Sud Magazine et la culture latine : une revue promotrice de l’amitié franco-italienne dans les années trente
Résumés
Sud Magazine est un bimensuel marseillais diffusé dans toute la Provence de 1928 à 1939. Il est à bien des égards symptomatique des publications qui cherchent à appuyer l’amitié franco-italienne en promouvant la culture latine censée unir les deux nations. Dans les contributions qui s’intéressent à l’Italie, les liens culturels entre cette dernière et la Provence sont particulièrement mis en avant. En novembre 1935, un numéro spécial France-Italie défend la latinité pour entretenir l’entente entre les deux pays et offre une vision très laudative du régime fasciste. Il illustre d’une manière très instructive les relations franco-italiennes au début de la guerre d’Éthiopie.
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- 1 G. Bertrand, J.-Y. Frétigné et A. Giacone, La France et l’Italie. Histoire de deux nations sœurs, P (...)
1Durant l’entre-deux-guerres, les relations entre la France et l’Italie sont particulièrement changeantes. Les atermoiements de la diplomatie française et les incertitudes du régime fasciste font alterner des phases de tensions et de rapprochement, avant une dégradation irréversible à partir de 19361. Dans ce contexte, une multitude d’initiatives de la part d’organisations diverses, d’associations, de comités, de périodiques, d’écrivains, d’universitaires, de journalistes, d’hommes politiques ou de diplomates cherchent à encourager l’entente par pacifisme, intérêt pour le régime de Mussolini ou italophilie. Dans les régions frontalières, à l’instar de la Provence, les divergences qui agitent les deux gouvernements inquiètent particulièrement. C’est pourquoi dans la presse une inflation d’articles, notamment lors des phases de tensions diplomatiques, défend immanquablement l’amitié franco-italienne et promeut la culture latine censée unir les deux nations.
- 2 Il évolue à plusieurs reprises. En 1932, il devient Méditerranée Arts Monde Sports, mais le terme M (...)
- 3 Outre en Provence, il paraît aussi dans le Gard, la Drôme, l’Isère et en Corse. Il tire quotidienne (...)
2Sud Magazine, un bimensuel illustré créé en octobre 1928 à Marseille et diffusé dans toute la Provence, est symptomatique de ce type de publication. Sous-titré Arts Monde Sports2, ses centres d’intérêt sont davantage la peinture, la littérature, le cinéma, le sport ou les événements mondains que l’étranger. Pourtant, son nom évocateur et son attrait pour le monde méditerranéen le conduisent à plusieurs reprises à publier des articles traitant des relations culturelles entre l’Italie et la Provence, avant un numéro spécial qui paraît en novembre 1935, entièrement consacré à la péninsule et à la célébration de l’amitié franco-italienne. Le public visé est celui de conservateurs appartenant aux classes les plus aisées de la société : on cible particulièrement les monarchistes, comme en témoignent les multiples contributions sur les familles royales d’Europe. Ses auteurs sont pour la grande majorité des journalistes, hommes de lettres ou universitaires provençaux. Certains d’entre eux écrivent aussi dans Le Petit Marseillais, le quotidien le plus diffusé dans le sud-est de la France, modéré mais très bienveillant vis-à-vis du régime fasciste3. La proximité entre les deux publications est du reste visible jusqu’à leur siège. Si celui de Sud Magazine est installé avenue Prado lors de sa création, dès 1931, il est transféré rue Vacon où se trouve la direction du Petit Marseillais.
3La lecture exhaustive des pages de Sud Magazine est particulièrement instructive quant à la vision que celui-ci donne de la relation franco-italienne. Dans les premiers numéros, il insiste sur l’importance des liens culturels entre la Provence et l’Italie pour justifier une entente, au nom de la culture latine partagée des deux côtés des Alpes. En 1935, la célébration des « sœurs latines » s’accélère et un numéro spécial France-Italie, paru à la fin de l’année, présente avec enthousiasme les nécessités de l’alliance bilatérale, à partir de contributions parfois laudatives sur le régime fasciste. Il offre une mise en regard très significative des rapports franco-italiens au moment où la guerre d’Éthiopie éloigne Paris de Rome.
1. La culture latine aux sources de l’amitié entre la Provence et l’Italie
- 4 S. Mourlane et C. Regnard, Empreintes italiennes. Marseille et sa région, Lyon, Lieux Dits, 2013.
- 5 Sur Mistral (1830-1914) et le Félibrige, voir C. Mauron, Frédéric Mistral, Paris, Fayard, 1993, et (...)
- 6 F. Zantedeschi, « L’invention d’un espace transnational : l’idée latine dans la renaissance littéra (...)
4La Provence, en raison de sa romanisation précoce, de son histoire, de sa proximité géographique avec la péninsule ou de la présence d’une importante immigration italienne, particulièrement dans la région marseillaise4, entretient des liens culturels étroits avec l’Italie depuis très longtemps. Dans la seconde moitié du xixe siècle, c’est la renaissance de la langue et de la culture d’oc, autour du poète Frédéric Mistral, fondateur du Félibrige en 1854 et prix Nobel de littérature en 1904, qui favorise les échanges intellectuels5. L’influence des troubadours en langue d’oc, à l’instar d’Arnaut Daniel, de Folquet de Marseille ou bien encore de Bertran de Born, sur les poètes italiens, tel Sordello de Mantoue, auxquels Dante rend hommage dans la Divine Comédie, rappelle la précocité des contacts. Pétrarque l’humaniste a lui aussi exalté la Provence et sa langue, après y avoir séjourné et y avoir rencontré l’amour. Tout au long du xixe et au début du xxe siècle, cette prise de conscience que le provençal, l’italien et le français sont des langues apparentées en raison de leur commune descendance du latin est à l’origine d’un grand mouvement de rapprochement entre les peuples qui les parlent, débouchant sur de multiples projets d’union latine6.
- 7 M. Decremps, « Mistral et l’idée latine », dans La Latinité hier, aujourd’hui, demain. Centenaire d (...)
- 8 P. de Zara, « Mistral et l’Italie », Sud Magazine, 3e année, no 32, 15 février 1930, p. 8-9.
- 9 Ibid., p. 8.
- 10 Mistral n’a effectivement réalisé que deux voyages marquants au cours de son existence. Le premier (...)
- 11 Ils ont visité Gênes, Rome, Naples, Florence, Bologne et Venise : F. et M. Mistral, Excursion en It (...)
- 12 P. de Zara, « Mistral et l’Italie », art. cité, p. 8.
- 13 A. de Gubernatis, La France. Lectures, impressions et réflexions, Florence, G. Civelli, 1891, p. 13 (...)
- 14 Répondant à la question « Quand et comment avez-vous appris à aimer l’Italie ? » que lui pose le pr (...)
- 15 É. Ripert, « Le triomphe de Mistral à Rome », Sud Magazine, 3e année, no 48, 1er décembre 1930, p. (...)
- 16 Elle comprend le capoulié du Félibrige, Marius Jouveau, Émile Ripert, l’universitaire Maurice Migno (...)
- 17 Sur le déroulement des cérémonies, voir R. Jouveau, Histoire du Félibrige (1914-1941), Nîmes, René (...)
