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Carnets de terrain
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Les lisières du Parc national de forêts comme témoin d’une mémoire environnementale

Carnet d’un atelier d’enquête en géographie des émotions
The edges of the National forests Park, witness to an environnemental memory
Agnès Guerin, Gabriel Barrès, Valentin Brochet, Ulysse Chabroux, Capucine Garnier Muller, Amandine Reist, Emma Weingand et Gaëlle Ronsin

Résumés

Les parcs nationaux français cherchent désormais à protéger les interactions sociales et naturelles qui produisent leurs paysages. Les lisières sont un exemple d’entités du paysage mêlant de multiples dimensions. Elles forment une mémoire environnementale de la forêt en révélant des pratiques et usages très divers d’un même espace rural. De façon contemporaine, les lisières sont également un enjeu des politiques de la continuité écologique ou des préoccupations de cohabitation. En s’appuyant sur le terrain du Parc national de forêts, créé en 2019, un atelier d’enquête composé d’étudiants a voulu questionner de façon sensible l’écologie sociale des lisières agroforestières pour les acteurs de la protection de la nature. Premièrement, la sémantique autour des lisières fait apparaître un vocabulaire de l’esthétisme qui révèle des préoccupations et propriétés spécifiques à ces lieux. Deuxièmement, la lisière est paradoxalement un espace remarquable pour certains acteurs mais complètement inexistante et invisible pour d’autres. Enfin, ces lieux ou non-lieux retracent de façon dynamique les mémoires environnementales des forêts et de leurs usages sur ces territoires.

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Texte intégral

Corresponding author : Gaëlle Ronsin

  • 1 Ce texte est écrit en mémoire d’Agnès Guerin, étudiante au département de géographie de l’ENS décéd (...)
  • 2 La loi Grenelle Loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Gren (...)

1Pour lutter contre la fragmentation des habitats naturels – causée par l’urbanisation, les transports, ou des ouvrages énergétiques – l’idée de continuité écologique est devenue primordiale dans les politiques publiques1. Elle vise à favoriser la circulation des espèces vivantes dans un aménagement du territoire intégrant la dynamique des espèces et la solidarité des milieux. Les travaux français en géographie se sont penchés ces dernières années sur la restauration de la connectivité des cours d’eau (Morandi, 2014) ou l’application des politiques de trame verte et bleue2 (Delclaux & Fleury, 2020) et leur appropriation plus ou moins réussie dans des parcs naturels (Locquet et Clauzel, 2018), des espaces agricoles ou des villes (Glatron et al, 2012). Les trames vertes et bleues ont été définies à l’échelle nationale dans le cadre du Grenelle de l’environnement dans un processus participatif (Vimal et al, 2012). Elles ont été constituées en simplifiant les incertitudes et complexités liées à la notion de réseau écologique. La politique des trames se fonde sur des zonages préalables autour des capacités de déplacement des espèces à l’échelle du paysage. La méthode et le fonctionnement de ces trames vertes et bleues à l’échelle territoriale oblige les acteurs à porter attention à la délimitation et la protection des espaces qui ont été définis comme couloirs écologiques et réservoirs de biodiversité. Or, les lisières forestières présentent un potentiel en tant que tel pour servir de couloir écologique (Husson, 2013), notamment lorsqu’elles sont morcelées et forment différents îlots et lignes d’espaces boisés, et non pas une coupe nette entre zone forestière et espace agricole. Il s’agit d’un espace de discontinuité, défini par l’interaction entre deux milieux différents qui permet l’emboîtement des échelles.

  • 3 À cheval sur le nord du département de la Côte d’Or et le sud de la Haute-Marne, ce parc occupe dan (...)

2Cet article soutient que la protection de cet objet naturel discontinu incarne les paradoxes rencontrés par le nouveau Parc national de Forêts. Ce onzième parc a été créé par décret le 6 novembre 2019, après quasiment 10 années de préfiguration3. Le Grenelle de l’environnement en 2007 sous le gouvernement Fillon annonce en effet trois nouveaux parcs nationaux en France dont l’un devra être consacré à la forêt feuillue de plaine. Des actions se développent pour la préservation de ce « patrimoine » forestier et de la faune remarquable qu’il abrite (chat forestier, cigogne noire, chouette de Tengmalm entre autres) sur fond de craintes ou tensions sur le modèle de conservation choisi, expliquées par les articles scientifiques produits sur ce terrain par la déprise économique relative de ce territoire (Untermaier, 2020 ; Michaux et Laslaz 2022). L’expression d’oppositions à un parc est classique, comme le montre Samuel Depraz à propos des parcs allemands :

« L’acceptation locale d’une structure spatiale étendue et contraignante telle qu’un parc national ne va pas de soi. Mais l’on aimerait insister sur un point : l’opposition au parc national ne s’exprime jamais directement, elle passe d’abord par une série de conventions oratoires et par la reconnaissance du bien-fondé théorique de la protection de la nature » (Depraz, 2005).

