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De l’éloge religieux à l’exhortation morale et à l’affirmation de l’état social dans les épitaphes

From the Request for Prayer and Religious Praise to Moral Exhortation and the Affirmation of Society in Epitaphs
Robert Favreau
p. 225-246

Résumés

Les épitaphes « chrétiennes » sont généralement brèves : nom, fonction, durée de vie, court éloge, prière. Avec l’époque carolingienne l’apostrophe au lecteur devient fréquente, on trouve : un rappel de la mémoire du défunt, une demande de la miséricorde divine et une prière pour le repos éternel. Les épitaphes importantes sont versifiées et on y relève des invites à méditer sur la condition humaine. Aux xie-xiie siècles l’apostrophe au lecteur se généralise. À la demande de prière s’ajoutent des considérations sur la mort, des invites à se bien conduire, à méditer sur la vaine gloire du monde. On commence à insister sur l’état social : parenté, carrière, culture, une tendance qui s’amplifiera au point de parfois faire disparaître la prière.

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Texte intégral

  • 1 Dans Las inscripciones góticas, Coloquio internacional de epigrafía medieval, León, del 11 al 15 d (...)
  • 2 Paul Deschamps, « Étude sur la paléographie des inscriptions lapidaires de la fin de l’époque méro (...)

1Au colloque international d’épigraphie médiévale tenu à León en 2006, j’ai présenté une étude d’ensemble sur « Épitaphes et biographie. De l’éloge religieux à la glorification de l’état social »1, en prenant en compte tout le fichier général des inscriptions médiévales françaises du viiie au xvsiècle, afin d’attirer l’attention des historiens médiévistes sur l’utilité des inscriptions pour l’histoire sociale. J’ai souhaité ici approfondir en dépassant le cadre géographique français, l’évolution des idées que permet d’observer la mise en série des épitaphes du ixe au xiiisiècle. La multiplication des publications des textes épigraphiques permet d’approfondir de mieux en mieux l’apport des sources épigraphiques par des études sérielles, et donc de dépasser l’idée qu’une inscription est d’abord utile pour la datation des monuments, par son étude paléographique, – le point de départ du travail pionnier de Paul Deschamps en 19292 –, ou pour ce qu’elle nous apprend sur la biographie d’un personnage ou l’identification d’une iconographie. Cécile Treffort l’a exprimé d’excellente façon :

  • 3 Cécile Treffort, Paroles inscrites : à la découverte des sources épigraphiques latines du Moyen Âge(...)

« Au-delà des informations délivrées ponctuellement par chaque texte et qui peuvent être croisées avec d’autres types de sources, la mise en série d’une documentation épigraphique peut désormais faire apparaître des évolutions significatives, propres à l’analyse historique de tel ou tel phénomène humain »3.

2Pour cette étude j’ai pris en compte les inscriptions funéraires de la chrétienté occidentale, du moins les centaines que j’ai rassemblées sur le sujet, sans chercher à situer leur contexte ou à établir leurs sources, sans distinguer inscriptions funéraires réellement inscrites ou compositions littéraires épigraphiques dont beaucoup n’ont sûrement pas fait l’objet d’une inscription, puisque la question que je me suis posée est : comment évolue le sentiment devant la mort, entre le ixe et le xiiie siècle ?

L’époque carolingienne

  • 4 Abréviations : CIFM (Corpus des inscriptions de la France médiévale) ; MGH (Monumenta Germaniæ hist (...)
  • 5 Gabriel Sanders, « Les inscriptions latines, païennes et chrétiennes : symbiose ou métabolisme ? », (...)
  • 6 Jean-Marie Lassère, Manuel d’épigraphie romaine, I : L’individu – la cité, [2e éd.], Paris, Picard (...)
  • 7 Jean-Baptiste de Rossi, Inscriptiones christianæ urbis Romæ septimo sæculo antiquiores, I, Rome, Ex (...)
  • 8 Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la Renaissance carolingienne [désorm (...)

3Les inscriptions4 des premiers siècles chrétiens, ordinairement dites les inscriptions « chrétiennes », sont en général plutôt brèves : nom, fonction, durée de vie, date, court éloge. Le requiescit in pace, ou obiit in pace, peut être complété d’un souhait pieux, vivat perpetua vita, requiescat anima ejus in pace, cui Dominus æternam requiem tribuat, vivas in Deo, ou encore le sit tibi terra levis d’un épigramme de Martial dont on trouve des centaines d’exemples en Espagne5, en Italie à Cecina6 ou à Rome7. On relève en Viennoise 27 exemples de mentions d’espoir de la résurrection8, ce qui est une originalité. Mais les épitaphes ne sont pas seulement un « mémorial » du défunt, et à partir de l’époque carolingienne, on trouve de plus en plus souvent un message explicite adressé à celui qui verra l’épitaphe.

  • 9 Inscripciones cristianas de la España romana y visigoda, J. Vives (éd.), Barcelone, Biblioteca Balm (...)
  • 10 Monumenta Germiniae historica [désormais : MGH], Poetæ latini medii aevi, 2 : Poetae Latini aevi Ca (...)
  • 11 MGH, Poetæ latini…, 2 (supra), p. 238.
  • 12 Ibid., p. 243.
  • 13 CIFM, 1 : Poitou-Charentes, ville de Poitiers, 1974, p. 101.
  • 14 Patrologie latine [désormais : PL], 125, 17.
  • 15 CIFM, 24 (op. cit. n. 10), p. 99, 101, 106, 108, 110, 112 et 114-116.
  • 16 Die Deutschen Inschriften, 70, n° 30, p. 54 et n° 39, p. 74.

