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La tradition des oracles sibyllins dévoilée par les inscriptions des peintures des écoinçons du rond-point de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers (fin xie-début xiie siècle) : à propos d’un article récent

The Tradition of Sibylline Oracles Revealed by the Inscriptions of the Paintings of the Corners of the Ambulatory of Notre-Dame-la-Grande de Poitiers (Late 11th Century-Early 12th Century): On the Subject of a Recent Article
Soline Kumaoka
p. 303-326

Résumés

Les peintures murales de Notre-Dame-la-Grande, rendues visibles grâce à la technologie la plus récente, ont été parfaitement élucidées par Robert Favreau. Nous nous contentons d’y ajouter trois éléments : une série d’études sur l’élaboration de la tradition liturgique ayant comme origine le Sermon contre les Juifs de Quodvultdeus et les deux sources potentielles mentionnant les prophétesses-sibylles : la sibylle érythréenne, dont l’acrostiche était si connu, venant peut-être directement de l’œuvre d’Augustin ou plus probablement d’un des auteurs qui l’ont cité, par exemple Fréculf de Lisieux dans son Historia ; la sibylle tiburtine, avec l’oracle qui lui est attribué, un texte largement diffusé à partir du xiie siècle. Les traces de la transmission de ces deux textes en Poitou sont bien présentes dans la Chronique de Saint-Maixent, un recueil gigantesque de divers textes, constitué avant 1124, et une source capitale pour l’histoire philologique et codicologique du Poitou et des régions avoisinantes. La source directe de la clause prophétique de la sibylle tiburtine reste indéterminée. Nous pouvons seulement indiquer qu’elle est répandue à partir du xve siècle, dans des textes dont l’incipit est identique à celui de l’œuvre poitevine gravée trois siècles auparavant.

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Texte intégral

  • 1 Ce texte a été relu par Monique Janoir, Jacques-Hubert Sautel et Nathalie Verpeaux. Je leur exprime (...)
  • 2 Une notice conservée dans le fonds de Nouaillé, de mars 923, Chartes de l’abbaye de Nouaillé de 678 (...)
  • 3 R. Favreau (art. cit. n. 2), p. 17-18 et n. 19, indique la source : Arch. dép. Vienne, G 1103 : un (...)
  • 4 Marie-Thérèse Camus, « La grande métamorphose : l’allongement de l’église et la façade (v. 1090-113 (...)
  • 5 Notre-Dame-la-Grande de Poitiers… (op. cit. n. 2).

1L’église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers1 est desservie par un chapitre canonial dont les premières mentions apparaissent dans les années 20 du xe siècle2. Quant au bâtiment, il a été construit dans la deuxième moitié du xie et au début du xiie siècle en deux campagnes effectuées de façon quasi successive, la première commençant vers 1050 et finissant par la dédicace, selon un document tardif, du 9 juillet 10863 ; la deuxième datant de 1090-1130 et aboutissant à la façade richement sculptée que l’on observe aujourd’hui4. Ces merveilles de l’œuvre romane ont été étudiées de façon exhaustive par plusieurs chercheurs, et les résultats ont été réunis en un seul volume par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt en 20025.

  • 6 Robert Favreau, « Les peintures murales du rond-point à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers : un progr (...)

2On peut y ajouter un élément : en 2016, la technologie de la photographie numérique a rendu visibles des peintures murales autour des piliers qui soutiennent la voûte de l’abside haute et, par surcroît, le logiciel de retouche d’image a rétabli, au moins en partie, les inscriptions sur les phylactères que porte chaque personnage. Tout cela a été immédiatement étudié par Robert Favreau, qui a montré l’importance de cet ensemble, à l’iconographie extrêmement élaborée6 (fig. 1). En somme, le thème iconographique des piliers, avec leurs écoinçons, et de la voûte de l’abside haute est composé de deux rois, quatre prophètes et deux prophétesses-sibylles. Ces personnages annoncent, par les inscriptions qui figurent sur leurs phylactères, l’arrivée du Messie-Christ :

David : « Exurge, Domine Deus (Dresse-toi, Seigneur Dieu, Ps 9, 33 ; 10, 12) », (fig. 1a).

Salomon : « Filium Dei se nominat (Il se nomme Fils de Dieu, Sg 2, 13) », (fig. 1b).

Isaïe : « Ecce virgo concipiet (Voici qu’une vierge concevra, Is 7, 14) », (fig. 1c).

Jérémie : « Germinare faciam David germen justitiae (Je ferai germer pour David un germe de justice, Jr 33, 15) », (fig. 1d).

Ézéchiel : « Ecce ego judico inter pecus et pecus (Voici que je vais juger entre brebis et brebis, Ez 34, 17) », (fig. 1e).

Daniel : « Ipse liberator atque salvator (Il est celui qui délivre et qui sauve, Dn 6, 27-28) », (fig. 1f).

La sibylle érythréenne : « Iesous Christos Teou Uios Soter (Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur) », (fig. 1g).

  • 7 Sur les inscriptions des sibylles, voir infra.

La sibylle tiburtine : Nascetur Christus in Bethleem (Le Christ naîtra à Bethléem) » (fig. 1h7).

Fig. 1 – Une esquisse des peintures murales du rond-point à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers

Fig. 1 – Une esquisse des peintures murales du rond-point à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers

Cl. CESCM.

Fig. 1a – Détail de la fig. 1, le roi David.

Fig. 1a – Détail de la fig. 1, le roi David.

Cl. CESCM.

Fig. 1b – Détail de la fig. 1, le roi Salomon.

Fig. 1b – Détail de la fig. 1, le roi Salomon.

Cl. CESCM.

Fig. 1c – Détail de la fig. 1, le prophète Isaïe.

Fig. 1c – Détail de la fig. 1, le prophète Isaïe.

Cl. CESCM.

Fig. 1d – Détail de la fig. 1, le prophète Jérémie.

Fig. 1d – Détail de la fig. 1, le prophète Jérémie.

Cl. CESCM.

Fig. 1e – Détail de la fig. 1, le prophète Ezéchiel.

Fig. 1e – Détail de la fig. 1, le prophète Ezéchiel.

Cl. CESCM.

Fig. 1f – Détail de la fig. 1, le prophète Daniel.

Fig. 1f – Détail de la fig. 1, le prophète Daniel.

Cl. CESCM.

Fig. 1g – Détail de la fig. 1, la sibylle érythréenne.

Fig. 1g – Détail de la fig. 1, la sibylle érythréenne.

Cl. CESCM.

Fig. 1h – Détail de la fig. 1, la sibylle tiburtine.

Fig. 1h – Détail de la fig. 1, la sibylle tiburtine.

Cl. CESCM.

  • 8 Lise Hulnet-Dupuy, « Les peintures murales romanes de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers », Cahiers d (...)

3Les prophéties s’accomplissent dans les peintures de la voûte qui présentent trois thèmes essentiels de la christologie : l’Incarnation (« Vierge à l’Enfant » sur un trône), la manifestation de sa divinité par sa prédication et par sa glorification (« Christ en majesté » avec les quatre évangélistes et les douze apôtres qui se tiennent de chaque côté), enfin son rôle rédempteur (« Agneau de Dieu » avec les anges qui conduisent les élus à la Cité de Dieu8).

4L’enquête sur la source des messages prophétiques semble très féconde, notamment pour ce qui est des prophétesses. Les rois, les prophètes avec leurs discours figurant sur les phylactères sont tous d’origine vétéro-testamentaire. En revanche, les deux prophétesses, la sibylle érythréenne et la sibylle tiburtine, sont des personnages non-bibliques. Par conséquent, les sources de leurs paroles inscrites doivent être cherchées dans les textes apocryphes et patristiques. L’ensemble de cette enquête révèle quelques particularités dignes d’intérêt au sujet de la transmission des textes en Poitou à la fin du xie siècle : ce sera l’objet du présent travail.

L’oracle des sibylles et la diffusion

Les origines des oracles sibyllins et la transmission dans le monde latin

  • 9 Jean-Michel Roessli, « Les “Oracles sibyllins” », dans Histoire de la littérature grecque chrétienn (...)

5Il existe, des femmes plus discrètes que les prophètes, elles reçoivent la parole divine et la transmettent aux fidèles et aux païens, en les invitant à la conversion. À la différence des prophètes, les prophétesses (pythie en grec, sibylla en latin) continuent à jouer un rôle apologétique sous l’Empire romain. Ainsi, circulent dans le vaste territoire de l’Empire des oracles sur le Christ annoncés par les sibylles chrétiennes et concernant sa naissance, sa vie, ses miracles, sa Passion, sa Résurrection et son Avènement, précédés par un cataclysme. Ces oracles, souvent en vers, font partie, aujourd’hui, de la littérature apocryphe chrétienne9. Ils ont été rassemblés progressivement dès le iie ou ier siècle avant notre ère. Ce travail de longue durée aurait pu constituer au ve ou vie siècle un corpus gigantesque d’oracles sibyllins en douze ou quatorze livres. Mais il n’est connu aujourd’hui que par des témoins manuscrits tardifs à partir du xve siècle.

  • 10 Théophile d’Antioche, Trois livres à Autolycus, Gustave Bardy (éd.) et Jean Sender (trad.), Paris, (...)
  • 11 Augustin d’Hippone, De civitate Dei, lib. XVIII, c. 23, l. 74-87, Bernhard Dombart et Alphonse Kalb(...)
  • 12 Augustin d’Hippone (ibid.), lib. XVIII, c. 23, l. 17-43, p. 613-615 : acrostiche en 27 vers, « Iudi (...)
  • 13 Oratio ad sanctorum coetum, XX, Jacques-Paul Migne (éd.), Paris, Vrayet (PL, 8), 1844, col. 461 ; v (...)
  • 14 Eusèbe de Césarée, Eusebii pamphili…, Jacques-Paul Migne (éd.), Petit-Montrouge, s. n. (Patrologia (...)
  • 15 Quodvultdeus, Sermo IV contra Iudaeos et Arieno, René Braun (éd.), Turnhout, Brepols (CCSL, 60), 19 (...)
  • 16 Les prophètes : Isaïe (Quodvultdeus, ibid., c. XI, l. 17-21, Is 7, 14 ; Is 1, 3 et c. XIII, l. 24-2 (...)
  • 17 Virgile, Bucoliques, églogue IV, v. 7, Eugène de Saint-Denis et Roger Lesueur (éd. et trad.), Paris (...)
  • 18 Bien entendu, ces deux voies de transmission ne sont pas exclusives. Il existe quelques traces de l (...)

6En parallèle à la constitution de cette collection, les vers prophétiques féminins ont été largement diffusés chez les auteurs de l’Antiquité tardive : Théophile d’Antioche, Clément d’Alexandrie, le Pseudo-Justin, Lactance10 et, à travers ce dernier, Augustin d’Hippone. Dans la Cité de Dieu (livre 18, chap. 23), Augustin insère les 17 vers d’oracles concernant la Passion du Christ qu’il a tirés de l’œuvre de Lactance11. Il cite en outre une prophétie en vers acrostiches12 qui a eu une grande célébrité dès le ier siècle de notre ère. Ce poème est attribué à la sibylle érythréenne : elle prophétise en vers latins les tribulations de la fin des temps. Enfin elle proclame par les premières lettres de chaque vers, transformées en lettres grecques, que celui qui viendra à la fin est : « IHΣOΥΣ XPEIΣTOΣ ΘEOΥ ΥIOΣ ΣΩTHP (Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur). » Cet oracle est apparu en latin dans un poème de 34 vers qui figure, vers 325-326, dans un discours attribué à Constantin, mais préparé par son entourage13, puis traduit en grec par Eusèbe de Césarée14. Augustin le présente en 27 vers dans la Cité de Dieu avec le nom de l’« auteur », la sibylle érythréenne, avant les 17 vers des oracles sur la Passion qu’il a puisés chez Lactance. Peu après, son correspondant de Carthage, Quodvultdeus, introduit les deux textes sibyllins versifiés reçus d’Augustin dans son sermon « Contra Iudaeos15 ». Pour démontrer aux Juifs que Jésus de Nazareth est le Messie de tout le genre humain, il énumère les paroles annonciatrices prononcées par les prophètes (Isaïe, Jérémie-Baruch, Daniel et Habaquq), par les rois (David et Nabuchodonosor), par les apôtres (Pierre et Paul) et par d’autres personnages bibliques (Moïse, Syméon, Jean-Baptiste et ses parents, Zacharie et Élisabeth16), avec un vers de Virgile17, enfin les oracles sibyllins reçus d’Augustin, le vers acrostiche ajouté en tête « Audite quid dixerit » et 17 vers de la Passion. Notons que, dans ce sermon, Quodvultdeus n’indique pas la provenance de la sibylle qui a prononcé l’acrostiche (« d’Érythrée »). Ces deux textes, la Cité de Dieu et le sermon « Contra Iudaeos », forment le socle de la diffusion des oracles sibyllins dans le monde lettré médiéval18 ainsi que dans la liturgie de l’Avent.

La tradition liturgique

  • 19 Le lien tissé entre ce sermon et la liturgie des vigiles de Noël a fait l’objet de plusieurs études (...)
  • 20 Paris, BnF, lat. 2832, fol. 123vo-124, ixe s., provenant de Saint-Oyen, puis passé à Saint-Claude d (...)
  • 21 Quodvultdeus (éd. cit. n. 15), c. XI-XVII (début), p. 241-258 ; dans quelques homiliaires, l’abrégé (...)
  • 22 Cordoba, Archivo Capitular de la Catedral, 1, fol. 327vo, homiliaire, copié à San Bodelio de Berlan (...)
  • 23 Paris, BnF, lat. 5304, fol. 109vo-110 (xie-xiie s.) ; ce codex, de provenance inconnue, peut-être d (...)
  • 24 Paris, BnF, lat. 1139, recueil factice de pièces paraliturgiques (xie-xiiie siècle) ; aux fol. 55vo(...)
  • 25 « Voici donc le sermon entré dans la liturgie, officiellement, ainsi que le poème acrostiche [de la (...)
  • 26 Notons que les éléments vétéro-testamentaires sont introduits dans la liturgie de l’Avent de multip (...)
  • 27 Mariacarmen Gòmez, « From the Iudicii Signum to the Song of the Sybil: Early Testimony », dans Hisp (...)

