’« ensemble des cours d’eau, sources ou bassins naturels susceptibles de participer à la composition du jardin. »

12 F. Boudon, art. cité. note 9, pp. 139-141, 144, 146.

13 Idem, ibidem, pp. 147, 160-161.

14 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 1-3, 8-9.

15 Dominique Cécile Claudius-Petit, « Étangs et Aqueducs à Ville-d’Avray jusqu’à la Révolution », Paris et Île-de-France. Mémoires publiés par la Fédération des Sociétés Historiques et Archéologiques de Paris et de l’Île-de-France, t. 58, 2007, p. 285

16 M. Leroy, art cité. note 5, p. 8.

17 M.-H. Bénetière et al., op. cit. note 6, p. 239.

18 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 9-10.

19 Idem, ibidem, pp. 8, 11.

20 Op. cit. note 9, pp. 91-99, 139-140.

21 D. C. Claudius-Petit, « Aux origines du domaine de Saint-Cloud : La “maison de plaisance” de Barthélémy Hervart (1655-1658) », Paris et Île-de-France. Mémoires publiés par la Fédération des Sociétés Historiques et Archéologiques de Paris et de l’Île-de-France, t. 57, 2006, p. 102.

22 M. Leroy, art. cité. note 5, p. 3.

23 Monique Mosser, Georges Teyssot, Histoire des jardins : de la Renaissance à nos jours, Paris, Flammarion, 1991, pp. 34, 38-39, 45-46, 55, 58. F. Boudon, Art. cit. note 9, pp. 137-161.

24 Jean Guillaume, « Le jardin mis en ordre : Jardin et château en France du XVe au XVIe siècle », op. cit. note 9, pp. 103-123.

25 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 11-12.

26 Idem, ibidem, pp. 12-13.

27 A. Rostaing, art. cité. note 1, p. 46.

28 Id., ibid., p. 46.

29 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 13-14.

30 AN, Q1490, pièce 27 : contrat passé entre Jean-Baptiste de Gondi, Jacques Le Coigneux et Melle du Tillet, 12/01/1628.

31 Ibidem.

32 Antoine-Joseph Dézallier d’Argenville, La Théorie et la pratique du jardinage …, Arles, Actes Sud, Versailles ENSP, Thésaurus, 2003, p. 541 : « Les buffets d’eau qui ne sont proprement que des demi-pyramides sont plus en usage ; et comme les bouillons qui les fournissent demandent encore beaucoup d’eau, on peut y substituer un masque au haut du buffet dont la dépense est la moitié moins forte, et l’on en déchire la nappe. »

33 M. Leroy, art. cité. note 5, p. 14.

34 Elie Brackenhoffer, Voyage de Paris en Italie, 1644-1646, Paris, Berger-Levrault, 1927, pp. 43-44.

35 M.-H. Bénetière et al., op. cit. note 6, p. 138 : un nymphée de jardin est une « construction élevée au-dessus d’une source naturelle ou artificielle, généralement en forme de grotte, accueillant un bassin d’ornement, une fontaine, des jeux d’eau, etc. »

36 Florence Austin-Montenay, Saint-Cloud, une vie de château, Genève, Vögele Édition, 2005, p. 17.

37 D. C. Claudius-Petit, art. cité. note 21, p. 109.

38 D. C. Claudius-Petit, art. cité. note 21, p. 105.

39 Idem, ibidem, pp. 113-115.

40 Id., ibid., p. 111.

41 Id., ibid., p. 112.

42 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 14, 18-19.

43 M. Leroy, art. cité. note 5, pp. 14, 18-19.

44 D. C. Claudius-Petit, art. cité. note 21, p. 111.

45 F. Austin-Montenay, Op. cit. note 36, p. 17.

46 AN, O3870, liasse 9, pièce 181 : copie de l’acte de vente de la demeure de Barthélémy Hervart à Monsieur, 25/10/1658.

47 M. Leroy, art. cité. note 5, p. 16 

48 Frédéric Sichet, Pierre-Antoine Gatier, « Saint-Cloud : une analyse du parc à travers son histoire foncière », Le Nôtre, un inconnu illustre ?, 5-7 octobre 2000, publié sous la dir. du Bureau des jardins et du patrimoine paysager, sous-direction des espaces protégés et de la qualité architecturale, Direction de l’architecture et du patrimoine, Ministère de la culture et de la communication, Paris, Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, Idées et débats, 2003, pp. 136-151.

49 L. Nottin, op. cit. note 4, p. 49 X sqq.

50 F. Sichet, P.-A. Gatier, art. cité. note 48, p. 141.

51 Madeleine de Scudéry, Mathilde, Paris, Honoré Champion Éditeur, Sources Classiques 2002, pp. 98-97.

52 F. Sichet, P.-A. Gatier, art. cité. note 48, p. 141.

53 M.-H. Bénetière, op. cit. note 6, p. 134 : « La cascade architecturée peut ménager une suite […] de buffets d’eau ou de gradins en maçonnerie appelés chutes de perrons ».