5Dans la revue Sud Magazine, cette culture latine qui lie la Provence et l’Italie est à plusieurs reprises soulignée. Elle est toujours évoquée à travers le souvenir de Frédéric Mistral qui, toute sa vie, a été un grand défenseur de la latinité7. La première contribution qui l’aborde est écrite par le journaliste Philippe de Zara, collaborateur du Petit Marseillais, militant actif du rapprochement franco-italien et thuriféraire du régime fasciste. En février 1930, alors que la France et l’Italie s’apprêtent à fêter le centenaire de la naissance du poète, il insiste sur l’influence que l’Italie a eue sur l’œuvre mistralienne et formule le souhait que les cérémonies qui se préparent soient fécondes pour l’amitié entre les deux pays8. Dès le début de l’article, il sensibilise le lecteur au but recherché, en désignant l’écrivain provençal comme « l’apôtre de la Latinité » : « Mistral fait partie de cette cohorte quasi surhumaine, marquée par on ne sait quelle grâce mystérieuse, pour rapprocher les hommes entre eux et les rendre moins loups à l’égard de leurs frères9. » Il met en exergue sa rencontre récente à Rome avec Giuseppe Bottai, ministre des Corporations et proche de Mussolini, qui a souhaité associer officiellement le gouvernement italien aux commémorations prévues à l’automne, sur les bords du Tibre. Elles doivent être l’occasion d’inaugurer une plaque sur l’hôtel où Mistral avait logé lorsqu’il avait séjourné à Rome, au printemps 1891. Le but est double : organiser une fraternisation franco-italienne autour du nom du poète et rappeler que ce dernier, qui avait peu voyagé à l’étranger au cours de sa vie, avait estimé nécessaire de se rendre en Italie10. Le récit que les époux Mistral ont tiré de leur périple n’est pourtant pas toujours élogieux quant à la découverte de la péninsule. La nostalgie de la Provence les poursuit constamment ; les monuments romains ou florentins qu’ils admirent les émeuvent moins que ceux d’Arles ou d’Avignon11. Mais qu’importe. Pour Philippe de Zara, ce voyage prouve que Mistral avait le « désir de voir la terre latine par excellence12 ». Il savait l’influence que l’Italie avait eue sur la Provence et même s’il idéalisait souvent, dans son œuvre, les relations entre les deux, son but était de lui rendre hommage. En outre, son séjour, grâce aux relations qu’il avait nouées, avait été bénéfique pour l’amitié italo-provençale, et donc franco-italienne. Il avait notamment sympathisé avec le poète et linguiste Angelo de Gubernatis, professeur à l’université de Rome, connu pour ses positions francophiles et auteur d’un essai sur la France dans lequel il avait intitulé un chapitre « La Provence, intermédiaire entre la France et l’Italie13 ». Par conséquent, pour Philippe de Zara, comme en 1891, les fêtes romaines de 1930, en dépit des tensions diplomatiques, doivent être l’occasion de célébrer l’amitié bilatérale. Elles sont effectivement un succès. Émile Ripert, professeur de littérature provençale à l’université d’Aix, qui a connu Mistral dans sa jeunesse et qui est un amoureux de l’Italie14, en fait un compte rendu dans Sud Magazine au mois de décembre15. La délégation française, nombreuse mais sans représentant officiel du gouvernement16, est reçue lors de différentes cérémonies par Mussolini en personne, Giuseppe Bottai, des universitaires et des intellectuels, notamment à l’Académie royale, et par Mario Chini, professeur de littérature méridionale et traducteur de Mistral en italien. Elles sont l’occasion de grandes festivités entre les Français et les Italiens, mais aussi d’une active propagande fasciste pour faire du poète provençal un précurseur des idées du régime fasciste17.
- 18 « Les Provençaux au mariage du comte de Paris », Sud Magazine, 4e année, no 58, 1er mai 1931, p. 6- (...)
- 19 Claude Czulowski, secrétaire général du comité royaliste des Hautes-Pyrénées, avance le chiffre de (...)
- 20 « Les Provençaux au mariage du comte de Paris », art. cité, p. 6.
- 21 L. Daudet, Les noces du Dauphin à Palerme, Paris, Éditions du Capitole, 1931, p. 36-37.
6Une autre contribution parue dans Sud Magazine, en 1931, est une nouvelle occasion de défendre l’amitié franco-italienne. Elle ne concerne pas la culture mais un événement mondain qui prouve l’intérêt porté aux lecteurs monarchistes : le mariage du Dauphin à Palerme18. Trois cent cinquante Camelots du roi originaires de Marseille et de toute la Provence y prennent part grâce à un navire spécialement affrété par les Comités royalistes de la région19. Il faut dire que cette union du prince Henri d’Orléans et de sa cousine, Isabelle d’Orléans-Bragance, à Palerme le 8 avril 1931, attire les monarchistes de toute la France, dont Charles Maurras et Léon Daudet, que la revue qualifie de « Provençaux de Paris », venus en train pour fraterniser avec les « Provençaux de Marseille20 ». Daudet qui a rédigé un long compte rendu de l’événement note que le mariage est l’occasion de cérémonies d’amitié franco-italienne particulièrement révélatrices, lors desquelles les militants de l’Action française sympathisent avec les miliciens fascistes21. Toutes les familles royales d’Europe sont représentées à la noce que Sud Magazine décrit dans le détail, ainsi que les ambassadeurs des monarchies européennes.
- 22 É. Ripert, « Le Palais du Roure en Avignon. Centre d’Études méridionales », Sud Magazine, 6e année, (...)
- 23 Sur les collections du palais, voir S. Clap (éd.), Présence de Mistral, Avignon, Les Amis du palais (...)
- 24 Il y a consulté à plusieurs reprises la correspondance de Mistral.
- 25 Sur l’histoire du palais du Roure et ses liens avec l’Italie dans l’entre-deux-guerres, voir C. Pou (...)
- 26 É. Ripert, « Le Palais du Roure en Avignon. Centre d’Études méridionales », art. cité, p. 20.
7Les liens culturels entre la Provence et l’Italie sont une fois de plus à l’honneur dans le numéro du 1er juin 1933, grâce à une nouvelle contribution d’Émile Ripert qui évoque l’activité du palais du Roure d’Avignon22. Cette demeure, construite à la fin du xve siècle par les Baroncelli, une famille de banquiers florentins, a été fréquentée à la fin du xixe siècle par Frédéric Mistral qui lui a donné son nom. Des hommes de lettres s’y rencontraient déjà et en 1918, Jeanne de Flandreysy, journaliste littéraire bien introduite dans les milieux marseillais, l’acquière et la restaure progressivement. Très investie dans le mouvement de la renaissance provençale initié par Mistral, son but est d’y conserver la documentation qu’elle amasse sur le sujet, ainsi que sur les liens culturels entre l’Italie et la Provence23. Elle fait de sa demeure une « Villa Médicis » provençale en accueillant des artistes, à l’instar du poète Louis Le Cardonnel qui a trouvé son inspiration à Assise, avant de finir sa vie au Roure. Centre actif de la vie intellectuelle de l’entre-deux-guerres, une foule d’écrivains y séjournent parmi lesquels les académiciens Maurice Barrès24, Pierre de Nolhac et Louis Bertrand, tous deux investis dans le rapprochement franco-italien, l’écrivain Albert Thibaudet, de nombreux universitaires d’Aix-Marseille et de Montpellier, ainsi que les Italiens Filippo Tommaso Marinetti, Arturo Farinelli, Ugo Ojetti, ou encore Mario Chini25. Tout au long des années vingt et trente, le Roure est associé à l’ensemble des rencontres culturelles franco-italiennes où la Provence est célébrée, particulièrement lors du centenaire de Mistral en 1930, pour lequel Jeanne de Flandreysy se joint à la délégation qui se rend à Rome. Pour Ripert, « le palais du Roure d’Avignon doit être […] un des asiles privilégiés de l’âme provençale et de la culture latine26 ».
- 27 Après les incertitudes du début de l’année, la rencontre entre Hitler et Mussolini en juin 1934, en (...)
- 28 F. Andrieu, « Horace et Britannicus sur le Forum », Sud Magazine, 7e année, no 115, 15 juillet 1934 (...)