7La transmission et l’élaboration du sermon « Contra Iudaeos » sont élucidées par de nombreuses études19. En somme, dès le ixe siècle, les oracles en vers transmis par Augustin et Quodvultdeus apparaissent dans les florilèges sous les noms de « Cantus/Versus sibyllae ». Un exemplaire de ces florilèges, le manuscrit de Saint-Oyen, porte des notes musicales, c’est-à-dire que ce texte versifié est chanté (fig. 2a et 2b20). Au xe siècle, une partie du sermon, celle où se trouvent les prophéties concernant l’Avènement du Christ et contenant les vers sibyllins21, figure dans les lectionnaires composés pour un usage liturgique de la lecture, probablement en récitatif, des premiers nocturnes des vigiles de Noël – à savoir la dernière célébration de l’Avent22. Au siècle suivant apparaissent des manuscrits de lectionnaires liturgiques, peut-être à Moissac, munis de notes musicales23 (fig. 3a et b). Enfin, dans la deuxième moitié du xie siècle, un manuscrit jadis conservé à Saint-Martial de Limoges24 atteste la présence d’une procession qui chante des rois, des prophètes et la sibylle (érythréenne) pendant la nuit de la Nativité, sur un texte composé à partir du sermon de Quodvultdeus (fig. 4a et b25). Cette célébration processionnelle n’a pas été conservée dans le cérémonial romain26, mais elle est bien à l’origine du « chant de la sibylle » de Majorque, patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 201027. Il demeure alors possible de comprendre que le chœur de Notre-Dame-la-Grande, entouré des rois, des prophètes et des sibylles, retentit en silence du chant de l’Avent depuis la fin du xie siècle.

Fig. 2a : Paris, BnF, lat. 2832, fol. 123v°, codex de Saint-Oyan, l’acrostiche sibyllin noté dans un florilège, ixe siècle.

Fig. 2a : Paris, BnF, lat. 2832, fol. 123v°, codex de Saint-Oyan, l’acrostiche sibyllin noté dans un florilège, ixe siècle.

Cl. BnF, Gallica.

Fig. 2b : Paris, BnF, lat. 2832, fol. 124, codex de Saint-Oyan, l’acrostiche sibyllin noté dans un florilège, ixe siècle.

Fig. 2b : Paris, BnF, lat. 2832, fol. 124, codex de Saint-Oyan, l’acrostiche sibyllin noté dans un florilège, ixe siècle.

Cl. BnF, Gallica.

Fig. 3a : Paris, BnF, lat. 5304, fol. 112v°, un manuscrit catalan (ou de Moissac ?), l’acrostiche sibyllin noté dans un lectionnaire liturgique, fin xie siècle.

Fig. 3a : Paris, BnF, lat. 5304, fol. 112v°, un manuscrit catalan (ou de Moissac ?), l’acrostiche sibyllin noté dans un lectionnaire liturgique, fin xie siècle.

Cl. BnF, Gallica.

Fig. 3b : Paris, BnF, lat. 5304, fol. 113, un manuscrit catalan (ou de Moissac ?), l’acrostiche sibyllin noté dans un lectionnaire liturgique, fin xie siècle .

Fig. 3b : Paris, BnF, lat. 5304, fol. 113, un manuscrit catalan (ou de Moissac ?), l’acrostiche sibyllin noté dans un lectionnaire liturgique, fin xie siècle .

Cl. BnF, Gallica.

Fig. 4a : Paris, BnF, lat. 1139, fol. 57v°, un codex de Saint-Martial de Limoges, trois premiers vers de l’acrostiche sibyllin noté dans un chant de la liturgie de l’Avent, xiie siècle.

Fig. 4a : Paris, BnF, lat. 1139, fol. 57v°, un codex de Saint-Martial de Limoges, trois premiers vers de l’acrostiche sibyllin noté dans un chant de la liturgie de l’Avent, xiie siècle.

Cl. BnF, Gallica.

Fig. 4b : Paris, BnF, lat. 1139, fol. 58, un codex de Saint-Martial de Limoges, trois premiers vers de l’acrostiche sibyllin noté dans un chant de la liturgie de l’Avent, xiie siècle.

Fig. 4b : Paris, BnF, lat. 1139, fol. 58, un codex de Saint-Martial de Limoges, trois premiers vers de l’acrostiche sibyllin noté dans un chant de la liturgie de l’Avent, xiie siècle.

Cl. BnF, Gallica.

  • 28 S’il est possible de tenir compte de la source commune entre les peintures murales (de la fin du xi(...)

8Certes, l’inscription sur le phylactère que porte une des sibylles, « Iesous Christos Teou Uios Soter (Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur) », est constituée des initiales de ces 27 vers acrostiches, précieusement conservés dans la tradition liturgique. Toutefois, on constate aussi que les sources des peintures murales de Notre-Dame-la-Grande sont plus élaborées que ce que la liturgie transmet. Aux écoinçons, on voit le prophète Ézéchiel et le roi Salomon. Ces éléments supplémentaires, à l’évidence, peuvent être considérés comme une amplification et un enrichissement, basés sur la source biblique. Quant au roi Nabuchodonosor, absent sur les écoinçons, il est bien présent dans cette église, sur la façade, dans la frise du haut-relief (fig. 528). En revanche, l’origine de la sibylle, « auteur » de l’acrostiche, absente, nous l’avons vu, de la source liturgique, est nettement indiquée sur le pilier nord-ouest de l’abside, au revers de la travée sous clocher : « Sybilla Erythrea ». Enfin, la sibylle tiburtine, totalement absente de la tradition liturgique, est bien représentée sur les piliers sud-est de la travée du clocher.

Fig. 5 : Roi Nabuchodonosor, Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, la frise de la façade.

Fig. 5 : Roi Nabuchodonosor, Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, la frise de la façade.

Cl. Wikimedia Commons.

9En définitive, la source du thème iconographique des peintures murales ne se limite pas seulement à la liturgie de l’Avent qui vient du sermon « Contra Iudaeos ». Le commanditaire, c’est-à-dire les religieux de Poitiers à la fin du xie siècle, avait donc d’autres sources, notamment concernant les sibylles.

La tradition dans l’historiographie

  • 29 Fréculf, Historia, dans Frechulfi Lexoviensis episcopi opera omnia, Michael I. Allen (éd.), Turnhou (...)
  • 30 Philippe Depreux, Prosopographie de l’entourage de Louis le Pieux (781-840), Peter Johanek (préf.), (...)
  • 31 Fréculf (éd. cit. n. 29), t. I, lib. 3, c. 12, éd. p. 175-178 ; la source en est : Augustin d’Hippo (...)
  • 32 Les prophètes : Amos, Isaïe, Michée, Osée ; les rois et gouverneurs, entre autres Ozias (Juda 781-7 (...)
  • 33 Fréculf (éd. cit. n. 29), p. 176 : « Eodem quoque tempore nonnulli Sybillam Erictrheam uaticinatam (...)
  • 34 Bibliothèque apostolique vaticane, Reg. lat. 302, xe ou xie s., fol. 1.
  • 35 Transcription de l’Historia (t. I) de Fréculf dans la Chronique de Saint-Maixent, Paris, BnF, lat.  (...)

10Les oracles sibyllins sont diffusés plus largement par l’œuvre si connue d’Augustin, Cité de Dieu. Citons ainsi l’œuvre de Fréculf de Lisieux, Historia29, puisqu’elle est bien arrivée en Poitou. Fréculf, profès de l’abbaye de Fulda, arrive au palais de Louis le Pieux auprès du chancelier Hélisachar30 et obtient le siège épiscopal de Lisieux (avant le 1er nov. 825-8 oct. 850/852). Il compose, à la demande du chancelier, un ouvrage sur l’histoire universelle dans le but de fournir un manuel aux fils des rois carolingiens. Il décrit d’abord l’histoire depuis la Création du monde jusqu’à la naissance du Christ (t. I) et poursuit son récit jusqu’au début du viie siècle (t. II) en puisant dans de multiples sources. Lorsqu’il arrive au milieu du viiie siècle avant notre ère31, après avoir énuméré les prophètes, les dynasties et leurs gouverneurs ainsi que les événements de ce temps32, il introduit le texte d’Augustin, Cité de Dieu, livre 28, chap. 23 ; ensuite, après une phrase d’introduction : « C’est à cette époque que plusieurs rapportent les prédications de la sibylle d’Érythrées33 », il présente l’oracle en acrostiche, suivi d’une explication sur la prophétesse et le style du poème, toujours tirée de l’œuvre d’Augustin. L’Historia de Fréculf est connue des lettrés poitevins au cours du xie siècle. De fait, un des manuscrits appelés par l’éditeur « Middle French Group » porte comme marque d’appartenance : Notre-Dame de Luçon34. Et, avant 1124, le moine chroniqueur de Saint-Maixent recopie entièrement le premier tome de cet ouvrage avec la prophétie de la sibylle érythréenne35 (fig. 6). On peut donc considérer que l’œuvre de Fréculf transmise en Poitou est la source de l’inscription, à l’orthographe approximative, « Sybilla Erythrea ».

Fig. 6 : Paris, BnF, lat. 4892, fol. 33v°, Chronique universelle de Saint-Maixent (avant 1124), une copie contemporaine jadis conservée à l’abbaye Saint-Pierre de Maillezais ; col. a : Fréculf, Historia, t. I, lib. 3, c. 12 avec l’acrostiche ; col. a, à la dernière ligne après « Item » commence l’oracle de la sibylle Tiburtine.

Fig. 6 : Paris, BnF, lat. 4892, fol. 33v°, Chronique universelle de Saint-Maixent (avant 1124), une copie contemporaine jadis conservée à l’abbaye Saint-Pierre de Maillezais ; col. a : Fréculf, Historia, t. I, lib. 3, c. 12 avec l’acrostiche ; col. a, à la dernière ligne après « Item » commence l’oracle de la sibylle Tiburtine.

Cl. BnF, Gallica.

L’oracle de la sibylle tiburtine

La sibylle tiburtine

  • 36 L’oracle de la sibylle tiburtine, Ernst Sackur, Sibyllinische Texte und Forschungen: Pseudomethodiu (...)
  • 37 Paul J. Alexander, The Oracle of Baalbek: The Tiburtine Sibyl in Greek Dress, Washington, Dumbarton (...)

11Il reste encore à éclairer la présence de l’autre sibylle : « Sybilla Tibvrtina » et sa prophétie « Nascetur Christus in Bethleem ». La sibylle tiburtine est connue par deux épisodes prophétiques. L’un est un long oracle qui va jusqu’à la fin du monde, prononcé devant les sénateurs romains au début de la période république36. La version grecque qui transmet cette prophétie semble apparaître au début du vie siècle37, mais le texte latin n’est attesté qu’à partir du xie siècle, et il jouit par la suite d’une grande diffusion. Cet oracle est connu en Poitou à la date de la construction de Notre-Dame-la-Grande.

  • 38 Philippe Verdier, « La naissance à Rome de la vision de l’ara coeli : un aspect de l’utopie de la p (...)
  • 39 Mirabilia Urbis Romae, dans Cesare D´Onofrio, Visitiamo Roma mille anni fa: la città dei Mirabilia, (...)

12Un autre épisode se déroule peu avant la naissance du Christ, à la demeure de l’empereur Octave Auguste, au Capitole de Rome38. L’empereur était alors au sommet de la gloire après avoir établi la stabilité et la paix de l’empire. Mais, gêné par l’ovation qui lui a été décernée, il demande l’avis de la sibylle de Tibur : est-il digne de se mettre au rang des dieux ? La sibylle, après trois jours de jeûne, récite d’abord l’acrostiche de la sibylle érythréenne sur la fin du monde ci-mentionné. Aussitôt, la personne désignée par les initiales de chaque vers lu dans le sens vertical : « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur » apparaît dans le ciel sous les traits d’un petit enfant dans les bras de sa mère, sur un autel. Puis, l’empereur entend une voix qui dit : « Voici l’autel du fils de Dieu ». Ainsi, la sibylle de Tibur lui prédit-elle l’arrivée du Christ. Devant la vision de l’autel du ciel (ara coeli), l’empereur, rempli d’admiration, tombe à terre. Le texte le plus ancien de la vision de l’ara coeli avec la précision de la sibylle « de Tibur » est contenu dans les Mirabilia Urbis Romae, rédigés au milieu du xiie siècle39. Il est donc plus tardif que notre œuvre poitevine.

Le contenu de l’oracle

  • 40 Cl. Carozzi et H. Taviani-Carozzi (éd. cit. n. 36).
  • 41 Bernard McGinn, « Teste David cum Sibylla: The Significance of the Sibylline Tradition in the Middl (...)
  • 42 Anke Holdenried, The Sibyl and Her Scribes: Manuscripts and Interpretation of the Latin Sibylla Tib (...)
  • 43 Au cours de sa diffusion, l’œuvre a subi quelques évolutions. Paul Julius Alexander (op. cit. n. 37 (...)
  • 44 Chronique de Saint-Maixent (partie inédite), Paris, BnF, lat. 4892, fol. 33vo-35vo ; voir dans l’in (...)

13Il s’agit d’une œuvre prophétique tardive attribuée à la sibylle tiburtine40, qui a eu une grande diffusion à partir du deuxième quart du xie siècle, non seulement sur le continent mais plus encore dans les Îles britanniques. Les chercheurs anglophones l’appellent « a medieval best-seller » (Bernard McGinn41) et Anke Holdenried a recensé en tout 112 manuscrits qui la contiennent, conservés sur le continent et outre-Manche, du xie au xve siècle42. Très tôt, dès la fin du xie siècle, ce texte en version primitive courte43 est arrivé en Poitou et le moine chroniqueur de Saint-Maixent l’insère dans son œuvre, de façon bien absconse, à l’intérieur du texte de Fréculf qu’il cite44. Mais, qu’est-ce donc que cette prophétie ?

Fig. 7 : Paris, BnF, lat. 5390, fol. 234, codex de Fécamp, copie du texte probablement le plus ancien de l’Oracle de la sibylle tuburtine ; le début de l’énumération des initiales des rois chrétiens : en premier, un roi « O » (l. 27).

