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Antiquité romaine : le roman fiction vraisemblable ou source scientifique ?

Sexe, meurtre et roman latin : les liaisons dangereuses d’Apulée et d’une tuile lusitanienne

Sex, Murder and the Latin Novel: The Dangerous Relations of Apuleius and a Lusitanian Tile
Sesso, omicidio e romanzo latino: le relazioni pericolose tra Apuleio ed una tegola lustitana
Anne-Florence Baroni

Résumés

Cet article examine les relations entre roman et histoire à travers l’influence qu’ont pu avoir les Métamorphoses d’Apulée sur l’interprétation d’une inscription sur tuile de Villafranca de los Barros (Espagne). Certains commentateurs ont lu dans ces quelques lignes rédigées en latin populaire l’écho d’un drame de l’amour et de la jalousie ayant provoqué la mort d’une esclave enceinte sur une exploitation agricole. Cette interprétation extrapolée pourrait s’expliquer par une réminiscence des Métamorphoses (VIII, 22), où se trouve le récit de la fin tragique d’une famille d’esclaves ruraux.

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Texte intégral

  • 1 C’est avec plaisir que je remercie M.‑C. Ferriès pour m’avoir encouragée à mettre par écrit mes sou (...)
  • 2 A.‑F. Baroni et M.‑A. Le Guennec, « Les Métamorphoses d’Apulée : entre mondes grec et romain, un do (...)

1Pour l’Antiquité romaine, s’interroger sur les rapports entre roman et histoire1 invite naturellement à se pencher sur l’utilisation en tant que source des deux seuls textes latins connus que l’on peut qualifier de roman : le Satiricon de Pétrone et les Métamorphoses d’Apulée. Comme on l’a vu dans deux autres contributions2, les realia qui émaillent ces textes visent à créer un cadre vraisemblable, reposant sur l’expérience commune de l’auteur et du lecteur, dans lequel peuvent s’épanouir les aventures des personnages de fiction. En ceci, ces ouvrages présentent un reflet déformé du monde que l’historien cherche par ailleurs à reconstituer grâce aux rares sources désormais disponibles. Bien que la vivacité de ces récits dégage une impression de vérité, il faut la plupart du temps renoncer à retrouver dans les sources, malheureusement bien peu loquaces, le monde décrit par Pétrone et Apulée. Néanmoins, on peut se demander si, à l’heure de proposer leur interprétation de sources primaires, les historiens n’ont pas, quelquefois, pu se laisser influencer par ces fictions conçues pour frapper l’imagination : un document historique pourrait‑il être éclairé par sa confrontation avec le « roman » antique ?

2Pour interpréter les sources écrites, l’historien met en relation le document qu’il étudie avec ceux qu’il connaît par ailleurs ; il mobilise nécessairement son imagination pour établir des rapprochements et proposer des explications. Deux écueils risquent alors de surgir : la transposition de situations déjà connues ou le libre cours laissé à l’imagination, qui conduisent à proposer une interprétation éloignée du strict contenu du texte commenté. En théorie, le respect de la méthode de l’historien, qui commande de s’en tenir scrupuleusement au texte, sans extrapoler un commentaire et faire dire au document plus que ce qui est écrit, mais aussi de citer précisément les sources qui servent de comparaison, devrait garantir contre ces écueils. Cependant, force est de reconnaître que, dans certains cas, le recours à l’imagination a pu être poussé plus loin qu’il n’était souhaitable : il arrive que l’explication, en proposant un récit séduisant, voire spectaculaire, mais déconnecté du document, tienne plus de la fiction « romanesque » que du commentaire historique. On peut même se demander si certains auteurs ne se sont pas laisser quelquefois influencer par les « romans » antiques.

3Sans être rigoureusement démontrable, cette hypothèse vient à l’esprit lorsque l’on considère les interprétations suscitées pendant plus d’un siècle par une inscription sur tuile, qui rappellent curieusement certains passages des Métamorphoses d’Apulée. La tuile, aujourd’hui conservée à Madrid, au Museo Arqueológico Nacional (MAN)3, a été trouvée à la fin du xixe siècle en Estrémadure, à Villafranca de los Barros (Badajoz). À l’époque romaine, le site appartenait au sud du territoire d’Augusta Emerita4 (Mérida), dans la province de Lusitanie, aux confins de la Bétique. On ignore la date exacte de la découverte, mais le texte est transcrit pour la première fois en 18995 par son premier propriétaire, Mariano Carlos Solano y Gálvez, marquis de Monsalud, collectionneur de pièces archéologiques et correspondant depuis 1896 de la Real Academia de la Historia à laquelle il est élu fin 18986. Sur une tuile de 52 par 44 cm, ont été tracées dans l’argile avant cuisson douze lignes horizontales et trois lignes verticales, ces dernières inscrites le long du bord droit de la tuile. On trouve des photographies lisibles du document sur le site du MAN7, sur les bases de données épigraphiques en ligne (EDCS8, Hispania Epigraphica9, Epigraphische Datenbank Heidelberg10) ainsi que dans les différentes publications de l’inscription11. Mis à part quelques mots, les douze lignes horizontales se déchiffrent relativement aisément ; la lecture des trois lignes verticales est en revanche compliquée par une cassure de la tuile dans le coin supérieur droit et la difficulté qu’a eu le scripteur à faire tenir la fin de son message dans un espace réduit. Le texte, en latin vulgaire, présente par ailleurs un certain nombre de difficultés de traduction. La datation en est également délicate. D’après des critères paléographiques ou philologiques plus ou moins solides, le texte a été daté entre la fin du iie siècle ou le début du iiie12 et le ive siècle, voire le ve siècle. En raison de l’alternance des lettres onciales, minuscules et capitales, la fin du iiie siècle ou le ive siècle sont privilégiés13.

  • 14 En particulier J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (...)
  • 15 D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca (...)

4Sans être un objet historiographique majeur, ce document singulier et les problèmes qu’il présente ont naturellement fait naître quelques débats. Le but n’est pas ici de revenir sur le texte lui‑même, mais sur les interprétations qu’il a suscitées — ou plutôt sur ses surinterprétations : nourries par un imaginaire, social et probablement littéraire, largement partagé ou suffisamment séduisant pour émousser l’esprit critique, celles‑ci se sont transmises durant plus d’un siècle, malgré les progrès réalisés dans l’établissement du texte. Les compétences épigraphiques du premier éditeur ont beau avoir été très sévèrement critiquées14, sa transcription n’en a pas moins été fondatrice d’une interprétation « romanesque » qui a résisté à plusieurs générations de commentateurs. On s’intéressera notamment à l’histoire d’amour et de jalousie qu’on a cru déceler dans ces lignes, qu’une stricte lecture de l’inscription ne permet en rien de soutenir. En ce qui concerne l’établissement du texte, on peut désormais se reporter aux mises au point historiographiques de David Gordillo Salguero15, qui a notamment fait l’historique des transcriptions, et à la nouvelle lecture proposée par Marc Mayer y Olivé. Pour notre propos, il est cependant nécessaire de présenter les principales transcriptions du texte et leurs traductions.