4Ce message est dit à l’intention du lecteur, du voyageur qui passe et voit l’épitaphe. Dans les 5 000 inscriptions chrétiennes rassemblées par Ernst Diehl il y a moins d’une douzaine de mentions de celui qui lit et quelques viator. L’index des mots des inscriptions chrétiennes de la Première Belgique et de la Viennoise n’indique ni legere, ni lector, ni viator, et on a seulemenet deux qui legis dans la Première Aquitaine (Clermont, Volvic). Point de viator ou qui transis, mais cinq lector, legis, legeris dans les inscriptions chrétiennes, romaines et wisigothiques, recensées par José Vivès9. Avec la « renaissance » carolingienne, on retrouve les adresses au lecteur, au voyageur qui se rencontraient par dizaines dans les Carmina epigraphica latina de Buecheler et Lommatzsch, et de fait ce sont souvent dans les inscriptions métriques que l’on trouvera ces apostrophes directes. En voici quelques exemples pour le lecteur : hoc quicumque legis versus, dic, lector opime, pour l’évêque du Mans Francon le jeune (832)10 ; non spernas, lector, hunc titulum legere de Raban Maur pour l’archevêque de Mayence Otgar (847)11 ou lector honeste, meam si vis cognoscere vitam, du même Raban pour lui-même12 ; o lector, qui legis, ora pro anima ejus de l’enfant Amelius à Poitiers (874)13 ; lector tituli, quæso, memento mei, de l’épitaphe d’Hincmar († 882), par lui-même14 ; ou les dix épitaphes des ixe et xe siècles à Angers où l’on trouve qui legitis, omnes qui legitis, o vos qui legitis15, ou encore rite legens lector clemens et auditor fin viiie-début ixe siècle, et ave, pie lector, au ixe-xe siècle à Saint Maximin de Trêves16.

  • 17 MGH, Poetæ latini…, 1 : Poetae Latini aevi Carolini (I), p. 350.

5Dans l’épitaphe qu’il a composée pour lui-même Alcuin demande au voyageur de marquer un arrêt : hic, rogo, pauxillum veniens subsiste viator17, formule que l’on retrouve dans l’épitaphe de Pacificus à la cathédrale de Vérone, copiée sur celle d’Alcuin. Micon de Saint-Riquier s’adresse presque toujours au lector dans les épitaphes qu’il a rédigées ; dans l’épitaphe de Stainhard on lit :

  • 18 MGH, Poetæ latini…, 3 : Poetae Latini aevi Carolini (III), p. 313.

Hoc per iter, rogito, qui pergis rite viator
paulisper siste, hunc titulumque lege
18.

  • 19 Die Deutschen Inschriften, 30, p. 2, n° 2.
  • 20 MGH, Scriptores, 7 : Chronica et annales aevi Salici, p. 419.
  • 21 Ovide, Heroïdes, H. Bornecque et M. Prévost (éd.), Paris, Belles-Lettres (Collection des université (...)

6Quelques années plus tard ces deux vers, et les deux vers suivants avec changement de nom et de deux mots forment l’épitaphe du moine Ruthard à Hirsau19 ; on trouve aussi le viator dans des épitaphes de Reims, Corbie, Rome, Fiesole et Constance à l’époque carolingienne. Souvent on demande au voyageur de s’arrêter, siste viator à Saint-Ambroise de Milan ou Saint-Alban de Mayence, subsiste viator à Tours, Vérone, ou à Cambrai pour l’évêque Jean (vers 878) : qui legis hunc titulum, frater, subsiste parumper20, siste gradum à Capoue ou Mayence. Qui legis ou siste gradum se lisent chez Ovide21, qui legis hoc titulum chez Ausone. On a des variantes comme adtende viator à Rome pour le pape Léon au ixe siècle, ou conspice pour le pape Étienne V (en 891), transeuntes omnes à San Simpliciano de Milan (en 963), aspiciens à Split (en 976), huc quicumque venis et cernis à Bazouges (en 876).

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  • 22 Virgile, Énéide, H. Goelzer et A. Bellessort, Paris, Belles-Lettres (Collection des universités de (...)
  • 23 Fortunat (Robert Favreau, « Fortunat et l’épigraphie », Études d’épigraphie médiévale, Limoges, 199 (...)

7Garder mémoire est une préoccupation humaine de tout temps. On la trouve chez Virgile – memor ipse mei –, Ovide – sis memor 22, et les auteurs chrétiens le répètent à l’envi, Paulin de Nole, Fortunat, Eugène de Tolède, Bède, Alcuin, Théodulphe d’Orléans23.

  • 24 Gaetano Panazza, « Lapidi e sculture paleocristiane e pre-romaniche di Pavia », Arte del primo mill (...)
  • 25 MGH, Poetæ latini…, 3 (op. cit. n. 18), p. 313 et 317.
  • 26 Corpus inscriptionum Medii Aevi Helvetiæ, II : Die Inschriften der Kantone Freiburg, Genf, Jura, Ne (...)
  • 27 Gallia christiana [désormais : GC], IX : opera et studio monachorum congregationis, Westmead, Gregg (...)
  • 28 Francisco Diego Santos, Inscripciones medievales de Asturias, Oviedo, Servicio Central de Publicaci (...)
  • 29 Die Deutschen Inchriften (op. cit. n. 16), 70, p. 79, n° 42.
  • 30 MGH, Poetæ latini…, 5 : Die Ottonenzeit, p. 303.
  • 31 Franz Xaver Kraus, Die christlichen Inschriften der Rheinlande, II : Die christlichen Inschrifter v (...)

8À Pavie, l’évêque Théodore (en 785) demande à ses frères de se souvenir de lui des siècles durant24. Micon de Saint-Riquier invite le voyageur à s’arrêter, à lire l’épitaphe et à se souvenir de celui qui est enseveli, memorare sepulti, prie le lecteur : souviens-toi de moi, memor esto mei25. L’épitaphe de Anségise évêque de Genève (vers 880) se termine par la prière au lecteur : sis memor ipse mei26, et dans son épitaphe Hincmar de Reims, qui est mort en 882, prie le lecteur de se souvenir de lui : te, lector tituli, quæso memento mei27. Sis mei Adefonsi memor, demande Alphonse II en la cathédrale d’Oviedo28, « Je te le demande, frère, memor es mei », dit Ogo à Saint-Maximin de Trèves (en 947)29, sis nostri memor, prie l’abbesse Hathawige d’Essen30, sit simul ipse memor, demande Gerswine à Essen31.