Fig. 7 : Paris, BnF, lat. 5390, fol. 234, codex de Fécamp, copie du texte probablement le plus ancien de l’Oracle de la sibylle tuburtine ; le début de l’énumération des initiales des rois chrétiens : en premier, un roi « O » (l. 27).

Cl. BnF, Gallica.

Fig. 8 : Paris, BnF, lat. 4892, fol. 34v°, Chronique universelle de Saint-Maixent ; le début de l’énumération des initiales des rois chrétiens : en premier un roi « C » (col. a, l. 25). Jean Besly (1572-1644), ancien possesseur du codex écrit en marge le résultat de ses identifications à partir de col. b, l. 7.

Fig. 8 : Paris, BnF, lat. 4892, fol. 34v°, Chronique universelle de Saint-Maixent ; le début de l’énumération des initiales des rois chrétiens : en premier un roi « C » (col. a, l. 25). Jean Besly (1572-1644), ancien possesseur du codex écrit en marge le résultat de ses identifications à partir de col. b, l. 7.

Cl. BnF, Gallica.

  • 45 La version grecque de cette œuvre, « Oracle de Baalbek », a été découverte et éditée : P. J. Alexan (...)
  • 46 Isidore de Séville, Étymologies, lib. 8, c. 8, Jacques-Paul Migne (éd.), Paris, Frères Garnier (PL, (...)
  • 47 E. Sackur (op. cit. n. 36), p. 179-180.
  • 48 17 vers de la Passion, voir supra n. 11.
  • 49 Notons que ces initiales des noms de rois varient énormément entre les manuscrits quant à leur grap (...)
  • 50 Ce roi Olibos n’est pas identifié. « O » apparaît dans le manuscrit de Fécamp, probablement le plus (...)
  • 51 Conrad II est qualifié de « alius rex ».
  • 52 Bérenger Ier de Frioul, roi entre 888-889, 898-900 et 905-923, empereur de 916 à 923, mort en 924 – (...)

14L’auteur anonyme de cette prophétie latine utilise comme source principale un oracle sibyllin grec, rédigé vers le début du vie siècle, qui n’est connu aujourd’hui que par des manuscrits du xiie siècle45. L’auteur latin ajoute en tête la liste des sibylles, au nombre de dix, que donne Isidore de Séville, repris par Raban Maur46. Par la suite il suit son modèle, avec quelques modifications. Au temps du roi Romulus (variante : « de la guerre de Troyes »), la sibylle tiburtine arrive à Rome à la prière du roi et des sénateurs qui ont tous eu la vision de « neuf soleils ». Elle conduit les Romains à l’Aventin (version latine : Appenninum/Aventinum ; au Capitole en version grecque), explique leur vision et prédit l’avenir de ce monde divisé en neuf générations, qui correspondent aux « neuf soleils » que ses auditeurs ont vus en songe. À la quatrième génération, elle annonce clairement l’Incarnation du Verbe47. Lorsque la prophétie en arrive à la Passion du Christ, l’auteur latin insère une partie des 17 vers de l’oracle consignés par Lactance, transmis par Augustin et Quodvultdeus48. De la quatrième jusqu’à la fin de la huitième génération, tandis que la version grecque présente les rois/empereurs chrétiens jusqu’à Anastase Ier (491-518) et passe avec la génération suivante au cataclysme en signalant tout de même la présence d’un dernier roi chrétien nommé « Olibos », l’oracle latin se contente de donner un résumé pour cette période et commence à recenser au début de la neuvième génération les rois chrétiens de façon très singulière, uniquement par leurs initiales49. Celle du premier roi « O », semble être tirée de l’« Olibos » de la version grecque (fig. 7 et 850). Les rois suivants sont tous identifiables à ceux d’Italie à partir du ve siècle : rois lombards, carolingiens et ottoniens probablement jusqu’à Conrad II51 (1024-1039), avec quelques rois issus du milieu aristocratique italien et identifiables à Bérenger Ier de Frioul, Bérenger II d’Ivrée, Adalbert/Aubert fils de Bérenger II, Hugues d’Arles, Albéric III de Tusculum, et peut-être Boniface III de Canossa52. Les qualificatifs de chaque roi sont, tantôt inexistants, tantôt composés de mots ou formules répétitifs : « bellicosus (belliqueux) », « potens in prelio (puissant au combat, Ps 23, 8) », « faciet justiciam pauperibus (il rendra justice aux pauvres, cf. Ps 71, 2) ». Toutefois, on note que les noms de quatre rois sont longuement commentés :

K : Charlemagne (774-814) :

  • 53 Cf. E. Sackur (op. cit. n. 36), p. 182 : « Ipse erit magnus […]. Similis autem in imperio rex ante (...)

« il sera grand […]. Avant lui il n’y aura pas un tel roi dans l’Empire romain et il n’y en aura pas de semblable après lui53 »,

A : Adalbert/Aubert d’Ivrée, roi d’Italie (950-951/962) :

  • 54 Ibid., p. 182 : « Ipse erit nimis bellicosus […]. Et non dabitur in manus inimicorum suorum, et mor (...)

« il sera très belliqueux […]. Il ne tombera pas dans les mains de ses ennemis. Mais il mourra en exil et remettra son âme dans la main de Dieu54 »,

Le troisième O : Otton III (980-1002) :

  • 55 Ibid., p. 182 : « Hic erit sanguinarius et facinorosus et sine fide et veritate erit, et per ipsum (...)

« Celui-ci sera sanguinaire, chargé de crimes, sans foi ni loyauté ; à cause de lui il y aura beaucoup de maux et une grande effusion de sang, et sous son règne les églises seront détruites55 […] »,

A : Albéric de Tusculum (consul et duc des Romains, 1013-1033) :

  • 56 Ibid., p. 184 : « veniens obtinebit regnum aliquando tempore et veniet Romam et captivabit eam, et (...)

« Puis surgira le roi A. et il gardera le pouvoir pour un certain temps ; il ira à Rome et il la prendra. Il ne rendra pas l’esprit dans les mains de ses ennemis […] et il vivra longtemps56 ».

  • 57 Adson de Montier-en-Der (éd. cit. n. 49).
  • 58 Les rois « B. ou H. un Lombard, XII B. ou H durant 100 ans, B. ou E. ou encore H, un franc salien » (...)

15Arrivant à la fin des temps, la version latine devint plus ample que le modèle grec et on constate l’influence nette de l’œuvre d’Adson de Montier-en-Der, De ortu et tempore Antichristi57. Voici pour résumer la fin de la vaticination : après Conrad II, il y aura encore quelques rois58 ; puis, viendra le dernier roi chrétien, tout puissant, qui aura pu repousser les envahisseurs venant du Nord, dirigés par Gog et Magog (Ez 38, 15 et Ap 20, 8), mais il démissionnera. Alors, arrivera l’antéchrist de la tribu de Dan qui provoquera des tribulations et des catastrophes. Élie et Hénoch viendront, mais en vain. L’archange Michel mettra fin au règne de l’antéchrist. Par la suite, arrive le cataclysme et on lit les 27 vers de l’acrostiche de la sibylle érythréenne. Le texte finit par :

  • 59 E. Sackur (op. cit. n. 36), p. 187 : « Tunc iudicabit Dominus secundum opera unuscuisque, et ibunt (...)

« Alors Dieu jugera chacun selon ses œuvres (Ap 20, 13), les impies iront dans le feu éternel de la géhenne, les justes recevront le prix de la vie éternelle (Mt 25, 46). Et il y aura un nouveau ciel et une nouvelle terre (Ap 21, 1), et l’un et l’autre dureront pour l’éternité. Il n’y aura plus de mer. Dieu régnera au milieu des saints, et ceux-ci régneront avec lui pour les siècles des siècles (Ap 22, 5). Amen59 ».

  • 60 Annick Peters-Custot, Les Grecs de l’Italie méridionale post-byzantine, ixe-xive siècle : une accul (...)

16En somme, il semble probable que l’auteur de ce texte soit un savant lettré proche des milieux italiens, qui cherche à lutter contre le pouvoir ottonien, et vivant autour de l’an Mil jusqu’à vers 1030. La situation de l’Italie vers l’an Mil, où les Byzantins côtoyaient les Romains60, permet de mettre en évidence l’accès aux sources d’origine grecque. Le texte est en outre imprégné du contexte de la notion de fin des temps vers l’an Mil, que présente Adson de Montiers-en-Der par sa description de l’arrivée de l’antéchrist et par sa confiance en la continuité des rois chrétiens, laquelle permet de reporter la fin des temps.

Les témoins manuscrits et la diffusion en amont

  • 61 A. Holdenried (op. cit. n. 42). Nous avons ajouté le manuscrit Paris, BnF, lat. 4892 et écarté les (...)

17L’examen des manuscrits, en amont de la grande expansion de l’oracle de la sibylle tiburtine (c’est-à-dire diffusés avant 1150), se révèle bien fécond (fig. 961).

Fig. 9 : Les manuscrits conservés de l’oracle de la sibylle tiburtine (liste sélective-xiiie siècle), (crédits : Soline Kumaoka).

Fig. 9 : Les manuscrits conservés de l’oracle de la sibylle tiburtine (liste sélective-xiiie siècle), (crédits : Soline Kumaoka).

Crédits : Soline Kumaoka.

  • 62 Jean de Fécamp, moine de Saint-Bénigne de Dijon, disciple de Guillaume de Volpiano et successeur de (...)
  • 63 Ce codex (Paris, BnF, lat. 5390, 235 folios) contient aux fol. 1-221, Jacques de Voragine, Légende (...)
  • 64 Raoul Glaber, Guillaume de Volpiano, un réformateur en son temps, 962-1031 : Vita domni Willelmi de (...)
  • 65 Adson de Montier-en-Der (éd. cit. n. 49). Nous avons déjà évoqué une influence nette de cette œuvre (...)
  • 66 Raoul Glaber (éd. cit. n. 64), p. 19-22.

18Le manuscrit de Fécamp (BnF, lat. 5390) est une copie faite par une main unique dans ce monastère, probablement sous l’abbatiat de Jean de Fécamp (1028-107862), sur des feuilles qui ont été insérées plus tard à la fin du codex63. Cette transcription regroupe trois textes : Vie de Guillaume de Volpiano par Raoul Glaber64, Adson, De ortu et tempore Antichristi, que nous venons de mentionner65 et l’oracle de la sibylle tiburtine. La source en est vraisemblablement un manuscrit bourguignon perdu, composé peu après la mort de cet abbé réformateur en 103166. Il se trouve donc que l’oracle de la sibylle tiburtine conservé dans le manuscrit de Fécamp est la version la plus ancienne de cette œuvre. L’ancienneté de ce texte est confortée par le fait qu’il contient 16 des 17 vers de l’oracle de la Passion transmis par Augustin-Quodvultdeus d’après Lactance, tandis que les manuscrits suivants, plus courts, en présentent moins (4 vers et demi).

  • 67 Michel Huglo, « The Musica Isidori: Tradition in the Iberian Peninsula », dans Hispania vetus (op. (...)
  • 68 El Escorial, Real Biblioteca, & I 3, fol. 8vo : « Sancio et Sancia librum ». Un ex-libris au fol. 1 (...)
  • 69 Patrick Henriet, « Moines envahisseurs ou moines civilisateurs ? Cluny dans l’historiographie espag (...)
  • 70 En attendant la publication de la thèse : Gaelle Bosseman, Eschatologie et discours sur la fin des (...)

19Ces manuscrits révèlent les réseaux de la transmission de l’œuvre. Le codex de l’Escurial (El Escorial, Real Biblioteca, & I 3) s’insère dans la tradition manuscrite ibérique de la « Musica Isidori67 », avec tout de même deux additions particulières : un texte extrait de Grégoire le Grand, Moralia in Iob (lib. 30, par. 25) et l’oracle de la sibylle tiburtine. Il est achevé à la date de 1047 par une main unique, celle d’un scribe qui se nomme « Dominicus » (colophon au fol. 242), et il a été offert à Sanche II, roi de Castille et de León (1036-1072) et à Sancha la reine (fol. 8vo68). La prophétie sibylline apparue en Espagne est un ajout à la fin de ce codex réalisé dans l’entourage royal et ecclésiastique de León. Notons que c’est exactement dans cette région que se situent les premiers textes hispaniques mentionnant Cluny dans les années 1020-103069. Il se peut que le texte de l’oracle, nouveau et extraordinaire, ait été apporté par les moines bourguignons dans les années 1030-1040 et ait fleuri immédiatement sur la terre ibérique qui contient une tradition littéraire riche sur l’Apocalypse70. Le texte de l’oracle dans ce codex est plus court (W1 courte) que celui de Fécamp (W1 longue), presque identique à celui du manuscrit poitevin, que nous allons examiner.

L’arrivée en Poitou

  • 71 Codex cité supra n. 44 (Paris, BnF, lat. 4892). La date de transcription est de peu postérieure à l (...)
  • 72 Voir supra, n. 35.

20Le témoin manuscrit suivant est celui du Poitou, la Chronique de Saint-Maixent composée avant 1124 et connue par une transcription, de peu postérieure à 1142, conservée à l’abbaye Saint-Pierre de Maillezais71. L’oracle de la sibylle tiburtine en version courte (W1 courte) est transcrit, comme nous l’avons vu72, à l’intérieur de l’œuvre de Fréculf, où l’auteur cite la prophétie en vers acrostiches. Juste après ce poème, séparé par un seul mot de transition « Item » (fig. 6 [col. a, à la dernière ligne]), on lit l’oracle de la sibylle tiburtine, à partir du début, à savoir la liste des dix sibylles, jusqu’à la fin du monde. Le texte s’arrête brusquement de façon maladroite, juste avant la citation de l’acrostiche et après la phrase qui annonce le poème attribué à la sibylle érythréenne : « […] uaticinando intonuit dicens […] (elle prédit et proclama […]) ». Ensuite, l’auteur poitevin, s’étant sans doute aperçu que ce qu’elle a prédit en acrostiche est déjà recopié, intervient : « Sed iam ad ordinem revertamus (Mais maintenant, revenons au fil [de notre source]) » et continue à suivre l’Historia de Fréculf (fig. 10). La ressemblance textuelle de ce texte avec celui du manuscrit ibérique ci-dessus suggère que la transmission en Poitou se soit faite via Cluny.