3Il a en effet été entériné la poursuite de l’exploitation économique de la forêt et des activités de chasse dans le parc national, malgré les politiques habituellement plus restrictives dans les zones coeur et une critique actuelle pour renforcer la préservation de « zones sauvages » non anthropiques (Maris, 2018). Les parcs nationaux demeurent dès leur création des lieux d’usages (chasse, pastoralisme, agriculture) sans mettre le territoire « sous cloche » (Larrère et al, 2009 ; Laslaz et al, 2022). Toutefois, la dimension marchande apparaît plus forte sur le nouveau terrain du parc des Forêts. Sa charte met ainsi en avant la préservation et la connaissance « des patrimoines, des activités humaines et de leurs interactions » ainsi que l’accompagnement des « filières existantes et l’incitation à l’innovation ».

4Nous avons voulu tenter de saisir les représentations des acteurs de la conservation de la nature autour des lisières en nous demandant si ces entités véhiculent des appréhensions spatiales et temporelles variées au sein de ce nouveau parc. Il s’agira aussi de voir comment les lisières sont des éléments traduisant dans le paysage des pratiques controversées (chasse, économie forestière). L’analyse spatiale permet ainsi de restituer les rapports de pouvoir et tension en jeu concernant des interactions socio-écologiques (Vimal et Mathevet, 2011). En effet, les lisières peuvent être également envisagées comme « un imbroglio inséparable de formes de relations qui sont à la fois sociales et biophysiques » (Meulemans et Tondeur, 2018). Outre son caractère discontinu, la lisière peut être comprise dans une épaisseur continue. Elle s’insère dans un territoire, géographique aussi bien que social, qui est structuré par des fractures et des lignes de clivage mouvantes donnant lieu à des usages et des rapports sociaux variés : de voisinage, de propriété, ou de collaboration.

5Cette approche des lisières suit la littérature sur les frontières qui les conçoit comme espace de composition des mondes (Ronsin, 2022). Toute lisière est conçue à la fois comme un lieu de rupture et de contact, de compromis et de combinaison. Notre typologie des lisières suit cette appréhension.

Encadré 1. Typologie des lisières identifiées selon les (dis)continuités produites

Lisières intraforestières, délimitant des chemins ou pistes forestières (photo 1 et 2)

Lisières agro-forestières (entre la forêt et un champ agricole) particulièrement nombreuses à proximité de la réserve intégrale située dans le parc (photo 6)

Lisières limites : lisières entre des massifs forestiers plus dispersés en aire d’adhésion ou limites de la forêt avec un cours d’eau (photo 3)

Lisières habitations : lisières comme contact de la forêt avec des zones urbanisées ou exploitées (photo 5)

Lisières de bord de routes (photo 4 et 5)

6A la manière dont Fabien Clouette le conceptualise pour le milieu marin, nous proposons pour cet article d’analyser via les émotions la « mémoire environnementale » des lisières afin d’examiner la manière qu’ont des usagers de « réinvestir un rapport au passé, de régir en s’adaptant aux surprises du présent, et de projeter un futur structuré au-delà du scénario prévu de gestion environnementale. » (Clouette, 2023 : 1).

7Premièrement, nous montrerons que la sémantique autour des différents types de lisières identifiées fait apparaître un vocabulaire de l’esthétisme qui révèle des préoccupations et émotions spécifiques à ces lieux. Deuxièmement, nous montrerons que les fonctions multiples des lisières en font paradoxalement un espace naturel remarquable pour les naturalistes et acteurs du parc mais complètement inexistante et invisible pour d’autres usagers. Enfin, ces lieux périphériques permettent de retracer de façon dynamique des « mémoires environnementales » (Clouette, 2023) des forêts et de leurs usages sur ces territoires.

Méthode : un atelier collectif pour expérimenter la géographie des émotions

8Ces réflexions sont issues d’un atelier mené au Centre de formation sur l’environnement et à la société de l’Ecole Normale Supérieure – Paris Sciences Lettres, qui a pour vocation d’expérimenter une enquête de terrain pluridisciplinaire sur les enjeux scientifiques et sociaux de la préservation de la biodiversité. L’idée est de soumettre au regard d’étudiants de master d’horizons différents [géographie (Gabriel Barrès et Agnès Guérin), biologie (Valentin Brochet, Ulysse Chabroux), philosophie (Capucine Garnier-Muller), anthropologie (Amandine Reist), histoire (Emma Weingand)] l’étude d’un même objet ou processus. Une étude de la documentation du parc (gestion des bords de route, charte, documents de cadrage), trois jours d’observations sur le territoire du parc (du 20 avril au 22 avril 2021) et sept entretiens constituent notre matériau d’analyse. Cet article vise à rendre compte de cette exploration de terrain et du potentiel heuristique d’une rencontre physique avec les lieux et paysages ; expérimenté à travers la photographie, un carnet collectif d’enquête et des croquis, et des expériences d’appréhension de l’espace tirées de la géographie des émotions (Guinard et Tratnjek, 2016).

