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Comptes rendus

Giuseppe Alberigo et Alberto Melloni (éd.), Conciliorum oecumenicorum generaliumque decreta. II. The General Councils of Latin Christendom. 1 : From Constantinople IV to Pavia-Siena (869-1424). 2 : From Basem to Lateran V (1431-1517)

Wilfried Hartmann
p. 155-156
Référence(s) :

Giuseppe Alberigo et Alberto Melloni (éd.), Conciliorum oecumenicorum generaliumque decreta. II. The General Councils of Latin Christendom. 1 : From Constantinople IV to Pavia-Siena (869-1424). 2 : From Basem to Lateran V (1431-1517), Turnhout, Brepols (Corpus Christianorum Conciliorum Oecumenicorum Genereliumque Decreta, 2), 2013.

Texte intégral

1Dans la nouvelle édition, les Conciliorum oecumenicorum decreta (= COD), parus pour la première fois en 1962 et réédités à trois reprises jusqu’en 1973, sont devenus les Conciliorum oecumenicorum generaliumque decreta. En effet, en plus des conciles œcuméniques de Constantinople IV, Latran I – IV, Lyon I et II, Vienne, Constance, Bâle, Ferrare/Florence et Latran V (édités dans l’ancienne édition) viennent s’ajouter : les conciles de Pise, Pavie/Sienne et Lausanne. Par rapport à l’édition précédente, le nombre de pages est donc passé de 498 pages à 1455 pages ; c’est pourquoi l’ouvrage n’est plus relié en un seul, mais en trois vastes volumes dont les deux tomes du deuxième volume font l’objet de ce compte rendu. Tout cela laisse une impression très positive, d’autant que l’affirmation sur la page de titre précise qu’il s’agit d’une Editio critica, précision qui se révèle exacte. Que peut-on dire, après une lecture approfondie de ce nouvel ouvrage ?

2Ce sont seize éditeurs d’Europe et des États-Unis qui ont établi les textes des quinze conciles. Selon l’introduction, des nouvelles éditions des manuscrits ont été réalisées dans ces deux vastes tomes, à l’exception des conciles de Constantinople IV, Latran I, II et IV et Ferrare/Florence (p. viii de l’introduction).

3La forme extérieure de l’édition de chaque concile est toujours la même : l’introduction est suivie des textes, eux-mêmes accompagnés de plusieurs apparats. Il devrait toujours y avoir trois apparats : 1. Citations et allusions bibliques, 2. Indications des sources et des allusions aussi bien que des références bibliographiques et des commentaires historiques, 3. Remarques philologiques, c’est-à-dire « l’apparat critique ». Or, toutes les éditions n’ont pas ces trois apparats. Par exemple, un apparat critique manque entièrement pour l’important Lateranum IV : les constitutions empruntées à l’édition d’Antonio García y García de 1984. Du reste, il aurait été plus agréable pour le lecteur de positionner l’apparat critique directement au-dessous du texte auquel il se réfère (comme il était le cas dans les anciens COD) et non en bas de page. De plus, des variantes appelées par des lettres minuscules mises en exposant seraient plus faciles à utiliser qu’un apparat critique par ligne numérotée.

