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La mise en culture des « jardins de luxe » parisiens pendant la Terreur (1793-1795)

The cultivation of Parisian “luxury gardens” during the Terror (1793–95)
Clara Delannoy

Résumés

L’histoire des jardins soulève de nombreuses interrogations. L’une d’entre elle concerne le changement typologique et parfois la disparition des vastes ensembles de jardins particuliers du VIIe arrondissement de Paris au moment de la Révolution. L’hypothèse explorée ici pour expliquer ces changements regarde la mise en culture de ces jardins, considérés comme un luxe, pour répondre à la famine de 1793. La mise à jour d’archives de la Régie des Biens Nationaux, conservées aux Archives de Paris, a apporté une série d’éclaircissements sur le sujet des jardins des biens nationalisés dans la ville de Paris. Ressource nouvelle à valoriser, ces jardins « de luxe » ont alors connus de nombreux bouleversements liés à la fois à la symbolique de l’Ancien Régime qu’ils revêtent qu’aux nuances nouvelles apportées par la Révolution à la notion d’espace public.

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Texte intégral

1Connaissant un large développement depuis les années 1980 et l’adoption de la Charte de Florence, l’histoire des jardins comprend encore de nombreuses interrogations. L’une d’entre elle concerne le changement typologique et parfois la disparition des vastes ensembles de jardins particuliers de Paris, particulièrement dans le VIIe arrondissement, au moment de la Révolution.

  • 1 Sur la question des évolutions politiques au cours de la Révolution voir : Daniel GUERIN, La lutte (...)

2Au printemps 1793, après quasiment quatre années de révolution, les périls, aussi bien extérieurs – la coalition formée par les monarchies européennes s’était mise en marche pour envahir la France après l’exécution de Louis XVI le 21 janvier – qu’intérieurs – révolte vendéenne, insurrections royalistes, ainsi que la dégradation des conditions de vie des parisiens, poussent les responsables politiques à mettre en place la Terreur. Son instauration se fait en plusieurs étapes. Un Tribunal révolutionnaire est ainsi créé le 10 mars 1793 qui jugeait les actions contre la révolution et contre la sûreté de l’État. Le 17 septembre, la loi des suspects est votée, qui multiplie les arrestations et les exécutions arbitraires. La Terreur s’accompagne de strictes mesures de contrôle économique, qui comportent notamment la saisie des biens des émigrés et des suspects1. Parmi ces biens se trouvent, en toute logique, les hôtels particuliers de la ville. Quelles furent alors les mesures prises pour la gestion de ces biens ? Comment ont-ils pu participer à la politique économique et sociale de ce nouveau gouvernement ? Et surtout, comment ces mesures ont pu influencer l’évolution topologique des jardins des hôtels particuliers du VIIe arrondissement ?

La place du jardin vivrier dans les hôtels particuliers parisiens au XVIIIe siècle

3Le jardin originel est un jardin nourricier, planté d’arbres fruitiers et cultivé de légumes. La conception d’un espace de culture, du potager au verger, prend une place importante lors des développements que connaissent les jardins. Les potagers et vergers sont alors largement liés au foyer, du plus modeste au plus illustre. Ils occupent une place très importante dans l’architecture privée. Chaque château possède ainsi son potager et son verger. Il arrive parfois que cet espace devienne un jardin dévolu uniquement à l’agrément et placé au pied de la façade du bâtiment principal. Une vue du château de La Roche Guyon de 1741, conservée aux archives du Val d’Oise montre ainsi un jardin uniquement potager qui s’étend sous les fenêtres du corps de logis. Ce potager s’organise comme un jardin d’agrément, autour de quatre carrés découpés en croix de saint André et de quatre bassins. Par ailleurs, sur deux côtés ces espaces sont flanqués de deux bosquets avec salles vertes. Le jardin est alors un jardin vivrier et d’agrément. Un tel développement se rencontre aussi en contexte urbain et notamment à Paris. En effet, de nombreux plans de la ville indiquent de vastes jardins potagers et fruitiers associés à des maisons et des hôtels particuliers. Dans les faubourgs sont figurées des zones maraîchères abondantes. C’est dans ces faubourgs, et particulièrement dans le faubourg Saint-Germain, que se voit le mieux l’importance et la place des jardins potagers en ville.

La place des jardins au début de l’urbanisation du faubourg Saint-Germain

4Le développement conséquent des terrains dédiés à la culture se perçoit largement à la vue du premier plan de Jaillot, levé en 1713 (fig. 1).

Fig. 1.

Fig. 1.

Bernard Jaillot, Plan de Paris (détail), hôtel de Chevreuse en 1713, fac-similé du plan Jaillot, gravure de Paul Dujardin, Atlas des anciens plans de Paris, 1887, Paris, Imprimerie nationale, imprimeur Chardon, estampe conservée au musée Carnavalet.

  • 2 Louis Charles Dupain de Montesson, L’art de lever les plans, Paris, 1763. Voir Florent Quellier. Hi (...)