Zonages établis selon les missions que se donne le parc forêt sous le registre de la « durabilité » (libre évolution forestière, gestion durable de la forêt exploitée, agriculture durable, tourisme durable). En marron sont indiquées les « trames » à conserver (prairies, paysages, cours d’eau, bâtis).

Source : Parc national des Forêts, juin 2019

Encadré 2. S’essayer à la géographie des émotions pour enquêter

La géographie des émotions a été conçue par des auteurs anglo-saxons (Davidson et al, 2007) dans le but de rendre compte de la dimension émotionnelle des rapports aux lieux, qu’il s’agisse d’émotions ordinaires ou extraordinaires. Les émotions sont conçues comme un processus foncièrement social, produites par l’interaction des sociétés et de leur environnement. Nous avons suivi la proposition de ces auteurs de s’intéresser à la façon dont ces émotions s’incarnent dans des espaces et de confronter des émotions face à un élément commun (Guinard et Tratnjek, 2016). Nous avons suivi la méthode, conseillée par ces auteurs de la géographie sensible, de la marche. Sept entretiens ont ainsi été conduits en privilégiant des échanges en plein air, sur les sites de lisières. Une typologie des lisières propre à notre groupe a été constituée, en analysant les photographies prises (voir encadré 1). Le caractère collectif du travail a permis d’exprimer les propres émotions de chacun et chacune lors du terrain (découverte, enthousiasme familiarité, crainte etc.) et de s’en distancier au besoin.

Le premier jour, une fois installés au point de départ de notre enquête à Arc-en-Barrois, nous sommes allés visiter les forêts qui sont au cœur de notre travail. Cette promenade de découverte a aussi été placée sous le signe de l’expérimentation : nous avons exploré les lisières les yeux fermés. Nous avons également décrit des types de lisières selon nos observations réalisées dans la forêt domaniale d’Arc-en-Barrois, et nous les avons confrontées sur le vif lors d’un premier échange avec un promeneur.

Quatre entretiens ont été menés avec des acteurs salariés du Parc national de Forêts (président du conseil scientifique, chargé de mission biodiversité, chargée de mission agriculture) et deux botanistes non-salariés mais qui ont pris part au Groupement d’intérêt public pour préparer la création du parc. Ces deux scientifiques nous emmènent observer des lisières qu’ils qualifient à de nombreuses reprises de « remarquables » et « patrimoniales » en ayant à coeur de montrer leur admiration. Ces lisières sont de différents types (au bord des routes, le long des pâturages ou encore au cœur de la forêt) et situées dans plusieurs lieux de la région à Leuglay, Vanvey et près de Germaines et d’Auberive. Nous avons eu ici l’occasion d’appréhender les lisières à travers les regards et émotions des botanistes.

Nous nous sommes également déplacés dans des villages pour rencontrer des acteurs de la conservation de la nature non membre du parc. Nous avons rencontré un maire aux multiples casquettes (Ronsin, 2022), puisqu’il est aussi Vice-Président à la communauté de communes en charge de la voirie, et travaille comme forestier à l’ONF. Nous avons également visité l’exploitation d’une agricultrice très impliquée dans les projets du parc en marchant avec elle le long de ses lisières dans ses champs. Enfin nous avons également réalisé un entretien avec l’administrateur de la Fédération de Chasse de Côte-d’Or au sein du Musée de la Vénerie, au cœur de la forêt domaniale de Châtillon où se pratique, entre autres, la chasse à courre.

Sémantique et esthétique des lisières

9Cette enquête exploratoire fait apparaître que les lisières ne font pas l’objet d’une définition univoque pour les ruraux habitant le parc national. Chacun a une conception spécifique de la lisière : elle se caractérise notamment par un vocabulaire qui indique déjà une émotion singulière par rapport à cet espace protéiforme, qui est modelé par des conceptions, parfois similaires, parfois divergentes.

Photos 1 et 2. Lisières intraforestières

Photos 1 et 2. Lisières intraforestières

Les premières explorations en lisières intra-forestières montrent déjà une diversité des espèces présentes, de la gestion et de l’aménagement des espaces que recouvre le terme de « lisière » au sein du Parc national de forêts.

Clichés : auteurs, 2021

10Notre premier interlocuteur, le chargé de mission biodiversité du PNF, nous a tout de suite orientés vers ce qu’il appelle les « lisières patrimoniales ». Ces dernières se distinguaient par la présence d’espèces végétales rares, qui font l’objet d’une politique de protection (encore embryonnaire) dans le cadre du Parc national. Nos observations avec les botanistes ont porté sur les lisières qui les « intéressent » (extrait d’entretien). Cette émotion de l’admiration traduite par cette expression des lisières « intéressantes » est revenue fréquemment également dans l’entretien avec le maire. Pour ce forestier, une lisière intéressante n’est pas nécessairement celle où l’on trouve des « jolies fleurs ». S’il prend en compte l’intérêt au niveau botanique, une lisière « intéressante », c’est avant tout une lisière qui évolue, « qui passe du stade herbacé au stade fruticée et au stade forestier ».

