Avant-propos
Texte intégral
1« Depuis la fin des mouvements de révolte des années 1970, et plus encore depuis la fin de la division du monde en deux blocs antagonistes, l’exaltation des différences (ethniques, religieuses, culturelles, sexuelles, etc.), s’appuyant sur une pluralité élargie de modèles de référence, semble une donnée constante des sociétés occidentales. À ce phénomène d’identification communautaire se superpose un autre phénomène, en apparence opposé : celui de la globalisation des échanges et de la diffusion presque instantanée de l’information, des communications, et de modes de comportement uniformes colportés par les médias.
2Comme toutes les sociétés occidentales, la société italienne est confrontée à ce double mouvement, à la fois contradictoire sur le fond, et parfois complémentaire dans la forme. En outre, deux facteurs particuliers caractérisent notamment la situation italienne : la force historique des identités régionales et une immigration extérieure qui n’a vraiment débuté qu’au début des années 1980.
3L’ensemble de ces données peut avoir contribué à une évolution de la représentation de la différence dans le domaine de la fiction, que cette différence soit interne, liée à la condition sociale, aux singularités régionales, aux questions religieuses, aux antagonismes générationnels, aux comportement sexuels, etc., ou externe, liée à l’image de l’étranger.
4C’est de l’évolution de ces images et de ces formes de la différence qu’il sera question ici. Au-delà de l’aspect thématique, seront également abordées les questions purement narratives, avec notamment cette interrogation : certaines des tendances les plus actuelles de la littérature, dans leur expression parfois violente, rompant ou tentant de rompre avec les formes présentes ou passées, ne sont-elles pas la métaphore simultanée d’une volonté de différence et d’un rejet de la différence ? »
5C’est ainsi qu’Alain Sarrabayrouse décrivait, quand il n’existait encore que dans son désir, le projet qui a abouti au présent ouvrage. Alain n’aura pas pu mener à bien lui-même cette publication, à laquelle il attachait, comme à tout ce qu’il entreprenait au service d’une communauté, une grande importance. La maladie et la mort en ont décidé autrement, qui l’ont emporté, après des mois d’une lutte opiniâtre, le 19 juillet 2007. De mon mieux, animé de l’amour que j’avais pour lui, j’ai fait en sorte que ce livre paraisse. En son honneur. À sa mémoire. Et parce qu’il n’aurait pas voulu que celles et ceux à qui son appel avait donné envie d’écrire voient leur texte se fâner dans un tiroir. Parce que, aussi, la mort est la différence absolue, l’inassimilable altro da noi, devant quoi toute autre différence devrait, dans le monde fraternel auquel Alain œuvrait, s’effacer, pour laisser place à une solidarité sans conditions entre mortels.
Pour citer cet article
Référence papier
Christophe Mileschi, « Avant-propos », Cahiers d’études italiennes, 7 | 2008, 9-10.
Référence électronique
Christophe Mileschi, « Avant-propos », Cahiers d’études italiennes [En ligne], 7 | 2008, mis en ligne le 15 novembre 2009, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cei/902 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cei.902
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