5Les terrains qui se situent entre la rue de Grenelle et la rue de Vaugirard, alors très peu construits, sont occupés par des potagers, champs, prairies et vergers. De la même façon, les terrains qui entourent l’hôtel des Invalides, vers l’Ouest et au Sud de l’esplanade, apparaissent comme des champs cultivés ou des prairies. Si ce plan, à l’instar de nombreux autres, comporte pour seule légende l’identification des bâtiments et des rues, les parcelles cultivées sont reconnaissables par leur traitement graphique. Des traités de cartographie, en particulier L’art de lever les plans de Dupain de Montesson, préconisent notamment de représenter les potagers en carrés « ordinairement bordés de plates-bandes où se trouvent des arbres fruitiers en buisson, et d’autres de hautes tiges2 ». Les légumes semés ou repiqués seront eux, représentés par de petits sillons à l’intérieur des carrés. Sur le plan de Jaillot sont ainsi dessinés les bâtiments de l’hôtel de Chevreuse et son jardin qui se compose de parterres de broderies et d’un espace de culture. Le jardin vivrier, séparé du jardin d’agrément par une rangée d’arbres, s’organise comme lui en compartiments et est signifié par des carrés tracés de fins sillons.

La mutation des jardins du faubourg Saint-Germain dans la seconde moitié du XVIIIe siècle

6Le plan de Turgot, levé pour le prévôt des marchands entre 1734 et 1739 indique le développement de deux jardins potagers particulièrement importants, ceux des hôtels de Matignon et du Maine (fig. 2).

Fig. 2.

Fig. 2.

Turgot, Plan de Paris (détail), rue de Varenne, 1734-1739, Bibliothèque nationale de France, Paris.

© BnF / Gallica

  • 3 Jean-Baptiste de Chauvigne dit Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la (...)

7Bien que dotés d’importants jardins d’agrément, ces hôtels comprennent aussi des espaces de culture très vastes grâce à la taille de leurs parcelles. L’étendue des jardins de l’hôtel de Matignon, allant jusqu’à la rue de Babylone, permet de placer le jardin vivrier à la suite du jardin d’agrément et de les séparer nettement par une palissade. Quant au second plan de Jaillot, levé entre 1772 et 1778 comme annexe aux Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris3, il présente à la veille de la Révolution de nombreux jardins potagers. Malgré la diminution des espaces maraîchers du faubourg, rue de Varenne les hôtels de Broglie et de Rohan possèdent encore de vastes parcelles de culture en pendant de leurs jardins d’agréments (fig. 3).

Fig. 3.

Fig. 3.

Bernard Jaillot, Plan de Paris (détail), Hôtel de La Salle et hôtels d’Harcourt, 1775. Bibliothèque Nationale de France, département des cartes et plans.

© BnF / Gallica

Répondre à la famine de 1793 : cultiver les jardins des hôtels particuliers parisiens

Les jardins « de luxe », une ressource laissée sans usage.

  • 4 Jean-Baptiste Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, etc, … dep (...)
  • 5 Lettre du Directeur de la Régie des Domaines Nationaux au citoyen Balduc, 19 août 1793, Archives de (...)
  • 6 Lettre du Directeur de la Régie des Domaines Nationaux au citoyen Balduc, 11 août 1793, Archives de (...)

8Dès 1789, de nombreux propriétaires de ces hôtels quittent la ville de Paris et la France agitées par les troubles révolutionnaires. Ainsi Louis de Bourbon-Condé, propriétaire de l’hôtel de Sens, rue de Grenelle, émigre dès la prise de la Bastille. À partir de 1792, les biens des émigrés sont intégrés au Domaine National qui comprenait déjà les anciens biens de la Couronne et du Clergé. Dès le 14 août 1793, une nouvelle loi stipule que « dans la vue de multiplier les petits propriétaires qu’en la présente année, et immédiatement après les récoltes, les terres, vignes, près appartenant aux émigrés seront divisés par petits lots de deux à quatre arpents pour être mis à l’enchère et être aliénés à perpétuité4 ». Certaines propriétés rurales, anciennement ecclésiastiques ou aristocratiques, sont ainsi morcelées et redistribuées. À partir de 1793, la famine qui sévissait dans la capitale s’aggrave, et le maximum général, voté à la Convention le 29 septembre 1793 ne suffit pas à l’enrayer. La situation devient alors propice à de nouveaux soulèvements populaires, dirigés contre le gouvernement révolutionnaire. Dans ce contexte sont créés en septembre 1793 six Comités d’Agriculture à Paris. À leurs têtes se trouvent des commissaires, très souvent jardiniers, ayant pour rôle de régler la question de la disette dans chaque section de Paris. Ces comités avaient à leur disposition, dans les jardins des hôtels particuliers de Paris, de vastes terrains dont certains étaient déjà plantés de fruits et de légumes. L’on sait que dans le reste de l’Île-de-France des jardins avaient été mis en culture pour nourrir la population. Dans les jardins du château de Champs-sur-Marne fut ainsi plantée de la luzerne. Un sort que partagèrent très possiblement les jardins des hôtels parisiens. Si certains sont utilisés par les pouvoirs révolutionnaires, comme l’hôtel de Poulpry devenu dès 1789 le siège du Comité de la Section de Grenelle, beaucoup restent inoccupés, sous la surveillance de gardiens et de jardiniers qui continuent d’y résider. Ils endossent alors l’entière responsabilité de la gestion des jardins et potagers de ces hôtels. Les produits de ces soins, sans destination, sont parfois vendus. La correspondance du citoyen Balduc, directeur du Bureau de l’Agence pour la location des Domaines Nationaux, fait état de la vente des fruits provenant de l’hôtel de Sens5. Parallèlement, dès la fin du mois de juillet 1793, de nombreuses lettres sont adressées à la Régie des Domaines Nationaux au sujet « des jardins potagers et fruitiers qui dépendent des maisons des émigrés […] et de la nécessité d’en tirer parti pour la République, tant des potagers que des arbres fruitiers6 ».