- 29 « Comment se réalisèrent les représentations classiques sur le Forum », ibid., p. 12-13.
- 30 Lettre manuscrite du 19 novembre 1933 d’Henry de Jouvenel à l’ambassadeur de France à Rome : Centre (...)
- 31 « Comment se réalisèrent les représentations classiques sur le Forum », art. cité, p. 12.
8En 1934, le rapprochement franco-italien se concrétise au fur et à mesure que s’éloigne l’éventualité d’une alliance italo-allemande27. La culture en devient un puissant vecteur et c’est dans ce cadre que pour la première fois Mussolini accorde à la Comédie-Française, sous la conduite de Maxime Desjardins, la possibilité d’une représentation théâtrale sur le forum romain, début juillet, pour en faire une manifestation d’amitié entre les deux pays. Ce sont deux tragédies de Corneille et de Racine inspirées par la Rome antique, Horace et Britannicus, qui sont choisies. Sud Magazine salue l’événement et en raconte le déroulement, en insistant sur l’émotion que ces pièces ont provoqué dans l’assistance, notamment celle de Mussolini qui, assis au premier rang à côté de l’ambassadeur de France, n’a pas pu retenir ses larmes28. La culture latine, qui ne concerne pas ici uniquement la Provence, est à l’honneur et doit permettre d’accompagner le rapprochement franco-italien en cours. Dans une autre contribution non signée, la revue juge toutefois utile de présenter à son lectorat la généalogie d’une telle représentation et rend hommage à celui qui en a eu l’idée, l’auteur dramatique René Bruyez, secrétaire général du théâtre d’Orange29. On saisit mieux dès lors l’intérêt de Sud Magazine pour l’événement. Le projet de Bruyez germa dès octobre 1933 et ne put se réaliser que grâce à l’appui de Fortuné Andrieu, délégué auprès du Parti national fasciste et auteur de l’article sur les représentations théâtrales. Bruyez, persuadé qu’il s’agissait là d’une excellente occasion « d’affirmer dignement la solidarité latine30 », avait reçu l’appui du Quai d’Orsay, de l’ambassadeur de France et des autorités fascistes. L’article insiste également sur les cérémonies binationales qui ont eu lieu à l’occasion de la venue des comédiens français. On apprend que toute la délégation française a déposé une gerbe de fleurs devant la tombe du Soldat inconnu, avant de se rendre au siège du Parti fasciste, accueillie par ses deux secrétaires généraux, Achille Starace et le professeur Marpicati, pour s’incliner devant la tombe des martyrs du Parti et y déposer une palme31. Une rencontre a aussi eu lieu à l’ambassade de France, puis au palais de Venise avec Mussolini. La photographie prise devant la tombe du Soldat inconnu est sans équivoque : Robert Brussel et Philippe Erlanger, représentants du ministère de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts, tous les journalistes français présents, René Bruyez et l’ensemble des comédiens sont immortalisés en faisant le salut fasciste, aux côtés des autorités italiennes. Cette manifestation culturelle, que le magazine a souhaité faire partager à ses lecteurs, a ainsi marqué une étape importante dans le rapprochement franco-italien qui a conduit aux accords de Rome de janvier 1935.
2. Sud Magazine accompagne et soutient le rapprochement franco-italien
- 32 P. Milza, « Le voyage de Pierre Laval à Rome en janvier 1935 », dans J.-B. Duroselle et E. Serra (é (...)
9Le 7 janvier 1935, la signature des accords de Rome entre Mussolini et Pierre Laval, ministre des Affaires étrangères, inaugure une période d’amitié franco-italienne qui va durer plusieurs mois32. Tout au long de l’année dans les journaux, les revues et les magazines, une multitude d’articles défend l’alliance entre les deux « sœurs latines » et offre des descriptions souvent très bienveillantes de l’Italie fasciste. Sud Magazine ne fait pas exception. Au début de l’année, ce sont deux contributions qui sont consacrées au rapprochement culturel, puis un numéro spécial en novembre, dans un contexte de tensions internationales croissantes.
- 33 M. Mignon, « Le Centre Universitaire Méditerranéen », Sud Magazine, 8e année, no 123, 15 janvier 19 (...)
- 34 D. J. Grange, « Un homme politique “italophile” pendant les années 1930 : Anatole de Monzie », dans (...)
- 35 J. Dubois, « Le Centre universitaire méditerranéen de Nice et les stratégies d’influence de l’Itali (...)
10Dès le mois de janvier, Maurice Mignon, professeur d’études italiennes à l’université d’Aix, livre un article sur l’inauguration récente, à Nice, du Centre universitaire méditerranéen (CUM)33. Créé en février 1933 grâce à la détermination du député-maire Jacques Médecin et du ministre italophile de l’Éducation nationale, Anatole de Monzie34, son but n’est pas uniquement d’œuvrer au rapprochement italien mais de promouvoir l’ensemble du monde méditerranéen. Cependant, les nominations de Mignon, comme directeur, bien introduit dans les milieux intellectuels et universitaires italiens depuis l’après-guerre, et de l’académicien italianisant Paul Valéry, comme administrateur, prouvent la place que l’institution veut accorder à l’Italie. L’auteur insiste sur la portée de l’inauguration, à laquelle de nombreuses personnalités ont assisté comme le recteur, le préfet, Denys Puech, directeur honoraire de la Villa Médicis, ou le philosophe Jacques Chevalier, doyen de la faculté des lettres de Grenoble et orateur de la conférence inaugurale. Il précise la place de choix accordée à la langue et à la littérature de la Provence et du comté de Nice dans le premier programme des rencontres prévues par la direction du CUM. L’Italie est néanmoins rapidement sollicitée pour que des spécialistes de sa langue et de sa culture viennent y prononcer des conférences. Le régime fasciste se contente au départ d’envoyer des membres de la Société Dante Alighieri niçoise, puis s’intéresse de manière croissante aux activités du Centre en raison de la propagande qui peut en résulter à l’approche de la guerre35.
- 36 L. Ghis, « L’œuvre poétique de Carlo Delcroix », Sud Magazine, 8e année, no 126, 15 avril 1935, p. (...)
- 37 Sur son histoire et ses actions, voir E. Decleva « Relazioni culturali e propaganda negli anni tren (...)
- 38 Léon Bancal est l’auteur d’un récit de voyage en Italie fasciste, issu de ses reportages écrits pou (...)
- 39 L. Ghis, « L’œuvre poétique de Carlo Delcroix », art. cité.