  • 16 M. C. Solano y Gálvez, marqués de Monsalud,, « Nuevas inscripciones romanas de Extremadura y Andalu (...)
  • 17 Le marquis a lui‑même publié une photographie de l’inscription dans Ibid., p. 417. Sa transcription (...)

5L’édition princeps de l’inscription, en 1899, est l’œuvre du marquis de Monsalud16. La même année, E. Hübner présentait dans la Revue des études anciennes une édition du texte d’après un estampage et une photographie, fournis par le marquis de Monsalud17, assortie d’un commentaire ligne à ligne. La transcription des douze lignes horizontales était la suivante :

  • 18 Le texte de la tuile portant de façon lisible qui (même si le i se trouvant sur la cassure de la tu (...)

Maximus Nigriano. | Et hoc fuit providentia | actoris, ut puellam, qu[e18] iam | feto tollerat, mitteres | illam, ac tale labore ut | mancipius domnicus | periret, qui tam magno | labori factus fuerat, | et hoc Maxima fecit | Trofimiani fota ; et casti|ga illum : quasi ex omni | closus est…

  • 19 Ephemeris Epigraphica, vol. IX, 1913, no 176. Dans son commentaire, H. Dessau cite Columelle, De l’ (...)
  • 20 AE, 1899, 140. AE, 1899, 107 cite également le travail du marquis de Monsalud : M. C. Solano y Gálv (...)
  • 21 Par exemple, M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, p. 18. M.  (...)

6En revanche, Hübner renonçait à lire les trois lignes verticales et n’en donnait pas de transcription (« Quae sequuntur non intellego »). Par la suite, en 1913, Hübner a repris l’inscription dans l’Ephemeris Epigraphica en adoptant aux lignes 11‑12 l’utile correction de H. Dessau : et castiga illum : quare somni|closus est19 (avec somniclosus pour somniculosus, endormi). Pour autant, c’est la solution qu’il avait préalablement proposée dans la Revue des études anciennes, qui suivait pour l’essentiel celle du marquis de Monsalud (d’où vient la lecture Trofimiani fota, bien qu’Hübner ait émis des doutes dans le commentaire) qui a été majoritairement reprise — avec parfois de menues divergences ; la raison en est probablement l’autorité de E. Hübner et la reprise de cette seule version dans L’Année épigraphique20. Malgré la révision parue dans l’Ephemeris Epigraphica puis, comme on le verra plus loin, une lecture différente de J. Mallon dès les années 1950, on trouve donc la plupart du temps l’inscription de la tuile de Villafranca de los Barros transcrite avec les lectures Trofimiani fota et quasi ex omni closus (au lieu de quare somniclosus est)21.

  • 22 La tuile de Villafranca de los Barros n’est pas le seul document pour lequel le marquis a avancé un (...)
  • 23 Ainsi M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, p. 19 (et p. 2, 6 (...)
  • 24 Ainsi M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité.

7Le marquis de Monsalud a également contribué à fixer durablement le déchiffrage et l’interprétation des trois lignes verticales. D’après la proposition, audacieuse, du marquis22 ([Fig?]e limites l(atifundii?) | a Monte Tanceti cipos, | termes a Lacipiha) — que l’on peut traduire par « Signale les limites de la propriété, depuis le mont Tances jusqu’aux bornes finales du champ de Lacipea » —, ces lignes verticales traitaient d’un second problème, distinct de l’affaire évoquée dans les lignes horizontales : le bornage de la propriété, dans les environs de Lacipaea, au nord du territoire de Mérida. Si d’autres transcriptions ont été énoncées23, le sens du message a rarement été modifié ; l’opération de bornage latifundiaire est donc l’interprétation généralement retenue. Jusqu’à la relecture de M. Mayer, on a donc considéré que l’ensemble du texte inscrit sur la tuile se référait au travail sur un grand domaine agricole24.

  • 25 On pourra se reporter notamment aux traductions suivantes : Ibid., p. 21 : « Máximo á Nigrino […]. (...)

8À partir de la transcription proposée par le marquis de Monsalud puis par E. Hübner, les douze lignes horizontales ont quant à elle donné lieu à quelques divergences de lecture et d’interprétation ; ces différences peuvent être résumées ainsi25 :

Maximus Nigriano.

De Maximus à Nigrianus.

Et hoc fuit providentia actoris ut…
mitteres
 
 
 

La prévoyance (ou : le manque de
prévoyance)

de l’administrateur (actor)
ou : le plan prémédité de l’actor
fut tel que tu as envoyé

puellam qui iam feto tollerat illam

cette esclave qui avait accouché
ou : qui était alors enceinte

ac tale labore ut mancipius domnicus periret

faire un tel travail que le bien du maître a péri

qui tam magno labori factus fuerat

à cause de ce travail si dur

ou : qui avait été fait avec tant de difficulté

et hoc Maxima fecit

et de cela Maxima est responsable

Trofimiani fota

la concubine de Trofimianus

castiga illum
(parfois corrigé castiga ill[a]m)

châtie‑le
(ou : châtie‑la)

quasi ex omni | closus est
 
ou : quare somni|closus est

et prive Trofimianus de son pécule
ou : qu’il soit privé de tout
ou : car c’est un endormi

  • 26 M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, p. 8‑9. J. Cascales y M (...)
  • 27 M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, imaginait que la lettre (...)

9La première ligne ne présentant pas de difficulté de lecture, sa traduction fait consensus : les deux premiers mots indiquent l’auteur et le destinataire du message, respectivement Maximus et Nigrinianus. Le sens donné à la deuxième ligne est également toujours à peu près identique : la providentia de l’actor, responsable de l’organisation du travail des esclaves, est mise en cause. Identifier la fonction de Maximus et Nigrinianus pose davantage de problèmes. Comme le premier charge le second de punir un esclave, on en a souvent conclu que Maximus était le propriétaire et Nigrinianus le uilicus, l’intendant du domaine et le supérieur de l’actor. Le document est alors considéré comme une lettre destinée à être envoyée26. Cependant, le latin populaire employé27 et la formule mancipius domnicus, qui semble indiquer que le dominus est une tierce personne, plaide plutôt pour un message entre deux employés.