Saisie et récolte des fruits et légumes des jardins particuliers parisiens

  • 7 État des maisons provenant des émigrés où le citoyen Lagrange, visiteur des locations, s’est transp (...)
  • 8 Affiche de la Régie Nationale des Domaines et de l’Enregistrement pour la vente de fruits provenant (...)
  • 9 Rapport de la l’adjudication aux enchères de la récolte des fruits présents dans les jardins des ma (...)

9Un système de saisie de ces ressources est alors mis en place : une liste des jardins puis des fruits et des légumes à disposition est dressée par section dans le courant du mois de septembre. Les hôtels du faubourg Saint-Germain sont rassemblés dans les sections de la Fontaine de Grenelle, des Invalides et du Bonnet-Rouge7. Très rapidement, une prisée pour évaluer les fruits trouvés présents dans ces jardins est effectuée par des jardiniers mandatés par le citoyen Balduc en suivant les états dressés dans les différentes sections de Paris. La vente aux enchères des fruits est annoncée par affiche le 30 septembre 17938. C’est en réalité la récolte de ces fruits qui est alors mise aux enchères, à la charge pour l’acheteur de se déplacer dans chaque jardin concerné. Une volonté de respecter, à défaut de conserver, les jardins producteurs, s’observe au travers d’une des charges de la vente : l’adjudicataire doit procéder à l’enlèvement des fruits « de manière à ne causer aucun dommage aux arbres et autres plantes qui se trouveront sur les lieux9 ». Ainsi, dans le même temps où est établi un maximum général pour le prix des denrées, sont mis à contribution les jardins des hôtels particuliers pour l’approvisionnement en fruits des habitants de la capitale. La récolte, pour le sud de Paris, est achetée après enchères pour 196 livres. Cette somme correspond environ à six mois de travail d’un ouvrier et domestique et – selon les prix ayants courts au long de l’année 1793 – à une quantité de fruits suffisante pour fournir une livre de pommes ou de figues à plusieurs centaines d’habitants. Un prix maximum pour les denrées ayant été fixé la veille même de l’adjudication de la récolte, la spéculation et la marge à faire par l’acheteur restent minimes et la récolte assure l’arrivée d’un flux de marchandises maraîchères fraîches à un prix fixe et indexé sur les salaires moyens.

Un arrêté pour la location et la mise en culture des jardins

  • 10 Lettre du citoyen Balduc au citoyen Gentil, 20 août 1793, Archives de Paris, DQ10716.
  • 11 Lettre du citoyen Balduc au citoyen Gentil, 7 ventôse an II [25 février 1794], Archives de Paris, D (...)
  • 12 Affiches de la Commune de Paris, no 214 [9 février 1794], no 222 [19 février 1794], no 235 [7 mars (...)
  • 13 Copie de la lettre du Président du Département au Directeur de la Régie Nationale du 7 ventôse an I (...)
  • 14 Copie de la lettre du Président du Département au Directeur de la Régie Nationale du 7 ventôse an I (...)

