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HomeNuméros39Éditorial

Note della redazione

La partie « Genre, objets et culture matérielle : approches historiques » a été rédigée par Serena Galasso ; la partie « Littérature italienne, genre et culture matérielle : un impensé ? » par Victoria Rimbert ; les présentations des articles du dossier par l’ensemble du comité éditorial.

Testo integrale

1Les objets sont désormais reconnus comme des acteurs historiques à part entière. On cherche leur valeur au‑delà de leur simple fonction utilitaire. On leur reconnaît une vie propre, sensible : les objets créent le lien social, connectent des mondes lointains entre eux ; dans leur mobilité entre les espaces, les personnes et le temps des générations, ils se transforment, ils changent d’usage, de signification et de valeur, ils se resémantisent tout au long de leur cycle de vie. Ce dossier réunit des études d’histoire et de littérature qui portent sur les significations et les pratiques sociales associées aux objets dans le contexte de la péninsule italienne entre Moyen Âge et première modernité. Ces thèmes sont abordés dans une perspective de genre, qui permet d’envisager les objets au‑delà de leur matérialité propre, dans leurs rapports aux hommes et aux femmes, mais aussi au sein des relations sociales entre les hommes et les femmes.

1. Genre, objets et culture matérielle : approches historiques

  • 1 Pour un point historiographique sur ces travaux : L. Bourgeois, D. Alexandre-Bidon, L. Feller et P. (...)

2La culture matérielle des sociétés préindustrielles n’est pas un sujet nouveau, mais c’est un sujet qui se renouvelle périodiquement depuis les années 1970. Les nombreux travaux et volumes collectifs récemment parus signalent la vitalité d’un questionnement qui tend à déplacer le regard sur la culture matérielle d’une histoire de la consommation et du luxe vers une anthropologie historique de la matérialité1.

  • 2 S. Cavallo et I. Chabot (dir.), Genesis, vol. 6, no 1, Oggetti, 2006.

3Ce champ de recherche n’a été que partiellement exploré à travers une perspective de genre. Bien que le débat méthodologique soit particulièrement fécond depuis les années 2000, il manque à ce jour une synthèse actualisée sur l’Europe préindustrielle. Les premiers pas dans cette direction ont été faits par la revue italienne d’histoire des femmes et du genre, Genesis, qui en 2006 consacre un dossier thématique aux « objets2 ». Les contributions de ce numéro portent principalement sur l’époque contemporaine mais, dans leur introduction, les éditrices du numéro, Sandra Cavallo et Isabelle Chabot, posent des bases solides pour faire progresser la discussion générale sur le sujet. Elles soulignent la nécessité de prendre en considération les systèmes normatifs qui déterminent un rapport asymétrique à la propriété, et donc aux objets, entre hommes et femmes ; elles interrogent les langages et les savoirs relatifs au monde matériel, les significations sexuées, souvent ambivalentes et ambiguës des choses ; elles appellent enfin à un approfondissement de l’histoire des masculinités à travers les objets.

  • 3 L. Auslander, R. Rogers et M. Zancarini-Fournel (dir.), Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 40, Objet (...)
  • 4 L. Auslander, « Éditorial », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 40.

4En 2014, la discussion sur ces thèmes est relancée dans la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire avec un numéro sur « Objets et fabrication du genre » dirigé par Leora Auslander, Rebecca Rogers et Michelle Zancarini-Fournel3. Les études qui y sont rassemblées couvrent les xixe et xxe siècles, à l’exception d’un article de Katherine French qui interroge les conséquences de l’accroissement des consommations du xve siècle sur la domesticité et les rapports de genre. Comme le précise Leora Auslander dans l’éditorial, ce numéro a une visée éminemment méthodologique, illustrant des pistes possibles pour intégrer les objets — tant les vestiges que les traces textuelles — dans la boîte à outils de l’histoire du genre et des sexualités4. L’historienne insiste sur les capacités polysémiques des objets et sur leur expressivité, qui n’a rien à envier au langage verbal. Cette perspective est tout à fait novatrice et présente un intérêt particulier pour l’étude des sociétés où la scolarisation concerne une minorité de la population masculine et où le taux d’analphabétisme, notamment chez les femmes, est élevé. Il en découle que les femmes pourraient avoir utilisé plus activement que les hommes les ressources matérielles pour s’exprimer et agir dans le monde. Ce corollaire de la réflexion mérite d’être approfondi : c’est ce que se proposent de faire certains des articles de ce numéro.

