Tristran, The Morholt and the Dragon
“The Childhood of Tristan”, which opens with the tragic story of the two lovers from Cornwall, appears at first reading as a hors d’oeuvre built on an assembly of more or less heterogeneous themes and miscellaneous patterns, some being heroic, others being enigmatic and others being bizarre and ever burlesque. But far from being a simple and entertaining bric-à-brac, this prelude to the tragic love affair reproduces in its scenario with excruciating details and with complete accuracy the complete narrative structure, the minutely pre-constructed journey that organizes, on the territory of the lndo-Europeans, the initiation and/or the promotion of the typical war-hero. lt is in this setting that all the following events receive their signification and their justification : the first regular duel between Tristan and the Morholt, the combat against the great crested snake, the third character status of the hero, the poisoning, which is both a stain and a threat, the after-effects of the perilous victory, the diving into the pond, the traitorous notch and the hostile female intervention… This sort of scenario was thoroughly analyzed in the lrish epics, in Roman history and even in The Mahabharata by Georges Dumézil, who furnished thanks to striking parallels abundant and convincing comparative material.
Les « Enfances Tristan » sur lesquelles s’ouvre la tragique histoire des amants de Cornouailles s’offre à première lecture comme une sorte de hors-d’œuvre confectionné à l’aide du montage plus ou moins hétéroclite de thèmes et de motifs divers, les uns héroïques, les autres énigmatiques, d’autres encore insolites voire burlesques. Or loin de constituer un simple et divertissant bric-à-brac, cette préhistoire à la tragique aventure sentimentale reproduit, dans son scénario, jusqu’au plus infime détail et avec une absolue fidélité le schéma narratif structuré, le parcours minutieusement préconstruit qui organise, sur le territoire des lndo-Européens, l’initiation et/ou la promotion du héros-guerrier type ! Dans ce cadre reçoivent sens et justification non seulement le premier « duel régulier » contre le Morholt et le combat contre le « grand serpent crêté », mais aussi le caractère « troisième » du héros, l’empoisonnement – à la fois souillure et danger – contrecoup d’un triomphe périlleux, la chaleur consécutive à Ia bataille et le plongeon dans la mare, l’ébréchure traîtresse et l’intervention féminine hostile… Ce type de scénario a été disséqué pour l’épopée irlandaise, I’Histoire romaine voire le Mahabharata par Georges Dumézil, lequel fournit, à travers des parallèles saisissants, un abondant et convaincant matériel comparatif.