10 L’idée de vendre les fruits et les légumes poussant dans ces jardins fut immédiatement associée à celle de les mettre en culture. En effet, la correspondance de Balduc entre août et septembre 1793 fait mention d’un projet de mise en location des jardins « aussitôt la récolte terminée10 ». Cependant, ce projet tarde à être mis en application. Il faut attendre début février 1794 pour que les responsables des Domaines et de l’Enregistrement se penchent à nouveau sur la question. Ce regain d’intérêt fait suite aux demandes répétées de la part des jardiniers des différentes maisons d’émigrés, qui s’interrogent sur leur rôle dans la mise en culture des jardins dont ils sont responsables. Balduc reçoit ainsi une lettre d’un citoyen demandant à louer le jardin de la princesse de Monaco, actuel hôtel de Matignon, pour le mettre en culture11. Également en février 1794, les différentes sections de la Commune demandent la mise en culture des « jardins de luxe » lors de leurs assemblées. Cette disposition est proposée pour la première fois le 9 février par un membre de la Commune. Un premier état des jardins est exigé par le Conseil à chaque section le 19 février. La Commune et la Régie des Domaines se retrouvent, sans pourtant se concerter, dans cette volonté de mettre à profit les terres cultivables que sont les jardins des hôtels particuliers. La « commission des jardins de luxe », nommée par la Commune fait son rapport le 7 mars12. Il est malheureusement impossible de consulter ce rapport, il était conservé à l’Hôtel de Ville et a été détruit lors de son incendie en 1871. À partir du 14 mars 1794, le Département semble prendre complètement en charge le projet de mise en culture des jardins de luxe. À cette date, il demande en effet à la Commune de Paris de lui transmettre l’arrêté du Conseil sur les jardins. Cependant, le Département continue de s’appuyer sur la Régie des Domaines et de l’Enregistrement pour réfléchir à la façon « propre à remplir cet objet si important pour le salut public13 ». La réflexion autour de la mise en culture des jardins « de luxe » est portée par trois administrations bien distinctes et qui fonctionnent de façon quasi-indépendante les unes des autres. La Commune agit en effet au seul niveau de la ville de Paris, sans être réellement reliée au pouvoir exécutif, tandis que le Département de Paris et la Régie des Domaines de l’Enregistrement ont une action aux niveaux départemental et national et sont plus liés au pouvoir en place, notamment par le biais du procureur général syndic. Il est aussi important de noter que ces institutions se mobilisent sur la demande des citoyens de la ville de Paris qui prennent rapidement conscience des ressources économiques que peut représenter l’important patrimoine mis à la disposition de la Nation par la Révolution. Ainsi, le Département de Paris collabore avec la Régie des Domaines et de l’Enregistrement. Dans la lettre qu’envoie le président du Département au Directeur de la Régie, il est souligné l’importance de mettre en culture les « jardins de luxe » en assurant « la conservation14 » des bâtiments des domaines nationaux.

Des dispositions prises pour la conservation des jardins cultivés

  • 15 Observations sur la location des jardins dépendants des propriétés nationales, Archives de Paris, D (...)
  • 16 Arrêté pour la mise en location des jardins des Domaines Nationaux et des Émigrés, Archives de Pari (...)

11En ce sens, la Régie des Domaines propose, dans un document intitulé « Observations sur les locations des jardins dépendant des propriétés nationales », de répartir les jardins à louer en trois classes15. La première classe rassemble les jardins qui pourront être loués immédiatement et sans que préjudice soit porté aux bâtiments dont ils dépendent. Ces jardins seront mis en culture par leurs locataires qui seront chargés de faire un état des arbres et autres sujets présents dans le jardin. Leur accès se fait par des souterrains ou par des portes et portails sur lesquels n’ont pas été apposés de scellés. Les jardins de la seconde classe sont ceux qui ne peuvent être loués « sans porter préjudice aux bâtiments et aux objets de décor desdits jardins ». Ils seront confiés aux soins des jardiniers des hôtels qui les loueront à un prix fixé par un architecte dépendant de la Régie des Domaines. Ce sera à cette administration de décider quels jardins entrent dans cette classe. Quant aux jardins de la troisième classe, ils « doivent être réservés pour la République pour y élever des portes graines ». Ils ne seront pas loués mais directement soumis à la surveillance d’André Thouin, botaniste jardinier en chef du Jardin du roi (actuel Jardin des Plantes) et député du tiers état depuis 1789. Si ces jardins comportent des parties qui ne peuvent recevoir la culture des portes graines, elles seront louées à des jardiniers ou cultivées par eux « à la charge d’en rendre compte ». Dans ce même document, il est établi que les jardins seront, si possible, divisés en lots pour leur location. La durée de cette location est déjà prédéfinie et s’étendra jusqu’au « 1er nivôse prochain ». Ce document n’étant pas daté, sa seule étude ne permet pas d’appréhender la véritable durée de la location. Mais les documents officiels, datés du 3 germinal de l’an II, c’est-à-dire du 23 mars 1794, précisent que la « location ne pourra excéder une année à compter du vingt germinal de l’an 2 de la République16 ».

Répercussions sur les jardins de leur location et de leur mise en culture

Des transformations anticipées mais encadrées par les administrations

  • 17 Observations sur la location des jardins dépendants des propriétés nationales, Archives de Paris, D (...)
  • 18 Autorisation pour l’arpentage, la division par lots et l’estimation des jardins dépendants des Doma (...)
  • 19 Cahier des charges pour l’adjudication des jardins provenants des émigrés, Archives de Paris, DQ107 (...)
  • 20 Archives de Paris, DQ10716.