  • 5 A. Cremer (éd.), Gender, Law and Material Culture. Immobile Property and Mobile Goods in Early Mode (...)
  • 6 A. Vickery, « Women and the World of Goods: A Lancashire Consumer and Her Possessions, 1751–81 », d (...)

5Malgré la richesse des questions soulevées et la diversité des pistes d’analyse dans les dossiers de ces deux numéros, ces dernières années, la recherche en études de genre s’est cristallisée autour de certains axes. Les objets ont été appréhendés avant tout comme des marchandises à acquérir, à posséder, à consommer et à échanger. Les aspects juridiques de la question continuent également d’occuper une place centrale. Le récent ouvrage collectif dirigé par Annette Cremer, Gender, Law and Material Culture revient sur les différentes possibilités d’accès aux biens mobiliers que la loi offre en Europe et dans ses colonies au Brésil et en Jamaïque, ainsi que sur les conséquences des réglementations sur la féminisation/masculinisation des objets5. Il convient également de noter un déséquilibre marqué en termes de périodes et d’espaces couverts : les études sur la période médiévale sont ainsi moins développées et concernent principalement la sphère religieuse et dévotionnelle. L’espace qui a reçu jusqu’à présent le plus d’attention est l’Angleterre, où les spécialistes de la famille à l’époque victorienne se sont intéressé·e·s précocement à la culture matérielle dans une perspective de sociologie historique des consommations6.

  • 7 C. Klapisch-Zuber, « Les corbeilles de la mariée », dans Ead., La maison et le nom. Stratégies et r (...)

6La recherche sur la péninsule italienne, entre Moyen Âge et première modernité, ne fait pas exception. Les approches de l’histoire des femmes et du genre ont été mobilisées, souvent de manière accessoire, pour aborder des questions liées à la consommation, à la mode, aux pratiques de crédit sur gage et à la matérialité de certains artefacts7. Il en résulte un panorama d’études ponctuelles encore très fragmentaire et dispersé.

2. Littérature italienne, genre et culture matérielle : un impensé ?

  • 8 E. Ajello, Carabattole: il racconto delle cose nella letteratura italiana, Venise, Marsilio, 2019.
  • 9 F. Orlando, Gli oggetti desueti nelle immagini della letteratura. Rovine, reliquie, rarità, robacci (...)
  • 10 G. M. Anselmi et G. Ruozzi, Oggetti della letteratura italiana, Rome, Carocci, 2008.
  • 11 Pour le Moyen Âge, voir F. Pomel (dir.), Lire les objets médiévaux. Quand les choses font signes et (...)
  • 12 M. Caraion, Comment la littérature pense les objets. Théorie littéraire de la culture matérielle, C (...)
  • 13 C. Lucas-Fiorato, « Le coffre : fonctions narratives d’un objet dans quelques nouvelles de la Renai (...)
  • 14 C. Klapisch-Zuber, « Le complexe de Griselda. Dots et dons de mariage ; Les corbeilles de la mariée (...)