  • 32 J. Guillet, « Le psaume Miserere », La Maison-Dieu, 33, 1953, p. 56-71.
  • 33 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), n° 22, 25 (p. 285-353), 26, 27, 64, 68, 76, 116, 122 et p.  (...)
  • 34 CIFM, 25 : Indre, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher (Centre), 2014, p. 130.
  • 35 J.-B. de Rossi, (op. cit. n. 7), II-1, Rome, Ex Officina Libraria Pontifica, 1888, p. 214, n° 77.
  • 36 Monumenta epigraphica christiana sæculo xiii antiquiora…, I : Rome, A. Silvagni (éd.), Cité du Vati (...)
  • 37 Maria-Luisa Bottazzi, Italia medievale epigrafica. L’alto medioevo attraverso le scritture incise ( (...)

9La demande de la miséricorde divine est très fréquente dans les Saintes Écritures, et notamment dans les psaumes, où l’on trouve seize fois le miserere mei, Deus, « aie pitié de moi, Dieu ». Le psaume 51 (50), qui commence par cette prière, est employé à Rome dès le viiie siècle dans le chant de procession lorsque le corps du défunt est porté à l’église ou au cimetière32. La demande au lecteur Dic : Miserere Deus se rencontre à de nombreuses reprises : Saint-Pierre de Rome (en 795) pour le pape Hadrien, cathédrale de Bénévent (en 854), Hirsau (en 865), cathédrale de Moûtiers-Tarentaise (en 885), épitaphes d’Hélène au musée de Split (en 976), de Hubert de Vérone (en 978), du comte Cunibert (fin xe siècle). On trouve aussi seulement miserere Deus : à Bleidentsadt (vers 850), Bazouges (en 876), ou dans les épitaphes d’Odgive de Luxembourg, d’Ogo de Saint-Maximin de Trêves, d’Hatto II, archevêque de Mayence, d’Albéric de Milan, ou des formules proches, comme le misertus sit tibi omnipotens Deus de Maître Mazulo à l’abbaye de Pomposa. Il y a encore des demandes de pardon pour les péchés, avec le mot venia, qui est très fréquent dans les épitaphes composées par Micon de Saint-Riquier, da veniam, tribue veniam, ou dans les épitaphes métriques des auteurs carolingiens33. Les formules peuvent varier : Da huic veniam, à Marmoutier de Tours (en 834)34, arbiter omnipotens da veniam Stephano, pour le pape Étienne V (en 891)35, Christe, tui famuli misertus scelera purga, pour le pape Jean XIII (en 972)36, crimina solve, Deus, pour Ermiza à Clivio (en 971), famulæ, Christe, probra remitte tuæ, pour Ermengarde à l’Hôpital S. Giustina de Lucques (au xe siècle)37.

  • 38 Henri Leclercq, « Requies », Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, XIV-2 : Portier- (...)
  • 39 RICG (op. cit. n. 8), p. 336, n° 78.
  • 40 Corpus inscriptionum… (op. cit. n. 26), p. 96, n° 47.
  • 41 Ibid., p. 102, n° 49.
  • 42 CIFM, 26 : Cher, 2017, p. 117 ; Françoise Jenn, « Les plates-tombes inscrites de Saint-Outrille-du- (...)
  • 43 CIFM, 24 (op. cit. n. 10), p. 223 et 224.
  • 44 Ibid., p. 103 et 114.
  • 45 M.-L. Bottazzi (op. cit. n. 37), p. 115, 118, 146 et 150.
  • 46 F.-X. Kraus (op. cit n. 31), p. 102, n° 229.
  • 47 Monumenta epigraphica… (éd. cit. n. 36), pl. XXXVIII-69.
  • 48 PL, 105, c. 531 et 532.

10Au lecteur il est encore demandé de prier pour que le défunt jouisse du « repos éternel », de la « lumière perpétuelle ». Sur les tombes d’Aïn Zara près de Tripoli, aux ve-vie siècles, on trouve 26 fois la formule liturgique Requiem æternam det tibi Dominus et lux pepetua luceat tibi, dont le 4e livre d’Esdras, un apocryphe de la fin du ive siècle, donne déjà les éléments : requiem æternitatis dabit vobis, parati estote ad præmia regni quia lux perpetua lucebit vobis38. On trouve ce souhait pieux, cui Dominus æternam requiem trebuat à Saint-Pierre de Vienne (dès 508 ou 509)39, cujus anima requiem possedeat æternam à Lausanne (fin viie-viiie siècle)40 ou Requiem eternam dona ei Domine et lux perpetua luceat ei également à Lausanne (en 875)41, et cette prière est expressément demandée au lecteur de l’épitaphe à Saint-Outrille-du-Château à Bourges42, à Saint-Vincent du Mans43, à Angers44, à Brescia, à Côme, à Milan, à Lucques (aux ixe et xe siècles)45, à Mayence (en 968)46, à Sainte-Praxède de Rome (vers 964)47. Les exemples sont nombreux dans les épitaphes métriques, qui relèvent pour beaucoup de l’épigraphie « littéraire » : épitaphes du reclus Dungal (au début du ixe siècle)48, épitaphes de Micon de Saint-Riquier, sit requies, det famulæ requiem, requiem da perpetuam, requies sine fine, tribue requiem, épitaphes relevées dans le tome 5 des Poetæ latini ævi carolini des MGH. Cette demande de prière pour une éternité bienheureuse peut prendre, dans les compositions métriques, des expressions variées : qu’il jouisse des « joies du ciel », des « saintes joies », « qu’il vive dans l’empyrée », « qu’il possède dans le Christ les récompenses éternelles ».

  • 49 CIFM, 1, (op. cit. n. 13), p. 101.
  • 50 CIFM, 3 : Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, 1977, p. 143 et 146.
  • 51 CIFM, 24 (op. cit. n. 10), p. 101, 103 et 114.
  • 52 CIFM, 25 (op. cit. n. 34), p. 138.
  • 53 Nicolette Gray, « The Paleography of Latin Inscriptions in the Eight, Ninth and Tenth Centuries », (...)
  • 54 M.-L. Bottazzi (op. cit. n. 37), p. 102.
  • 55 Voir Cécile Treffort, « Appels à la prière et oraisons de pierre dans les inscriptions funéraires d (...)