12Les Observations et l’arrêté de mise en culture contiennent des éléments intéressants sur les conséquences possibles de telles dispositions. Les locataires ne pourront en effet « déraciner aucun arbre sans une autorisation expresse du département qui se réserve de prendre à cet égard l’avis du Directeur de l’Agence Nationale17 ». Ainsi, la transformation du décor végétal des jardins est envisagée dès le projet de leur mise en location. Cependant, toute modification devra être encadrée et approuvée par la Régie des Domaines. La Régie projette aussi des changements structuraux de ces jardins avec le percement de portes et de clôtures, modifications qui s’ajoutent à leur division par lots. Il est ainsi évident que la mise en location pourrait provoquer un bouleversement important dans l’organisation et l’aspect des jardins. Par ailleurs, l’appellation même de « jardin de luxe » dénote une conception particulière du jardin d’agrément mais surtout du jardin urbain, rattaché aux hôtels particuliers. Ils sont un « luxe » et sont alors par définition superflus et coûteux. Bien qu’objets d’une certaine protection, leur intérêt réside majoritairement dans la ressource qu’ils constituent. Dès le 5 germinal (25 mars), Balduc donne l’autorisation aux jardiniers de procéder « à l’arpentage, division de lots et estimation des jardins et terrains dépendant des Domaines Nationaux et des émigrés18 ». Tous les jardins examinés sont répartis dans des listes en fonction des catégories auxquelles on les associe. Un cahier des charges pour les adjudicataires est rédigé dans le courant de germinal. Il prend la forme d’un document officiel, imprimé et destiné à être utilisé pour enregistrer les adjudications19. Ainsi, tout est mis en place pour que la location et la mise en culture des jardins des hôtels particuliers se fassent. L’adjudication est fixée au « 11 germinal de l’an II (le 31 mars 1794) à six heures de relevée » comme le montre la Liste des jardins et terrains dépendants des propriétés nationales pour être mis en culture20. Cette liste comporte le nom des jardins qui seront mis en adjudication ce jour-là, en fonction des sections dans lesquelles ils sont situés. Elle concerne les sections de l’Observatoire, du Faubourg Nord, de Brutus, du Montblanc et des Champs-Élysées. Elle fait aussi état de la division des jardins en différentes parties. Le jardin dépendant de la maison de l’émigré Gilbert de Voisin, est par exemple, divisé en trois parties « savoir une en bosquet ; une autre en verger et le reste en potager et aussi d’arbres fruitiers ». Cette division indique aussi l’utilisation pour la culture de parties du jardin d’agrément, à fonction purement décorative comme le bosquet.

Quelles preuves de la location et de la mise en culture des « jardins de luxe » ?

13Étant donné que la question de la location et de la mise en culture des « jardins de luxe » est gérée au niveau départemental et non au niveau des sections, il est possible d’envisager la location de l’ensemble des jardins des hôtels saisis de Paris. La correspondance du citoyen Balduc va dans le sens d’une mise en culture des jardins du faubourg Saint-Germain. Il reçoit ainsi une lettre du citoyen Vallée, jardinier de l’hôtel de Cassini. Cet hôtel, s’il faisait partie de ceux où récolter des fruits, avait un statut particulier et n’apparaissait pas dans les listes d’hôtels à mettre en location. Son propriétaire, le marquis de Cassini, était décédé à Paris en 1790 et avait été inscrit par erreur sur la liste des émigrés. Ses créanciers s’opposèrent à sa location, et le jardinier chargé de l'entretien depuis 1787 continua d’y travailler. En juillet 1794, une nouvelle récolte de fruits est organisée. Elle concerne de nouveau certains jardins inscrits sur le premier état rédigé par Lagrange en 1793. Parmi eux se trouve le jardin de l’hôtel de Cassini dont le jardinier demande à Balduc de lui donner la préférence pour les racheter. Il avance comme argument que ses « légumes sont d’un triste produit » et ne lui permettent pas de « payer l’entretien du jardin ». Dans cette lettre, il souligne aussi qu’il n’a pas de potager, contrairement à « plusieurs de [ses] confrères ». Il ajoute ensuite que, dans le cas où il aurait un potager, « [il] se retirerait de celui [qu’il] entretient ». Ainsi, certains jardiniers cultivent des potagers et sont alors dispensés de l’entretien des jardins dont ils ont la charge. Nous pouvons aisément imaginer que les potagers cités par le citoyen Vallée sont ceux créés dans les jardins appartenant à la seconde classe définie par l’arrêté du 3 germinal.