7Du côté des études italiennes, les objets et la culture matérielle en général ne semblent pas constituer un champ d’investigation aussi distinct, pour la période préindustrielle du moins. S’il existe bien des publications circonscrites sur ce thème pour la période xiiiexviie, les artefacts modernes et contemporains semblent, dans les quelques publications transversales existantes sur les objets dans la littérature italienne, constituer le point de départ de l’enquête, comme dans l’essai Carabattole: il racconto delle cose nella letteratura italiana d’Epifanio Ajello, qui traverse la littérature italienne mais ne se concentre que sur Boccace pour la période qui nous concerne ici8, ou encore dans l’ouvrage Gli oggetti desueti nelle immagini della letteratura de Francesco Orlando9 et le recueil Oggetti della letteratura italiana dirigé par Gian Mario Anselmi et Gino Ruozzi10. Ce phénomène s’expliquerait en partie par le fait qu’une pensée théorique des objets dans et par la littérature n’aurait émergé qu’au xixe siècle, tandis qu’au Moyen Âge, à la Renaissance et à l’âge baroque, les objets s’inscriraient et se fondraient dans un système métaphorique, symbolique ou allégorique plus large11. Les récents efforts théoriques permettant de lire les objets au prisme de la littérature, comme l’essai Comment la littérature pense les objets. Théorie littéraire de la culture matérielle de Marta Caraion12, doivent nous pousser à davantage explorer ce champ d’investigation, sur le modèle de publications ayant porté leurs fruits, comme l’article sur le coffre dans les nouvelles de la Renaissance de Corinne Lucas-Fiorato13, ou la lecture opérée par Christiane Klapisch-Zuber de certains objets dans la littérature médiévale, mettant en lumière leurs usages et leurs enjeux historiques14.

8De même, la lecture des œuvres littéraires de cette période au prisme du genre est encore balbutiante, et ce type d’analyse pour la compréhension des relations entre hommes et femmes dans les sociétés du passé ne demande qu’à être approfondi. C’est pourquoi l’intersection de ces axes — objets et genre dans la littérature italienne des xiiiexviie siècles — constitue jusqu’à aujourd’hui un impensé, et par là même une thématique originale et nécessaire. Les personnages ne sont pas les seuls acteurs déterminants d’une œuvre littéraire : ce qui les entoure, le monde dans lequel ils évoluent, les objets qu’ils utilisent sont des éléments porteurs de sens pour comprendre leur identité et leurs relations l’un à l’autre. Dans des sociétés où les rôles et les sphères de chacun·e sont profondément conditionnés par le genre, sans pour autant être parfaitement hermétiques, le « genre des objets » est un élément clé pour comprendre les relations entre hommes et femmes — mais aussi entre femmes et entre hommes — et la façon dont elles sont représentées. La propriété, l’emploi, le réemploi et le détournement d’un objet déterminé par un homme ou une femme, pour un homme ou une femme, sont autant d’éléments qui éclairent les rapports genrés au sein du couple, de la famille ou même de la cité.

3. Les articles du dossier

9Dans ce dossier, des approches traditionnelles sur la culture matérielle et les objets, renouvelées par l’apport d’études de cas inédits, dialoguent avec de nouvelles pistes d’analyse.

10Selon une démarche désormais classique, les objets peuvent être abordés comme des biens produits, consommés et mis en circulation. Les gestes qui président à leurs modalités de production, d’acquisition et de distribution — fabriquer, acheter, commanditer, réemployer, recycler, etc. — révèlent ainsi des pratiques, des connaissances et des savoir-faire genrés. C’est dans ce sillage que s’inscrit la synthèse que Genevieve Warwick consacre aux perles de verre produites et travaillées à Murano et à Venise, proposant de les considérer comme un cas privilégié pour étudier certaines dynamiques sociales et culturelles de la première modernité : ses innovations techniques et artistiques, le développement d’un commerce global dans le sillage des grandes découvertes, ou encore l’évolution du travail artisanal à l’aube de la révolution scientifique. À partir de la riche bibliographie existante sur le sujet, cette contribution fait la part belle à la dimension technique du travail du verre, et à son évolution entre le xve et le xviie siècle. Les rôles des hommes et des femmes apparaissent globalement sectorisés dans la production des margerite : dans les ateliers de Murano, les hommes soufflent le verre et forment les petites perles que les impiraresse, des femmes issues des milieux populaires, enfilent ensuite sur des fils de coton ou de métal dans le cadre d’un travail domestique, avant de les rendre à des hommes qui en feront commerce ou les utiliseront comme monnaie d’échange tout autour du globe. C’est moins le cas pour les perles raffinées que les perleri travaillaient et décoraient à la main. Si, comme le souligne l’article, hommes et femmes partagent un lexique spécialisé, le genre influe aussi sur une partie de la transmission du savoir artisanal, comme en témoignent les chants des enfileuses de perles. Certaines filles et héritières de grands artistes-artisans verriers de Murano, telles que Maria Barovier ou Armenia Vivarini, constituent d’intéressantes exceptions, et participèrent activement à l’invention de produits qui connurent un succès mondial.