11Dans les inscriptions chrétiennes on trouve en nombre de simples ora, orate, et ora ou orate pro me, pro eis, et à plusieurs reprises des demandes de « prier pour moi pécheur ». C’est aussi le cas pour les épitaphes carolingiennes, et le plus généralement dans les textes en prose. Si les ora ou orate pro eo, pro illo, pro me, pro eis, pro nobis dominent, on a plusieurs exemples de ora ou orate pro anima ejus, à Poitiers49, Niort50, Angers51, Tours52, et à six reprises à Saint-Oustrille-du-Château à Bourges, pro cujus anima omnes precemur Deum, et on a un « priez pour nous pécheurs » au Musée de Berlin (en 799-816)53 et un qui legitis orate Dominum pro me peccatore à Santa Maria Assunta de Torcello (en 980)54. Dans les textes métriques on emploie souvent funde preces au lieu d’ora. L’expression se trouve chez Stace au ier siècle, mais rarement dans les inscriptions chrétiennes, crypte de Saint-Irénée de Lyon, ou église Saint-Saturnin de Clermont-Ferrand. Pour la fin viiie et les ixe et xe siècles, on en a une bonne quinzaine d’exemples tant en France qu’en Italie, en Espagne et en Allemagne55.

12Garder mémoire, prier pour le défunt afin que Dieu lui fasse miséricorde, lui pardonne ses péchés, lui donne le repos éternel et la lumière sans fin auprès de Lui : tel est le message ordinaire des inscriptions carolingiennes à l’égard du lecteur de l’épitaphe. Dans les inscriptions de lettrés, d’évêques, d’abbés, de grands seigneurs, généralement en vers, on commence cependant à rencontrer quelques invites au lecteur à méditer sur la condition humaine.

13Sur un monument funéraire à Gadara en Jordanie, une inscription grecque (au ive siècle) donnait cet avertissement :

  • 56 Ute Wagner-Lux « Gadara, la cité de l’époque gréco-romaine », Le monde de la Bible, 22, 1982, p. 33

« Je te le dis, ô passant, ce que tu es, je l’étais, ce que je suis, tu le seras. Use de la vie comme quelqu’un qui doit mourir »56.

14On retrouve cette même pensée dans quelques épitaphes carolingiennes. Ainsi on peut lire en l’église des Saints-Quatre-Couronnés à Rome :

« Priez pour moi, pécheur,… ce que vous êtes je le fus, ce que je suis vous aurez à l’être ».

  • 57 Monumenta epigraphica… (éd. cit. n. 36), pl. XXXVII, 6.

Cod estis fui, et quod sum essere abetis57.

15Dans l’épitaphe qu’il a composée pour lui-même, Alcuin († 804) écrit :

Quod nunc ego sum, tuque futurus eris,

  • 58 MGH, Poetæ latini…, 1 (op. cit. n. 17), p. 350-351 ; Franca Ela Consolino, « Es nunc quod fueram ; (...)

« Ce que je suis maintenant, toi aussi tu le seras »58.

  • 59 M. Bottazzi (op. cit. n. 37), p. 118, quodve au lieu de quodque.

16La formulation qu’on lit dans l’épitaphe de l’évêque de Mayence Riculfe (en 814) à Saint-Alban, se retrouve telle quelle dans l’épitaphe de l’évêque de Côme Perideus vers 84059 :

Quodque fui quondam, quidve futurus eris

  • 60 F.-X. Kraus(op. cit. n. 31), p. 95, n° 216.

« Ce que jadis je fus, c’est ce que tu seras »60.

17Dans l’épitaphe de saint Adalhard, abbé de Corbie (mort en 826 ou 827), la mise en garde est un peu différente :

Cerne quid es, quid eris, mors quia cuncta rapit

  • 61 MGH, Scriptores, II, Hanovre, 1839, p. 532.

« Considère que tu es, ce que tu seras, parce que la mort emporte tout »61 ?

18On retrouve la même pensée dans l’épitaphe du moine d’Aniane Ardon († 843) :

Es quod ego fueram, sum quodque eris ipse futurus

  • 62 Histoire littéraire de la France…, V, Paris, Palmé, 1868, p. 33.

« Tu es ce que j’avais été, je suis ce que toi-même tu seras »62,

19et encore au xsiècle, dans l’épitaphe de Liudolf duc de Souabe :

Siste viator iter, per me tu gnoti ceayton
nam quod es hic fueram, quod sum nunc et eris

« Suspends ton chemin, voyageur, par moi connais-toi toi-même
car ce que tu es je l’avais été, ce que je suis mainenant tu le seras »,

20ou dans l’épitaphe d’Everard :

Quod fuimus nunc es, sumus et quod tu quoque fies,

  • 63 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), p. 321 et p. 636.

« Ce que nous fûmes, tu l’es maintenant, ce que nous sommes, toi aussi tu le seras »63.

21Les épitaphes déjà citées de Riculf (évêque de Mayence, en 814) et de Perideus (évêque de Côme) disent :

Vana est gloria mundi

« Vaine est la gloire du monde ».

  • 64 GC, IX (op. cit. n. 27), c. 987.

22L’épitaphe de Gilbert abbé de Saint-Amand-les-Eaux (en 782) dit 64 :

« Voyez comme rapidement la gloire de cette charge passera…, voici que les vers me rongent ».

23Après la faute originelle Dieu dit à l’homme :

« Tu es poussière et tu retourneras en poussière »

Pulvis es et in pulverem reverteris (Genèse 3:19).

24Les épitaphes commencent à souligner la finitude de l’homme. Dans l’épitaphe qu’il compose pour lui-même Alcuin se dit :

Nunc cinis et pulvis, vermibus atque cibus

  • 65 MGH, Poetæ latini…, 1 (op. cit. n. 17), p. 350.

« Maintenant cendre, poussière et nourriture pour les vers » 65.

  • 66 MGH, 4 : Poetae Latini aevi Carolini (IV), p. 1037.
  • 67 MGH, 3 (op. cit. n. 18), p. 636, De sobrietate.
  • 68 Die Deutschen Inschriften… (op. cit. n. 16), 70, p. 85, n° 46.
  • 69 M. Bottazzi (op. cit. n. 37), p. 146.
  • 70 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), p. 321, n° 76.
  • 71 Ibid., p. 328, n° 93.
  • 72 Ibid., p. 324, n° 86.
  • 73 Tommaso Gramigni, Iscrizioni medievali nel territorio fiorentino fino al xiii secolo, Florence, Pre (...)
  • 74 GC, IX (op. cit. n. 27), c. 44.
  • 75 F.-X. Kraus (op. cit. n. 31), p. 102, n° 228.