Fig. 10 : Paris, BnF, lat. 4892, fol. 35v°, l. 36, Chronique universelle de Saint-Maixent, la fin de l’oracle et la reprise de l’œuvre de Fréculf après « Sed iam ad ordinem reuertamus ».

Fig. 10 : Paris, BnF, lat. 4892, fol. 35v°, l. 36, Chronique universelle de Saint-Maixent, la fin de l’oracle et la reprise de l’œuvre de Fréculf après « Sed iam ad ordinem reuertamus ».

Cl. : BnF, Gallica.

  • 73 Cette affaire est connue par deux témoins écrits : lettre d’Abbon de Fleury à Odilon ; Abbon, Epist (...)
  • 74 Cartulaire de l’abbaye Saint-Cyprien de Poitiers, Louis-François-Xavier Rédet (éd.), Poitiers, Arch (...)
  • 75 Paris, BnF, lat. 5323, recueil des vies de saints célébrés du 2 avril au 22 août ; ce légendier con (...)
  • 76 Dominique Iogna-Prat, Agni immaculati : recherches sur les sources hagiographiques relatives à Sain (...)
  • 77 Ce texte, abandonné à Cluny mais bien conservé à Poitiers, est utilisé pour la rédaction de la Vie (...)
  • 78 Martin de Montierneuf, De constructione Monasterii Novi Pictavis, [21]-[22], dans Recueil des docum (...)
  • 79 Martin de Montierneuf (éd. cit. n. 78), acte de Montierneuf, no 5, p. 10-11.

21En effet, l’arrivée des Clunisiens à l’abbaye Saint-Cyprien de Poitiers est mentionnée avant 1004, dans la dernière lettre d’Abbon, abbé de Fleury, qui était de passage à Poitiers, juste avant sa mort à Réole. Dans cette lettre adressée à Odilon, abbé de Cluny, Abbon dit être intervenu, au titre de vicaire du supérieur de Saint-Cyprien de Poitiers, Odilon de Cluny, dans l’affaire judiciaire qui a opposé les moines de ce monastère à leur abbé73. Il n’y a aucune trace interne à Saint-Cyprien de Poitiers, notamment dans le cartulaire74, qui puisse confirmer l’influence clunisienne dès l’an Mil dans ce monastère, au moins en ce qui concerne la gestion du patrimoine. En revanche, l’influence culturelle des moines bourguignons à Poitiers semble indiscutable, car il existe un légendier poitevin (xiie s.), provenant fort probablement de Saint-Cyprien75, qui renferme un texte rare, une partie de la Vie de Maïeul, abbé de Cluny, rédigée par Syrus (BHL 5177-5179). Ce texte n’est diffusé qu’avant 1050, puis éclipsé par la nouvelle version écrite par Odilon (avant 1049, BHL 518276). C’est donc un indice à retenir de la semence culturelle clunisienne en Poitou au début du xie siècle77. La trace suivante des Clunisiens en Poitou n’apparaît qu’à la deuxième moitié de ce siècle. Selon un récit du début du xiie siècle, l’auteur, Martin moine de Montierneuf, évoque la venue de trois clunisiens en Poitou vers 1060, appelés par le comte Guy-Geoffroy dans le but de « réformer » les monastères de Maillezais, de Saint-Jean-d’Angély, de Saint-Maixent et de Saint-Martial de Limoges78. Enfin, c’est en 1076 que le même comte confie le nouveau monastère qu’il a fondé, Montierneuf, à l’abbé de Cluny Hugues de Semur79 : ce sera le foyer clunisien le plus remarquable de Poitiers, à 800 m de distance de l’église Notre-Dame-la-Grande.

  • 80 Georges Pon, « L’apparition des chanoines réguliers en Poitou : Saint-Nicolas de Poitiers », Bullet (...)
  • 81 Thibaud, chancelier du comte Guy-Geoffroy : actes de Saint-Hilaire, dans Documents pour l’histoire (...)
  • 82 Selon un acte de Nouaillé, Chartes de l’abbaye de Nouaillé… (éd. cit. n. 2), no 160.

22Par ailleurs, cette période coïncide avec le rétablissement canonial et l’essor des chapitres, que l’on observe dans les anciennes collégiales de la cathédrale Saint-Pierre, de Saint-Hilaire-le-Grand, de Sainte-Radegonde, de Notre-Dame-la-Grande, avec la nouvelle communauté des clercs de Saint-Nicolas, fondée vers 1050 par Agnès de Bourgogne, mère des comtes80. On voit ainsi un chanoine Thibaud remplir le rôle du chancelier du comte Guy-Geoffroy (c. 1067-1080) ; il est appelé aussi « grammaticus de Sancta Maria81 ». Son frère Guillaume82 est qualifié de chancelier de Saint-Hilaire.

  • 83 Garnier, prieur de Saint-Nicolas : actes de Saint-Nicolas, no 19 [1073-1086], Cartulaire du prieuré (...)
  • 84 La mobilité des chanoines entre les collégiales de Poitiers semble peu exceptionnelle. Citons un ex (...)
  • 85 Voir supra n. 3.
  • 86 M.-Th. Camus (art. cit. n. 4), p. 234-237.
  • 87 R. Favreau (art. cit. n. 2), p. 17.
  • 88 Garnier, abbé de Notre-Dame-la-Grande dans l’entourage épiscopal de Pierre II : acte de Saint-Maixe (...)
  • 89 Recueil des documents relatifs à l’abbaye de Montierneuf de Poitiers (éd. cit. n. 78), acte de Mont (...)
  • 90 Cartulaire du prieuré de Saint-Nicolas de Poitiers (éd. cit. n. 83), no 34 (= acte de Montierneuf, (...)

23Selon toute vraisemblance, Garnier, prieur de Saint-Nicolas (1083-108683) peut être identifié à l’abbé homonyme de Notre-Dame la Grande (entre 1086 et le 11 avril 111884), dont la direction correspond probablement à la dédicace de l’église lors de l’achèvement de la première campagne (le 9 juillet 108685), ainsi qu’à la commande et au début du chantier de la deuxième campagne, qui édifie, entre autres, la façade (vers 1090-113086). Comme les abbés qui l’ont précédé, Isembert (dans les années 1060-1070) et Geoffroy (dans les années 1060-107087), Garnier apparaît quasi constamment dans l’entourage de l’évêque de Poitiers, Pierre II88. Par ailleurs, les deux autres cas dans lesquels son nom apparaît révèlent de sa part des actes juridiques en faveur de Montierneuf89 et de l’ancienne collégiale Saint-Nicolas90, devenue depuis 1086/1087 un des prieurés de ce monastère clunisien.

24De tous ces faits, il ressort que la transmission progressive de la culture clunisienne depuis le début du siècle, et le dynamisme du milieu canonial, avide de communiquer et de s’instruire, constituent le terreau dans lequel apparaît la belle image de la sibylle tiburtine au pilier de la travée du clocher, tirée du texte de l’oracle qui était déjà arrivé dans la ville de Poitiers avant que le moine de Saint-Maixent le recopie.

L’expansion de l’œuvre : du Poitou à l’Angleterre des Plantagenêt

  • 91 François Dolbeau, « Une vision adressée à Heito de Reichenau († 836) dans la Chronique de Saint-Mai (...)
  • 92 Cf. Claude Carozzi, Le Voyage de l’âme dans l’au-delà d’après la littérature latine : ve-xiiie sièc (...)
  • 93 Tours, BM, ms. 20, fol. 64-66, voir Joseph Van Der Straeten, Les manuscrits hagiographiques d’Orléa (...)
  • 94 Ms. cit. n. 35. Notons que la Chronique de Saint-Maixent présente les trois visions contenues dans (...)
  • 95 Londres, Lambeth Palace, 173, fol. 190-192 (début du xiie s.), Karl Hampe (éd.), dans Neues Archiv (...)

25En dernier ressort, il n’est pas exclu que l’arrivée de l’oracle de la sibylle tiburtine en Poitou soit un des moteurs de sa grande diffusion dans l’Angleterre des Plantagenêt à partir du xiie siècle. Une réalité parallèle apparaît dans la transmission d’un texte bien mystérieux : une lettre anonyme adressée à un abbé H., peut-être Heito/Haito de Reichenau (abbé 806-823), portant sur la vision de châtiments atroces infligés à des moines pécheurs aussi bien morts que vivants91 – un moine aperçoit une nuit son confrère nommé Furlad tourmenté, puis ce dernier lui raconte son séjour chaque nuit en un lieu de supplices, probablement une sorte du purgatoire, à cause de ses péchés92. La trace manuscrite la plus ancienne de ce texte, à notre connaissance, se trouve dans un codex de Marmoutier de la fin du xe siècle93. Ensuite, un manuscrit du Poitou, la Chronique de Saint-Maixent94 (recopié avant 1124). On la retrouve enfin dans deux manuscrits plus tardifs (fin xiie s.) en Angleterre95. La collation de ces manuscrits prouve l’existence d’un codex intermédiaire entre celui de Marmoutier et les autres, qui a servi de modèle aux trois manuscrits du xiie siècle. Et le fait que la première trace de sa transmission se trouve dans la Chronique poitevine suggère de localiser ce manuscrit perdu en Poitou. Par la suite, la diffusion de l’œuvre se serait effectuée non seulement en Poitou, mais aussi du Poitou Plantagenêt vers l’Angleterre.

  • 96 L’éventualité de la diffusion de cette œuvre dans le monde plantagênet peut être confortée par le f (...)

26Si on place l’oracle de la sibylle tiburtine dans cette perspective de transmission dévoilée autour de cette œuvre de la vision, la venue de l’oracle de la sibylle tiburtine pourrait être située à la fin du xie siècle ou au début du siècle suivant ; ensuite, l’œuvre aurait pu se diffuser du Poitou, au moins à Saint-Maixent, puis à l’Angleterre des Plantagenêt96. Il n’en reste pas moins que cette transmission devait produire par ailleurs « a medieval best-seller ». Ainsi, le Poitou, fortement lié aux Îles britanniques durant le xiie siècle par le biais des Plantagenêt, a pu jouer un rôle important dans la diffusion des manuscrits du continent vers l’Angleterre.

« Nascetur Christus in Bethleem » et la vision de l’« ara coeli »

27Pour conclure, il faut toutefois reconnaître que la source directe de cette inscription dans les peintures murales de Notre-Dame la Grande, fin xie ou début xiie siècle, reste indéterminée. Nous signalerons tout de même que cette affirmation « Nascetur… » fait partie de la parole prophétique attribuée de façon constante à la sibylle tiburtine à partir du xve siècle :

« Nascetur Christus in Bethleem (cf. Mi 5, 2),

  • 97 Il s’agit d’Octave Auguste. C’est qu’il succède au surnom de son père, « de Thurinus (Thourrioi, Lu (...)
  • 98 Émile Mâle indique la source de cette partie : « Postquam Taurus pacificus, sub levi mugitu, climat (...)

et annuntiabitur in Nazareth regente tauro97 pacifico fundatore quietis98.

O felix illa mater cuius ubera illum lactabunt (cf. Lc 11, 27). »

Le Christ naîtra à Bethléem et sera annoncé à Nazareth, sous le règne du taureau pacifique [Octave Auguste], auteur de la paix. Heureuse la mère qui allaitera un tel fils !

  • 99 Il s’agit d’un texte adressé au cardinal Giordano Orsini (c. 1360-1438), intitulé « Prophetie XII s (...)
  • 100 Filippo Barbieri, Discordantiae sanctorum doctorum Hieronymi et Augustini adiunctis aliis opusculis(...)
  • 101 É. Mâle (op. cit. n. 98), p. 262.
  • 102 Notons en passant – ce qui peut être un point de comparaison intéressant – que la clause en prose d (...)

28En effet, à partir du début du xve siècle, l’iconographie présente des sibylles au nombre de douze (et non dix) accompagnées de clauses prophétiques. À la même époque, on voit apparaître dans les codices un recueil des descriptions et des prophéties de ces douze sibylles, destiné à l’usage des artistes iconographes99, qui connaît une large diffusion, notamment dans l’œuvre d’un dominicain, Filippo Barbieri (fig. 11100). Or, malgré de nombreuses recherches, les sources de ces recueils restent introuvables. Émile Mâle se contente de dire : « Il courait en Italie beaucoup d’oracles qui semblent avoir été fabriqués dans les couvents de l’Italie du Sud101 ». Il est donc surprenant de voir l’incipit exact de la prophétie qui circule au xve siècle portée par la sibylle de Tibur, attesté au moins 300 ans auparavant à Poitiers. Il demeure tout de même possible que la parole de la sibylle tiburtine de Poitiers sur ce phylactère ouvre une autre conjecture concernant les sources des oracles sibyllins tardifs, de même que pour la vision de l’ara coeli par l’art de la sibylle tiburtine, que l’on ne connaît précisément pour l’instant que par des Mirabilia du milieu du xiie siècle102.

Fig. 11 : La sibylle tiburtine sur une page de Filippo Barbieri, Discordantiae sanctorum doctorum Hieronymi et Augustini adiunctis aliis opusculis (1479), imprimée par Jacob Köbel à Oppenheim vers 1514, numérisée par BnF, Gallica, NUMM-59153 (non paginé).

Fig. 11 : La sibylle tiburtine sur une page de Filippo Barbieri, Discordantiae sanctorum doctorum Hieronymi et Augustini adiunctis aliis opusculis (1479), imprimée par Jacob Köbel à Oppenheim vers 1514, numérisée par BnF, Gallica, NUMM-59153 (non paginé).

Cl. : BnF, Gallica.

  • 103 Nous pouvons dire avec F. Dolbeau (art. cit. n. 91, p. 404) : « La Chronique [… de Saint-Maixent] e (...)