4À la différence des COD, les introductions ne sont pas en latin, mais en anglais (le Lugdunense II représente une exception car il est précédé par une introduction allemande). Souvent, ces introductions sont plus étendues que dans les COD, mais pas toujours plus informatives. Il est fâcheux que, dans plusieurs introductions, un passage sur les principes de l’établissement du texte, sur l’utilisation des manuscrits et des textes imprimés manque entièrement ; ce qui était différent dans les COD. Ce sont surtout pour les éditions des conciles du Latran I, II et IV qu’il manque cette information. À mon avis, l’édition du Lateranum I (1123) est mauvaise, elle est clairement une « Verschlimmbesserung » (correction fausse) de l’édition dans les COD (cf. Louis I. Hamilton et Martin Brett, « New Evidence for the Canons of the First Lateran Council », Bulletin of Mediaeval Canon Law, 30, 2013, p. 1-20, les différentes versions des canons du Lateranum I y sont élaborées à partir de 11 manuscrits). D’autant que les sigles de l’apparat ne sont pas expliqués. Pour les comprendre, il faut consulter les anciens COD, d’où, il semblerait que les sigles soient empruntés (cf. COD p. 188 suiv.). Il est vrai que l’introduction contient une traduction anglaise de la plupart des canons, mais elle ne donne aucun renseignement sur la base de « l’édition » (cette introduction n’est rien d’autre qu’une traduction littérale de la section sur le Lateranum I dans le livre de l’éditeur : Georg Gresser, Die Synoden und Konzilien in der Zeit des Reformpapsttums in Deutschland und Italien von Leo IX. bis Calixt II., 1049-1123, Paderborn, 2006, p. 476-490). – Il en va de même pareil pour l’édition du concile de Latran II (1139) : on a pour l’essentiel reproduit le texte des COD. Cependant sans la préface, on ne peut pas comprendre la transmission des décrets et sur quels manuscrits les premiers textes imprimés se fondent. Là encore, tous les sigles utilisés dans l’apparat ne sont pas expliqués et le lecteur doit recourir au volume des COD. On se demande de quelle publication (peut-être de l’édition en ligne de la Panormia ?) les informations supplémentaires de Martin Brett proviennent et pourquoi certaines références bibliographiques utiles ont été omises dans l’apparat des sources. – L’édition des canons du Lateranum III (1179) qui diffère considérablement de celle des COD est plus réjouissante. En effet, K. Pennington et A. Larson ont décidé de mettre à la base de leur texte la thèse inédite de Walter Herold (thèse de doctorat, Bonn, 1950, dactylographié) à laquelle ils ont ajouté la collation de deux autres manuscrits (Vat. Reg. lat. 596 et 984) ; cf. l’introduction à la p. 122. Claudio Leonardi avait connu cette thèse de Bonn, lui aussi, mais il avait décidé de ne pas s’appuyer sur ses résultats, en reproduisant essentiellement le texte de Petrus Crabbe de 1551. – Comme dit précédemment, le texte du Lateranum IV (1215) a été emprunté à l’édition d’A. García y García, mais on s’est limité ici à établir un apparat des citations de la Bible et d’autres sources tout en se passant d’un apparat critique. – Pour le Lugdunense I (1245), le texte des COD de la sentence de déposition contre l’empereur Frédéric II est reproduit, tandis que l’édition des canons a été légèrement modifiée (cf. p. 211) : désormais, les ajouts faits dans la chronique de Matthieu Paris, que Leonardi avait seulement enregistrés dans l’apparat, ont été pris en compte dans le texte. – Une édition tout à fait nouvelle et presque critique a été établie pour le Lugdunense II (1274) : sur la base d’un article fondamental de Peter Johanek de 1979 sur les manuscrits de Lyon II, B. Robert a utilisé un grand nombre de manuscrits et il a enregistré leurs variantes dans l’apparat ; mais comme une évaluation de la relation des manuscrits manque, il ne s’agit pas d’une véritable édition critique. Malheureusement, les minces renseignements sur les manuscrits utilisés n’indiquent pas les dates de leurs rédactions, c’est pourquoi il faut consulter les catalogues des manuscrits. – En ce qui concerne le concile de Vienne (1311/12), l’édition nouvelle améliore clairement les COD, les décrets sont maintenant accompagnés d’un apparat critique qui manquait dans les COD. Pour la présente édition, quatre manuscrits supplémentaires ont été consultés. – L’édition des textes du Pisanum (1409) est toute nouvelle, mais l’éditeur n’indique pas sur quelle base le texte a été établi. – Par rapport aux COD, le concile de Pavie/Sienne (1423/24) est nouveau, tout comme le texte du concile de Constance (1414-18). Dans l’introduction de ce dernier, on y trouve un passage détaillé sur les fondements de cette édition (p. 535-538). – L’édition du concile de Ferrare/Florence (1438-45) diffère de ce qui est affirmé dans l’introduction : seuls les textes latins et grecs correspondent à ceux dans les COD, tandis que pour les textes arméniens et arabes, une édition nouvelle avec des renseignements clairs sur l’origine des textes est présentée. – Pour le concile de Bâle (1431-1449), ce ne sont plus seulement les textes des 25 sessions jusqu’en mai 1437, c’est-à-dire jusqu’au « transfert » à Ferrare, qui sont édités, mais aussi les 20 autres sessions jusqu’en 1448, ainsi que les quatre sessions du concile de Lausanne (1448/49). Cela est dû au changement de perspective : ce ne sont pas seulement les conciles considérés comme « œcuméniques » depuis le xvie s., mais aussi d’autres « conciles généraux » qui font l’objet de cette édition. – N. Minnich a établi une édition toute nouvelle du Lateranum V (1512-17).

5Comparée à l’édition précédente, c’est aussi au niveau des indices que la nouvelle édition fait mauvaise figure : tandis que les anciens COD contenaient quatre indices, dont surtout l’index rerum très détaillé et utile, la nouvelle édition ne contient que deux indices qui regroupent les citations bibliques et les sources. Ni les personnes, ni les lieux, ni les thèmes ne figurent dans un index.

6Quel jugement porter sur cet ouvrage ? Malheureusement, cette édition nouvelle – mais chère – n’atteint pas le niveau des anciens COD. Toutefois, elle marque un progrès car toute une série de décrets qui, avant, n’étaient consultables que dans Mansi peuvent maintenant être lus dans une édition meilleure. Sous peu, une deuxième édition – qui est à espérer – deviendra nécessaire, plusieurs fautes et lacunes mentionnées ci-dessus pourraient être corrigées.

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Pour citer cet article

Référence papier

Wilfried Hartmann, « Giuseppe Alberigo et Alberto Melloni (éd.), Conciliorum oecumenicorum generaliumque decreta. II. The General Councils of Latin Christendom. 1 : From Constantinople IV to Pavia-Siena (869-1424). 2 : From Basem to Lateran V (1431-1517) »Cahiers de civilisation médiévale, 238 | 2017, 155-156.

Référence électronique

Wilfried Hartmann, « Giuseppe Alberigo et Alberto Melloni (éd.), Conciliorum oecumenicorum generaliumque decreta. II. The General Councils of Latin Christendom. 1 : From Constantinople IV to Pavia-Siena (869-1424). 2 : From Basem to Lateran V (1431-1517) »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 238 | 2017, mis en ligne le 01 juin 2017, consulté le 09 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/5979 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.5979

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