25Elles reprennent ainsi le « cendre et poussière » de Genèse 18, 27, et le « nourriture pour les vers » de Paulin de Nole. On a les mêmes expressions, pulvis eris, præsul magnificus, vermibus esca datus, dans l’épitaphe de Charles, archevêque de Mayence (en 863)66, mox limus, vermibus atque datus chez Milon de Saint-Amand67, et dans les épitaphes de hauts dignitaires à la fin du xe siècle : cinis immundus jaceo, modo verme vorandus pour Willerus, abbé de Saint-Maximin de Trèves (en 958)68, nunc vile cadaver, cinis factus, pour Hubert de Vérone69, nunc pulvis terre et cinis exigue pour l’abbé Folcerus70, cinis iste pour Gebhard, évêque de Constance (en 995)71 ou ater cinis omnia fiunt des évêques d’Augsbourg de cette fin du siècle72. « Je suis dévoré par les vers », verme voror, dit Riculf, évêque de Mayence (en 814), ce que reprennent l’épitaphe de Donatus « scottus », du ixe siècle, au Musée archéologique de Fiesole, solus in hoc tumulo pulvere verme voror73, et l’épitaphe qu’Hincmar de Reims compose pour lui-même (vers 882), hic modo verme voror74. « Gloire, noblesse, beauté, pouvoir ne sont qu’une faible fumée », tenuis fumus, dit encore l’épitaphe de l’archevêque de Mayence Frédéric (en 954)75.

26Les épitaphes carolingiennes ne se limitent donc pas à demander souvenir et prière, elles soulignent aussi la finitude de l’homme, sans pour autant y joindre une exhortation morale. Surtout ces mentions de cendre, poussière, vers, fumée ne se trouvent que pour de grands personnages dans des épitaphes métriques, dont quelques-unes n’ont sans doute pas été effectivement gravées dans la pierre. La situation va changer avec les siècles suivants.

***

Les xie-xiiie siècles

  • 76 Robert Favreau, « Épitaphes et biographie de l’éloge religieux à la glorification de l’état social  (...)

27Aux xie et xiie siècles l’épitaphe continue à « faire mémoire », donne le nom, mais de plus en plus souvent identifie le défunt par sa fonction, son état, ajoute des considérations de rang social, naissance, noblesse, dignité de la charge, et poursuit, naturellement, l’éloge religieux76.

  • 77 Vincent Debiais, Messages de pierre. La lecture des inscriptions dans la communication médiévale (x (...)
  • 78 CIFM, 1 (op. cit. n. 13), p. 106.

28L’apostrophe au lecteur77 est très fréquente : lector, pie lector, optime lector, qui legis, qui legit, ou ho vos fratres et sorores qui scitis litteras à Saint-Hilaire de Poitiers (au xie siècle)78. Si le viator est toujours mentionné, ainsi à Arles-sur-Tech, à Santa Maria in Trastevere de Rome, à Konin en Pologne, on trouve plutôt l’appel au passant sous la forme qui transis, avec encore l’ancien siste gradum (Brive, Avignon, Bec-Hellouin, Wissenbourg et Trèves). L’appel se fait insistant avec queso à Verdun, Laon, Saint-Denis, Saint-Jean-d’Angély, San Pelayo d’Oviedo, avec precor, à Evreux, Reims, Rome, Milan, Teverga (Asturies), ou avec rogo, comme à Monte Sant’Angelo : rogo vos omnes qui hic venitis, rogo, orate pro me.

29La demande au lecteur, au passant, est toujours de garder le souvenir du défunt, memento mei, memor sis, de demander pour lui la miséricorde du Seigneur, miserere Deus : à Santa Maria in Aracœli à Rome, à Saint-Aoustrillet à Bourges, à la cathédrale d’Hildesheim, à Saint-Victor de Marseille, Domine, miserere mei : à Saint-Mauritius de Minden, à la cathédrale d’Angers, à Gand, parce Deus, à la cathédrale de Sens, à Saint-Victor de Paris, parce Redemptor : à Saint-Remi de Reims, Arles-sur-Tech, Saint-Jean-de-Latran à Rome, da, Christe, quæso veniam, parce, precor : à San Pelayo d’Oviedo, propicium sollicitando Deum : à Konin (Pologne), dic, homo qui transis, Deus ut mihi propicietur : à Fontgombault, dic, lector, perpetuam veniam, à Lausanne. La prière est aussi pour demander que le Seigneur accorde au défunt le repos dans le ciel, le paradis, la vie éternelle : c’est le cas à Saint-Bénigne de Dijon, Faye-en-Montagne, Souvigny, Roumazières-Loubert, Saint-Martin-d’Ainay à Lyon, abbaye de Jouy à Chenoise, Loarre (Aragon), Saint-Paul-hors-les-murs à Rome et San Pelayo d’Oviedo. Le « prie pour lui », « prie pour nous », « prie pour moi », est de tous les temps. On trouve aussi rogate Deum : à la cathédrale d’Avignon, à la cathédrale d’Angoulême, au Musée de Princeton (vos qui aspizitis Deum rogate pro me), à SS. Felice e Fortunato à Vicenza, et, en nombre et partout, funde preces, posce Deum ou Christum.