  • 28 Cf. Columelle, De l’agriculture, I, 8, 19 ; également, dans un contexte fictionnel et comique, Pétr (...)
  • 29 J. Cascales y Muñoz, Apuntes para la historia de Villafranca de los Barros (Badajoz), ouvr. cité, p (...)

10Les principales difficultés de lecture et, surtout, d’interprétation portent sur les lignes suivantes, qui conditionnent la compréhension de la totalité du texte. L’actor a assigné à une esclave enceinte un travail incompatible avec son état, ce qui a provoqué la mort du bien du maître (ut mancipius domnicus periret). Mais le bien du maître désigne‑t‑il l’esclave elle‑même ou le fœtus qu’elle portait ? En théorie, les deux sont envisageables car la reproduction des esclaves représente naturellement un accroissement de main-d’œuvre et de richesse recherché par les maîtres28. Certains commentateurs ont privilégié la première hypothèse, la mort de la jeune esclave provoquée par un travail trop dur (qui tam magno labori factus fuerat). Maxima est alors accusée d’être la responsable de l’accident (Maxima fecit). D’après la lecture de Monsalud confirmée par Hübner, Maxima serait appelée fota de Trofimianus. Hübner a suggéré deux interprétations de ce terme, un équivalent d’alumna ou un terme désignant une concubine. Les commentateurs ultérieurs ont toujours préféré la concubine, traduction bien plus évocatrice, qui était également celle retenue par Monsalud. Cette solution n’a pas été sans conséquence sur le sens qu’on a prêté au texte, puisqu’on a considéré que Trofimianus héritait de la « dette » de sa compagne responsable de la perte infligée au maître ; on parvenait ainsi mieux à comprendre le châtiment d’un esclave masculin ordonné par la lettre29 — à moins de corriger castiga illum en castiga illam et de considérer que seule l’accusée Maxima devait être punie.

  • 30 Cf. E. Gran-Aymerich, Dictionnaire biographique d’archéologie, 1798‑1945, Paris, CNRS Éditions, 200 (...)
  • 31 M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, p. 17‑19.

11À partir de cette lecture, le texte a longtemps été vu comme l’écho d’un drame passionnel rural. On trouve dès 1900, l’année qui suit la publication par Monsalud puis par Hübner, une explication de texte appelée à connaître un grand succès. L’épigraphiste Manuel Rodríguez de Berlanga, par ailleurs reconnu pour son travail pionnier sur les lois municipales espagnoles30, croit pouvoir lire dans les douze lignes horizontales l’intrigue, aussi savoureuse qu’élaborée, d’un « drame de l’amour et de la jalousie », qui, précise‑t‑il, a pu se dérouler à l’époque des moissons31 :

Así resultará que por mero consejo del actor mandó el villicus á la muchacha á un trabajo grande para una recién parida, como sería el segar las mieses, y como aparece que la causante de todo fué la mujer de Trofimiano, se deduce claramente que éste era el actor, quien para evitar las repetidas disensiones que entre Máxima y la muchacha se originaban á diario, rogó al aperador que enviase ésta á las distantes hazas de trigo para que al menos mientras durase la siega se interrumpiesen las querellas. He dicho que Máxima debió ser la mujer de Trofimiano, y en este concepto denominarse contubernalis actoris; pero en su lugar se le nombra FUTA, que parece ser equivalente á serva actori in contubernio tradita, palabra formada quizás de la terminación femenina del participio sincopado de futuo, verbo de que tanto abusó Marcial […]. De lo que se deja expuesto se desprende que este curioso fragmento epistolar da á conocer los rasgos más salientes de un drama de amor y celos […]. Era administrador de la finca un tal Trofimiano, el cual hubo de prendarse de las nacientes gracias de una joven esclava, cuyo nombre no da á conocer el texto, y que formaba parte de la numerosa familia servil adscrita á la finca.

Debió seducirla, desliz que no era castigado entre esclavos, y menos si traía como natural consecuencia alguna prole que viniese á aumentar el contingente servil. Celosa Máxima de la seducida joven, tales escándalos promovería de continuo que el mismo Trofimiano pidió al aperador que separase á la muchacha por algún tiempo de Máxima, enviándola á la más distante de las dehesas, donde por lo abrumador del trabajo enfermó la infortunada, que acababa de parir, muriendo de resultas de ello. Nigriano, el bueno del villicus, que con su condescendencia había contribuido á resultado tan triste, participó lo ocurrido al dueño, Máximo, sin ocultarle lo más mínimo, quien hecho cargo de lo sucedido, ordenó al tal vilico que castigase á la contubernal de Trofimiano y á éste le retirase el peculio de que disfrutaba, dejándolo casi exhausto de recursos […].

12La peine encourue par Maxima et Trofimianus est ainsi précisée : « […] se entiende sin dificultad que á Máxima se aplicase la pena corporal de azotes y á Trofimiano la pecuniaria de privarle de todo el peculio […]. »

  • 32 Ainsi J. Cascales y Muñoz, Apuntes para la historia de Villafranca de los Barros (Badajoz), ouvr. c (...)
  • 33 « La traducción de la inscripción nos indica que se trata de una misiva de carácter privado entre M (...)

13Sur le conseil de l’actor, Nigrinianus aurait donc, selon Berlanga, envoyé l’esclave qui venait d’accoucher accomplir un travail qui a provoqué son décès ; la dénommée Maxima étant jugée responsable, l’auteur ne doute pas que des querelles quotidiennes l’opposaient à l’esclave en question. Maxima serait la compagne de Trofimianus ; la jeune esclave « aux grâces naissantes » aurait été séduite par Trofimianus et en serait tombée enceinte, suscitant la jalousie mortelle de Maxima. Devant le scandale fait par cette dernière, Trofimianus, qui serait l’actor, aurait obtenu de l’intendant l’éloignement de la jeune mère ; celle‑ci serait morte d’épuisement. Dans le message sur tuile qui nous est parvenu, Maximus ordonnait le châtiment de Maxima et celui de Trofimianus, la première probablement au fouet, le second à être privé de son pécule. Cette interprétation a largement été reprise, avec plus ou moins de détails et plus ou moins de variantes32 : selon une autre version, que l’on trouve notamment dans la fiche du catalogue en ligne du MAN, l’esclave enceinte aurait par exemple été maltraitée par Maxima jusqu’à ce que mort s’ensuive33.

  • 34 J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (1897‑1908), a (...)
  • 35 Filia est ainsi lu « con absoluta seguridad » par J. M. de Navascués, « Manuscritos latinos en barr (...)
  • 36 J. Mallon, « Une tuile écrite avant cuisson », art. cité, p. 91‑92. Également J. Mallon, « Nouveaux (...)