Une modification structurelle des jardins observable sur les plans

14L’évolution des hôtels mentionnés dans les listes à travers les plans de Paris apporte d’autres éléments de réflexion. Dans le cas de l’hôtel de Villeroy, situé rue de Varenne, le plan de Jaillot de 1775 présente un jardin à la française en trois parties, une première avec deux parterres de broderie qui mènent à la seconde partie, un parterre de gazon circulaire, et une dernière formée de deux carrés de gazon hexagonaux. Ces parterres très symétriques sont bordés d’arbres. Le Plan détaillé de Paris et de ses faubourgs, levé en 1808, montre un jardin complètement réorganisé, toujours en trois parties, mais formé d’un premier rectangle dont la taille équivaut à la moitié du jardin et de deux autres parterres, plus petits, placés côte à côte dans le sens de la longueur. Cette simplification de la typologie du jardin et la disparition des parterres de broderies peut tout à fait trouver son origine dans la mise en culture dudit jardin. L’étude des jardins de l’hôtel de Sens – aujourd’hui hôtel de Noirmoutiers, siège du Ministère de l’Agriculture –, rue de Grenelle, peut conduire à la même conclusion. Effectivement, entre l’état de 1775 et l’état de 1808, se constate la disparition du tracé du jardin. Le même plan de Jaillot montre un jardin régulier, composé de deux parterres flanqués d’alignements d’arbres et encadrés par des bosquets aux nombreuses salles et allées. Cette implantation a totalement disparu sur le plan levé en 1808. Ne sont en effet représentés que deux grands rectangles parallèles allant jusqu’au bout de la parcelle et accompagnés de chaque côté de deux rangées d’arbres. Il est alors possible de supposer que la forme originale s’est perdue avec la mise en culture du jardin. La liste des hôtels à mettre en location précisait que le jardin de l’hôtel de Sens serait divisé en quatre parties ; ces parties pouvant correspondre à la division en deux de chaque parterre ou aux deux parterres rectangulaires et aux deux alignements d’arbres. Pareillement, le dessin du jardin de l’hôtel de La Salle a disparu entre 1775 et 1808. Le premier plan indique un jardin aux trois parties différenciées. La première partie, qui correspond à la partie régulière du jardin, prend la forme de ce qui semble être un parterre de fleurs ou de gazon, aux contours chantournées. La seconde partie comporte quatre bosquets, avec chacun une salle de verdure, ordonnés autour d’un rond-point central et traversés d’allées formant un cercle. La dernière partie consiste en un élément d’architecture, un bassin entouré d’arbres. Le plan de 1808 représente un jardin ordonné en quatre rectangles de même taille placés les uns à la suite des autres, bouleversant ainsi complètement le dessin du XVIIIe siècle. Les deux hôtels d’Harcourt, voisins, dont un était loué à l’anglais Beckford, sont sur la liste des hôtels à mettre en location et connaissent les mêmes transformations. Ce bouleversement est surtout marqué pour le jardin du second hôtel d’Harcourt. En effet, le grand parterre de gazon, la terrasse et les arbres qu’elle surplombe, sont remplacés par deux grands rectangles en encadrant deux plus petits placés côte à côte (fig. 4).

Fig. 4.

Fig. 4.

La Topographie de Paris ou Plan détaillé de la Ville de Paris et de ses faubourgs, 1808. Hôtel de La Salle et hôtels d’Harcourt.

© BnF / Gallica

Un recul nécessaire sur les informations données par les plans

15Les éléments structuraux des jardins apparaissent donc modifiés : parterres, bosquets et arbres. La suppression de ces éléments nécessite un travail considérable comme le décapage des surfaces, leur recouvrement ou l’arrachage de certaines souches d’arbre. Il est alors inévitable que des transformations importantes du terrain aient eu lieu. Leur plan s’est largement simplifié, adoptant des formes géométriques. Cette organisation n’est pas sans rappeler les préconisations de Jean-Baptiste de La Quintinie quant à l’organisation des jardins potagers, qui doit se faire « par des quarrez bien reglez [sic] ». Ces motifs géométriques étaient déjà visibles dans la représentation des jardins vivriers des hôtels particuliers, notamment sur le premier plan de Jaillot et sur celui de Turgot. De même, Georges Louis Le Rouge représente le potager de l’hôtel de Janssen près de la porte Maillot. Les nouveaux tracés des jardins de l’arrondissement peuvent correspondre à ceux des jardins potagers et s’expliquent par leur mise en culture. Les informations données par les plans doivent évidemment être considérées avec un certain recul. Il est en effet possible que le plan levé par Jaillot soit quelque peu fantaisiste pour la représentation des jardins. Cependant, ce plan, qui sera modifié en fonction des évolutions de la ville jusqu’en 1778, illustre un ouvrage de Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris, qu’il rédige entre 1772 et 1774. Un souci de justesse, sinon de réalisme, accompagne obligatoirement la réalisation de son plan. À l’inverse, la topographie de 1808 peut présenter une vision volontairement simplifiée des jardins. Cette simplification doit pourtant correspondre à une certaine réalité. Par ailleurs, une étude de ce plan au-delà du seul VIIe arrondissement, fait état de représentations de jardin plus détaillées, avec la notification de parterres, d’allées ou d’allées d’arbres. C’est ce que montrent les jardins des hôtels Joachim (actuel Palais de l’Élysée), Simon (détruit) et de La Rochefoucauld (fig. 5). Si leurs caractéristiques le justifient, les tracés des jardins sont représentés sur le plan de 1808. Dans leur état de 1775, les jardins des hôtels de La Salle, d’Harcourt, de Sens et de Villeroy devraient ainsi y figurer. Leur absence implique donc obligatoirement une modification et une simplification de leur organisation.