11En avril 1935, c’est un article de Léna Ghis, écrivaine qui a participé à la diffusion de l’œuvre de poètes français en Italie et italiens en France, correspondante à Marseille du journal fasciste parisien La Nuova Italia, qui, à travers la poésie du héros et grand mutilé de guerre Carlo Delcroix, dont le prestige est immense en Italie, offre pour la première fois dans la revue une vision dithyrambique du régime fasciste36. Engagé volontaire à 18 ans, aveugle et amputé de ses deux bras, Delcroix s’est tôt engagé dans le mouvement fasciste qui était pour lui nécessaire au redressement national de son pays. Président depuis 1924 de l’Association des invalides et mutilés de guerre italiens, il est devenu député fasciste et un proche de Mussolini. Cette contribution est en fait un extrait d’une conférence prononcée par l’auteur à la section marseillaise du Comité France-Italie. Cette organisation, créée en 1929 et dirigée par l’académicien Pierre de Nolhac, historien de l’art spécialiste de Pétrarque, est l’association la plus active du rapprochement franco-italien pendant toutes les années trente37. Son ambition est d’œuvrer à une entente durable entre les deux « sœurs latines » par le biais de publications, de rencontres bilatérales ou de conférences. Sa section marseillaise a été fondée en 1932 à la demande de Philippe de Zara et grâce à l’appui de Gustave Bourageas, directeur du Petit Marseillais, ainsi que de Léon Bancal, collaborateur du quotidien et secrétaire général de l’association dès sa création38. Maurice Mignon en a été le directeur jusqu’à ce qu’il prenne la tête du Centre universitaire méditerranéen de Nice, en 1934. Marc Romieu, docteur en médecine, professeur d’histologie à l’École de médecine puis à l’université, lui a succédé. La bienveillance des membres du Comité France-Italie vis-à-vis du régime fasciste, voire leur adhésion à l’instar de Léna Ghis, n’est pas un obstacle à la publication de cet article par Sud Magazine qui estime qu’il est utile pour l’amitié bilatérale. Le choix de Carlo Delcroix, outre sa gloire en Italie et sa proximité avec Mussolini, n’est du reste pas un hasard. Le souvenir partagé de la guerre dans le même camp, au cours de laquelle les « soldats latins » ont affronté les « barbares germaniques », demeure très fédérateur dans les années trente, au moment du réarmement allemand et des visées nazies sur l’Autriche. Bon nombre d’associations d’anciens combattants militent pour soutenir l’alliance franco-italienne. Dans sa contribution, Léna Ghis qui est plus qu’élogieuse envers le grand héros de guerre, le présente comme « un des meilleurs poètes de l’Italie nouvelle » car il incarne, à ses yeux, « un typique exemple de ce pays d’aujourd’hui, précis dans ses vues, clair dans ses idées, concis dans ses ordres39 » ! Son article est le dernier concernant l’Italie, avant la publication d’un numéro spécial en novembre 1935.
- 40 R. De Felice, Mussolini il duce. Gli anni del consenso 1929-1936, Turin, Einaudi, 1974, p. 597 et s (...)
- 41 Sud Magazine, numéro spécial France-Italie, 8e année, no 132, novembre 1935.
- 42 Par exemple, en avril 1931, un numéro spécial de 50 pages a été publié sur les Baléares.
- 43 Télégramme du 7 décembre 1935 du consul général d’Italie à Marseille à l’ambassade d’Italie à Paris (...)
12L’invasion italienne de l’Éthiopie à partir du début du mois d’octobre 1935 dégrade progressivement les rapports entre Paris et Rome40. Depuis quelques semaines déjà, les tensions étaient grandissantes, notamment lors des séances à la Société des Nations. Le choix de Sud Magazine de publier un numéro spécial France-Italie au mois de novembre, quatre semaines après le début des hostilités, est donc significatif de son désir de maintenir de bonnes relations41. Si ce n’est pas la première fois que la revue diffuse un numéro complet sur un territoire42, celui sur l’Italie frappe par l’ampleur du volume — 64 pages — et par son dessein annoncé dès les premières pages : éviter les déchirements mortifères par la célébration de la culture latine qui lie la Provence à la péninsule. La publication intéresse en outre considérablement les autorités fascistes qui cherchent en cette fin d’année 1935 à sensibiliser les populations étrangères à leur entreprise éthiopienne et à limiter à Genève la coalition hostile. C’est pourquoi le consul général à Marseille, Enrico Liberati, décide de l’envoyer à son gouvernement pour l’en informer, d’autant que le numéro est un succès dans tout le sud de la France puisqu’il s’en vend 10 000 exemplaires43. Il est une illustration instructive des rapports entre les deux pays au moment où s’initie le basculement des alliances en Europe.
3. Une illustration instructive des rapports franco-italiens
- 44 L’Académie d’Italie a été créée par Mussolini pour assurer à son régime un certain rayonnement et o (...)
13Le numéro s’ouvre par une lettre du professeur Arturo Marpicati, chancelier de l’Académie royale d’Italie et ancien secrétaire général adjoint du Parti fasciste44, adressée à la directrice de la revue, la femme de lettres Alice Frager. Titrée « Par la voix de Sud », elle est claire quant à l’orientation du volume :
- 45 A. Marpicati, « Par la voix de Sud », Sud Magazine, 8e année, no 132, novembre 1935, p. 12.
Bien que mon cœur d’Italien et de fasciste éprouve à cette heure une profonde amertume pour le violent acharnement anti-italien de Genève, j’espère encore que la grande et généreuse âme de la France se révoltera contre les ultimes tentatives faites pour humilier et assassiner la jeune Italie latine et romaine de Mussolini. Nous, écrivains et anciens combattants, qui avons par la parole, par la plume et par le sang, contribué à cimenter une amitié éternelle entre les deux peuples fils de Rome, nous ne pouvons croire qu’à nos besoins absolus d’expansion et à nos essentielles raisons vitales, on réponde cyniquement par un blocus financier et économique, né de l’absurde, aboutissant à un grand crime international45.
- 46 « Ode guerrière, par Gabriele d’Annunzio », ibid., p. 13.
- 47 F. Andrieu, « 1904-1934. Deux Étapes dans l’amitié franco-italienne », ibid., p. 28-29.
14La diatribe est violente contre la Société des Nations qui a condamné l’entreprise fasciste, avec la complicité de la France. Si la filiation entre l’Empire romain et l’Italie de Mussolini est un grand classique de la propagande, l’association de la France, elle aussi « fille de Rome », a bien pour objectif de mettre en exergue ce lien particulier censé unir les deux nations. Marpicati voudrait les deux pays soudés dans l’adversité, comme cela avait été le cas lors de la Grande Guerre. Ce souvenir de la fraternité d’armes contre un adversaire commun, le monde germanique, a clairement pour but d’effrayer le lecteur face au danger de guerre européenne qui pourrait résulter des tensions internationales, d’autant que la France en 1935 demeure largement pacifiste. De surcroît, la contribution qui suit cet appel est un extrait de la dernière strophe de l’Ode guerrière de Gabriele D’Annunzio, parue dans l’Unione du 28 août 1914, qu’il avait adressée à la France après son agression par l’Allemagne, et à l’Italie, sa « sœur », qui avait décidé de rester neutre en dépit de son appartenance à la Triple Alliance46. Ainsi, dès les premières pages du numéro de Sud Magazine, le lecteur est sensibilisé au but recherché : maintenir l’entente franco-italienne pour sauvegarder la paix. En outre, un peu plus loin dans le volume, Fortuné Andrieu rappelle combien le chemin a été long pour y parvenir47.
- 48 P. de Zara, « Le conflit italo-abyssin et l’opinion française », ibid., p. 14-15. Il s’agit de l’ex (...)
- 49 L. Ghis, « Se connaître », ibid., p. 30.
- 50 É. Ripert, « Italie et Provence », ibid., p. 18.
- 51 Ibid.