14Plusieurs relectures de l’inscription et mises au point successives sur le texte ont sensiblement réduit les possibilités d’une explication aussi dramatique du document. Tout d’abord, le paléographe Jean Mallon a dès 1951 corrigé la transcription des lignes horizontales 10‑12 : celles‑ci doivent se lire et hoc Maxima fecit | Trofimiani filia et casti|ga illum quare somni|closus est34. Maxima, de façon tout à fait ordinaire, est donc identifiée à la fois par son nom personnel unique et par son patronyme ; il est ensuite ordonné qu’un esclave masculin doit être puni « car il est endormi ». Bien qu’elle semble indubitable35 (il apparaît clairement sur les photographies que ce qui a été pris comme la barre du T de fota est en réalité le jambage inférieur du dernier A de Maxima à la ligne supérieure), cette lecture a échappé à la majorité des commentateurs. Il est en outre remarquable que J. Mallon, qui a fait justice de la lecture fota, ne se soit pas dépris de l’interprétation « romanesque » du texte. Pour conserver à Maxima ses desseins homicides à l’égard d’une rivale enceinte, il a fallu reporter le prétendu attachement sentimental de la criminelle, désormais fille et non plus concubine de Trofimianus, sur le père désormais anonyme de l’enfant à naître et supposer que l’actor lui‑même, responsable de l’attribution des tâches aux esclaves, était épris de Maxima36 :

[L’]esclave puni avait nom Trophimianus et était le père « endormi » de la principale responsable du crime, Maxima, dont il n’avait pas surveillé les agissements : Maxima avait obtenu de l’administrateur du domaine (actor) qu’il ourdît une machination si dangereuse pour lui qu’il avait cherché à la camoufler en accident de travail ; il s’agissait de faire mourir une jeune femme enceinte en lui faisant exécuter un travail que ne pourrait supporter son état ; et l’administrateur avait chargé Nigrianus, qui ignorait cet état, d’envoyer la jeune femme à ce travail dont elle était, en effet, morte.

Nous pouvons maintenant aller plus loin et lire entre les lignes. Pour que l’administrateur ait accordé une telle faveur à Maxima, il faut bien admettre qu’il ait éprouvé pour elle des sentiments à ne lui rien refuser, et pour que Maxima lui ait demandé cette même faveur, il a fallu que la jeune femme à tuer fût enceinte, précisément, des œuvres d’un garçon que Maxima voulait pour elle‑même. Un homme important s’est fait l’instrument de la vengeance meurtrière qu’inspirait à une femme la passion qu’elle éprouvait pour un autre. Une Phèdre de campagne s’en est prise, non pas à Hippolyte, mais à Aricie. Telle est la conclusion à laquelle conduit un raisonnement fondé, à son départ, sur l’observation de petits traits qui passent les uns au‑dessus des autres. Cette observation permet, au bout du compte, de déterminer les rôles des personnages et leurs mobiles, dans une affaire criminelle où nous ne pouvions rien comprendre. Enfin et surtout, l’esclave est puni pour avoir été somniclosus, et ce grief ne saurait s’appliquer à l’administrateur : loin d’être inactif, il a monté la machination destinée à venger la fille de Trophimianus, lequel a été, lui, un « endormi ».

  • 37 J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (1897‑1908), o (...)

15De plus, en raison du poids de la tuile (14 kg), J. Mallon affirmait qu’il fallait voir dans l’objet, non pas une missive, mais l’écriteau placé à l’endroit où l’esclave condamné avait subi son châtiment37.

  • 38 J. Gil Fernández, « Sobre la inscripción latina en teja de Villafranca de los Barros », art. cité. (...)

16Il faut attendre les années 1970 pour que les analyses commencent à écarter l’hypothèse du crime passionnel. Répondant à la reconstitution proposée par J. Mallon, Juan Gil, qui comprend feto tollerat comme fetum tulerat, a en effet montré que « le bien du maître qui avait péri » désigne le fetus, l’enfant à naître, et non la mère, dont on n’avait pas pris en compte l’état au moment de l’envoyer accomplir un travail inadapté. Par ailleurs, l’antécédent de qui dans la subordonnée qui tam magno labori factus fuerat est mancipius domnicus, ce qui amène à traduire la subordonnée par « qui avait été conçu avec tant de difficulté »38. Dès lors, non seulement Maxima n’est pas la fota de Trofimianus, mais sa fille, et l’esclave victime d’un accident du travail a, de façon relativement banale, subi une fausse couche, sans que l’on puisse conclure à une tentative d’assassinat.

  • 39 M. Mayer-Olivé, « Sobre AE 1899, 140: una nueva lectura de una inscripción sobre tegula de Villafra (...)

17Récemment, l’étude de Marc Mayer39 a permis d’éclairer d’un jour nouveau la fin du document. Sa lecture reprend pour les lignes horizontales celle établie par J. Mallon et, en ce qui concerne la dernière ligne, déjà également par E. Hübner dans sa seconde édition de l’inscription (Ephemeris Epigraphica, IX, 176). Les trois dernières lignes, écrites verticalement, qui avaient été, comme on l’a vu, interprétées comme un second problème abordé dans la lettre, consacré au bornage d’un grand domaine, sont appréhendées par M. Mayer comme la suite du message. L’ensemble des lignes horizontales et verticales forment alors un tout cohérent :

Maximus Nigriano | et hoc fuit providentia | actoris ut puellam qui iam | feto tollerat mitteres | illam ac tale labore ut | mancipius dominicus | periret qui tam magno | labori factus fuerat | et hoc Maxima fecit | Trofimiani filia et casti|ga illum quare somni|closus est | hic et LI n(umero) tegla | minus finget scipes | tegala opliun<t>.

  • 40 On peut ainsi rapprocher ce texte des briques de Conimbriga mentionnant la production journalière ( (...)

18En lisant scipes pour excipes (du verbe excipio, stipuler) et oppliun (pour oppleunt ou plutôt oppleant, d’oppleo, remplir), M. Mayer comprend les dernières lignes comme l’injonction faite au responsable de l’atelier de veiller à ce que la production journalière de tegulae soit accomplie, alors qu’un esclave somnic(u)losus, « endormi », s’est arrêté à 51 tuiles. On dispose ainsi d’un message rédigé dans un atelier de fabrication de tuiles, dans un latin rudimentaire, « quasi agrammatical », qui reflète la langue parlée par ces travailleurs40. Une fois le message lu, la tuile pouvait être cuite et retrouver sa fonction première de matériau de construction. En ce qui concerne les lignes horizontales, M. Mayer comprend que l’accident provoqué par le travail excessif est une fausse couche. S’il n’exclut pas totalement l’explication habituelle selon laquelle les manœuvres de Maxima en sont à l’origine, il souligne la possibilité d’une seconde solution, où Maxima, fille de Trofimianus, serait précisément l’esclave avortée, dont l’auteur du texte aurait dans un premier temps omis le nom. Dans ce cas, la rivalité féminine et le « personnage » de la femme influente et malfaisante, qui avait jusque‑là les faveurs de l’historiographie, disparaîtrait totalement.