Fig. 5.

Fig. 5.

La Topographie de Paris ou Plan détaillé de la Ville de Paris et de ses faubourgs, 1808. Hôtel de La Rochefoucauld.

© BnF / Gallica

Conclusion

16De nombreuses preuves et témoignages ont permis de conforter l’hypothèse d’une mise en culture des jardins des hôtels particuliers de Paris pour répondre aux difficultés d’approvisionnement de la capitale. Le document ayant le plus de poids est sans aucun doute l’arrêté du 3 germinal de l’an II qui ordonne la location des jardins provenant des biens saisis auprès des émigrés pour les mettre en culture. Deux administrations se chargèrent de cette mise en location : le Département de la Seine et la Régie des Domaines Nationaux qui était investie de la gestion des biens saisis auprès du clergé et des émigrés. Cette opération n’allait pas sans un certain souci de conservation. Les jardins étaient en effet rangés par classes en fonction des dommages qui pouvaient leur être causés ainsi qu’aux bâtiments des hôtels. Cependant, dès la rédaction du cahier des charges des adjudications, était prévues la modification matérielle des jardins avec la suppression d’arbres, ainsi que leur transformation formelle avec leur division en lots et la construction de séparations ou le percement de portes.

17De fait, leur mise en culture ne pouvait se faire sans une adaptation des jardins. L’étude des plans montre bien la disparition de l’organisation préexistante des jardins. Ainsi, les parterres, bosquets et fontaines sont remplacés par de simples formes géométriques d’une grande proximité avec celles utilisées pour la représentation des potagers. De nombreux arguments viennent étayer l’hypothèse selon laquelle la mise en culture des jardins du XVIIIe siècle soit à l’origine de la perte ou de la simplification de leur tracé primordial plus élaboré, et ce, qu’ils aient été réguliers – à la française – ou anglo-chinois, pittoresques et irréguliers – à l’anglaise ou anglo-chinois. Le dépouillement d’autres fonds d’archives pourrait sans doute apporter des éléments complémentaires, bien qu’il semble que le fonds des Domaines Nationaux des Archives de Paris soit le plus à même de fournir des nouveaux éléments. La transdisciplinarité reste un préalable à l’étude de l’histoire des jardins, en particulier dans le cadre de notre sujet. Au-delà de l’histoire de l’art, il est important de convoquer l’urbanisme, l’histoire politique et l’archéologie, afin de traiter différemment le matériau étudié et d’apporter un angle nouveau. La conception et les modifications des jardins ne concernent en effet pas seulement les changements d’esthétisme mais aussi les volontés politiques et des enjeux sociétaux plus larges.

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Notes

1 Sur la question des évolutions politiques au cours de la Révolution voir : Daniel GUERIN, La lutte des classes sous la Première République. Paris, Gallimard, 1946 ; Georges LEFEBVRE, Questions agraires au temps de la Terreur. Strasbourg, 1932 ; Jean TULARD ; Jean-François FAYARD ; Alfred FIERRO. Histoire et dictionnaire de la Révolution Française. Paris, Robert Laffont, 1998.

2 Louis Charles Dupain de Montesson, L’art de lever les plans, Paris, 1763. Voir Florent Quellier. Histoire du Jardin potager. Paris, Armand Colin, 2012, p. 94.

3 Jean-Baptiste de Chauvigne dit Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris, Paris, 1772.

4 Jean-Baptiste Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, etc, … depuis 1788 jusques et y compris 1830, Paris, 1834.

5 Lettre du Directeur de la Régie des Domaines Nationaux au citoyen Balduc, 19 août 1793, Archives de Paris, DQ10716.

6 Lettre du Directeur de la Régie des Domaines Nationaux au citoyen Balduc, 11 août 1793, Archives de Paris, DQ10716.

7 État des maisons provenant des émigrés où le citoyen Lagrange, visiteur des locations, s’est transporté, Archives de Paris, DQ10716.

8 Affiche de la Régie Nationale des Domaines et de l’Enregistrement pour la vente de fruits provenant des jardins des émigrés, Archives de Paris, DQ10716.

9 Rapport de la l’adjudication aux enchères de la récolte des fruits présents dans les jardins des maisons d’émigrés dans le midi de Paris, le 30 septembre 1793, Archives de Paris, DQ10716.

10 Lettre du citoyen Balduc au citoyen Gentil, 20 août 1793, Archives de Paris, DQ10716.

11 Lettre du citoyen Balduc au citoyen Gentil, 7 ventôse an II [25 février 1794], Archives de Paris, DQ10716.

12 Affiches de la Commune de Paris, no 214 [9 février 1794], no 222 [19 février 1794], no 235 [7 mars 1794], et no 241 [14 mars 1794].