11Le paradigme de la mobilité s’avère particulièrement pertinent pour suivre les circuits non marchands et les déplacements synchroniques et diachroniques des objets. Dans les sociétés préindustrielles, les objets, tout comme les personnes, se déplacent à un rythme soutenu. Leurs mouvements sont contraints par des lois qui distinguent les propriétés des hommes et des femmes, par des coutumes sociales qui en définissent les usages et les trajectoires légitimes, ainsi que par des conditions économiques structurelles. Moins nombreux et moins diversifiés, mais dotés d’une durée de vie plus longue, les objets quotidiens (meubles, vêtements, linge, outils de travail, livres) voyagent à travers le temps, au fil des générations. Leur remploi est pratique courante et vitale. Pour les segments les plus modestes de la population, les objets sont souvent des biens à remettre en circulation sur le marché en cas de crise de liquidités. Véritables réserves de valeur, ils peuvent servir de gages dans des circuits de crédit ou de moyens de paiement alternatifs à la monnaie. L’étude d’artefacts particuliers éclaire ces trajectoires genrées d’objets et leur biographie sociale, comme le montrent les articles de ce numéro consacrés aux pièces de linge, aux lits, aux perles de verre et aux livres de comptes.

12Dans son article sur les objets mis en gage dans les Monts-de-piété des villes toscanes médiévales, Paola Pinelli découvre l’existence d’une multitude de pièces de linge dans les dépôts de ces institutions. Ces biens sont parmi les plus fréquemment mis en gage à côté d’autres objets quotidiens (vêtements, outils de travail, bijoux). Dans la majorité des cas, il s’agit de tissus usagés et frustes permettant à leurs propriétaires d’obtenir quelques sous pour faire face à des phases de fragilité économique. Leur abondance s’explique par leur vaste disponibilité dans les foyers les plus modestes. Ces biens y arrivent généralement par le biais du trousseau féminin mais ne restent pas aux mains des femmes. Comme le montrent les registres des Monts-de-piété étudiés par Paola Pinelli, les clients de ces institutions sont majoritairement des hommes. Détournées de leurs propriétaires, les pièces de linge se transforment alors en une ressource économique polyvalente pour l’ensemble de la famille.

13Les archives privées et les écrits domestiques racontent une autre histoire. Maria Adank s’y attarde dans son étude sur les livres de comptes privés des femmes de la noblesse vénitienne de l’époque moderne. Ces manuscrits sont appréhendés comme des objets à part entière, qui matérialisent des enjeux pragmatiques et affectifs. Grâce à une analyse matérielle des livres de comptes privés, l’auteure parvient à mettre en lumière l’uniformité extérieure de ces objets-livres. Aucun signe particulier ne révèle en effet le genre de leurs titulaires, les livres des femmes n’étant pas formellement reconnaissables parmi ceux des hommes. La dimension individuelle, et par conséquent le genre, ne revêt pas d’importance particulière dans ce type d’écrit. Leur aspect neutre et standardisé s’explique par les intérêts collectifs et familiaux dont ces livres témoignent, ainsi que par la valeur légale qui leur est conférée.