15L’évocation de la solidarité pendant la Première Guerre mondiale est indissociable de la rhétorique sur la grandeur latine, issue de la Rome antique, autre argument constamment utilisé pour justifier l’attaque contre l’Éthiopie. Philippe de Zara est le premier à l’instrumentaliser dans le numéro spécial. Il affirme qu’en Afrique orientale, les soldats italiens ne sont que les illustres descendants des légionnaires romains qui, par leurs conquêtes, avaient apporté la civilisation à des populations ignorantes et barbares, tout comme du reste les Français quelques décennies plus tôt48. Ce côté « civilisateur » de l’aventure éthiopienne, régulièrement repris par la propagande, permet d’admettre les actions entreprises que des photographies bien choisies, celles d’esclaves, de populations mutilées ou de lépreux abandonnés par le régime du Négus, viennent confirmer. Par là, Mussolini est assimilé au défenseur de la civilisation latine contre les menaces exogènes, aussi bien en Afrique qu’en Europe. L’exaltation de la latinité se retrouve aussi dans plusieurs contributions qui traitent, comme dans les numéros précédents, des liens culturels entre la Provence et l’Italie. Les interférences intellectuelles, la géographie, l’histoire, l’art sont présentés comme des arguments solides pour éviter les divisions mortelles. Dans un article intitulé « Se connaître », Léna Ghis est très explicite à ce sujet : « J’ai toujours pensé que la culture devant dominer la matière, il ne pouvait y avoir de meilleur trait d’union, et qu’une réciprocité littéraire pouvait créer un courant de sympathie et un terrain d’entente49. » Elle assure que les intellectuels français qui admirent l’Italie contemporaine et son chef sont fort nombreux et que dans la péninsule, la langue française et sa littérature sont très appréciées. Émile Ripert qui participe également au numéro spécial estime que le « devoir des Provençaux est d’élever la voix et de rappeler à ceux qui pourraient l’oublier en cet instant tragique, comment Italie et Provence, depuis deux mille ans, n’ont cessé de faire un échange amical d’hommes, de sentiments, de poésie et d’art50 ». Son texte est un hymne à la Provence romaine, dont les monuments antiques témoignent à ses yeux de la victoire précoce de la latinité dans la région, qui l’a protégée de la barbarie, mais estime que cette dernière, à Berlin ou à Moscou, demeure menaçante et pourrait rompre les « digues latines51 ». Sa conclusion révèle bien sa pensée, qu’il souhaite partager :
- 52 Ibid.
Alors nous, Provençaux, poètes de ce pays qui tient de Rome sa langue, ses lois, une partie de sa race, de son sang et de son lait, nous, héritiers des Troubadours et des Félibres, que Rome honore, alors que Londres les ignore et Paris les dédaigne, héritiers du grand poète qui a chanté le chant de la race latine et vu dans l’union des peuples latins le salut du monde, nous avons le devoir de dire, en souvenir de Dante, de Pétrarque, de Mistral, que nous n’entendons pas demain peuple frontière, porter contre ces frères transalpins les armes d’une guerre, qui serait vraiment une guerre civile, et que nous ne voulons pas affamer les fils de celles qui nous ont nourris52.
- 53 M. Mignon, « La culture italienne en Provence et à Nice », ibid., p. 19.
- 54 M. Rivoire, « Deux grandes figures italiennes », ibid., p. 16-17.
- 55 P.-J. Roudin, « Lionello Fiumi et la poésie italienne contemporaine », ibid., p. 24-25. Sur son rôl (...)
- 56 L. Fiumi, « Antonio Foschini, son Arétin et son Villon », Sud Magazine, no 132, ouvr. cité, p. 26-2 (...)
- 57 H. Héraut, « Les artistes italiens d’aujourd’hui et la France », ibid., p. 32-36.
- 58 V. Davico, « L’Art musical italien en France », ibid., p. 37.
- 59 D. d’Artigues, « Latinité et Italie », ibid., p. 20-21.
16Les grands poètes sont à nouveau invoqués pour nourrir les espoirs d’une union latine, telle que Mistral l’avait rêvée au xixe siècle. Maurice Mignon défend la même idée dans une contribution sur l’influence culturelle de l’Italie en Provence et dans le Pays niçois. Il cite Ernest Renan pour qui la connaissance de la terre provençale était la meilleure initiation à la connaissance et à l’amour de l’Italie, Anatole France qui mettait ses pages sur le « Génie latin » sous l’égide des Anciens, et les déclarations d’amour pour la France d’un Manzoni, d’un Carducci ou d’un D’Annunzio53. De surcroît, pour appuyer la thèse du numéro, plusieurs articles présentent des Italiens qui ont été des amis de la France et qui ont participé, chacun dans leur domaine, par leurs voyages, leurs rencontres, leurs productions artistiques ou leurs écrits, à rapprocher les « sœurs latines ». C’est le cas de Carlo Delcroix et de l’écrivain futuriste Filippo Tommaso Marinetti, dont la vie et l’œuvre en ont fait un médiateur interculturel franco-italien54, du poète Lionello Fiumi, directeur de la revue parisienne Dante, revue de culture latine55, lui-même auteur dans le volume d’une contribution sur Antonio Foschini56, des peintres italiens de Paris, parmi lesquels Giorgio De Chirico, Mario Tozzi, Filippo De Pisis, Gino Severini, Luigi Corbellini, Osvaldo Medici ou Leonor Fini, que l’auteur, Henri Héraut, a rencontrés et qui lui ont tous fait des déclarations d’amitié enflammées envers la France et la latinité57, ou encore du musicien Vincenzo Davico qui vit à Paris depuis vingt ans et qui rappelle l’influence que la musique italienne a pu avoir sur les compositeurs français58. L’article le plus explicite quant à la force de la latinité pour encourager l’union est toutefois dû à un médecin marseillais, le docteur d’Artigues, vice-président de la section médicale du Comité France-Italie et président fondateur de l’Union médicale franco-ibéro-américaine, devenue l’Union médicale latine. Dans sa démonstration, il développe une thèse qui insiste sur l’héritage de « l’helléno-latinisme » dans les deux pays, qu’il présente comme la source de la civilisation européenne parce qu’il possède le « sens réel de l’humain » et qu’il a selon lui « sorti de la nuit et de la sauvagerie primitives » tous les peuples du continent qui ne vivaient pas sur les bords de la Méditerranée59. Il exalte la latinité qu’il place au-dessus de tout et qu’il oppose à son principal adversaire, le germanisme, incarnant un principe de force et d’autorité qui ne correspond pas à l’idéal des « Latins ». Pour l’auteur, 1914 a été la première étape de ce combat et 1935 en est la seconde. Il note :
- 60 Ibid., p. 21.
Il faut être avec l’Italie, il faut être avec ce grand peuple descendant de la Rome Républicaine et Impériale, qui a porté pendant des siècles le poids de presque toute la civilisation universelle. […] Elle [L’Italie] a prouvé sous l’influence d’un homme de génie, de pensée et de force, de quel réveil elle était capable. […] Partout où l’Italie passera, partout règnera à un moment la paix italique, hautaine et pure, qui assurera la sécurité de ceux qu’elle aura pris en tutelle. […] Le Continent Noir s’éclaire sous l’apport multiple européen. […] Italiens ! Les Français sont avec vous dans cette heure solennelle60.
17Les arguments sont sans appel. La « mission civilisatrice » en Afrique doit continuer à éclairer le continent et l’Italie, en digne descendante de la Rome antique, doit en assurer le rayonnement comme l’a fait la France plusieurs années auparavant, même si désormais elle fustige sa « sœur latine ». La fraternisation des médecins français et italiens, dans un manifeste commun, est pour D’Artigues un espoir. Pour Sud Magazine, cette publication clairvoyante livre un message : les médecins soutiennent l’entreprise italienne et, à travers eux, toute la population française la soutient aussi.
- 61 M. Romieu, « Le Comité France-Italie de Marseille », ibid., p. 22. Par exemple, Philippe de Zara a (...)
- 62 Ibid.
18Enfin, le numéro spécial insiste sur l’importance pour les Français de mieux connaître l’Italie afin d’éviter tous les malentendus. Dans cette optique, il rend hommage au Comité France-Italie de Marseille, en rappelant particulièrement les conférences qu’il a récemment organisées61. Il souligne aussi son rôle pour pérenniser les accords de Rome du mois de janvier, grâce à la célébration de fêtes avec toute la colonie italienne de Marseille, à l’instar de celle du 30 avril consacrée au souvenir du séjour d’Alfieri dans la cité phocéenne, à l’occasion de laquelle une plaque a été déposée sur la château du Pharo et plusieurs commémorations ont eu lieu, notamment à l’hôtel de ville, en présence des podestats de Turin, Florence et Asti, ainsi que de nombreux intellectuels italiens62. Mais c’est surtout une meilleure connaissance de l’Italie « nouvelle » que Sud Magazine souhaite promouvoir, en publiant des articles bienveillants qui participent à la propagande du régime en France. C’est Léna Ghis qui la première, dans sa contribution, donne le ton :
- 63 L. Ghis, « Se connaître », ibid., p. 31.