29Voici donc le résultat de la quête des sources d’une partie des peintures murales de Notre-Dame-la-Grande, ressuscitées par la technologie actuelle. Si les prophètes et les rois qui figurent aux écoinçons s’insèrent dans la tradition liturgique de l’Avent, la présence des deux prophétesses sibylles suggère une plus grande richesse documentaire chez les commanditaires des milieux canoniaux de la ville de Poitiers à la fin du xie siècle. La sibylle érythréenne, dont l’acrostiche était si connu, se trouve ici avec son identité, provenir non de la tradition liturgique de l’Avent venant de l’œuvre de Quodvultdeus, mais directement de l’œuvre d’Augustin ou d’un des auteurs qui l’ont cité, par exemple Fréculf de Lisieux dans son Historia. La sibylle tiburtine ouvre une grande perspective : l’arrivée de l’oracle en Poitou, concomitante, puis facteur de sa diffusion dans le monde Plantagenêt. La trace de la transmission de ces deux textes d’oracles en Poitou est parfaitement attestée par le recueil colossal, mis par écrit avant 1124, que constitue la Chronique de Saint-Maixent103. Enfin, le problème complexe de la parole que porte la sibylle tiburtine de Poitiers : « Nascetur… », mérite un examen particulier dans le cadre de la recherche de la source des prophéties sibyllines qui fleurissent aux siècles suivants.

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Notes

1 Ce texte a été relu par Monique Janoir, Jacques-Hubert Sautel et Nathalie Verpeaux. Je leur exprime ici mes remerciements.

2 Une notice conservée dans le fonds de Nouaillé, de mars 923, Chartes de l’abbaye de Nouaillé de 678 à 1200, Dom Pierre de Monsabert (éd.), Poitiers, Société des archives historiques du Poitou (Archives historiques du Poitou [désormais AHP], 49), 1936, no 42, p. 74-76 ; une notice transcrite dans le cartulaire de Redon concernant le transfert des reliques de saint Maixent, du 20 juin 924, Cartulaire de l’abbaye de Redon en Bretagne, Aurélien de Courson (éd.), Paris, Imprimerie impériale (Collection de documents inédits sur l’histoire de France, première série), 1863, no 283, p. 228-230 ; voir Robert Favreau, « L’église et l’établissement canonial au Moyen Âge (ixe-xve s.) » dans Notre-Dame-la-Grande de Poitiers : l’œuvre romane, Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt (dir.), Paris/Poitiers, Picard/CESCM, 2002, p. 16-35, ici p. 16 et n. 5.

3 R. Favreau (art. cit. n. 2), p. 17-18 et n. 19, indique la source : Arch. dép. Vienne, G 1103 : un calendrier liturgique des anniversaires de Notre-Dame-la-Grande, xvie s.

4 Marie-Thérèse Camus, « La grande métamorphose : l’allongement de l’église et la façade (v. 1090-1130) » dans Notre-Dame-la-Grande de Poitiers… (op. cit. n. 2), p. 233-239, ici p. 234-237.

5 Notre-Dame-la-Grande de Poitiers… (op. cit. n. 2).

6 Robert Favreau, « Les peintures murales du rond-point à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers : un programme iconographique et épigraphique très élaboré », Cahiers de civilisation médiévale, 238, 2017, p. 139-153, DOI : 10.4000/ccm.1886 ; Id., Les inscriptions de Poitiers, fin viiie-début xvie siècle : une source pour l’histoire de la ville et de ses monuments, Vincent Debiais, Estelle Ingrand-Varenne, et al. (éd.), Paris, CNRS Éditions (Corpus des inscriptions de la France médiévale, hors-série), 2017, nos 48, 40, 50 et 51. Il y a encore des échafaudages en ce moment qui permettent de juger de l’état des peintures, dans le cadre d’une grande campagne de restauration nécessitée par le danger présenté par les voûtes. Je remercie Madame Claude Andrault-Schmitt pour cette information.

7 Sur les inscriptions des sibylles, voir infra.

8 Lise Hulnet-Dupuy, « Les peintures murales romanes de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers », Cahiers de civilisation médiévale, 165, 1999, p. 3-38, DOI : 10.3406/ccmed.1999.2741 ; Id., « Les peintures murales de la partie orientale : un chef-d’œuvre méconnu », dans Notre-Dame-la-Grande de Poitiers… (op. cit. n. 2), p. 202-231.

9 Jean-Michel Roessli, « Les “Oracles sibyllins” », dans Histoire de la littérature grecque chrétienne des origines à 451, Bernard Pouderon et Enrico Norelli (dir.), 2 : De Paul de Tarse à Irénée de Lyon, Paris, Belles Lettres (L’Âne d’or, 60), 2016, p. 511-534.

10 Théophile d’Antioche, Trois livres à Autolycus, Gustave Bardy (éd.) et Jean Sender (trad.), Paris, Éditions du Cerf (Sources chrétiennes [désormais SC], 20), 1948, cite 111 vers des oracles sibyllins ; Clément d’Alexandrie, Les Stromates, Alain Le Boulluec (éd.) et Pierre Voulet (trad.), Paris, Éditions du Cerf (SC, 278), 2006 ; Id., Le Protreptique, Claude Mondésert et André Plassart (éd. et trad.), Paris, Éditions du Cerf (SC, 2), 2004, 6 vers ; Pseudo-Justin, Exhortation aux Grecs, Bernard Pouderon (éd. et trad.), Cécile Bost-Pouderon, Marie-Joseph Pierre et Pierre Pillard (collab.), Paris, Éditions du Cerf (SC, 528), 2009, 16 vers ; Lactance, Institutions divines, livres I, II : L’origine de l’erreur, IV : La vraie sagesse et la vraie religion, Pierre Monat (éd. et trad.), Paris, Éditions du Cerf (SC, 326, 337 et 377), 1986, 1987 et 1992, et livre VII, Jacques-Paul Migne (éd.), Paris, Garnier (Patrologia latina [désormais PL] 6), 1844, col. 733-822, environ 60 vers, voir Marie-Louise Guillaumin, « L’exploitation des “Oracles sibyllins” par Lactance et par le Discours à l’assemblée des saints [de Constantin] », dans Lactance et son temps : recherches actuelles, actes du IVe colloque d’études historiques et patristiques (Chantilly, 21-23 septembre 1976), Jacques Fontaine et Michel Perrin (dir.), Paris, Édition Beauchesne (Théologie historique, 48), 1978, p. 185-202.

11 Augustin d’Hippone, De civitate Dei, lib. XVIII, c. 23, l. 74-87, Bernhard Dombart et Alphonse Kalb (éd.), Turnhout, Brepols, (Corpus Christianorum, series latina [désormais CCSL], 48), 1955, p. 615 : les 17 vers de la Passion, « In manus, inquit, infidelium postea ueniet… primus resurrectionis principio reuocatis ostenso » d’après Lactance (éd. cit. supra), lib. IV, c. 18, 15, 17, 19, 20 et c. 19, 5, 10, p. 166-169 et p. 176-179.

12 Augustin d’Hippone (ibid.), lib. XVIII, c. 23, l. 17-43, p. 613-615 : acrostiche en 27 vers, « Iudicii signum tellus sudore madescet… Reccidet e caelo ignisque et sulphuris amnis ».

13 Oratio ad sanctorum coetum, XX, Jacques-Paul Migne (éd.), Paris, Vrayet (PL, 8), 1844, col. 461 ; voir Daniel de Decker, « Le “Discours à l’assemblée des saints” attribué à Constantin et l’œuvre de Lactance », dans Lactance et son temps… (op. cit. n. 10), p. 75-90.

14 Eusèbe de Césarée, Eusebii pamphili…, Jacques-Paul Migne (éd.), Petit-Montrouge, s. n. (Patrologia Graeca [désormais PG], 20), 1857, col. 1285-1290 et Oratio ad sanctorum coetum… (éd. cit. n. 13), col. 401-478.

15 Quodvultdeus, Sermo IV contra Iudaeos et Arieno, René Braun (éd.), Turnhout, Brepols (CCSL, 60), 1976, p. 227-258 ; ce sermon a été attribué à Augustin jusqu’aux années 1910, voir l’introduction de l’édition et la traduction de : Quodvultdeus, Liber de promissionibus et praedictionibus Dei, René Braun (éd.), Paris, Éditions du Cerf (SC, 101-102), 1964, 2 vol., ici no 101, p. 58-59 et p. 88-113.

16 Les prophètes : Isaïe (Quodvultdeus, ibid., c. XI, l. 17-21, Is 7, 14 ; Is 1, 3 et c. XIII, l. 24-25, Is 1, 3), Jérémie-Baruch (ibid. c. XI, l. 21-25 et c. XIII, l. 31-32, Ba 3, 36-38), Daniel (ibid., c. XII, l. 2-17, cf. Dn 9, 24 ; cf. Dn 2, 34-35), Habaquq (ibid., c. XIII, l. 15-30, Ha 3, 2 et 5 dans la Vetus Latina) ; les rois : David (les versets psalmiques sont attribués au roi David : ibid., c. XII, l. 18-25, Ps 67, 16-17 et c. XIII, l. 8-9, Ps 71, 11 ; l. 10-12, Ps 109, 1 ; l. 13-15, Ps 2, 1-2), Nabuchodonosor (ibid., c. XV, l. 17-25, Dn 3, 91-92, la proclamation de la puissance du dieu des Hébreux prononcée par ce roi) ; les apôtres : Pierre (ibid., c. XII, l. 25, Mt 16, 16), Paul (ibid., c. XV, l. 5-10, Ac 13, 46), les autres personnages bibliques : Moïse (ibid., c. XIII, 1-4, Dt 18, 15 et 19), Syméon (ibid., c. XIV, l. 4-16, Lc 2, 29-30), Zacharie (ibid., c. XIV, l. 16-21, Lc 1, 76), Elisabeth (ibid., c. XIV, l. 22-45, Lc 1, 43-44) et Jean-Baptiste (ibid., c. XIV, l. 27-49, cf. Mc 1, 7 ; Jn 1, 29 et 36 ; Mt 3, 14 ; Jn 3, 29).

17 Virgile, Bucoliques, églogue IV, v. 7, Eugène de Saint-Denis et Roger Lesueur (éd. et trad.), Paris, Belles Lettres (Collection des universités de France, série latine), 1997, p. 60, cité dans Quodvultdeus (éd. cit. n. 15), c. XV, 4, l. 13-15, éd. p. 247 : « Nonne quando ille poeta facundissimus inter sua carmina “Iam noua proles demittitur alto” dicebat, Christo testimonium perhibebat ? ».

18 Bien entendu, ces deux voies de transmission ne sont pas exclusives. Il existe quelques traces de la transmission latine des oracles sibyllins venant sans doute directement de Lactance, découvertes par : Bernhard Bischoff, « Die lateinischen Übersetzungen und Bearbeitungen aus den Oracula Sibyllina », dans Mittelalteriche Studien. Ausgewählte Aufsätze zur Schriftkunde und Literaturgeschichte, Stuttgart, Hiersemann, 1966, vol. 1, p. 150-171, dont la version Dicta sibyllae Magae (cf. infra, n. 43).

19 Le lien tissé entre ce sermon et la liturgie des vigiles de Noël a fait l’objet de plusieurs études : Marius Sepet, « Les prophètes du Christ : étude sur le théâtre au Moyen Âge », Bibliothèque de l’École des Chartes, 28, 1867, p. 1-27, DOI : 10.3406/bec.1867.446185 ; Higini Anglès, La Música a Catalunya fins al segle xiii, Barcelone, Institut d’estudis catalans (Biblioteca de Catalunya, Publicaciones del Departament de música, 10), 1935, p. 288-302 ; Solange Corbin, « Le Cantus Sibyllae : origine et premiers textes », Revue de musicologie, 34, 1952, p. 1-10, en ligne, URL : https://www.mgh-bibliothek.de/dokumente/b/b044300.pdf (consulté le 22/11/21) ; Françoise Gay, « Les prophètes du xie au xiiie s. (Épigraphie) », Cahiers de civilisation médiévale, 120, 1987, p. 357-367, DOI : 10.3406/ccmed.1987.2381 ; Marie-Noël Colette, « Le chant de la Sibylle, composition, transmission et interprétation », dans La Sibylle : parole et représentation, Monique Bouquet et Françoise Morzadec (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes (Interférences), 2004, p. 165-176.

20 Paris, BnF, lat. 2832, fol. 123vo-124, ixe s., provenant de Saint-Oyen, puis passé à Saint-Claude dans le Jura : il a été copié par Mannon, prévôt de l’abbaye ; voir Anne-Marie Turcan-Verkerk, « Mannon de Saint-Oyen dans l’histoire de la transmission des textes », Revue d’histoire des Textes, 29, 1999, p. 169-243, DOI : 10.3406/rht.2000.1479.

21 Quodvultdeus (éd. cit. n. 15), c. XI-XVII (début), p. 241-258 ; dans quelques homiliaires, l’abrégé du sermon commence par une partie du ch. I : Paris, BnF, lat. 1646 (xie s.) et lat. 5302 (xiie s., provenance : une région soumise aux influences catalanes).

22 Cordoba, Archivo Capitular de la Catedral, 1, fol. 327vo, homiliaire, copié à San Bodelio de Berlanga (Burgos), (xe s., les notes musicales sont ajoutées au xie s. – S. Corbin [art. cit. n. 19], p. 6) ; Paris, BnF, lat. 16819, homiliaire de Paul Diacre, école d’Auxerre (xe s. et add. xie s.), provenance : Saint-Corneille de Compiègne ; notons en passant que Paul Diacre, Homélie 12, In annuntiatione beatae Mariae vel potius Adventus Domini, Jacques-Paul Migne (éd.), Paris, s. n. (PL, 95), 1850, en ligne, URL : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k54906898/f735.item# [consulté le 22/11/21], c. 1473-1474) est une copie complète du sermon de Quodvultdeus contenu dans le même codex.

23 Paris, BnF, lat. 5304, fol. 109vo-110 (xie-xiie s.) ; ce codex, de provenance inconnue, peut-être de Moissac, est un recueil des vies et des passions des saints avec les sermons pour la célébration de leurs fêtes.

24 Paris, BnF, lat. 1139, recueil factice de pièces paraliturgiques (xie-xiiie siècle) ; aux fol. 55vo-58, les rubriques indiquent les noms : Israhel, Moysen, Isaias, Ieremias, Daniel, David, Simeon, Elisabet, Virgilius, Nabocodonosor et Sibilla, suivis de leurs paroles accompagnées des notes musicales qui annoncent la venue du Christ. Après la rubrique « Sibilla », on chante les trois premiers versets de l’acrostiche. L’affinité entre le sermon et ce chant est rendue indiscutable par la mention de Virgile, de Nabuchodonosor et de la Sibylle. Concernant la codicologie de ce codex, voir Guy de Poerck, « Le ms. BN, lat. 1139 : étude codicologique d’un recueil factice de pièces paraliturgiques (xie-xiiie siècle) », Scriptorium, 23, 1969, p. 298-312.