  • 79 CIFM, 5 : Dordogne, Gironde, 1979, p. 31-32.
  • 80 F. Diego Santos (op. cit. n. 28), p. 89, n° 56.
  • 81 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), p. 344, n° 120.
  • 82 CIFM, 22 : Calvados, Eure, Manche, Orne, Seine-Maritime, 2002, p. 77.
  • 83 Constant Antoon Serrure, Les sciences auxiliaires de l’histoire en Belgique, Bruxelles, 1893, p. 42

30La demande de prière a une forme liturgique à Saint-Étienne de Périgueux (en 1169) : qui presentes litteras legis et consideras, dic : Absolve, Domine, vel : Deus cui proprium, sive saltem : Fidelium, c’est-à-dire trois oraisons de la messe de sépulture ou de la messe de commémoration de tous les fidèles défunts79, à la cathédrale d’Oviedo (en 1153) : dic : De profundis pro me, simul et : Miserere80. Il faut naturellement y joindre les nombreux Requiescat in pace ou le proche anima ejus requiescat in pace, de la liturgie des défunts. La demande, dans une épitaphe de S. Maria in Trastevere à Rome81, de dire pour le défunt un Ave Maria apparaît très précoce pour cette prière mariale qui va plutôt se développer au xiie siècle. La demande d’un Notre Père à Poussy-la-Campagne (fin xe-début xie siècle)82 est faite pour les fondateurs de l’église. Elle apparaît dans une épitaphe sur plomb à Saint-Donat de Bruges (en 1087)83, dans une épitaphe à Pise (milieu du xiie siècle), mais c’est à partir de 1180 qu’on la trouve en nombre, dans les épitaphes du Sud-Ouest de la France, de l’Espagne et du Portugal. Pour la France du Nord, il faut noter la croix sépulcrale en plomb de Guillaume (xiie siècle) au musée des Antiquités de Rouen :

Pater noster quisquis versus legis hos ter didicas (sic) quod requiem det sibi Cristus

  • 84 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 331.

« Qui que tu sois qui lis ces vers, dis trois Notre Père pour que le Christ lui donne le repos »84.

  • 85 Horace, Pulvis et umbra sumus, Odes et Épodes, F. Villeneuve (éd. et trad.), Paris, Belles-Lettres, (...)
  • 86 Recueil des rouleaux des morts (viiie siècle-vers 1536), I : viiie siècle-1180, J. Dufour (éd.) et (...)
  • 87 Vincenzo Forcella, Iscrizioni delle chiese e d’altri edifici di Roma dal secolo xi ai giorni nostri(...)
  • 88 España sagrada, 14 : Iglesias de Ávila, Caliabria, Coria, Évora, Egitania, Lamego, Lisboa, Osonova, (...)
  • 89 PL, 171, c. 1021.
  • 90 PL, 90, c. 1098, et 146, c. 313.
  • 91 PL, 184, c. 1326.
  • 92 Recueil des rouleaux des morts (éd. cit. n. 86), 1, p. 320 et 323, n° 105, p. 408, n° 114.
  • 93 PL, 205, c. 947.
  • 94 Inscriptions de la France, ancien diocèse de Paris du ve siècle au xviiie, I, F. de Guilhermy (éd.) (...)
  • 95 PL, 184, c. 1315.
  • 96 PL, 217, c. 702.

31Le lecteur est toujours invité à méditer, devant la sépulture, sur la condition humaine et la mort qui réduit le corps à rien. Brefs sont les jours de l’homme dit Job, 14:5, cette vie est brève rappelle la Sagesse, 15:9 ou l’Ecclésiastique 10:11, bref est le temps lit-on chez Paul (1 Cor 7:29). Vita brevis disent les épitaphes de l’évêque Pelage à Oviedo (en 1153) ou de Félix Suriu à Santiago de Coïmbra (en 1191). La mort cruelle, sévère, ennemie et soudaine enlève (rapit) tout, peut-on lire dans maintes épitaphes des xie et xiie siècles, à Toul ou Cattenon en Lorraine, à Saint-Remi de Reims, Chartres, Cluny, Avila, Oviedo, Coïmbra et Westminster. « Tu es poussière et tu retourneras en poussière » dit Dieu à Adam (Genèse 3:19), « nous sommes poussière » dit le psaume 103 (102), 16, ce qui est repris à Saint-Michel de Lüneburg (en 1011), à Saint-Père de Chartres (en 1028), à Sant’Agata et à Saint-Ambroise de Milan (au xie siècle) et à Saint-Étienne de Périgueux (en 1189). « Je suis bien hardi de parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre » déclare Abraham (Genèse 18:27). On relève le « poussière » et « cendre » à Saint-Gall ou à Santa Maria in Aracœli à Rome, « cendre, poussière et vers » dans l’épitaphe de l’abbesse Béatrice à Quedlinburg, et de nombreux exemples pour la cendre, ecce cinis : à Hildesheim, Saint-Gall, Hirsau et Trèves, ou simplement cinis : à Augsbourg, Chartres, Werden, Reims et Echternarch. On trouve déjà dans les Odes d’Horace, « nous sommes poussière et ombre »85 qui est repris sur le rouleau de Guifré comte de Cerdagne, à Saint-Maximin de Trèves (en 1051)86, à Saint-Paul-hors-les-murs à Rome (en 1128)87 et dans l’épitaphe de Sanche III à San Salvador d’Oña88, et qui est cité par Hildebert de Lavardin dans sa Moralis philosophia89. « Nous sommes une brève ombre » dit l’épitaphe d’Henri de Grandpré à l’abbaye Notre-Dame de Belval-Bois-des-Dames (en 1151), tandis que le homo vanitati similis factus est, dies ejus sicut umbra prætereunt, « l’homme est semblable à du vide, ses jours passent comme une ombre », de l’épitaphe d’Hathelheid à l’abbatiale Saint-Servais de Quedlinburg, est la reprise du verset 4 du psaume 144 (143) qu’ont cité Bède le Vénérable et Emmeran de Ratisbonne90. Dans la même abbaye le homo sicut foenum, dies ejus tanquam flos agri sic efflorebit, « l’homme ! ses jours sont comme l’herbe, comme la fleur du champ il fleurira » de l’épitaphe d’Hethelheid, est une reprise du verset 15 du psaume 103 (102), qui a inspiré également une épitaphe de S. Maria del Camino à Santa Agata dei Goti (début du xie siècle). Tout homme est herbe (fenum) et après l’herbe il devient boue (cænum) dira saint Bernard91. Les rouleaux des morts ont repris la comparaison de l’homme à « une fleur d’herbe » qu’on trouve dans les lettres des apôtres Jacques (1:10) et Pierre (1 Pierre 1:24), à Poitiers, à Lagny-sur-Marne et à Exeter92. « D’abord sperme, bientôt sac puant, puis nourriture pour les vers » écrit Matthieu de Vendôme93. La nourriture pour les vers, vermibus esca, de Paulin de Nole et autres poètes, figure dans des épitaphes à Saint-Remi de Reims (mi-xie siècle), à Catane (en 1169), à l’abbaye de Scellières à Romilly-sur-Seine (avant 1186), et on a seulement vermis seul à Echternach (en 1155) ou dans la lamentation de l’épitaphe d’Adam de Saint-Victor à Paris (en 1192) : « vers après homme, puis cendre après vers, hélas !, ainsi notre gloire revient à sa cendre »94. « Nourriture des vers » écrivent aussi saint Bernard95 et le futur Innocent III96.