Visiter l’Italie n’est pas seulement une joie, je dirai presque que c’est un devoir d’amitié de la part des Français, car on ne peut apprécier et connaître un peuple qu’en le voyant vivre, qu’en écoutant battre son cœur à travers les pulsations de sa terre, à travers les expressions de son art. C’est ainsi que témoins oculaires des vestiges éloquents du passé et des œuvres gigantesques qui sont dues au régime, ils rentreront en France, ayant au cœur deux noms gravés à jamais : Italie ! Duce63 !
- 64 P. Arrighi, « Vésuve, aller et retour », ibid., p. 38.
- 65 J. Dubois, L’enseignement de l’italien en France 1880-1940. Une discipline au cœur des relations fr (...)
- 66 E. Bestaux, « Lago di Garda », Sud Magazine, no 132, ouvr. cité, p. 39.
- 67 G. C. Baravelli, « Les marais pontins. Urbanisme et Fertilité », ibid., p. 40-41. L’article est tir (...)
- 68 J. Renard, « D’un reclassement des Valeurs et d’une nouvelle hiérarchie sociale », Sud Magazine, no(...)
- 69 Ibid., p. 45.
19L’incitation au voyage en Italie est une priorité parce qu’il demeure un moyen privilégié de juger, par soi-même, des réalisations du fascisme. Le magazine, dans son numéro spécial, choisit d’abord de publier deux récits qui s’apparentent aux descriptions des voyageurs des siècles précédents, en insistant uniquement sur les beautés naturelles de la péninsule, sans aucune référence à son régime. Le premier, signé Paul Arrighi64, professeur agrégé d’italien au lycée Thiers de Marseille, qui a enseigné en Italie au milieu des années vingt et qui a toujours manifesté un engagement antifasciste65, évoque une excursion sur le Vésuve. Le choix de cet auteur prouve le désir de Sud Magazine de ne pas être accusé de soutien aveugle au régime de Mussolini. Le second est de l’écrivain italianisant Eugène Bestaux qui décrit les merveilles du lac de Garde66. En revanche, deux autres contributions sont beaucoup plus engagées et offrent une vision très laudative du fascisme, en l’analysant comme un système économique et social novateur et performant. Un extrait d’un ouvrage récent de propagande de G. C. Baravelli, sur la bonification agraire organisée par le régime, loue d’abord son œuvre dans les marais pontins, en présentant leur assèchement comme une grande réussite67. La publication, due à la Chambre de commerce italienne de Marseille et du Sud-Est, est accompagnée de trois photographies : une vision des marécages avant l’assainissement, un cliché de Mussolini qui participe aux premières récoltes et une vue de la ville neuve de Littoria installée à l’emplacement des anciens marais. La seconde contribution, signée J. Renard, avocat au barreau de Marseille et doyen de la faculté libre de droit, est un éloge du système corporatif italien68. Après un long exposé historique sur l’évolution des sociétés et des rapports humains, il écrit : « Plus de guerre fratricide entre patrons et ouvriers, plus de concurrence meurtrière entre producteurs. Un esprit de coopération, un ensemble d’efforts conjugués et aussi une puissance de sacrifice inouïe69. » L’exposé est pour le moins dithyrambique, critiquant au passage le système français.
- 70 L. Ghis, « Se connaître », ibid., p. 30.
- 71 J. Saderne, « Une base essentielle de l’Italie nouvelle. L’École assure l’avenir », ibid., 9e année (...)
- 72 É. Tizzoni, « Les politiques touristiques du fascisme et les relations internationales de l’Italie, (...)
- 73 Lettre du 4 mai 1935 du directeur général pour le tourisme du sous-secrétariat d’État à la Presse e (...)
20En dépit des efforts de Sud Magazine pour maintenir l’alliance franco-italienne, comme ceux d’autres périodiques à la même période, la guerre d’Éthiopie qui se termine en mai 1936 dégrade définitivement les rapports entre Paris et Rome. S’il existe encore des projets optimistes, comme celui de Léna Ghis qui envisage un temps de publier un numéro spécial sur l’Italie « nouvelle » grâce à la documentation que lui a offerte Galeazzo Ciano, ministre de la Propagande, lors d’une précédente audience, ils ne sont pas concrétisés70. La revue n’abandonne pas pour autant l’Italie dans ses numéros. En octobre 1936, c’est un article de deux pages qui encense l’éducation nationale fasciste et l’intérêt du régime pour la jeunesse71. Il est issu d’un reportage effectué en juin 1935 lors d’un déplacement dans la péninsule de la Fédération des syndicats d’initiative de la Côte d’Azur et de la Corse, à l’invitation du ministère de la Presse et de la Propagande. L’auteur est émerveillé par les réalisations, défend la politique éducative fasciste, insiste sur l’amabilité des autorités italiennes et sur l’amicale réception de Mussolini. Ce voyage s’est certes déroulé à l’époque des bonnes relations franco-italiennes, ce qui peut expliquer l’attention accordée aux hôtes. En réalité, le régime fasciste a toujours souhaité que le tourisme, pour des raisons économiques et de propagande, soit une priorité72. C’est pourquoi avant le déplacement, le directeur général pour le tourisme du sous-secrétariat d’État à la Presse et la Propagande avait estimé fondamental que le gouverneur de Rome rencontre les Français et que partout un excellent accueil leur soit réservé, afin de leur laisser les meilleures impressions sur « l’hospitalité italienne »73.
- 74 C. Terrin, « L’Âme de Gabriel Faure », Sud Magazine, 11e année, no 155, avril-mai 1938, p. 14-15. P (...)
- 75 Il s’agit du numéro 161.
21À partir de la fin de l’année 1937, la publication de Sud Magazine devient plus aléatoire. L’année suivante, une ultime contribution évoque les liens entre l’Italie et la Provence à travers un hommage à l’homme de lettres Gabriel Faure, auteur de plusieurs ouvrages sur le Rhône, la Provence et l’Italie74. Aucune allusion n’est faite à son enthousiasme connu pour le fascisme, l’auteur préférant mettre en exergue « la tradition latine et méditerranéenne » des écrits du poète. En juillet 1939, deux mois avant le début de la guerre, le dernier numéro de la revue paraît75. Si le culte de la pensée hellénique et de la culture romaine a toujours été au premier plan de ses desseins et de ses préoccupations, elle a pu jouer un rôle dans le rapprochement franco-italien, comme d’autres publications, mais n’a jamais réussi à infléchir la politique fasciste qui s’est définitivement tournée vers l’Allemagne à partir de 1937, trahissant pour beaucoup cette culture latine commune si souvent mise en avant.
Notes
1 G. Bertrand, J.-Y. Frétigné et A. Giacone, La France et l’Italie. Histoire de deux nations sœurs, Paris, A. Colin, 2016, p. 286-322.
2 Il évolue à plusieurs reprises. En 1932, il devient Méditerranée Arts Monde Sports, mais le terme Méditerranée disparaît l’année suivante. En 1935, le sous-titre est Arts Lettres Voyages. En juillet-août 1936, l’ensemble du titre est modifié : Sud. Marseille et toute la Provence. La Côte d’Azur et la Méditerranée. Arts Lettres Voyages. En octobre, il retrouve son nom initial mais conserve son dernier sous-titre.