54 A. Rostaing, art. cité. note 1, p. 51.

55 A. Rostaing, art. cité. note 1, p. 57.

56 F. Sichet, P.-A. Gatier, art. cité. note 48, pp. 141-142.

57 Franklin Hamilton Hazlehurst, Des jardins d’illusion : le génie d’André Le Nostre, Paris, Somogy éd. d’art, 2005, p. 299.

58 F. H. Hazlehurst, op. cit. note 55, p. 292-293.

59 Alexandre Maral, « Le Nôtre, le parterre d’Eau et la Grande Commande de Versailles », op. cit. note 10, p. 278.

60 F. H. Hazlehurst, op. cit. note 55, p. 292.

61 F. Sichet, P.-A. Gatier, art. cité. note 48, pp. 144, 146.

62 Jean Guillaume, op. cit. note 9, pp. 103-123.

63 Georges Farhat, « Les grandes perspectives dans l’œuvre de Le Nôtre », op. cit. note 10, p. 171.

64 Idem, ibidem, p. 174.

65 D. C. Claudius-Petit, art. cité. note 15.

66 F. Austin-Montenay, op. cit. note 36, pp. 20, 29, 37.

67 M.-H. Bénetière et al., op. cit. note 6, p. 143 : une gerbe d’eau est un » ensemble de jets et de bouillons rayonnants ».

68 www.domaine-saint-cloud.fr/Explorer/Histoires-d-eau [17/05/2022].

69 F. Sichet, art. cité. note 10, p. 211.

70 Sophie de Hanovre, Mémoires et lettres de voyage, cité par F. Austin-Montenay, op. cit. note 36, p. 67.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1.
Légende Étienne Allegrain (att.), Vue cavalière du château et du parc de Saint-Cloud vers 1675, 1675-1677, huile sur toile, 314 cm x 386 cm, Musée des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 743.
Crédits © BnF / Gallica
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Fichier image/jpeg, 370k
Titre Fig. 2.
Légende François de La Pointe et Académie des Sciences, Carte particulière des environs de Paris / Par Mess[ieu]rs de l’Académie royalle des sciences en l’année 1674 (détail), feuille 5, carte gravée, 1678, Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE DD-2987 (788,I-IX).
Crédits © BnF / Gallica
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Fichier image/jpeg, 708k
Titre Fig. 3.
Légende Israël Silvestre (dessinateur et éditeur), Perelle (graveur), Autre Veuë de la Grotte de Saint Clou, estampe (technique et dimensions non communiquées). D'après Israël Silvestre, Recueil d’un grand nombre de vues des plus belles villes, palais, chateaux, maisons de plaisance de France, d’Italie... dessinés et gravés par Israel Silvestre, tome second, Paris, Laurent Cars, 1750, Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, EST-546 (Tome second), p. 61.
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Fichier image/jpeg, 833k
Titre Fig. 4.
Légende Robert de Cotte, Plan de St Clou leve lane mil sy sans soisante ne, plume, encre et crayon, 1669, Bibliothèque nationale de France, cabinet des estampes et de la photographie, Va 438 B. 188044.
Crédits © BnF / Gallica
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Fichier image/jpeg, 252k
Titre Fig. 5.
Légende Anonyme, Plan de Saint-Cloud pour sa description par nous Harcouêt en 1698, encre, lavis et crayon (traces de mise au carreau), 1693-1698, Sceaux, Musée de l’Île-de-France inv. 69-24-15.
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Fichier image/jpeg, 532k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Solveig d’Aboville, « Les jeux d’eau du parc de Saint-Cloud. Des premières créations à la magnificence du parc mise en scène par Étienne Allegrain »Les Cahiers de l’École du Louvre [En ligne], 18 | 2022, mis en ligne le 01 juillet 2022, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/21849 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cel.21849

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Auteur

Solveig d’Aboville

Étudiante à l’École du Louvre, Solveig d’Aboville a suivi au cours du Premier Cycle les enseignements des spécialités Architecture, décor et ameublement des grandes demeures et Écoles de peinture étrangère. Après une première année de Deuxième Cycle, au cours de laquelle elle s’est intéressée aux réseaux hydrauliques et jeux d’eau du parc de Saint-Cloud, elle souhaite poursuivre sa formation dans cet établissement et se destine aux métiers de la conservation muséale.
At the École du Louvre, Solveig d’Aboville studied the architecture, decoration and furnishings of stately homes and foreign painting schools as an undergraduate. After a year of postgraduate stduies, during which she was interested in the hydraulic networks and fountains of the Parc de Saint-Cloud, she wishes to continue her training there and intends to work as a museum curator.

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Droits d’auteur

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