14La culture matérielle ne peut cependant être réduite à son aspect concret : sa réception dans la sphère culturelle et artistique est profondément représentative de la façon dont une société donnée perçoit les objets, leur emploi et leur signification. À une époque qui se nourrit d’images et de symboles, la présence d’objets dans des représentations artistiques et littéraires est bien loin d’être anodine. Pour la saisir, il convient de fournir un véritable effort pour nous dépouiller de notre vision purement quotidienne et pratique de certains objets du passé, afin d’en comprendre les raisons d’être — et d’apparaître — implicites, et de comprendre, en somme, leur langage. En effet, à une époque où l’écriture est loin d’être accessible à tous·tes, ce type de représentations est le vecteur d’une mémoire, d’émotions qui nous permettent, avec la juste distance, d’accéder à une compréhension plus profonde des sociétés du passé. C’est à ce lien entre la production d’objets d’un nouveau type, au Cinquecento, et leur symbolisme que s’intéresse la contribution d’Alix Kazubek. Les camées, ces petits objets d’ornement composés d’une pierre fine ciselée de façon à former une figure en relief, connaissent alors un regain d’intérêt. L’atelier Miseroni rencontre, grâce à ses œuvres, un véritable succès de Milan à Prague ; mais c’est un aspect particulier de sa production que l’auteure interroge ici : des camées représentant des bustes de femmes noires. Ces représentations se distinguent des autres portraits de personnes noires, présentes comme figures subsidiaires dans de nombreux portraits de la première moitié du siècle, et qui sont essentiellement des esclaves et des servant·e·s. Ici, les camées, peut‑être destinés à être portés et exhibés par des femmes, disent et incarnent la symbolique d’une terre d’abondance et de richesse, liée à l’engouement et à l’espoir suscités par les découvertes du Nouveau Monde. Convertissant des figures considérées comme laides et étranges en talismans promettant réussite politique et prospérité, ces petits objets convoquent et exhibent la féminité des représentées pour la réinterpréter de façon allégorique.

15La charge symbolique des objets permet de cerner des personnages stéréotypés en fonction de leur genre et de leur classe sociale, surtout dans des œuvres narratives nécessitant la compréhension immédiate des protagonistes (nouvelles, biographies voire hagiographies). Mais les représentations littéraires des objets sont également utiles pour comprendre le genre attribué par les auteur·e·s ou artistes à un certain nombre d’objets, assumant le rôle d’attribut ou d’avatar, tout en jouant un rôle déterminant dans le processus narratif ou représentatif. Hommes et femmes sont ainsi souvent associés à des objets indiquant leur activité professionnelle (armes, outils ou alors instruments de cuisine, de couture, objets liés à la puériculture ou à l’obstétrique, etc.) ou leur aisance économique (description de biens propres précieux : linge de maison, petit mobilier, argenterie, bijoux, coffres, accessoires de toilettes et de soin du corps). Le langage symbolique des objets, et sa dimension genrée, est ainsi au cœur de la contribution de Tommaso Laganà. Il y analyse comment, dans plusieurs épisodes où des personnages féminins franchissent des limites communément assignées à leur genre, l’auteur anonyme de la Chronique de la Novalaise (xie siècle) mobilise des objets afin de qualifier positivement ou négativement les actions de ces personnages. L’image d’Hildegonde, compagne du guerrier Walther (qui finira par se retirer dans l’abbaye) tenant les rênes d’un destrier et une verge de noyer consacre ainsi la virilisation de cette figure héroïque, tandis que la tenue choisie par Berthe lors de sa tentative de pénétrer l’abbaye — interdite aux femmes — en se faisant passer pour un moine se révèle aussi inopportune que son entreprise. Comme le montre Tommaso Laganà au travers d’autres exemples, mais aussi par une comparaison avec l’œuvre de Liuprand de Crémone, le chroniqueur mobilise, en pleine période de réforme de l’Église, une symbolique des objets parfaitement adaptée à la culture de ses destinataires, et à son message : il s’agit moins de faire ressortir une barrière — et une hiérarchie — entre les genres qu’entre les sphères ecclésiastiques et laïques.

16Le pouvoir communicatif des objets, et plus spécifiquement des habits, revient dans l’étude d’Elisa Tosi Brandi sur les choix vestimentaires des femmes pénitentes des xiiie et xive siècles. Comme de nombreuses études l’ont montré, dans les sociétés médiévales l’habit faisait le moine. Le vêtement, frontière entre les corps des individus et le corps social, est alors un observatoire privilégié pour étudier la charge sémantique des objets. Conscientes des significations symboliques de leurs habits, les femmes de la haute société dont Elisa Tosi Brandi suit les parcours signalent publiquement leur choix de vie ascétique et de pénitence par l’abandon de leurs tenues luxueuses au profit d’un habit pauvre, au tissu grossier et inconfortable. Leur choix témoigne d’une créativité libre, radicale, en rupture avec les conventions sociales et les normes vestimentaires fixées par l’autorité ecclésiastique. La réaction de l’Église ne tarde pas : les tenues de ces femmes sont perçues comme dangereuses car hors‑normes et porteuses d’un message de pauvreté radicale potentiellement subversif. Une considération importante se dégage de cette analyse : avant l’intervention des autorités ecclésiastiques, le vêtement — et même son détournement, sa négation — constituait pour ces femmes un canal privilégié de communication non verbale, alors que d’autres moyens d’expression leur étaient moins accessibles.