11Ces professionnels de la conservation caractérisent avant tout une lisière par les espèces que l’on y trouve : ainsi, pendant notre visite des différentes lisières d’intérêt, ils nous ont avant tout montré des lisières remarquables par leur flore : les lisières à gentianes ou à thymélées sont décrites par les botanistes avec des émotions très positives, en insistant sur l’odeur qu’elles dégagent. D’autres lisières caractérisées par leur cordon arbustif unique ou par leur histoire sont évoquées dans des termes positifs par les deux chargés de mission ou le président du scientifique du parc.

Photo 3. Des thymélées au « démarrage » d’une lisière, reconnaissables par leur odeur musquée

Photo 3. Des thymélées au « démarrage » d’une lisière, reconnaissables par leur odeur musquée

Source : auteurs, 2021

12L’agricultrice, qui dit soutenir la création du Parc National de Forêts et ayant reçu une formation de biologiste et d’écologue, partage sa définition de la lisière avec celle des botanistes. Il existe selon elle des « jolies lisières » : celles qui sont « étagées » et qui présentent une continuité entre le champ et la forêt. La lisière qu’elle nous a montré ce jour-ci était « abrupte » et constituait une transition presque verticale entre le champ et la forêt. Pour l’agricultrice, cette lisière était « bien moins belle ». Comme le disent Raphaël et Catherine Larrère, « dans l’admiration pour la nature, savoir scientifique et admiration de la beauté se soutiennent mutuellement » (Larrère et Larrère, 2015).

13La lisière n’est pas un lieu figé dans le temps : en effet, l’agricultrice doit s’occuper de la taille annuelle et de l’entretien des bords de champs pour ne pas perdre de terrain face à l’avancée de la forêt. Cette évolution doit rester limitée, contrôlée, pour ne pas se retrouver confronté à un problème d’espèces envahissantes qui risquent de briser l’équilibre entre espaces forestiers et les autres espaces. C’est notamment le cas pour les marais tufeux : si on laisse trop pousser, « y a plus de marais ». Ces lisières de marais, qui sont des « espaces abandonnés », ne sont donc pas « intéressantes ».

14Mais les acteurs eux-mêmes sont bien conscients que ces descriptions positives par la science de la conservation des lisières ne sont pas partagées par tous. Ce qui est « intéressant » peut faire l’objet de jugements divergents.

15Si l’avis du forestier rejoint dans une certaine mesure celui du botaniste, tous deux considèrent que le promeneur ou le conducteur ne voient pas la lisière du même œil. Le maire rapporte que ses administrés se plaignent des lisières de bord de route, car la présence des hautes herbes ou arbustes le long des voies de circulation n’est « pas propre », « dangereuse » pour la circulation. Pour le maire, l’usager en voiture n’apprécie pas ces lisières de bord de route. Le conducteur pourrait se satisfaire de ce qu’il appelle des « lisières paysagères », qu’il apercevra au loin lors de ses trajets ou visites et qui trouvent leur valeur dans cette « distance » et cet aspect paysager. Le promeneur, lui, préférera se trouver dans ces « lisières patrimoniales », où il pourra regarder en détail les fleurs rares et se réjouir de leur présence.

Photo 4. Une lisière de bord de route, où se croisent la forêt, ses êtres vivants, les conducteurs et les promeneurs

Photo 4. Une lisière de bord de route, où se croisent la forêt, ses êtres vivants, les conducteurs et les promeneurs

Source : auteurs, 2021

16Mais ces représentations ne rejoignent pas complètement nos observations. Le promeneur rencontré ne se réjouit pas de sa sortie en bord de forêt. Il n’évoque jamais le terme de lisière, qui lui semble inconnu. Cet espace n’est pas pour lui « espace de transition », mais espace de coupure, une limite taillée par l’action des forestiers, qu’il mime en imitant un couteau : « Et ils coupent, et ils coupent, ils coupent ». Ce non-lieu se définit par une absence, ce dernier ne retrouvant pas le paysage qu’il a connu petit : « y a plus de forêt. ». La forêt de feuillus variés a en effet été remplacée par des essences à visées marchandes. Ce qui apparaît aux bordures de cette forêt disparue, les « résineux », ne sont pour eux « pas beaux ». La lisière, ses jeunes arbustes, ne se voient pas attribuer la même valeur au « vieux chêne », un « arbre remarquable » qui appartient à la forêt « superbe » qui prenait pied là où se trouve la lisière actuelle.