  • 41 F. Boldrighini, « Lettera di Maximus (Tegola iscritta) », art. cité : « All’origine della gelosia d (...)
  • 42 J. Gil Fernández, « Sobre la inscripción latina en teja de Villafranca de los Barros », art. cité. (...)

19Le texte inscrit dans la tuile apporte un éclairage direct sur le travail servile, écrit de la main d’employés. En cela, il reste un document rare. On peut même le trouver émouvant, pour nos sensibilités contemporaines, sans qu’il soit nécessaire d’ajouter une trame complexe de relations sentimentales entre les protagonistes. C’est pourquoi il est permis de s’étonner de l’admirable pérennité que l’hypothèse du triangle amoureux a conservée au cours du xxe siècle. Celle‑ci figure encore dans les synthèses récentes, même si elle est parfois énoncée avec prudence41, alors que son manque total de justification a déjà été souligné42. Quand bien même on lirait fota plutôt que filia, et même en retenant la solution de la mort de la jeune esclave plutôt que la fausse couche, absolument rien dans le texte, quelles que soient les traductions qui ont été adoptées, ne permet d’affirmer que ce soit la jalousie qui a conduit une des personnes mentionnées à envoyer l’esclave faire un travail dangereux pour elle. La simple incompétence, le manque de prévoyance (traduit par l’ironique providentia) suffisait à expliquer l’affaire.

20Tenter de trouver une explication au « roman » que les historiens ont créé à partir de la tuile de Villafranca de los Barros est certainement aussi hasardeux que cette projection fictionnelle elle‑même ; on s’y risquera donc avec toutes les réserves d’usage. Pour les érudits espagnols de la charnière des xixe et xxe siècles, que le curieux fota n’a pas vraiment fait sourciller, une part de sexisme « traditionnel » n’est vraisemblablement pas à écarter : un homme et deux femmes sont nommés dans un même texte ; les deux femmes sont nécessairement en rivalité et l’amour d’un homme est nécessairement l’objet de leur conflit. Un tel scénario a somme toute nourri bien des œuvres de fiction…

  • 43 Métamorphoses, X, 4.
  • 44 Pour trouver un parallèle avec la punition de l’esclave mentionnée sur la tuile, D. Gordillo Salgue (...)

21Une telle explication n’épuise en revanche pas la question pour J. Mallon, qui après avoir rétabli le très courant filia en lieu et place du fictif fota, n’a pas craint, dans sa volonté de « lire entre les lignes », de se laisser porter par son imagination, dans la lignée de prédécesseurs dont il pouvait prétendre se démarquer. On peut se demander si sa reconstitution du meurtre « camouflé en accident du travail » n’emprunte pas à la littérature antique. Dans ses grandes lignes — des amours serviles sur un grand domaine conclues par une mort violente, la maternité d’une esclave, le châtiment des serviteurs par le maître —, la lecture romanesque de Mallon rappelle en effet étrangement un épisode des Métamorphoses d’Apulée. Au livre VIII, 22 est racontée l’histoire tragique d’une famille d’esclaves ruraux. Le uilicus, l’intendant du domaine, est l’esclave à qui est confiée la tutelle de la familia, c’est-à-dire de l’ensemble des esclaves. Sa femme est également esclave sur le domaine (conserua) et ils ont ensemble un enfant nouveau‑né. L’intendant a une relation avec une femme libre qui vit à l’extérieur de la propriété. Folle de jalousie, sa femme détruit les comptes du domaine tenus par son compagnon et se suicide avec son enfant. Le maître en colère condamne l’esclave, préalablement enduit de miel, à être dévoré par les fourmis. Un second indice de la porosité entre le texte apuléien et l’interprétation de Mallon est l’expression de « Phèdre de campagne » utilisée pour désigner Maxima : la prétendue responsabilité dans la mort d’une rivale ne suffit pas à justifier la comparaison avec la figure tragique de Phèdre. En revanche, un autre épisode des Métamorphoses évoque réellement une belle-mère amoureuse et criminelle. L’action se situe dans une petite cité (ciuitatula) et non stricto sensu à la campagne ; le maître de maison possède toutefois plusieurs fermes disséminées dans la campagne43. La femme de ce père de famille, épousée en secondes noces, tombe amoureuse de son beau-fils ; comprenant que l’adolescent refuse de céder à ses avances, elle se venge en l’accusant du meurtre de son propre fils, accidentellement empoisonné par le breuvage destiné à son demi-frère. Les similitudes entre ces épisodes des Métamorphoses et la reconstitution de J. Mallon donnent le sentiment que le grand paléographe a été influencé, sans doute inconsciemment, par sa culture littéraire. On ne peut exclure également que J. Mallon, comme d’autres commentateurs de la tuile, ait pu céder à la tentation de retrouver dans une source primaire le monde haut en couleurs du roman apuléien44.

  • 45 V. Cabezas de Herrera y Fernández, Perceiana: La tegula de Villafranca, D. Gordillo Salguero (pr.), (...)
  • 46 A. Ortiz, « Anoche se presentó en la Casa de la Cultura el libro “Perceiana. La tégula de Villafran (...)

22Quelle que soit l’influence qu’Apulée a pu avoir sur les historiens, qui n’est pas formellement démontrable, il est certain que la tuile de Villafranca de los Barros a souvent excité l’imagination. Le succès de l’histoire passionnelle que l’on a cru pouvoir lire dans ce message trivial est tel que l’inscription a véritablement servi de matériau romanesque. Inspiré par ce qu’il convient d’appeler une fiction créée par les historiens, un écrivain local a publié en 2017 un roman historique intitulé Perceiana: La tegula de Villafranca45, préfacé par D. Gordillo Salguero, et qui promet au lecteur « un peu de suspens »46.

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Notes

1 C’est avec plaisir que je remercie M.‑C. Ferriès pour m’avoir encouragée à mettre par écrit mes soupçons sur l’interprétation sentimentale du texte de Villafranca de los Barros et sa filiation avec le récit d’Apulée. Je la remercie également pour ses amicaux et toujours précieux conseils.

2 A.‑F. Baroni et M.‑A. Le Guennec, « Les Métamorphoses d’Apulée : entre mondes grec et romain, un document pour l’historien ? » et M.‑C. Ferriès : « La fiction, une réalité outrée ? Le Satiricon et la critique politique », dans ce numéro des Cahiers d’études italiennes, contributions auxquelles nous renvoyons pour la bibliographie sur l’usage de ces œuvres par les historiens. On se contentera ici de rappeler l’article célèbre de F. Millar, « The World of the Golden Ass », The Journal of Roman Studies, vol. 71, 1981, p. 63‑75.

