Notes
M. Collis, British Merchant Adventurers, Londres, W. Collins, 1942, p. 7.
Par exemple le célèbre Armada Portrait de 1588 (qui existe en plusieurs exemplaires).
Voir à ce sujet le chapitre 10 (« Government, Parliament and the Royal Finances under Elizabeth I ») de R. Lockyer, Tudor and Stuart Britain: 1485–1714, Harlow, Longman/Pearson, 2005 (3e éd.). L’expédition désastreuse du comte de Leicester en Irlande fut un autre gouffre financier pour la reine, qui avait jusqu’alors réussi à éviter de lever trop de nouveaux impôts grâce à d’autres expédients : en vendant des terres comme cela a été dit, mais aussi en maintenant les salaires de ses fonctionnaires à un très bas niveau ou en réduisant les dépenses de la Couronne (David E. Kaiser, Politics and War: European Conflict from Philip II to Hitler, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 2000, p. 113).
Par exemple Collis, pour qui le succès incroyable des entreprises anglaises tient en grande partie aux individus qui les ont menées, à la différence des empires portugais ou espagnol dont le développement était planifié au niveau de l’État (ouvr. cité, p. 7).
Le capitaine portugais s’appelait Nuno Da Silva. Il fut capturé en 1578 et relâché quelques mois plus tard (B. P. Draper, « A Collection of Drake Bibliographic Items 1569–1659 », dans N. J. W. Thrower (dir.), Sir Francis Drake and the Famous Voyage: Essays Commemorating the Quadricentennial of Drake’s Circumnavigation of the Earth, Berkeley, Los Angeles, Londres, Berkeley University Press, 1984, p. 181). Le pilote fut accusé d’avoir aidé Drake de son plein gré et il fut questionné à Mexico en 1579 par les autorités espagnoles qui voulaient connaître le chemin emprunté par Drake, et particulièrement savoir si l’Anglais avait réussi à emprunter le détroit de Magellan (S. Bawlf, The Secret Voyage of Sir Francis Drake, New York, Walker, 2003, p. 155-159).
S. Bawlf, ouvr. cité, p. 188. Drake, tout comme les autres corsaires, avait également pour devoir de garder confidentielles les sommes prélevées par la Couronne sur ses prises, ou même ce qu’il était autorisé à prélever pour lui (voir B. P. Draper, « A Collection of Drake Bibliographic Items 1569–1659 », dans N. J. W. Thrower [dir.], ouvr. cité, p. 188 pour un exemple de courrier de la reine à ce sujet).
Le livre de Frampton fut publié par Ralph Newbury à Londres en 1579. Une édition moderne existe : The Most Noble and Famous Travels of Marco Polo Together with the Travels of Nicolo De’ Conti Edited from the Elizabethan Translation of John Frampton, texte édité, introduit et annoté par N. M. Penzer, Londres, Adam and Charles Black, 1937.
Traduction : « Les nobles et célèbres voyages de Marcus Paulus, gentilhomme de Venise, dans les contrées orientales du monde, l’Arménie, la Perse, l’Arabie, la Tartarie, et bien d’autres royaumes et provinces. Tout aussi plaisant qu’utile, ainsi que la table des matières ou le contenu du livre le montre. Des plus nécessaires pour toutes sortes de personnes, et particulièrement pour les voyageurs. »
N. M. Penzer (éd.), ouvr. cité, p. xxv.
Il s’agit en réalité d’un traité sur les plantes connu sous le titre abrégé de Historia Medicinal de las cosas que se traen de nuestras Indias Occidentales [« Étude des propriétés médicinales des produits venus de nos possessions dans les Indes occidentales »]. Les titres originaux de cette étude en trois parties sont beaucoup plus longs, et Frampton s’en inspire en partie pour sa traduction, mais le côté « bienheureux » (« joyful ») de ces découvertes est un ajout de son cru. En réalité, les bienfaits de ces plantes n’étaient heureux que dans la mesure où les Anglais réussiraient à se les procurer, ce qui n’avait rien d’évident dans un contexte de guerre plus ou moins ouverte avec l’Espagne suivant les années (D. Beecher, « The Legacy of John Frampton, Elizabethan Trader and Translator », Renaissance Studies, vol. 20, no 3, 2006, p. 324).
Pour plus de renseignements sur la vie et l’œuvre de Frampton, on pourra consulter avec profit l’excellent article de D. Beecher déjà cité.
D. Beecher, « The Legacy of John Frampton, Elizabethan Trader and Translator », art. cité, p. 327.
Ibid., p. 329.