Photo 5. En bord de lisière au Parc national de Forêts : espace de déambulation pour les riverains, ressource d’exploitation et de stockage pour les forestiers

Photo 5. En bord de lisière au Parc national de Forêts : espace de déambulation pour les riverains, ressource d’exploitation et de stockage pour les forestiers

Source : auteurs, 2021

17Certains acteurs associent immédiatement la lisière à ses processus spécifiques. Le maire intègre ainsi directement la lisière dans sa réflexion sur les « effets de lisières », qui renvoient avant tout à la thématique de « gestion » de ces éléments pour qu’ils protègent efficacement les exploitations forestières des bourrasques et tempêtes. Il se réfère également souvent aux lisières par le terme « bandes enherbées ». Ce terme est issu d’un dispositif de la politique agricole visant à réduire l’effet des produits phytosanitaires utilisés sur les milieux naturels en lisière (cours d’eau, forêts...). Ceci montre qu’il conçoit tout de suite cette entité comme un endroit se situant au contact d’activités humaines, que ce soit l’agriculture ou la circulation automobile. La largeur de cette « bande », la hauteur de cette « herbe » font l’objet de discussions et de la recherche de compromis dans son travail d’élu.

18Une multitude de mots ont ainsi été employés dans nos entretiens pour qualifier les lisières (patrimoniales, paysagères), leurs formes (bandes enherbées, étagées, abruptes) ou leur esthétique (belles, coupées, superbes, moins belles) révélant l’impossibilité à penser cet élément comme une trame paysagère unique. Des émotions plurielles (admiration, danger, abandon) ont été évoquées pour parler de ces lieux de discontinuités ou de transition, nous emmenant à réfléchir à leurs fonctions et à leurs usages foncièrement mouvants.

Les fonctions des lisières comme entité mouvante dans le temps et l’espace.

19Ces définitions plurielles sont étayées par une diversité d’usages et de modes de gestion des lisières. Oscillant entre lieu et non-lieu de la forêt, la lisière est visible pour certains, invisible pour d’autres. Quatre usages au contact des lisières ont été identifiées dans ce terrain (promenade, chasse, agriculture et conservation de la nature). Ils déploient des perceptions mouvantes de ces entités, dans une perspective spatiale et temporelle.

20Le président de la Fédération de Chasse dit être sensible aux lisières car il est « un contemplatif » : il aime marcher dans la forêt mais la lisière n’est pas le lieu d’activité de la chasse à courre qu’il pratique. Cependant le chevreuil vit dans les lisières qui deviennent alors un lieu de la chasse à l’approche du brocard, qui commence le 1er juin. Les lisières peuvent également être investies pour la chasse à l’affût, qui utilise des miradors, c’est-à-dire des constructions surélevées de quelques mètres, ce qui oriente les tirs vers le sol et évite les balles perdues.

Photo 6. Une lisière agro-forestière faisant apparaître un affût de chasse

Photo 6. Une lisière agro-forestière faisant apparaître un affût de chasse

Source : auteurs, 2021

21L’agricultrice nous a décrit la lisière selon plusieurs points de vue : sa position d’agricultrice soutenant le Parc National lui donne une vision multiple de la lisière en tant qu’objet à protéger, à l’interface entre les milieux que le parc veut concilier : les écosystèmes ouverts et la forêt. La lisière est aussi pensée de façon instrumentale : elle rend service à l’exploitation agricole. Une lisière étagée augmente la distance entre les grands arbres et les plantations, et ainsi diminue la compétition dans le sol entre les racines des chênes et celles de ses plants. Une « jolie lisière », étagée, ne nuit pas à la productivité d’un champ (à surface de champ égale). Au contraire, certains oiseaux consommant des ravageurs de récoltes sont les bienvenus. Selon elle, la lisière est un « milieu idéal » lorsqu’il s’agit des négociations : « la lisière, c’est un peu le Saint Graal », un environnement qui vend du rêve dans les débats politiques et les débats de protection. Mais lorsque notre discussion s’est tournée vers la question de la chasse, sa vision de la lisière s’est éloignée de celle entendue ailleurs. Ainsi, l’agricultrice nous a parlé de la lisière comme d’un « espace de tuerie », celui où les chasseurs abattent le plus souvent leur proie. La visibilité des lisières évolue donc en fonction de l’activité qui y est pratiquée.

22La lisière revêt une fonction politique auprès des usagers du territoire, puisque cet espace est modelé par le parc pour former un discours sur la protection de la biodiversité. Il s’agit, selon les salariés du parc national, d’un espace qui fait ressortir des enjeux de protection de la nature :

« la lisière, c’est un habitat qui fait rêver, notamment le gestionnaire, notamment le protecteur, parce que si vous pointez sur la lisière vous avez toujours l’impression d’avoir une diversité maximale ».

23Le parc conduit des actions de sensibilisation sur les lisières, notamment auprès d’agriculteurs, en promouvant une vision instrumentale liées aux « services » rendues (Maris, 2014) :

« Les lisières pour moi et pour le parc c’est l’un des espaces les plus intéressants au niveau de la biodiversité, mais aussi les plus importants pour ses services écosystémiques ».