3 Outre en Provence, il paraît aussi dans le Gard, la Drôme, l’Isère et en Corse. Il tire quotidiennement à 260 000 exemplaires au milieu des années trente : « État des journaux politiques parus dans le département des Bouches-du-Rhône », archives de la préfecture, archives départementales des Bouches-du-Rhône, carton 1M783.
4 S. Mourlane et C. Regnard, Empreintes italiennes. Marseille et sa région, Lyon, Lieux Dits, 2013.
5 Sur Mistral (1830-1914) et le Félibrige, voir C. Mauron, Frédéric Mistral, Paris, Fayard, 1993, et S. Calamel et D. Javel, La langue d’oc pour étendard. Le Félibrige (1854-2002), Toulouse, Privat, 2002.
6 F. Zantedeschi, « L’invention d’un espace transnational : l’idée latine dans la renaissance littéraire en langue d’oc, 1860-1880 », dans L. Charrier, K. Rance et F. Spitzl-Dupic (éd.), Circulations et réseaux transnationaux en Europe (xviiie-xxe siècles). Acteurs, pratiques, modèles, Berne, Peter Lang, 2013, p. 173-185 ; P. Benvenuto, « Panlatinisme et latinité. Origines et circulation d’un projet d’unification européenne, entre réminiscences napoléoniennes et mythe de la race », dans S. Aprile, C. Cassina, P. Darriulat et R. Leboutte (éd.), Europe de papier. Projets européens au xixe siècle, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2015, p. 267-279 ; F. Zantedeschi, « “Panlatinismes” et visions d’Europe, 1860-1890 », ibid., p. 281-294.
7 M. Decremps, « Mistral et l’idée latine », dans La Latinité hier, aujourd’hui, demain. Centenaire des Jeux de la latinité, 1878-1978, actes du Congrès international d’Avignon (10 au 13 mai 1978), Bucarest, Editura Eminescu, 1981, p. 189-202.
8 P. de Zara, « Mistral et l’Italie », Sud Magazine, 3e année, no 32, 15 février 1930, p. 8-9.
9 Ibid., p. 8.
10 Mistral n’a effectivement réalisé que deux voyages marquants au cours de son existence. Le premier à Barcelone en 1868, pour des fêtes provenço-catalanes, et le second, à titre privé avec son épouse, en Italie en 1891.
11 Ils ont visité Gênes, Rome, Naples, Florence, Bologne et Venise : F. et M. Mistral, Excursion en Italie. Un voyage à Venise, avant-propos de Claude Mauron, Montfaucon, La Poterne, 1985.
12 P. de Zara, « Mistral et l’Italie », art. cité, p. 8.
13 A. de Gubernatis, La France. Lectures, impressions et réflexions, Florence, G. Civelli, 1891, p. 139-149. Il écrit notamment : « S’il n’y avait pas de frontières politiques entre la Provence et l’Italie, on passerait aisément et presque sans s’en apercevoir de l’une à l’autre. […] La Provence est le pont entre l’Italie et la France. Ce pont ne doit pas nous séparer mais nous unir. » (p. 139-140) L’auteur a également publié en 1905, à Rome, un Dictionnaire international des écrivains du monde latin, c’est-à-dire un répertoire des auteurs qui honorent le monde « latin », où Mistral apparaît.
14 Répondant à la question « Quand et comment avez-vous appris à aimer l’Italie ? » que lui pose le professeur Gaston Broche, directeur de l’Alliance française de Gênes, à l’occasion d’une conférence qu’il est venu prononcer dans les années vingt, il répond : « J’ai toujours aimé d’instinct l’Italie… […] L’Italie est pour moi une seconde patrie ; les termes France-Provence-Italie me paraissent indissolubles ; toute obligation de les séparer me serait un déchirement. » (Notice biographique sur Émile Ripert, archives du palais du Roure, Avignon)
15 É. Ripert, « Le triomphe de Mistral à Rome », Sud Magazine, 3e année, no 48, 1er décembre 1930, p. 18-19.
16 Elle comprend le capoulié du Félibrige, Marius Jouveau, Émile Ripert, l’universitaire Maurice Mignon, Jeanne de Flandreysy, propriétaire du palais du Roure d’Avignon, Jean Bessat, poète arlésien, le docteur Rémy Roux, président de l’École palatine d’Avignon, Eugène Guichard, représentant de l’agence Havas à Rome, Philippe de Zara et Jean Rivain, représentant du Comité France-Italie.
17 Sur le déroulement des cérémonies, voir R. Jouveau, Histoire du Félibrige (1914-1941), Nîmes, René Jouveau, 1977, p. 214-220 et C. Poupault, À l’ombre des faisceaux. Les voyages français dans l’Italie des chemises noires (1922-1943), Rome, Collection de l’École française de Rome, no 499, 2014, p. 590-594.
18 « Les Provençaux au mariage du comte de Paris », Sud Magazine, 4e année, no 58, 1er mai 1931, p. 6-9. La photographie de la couverture du numéro est celle du couple royal.
19 Claude Czulowski, secrétaire général du comité royaliste des Hautes-Pyrénées, avance le chiffre de 400 participants venus de toute la France : C. Czulowski, Le mariage du dauphin à Palerme (8 avril 1931), Tarbes, Imprimerie Lesbordes, 1931, p. 2.
20 « Les Provençaux au mariage du comte de Paris », art. cité, p. 6.
21 L. Daudet, Les noces du Dauphin à Palerme, Paris, Éditions du Capitole, 1931, p. 36-37.
22 É. Ripert, « Le Palais du Roure en Avignon. Centre d’Études méridionales », Sud Magazine, 6e année, no 102, 1er juin 1933, p. 18-20.
23 Sur les collections du palais, voir S. Clap (éd.), Présence de Mistral, Avignon, Les Amis du palais du Roure, 2015.
24 Il y a consulté à plusieurs reprises la correspondance de Mistral.
25 Sur l’histoire du palais du Roure et ses liens avec l’Italie dans l’entre-deux-guerres, voir C. Poupault, « Jeanne de Flandreysy, le palais du Roure, la Provence et l’Italie fasciste », Cahiers de la Méditerranée, no 88, juin 2014, p. 37-51.
26 É. Ripert, « Le Palais du Roure en Avignon. Centre d’Études méridionales », art. cité, p. 20.
27 Après les incertitudes du début de l’année, la rencontre entre Hitler et Mussolini en juin 1934, en Vénétie, confirme les divergences entre les deux dictateurs, notamment à propos de l’Autriche. Le Duce décide alors de se rapprocher de la France. La tentative d’Anschluss des nazis en juillet renforce cette politique. Voir G. Buccianti, Verso gli accordi Mussolini-Laval. Il riavvicinamento italo-francese fra il 1931 e il 1934, Milan, Giuffrè, 1984.
28 F. Andrieu, « Horace et Britannicus sur le Forum », Sud Magazine, 7e année, no 115, 15 juillet 1934, p. 10-11.
29 « Comment se réalisèrent les représentations classiques sur le Forum », ibid., p. 12-13.
30 Lettre manuscrite du 19 novembre 1933 d’Henry de Jouvenel à l’ambassadeur de France à Rome : Centre des archives diplomatiques de Nantes, Rome-Quirinal, carton 351.
31 « Comment se réalisèrent les représentations classiques sur le Forum », art. cité, p. 12.
32 P. Milza, « Le voyage de Pierre Laval à Rome en janvier 1935 », dans J.-B. Duroselle et E. Serra (éd.), Italia e Francia dal 1919 al 1939, Milan, FrancoAngeli, 1981, p. 237-242.