25 « Voici donc le sermon entré dans la liturgie, officiellement, ainsi que le poème acrostiche [de la sibylle] » dit S. Corbin : S. Corbin (art. cit. n. 19), p. 6.

26 Notons que les éléments vétéro-testamentaires sont introduits dans la liturgie de l’Avent de multiples façons ; citons, entre autres, les « Grandes O » : antiennes du Magnificat aux vêpres des féries majeures. L’invocation « O » est suivie de dénominations du Messie tirées de l'Ancien Testament : « O Sapientia » (Corpus antiphonalium officii, vol. 5, René-Jean Hesbert [éd.], Rome, Herder [Rerum ecclesiasticarum documenta, series majors, Fontes, 11], 1975, no 4081), « O Adonai » (ibid., no 3988), « O Radix Jesse » (ibid., no 4075), « O Clavis David » (ibid., no 4010), « O Oriens » (ibid., no 4050), « O Rex Gentium », (ibid., no 4078), « O Emmanuel » (ibid., no 4025). Ces antiennes figurent encore aujourd’hui dans la liturgie, aussi bien romaine que monastique.

27 Mariacarmen Gòmez, « From the Iudicii Signum to the Song of the Sybil: Early Testimony », dans Hispania vetus: Musical-Liturgical Manuscripts from Visigothic Origins to the Franco-Roman Transition (9th-12th Centuries), Susana Zapke (dir.), Bilbao, Fundaciòn BBVA, 2007, p. 159-173, en ligne, URL : https://www.fbbva.es/wp-content/uploads/2017/05/dat/DE_2008_hispania_vetus_ing.pdf (consulté le 22/11/21).

28 S’il est possible de tenir compte de la source commune entre les peintures murales (de la fin du xie et du début du xiie siècle selon les éléments paléographiques, R. Favreau [art. cit. n. 6], p. 141) et la statue du roi Nabuchodonosor qui est présente sur la façade et est issue de la deuxième campagne (vers 1090-1130, voir M.-Th. Camus [art. cit. n. 4]), cet élément pourra fournir une nouvelle perspective concernant la chronologie des premiers travaux de Notre-Dame-la-Grande.

29 Fréculf, Historia, dans Frechulfi Lexoviensis episcopi opera omnia, Michael I. Allen (éd.), Turnhout, Brepols (Corpus christianorum Continuatio Mediaevalis [désormais CCCM], 169A), 2002, p. 17-437.

30 Philippe Depreux, Prosopographie de l’entourage de Louis le Pieux (781-840), Peter Johanek (préf.), Sigmaringen, Thorbecke (Instrumenta, 1), 1997, p. 235-240.

31 Fréculf (éd. cit. n. 29), t. I, lib. 3, c. 12, éd. p. 175-178 ; la source en est : Augustin d’Hippone (éd. cit. n. 11), livre. 18, chap. 27.

32 Les prophètes : Amos, Isaïe, Michée, Osée ; les rois et gouverneurs, entre autres Ozias (Juda 781-740), Alcméon (Athènes 755-753), Thyrimas (Macédoine c. 750-700), Salamanazar V (Assyrie 727-721) ; la fondation de Rome (753), la fin du royaume d’Israël (721).

33 Fréculf (éd. cit. n. 29), p. 176 : « Eodem quoque tempore nonnulli Sybillam Erictrheam uaticinatam ferunt. »

34 Bibliothèque apostolique vaticane, Reg. lat. 302, xe ou xie s., fol. 1.

35 Transcription de l’Historia (t. I) de Fréculf dans la Chronique de Saint-Maixent, Paris, BnF, lat. 4892, fol. 3-102vo (partie inédite). Voir l’introduction de l’édition : Frechulfi Lexoviensis episcopi opera omnia (éd. cit. n. 29), p. 157*-163* : l’éditeur affirme l’affinité de ces deux manuscrits, voir le stemma, p. 180*.

36 L’oracle de la sibylle tiburtine, Ernst Sackur, Sibyllinische Texte und Forschungen: Pseudomethodius, Adso und die tiburtinische Sibylle, Halle-sur-Saale, Max Niermeyer, 1898, p. 177-187 ; Claude Carozzi et Huguette Taviani-Carozzi (éd.), La fin des temps : terreur et prophéties au Moyen Âge, Paris, Flammarion (Champs, 446), 1999, p. 127-136.

37 Paul J. Alexander, The Oracle of Baalbek: The Tiburtine Sibyl in Greek Dress, Washington, Dumbarton Oaks Center for Byzantine Studies (Dumbarton Oaks Studies, 10), 1967.

38 Philippe Verdier, « La naissance à Rome de la vision de l’ara coeli : un aspect de l’utopie de la paix perpétuelle à travers un thème iconographique », Mélanges de l’École française de Rome, Moyen Âge, 94, 1982, p. 85-119 ; Jacques Poucet, « Les “Marqueurs” de la Nativité du Christ dans la littérature médiévale : la christianisation du matériel romain », Folia Electronica Classica, 29, 2015, p. 1-203, ici p. 55-120, en ligne, URL : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FE/29/TM29.html (consulté le 22/11/21).

39 Mirabilia Urbis Romae, dans Cesare D´Onofrio, Visitiamo Roma mille anni fa: la città dei Mirabilia, Rome, Romana società editrice (Studi e testi per la storia della città di Roma, 8), 1988. En ce qui concerne les sources de cette légende, enracinée dans la littérature grecque et latine, ainsi que leur postérité, voir Ph. Verdier (art. cit., n. 38), p. 85-95. Malgré l’affirmation de ce dernier (p. 95), dans les œuvres grecques antérieures : Jean Malalas, Chronographie, (Ludwig Dindorf [éd.], Bonn, Weber [Corpus scriptorum historiae byzantinae, 15], 1831, p. 231-232, PG 97, col. 357A) et les textes latins, Chronicon palatinum (Theodore Mommsen [éd.], Berlin, Weidmannos, [MGH Scriptores Antiquissimi, 13], 1898, p. 428-429), la prophétesse est appelée « Πυθία, Pythia » sans indication de la provenance « de Tibur » ; voir aussi J. Poucet (art. cit. n. 38).

40 Cl. Carozzi et H. Taviani-Carozzi (éd. cit. n. 36).

41 Bernard McGinn, « Teste David cum Sibylla: The Significance of the Sibylline Tradition in the Middle Ages », dans Women of the Medieval World: Essays in Honor of John H. Mundy, Julius Kirshner et Suzanne Fonay Wemple (dir.), Oxford, Basil Blackwell, 1985, p. 7-35, ici p. 21.

42 Anke Holdenried, The Sibyl and Her Scribes: Manuscripts and Interpretation of the Latin Sibylla Tiburtina c. 1050-1500, Aldershot /Burlington, Ashgate (Church, Faith and Culture in the Medieval West), 2006, notamment p. 177-202. Cet oracle est souvent incorporé dans les recueils de textes historiques. Voir à ce propos, Régis Rech, « Charles d’Anjou et le Limousin : la conquête du royaume de Naples chez Hélie Autenc et Géraud de Frachet », Bibliothèque de l’école des chartes, 158-2, 2000, p. 443-473, DOI : 10.3406/bec.2000.451038. Cet oracle figure dans trois codices qui contiennent la Chronique universelle de Géraud de Frachet (xiiie s.) – Paris, BnF, lat. 5005A, c. 1277-1282, Angers, BM 668 (605) 1264-1297 et Reims, BM 1458 (K. 764), 1412 ; à part quelques amplifications au début, c’est bien la version « W1 courte » (voir infra, n. 43) qui accompagne l’œuvre de ce savant dominicain. Il figure aussi, de façon partielle, dans un recueil des documents de la pratique : Registrum Guerini (1220, Registre E de Philippe Auguste, Arch. nat. JJ 26), Les registres de Philippe Auguste, John Baldwin (éd.) et Robert-Henri Bautier (dir.), Paris, Imprimerie nationale/De Boccard (Recueil des historiens de la France, Documents financiers et administratifs, 7), 1992, p. 546-549, Miscellanea 4.

43 Au cours de sa diffusion, l’œuvre a subi quelques évolutions. Paul Julius Alexander (op. cit. n. 37) classe les variantes en six groupes (W1-W6). Cependant, parmi les témoins manuscrits les plus anciens « W1 : texte primitif », on constate trois versions qui diffèrent : « W1 longue » probablement primitive (voir infra), « W1 courte » : la version qui a connu une bonne diffusion (E. Sackur [op. cit. n. 36]) et « W1 amplifiée », qui résulte d’une contamination avec Dicta Sibyllae Magae (op. cit. n. 18). Cette dernière version est attribuée faussement à Bède le Vénérable et elle a été largement connue par la publication : Bède le Vénérable, Opera Bedae Venerabilis…, Basile Herold (éd.), Bale, J. Hervagium, 1563, p. 351-353, PL 90, col. 1181B-1186C.

44 Chronique de Saint-Maixent (partie inédite), Paris, BnF, lat. 4892, fol. 33vo-35vo ; voir dans l’introduction de son édition de Fréculf M. I. Allen (éd. cit. n. 29), n. 25, p. 162* ; il se contente, à tort, d’identifier ce texte à la version la plus connue : Ps. Bède, « W1 amplifiée ».

45 La version grecque de cette œuvre, « Oracle de Baalbek », a été découverte et éditée : P. J. Alexander (op. cit. n. 37), éd. p. 9-22, trad. en anglais p. 23-29 (d’après les manuscrits du xiie s. qui donnent le reflet d’un manuscrit perdu d’avant 518 selon l’éditeur). Selon ce texte, une sibylle, au début de la République romaine, prédit l’avenir du monde chrétien dans sa totalité : la période vétéro-testamentaire, la Nativité du Christ, sa Passion, sa Résurrection, la mission évangélique des apôtres et les persécutions, le règne des rois/empereurs chrétiens jusqu’à Anastase Ier (491-518), puis la catastrophe de la fin des temps, enfin l’Avènement du Christ.

46 Isidore de Séville, Étymologies, lib. 8, c. 8, Jacques-Paul Migne (éd.), Paris, Frères Garnier (PL, 72), 1878, c. 309-310, cité par Raban Maur, De universo libri XXII, lib. 15, c. 3, De Sibyllis, Jacques-Paul Migne (éd.), Paris, s. n. (PL, 111), 1864, col. 420-422 : la source de l’auteur de l’oracle. Le propos de « dix sibylles » est attribué à une œuvre perdue de Varron (Antiquitatum rerum humanarum et divinarum), transmise par Lactance (éd. cit. n. 10), lib. I, c. 6, 6-14, p. 76-83.

47 E. Sackur (op. cit. n. 36), p. 179-180.

48 17 vers de la Passion, voir supra n. 11.

49 Notons que ces initiales des noms de rois varient énormément entre les manuscrits quant à leur graphie et à leur position, ce qui rend impossible de les identifier avec certitude. L’objectif poursuivi par l’auteur de cette énumération consiste sans doute dans l’idée que la continuité des souverains chrétiens (d’Italie, selon l’auteur de l’oracle) assure la persistance de ce monde, comme l’indique Adson de Montier-en-Der, De ortu et tempore Antichristi, Daniël Verhelst (éd.), Turnhout, Brepols (CCCM, 45), 1976, p. 20-30. Par ce texte épistolaire, en réponse à la question de la reine Gerberge, la sœur d’Otton Ier et l’épouse de Louis d’Outremer, concernant l’antéchrist, Adson cite l’épitre paulinienne (2 Th, 2, 1-3) : « Rogamus autem vos fratres per adventum Domini nostri Iesu Christi, […] ne quis vos seducat ullo modo, quoniam nisi discessio primum » et déclare : « Inde ergo dicit Paulus apostolus, Antichristum non antea in mundum esse venturum, “nisi venerit discessio primum”, id est, nisi prius discesserint omnia regna a Romano imperio, que pridem subdita erant. Hoc autem tempus nondum venit, quia, licet videamus Romanum imperium ex maxima parte destructum, tamen, quandiu reges Francorum duraverint, qui Romanum imperium tenere debent, Romani regni dignitas ex toto non peribit, quia in regibus suis stabit. »

50 Ce roi Olibos n’est pas identifié. « O » apparaît dans le manuscrit de Fécamp, probablement le plus ancien témoin de la version « W1 longue » (voir supra, n. 43) ; cette initiale devient « C » dans ceux de « W1 courte » (fig. 8) : faut-il l’interpréter comme « Constantinus » ?

51 Conrad II est qualifié de « alius rex ».

52 Bérenger Ier de Frioul, roi entre 888-889, 898-900 et 905-923, empereur de 916 à 923, mort en 924 – notons qu’il n’y a pas de trace de ses rivaux, Guy de Spolète et son fils Lambert – ; Bérenger II roi 950–962, mort en 966, petit-fils de Bérenger Ier par l’union de sa fille Gisèle de Frioul avec Adalbert Ier d’Ivrée ; Adalbert/Aubert, fils de Bérenger II, roi d’Italie avec son père ; Hugues d’Arles, roi 926-947 ; Albéric III de Tusculum, consul et duc des Romains entre 1013-1033 ; Boniface III de Canossa, marquis de Toscane, vers 1024–1052.

53 Cf. E. Sackur (op. cit. n. 36), p. 182 : « Ipse erit magnus […]. Similis autem in imperio rex ante eum non erit, nec post eum futurus est ».

54 Ibid., p. 182 : « Ipse erit nimis bellicosus […]. Et non dabitur in manus inimicorum suorum, et morietur exul extra regnum et anima ejus in manu Domini/Dei ». Après la destitution définitive de Bérenger II d’Ivrée par Otton Ier en 961, Adalbert/Aubert d’Ivrée poursuit la lutte contre les Ottoniens jusqu’en 969, puis se réfugie en Bourgogne et meurt à Autun en 971.