24Mais cette richesse aurait tendance à être surévaluée. Même si la lisière est un habitat riche qui permet le développement d’espèces rares, elle peut aussi être un repoussoir pour certaines autres espèces : « En fait la lisière a des effets positifs sur certaines espèces, négatifs pour beaucoup d’autres, et qui sont souvent ignorés ». Le président du Conseil Scientifique donne l’exemple d’espèces d’oiseaux qui ont tendance à se rabattre vers le centre de la forêt lorsque de nouvelles interfaces, donc de nouvelles lisières sont créées. Il cite le roitelet triple bandeau et le pouillot siffleur, étudiés dans le PNR des Vosges du nord, deux espèces qui ont tendance à s’éloigner des lisières.

25La fonction politique de la lisière conduit, comme pour les trames évoquées dans l’introduction, à gommer la complexité écologique au profit de l’efficacité de l’argumentaire pour la protection. La mise en visibilité des lisières parc le parc permet surtout d’incarner la notion de continuité écologique dans un territoire, plutôt que l’épaisseur des interactions écologiques et sociales et leurs histoires (Desvigne, 2010).

Les lisières, expression d’une mémoire environnementale 

26La complexité des lisières se manifestent principalement à travers des récits de l’évolution de la forêt et de sa gestion. La collecte de ces récits permet de tracer une temporalité et des horizons d’attentes spécifiques et mouvants. S’intéresser à la mémoire environnementale permet de rendre compte de l’hétérogénéité des récits contemporains sur les espaces ruraux, leurs paysages et leur gestion (Frémont, 1974).

27Les entretiens réalisés ont fait transparaître des émotions négatives face aux dynamiques humaines de la forêt. Le promeneur qui nous a fait état du changement de la forêt évoque sa mémoire socio-environnementale des lisières et ce qui a été perdu, retiré. Les paysages changeants des lisières participent à faire perdre les repères du passé. Ils font ressentir une temporalité qui s’accélère :

« Avant tous les chemins blancs étaient comme ça (il indique avec sa canne une épaisseur deux fois moindre du chemin actuel), la végétation arrivait là. C’était superbe, en hiver quand il y avait la neige c’était magnifique (…). tout est coupé plus vite, tout pousse plus vite, loin du “vieux chêne” (un arbre mort qu’il pense encore vivant et auquel il attribue “500, 600 ans”) ».

28La lisière, sa dynamique, en tant que marqueur d’un front forestier qui bouge, attribue aux souvenirs le statut de passé révolu.

29Pour l’agricultrice, l’avancée de la forêt perçue comme une dynamique négative, qui empiète sur son territoire exploité ou « rompt » des équilibres. La mémoire de la lisière est celle d’une zone de progression de la forêt sur un espace agricole (le plus souvent un espace de pâturage).

30Pour les écologues et botanistes, la lisière est un milieu à part entière constamment dynamique., dont le changement n’est pas associé à des émotions négatives. Ainsi, la chargée de mission agriculture du PNF soutient une pratique de gestion fondée sur la non-intervention : « Il n’y a pas vraiment de pratique favorable aux lisières. La seule pratique favorable c’est de ne rien faire ». Cette approche semble contraire à la vision qu’en ont les agriculteurs : la lisière est un espace qu’il faut garder comme une ligne fixe et propre en tout temps.

31Chez d’autres acteurs publics, l’attention portée aux lisières montre une mémoire large des logiques fonctionnelles, écologiques et esthétiques sur un territoire. Selon le responsable voirie de la communauté de communes d’Auberive-Vingeanne-Montsaugeonnais, deux phases constituent pour lui la mise en place de la « gestion moderne » des lisières : avant et après la tempête de 1999. Ces lisières, leur histoire, ont aussi un passé : il fait un récit de la gestion de ces entités en précisant avec soin la chronologie des événements. Il relate que les gestionnaires commencent à comprendre qu’il faut réguler plus strictement l’évolution du front forestier lorsque, dans les années 1980, l’exploitation extensive des résineux fait disparaître des marais tufeux. Mais la tempête de 1999 est « une prise de conscience », qui, balayant les exploitations forestières faute de protection arbustive, fait comprendre aux forestiers qu’ils ont besoin de conserver un ourlet « arbustif » pour prévenir ce type de dégâts. La lisière existe en tant que telle, rend des services et oblige à penser les enjeux de son entretien et de la notion d’effets de lisière. À ce stade, la logique dominante est celle du renforcement de la résistance des peuplements : il s’agit d’organiser la gestion des lisières pour éviter que des événements climatiques extrêmes n’occasionnent des dommages aux logements et infrastructures limitrophes. Dans le même temps se renforcent les préoccupations de sécurité routière, notamment autour du problème de la visibilité sur la route. Cette première phase est donc dominée par les logiques fonctionnelles et de sécurité, qui mènent à un modèle de lisière ouverte, dégagée, c’est-à-dire fauchée ras et sans ourlet arbustif.