13 Copie de la lettre du Président du Département au Directeur de la Régie Nationale du 7 ventôse an II [25 février 1794], Archives de Paris, DQ10716.

14 Copie de la lettre du Président du Département au Directeur de la Régie Nationale du 7 ventôse an II [25 février 1794], Archives de Paris, DQ10716.

15 Observations sur la location des jardins dépendants des propriétés nationales, Archives de Paris, DQ10716.

16 Arrêté pour la mise en location des jardins des Domaines Nationaux et des Émigrés, Archives de Paris, DQ10716.

17 Observations sur la location des jardins dépendants des propriétés nationales, Archives de Paris, DQ10716.

18 Autorisation pour l’arpentage, la division par lots et l’estimation des jardins dépendants des Domaines Nationaux et des émigrés, DQ10716.

19 Cahier des charges pour l’adjudication des jardins provenants des émigrés, Archives de Paris, DQ10716.

20 Archives de Paris, DQ10716.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1.
Légende Bernard Jaillot, Plan de Paris (détail), hôtel de Chevreuse en 1713, fac-similé du plan Jaillot, gravure de Paul Dujardin, Atlas des anciens plans de Paris, 1887, Paris, Imprimerie nationale, imprimeur Chardon, estampe conservée au musée Carnavalet.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/21659/img-1.png
Fichier image/png, 625k
Titre Fig. 2.
Légende Turgot, Plan de Paris (détail), rue de Varenne, 1734-1739, Bibliothèque nationale de France, Paris.
Crédits © BnF / Gallica
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/21659/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 943k
Titre Fig. 3.
Légende Bernard Jaillot, Plan de Paris (détail), Hôtel de La Salle et hôtels d’Harcourt, 1775. Bibliothèque Nationale de France, département des cartes et plans.
Crédits © BnF / Gallica
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/21659/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 273k
Titre Fig. 4.
Légende La Topographie de Paris ou Plan détaillé de la Ville de Paris et de ses faubourgs, 1808. Hôtel de La Salle et hôtels d’Harcourt.
Crédits © BnF / Gallica
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/21659/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 46k
Titre Fig. 5.
Légende La Topographie de Paris ou Plan détaillé de la Ville de Paris et de ses faubourgs, 1808. Hôtel de La Rochefoucauld.
Crédits © BnF / Gallica
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/docannexe/image/21659/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 31k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Clara Delannoy, « La mise en culture des « jardins de luxe » parisiens pendant la Terreur (1793-1795) »Les Cahiers de l’École du Louvre [En ligne], 18 | 2022, mis en ligne le 01 juin 2022, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cel/21659 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cel.21659

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Auteur

Clara Delannoy

Clara Delannoy est historienne de l’art diplômée de l’École du Louvre et de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles. Passionnée par l’architecture et l’aménagement des grandes demeures, elle conduit ses premiers travaux de recherche à l’École du Louvre sur les jardins des hôtels particuliers parisiens et leur transformation pendant la Révolution française et pose la question du rapport de la société et de ses bouleversements aux jardins privés. Une année d’étude à l’Université Alma Mater de Bologne est pour elle l’occasion de questionner les fonctionnements - et dysfonctionnements - de la conservation et de la valorisation des jardins historiques, aussi bien en France qu’en Italie. Elle complète sa formation en suivant le séminaire de Master Jardins Historiques, Patrimoine et Paysages à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, abordant ainsi la question du jardin patrimonial sous l’angle du terrain et de ses avatars contemporains. Considérant comme fondamentale la place du vivant dans cet art particulier qui est celui des jardins, elle cherche à comprendre les dynamiques qui l’unissent au milieu naturel et à l’écosystème. Elle est aujourd’hui chargée de programme pour l’association Noé, avec laquelle elle œuvre pour la restauration de la biodiversité dans les jardins privés comme publics, urbains ou ruraux, patrimoniaux.
Clara Delannoy is an art historian who graduated from the École du Louvre and the École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles. Passionate about architecture and the layout of large residences, she conducted a research project at the École du Louvre focusing on Parisian town house gardens and their transformation during the French Revolution, examining the relationship between society and its upheavals and private gardens. A year of study at the Università di Bologna gave her the opportunity to examine the functioning – or not – of the conservation and development of historic gardens in both France and Italy. She completed her training by attending the master’s seminar on historic gardens, heritage and landscapes at the École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, thus approaching the heritage garden from the angle of the terrain and its contemporary avatars. Considering the place of the living in the art of gardens fundamental, she seeks to understand the dynamics that link it to the natural environment and the ecosystem. She is currently in charge of the programme for the Noé association, with which she works to restore biodiversity in private and public, urban and rural, heritage gardens.

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Droits d’auteur

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