17Mais les objets ne font pas que dire, signifier, symboliser : avec celles et ceux qui les font, qui les manipulent, qui les possèdent, ils jouent également un rôle actif. Ils permettent de négocier et de déjouer des rôles de genre, des identités sociales et des appartenances (à un territoire, à une confession religieuse, à un corps politique ou de métier). C’est ce qui ressort notamment des recherches de Micol Long sur l’appréhension multi-sensorielle des objets dans l’expérience religieuse de femmes saintes et mystiques du Moyen Âge. Les outils conceptuels de l’Actor-Network Theory développés dans les sciences sociales sont mis à contribution : les faits sociaux sont interprétés comme le résultat d’interactions et de phénomènes d’interdépendance entre humains et entités non humaines. Ainsi, dans les hagiographies et les autobiographies spirituelles des femmes, les objets de dévotion (images sacrées, bougies) et du quotidien (petites boîtes, sacs, nourriture) font figure de catalyseurs de l’expérience mystique. Cette relation entre matérialité et spiritualité semble plus étroite chez les femmes que chez les hommes. On observe ici ce que d’autres études de ce volume ont relevé dans d’autres contextes. Les femmes s’appuient sur des objets du quotidien pour soutenir leurs stratégies d’action, car ils sont souvent le seul moyen qu’elles peuvent utiliser, manipuler, transformer librement.

18Zuleika Murat s’intéresse également au rôle éminemment sensoriel joué par les objets dans l’éducation spirituelle et religieuse des enfants, cette fois, dans le cadre domestique d’abord, puis dans des espaces publics comme les églises. En mobilisant des sources textuelles et matérielles très variées (hagiographies, prédication, livres de raison privés, nouvelles, iconographie religieuse…), l’auteure montre que, dans l’Italie des xiiie et xive siècles, différents objets du quotidien et d’autres, d’usage plus strictement pédagogique, sont mis au service d’une mobilisation précoce de tous les sens — le goût et le toucher notamment — afin de stimuler et de renforcer les apprentissages, tout en construisant une relation à la fois intime et affective avec la sphère spirituelle et religieuse. Dans leur rapport aux objets, l’éducation spirituelle des jeunes enfants (majoritairement assurée par des femmes dans le cadre du foyer) apparaît initialement peu différenciée en fonction de leur genre. En revanche, une ligne de partage beaucoup plus nette semble séparer les enfants destinés à mener une vie sainte ou non : l’auteure rejoint ici les constatations de Laganà quant à la prégnance de la frontière séparant les sphères religieuse et laïque, distinction qui tendrait — dans les sources religieuses examinées du moins — à s’imposer sur des considérations liées au genre.

19Enfin, dans un article double qui fait dialoguer les sources de la pratique et la littérature, Isabelle Chabot et Victoria Rimbert montrent les différentes strates signifiantes d’un objet à travers l’exemple du lit. Grâce à cette approche interdisciplinaire, l’analyse, qui va de la fin du Moyen Âge jusqu’au xvie siècle, dévoile les enjeux de genre qui se jouent autour de ce meuble à l’apparence banal car omniprésent dans tous les intérieurs. La question de la propriété est au cœur de nombreux testaments ou livres de raison, car, en Toscane, les lits sont faits, possédés et transmis par les hommes, ce qui en prive certaines femmes seules, comme les veuves. Si ces données semblent bien faire du lit un meuble « masculin », il s’agit pourtant d’un espace mutualisé, où se déroulent les événements tant banals que majeurs de l’existence des hommes et des femmes, de la naissance à la mort en passant par la vie conjugale, les rencontres parfois illégitimes, la maladie. C’est dans cet interstice, que permettent de saisir en partie les nouvelles, que les femmes retrouvent une place active. Lieu hautement symbolique, de vie et de partage, le lit concentre les contradictions et les tensions qui se nouent autour des questions de propriété et d’usage des objets.