32La deuxième phase, dominée par des enjeux de naturalité, s’accélère au moment de la création du parc national. Celui-ci renforce deux enjeux : écologique et esthétique. Écologiquement, les lisières font partie des espaces riches en biodiversité du parc, et l’attention est attirée par les écologues sur les dommages que les pratiques de fauche rase causent à la faune et la flore des lisières. Mais le maire rappelle que la majorité des visiteurs visitent les forêts soit en vélo, soit en voiture, soit pendant des pique-niques en bord de forêts : c’est-à-dire que la plupart des visiteurs ne voient des forêts que des lisières. Cela l’amène à souhaiter la prise en compte des enjeux esthétiques des lisières. Ces enjeux constituent un problème de « naturalité » au double sens écologique et humain ; ils convergent vers une gestion plus extensive des lisières. De là naissent des débats dans les formes de gestion « de première phase » et « de seconde phase » des lisières.

33En effet, le maire rapporte que ses administrés viennent le solliciter sur les lisières uniquement autour du registre du « propre » (Larrère et Larrère, 1997). Les lisières qui ne sont pas fauchées et taillées pour présenter un front régulier et une pelouse uniforme sont critiquées comme n’étant pas « propres ». En d’autres termes, à l’opposition naturalité – surgestion des lisières qui structure la gestion des lisières de deuxième génération – se superpose dans les représentations collectives une opposition lisière sûre pour la conduite et « propre » – lisière obscure et « pas propre » qui pèse de facto en faveur de la surgestion des lisières, dans un modèle qui rappelle la gestion de première génération. Ainsi, si la gestion des lisières est désormais progressivement reconnue comme une problématique en soi par certains acteurs publics, elle doit tenir compte de représentations collectives qui se maintiennent et évoluent selon leurs logiques propres.

34Dans le récit et les perspectives de cet acteur, tout s’intègre à un processus d’évolution, de « petit à petit » :

« Je pense, avec une vision de forestier, on évolue tout au long de sa carrière (...). On a évolué quand on a été travailler dans les marais. On a évolué quand on a protégé les sols. On a évolué tout au long de nos façons de faire. Et je pense que oui on évoluera toujours ».

35Les connaissances sur la lisière sont « en cours de constitution » et il y a un travail d’échange avec les autres acteurs, d’« éducation » des usagers, à réaliser. Les dynamiques de la lisière sont ainsi non seulement une dynamique des espaces et des habitats, mais aussi une dynamique des connaissances sur la gestion de ces espaces et sur la diffusion de ces dernières. La lisière, sa largeur, sont une marge à gagner dans l’espace, autant que dans le compromis : il faut commencer par les « dix mètres de long », les « quinze centimètres de haut », ce « serait déjà pas mal ». Dans ce processus de tâtonnement, de progression des lisières et de leur encadrement, certaines lisières conservent les traces du passé : ce sont des lisières « reliquaires », « démonstratives de ce qu’il ne fallait pas faire ! ». Ainsi, les lisières sont associées à une vision d’évolution progressive, de tentatives et de découvertes, qui s’inscrivent dans un processus non linéaire mais évolutif : ce qui a été mal fait ne sera plus à faire, la connaissance des lisières et leur gestion ne peuvent que progresser. Mais il faut du temps, celui de la pousse des arbres, et celui de la concertation aux acteurs.

Conclusion

36Les difficultés rencontrées pour fournir une définition satisfaisante des lisières semblent faire écho à la diversité des points de vue sur celles-ci : les définitions biologiques, biogéographiques et sociologiques mobilisent toutes l’idée de discontinuité, une interface entre deux espaces, définie par ses interactions et les formes qui en résultent, mais aussi une limite, qui fait apparaître les différences et les différends qui peuvent avoir lieu dans la gestion de deux espaces : dans notre cas, principalement les espaces agricoles et la forêt exploitée ou conservée. Cette interface socio-écosystémique peut constituer l’enjeu principal du Parc national de forêts, en cherchant à concilier des usages divers. La diversité des points de vue des acteurs sur une entité environnementale montre bien les difficultés à la mise en œuvre de ce principe. Selon leurs points de vue, ou leurs intérêts, les acteurs donnent une définition unique de la lisière : pour les botanistes, c’est un milieu à part entière et dynamique, pour d’autres, agriculteurs ou usagers des routes, c’est une limite, ce qui sépare la surface cultivée de la surface forestière. Pour les gestionnaires et les protecteurs, c’est une illustration de notions comme les services écosystémiques et la continuité écologique. Pour d’autres encore, c’est un espace qui est utilisé sans même exister : certains chasseurs, des promeneurs : il se peut qu’il n’y ait que la forêt et les terres agricoles, sans même que l’on conçoive un véritable espace entre deux.

37Les points de vue des acteurs nous ont montré des divergences quant à l’intérêt de cet espace : depuis le non-lieu, la lisière qu’il arrive d’occuper, ou de longer sans songer qu’il s’agisse de quoi que ce soit de plus que la forêt elle-même, jusqu’à la lisière patrimoniale, un espace d’intérêt supérieur aux autres, voire le plus intéressant du parc national pour un naturaliste ou un botaniste, en passant par le couloir écologique mis en avant par la rhétorique de conservation du parc national.