Pour de plus amples informations sur ce voyage, voir J. H. Ryley, Ralph Fitch: England’s Pioneer to India and Burma; His Companions and Contemporaries with His Remarkable Narrative Told in His Own Words, Londres, 1899, ou de M. Edwardes, Ralph Fitch, Elizabethan in the Indies, Londres, Faber, 1972, ou encore, de T. Silec et A. Stazzone, « Deux explorateurs marchands sur la route des Indes orientales. Regards croisés », La Renaissance en Europe dans sa diversité, tome 3, Circulation des hommes, des idées et des biens, héritages (actes du colloque de Nancy, juin 2013), Nancy, Groupe xvie et xviie siècles en Europe, p. 57-70.
J. H. Ryley, ouvr. cité, p. 42.
Même le Livre des merveilles du monde de Jean de Mandeville, grand succès médiéval, faisait encore partie de la liste des récits de voyage jugés susceptibles d’aider les marchands anglais désirant se rendre dans cette partie du monde. Pourtant, le chevalier normand, qui se vantait d’être allé en Chine par la route de la soie, fait la part belle à la fiction dès qu’il quitte le monde arabe. Une comparaison des divers textes à disposition des Anglais à la Renaissance sur les lieux qu’il décrit aurait pu le leur faire remarquer…
N. M. Penzer (éd.), ouvr. cité, p. xiv.
Le marchand vénitien n’en parle curieusement pas, de même qu’il passe sur l’expansion de l’islam dans les pays qu’il visite, alors qu’il consacre une partie de son récit à décrire les mœurs et les cultures des peuples rencontrés au cours de son périple.
Il suffit de lire ce que l’ambassadeur anglais en dit (il met les Français dans le même sac) au premier consul nommé à Tripolis : « [t]hey are subtile, malicious, and dissembling people, wherefore you must always haue their doings for suspected, and warily walke in all your actions… » [« ils sont sournois, malveillants et faux, et vous devez donc toujours remettre en question leurs actions, et faire preuve de beaucoup de prudence dans toutes les vôtres »]. Le texte est reproduit par Hakluyt dans sa compilation de 1589-1600. (A. de Miltiz, Manuel des consuls : établissement des consulats à l’étranger, tome 2, partie 2, Londres, A. Asher, 1839, p. 1607-1608.)
D. M. Palliser, The Age of Elizabeth: England under the Later Tudors, Oxon, New York, Routledge, 1998 (4e éd.).
C’est aussi le cas du commerce avec les puissances ennemies comme l’Espagne, ainsi que le montre Pauline Croft dans « Trading with the Enemy, 1558–1604 », Historical Journal, vol. 32, no 2, 1989, p. 281-302.
Voir à cet égard la présentation de ce volume par A. Stazzone et G. Sidéris.
The Voyage and Travaile of M. Caesar Frederick, into the East India, the Indies and beyond the Indies, etc., Londres, Richard Jones et Edward White, 1588.
Ma traduction : « Me trouvant en mars de cette année sur l’Hercule de Londres, je me résolus à traduire ce petit ouvrage italien, en raison de sa nouveauté car il n’a encore jamais été imprimé, mais aussi en raison de sa rareté du fait de son sujet, et du bon profit que pourraient en tirer les marchands anglais, ainsi que plus largement mes compatriotes. » Texte disponible sous forme électronique sur le site Early English Books Online : <http://0-quod-lib-umich-edu.catalogue.libraries.london.ac.uk/e/eebo/A00611.0001.001/1:4?rgn=div1;view=fulltext>.
« […] the richest ship of English merchants’ goods that ever was known to come into this realm. » (Extrait d’une lettre reproduite par J. Courtenay Locke dans The First Englishmen in India: Letters and Narratives of Sundry Elizabethans, New Delhi, Asian Educational Services, 1995, p. 36. Fac-similé de l’édition de G. Routledge & Sons datant de 1930.)
D. D. Lach, Asia in the Making of Europe, vol. 1, The Century of Discovery [1965], Chicago, Londres, Chicago University Press, 1994, p. 469.
