Louise M. Sylvester, Mark C. Chambers et Gale R. Owen-Crocker (éd.), Medieval Dress and Textiles in Britain. A multilingual Sourcebook
Louise M. Sylvester, Mark C. Chambers et Gale R. Owen-Crocker (éd.), Medieval Dress and Textiles in Britain. A multilingual Sourcebook, Woodbridge, the Boydell press (Medieval and Renaissance Clothing and Textiles, 2), 2014.
Texte intégral
1Ce volume est le deuxième de la collection « Medieval and Renaissance Clothing and Textiles » consacrée à la recherche et à l’interprétation des données fournies par l’archéologie, l’histoire, l’histoire de l’art, l’économie ou la littérature concernant les tissus et l’habillement. À l’instar du premier volume publié, celui-ci a pour objectif de rendre accessible un certain nombre de sources ayant le vêtement pour objet. L’étude du costume ou des textiles pâtissant en effet de la grande diversité des sources et de la difficulté à rassembler des corpus cohérents en dehors des comptes des hôtels princiers. L’ouvrage rassemble et édite un certain nombre de textes très divers issus de la production archivistique, comptable, législative ou littéraire de l’Angleterre médiévale. Comme l’indique le titre, il n’y a pas d’unité linguistique des textes présentés qui sont édités dans la langue originelle sur la page de gauche et traduits en anglais moderne en page de droite. Une courte introduction détaille l’organisation du recueil que la diversité des sources éditées rend très hétérogène.
2Le premier chapitre (p. 9-55) reprend des extraits de quarante-cinq testaments du xe s à 1454. La noblesse et les prélats y sont surreprésentés, les testaments masculins sont en grande majorité mais quelques testaments féminins sont également disponibles ainsi que ceux de simples prêtres ou de bourgeois. Le deuxième chapitre (p. 56-88) édite plusieurs comptes dont l’intérêt est de détailler les vêtements tout en mentionnant souvent la coupe ou la couleur. Nous y trouvons le compte de Bogo de Clare, représentatif des dépenses vestimentaires d’un haut prélat, plusieurs comptes des achats réalisés pour les princesses royales, un compte de la garde-robe d’Édouard III en 1342-1343 et enfin, un compte de la Compagnie des merciers de Londres au xve s. Le troisième chapitre (p. 89-126) est consacré aux inventaires avec notamment trois inventaires latins de la cathédrale Saint Paul de Londres datant respectivement de 1245, 1295 et 1402, donnant des informations précieuses et des descriptions détaillées des ornements liturgiques ou des décorations textiles utilisées dans le contexte liturgique de la cathédrale, des textiles utilisés ou des broderies réalisées pour les enjoliver. Les inventaires de la cour d’Édouard III qui suivent permettent également d’avoir un aperçu détaillé des livrées utilisées pour les cérémonies auliques, les fêtes royales chrétiennes comme celles de Noël ou profanes telles les tournois ou les premières cérémonies de l’ordre de la Jarretière. Le quatrième chapitre (p. 127-194) contient dix-sept extraits d’œuvres morales ou satiriques telles l’histoire ecclésiastique d’Ordéric Vital, des ballades, des sermons ou des enseignements d’un père à son fils ou à sa fille. Ces textes abordent le vêtement sous l’angle moralisateur, dénonçant la nouveauté des modes, le désir de se parer et de plaire, la mode extravagante des poulaines ou celle efféminée des longs cheveux. Le cinquième chapitre (p. 198-236) compile les textes concernant le vêtement dans les actes du Parlement anglais, notamment les nombreuses lois somptuaires qui démontrent une intention claire des pouvoirs centraux de hiérarchiser l’habillement en fonction de la société. D’autres actes ont pour but de réguler les importations ou exportations de divers textiles en particulier la laine anglaise. Le sixième chapitre (p. 237-259) rassemble des extraits des 347 manuscrits SC 8 du Public Records Office contenant 17 621 pétitions adressées au roi, au conseil ou au parlement essentiellement en anglo-français et datées des règnes d’Henri III à Édouard II. Ces documents sont édités pour la première fois et répondent au chapitre précédent puisqu’il s’agit de réactions de groupes locaux ou de communautés aux législations royales ou parlementaires. Le septième et dernier chapitre (p. 260-356) reprend les passages d’épopées et de textes littéraires traitant directement du vêtement des personnages avec des extraits de Beowulf, Emaré, les romans de la matière de Bretagne comme Sir Gawain and the Green Knight. L’ensemble des matières abordées et la nature de sources éditées en font donc un recueil très hétérogène et précieux par la diversité des regards fournis sur un même type d’étoffe ou de vêtement. L’usage en est facilité par un glossaire complet des termes concernant la mode, l’habillement, les accessoires du costume ou le textile. Chaque terme y est défini et indexé par rapport aux sources éditées dans le recueil. Huit planches présentant plusieurs documents d’archives en couleur complètent l’ensemble. Enfin, une bibliographie générale rassemble les références concernant les sources éditées et catalogue les articles et ouvrages généraux sur le costume ou la production textile.
3Nous avons donc affaire à un répertoire de sources très précieux, présentant des façons d’appréhender le phénomène vestimentaire très variées, avec des instruments de travail faciles d’utilisation qui sera très certainement d’une grande utilité à toute personne travaillant sur le vêtement ou les textiles en Angleterre au Moyen Âge. C’est néanmoins l’un des principaux reproches que l’on peut faire à l’ouvrage qui se concentre exclusivement sur l’Angleterre sans véritablement évoquer les marges galloises ou l’Écosse et n’abordant finalement que très peu les relations avec le continent, ce qui se ressent également dans la bibliographie, laquelle aurait pu être plus fournie et tenir compte des publications non britanniques. L’autre reproche serait le laconisme des introductions des divers corpus présentés dans chaque chapitre qui aurait peut-être pu être plus poussée. Ce choix des éditeurs montre bien l’objectif poursuivi pour cet ouvrage, un recueil de sources à but documentaire.
Pour citer cet article
Référence papier
Clément de Vasselot de Régné, « Louise M. Sylvester, Mark C. Chambers et Gale R. Owen-Crocker (éd.), Medieval Dress and Textiles in Britain. A multilingual Sourcebook », Cahiers de civilisation médiévale, 238 | 2017, 207-208.
Référence électronique
Clément de Vasselot de Régné, « Louise M. Sylvester, Mark C. Chambers et Gale R. Owen-Crocker (éd.), Medieval Dress and Textiles in Britain. A multilingual Sourcebook », Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 238 | 2017, mis en ligne le 01 juin 2017, consulté le 08 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/6062 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.6062
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