  • 97 Edmond Liénard, « Le latin et le carcan de l’hexamètre », Latomus. Revue d’études latines, 36-3, 19 (...)
  • 98 Robert Favreau, Épigraphie médiévale, Turnhout, Brepols (L’atelier du médiéviste, 5), 1997, p. 97-1 (...)

32Aux xie et xiie siècles, les inscriptions métriques deviennent très fréquentes, et ne concernent plus seulement princes et dignitaires ecclésiastiques, hexamètre presque toujours97, souvent associé au pentamètre pour former un distique, avec emploi de rimes entre une ou deux syllabes du milieu et de la fin du vers, vers appelé « léonin » à partir du milieu du xie siècle, mais déjà connu avant ; le vers léonin simple ou riche aura une grande vogue jusqu’au xiiie siècle98.

  • 99 Robert Bultot, « La doctrine du mépris du monde chez Bernard le Clunisien », Le Moyen Âge, 70, 1964 (...)

« On écoute plus volontiers, dit Bernard le Clunisien, et on lit avec plus d’avidité les œuvres en vers ; partant, on les confie plus aisément à la mémoire »99.

33Cette reconnaissance de sa condition humaine soumise à la mort, cendre, poussière, nourriture pour les vers, fumée, ombre, herbe fragile, va se matérialiser selon le thème très ancien « je suis ce que tu seras, je fus ce que tu es », avec de nombreuses variantes. Mais ces considérations conduisent ordinairement à une lamentation et à une demande de prière.

  • 100 PL, 145, c. 968.

34À Ravenne, dans l’épitaphe qu’il avait composée pour lui-même Pierre de Damien avertissait 100 :

Quod nunc es fuimus, quod sumus ipse futurus

« Ce que tu es maintenant nous le fûmes, ce que nous sommes toi-même tu le seras ».

  • 101 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 150.

35Dans son épitaphe au musée d’Évreux, Hugues demande 101 :

Frater, qui me aspicis, quod es fui quod sum eris,
precor te, ora pro me peccatore

« Frère qui me regarde, ce que tu es, je le fus, ce que je suis tu le seras, je t’en supplie prie pour moi pécheur ».

  • 102 CIFM, 14 : Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhônes, Var, 1989, p. 37.

36Avant 1063, dans l’épitaphe du comte de Provence Geoffroi à Saint-Trophime d’Arles on lit102 :

Nam quod es iste fuit nunc memor esto sui

« Car ce que tu es celui-là le fut, maintenant, souviens-toi de lui ».

37Dans son épitaphe au musée de Saint-Remi de Reims, le moine Haderic requiert :

Quod sum vos eritiis…, lector posce Deum

« Ce que je suis vous le serez…, lecteur, prie Dieu ».

38On peut mettre côte à côte trois épitaphes métriques d’abbés du début du xiie siècle :

Est quod eris, lector, fuit es quod tu modo lector,
filius ergo Dei dic ita parcat ei, amen

« Lecteur il est ce que tu seras, il fut, lecteur, ce que tu es aujourd’hui,
prie donc le Fils de Dieu pour qu’il l’épargne. Amen ».

  • 103 Ibid., p. 9.

(Abbé Audebert, à Saint-Honorat de Lérins, 1101)103.

Quid sis et quid eris, lector, si noscere quæris,
per me scire potes si mea fata noris.

  • 104 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 118.

« Lecteur, si tu cherches à connaître ce que tu es et ce que tu seras,
par moi tu peux le savoir, si tu connais ma destinée ».
(Saint Anselme, abbé du Bec-Hellouin, 1109)104.

Dic, homo qui transis, Deus ut mihi propicietur,
nunc quod es ipse fui, quod sum tu quoque fies.

  • 105 CIFM, 25 (op. cit. n. 34), p. 36-37.

« Dis, homme qui passes : Que Dieu me soit favorable.
Je fus ce que tu es maintenant, ce que je suis, toi aussi tu le seras ».
(Pierre de l’Étoile, premier abbé de Fontgombault, 1114)105.

39On peut voir la même pensée à la cathédrale d’Oviedo en 1129 :

Es quod qui ipse fui, quod sum cito credo futurus.

  • 106 España sagrada, 38 : Iglesia de oviedo (II), R. Lazcano (éd.), Madrid, Editorial Agustiniana, 2010, (...)

« Tu es ce que moi-même je fus, ce que je suis je crois que tu le seras rapidement ».
(salle capitulaire d’Oviedo, 1129)106.

  • 107 F. D. Santos (op. cit. n. 28), p. 89, n° 56.

40Avant de demander des prières, l’épitaphe de l’évêque d’Oviedo Pelage († 1153) avertit 107 :

« Tu es ce que je fus, ce que je suis je crois que tu le seras rapidement ».

  • 108 Giuseppe Scalia, « Epigraphica pisana. Testi latini sulla spedizione contro le Baleari del 1113-14 (...)

41L’épitaphe d’une reine de Majorque, à la façade de la cathédrale de Pise dit 108 :

« Je gis ce que tu vois, … souviens-toi de ta condition, prie Dieu pour moi ».

  • 109 PL, 184, c. 1316.

42Saint Bernard dit 109 :

Cerne quid es et quid eris,
modo flos es, et verteris
in favillam cineris.

« Considère ce que tu es, ce que tu seras, maintenant tu es fleur et tu deviendras cendre ».

  • 110 Mário Jorge Barroca, Epigrafia medieval portuguesa (862-1422), vol. I-1, Porto, Fundação Calouste G (...)
  • 111 L’epigrafia medieval dels comtats Girondins, I : Il comtat de Peralada, Figueres, 2009, p. 144-145, (...)
  • 112 Catalunya romànica, XXVI : Tortosa i les terres de l’Ebre, la Llitera i el Baix Cinca Obra no arqui (...)
  • 113 Imre Takács, « Quelques fragments des monuments funéraires d’Esztergom xiiie s. » (en hongrois), Ar (...)
  • 114 PL, 198, c. 1048 ; Paul Lehmann, « Eine Sammlung mittellateinischer Gedichte aus dem Ende des 12 Ja (...)
  • 115 V. Forcella (op. cit. n. 87), IV, p. 7, n° 4.