33 M. Mignon, « Le Centre Universitaire Méditerranéen », Sud Magazine, 8e année, no 123, 15 janvier 1935, p. 17.
34 D. J. Grange, « Un homme politique “italophile” pendant les années 1930 : Anatole de Monzie », dans R. Rainero (éd.), Aspetti e problemi delle relazioni tra l’Italia e la Francia, Milan, Unicopli/CUESP, 2005, p. 183-198.
35 J. Dubois, « Le Centre universitaire méditerranéen de Nice et les stratégies d’influence de l’Italie fasciste. Entre légitimations croisées et suspicions mutuelles », Relations internationales, no 158, juillet-septembre 2014, p. 27-43.
36 L. Ghis, « L’œuvre poétique de Carlo Delcroix », Sud Magazine, 8e année, no 126, 15 avril 1935, p. 20.
37 Sur son histoire et ses actions, voir E. Decleva « Relazioni culturali e propaganda negli anni trenta: i comitati “France-Italie” e “Italia-Francia” », dans J.-B. Duroselle et E. Serra (éd.), Il vincolo culturale tra Italia e Francia negli anni trenta e quaranta, Milan, FrancoAngeli, 1986, p. 108-157.
38 Léon Bancal est l’auteur d’un récit de voyage en Italie fasciste, issu de ses reportages écrits pour différents journaux, notamment Le Petit Marseillais : L’Italie et nous, Marseille, Imprimerie du Petit Marseillais, 1932.
39 L. Ghis, « L’œuvre poétique de Carlo Delcroix », art. cité.
40 R. De Felice, Mussolini il duce. Gli anni del consenso 1929-1936, Turin, Einaudi, 1974, p. 597 et suiv.
41 Sud Magazine, numéro spécial France-Italie, 8e année, no 132, novembre 1935.
42 Par exemple, en avril 1931, un numéro spécial de 50 pages a été publié sur les Baléares.
43 Télégramme du 7 décembre 1935 du consul général d’Italie à Marseille à l’ambassade d’Italie à Paris, au ministère des Affaires étrangères et au ministère de la Presse et de la Propagande : Archivio Centrale dello Stato (ACS), ministero della Cultura popolare, Francia, busta 76, fascicolo I-26/177.
44 L’Académie d’Italie a été créée par Mussolini pour assurer à son régime un certain rayonnement et obliger les intellectuels à y adhérer. Ses membres en sont donc des soutiens. Voir F. Attal, Histoire des intellectuels italiens au xxe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 2013, p. 166-168.
45 A. Marpicati, « Par la voix de Sud », Sud Magazine, 8e année, no 132, novembre 1935, p. 12.
46 « Ode guerrière, par Gabriele d’Annunzio », ibid., p. 13.
47 F. Andrieu, « 1904-1934. Deux Étapes dans l’amitié franco-italienne », ibid., p. 28-29.
48 P. de Zara, « Le conflit italo-abyssin et l’opinion française », ibid., p. 14-15. Il s’agit de l’extrait d’un article paru peu de temps avant dans la revue Le Front Latin (1er septembre 1935, p. 8-12), financée par le régime fasciste, et dont l’ambition est de défendre l’action italienne en Éthiopie au nom de la latinité qui doit, selon les auteurs, poursuivre sa destinée en Afrique.
49 L. Ghis, « Se connaître », ibid., p. 30.
50 É. Ripert, « Italie et Provence », ibid., p. 18.
51 Ibid.
52 Ibid.
53 M. Mignon, « La culture italienne en Provence et à Nice », ibid., p. 19.
54 M. Rivoire, « Deux grandes figures italiennes », ibid., p. 16-17.
55 P.-J. Roudin, « Lionello Fiumi et la poésie italienne contemporaine », ibid., p. 24-25. Sur son rôle, voir A. Giladi, « Latinité et échanges intellectuels franco-italiens dans l’entre-deux-guerres. L’action de Lionello Fiumi », dans C. Fraixe, L. Piccioni et C. Poupault (éd.), Vers une Europe latine. Acteurs et enjeux des échanges culturels entre la France et l’Italie fasciste, Bruxelles, Peter Lang, Paris, INHA, 2014, p. 131-141.
56 L. Fiumi, « Antonio Foschini, son Arétin et son Villon », Sud Magazine, no 132, ouvr. cité, p. 26-27.
57 H. Héraut, « Les artistes italiens d’aujourd’hui et la France », ibid., p. 32-36.
58 V. Davico, « L’Art musical italien en France », ibid., p. 37.
59 D. d’Artigues, « Latinité et Italie », ibid., p. 20-21.
60 Ibid., p. 21.
61 M. Romieu, « Le Comité France-Italie de Marseille », ibid., p. 22. Par exemple, Philippe de Zara a traité de « Chateaubriand, ambassadeur à Rome », le proviseur Chaix-Ruy du lycée Chateaubriand de Rome de « Michelet, la Provence et l’Italie », Gaston Broche, professeur détaché à l’université de Gênes, de « Victor Alfieri à Marseille », Maurice Mignon de « Musset et l’Italie », Émile Ripert de « Dante et les troubadours », Francesco Coppola, membre de l’Académie royale d’Italie, de « La France et l’Italie dans la politique internationale », et Léna Ghis de « Carlo Delcroix », dont Sud Magazine avait reproduit un extrait.
62 Ibid.
63 L. Ghis, « Se connaître », ibid., p. 31.
64 P. Arrighi, « Vésuve, aller et retour », ibid., p. 38.
65 J. Dubois, L’enseignement de l’italien en France 1880-1940. Une discipline au cœur des relations franco-italiennes, préface de Gilles Pécout, Grenoble, Ellug, 2015, p. 344-345.
66 E. Bestaux, « Lago di Garda », Sud Magazine, no 132, ouvr. cité, p. 39.
67 G. C. Baravelli, « Les marais pontins. Urbanisme et Fertilité », ibid., p. 40-41. L’article est tiré de G. C. Baravelli, La bonification intégrale en Italie, Rome, Società editrice di Novissima, 1935.
68 J. Renard, « D’un reclassement des Valeurs et d’une nouvelle hiérarchie sociale », Sud Magazine, no 132, ouvr. cité, p. 42-45.
69 Ibid., p. 45.
70 L. Ghis, « Se connaître », ibid., p. 30.
71 J. Saderne, « Une base essentielle de l’Italie nouvelle. L’École assure l’avenir », ibid., 9e année, no 141, octobre 1936, p. 18-19.
72 É. Tizzoni, « Les politiques touristiques du fascisme et les relations internationales de l’Italie, entre diplomatie publique et création d’une marque de destination-Italie », Cahiers de la Méditerranée, no 88, juin 2014, p. 85-99.
73 Lettre du 4 mai 1935 du directeur général pour le tourisme du sous-secrétariat d’État à la Presse et la Propagande au gouverneur de Rome : ACS, Présidence du Conseil des ministres, 1934-1936, busta 1874, fascicolo 3/2-4, protocollo 4094.
74 C. Terrin, « L’Âme de Gabriel Faure », Sud Magazine, 11e année, no 155, avril-mai 1938, p. 14-15. Parmi ses livres, dont certains sont rappelés, citons : Heures d’Italie, 2 vol., Paris, Fasquelle, 1911-1912 ; Suite italienne, Paris, Fasquelle, 1929 ; Les rencontres italiennes, Paris, Horizons de France, 1929 ; Au pays de Virgile, Paris, Fasquelle, 1930 ; Au pays du Duce, Novare, ENIT, 1934 ; Pages romaines, Paris, Horizon de France, 1934.
75 Il s’agit du numéro 161.
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Référence électronique
Christophe Poupault, « Sud Magazine et la culture latine : une revue promotrice de l’amitié franco-italienne dans les années trente », Cahiers d’études italiennes [En ligne], 28 | 2019, mis en ligne le 15 février 2019, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cei/5450 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cei.5450
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