55 Ibid., p. 182 : « Hic erit sanguinarius et facinorosus et sine fide et veritate erit, et per ipsum multa erit malicia, et multa sanguinis effusio atque destructę erunt ecclesię in ipsius potestate. […] ». Cet avis très négatif sur Otton III vient fort probablement du milieu aristocratique italien, qui se révolte contre les Ottoniens. En effet, en 996, Otton III met son cousin d’origine germanique sur le siège pontifical sous le nom de Grégoire V ; dès qu’Otton s’éloigne d’Italie, au début de l’année suivante, les Romains et leur chef Crescentius établissent un anti-pape Jean XVI. Alors, en 988, Otton fait tuer Crescentius et enfermer l’anti-pape après l’avoir mutilé. Il est évident que cette affaire donne une image diabolique de cet empereur aux nobles italiens. Notons qu’il existe des appréciations complètement différentes données par des contemporains d’Otton III, mort à l’âge de 22 ans : Gerbert d’Aurillac, lettre d’Otton à Gerbert, dans Gerbert d’Aurillac, Correspondance, Pierre Riché et Jean-Pierre Callu (éd. et trad.), Paris, Belles Lettres (Les Classiques de l’histoire de France au Moyen Âge, 35-36), 1993, t. II, lettre 186, p. 480-482 : un jeune homme fort instruit et passionné pour les études ; Bruno von Querfurt, Vita quinque fratrum (Bibliotheca hagiographica latina [désormais BHL], 1147, Reinhard Kade (éd.), MGH, Scriptores, 15-2, Hanovre, s. n., 1888, p. 709-738, ), (c. 974-1009, chapelain d’Otton III), chap. 2 et 7, ici p. 718 et p. 722-724 : avec un fort désir de vie religieuse, Otton III s’est forcé aux pratiques ascétiques et pénitentielles ; Pierre Damien (1007-1072) suit ce dernier et déclare que, peu avant sa mort, Otton était prêt à prendre l’habit monastique : Pierre Damien, Vita beati Romualdi, Giovanni Tabacco (éd.), Rome, Palazzo Borromini (Fonti per la storia d'Italia, 94), 1957, p. 66, (BHL 7324) ; voir en outre, Pierre Riché, Les grandeurs de l’an mille, Paris, Bartillat, 1999, p. 276-280 et p. 304-309.

56 Ibid., p. 184 : « veniens obtinebit regnum aliquando tempore et veniet Romam et captivabit eam, et non morficabitur anima ejus in manu inimicorum ejus in diebus vitę suę, […] et ipse vivet longe tempore ». Albéric III de Tusculum (c. 980-1044) est issu d’une famille sénatoriale romaine, les Théophylacte, fortement liée au siège pontifical depuis le xe siècle ; il est le « consul et duc des Romains » (1012-1033), le frère de deux papes, Benoît VIII (1012-1024) et Jean XIX (1024-1033) ainsi que le père d’un autre pape, Benoît IX (1032-1044 ; 1045, avril-mai ; 1047-1048).

57 Adson de Montier-en-Der (éd. cit. n. 49).

58 Les rois « B. ou H. un Lombard, XII B. ou H durant 100 ans, B. ou E. ou encore H, un franc salien » restent non identifiés.

59 E. Sackur (op. cit. n. 36), p. 187 : « Tunc iudicabit Dominus secundum opera unuscuisque, et ibunt impii in gehennam ignis eterni, iusti autem premium eterne vite recipient. Et erit cęlum novum et terra nova et utraque in perpetuitate manebunt, et mare iam non erit. Et regnabit Dominus in sanctis et ipsi regnabunt cum illo in secula seculorum. Amen ».

60 Annick Peters-Custot, Les Grecs de l’Italie méridionale post-byzantine, ixe-xive siècle : une acculturation en douceur, Rome, École française de Rome (Collection de de l’École française de Rome, 420), 2009.

61 A. Holdenried (op. cit. n. 42). Nous avons ajouté le manuscrit Paris, BnF, lat. 4892 et écarté les manuscrits suivants : le manuscrit Saint-Gall, Stiftsbibliothek, 905, p. 897-899 (xe s.), qui semble porter sur la définition de la sibylle d’après Raban Maur dans le cadre de glossaire ; Oxford, Bodleian Library, Canon Pat. Lat. 1, fol. 66b-72 (xie s. selon Anke Holdenried, codex du xive s.), dont l’incipit diffère de notre texte ; Leyde, Universiteitsbibliotheek, Voss. lat. Q 69, fol. 1-3vo, que nous n’avons pas pu consulter : codex de Saint-Gall contenant des textes divers (ixe-avant 1277), entre autres (fol. 20-36, ixe s.) le « Glossaire de Leyde » ; Jan Hendrik Hessels (éd.), A Late Eighth-Century Latin-Anglo-Saxon Glossary Preserved in the Library of the Leiden University (ms. Voss. Qo lat. no 69), Cambridge, Cambridge University Press, 1906.

62 Jean de Fécamp, moine de Saint-Bénigne de Dijon, disciple de Guillaume de Volpiano et successeur de ce dernier à l’abbatiat de la Trinité de Fécamp (1028-1078).

63 Ce codex (Paris, BnF, lat. 5390, 235 folios) contient aux fol. 1-221, Jacques de Voragine, Légende dorée, xive siècle. La copie de ces trois œuvres est ajoutée à la fin aux fol. 222-235vo.

64 Raoul Glaber, Guillaume de Volpiano, un réformateur en son temps, 962-1031 : Vita domni Willelmi de Raoul Glaber, texte, traduction et commentaire, Véronique Gazeau et Monique Goullet (éd. et trad.), Caen, Publication du Crahm, 2008. Il faut noter que Guillaume de Volpiano appartient à la famille d’Ivrée, une des plus puissantes lignées italiennes. Il vécut l’élimination progressive des rois italiens par les Ottoniens, l’avènement des Capétiens et des Clunisiens, et par ces derniers sa réforme porte ses fruits en matière de stabilité. Guillaume conserve tout de même jusqu’à la fin sa fidélité aux anciennes noblesses méridionales ; Raoul Glaber (éd. cit. supra), chap. 11, p. 60. Il est frappant de constater la ressemblance entre ce réformateur et les traits de l’auteur de l’oracle que nous venons d’esquisser.

65 Adson de Montier-en-Der (éd. cit. n. 49). Nous avons déjà évoqué une influence nette de cette œuvre sur l’oracle de la sibylle tiburtine concernant le contexte de l’apparition de l’antéchrist ; peut-être trouverait-on dans cette œuvre l’origine de l’énumération des rois chrétiens de l’oracle. De toutes ces analyses, il ressort une convergence entre l’oracle de la sibylle tiburtine et les deux autres textes. Il n’en reste pas moins que l’environnement qui fait rassembler ces textes vers 1030, dans l’entourage de Guillaume de Volpiano en Bourgogne aux alentours de Saint-Bénigne de Dijon, est sans doute le fait essentiel à souligner pour étudier la genèse de l’oracle de la sibylle tiburtine.

66 Raoul Glaber (éd. cit. n. 64), p. 19-22.

67 Michel Huglo, « The Musica Isidori: Tradition in the Iberian Peninsula », dans Hispania vetus (op. cit. n. 27), p. 61-92, notamment p. 75.

68 El Escorial, Real Biblioteca, & I 3, fol. 8vo : « Sancio et Sancia librum ». Un ex-libris au fol. 1 indique : « liber tholetanus » (Tolède), en écriture du xiiie siècle ; Paul Ewald, « Reise nach Spanien im Winter von 1878 auf 1879 », Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde, 6, 1881, p. 217-398, ici p. 248-249. Il s’agit probablement d’une note de possession postérieure.

69 Patrick Henriet, « Moines envahisseurs ou moines civilisateurs ? Cluny dans l’historiographie espagnole, xiiie-xxe siècles », Revue Mabillon, n. s., 11, 2000, p. 135-159, en ligne, URL : https ://www.brepolsonline.net/doi/pdf/10.1484/J.RM.2.305645 (consulté le 23/11/21), notamment p. 135-136.

70 En attendant la publication de la thèse : Gaelle Bosseman, Eschatologie et discours sur la fin des temps dans la péninsule Ibérique (viiie-xie siècle), thèse de doctorat en études médiévale, sous la direction de Patrick Henriet, Paris, École pratique des hautes études, 2019, voir Bertrand Fauvarque, « L’Apocalypse en Espagne (viie-viiie siècles) », Mélanges de la Casa de Velázquez, 32, 1996, p. 217-236, DOI : 10.3406/casa.1996.2765.

71 Codex cité supra n. 44 (Paris, BnF, lat. 4892). La date de transcription est de peu postérieure à la rédaction des notices additionnelles (après mai 1141 et probablement avant juillet 1142). Concernant l’abbaye qui conservait ce codex, Saint-Pierre de Maillezais, voir L’abbaye de Maillezais : des moines du marais aux soldats huguenots, Mathias Tranchant et Cécile Treffort (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes (Histoire), 2005.

72 Voir supra, n. 35.

73 Cette affaire est connue par deux témoins écrits : lettre d’Abbon de Fleury à Odilon ; Abbon, Epistola XII, Jacques-Paul Migne (éd.), Paris, Frères Garnier (PL, 139), 1880, col. 438-439) ; Aimoin de Fleury, Vie d’Abbon (BHL, 3), dans L’abbaye de Fleury en l’an Mil, Robert-Henri Bautier, Gillette Labory, et al. (éd. et trad.), Anne-Marie Bautier et Jean Dufour (collab.), Paris, CNRS Éditions (Sources d’histoire médiévale, 32), 2004, c. 17, p. 110-112.

74 Cartulaire de l’abbaye Saint-Cyprien de Poitiers, Louis-François-Xavier Rédet (éd.), Poitiers, Archives de la Vienne (AHP, 3), 1874.

75 Paris, BnF, lat. 5323, recueil des vies de saints célébrés du 2 avril au 22 août ; ce légendier contient entre autres la Passion des saints Savin et Cyprien (fol. 101vo-104, BHL 7447), d’où vient l’hypothèse de l’origine attribuée à Saint-Cyprien de Poitiers.

76 Dominique Iogna-Prat, Agni immaculati : recherches sur les sources hagiographiques relatives à Saint Maieul de Cluny (954-994), Paris, Éditions du Cerf (Thèses, 23), 1988.

77 Ce texte, abandonné à Cluny mais bien conservé à Poitiers, est utilisé pour la rédaction de la Vie de saint Maixent vers 1070. Voir George Pon et Soline Kumaoka, « Rectificatif : du nouveau sur les vies de saint Maixent », Revue historique du Centre-Ouest, 15 « Des femmes à leur écritoire au xviiie siècle », 2016, p. 173-174.

78 Martin de Montierneuf, De constructione Monasterii Novi Pictavis, [21]-[22], dans Recueil des documents relatifs à l’abbaye de Montierneuf de Poitiers (1076-1319), François Villard (éd.), Poitiers, Société des archives historiques du Poitou (AHP, 59), 1973, p. 428 ; Élisabeth Carpentier et Georges Pon, « Le récit de la fondation de l’abbaye de Montierneuf de Poitiers par Guillaume VIII : la chronique clunisienne du moine Martin », Cahiers de civilisation médiévale, 51, 2008, p. 21-55, ici p. 45-46.

79 Martin de Montierneuf (éd. cit. n. 78), acte de Montierneuf, no 5, p. 10-11.

80 Georges Pon, « L’apparition des chanoines réguliers en Poitou : Saint-Nicolas de Poitiers », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 4e s., 13, 1975-1976, p. 55-70.

81 Thibaud, chancelier du comte Guy-Geoffroy : actes de Saint-Hilaire, dans Documents pour l’histoire de l’église de Saint-Hilaire de Poitiers, t. 1, Louis-François-Xavier Rédet (éd.), Poitiers, H. Oudin (Mémoire de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1e s., 14), 1848, no 83 (a. 1067), no 84 (a. 1068), no 90 (a. 1077), puis ibid., no 95 [c. 1080] « Titbaldus grammaticus de Sancta Maria » ; « grammaticus » avec son frère Guillaume, sous-doyen de Saint-Hilaire, acte de Nouaillé : Chartes de l’abbaye de Nouaillé… (éd. cit. n. 2), no 160, s. d. [1086-1091]. Cette notice évoque en outre que ces deux personnages sont apparentés à la famille de Hugues de Celle et à ses ancêtres ; cf. notre article : Soline Kumaoka, « Le plus ancien chirographe du Poitou », dans Une mémoire partagée : recherches sur les chirographes en milieu ecclésiastique (France et Lotharingie, xe-mi xiiie siècle), Laurent Morelle et Chantal Senséby (dir.), Genève, Droz (Hautes Études médiévales et modernes, 114), 2019, p. 367-382 ; au dire des moines de Nouaillé, Thibaud aurait engendré Guillaume, prévôt de Poitiers sous le comte Guillaume IX ; ibid., no 187, 1104, 13 juin : « Willemus quidam Teotbaudi grammatici filius… quem dux arcius (sic) diligens, Pictaviensem prepositum constituit ».

82 Selon un acte de Nouaillé, Chartes de l’abbaye de Nouaillé… (éd. cit. n. 2), no 160.

83 Garnier, prieur de Saint-Nicolas : actes de Saint-Nicolas, no 19 [1073-1086], Cartulaire du prieuré de Saint-Nicolas de Poitiers, Louis-François-Xavier Rédet (éd.), Poitiers, H. Oudin (AHP, 1), 1872 ; voir aussi ibid., no 42.

84 La mobilité des chanoines entre les collégiales de Poitiers semble peu exceptionnelle. Citons un exemple : Meschinus, chanoire de Saint-Hilaire en 1143 (Documents pour l’histoire de l’église de Saint-Hilaire de Poitiers [éd. cit. n. 81], acte de Saint-Hilaire no 129), puis « magister » de cette collégiale (1147-1161), devint le prieur de Sainte-Radegonde (1161-1188).