38La lisière apparaît alors comme un espace équivoque, et il semble que tous ses aspects puissent donner lieu à des divergences : leur définition, leur intérêt, leur gestion, voire leur existence. Elles apparaissent comme un objet complexe, dont certains aspects semblent mal se concilier entre eux : comment, par exemple, parler de limites, et de tout ce qu’elles entraînent du point de vue des différences de gestion, tout en conservant un aspect dynamique ? Comment cette approche dynamique, promue en écologie, peut-elle prend en compte la mémoire environnementale des habitants ?

39Ces questions ont des répercussions directes dans la pratique d’un parc national aux prises avec le paradoxe de la conservation et du développement. Comment l’acteur public doit-il gérer les attentes des usagers de cet espace tout en tentant de permettre le développement de lisières favorables à la connectivité écologique ?

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Notes

1 Ce texte est écrit en mémoire d’Agnès Guerin, étudiante au département de géographie de l’ENS décédée brutalement en septembre 2021. C’est sur son idée originale que nous avons orienté un atelier du Centre de formation et de recherche sur l’environnement et la société (CERES) sur le sujet des lisières dans le parc des forêts. 

2 La loi Grenelle Loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement instaure la notion de continuité écologique (Barrière, 2022).

3 À cheval sur le nord du département de la Côte d’Or et le sud de la Haute-Marne, ce parc occupe dans le plateau de Langres 241 000 hectares dont 56 746 hectares pour le cœur.

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Table des illustrations

Légende Zonages établis selon les missions que se donne le parc forêt sous le registre de la « durabilité » (libre évolution forestière, gestion durable de la forêt exploitée, agriculture durable, tourisme durable). En marron sont indiquées les « trames » à conserver (prairies, paysages, cours d’eau, bâtis).
Crédits Source : Parc national des Forêts, juin 2019
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cdg/docannexe/image/10932/img-1.png
Fichier image/png, 4,8M
Titre Photos 1 et 2. Lisières intraforestières
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cdg/docannexe/image/10932/img-2.png
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Légende Les premières explorations en lisières intra-forestières montrent déjà une diversité des espèces présentes, de la gestion et de l’aménagement des espaces que recouvre le terme de « lisière » au sein du Parc national de forêts.
Crédits Clichés : auteurs, 2021
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cdg/docannexe/image/10932/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 249k
Titre Photo 3. Des thymélées au « démarrage » d’une lisière, reconnaissables par leur odeur musquée
Crédits Source : auteurs, 2021
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cdg/docannexe/image/10932/img-4.png
Fichier image/png, 1,2M
Titre Photo 4. Une lisière de bord de route, où se croisent la forêt, ses êtres vivants, les conducteurs et les promeneurs
Crédits Source : auteurs, 2021
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cdg/docannexe/image/10932/img-5.png
Fichier image/png, 643k
Titre Photo 5. En bord de lisière au Parc national de Forêts : espace de déambulation pour les riverains, ressource d’exploitation et de stockage pour les forestiers
Crédits Source : auteurs, 2021
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cdg/docannexe/image/10932/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 198k
Titre Photo 6. Une lisière agro-forestière faisant apparaître un affût de chasse
Crédits Source : auteurs, 2021
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cdg/docannexe/image/10932/img-7.png
Fichier image/png, 570k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Agnès Guerin, Gabriel Barrès, Valentin Brochet, Ulysse Chabroux, Capucine Garnier Muller, Amandine Reist, Emma Weingand et Gaëlle Ronsin, « Les lisières du Parc national de forêts comme témoin d’une mémoire environnementale »Carnets de géographes [En ligne], 18 | 2024, mis en ligne le 04 décembre 2024, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cdg/10932 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12tg6

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Auteurs

Agnès Guerin

Etudiante en géographie, École normale supérieure PSL, Centre de formation et de recherche sur l’environnement et la société

Gabriel Barrès

Etudiant en histoire, École normale supérieure PSL, Centre de formation et de recherche sur l’environnement et la société
gbarres[at]clipper.ens.psl.eu

Valentin Brochet

Etudiant en biologie, École normale supérieure PSL, Centre de formation et de recherche sur l’environnement et la société
valentin.brochet[at]ens.psl.eu

Ulysse Chabroux

Etudiant en biologie, École normale supérieure PSL, Centre de formation et de recherche sur l’environnement et la société
ulysse.chabroux[at]ens.fr

Capucine Garnier Muller

Etudiante en philosophie, École normale supérieure PSL, Centre de formation et de recherche sur l’environnement et la société
capucine.garnier-muller[at]ens.psl.eu

Amandine Reist

Etudiante en anthropologie, École normale supérieure PSL, Centre de formation et de recherche sur l’environnement et la société
amandine.reist[at]ens.psl.eu

Emma Weingand

Etudiante en histoire, École normale supérieure PSL, Centre de formation et de recherche sur l’environnement et la société
emma.weingand[at]ens.psl.eu

Gaëlle Ronsin

MCF en sociologie, Chercheur, École normale supérieure PSL, Centre de formation et de recherche sur l’environnement et la société
gaelle.ronsin[at]gmail.com

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Droits d’auteur

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