3 Inv. 1954/30/01. Voir le catalogue en ligne du musée : <http://ceres.mcu.es/pages/Main>.

4 D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », dans J. Jiménez Ávila, M. Bustamante Álvarez et M. García Cabezas (éds), VI Encuentro de Arqueología del Suroeste Peninsular, Ayuntamiento de Villafranca de los Barros, 2013, p. 1601 et D. Gordillo Salguero, « ¿Pasiones, infidelidad, asesinato? La tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », El Hinojal. Revista de Estudios del MUVI, no 3, 2014, p. 24, avec la bibliographie ; T. Cordero Ruiz, « Mérida y su territorio entre el Imperio Romano y la conquista islámica », dans J. C. López Díaz, J. Jiménez Ávila et F. Palma García (éds), Historia de Mérida, t. I : De los antecedentes de Augusta Emerita al final del Medievo, Mérida, Consorcio de la Ciudad Monumental Histórico-Artística y Arqueológica de Mérida, 2018, p. 447‑488, en particulier p. 460.

5 M. C. Solano y Gálvez, marqués de Monsalud, « Nuevas inscripciones romanas de Extremadura y Andalucía », Boletín de la Real Academia de la Historia, t. 24, 1899, p. 416‑418. Pour la date probable et les circonstances de la découverte, voir D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », art. cité, p. 1600 avec la bibliographie.

6 Son discours de réception est prononcé seulement en juin 1900. Sur la vie, la collection et les articles du marquis de Monsalud, voir J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (1897‑1908): estudio crítico, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Instituto « Antonio de Nebrija » de Filología, 1951, p. viixxvi.

7 <www.man.es/man/fr/actividades/pieza-mes/historico/2021/teja-romana.html> et <http://ceres.mcu.es/pages/Viewer?accion=4&AMuseo=MAN&Museo=MAN&Ninv=1954/30/1>.

8 <http://db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$EE-09_00176.jpg>.

9 <eda-bea.es/helper/img_wrapper.php?copy=+C.+López&img=535b.jpg>.

10 <https://edh-www.adw.uni-heidelberg.de/edh/inschrift/HD018061>.

11 Par exemple, pour les publications récentes : F. Boldrighini, « Lettera di Maximus (Tegola iscritta) », dans C. Parisi Presicce et O. Rossini (éds), Spartaco, schiavi e padroni a Roma. Mostra, Roma, Museo dell’Ara Pacis, 31 marzo-17 settembre 2017, Rome, De Luca editori d’arte, 2017, p. 185‑186 ; D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », art. cité ; D. Gordillo Salguero, « ¿Pasiones, infidelidad, asesinato? », art. cité ; M. Mayer-Olivé, « Sobre AE 1899, 140: una nueva lectura de una inscripción sobre tegula de Villafranca de los Barros », Minima epigraphica et papyrologica, vol. 21, fasc. 23, 2018, p. 147‑157 (repris dans AE, 2018, 819).

12 M. C. Solano y Gálvez, marqués de Monsalud, « Nuevas inscripciones romanas de Extremadura y Andalucía », art. cité, p. 418. E. Hübner, « Epistula scripta in latere nondum cocto et nuper inventa in hispania cum commentario Aemilii Hübner », Revue des études anciennes, t. I, no 3, 1899, p. 253.

13 J. M. de Navascués, « Museo Arqueológico Nacional. La teja de Villafranca de los Barros », Memorias de los Museos Arqueológicos Provinciales, vol. 15, 1954, p. 56. J. M. de Navascués, « Manuscritos latinos en barro del Museo Arqueológico Nacional », Revista de Archivos, Bibliotecas y Museos, vol. 62, 1956, p. 541‑542, n. 1. L. Núñez Contreras, Manual de paleografía. Fundamentos e historia de la escritura latina hasta el siglo viii, Madrid, Catedra, 1994, p. 356 ; M. Mayer-Olivé, « Sobre AE 1899, 140: una nueva lectura de una inscripción sobre tegula de Villafranca de los Barros », art. cité, p. 147, n. 1 (M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », Revista de Archivos, Bibliotecas y Museos, vol. 4, 1900, p. 5 et J. Cascales y Muñoz, Apuntes para la historia de Villafranca de los Barros (Badajoz), Madrid, Estabablecimiento Tipográfico de Fortanet, 1904, p. 44 proposaient déjà le iiie siècle).

14 En particulier J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (1897‑1908), qui jugent l’apport scientifique du marquis de Monsalud « prácticamente […] nulo » (p. xxv). Cette critique a depuis été nuancée, par exemple par C. Callejo Serrano, « Inscripciones del museo de Cáceres, publicadas por Monsalud y por Mallon y Marín », Revista de estudios extremeños, vol. 26, no 3, 1970, p. 421‑461.

15 D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », art. cité, p. 1605‑1608. D. Gordillo Salguero, « ¿Pasiones, infidelidad, asesinato? », art. cité.

16 M. C. Solano y Gálvez, marqués de Monsalud,, « Nuevas inscripciones romanas de Extremadura y Andalucía », art. cité, p. 416‑417.

17 Le marquis a lui‑même publié une photographie de l’inscription dans Ibid., p. 417. Sa transcription manuscrite est disponible en ligne à l’adresse suivante : <www.cervantesvirtual.com/obra-visor/transcripcion-del-marques-de-monsalud-de-una-inscripcion-de-villafranca-de-los-barros--burguillos-con-algunas-notas/html/103f3554-d233-4c99-8029-477320f70aa3_1.html>.

18 Le texte de la tuile portant de façon lisible qui (même si le i se trouvant sur la cassure de la tuile), cette correction de qui n’est généralement pas conservée : à partir du ive siècle, la forme qui du pronom relatif peut avoir pour antécédent un nom féminin ; cf. J. Gil Fernández, « Sobre la inscripción latina en teja de Villafranca de los Barros », Habis, no 16, 1985, p. 184.

19 Ephemeris Epigraphica, vol. IX, 1913, no 176. Dans son commentaire, H. Dessau cite Columelle, De l’agriculture, XI, 1, 13, à propos des devoirs d’un uilicus, qui semble offrir un parallèle avec le texte de la tuile (somniculosum plurima effugiunt : un grand nombre de choses échappent à celui qui dort (de façon excessive)).

20 AE, 1899, 140. AE, 1899, 107 cite également le travail du marquis de Monsalud : M. C. Solano y Gálvez, marqués de Monsalud, « Nuevas inscripciones romanas de Extremadura y Andalucía », art. cité, p. 417.