85 Voir supra n. 3.

86 M.-Th. Camus (art. cit. n. 4), p. 234-237.

87 R. Favreau (art. cit. n. 2), p. 17.

88 Garnier, abbé de Notre-Dame-la-Grande dans l’entourage épiscopal de Pierre II : acte de Saint-Maixent, no 169, avant 1088, Chartes et documents pour servir à l’histoire de l’abbaye de Saint-Maixent, t. 1, Alfred Richard (éd.), Poitiers, H. Oudin (AHP, 16), 1886 ; acte poitevin de Saint-Florent, no 87, 11 mars 1089 (la date que donne l’éditeur, qui applique le style de Pâques à cette date, semble invraisemblable), Chartes poitevines de l’abbaye de Saint-Florent près Saumur, Paul Marchegay (éd.), Poitiers, H. Oudin (AHP, 2), 1873 ; acte de Pierre II pour Airvault, 19 février 1095 (peut-être n. s., 1096), « Documents relatifs à l’abbaye d’Airvault », Stéphane Perrault (éd.), Revue historique du Centre-Ouest, 10, « En quête des territoires et des hommes au Moyen Âge », 2011, p. 301-313, ici p. 305-306 ; acte de Pierre II, dans Cartulaire de l’abbaye Saint-Cyprien de Poitiers… (éd. cit. n. 74), no 9, [1097-1100] ; ibid., no 209 [1087-1100] ; ibid., no 431 [1087-1100] ; ibid., no 289 [1086-1101] ; acte de Marmoutier, prieuré d’Aizenay 2, 1104 (n. s., 1er janvier-9 avril 1105 selon l’éditeur), Les cartulaires du Bas-Poitou (département de la Vendée), Paul Marchegay (éd.), Les Roches-Baritaud, L. Gaston, 1877 ; acte de Saint-Maixent, no 209, fragment, 1105, ibid. ; Cartulaire de Saint-Cyprien, no 111 [1087-1108] ; ibid., no 398, 3e notice [1087-1115].

89 Recueil des documents relatifs à l’abbaye de Montierneuf de Poitiers (éd. cit. n. 78), acte de Montierneuf, no 32, 2e partie : peu après 1101, Notre-Dame-la-Grande offre le lieu de jugement d’un procès devant Aimeri, vicomte de Châtellerault concernant la possession d’une terre à Poitiers que les moines de Montierneuf avaient acquise par l’achat, et qui est contestée par deux chevaliers ; ces derniers y renoncèrent et l’abbé Garnier, avec son chantre et un de ses chanoines, figure en tête de la liste des témoins.

90 Cartulaire du prieuré de Saint-Nicolas de Poitiers (éd. cit. n. 83), no 34 (= acte de Montierneuf, no 50) : entre 1106 et 1116, Garnier assiste à la séance judiciaire qui clôt un long litige depuis les années 1070 (voir Cartulaire de Saint-Nicolas, no 32-34) sur la terre d’Agressais (lieu-dit de la comm. Thurageau, Vienne, arr. Poitiers, cant. Migné-Auxances) entre la famille d’Arbert de Saint-Jouin et les chanoines de Saint-Nicolas au départ, remplacés ensuite par les moines de Montierneuf après le rattachement de Saint-Nicolas à cette maison clunisienne.

91 François Dolbeau, « Une vision adressée à Heito de Reichenau († 836) dans la Chronique de Saint-Maixent », Analecta Bollandiana, 98, 1980, p. 404. Pour l’édition de ce texte, voir infra, n. 95 ; cf. La chronique de Saint-Maixent, 751-1140, Jean Verdon (éd. et trad.), Paris, Belles Lettres (Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge, 33), 1979, p. 38-45, d’après Paris, BnF, lat. 4892, fol. 191vo–192vo (copie médiocre).

92 Cf. Claude Carozzi, Le Voyage de l’âme dans l’au-delà d’après la littérature latine : ve-xiiie siècles, Rome, École française de Rome (Collection de l’École française de Rome, 189), 1994, p. 371-372, qui cite ce texte épistolaire sous le nom de la « Vision de Furlad ».

93 Tours, BM, ms. 20, fol. 64-66, voir Joseph Van Der Straeten, Les manuscrits hagiographiques d’Orléans, Tours et Angers : avec plusieurs textes inédits, Bruxelles, Société des Bollandistes (Subsidia hagiographica, 64), 1982, p. 99. Ce codex contient des vies de saints et trois textes de visions : vision de saint Salvi, évêque d’Albi, Grégoire de Tours, Historiae Francorum, lib. VII, c. 1, Bruno Kruch (éd.), Hanovre, s. n. (MGH, Scriptores rerum Merovingicarum, I-1), 1951, p. 323-327, en ligne, URL : https://www.dmgh.de/mgh_ss_rer_merov_1_1/index.htm#page/322/mode/1up (consulté le 13/12/21) ; vision de Wettin : Ernest Ludwig Dümmler (éd.), Berlin, s. n. (MGH, Poetae latini medii aevi, aevi Carolini, t. II), 1884, p. 268-275, en ligne, URL : https://www.dmgh.de/mgh_poetae_2/#page/(III)/mode/1up (consulté le 13/12/21) et la vision adressée à Heito de Reichenau, ci-dessus n. 91. Je remercie Monsieur Régis Rech, le directeur des collections patrimoniales de la Bibliothèque municipale de Tours, de m’avoir envoyé la photographie de ce manuscrit.

94 Ms. cit. n. 35. Notons que la Chronique de Saint-Maixent présente les trois visions contenues dans le codex de Marmoutier.

95 Londres, Lambeth Palace, 173, fol. 190-192 (début du xiie s.), Karl Hampe (éd.), dans Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde, 22, 1897, p. 628-631, en ligne, URL : http://0-www-digizeitschriften-de.catalogue.libraries.london.ac.uk/download/PPN345858530_0022/PPN345858530_0022___log46.pdf (consulte le 13/12/21) ; Oxford, Bodleian Library, Fairfax, 17, fol. 81vo-82vo (fin xiie s.), Hugh Farmer (éd.), « A Monk’s Vision of Purgatory », Studia Monastica, 1, 1959, p. 393-397, ici p. 395-397.

96 L’éventualité de la diffusion de cette œuvre dans le monde plantagênet peut être confortée par le fait qu’elle est traduite en français au début du xiie siècle par un moine Anglo-Normand, Philippe de Thaon ; Philippe de Thaon, Le livre de Sibile, Hugh Shields (éd.), Londres, Anglo-Norman Text Society (Anglo-Norman Textsn 37), 1979.

97 Il s’agit d’Octave Auguste. C’est qu’il succède au surnom de son père, « de Thurinus (Thourrioi, Lucanie) » : le vainqueur de la révolte de cette région, où il avait une estimation particulière aux taureaux, selon Robin Raybould, (voir infra, n. 99, p. 216). D’où l’identification du taureau à cet empereur.

98 Émile Mâle indique la source de cette partie : « Postquam Taurus pacificus, sub levi mugitu, climata turbata concludet, illis diebus agnus caelitis veniet » (Émile Mâle, L’art religieux de la fin du Moyen Âge en France : étude sur l’iconographie du Moyen Âge et sur ses sources d’inspiration, Paris, Amand Colin, 1908, 7e éd. 1998, p. 262, n. 4) qu’il a probablement trouvé dans Berthold Pürstinger (attribué faussement à Johann Ebser), Onus ecclesiae..., « cap. 65, Sibylla praenotatio de septem statibus ecclesiae », Landshut, s. n., 1531, réimpr. s. l., s. n., 1620, p. 355.

99 Il s’agit d’un texte adressé au cardinal Giordano Orsini (c. 1360-1438), intitulé « Prophetie XII sibillarum de incarnatione Christi », qui aurait été servi pour confectionner le décor du palais de Monte Giordano à Rome (construit vers 1430, détruit vers 1434). La recherche de ces textes a été commencée par Maurice Hélin, « Un texte inédit sur l'iconographie des sibylles », Revue belge de philologie et d’histoire, 15-2, 1936, p. 349-366, DOI : 10.3406/rbph.1936.1173 et poursuivi entre autres par Robin Raybould, The Sibyls Series of Fifteenth Century, Leyde/Boston, Brill (Brill’s Studies on Art, Art History, and Intellectual History, 261-16), 2017, DOI : 10.1163/9789004332157_001.

100 Filippo Barbieri, Discordantiae sanctorum doctorum Hieronymi et Augustini adiunctis aliis opusculis, Rome, s. n., 1481, en ligne, URL : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k591531/f23.item (consulté le 23/11/21).

101 É. Mâle (op. cit. n. 98), p. 262.

102 Notons en passant – ce qui peut être un point de comparaison intéressant – que la clause en prose des inscriptions au cul-de-four de l’abside de Notre-Dame-la-Grande, [In grem]io Matris [residet Sapientia Patris] apparaît aussi dans le contexte de la légende « ara coeli », décrite par : Godefroid de Viterbe, Speculum regum et Pantheon : Georges Heinrich Pertz (éd.), Hanovre, s. n. (MGH Scriptores, 22), 1872, en ligne, URL : https://www.dmgh.de/mgh_ss_22/index.htm#page/69/mode/1up (consulté le 13/12/21), p. 69 et 151, « In gremio matris sedit/stabat sapientia patris,/Dextra coronati pueri dat dona beatis,/Celitus emicuit gloria multa satis ». Voir aussi Robert Favreau, « Origine et succès d’une formule épigraphique In gremio Matris residet Sapientia Patris », Annales Universitatis Mariae Curie-Sklodowska, 45, 1992, p. 99-108, en ligne, URL : http://dlibra.umcs.lublin.pl/dlibra/plain-content?id=5973 (consulté le 23/11/21) ; Id., Études d’épigraphie médiévale : recueil d’articles de Robert Favreau rassemblés à l’occasion de son départ à la retraite, 1 : Textes, Walter Koch (préf.), Limoges, Presses universitaires de Limoges, 1995, p. 505-514.

103 Nous pouvons dire avec F. Dolbeau (art. cit. n. 91, p. 404) : « La Chronique [… de Saint-Maixent] est une source capitale pour l’histoire du Poitou et des régions avoisinantes ».

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Une esquisse des peintures murales du rond-point à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers
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Titre Fig. 1a – Détail de la fig. 1, le roi David.
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Titre Fig. 1b – Détail de la fig. 1, le roi Salomon.
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Titre Fig. 1c – Détail de la fig. 1, le prophète Isaïe.
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Titre Fig. 1d – Détail de la fig. 1, le prophète Jérémie.
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Titre Fig. 1e – Détail de la fig. 1, le prophète Ezéchiel.
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Titre Fig. 1f – Détail de la fig. 1, le prophète Daniel.
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Titre Fig. 1g – Détail de la fig. 1, la sibylle érythréenne.
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Titre Fig. 1h – Détail de la fig. 1, la sibylle tiburtine.
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Titre Fig. 2a : Paris, BnF, lat. 2832, fol. 123v°, codex de Saint-Oyan, l’acrostiche sibyllin noté dans un florilège, ixe siècle.
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Titre Fig. 2b : Paris, BnF, lat. 2832, fol. 124, codex de Saint-Oyan, l’acrostiche sibyllin noté dans un florilège, ixe siècle.
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Titre Fig. 3a : Paris, BnF, lat. 5304, fol. 112v°, un manuscrit catalan (ou de Moissac ?), l’acrostiche sibyllin noté dans un lectionnaire liturgique, fin xie siècle.
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Titre Fig. 3b : Paris, BnF, lat. 5304, fol. 113, un manuscrit catalan (ou de Moissac ?), l’acrostiche sibyllin noté dans un lectionnaire liturgique, fin xie siècle .
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Titre Fig. 4a : Paris, BnF, lat. 1139, fol. 57v°, un codex de Saint-Martial de Limoges, trois premiers vers de l’acrostiche sibyllin noté dans un chant de la liturgie de l’Avent, xiie siècle.
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Titre Fig. 4b : Paris, BnF, lat. 1139, fol. 58, un codex de Saint-Martial de Limoges, trois premiers vers de l’acrostiche sibyllin noté dans un chant de la liturgie de l’Avent, xiie siècle.
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Titre Fig. 5 : Roi Nabuchodonosor, Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, la frise de la façade.
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Titre Fig. 6 : Paris, BnF, lat. 4892, fol. 33v°, Chronique universelle de Saint-Maixent (avant 1124), une copie contemporaine jadis conservée à l’abbaye Saint-Pierre de Maillezais ; col. a : Fréculf, Historia, t. I, lib. 3, c. 12 avec l’acrostiche ; col. a, à la dernière ligne après « Item » commence l’oracle de la sibylle Tiburtine.
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Titre Fig. 7 : Paris, BnF, lat. 5390, fol. 234, codex de Fécamp, copie du texte probablement le plus ancien de l’Oracle de la sibylle tuburtine ; le début de l’énumération des initiales des rois chrétiens : en premier, un roi « O » (l. 27).
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Titre Fig. 8 : Paris, BnF, lat. 4892, fol. 34v°, Chronique universelle de Saint-Maixent ; le début de l’énumération des initiales des rois chrétiens : en premier un roi « C » (col. a, l. 25). Jean Besly (1572-1644), ancien possesseur du codex écrit en marge le résultat de ses identifications à partir de col. b, l. 7.
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Titre Fig. 9 : Les manuscrits conservés de l’oracle de la sibylle tiburtine (liste sélective-xiiie siècle), (crédits : Soline Kumaoka).
Crédits Crédits : Soline Kumaoka.
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Titre Fig. 10 : Paris, BnF, lat. 4892, fol. 35v°, l. 36, Chronique universelle de Saint-Maixent, la fin de l’oracle et la reprise de l’œuvre de Fréculf après « Sed iam ad ordinem reuertamus ».
Crédits Cl. : BnF, Gallica.
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Titre Fig. 11 : La sibylle tiburtine sur une page de Filippo Barbieri, Discordantiae sanctorum doctorum Hieronymi et Augustini adiunctis aliis opusculis (1479), imprimée par Jacob Köbel à Oppenheim vers 1514, numérisée par BnF, Gallica, NUMM-59153 (non paginé).
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Pour citer cet article

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Soline Kumaoka, « La tradition des oracles sibyllins dévoilée par les inscriptions des peintures des écoinçons du rond-point de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers (fin xie-début xiie siècle) : à propos d’un article récent »Cahiers de civilisation médiévale, 256 | 2021, 303-326.

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Soline Kumaoka, « La tradition des oracles sibyllins dévoilée par les inscriptions des peintures des écoinçons du rond-point de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers (fin xie-début xiie siècle) : à propos d’un article récent »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 256 | 2021, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 25 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/8262 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.8262

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Soline Kumaoka

UMR 7302 – CESCM.

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