Et ce, quoi qu’aient pu en penser ses éditeurs, à une époque où il s’agissait déjà d’appâter le lecteur en lui promettant une lecture divertissante avant tout, ainsi qu’en témoigne le frontispice de son livre, qui promet d’abord une lecture plaisante de faits rares, et ensuite seulement d’être profitable aux marchands et aux voyageurs : « The voyage and trauaile of M. Cæsar Frederick, merchant of Venice, into the East India, the Indies, and beyond the Indies. Wherein are contained very pleasant and rare matters, with the customes and rites of those countries. Also, heerein are discovered the merchandises and commodities of those countreyes, aswell the aboundaunce of goulde and siluer, as spices, drugges, pearles, and other jewelles. Written at sea in the Hercules of London: comming from Turkie, the 25. of March. 1588. For the profitabvle instruction of merchants and all other trauellers for their better direction and knowledge of those countreyes. Out of Italian, by T H. » (Texte disponible sur <http://0-quod-lib-umich-edu.catalogue.libraries.london.ac.uk/e/eebo/A00611.0001.001/1:4?rgn=div1;view=fulltext>). Frampton était logé à la même enseigne, puisque dans les frontispices de ses traductions il est question de « nouvelles réjouissantes » (sa traduction du livre de Monardes s’intitule Ioyfull newes out of the newe founde worlde) ou de « lecture aussi plaisante que profitable » (voir plus haut le titre complet de sa traduction de Marco Polo).
Traduction : « N’y cherche pas un jardin de roses anglaises délicates (c’est-à-dire de termes anglais recherchés), mais plutôt un flot de nourriture robuste, car je n’ai rien d’un clerc (et je n’ai pas appris à employer de mots savants), de sorte que j’ai simplement traduit le sens de l’auteur au moyen de mots de la langue commune. Dans ce livre (si, lecteur, tu le lis jusqu’au bout), tu trouveras bonne nourriture pour toi, et de quoi faire profiter ton pays. Et de même que l’auteur a travaillé pendant dix-huit ans dans ces contrées et réussi à faire fortune avec un petit stock de départ, tu pourras, toi aussi, si tu le souhaites, aller dans ces pays et y gagner beaucoup d’argent comme lui. » Texte disponible sur <http://0-quod-lib-umich-edu.catalogue.libraries.london.ac.uk/e/eebo/A00611.0001.001/1:4?rgn=div1;view=fulltext>.
T. Silec et A. Stazzone, « Deux explorateurs marchands sur la route des Indes orientales. Regards croisés », art. cité, p. 62.
Texte disponible sous format électronique sur la plateforme Early English Books Online, mais aussi dans plusieurs éditions anciennes, par exemple celle de R. H. Evans, Hakluyt’s Collection of the Early Voyages, Travels, and Discoveries of the English Nation, Londres, R. H. Evans, 1809-1812.
R. Hackluyt, Epistle Dedicatorie des Principal Navigations Voyages Traffiques & Discoveries of the English Nation, etc. Passage publié par W. H. Koebel dans British Exploits in South America: A History of British Activities in Exploration, Military Adventure, Diplomacy, Science, and Trade in South America, New York, The Century Company, 1917, p. 426-427. (Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, car ce texte est très célèbre.) Ma traduction : « Car enfin, aucun roi de ce pays avant sa Majesté ne fit flotter ses bannières sur la mer Caspienne ; aucun ne traita avec l’empereur de Perse, comme sa Majesté l’a fait, obtenant pour ses marchands des grands privilèges… de même qu’aucun d’entre eux n’installa de consuls et d’agents anglais à Tripoli en Syrie, à Alep, à Babylone, à Bassora. Qui plus est, jamais encore on n’avait entendu parler d’Anglais présents à Goa ! »
Le premier ouvrage d’Hakluyt, datant de 1582, portait déjà un titre révélateur : Divers Voyages Touching the Discoverie of America and the Ilands Adjacent unto the Same, Made First of all by our Englishmen and Afterwards by the Frenchmen and Britons [« Divers voyages touchant à la découverte de l’Amérique et de ses îles proches, faite tout d’abord par nos compatriotes anglais et ensuite par les Français et les Bretons »]. On voit bien qu’il s’agissait pour Hakluyt d’asseoir les droits anglais en Amérique par tous les moyens, y compris en perpétuant le mythe d’une découverte de ce territoire par un prince gallois, Madog ab Owain Gwynedd, au xiie siècle !
Ainsi qu’il l’écrit, toujours dans sa dédicace : « I have used the uttermost of my best endeavour, to get, and having gotten, to translate out of Spanish, and here in this present volume to publish such secrets of theirs, as may any way availe us or annoy them, if they drive and urge us by their sullen insolencies, etc. » [« J’ai fait du mieux que j’ai pu pour obtenir, et, chose faite, pour traduire de l’espagnol et publier dans le présent volume, autant de leurs secrets qu’il est possible de le faire pour nous aider ou pour leur nuire, s’ils nous y conduisent par leur insolence bornée… »]
Cela est encore plus visible dans le corps de ces traductions, mais c’est un travail qui excède la place qui nous est donnée ici. Mais même Hakluyt, ce chantre de la colonisation de l’Amérique, préfère réserver le lyrisme pour ses lettres ou ses dédicaces.
Haut de page