20Les articles réunis dans ce numéro thématique proposent donc une mise en objet du genre : en interrogeant des objets du quotidien, des objets dévotionnels, des objets d’art, en déchiffrant leur sens, leur performativité, leur détournement aussi, les auteur·e·s lisent à la fois la symbolique et la dynamique des relations entre hommes et femmes.

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Note

1 Pour un point historiographique sur ces travaux : L. Bourgeois, D. Alexandre-Bidon, L. Feller et P. Mane (dir.), La culture matérielle : un objet en question. Anthropologie, archéologie et histoire, Actes du colloque international de Caen (9‑10 octobre 2015), Caen, Presses universitaires de Caen, 2018 ; A. Gerritsen et G. Riello (éds), Writing Material Culture History, Londres / New York, Bloomsbury Publishing Pic, 2021. Pour des études classiques sur l’histoire des consommations et les objets de luxe en Italie, dans une perspective d’histoire régionale et globale, voir en particulier : R. A. Goldthwaite, Wealth and the Demand for Art in Italy, 1300–1600, Baltimore, John Hopkins University Press, 1995 ; L. Jardine, Worldly Goods: A New History of Renaissance, Londres, Papermac, 1997 ; R. Ago, Il gusto delle cose. Una storia degli oggetti nella Roma del Seicento, Rome, Donzelli, 2006 ; S. Mosher Stuard, Gilding the Market: Luxury and Fashion in Fourteenth-Century Italy, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2006 ; M. O’Malley et E. Welch (éds), The Material Renaissance. Studies in Design and Material Culture, Manchester, Manchester University Press, 2007 ; A. Gerritsen et G. Riello (éds), The Global Lives of Things: The Material Culture of Connections in the Early Modern World, Londres / New York, Routledge, 2016 ; P. Hohti Erichsen, Artisans, Objects and Everyday Life in Renaissance Italy: The Material Culture of the Middling Class, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2020. Sur des recherches récentes qui s’intéressent aux valeurs multiples des choses selon une approche anthropologique, voir notamment : L. Feller et A. Rodriguez (dir.), Objets sous contrainte. Circulation des richesses et valeur des choses au Moyen Âge, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2013 ; L. Feller et A. Rodriguez (dir.), Expertise et valeur des choses au Moyen Âge, Madrid, Casa de Velazquez, 2016 ; C. Walker Bynum, Dissimilar Similitudes: Devotional Objects in Late Medieval Europe, New York, Zone Books, 2020.

2 S. Cavallo et I. Chabot (dir.), Genesis, vol. 6, no 1, Oggetti, 2006.

3 L. Auslander, R. Rogers et M. Zancarini-Fournel (dir.), Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 40, Objets et fabrication du genre, 2014.

4 L. Auslander, « Éditorial », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 40.

5 A. Cremer (éd.), Gender, Law and Material Culture. Immobile Property and Mobile Goods in Early Modern Europe, New York, Routledge, 2020.

6 A. Vickery, « Women and the World of Goods: A Lancashire Consumer and Her Possessions, 1751–81 », dans A. Bermingham et J. Brewer (éds), The Consumption of Culture 1600–1800: Image, Object, Text, Londres / New York, Routledge, 1995, p. 274‑301 ; Ead., « His and Hers: Gender, Consumption and Household Accounting in Eighteenth-Century England », Past and Present, supplément no 1, 2006, p. 12‑38 ; J. Styles et A. Vickery (éds), Gender, Taste and Material Culture in Britain and North America, New Haven / Londres, Yale University Press, 2006 ; J. Whittle et E. Griffith, Consumption and Gender in the Early Seventeenth-Century Household: The World of Alice Le Strange, Oxford, Oxford University Press, 2013 ; H. Grieg, J. Hamlett et L. Hannan (éds), Gender and Material Culture in Britain Since 1600, Londres, Palgrave, 2016 ; K. L. French, Household Goods and Good Households in Late Medieval London, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2021.