21 Par exemple, M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, p. 18. M. Gómez-Moreno Martínez, « Las lenguas hispánicas », Boletín del Seminario de Estudios de Arte y Arqueología, no 8, 1941‑1942, p. 13‑32 (repris dans M. Gómez-Moreno, Miscelaneas. Historia-Arte-Arqueologia (dispersa, emendata, addita, inedita), Madrid, Silverio Aguirre, 1949, p. 210‑211), suit quant à lui la version de l’Ephemeris Epigraphica, vol. IX et transcrit Trofimiani fota et quare somniclosus est. Au moment de la rédaction de cet article, la lecture Trofimiani fota et (e)x omni | closus est est adoptée sur les bases de données en ligne Epigraphische Datenbank Heidelberg et Hispania Epigraphica. Cette dernière présente une notice de J. L. Gómez-Pantoja, dont la transcription est pour l’essentiel reprise dans le catalogue de l’exposition consacrée aux esclaves et à leurs maîtres, tenue à Rome en 2017 : cf. F. Boldrighini, « Lettera di Maximus (Tegola iscritta) », art. cité. EDCS suit Trofimiani fota mais corrige (e)<x=S> omni | c(u)losus est. Trofimiani fota et (e)x omni | closus est est également la solution retenue par de D. Gordillo Salguero, qui cite les travaux de Mallon pour en critiquer l’interprétation « sentimentale » du texte, sans signaler la lecture filia en lieu et place de fota : cf. D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », art. cité, p. 1605 ; D. Gordillo Salguero, « ¿Pasiones, infidelidad, asesinato? », art. cité, p. 29. En revanche, J. Vives (éd.), Inscripciones latinas de la España romana: antología de 6.800 textos, vol. I : Textos, Barcelone, Universidad de Barcelona, Consejo superior de investigaciones científicas, 1971, p. 605, no 6437 suit la transcription de Mallon et Marín (J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (1897‑1908), ouvr. cité, p. 72) ; voir ci‑dessous.

22 La tuile de Villafranca de los Barros n’est pas le seul document pour lequel le marquis a avancé une lecture hasardeuse, quand son correspondant Hübner reconnaissait prudemment n’être pas en mesure de déchiffrer le texte : voir J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (1897‑1908), ouvr. cité, p. xv.

23 Ainsi M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, p. 19 (et p. 2, 6‑8) : [F]ige limites l(atifundii) a mont[e] Anceti <ad> cip<p>os [fina]les A(gri municipalis) Lacipe[ae] ; J. Cascales y Muñoz, Apuntes para la historia de Villafranca de los Barros (Badajoz), ouvr. cité, p. 46 et 50 : [F]ige limites l(atifundii) a mont(e) Tanceti (ad) cipos [fina]les a(gri) Lacipe(ae). M. Gómez-Moreno, Miscelaneas. Historia-Arte-Arqueologia (dispersa, emendata, addita, inedita), ouvr. cité, p. 210 offre une lecture personnelle des trois lignes verticales (et tum tegla minui fingi et scindi te salaci pilos ; solution écartée dans J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (1897‑1908), ouvr. cité, p. 72, même si tegla doit certainement être retenu, comme on le verra plus loin.

24 Ainsi M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité.

25 On pourra se reporter notamment aux traductions suivantes : Ibid., p. 21 : « Máximo á Nigrino […]. Y esto ha sucedido porque mandaste por consejo del administrador á aquella muchacha, que acababa de estar embarazada, á un trabajo tal que pereció la esclava; lo cual había acontecido por lo fuerte de la faena. La causante de ello fué Máxima, la contubernal de Trofimiano. Castiga á ésta y que él sea privado de casi todo. “Fija los linderos de la latifundia desde el monte Anceti hasta los cipos finales del campo municipal de Lacipea” […] » ; J. Cascales y Muñoz, Apuntes para la historia de Villafranca de los Barros (Badajoz), ouvr. cité, p. 46 : « Máximo a Nigriniano. ¡Con que tal fue la imprevisión del administrador, que a la muchacha que ya había parido, la mandases a hacer el trabajo que pereció la esclava por causa de tan ruda labor! Y de este tuvo la culpa Máxima, la manceba de Trofimiano. Cástigala y él que sea privado de su peculio. || Señala los linderos de la finca, desde el monte Tances hasta los cipos finales del campo de Lacipea » ; D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », art. cité, p. 1607 : « Y esta fue la previsión que mostraste como responsable: enviar (a trabajar) a una joven que ya llevaba un feto, y que, como resultado de semejante esfuerzo, pereciese el beneficio del amo, que había sido concebido con un gran esfuerzo. Y esto lo provocó Máxima, la encinta de Trofimiano. ¡Castígala! » ; F. Boldrighini, « Lettera di Maximus (Tegola iscritta) », art. cité, p. 185 : « Massimo a Nigriano: ed è stata responsabilità dell’actor avere adibito la ragazza incinta a lavori di durezza tale da causare la morte del feto, proprietà del padrone, che era stato concepito con tanta fatica. E ciò fu fatto da Maxima, la concubina di Trofimianus. Castiga lui, e che sia estromesso da tutto. || Segna i confini della proprietà dal monte Tances fino ai cippi terminali della campagna di Lacipea ».

26 M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, p. 8‑9. J. Cascales y Muñoz, Apuntes para la historia de Villafranca de los Barros (Badajoz), ouvr. cité, p. 48. J. M. de Navascués, « Manuscritos latinos en barro del Museo Arqueológico Nacional », art. cité, p. 539‑542. Cf. M. Mayer-Olivé, « Sobre AE 1899, 140: una nueva lectura de una inscripción sobre tegula de Villafranca de los Barros », art. cité, p. 148.

27 M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, imaginait que la lettre d’instructions écrite par le maître avait été recopiée par un individu moins cultivé.

28 Cf. Columelle, De l’agriculture, I, 8, 19 ; également, dans un contexte fictionnel et comique, Pétrone, Satiricon, LIII, 2.

29 J. Cascales y Muñoz, Apuntes para la historia de Villafranca de los Barros (Badajoz), ouvr. cité, p. 34. M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, p. 2, 6, 17‑18, lit futa. Cette solution est reprise et commentée par J. Cascales y Muñoz, Apuntes para la historia de Villafranca de los Barros (Badajoz), ouvr. cité, p. 45, qui fait le rapprochement avec le mot contemporain de « quatre lettres par lequel le vulgaire désigne […] les femmes prostituées ».

