L’article porte sur l’analyse de deux descriptions de Foucher de Chartres, l’auteur de l’Historia Hierosolymitana, concernant la prise des villes de Jérusalem (15 juillet 1099) et de Césarée (17 mai 1101), qui n’ont pas été comparées en détail dans l’historiographie contemporaine et peuvent compléter les études sur son œuvre et sa formation intellectuelle. La thèse avancée est que Foucher de Chartres a utilisé, d’une part, un motif du Bellum Iudaicum de l’historien juif Flavius Josèphe et, d’autre part, ses propres expériences et observations par sa participation à la prise de Césarée (17 mai 1101) ainsi que la lecture d’autres sources, telles que les Gesta Francorum. Foucher, en effet, n’a pas participé à la prise de Jérusalem, de sorte qu’il doit s’appuyer sur d’autres sources et sur le fait que la représentation de l’auteur coïncide avec l’œuvre de Flavius Josèphe en ce qui concerne le lieu et le contenu de l’action, mais aussi dans le cas du vocabulaire utilisé, comme le verbe peu fréquent transglutire, qui n’apparaît ensuite dans l’Historia Hierosolymitana que dans les descriptions de la prise de Jérusalem et de Césarée. Ainsi, la formation classique du chroniqueur, grâce à laquelle il embellit à plusieurs reprises d’autres passages, joue un grand rôle dans son récit de la prise de Jérusalem. Dans cette perspective, la description, entre autres, de l’éventrement des ennemis tombés au combat à la recherche de richesses dans Jérusalem capturée par les Francs, pourrait être une invention littéraire de Foucher plutôt qu’un acte réel des croisés, bien que cela ne puisse être exclu avec certitude.
The article focuses on two descriptions by Fulcher of Chartres, the author of the Historia Hierosolymitana, which concern the capture of the cities of Jerusalem (15 July 1099) and Caesarea (17 May 1101), and which have not been compared in detail in contemporary historiography and can complement the considerations on Fulcher’s work and his intellectual formation. The research supports the view that Fulcher of Chartres used, on the one hand, a motif from the Bellum Iudaicum of the Jewish historian Flavius Josephus, and on the other hand, his own experiences and observations based on his participation in the capture of Caesarea (17 May 1101) and the reading of other sources, such as Gesta Francorum. This is indicated by the fact that Fulcher did not participate in the capture of Jerusalem, so he must have relied on other sources ; moreover, the author’s representation coincides with the work of Flavius Josephus with regard to the place and content of the action, as well as terms of the vocabulary used, such as the rare verb transglutire, which still appears in the Historia Hierosolymitana only in the descriptions of the capture of Jerusalem and Caesarea. Thus, the classical formation of the chronicler plays an important role in the creation of the account of the capture of Jerusalem, by the virtue of which he repeatedly embellishes the accounts in the other pages of the work. From this perspective, the description of, among other things, the disembowelling of fallen enemies in the search of riches in captured Jerusalem by the Franks could be a literary invention of Fulcher’s, rather than an actual record of the Crusaders’ deed, although this cannot be ruled out with certainty.