7 C. Klapisch-Zuber, « Les corbeilles de la mariée », dans Ead., La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, EHESS, 1990, p. 215‑228 ; Ead., « Les saintes poupées. Jeu, art et dévotion », dans Ead., La maison et le nom, ouvr. cité, p. 291‑308 ; M. G. Muzzarelli, Guardaroba medievale. Vesti e società dal XIII al XVI secolo, Bologne, Il Mulino, 1999 ; A. Arru et M. Stella (éds), I consumi. Una questione di genere, Rome, Carocci, 2003 ; R. Ago, Il gusto delle cose. Una storia degli oggetti nella Roma del Seicento, ouvr. cité ; M. Ajmar-Wollheim et F. Dennis (éds), At Home in Renaissance Italy, Londres, Victoria and Albert Museum Publications, 2006 ; M. G. Muzzarelli, « Le donne e i Monti di Pietà: storia di una relazione nel lungo periodo », dans G. Petti Balbi et P. Guglielmotti (dir.), Dare credito alle donne. Presenze femminili nell’economia tra medioevo ed età moderna, Asti, Astigrafica, 2012, p. 195‑210 ; I. Chabot, « Renaissance Female Luxury Garments on the Move: When Brides’ Silk Brocades Ended up Dressing Ecclesiastics (Florence, 14th–15th Centuries) », dans L. Biasiori, F. Mazzini et C. Rabbiosi (éds), Reimagining Mobilities Across the Humanities, vol. 2 : Objects, People and Text, Londres, Routledge, 2023, p. 21‑39 ; E. Tosi Brandi, « Clothing the Female Life. Self-Fashioning and Mmemory Making at the Malatesta Network of Women Between the Fourteenth and the Fifteenth Centuries », Renaissance Studies, vol. 38, 2024, p. 1‑21.

8 E. Ajello, Carabattole: il racconto delle cose nella letteratura italiana, Venise, Marsilio, 2019.

9 F. Orlando, Gli oggetti desueti nelle immagini della letteratura. Rovine, reliquie, rarità, robaccia, luoghi inabitati e tesori nascosti, Turin, Einaudi, 2015.

10 G. M. Anselmi et G. Ruozzi, Oggetti della letteratura italiana, Rome, Carocci, 2008.

11 Pour le Moyen Âge, voir F. Pomel (dir.), Lire les objets médiévaux. Quand les choses font signes et sens, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.

12 M. Caraion, Comment la littérature pense les objets. Théorie littéraire de la culture matérielle, Ceyzérieu, Champvallon, 2020.

13 C. Lucas-Fiorato, « Le coffre : fonctions narratives d’un objet dans quelques nouvelles de la Renaissance », Chroniques italiennes, vol. 63‑64, no 3‑4, 2000, p. 161‑180.

14 C. Klapisch-Zuber, « Le complexe de Griselda. Dots et dons de mariage ; Les corbeilles de la mariée ; Les saintes poupées. Jeu, art et dévotion », dans Ead., La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, EHESS, 1990, p. 185‑214, 215‑228, 291‑308.

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Notizia bibliografica digitale

Serena Galasso, Victoria Rimbert, Isabelle Chabot e Élise Leclerc, «Éditorial»Cahiers d’études italiennes [Online], 39 | 2024, online dal , consultato il 05 décembre 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cei/15026; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12du1

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Autori

Serena Galasso

Université de Padoue
serena.galasso@unipd.it

Victoria Rimbert

Univ. Grenoble Alpes, LUHCIE, 38000 Grenoble, France
victoria.rimbert@univ-grenoble-alpes.fr

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Isabelle Chabot

Università degli Studi di Padova
isabelle.chabot@unipd.it

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Élise Leclerc

Univ. Grenoble Alpes, LUHCIE, 38000 Grenoble, France
elise.leclerc@univ-grenoble-alpes.fr

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