30 Cf. E. Gran-Aymerich, Dictionnaire biographique d’archéologie, 1798‑1945, Paris, CNRS Éditions, 2001, p. 591‑593.

31 M. Rodríguez de Berlanga, « Fragmentos de una epístola romana », art. cité, p. 17‑19.

32 Ainsi J. Cascales y Muñoz, Apuntes para la historia de Villafranca de los Barros (Badajoz), ouvr. cité, p. 8.

33 « La traducción de la inscripción nos indica que se trata de una misiva de carácter privado entre Máximo, propietario de un dominio rural, con su hombre de confianza Nigriano, acerca de un hecho protagonizado por Máxima, sierva del dominio, y una de las esclavas embarazadas a la que maltrató hasta la muerte. El propietario da orden para que se castigue a los culpables de haberle privado de dos esclavos: la mujer fallecida y el hijo que esperaba. Por último, Máximo da instrucciones para que se realicen una serie de trabajos de demarcación en sus tierras mediante cipos. » (<http://ceres.mcu.es/pages/Main>)

34 J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (1897‑1908), art. cité, p. 72. Par la suite, Mallon est revenu sur l’étude de l’inscription, pour tenter de démontrer que plusieurs mains avaient utilisé la tuile comme support d’écriture avant le passage au four et que trois textes distincts y figuraient : les trois lignes verticales, « restes de la fin d’un texte supprimé » ; la ligne horizontale no 6, au milieu de la tuile ; enfin le texte des lignes horizontales 1 à 5 et 7 à 12) ; il fallait par conséquent supprimer la l. 6 (mancipius domnicus) pour lire les lignes horizontales, qui seraient le texte principal. Voir J. Mallon, « Une tuile écrite avant cuisson », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1973, p. 86‑92. Cette solution a été réfutée par J. Gil Fernández, qui a montré que mancipius dominicus, seul antécédent possible de qui dans qui tam magno labori factus fuerat, ne pouvait être éliminé (J. Gil Fernández, « Sobre la inscripción latina en teja de Villafranca de los Barros », art. cité).

35 Filia est ainsi lu « con absoluta seguridad » par J. M. de Navascués, « Manuscritos latinos en barro del Museo Arqueológico Nacional », art. cité, p. 540.

36 J. Mallon, « Une tuile écrite avant cuisson », art. cité, p. 91‑92. Également J. Mallon, « Nouveaux commentaires sur la tuile de Villafranca de los Barros », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1977, p. 128‑130.

37 J. Mallon et T. Marín (éds), Las inscripciones publicadas por el marqués de Monsalud (1897‑1908), ouvr. cité, p. 72. J. Mallon, « Une tuile écrite avant cuisson », art. cité. J. Mallon, « Nouveaux commentaires sur la tuile de Villafranca de los Barros », art. cité ; repris dans J. Mallon, De l’écriture : recueil d’études publiées de 1937 à 1981, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1982, p. 323‑324 et p. 330. Pour les lignes verticales, J. Mallon lit [-]ectum tegla | [---] et super | [---] tegala [---].

38 J. Gil Fernández, « Sobre la inscripción latina en teja de Villafranca de los Barros », art. cité. Également D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », art. cité, p. 1609.

39 M. Mayer-Olivé, « Sobre AE 1899, 140: una nueva lectura de una inscripción sobre tegula de Villafranca de los Barros », art. cité, en particulier p. 150‑155 (repris dans AE, 2018, 819 ; également cité par I. Di Stefano Manzella, « Uomini e donne al lavoro: Mercedes e rapporti sociali nell’industria laterizia romana », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, vol. 221, 2022, p. 261‑262).

40 On peut ainsi rapprocher ce texte des briques de Conimbriga mentionnant la production journalière (voir J. Alarcão et R. Étienne (éds), Fouilles de Conimbriga, t. II : Épigraphie et sculpture, Paris, Éditions de Boccard, 1976, p. 159-195, nos 358a, 359, 364, 367‑370, 420‑421, qui ont permis de supposer que la tâche quotidienne à accomplir s’élevait à 200 unités) ou de la tuile de la Boatella (Valence), où a été inscrite avant cuisson un échange entre le comptable d’un atelier de production de tuiles et un acheteur (J. Corell, Inscripcions romanes del País Valencià, vol. V : Valentia i el seu territori, Valence, Universitat de València, « Fonts històriques valencianes », 2009, p. 205‑205).

41 F. Boldrighini, « Lettera di Maximus (Tegola iscritta) », art. cité : « All’origine della gelosia di Maxima era forse stata una relazione amorosa tra la schiava e lo stesso Trofimianus. »

42 J. Gil Fernández, « Sobre la inscripción latina en teja de Villafranca de los Barros », art. cité. D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », art. cité. D. Gordillo Salguero, « ¿Pasiones, infidelidad, asesinato? », art. cité (malgré la lecture fota au lieu de filia) et finalement M. Mayer-Olivé, « Sobre AE 1899, 140: una nueva lectura de una inscripción sobre tegula de Villafranca de los Barros », art. cité.

43 Métamorphoses, X, 4.

44 Pour trouver un parallèle avec la punition de l’esclave mentionnée sur la tuile, D. Gordillo Salguero a d’ailleurs fait le rapprochement avec le passage d’Apulée (Métamorphoses, VIII, 22), sans mettre en question la validité de ce dernier en tant que source : cf. D. Gordillo Salguero, « Mancipius dominicus periret. La epístola latina sobre tegula de Villafranca de los Barros (Badajoz) », art. cité, p. 1610‑1611.

45 V. Cabezas de Herrera y Fernández, Perceiana: La tegula de Villafranca, D. Gordillo Salguero (pr.), S. Vázquez Arenas (il.), F. J. Durán García (ed. lit.), Badajoz, Asociación de Amigos del Museo Histórico y Etnográfico de la Ciudad de Villafranca de los Barros, 2017. Perceiana, dernière mansio avant Augusta Emerita sur la route qui vient d’Italica, est généralement identifiée à Villafranca de los Barros (Itinerarium Antoninum, 432, 7).

46 A. Ortiz, « Anoche se presentó en la Casa de la Cultura el libro “Perceiana. La tégula de Villafranca”, de Valeriano Cabezas », HOY Villafranca de los Barros, 22 sept. 2017, <https://villafranca.hoy.es/noticias/201709/22/anoche-presento-casa-cultura-20170922180424.html>.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Anne-Florence Baroni, « Sexe, meurtre et roman latin : les liaisons dangereuses d’Apulée et d’une tuile lusitanienne »Cahiers d’études italiennes [En ligne], 35 | 2022, mis en ligne le 30 septembre 2022, consulté le 04 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cei/11673 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cei.11673

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Auteur

Anne-Florence Baroni

Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ANHIMA
anne-florence.baroni@univ-paris1.fr

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