43Cette considération, qui est plus un appel à méditer sur la condition humaine et à se bien conduire que « mépris du monde », va se matérialiser dans une formule qui aura une longue fortune : quod es fui, quod sum eris, « ce que tu es, je le fus, ce que je suis tu le seras » ou, avec inversion, quod sum eris, quod es fui. Quand on fait le point sur l’emploi de cette formule (voir annexe 1), on constate qu’elle fut connue dans la péninsule ibérique, qu’on l’employa très souvent, à partir de 1180, dans les régions qui touchent la côte méditerranéenne, du Roussillon au Comtat Venaissin, mais qu’elle fut beaucoup moins répandue au nord et fort peu employée en Allemagne ou en Italie. Cette même pensée a pu être exprimée dans des termes proches, tels que sum quod eris, fueram quod es, à Alporao (Portugal) en 1207110, qui me respicis, qualis es talis fui, qualis sum talis eris, à Santa Maria de Roses (en 1306)111, o homo qui hoc legis, qui tu es ipse fuit, et qui ipse est, tu eris, à Tortosa (en 1289)112, pour la péninsule ibérique. On peut encore citer, à Esztergom en Hongrie (au xiiie siècle), ergo notans quid eram, quid sim modo, tu quoque quid sis et quid eris, releva me prece113 ou l’épitaphe que Pierre Le Mangeur (Comestor) composa pour lui-même à Saint-Victor de Paris (en 1179), Quod sumus iste fuit, erimus quandoque quod hic est114, que l’on retrouve telle quelle à SS. Silvestro e Martino ai Monti à Rome (en 1296)115. On pourrait fournir bien d’autres variantes. Les manuscrits ont répandu partout ce jeu sur le temps du verbe être. Ainsi au tympan de l’église Notre-Dame de Cluny (au xiiie siècle) on pouvait lire :

Sum quod eram, nec eram quod sum nunc dicor utrumque,

  • 116 CIFM, 19 : Jura, Nièvre, Saône-et-Loire, 1997, p. 50 ; références aux manuscrits dans les Initia ca (...)

« Je suis ce que j’étais, et je n’étais pas ce que je suis, maintenant je suis dit(e) l’une et l’autre »116.

  • 117 Anatole de Montaiglon, « De quelques inscriptions en vers », Revue de l’art chrétien, 33, 1890, p.  (...)

44Cela signifie que, si c’était Marie qui était représentée au tympan, c’est qu’elle était et est Vierge, qu’elle n’était pas mais est devenue Mère. Le même hexamètre se trouvait sur la châsse de Saint-Maur, à Bruxelles, au pignon où est représenté le Sauveur, ce qui signifie qu’il était Dieu lorsqu’il était homme, et qu’avant d’être homme il était Dieu, maintenant il est dit Dieu et homme117.

  • 118 CIFM, 16 : Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Ardèche, Drôme, 1992, p. 103.

45Ce même jeu sur les temps du verbe être a été compris dans un distique d’hexamètres rimant en fin de vers (caudati). Ce distique apparaît dans les manuscrits au xiie siècle, d’après les Initia carminum d’Hans Walther, et on en a un premier exemple épigraphique à Arpavon dans la Drôme118 :

Quisquis ades, qui morte cades, sta, perlege, plora,
sum quod eris, quod es ante fui, pro me, precor, ora.

46Avec diverses variantes (annexe 2) ces deux vers se retrouveront dans tout l’Occident, là encore pour rappeler à chacun sa condition mortelle, et demander déploration et prière.

  • 119 Die Deutschen Inchriften, 37, p. 1, n° 1.
  • 120 Ottavio Banti, Monumenta epigraphica pisana saeculi xv antiquora, Ospedaletto, Pacini (Biblioteca d (...)
  • 121 CIFM, 12 : Aude, Hérault, 1988, p. 107.

47On va aussi, au xiie siècle, dépasser le simple appel à « se souvenir de sa fin », le memorare novissima tua de l’Ecclésiastique (7:40 dans la Vulgate, 7:36 dans les Bibles modernes), que rappelle le tympan de l’ev. Walterischkirche de Murrhardt (en 1170-1180)119, ou le tue memor esto conditionis de la façade de la cathédrale de Pise120. Il faut en tirer les conséquences et « mépriser ce qui est mortel ». Ce sera l’objet d’un distique élégiaque léonin riche, qui va avoir une grande fortune dans le sud de la France, et singulièrement en Roussillon. Il apparaît dans la seconde moitié du xiie siècle à la cathédrale de Béziers121 :

Qui tumulum cernis cur non mortalia spernis,
tali namque domo claudituir omnis homo

« Toi qui regardes ce tombeau, pourquoi ne méprises-tu pas ce qui est mortel,
car tout homme est enfermé en une telle demeure ».

48Le même distique est gravé à la cathédrale de Maguelone (au xiie-xiiie siècle) et on le trouve (au xiiie siècle) à la cathédrale de Toulon (cernit, spernit), à Vienne, dans une collection particulière, dans deux épitaphes du Musée de Nîmes, à Saint-Aphrodise de Béziers, à Saint-Gilles-du-Gard, et en Roussillon : à Villefranche-de-Conflent (Notre-Dame-de-Vie), Rivesaltes, Passa, Perpignan (cathédrale et église de Malloles), Espira-de-l’Agly et Thuir. Le distique se rencontre aussi en Espagne, à Silos, où l’historien de l’abbaye, dom Férotin, le date du xe, voire du ixe siècle, ce que contredit l’écriture, et à Ripoll en 1234, avec la variante Tu qui me cernis. Au début du xive siècle, les exemples de distiques sont toujours dans la même région privilégiée : Villefranche-de-Conflent, Elne, Formiguères, Monastir del Camp à Passa, et encore Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne) et Verrières (Aveyron). Dans la France du Nord on peut citer le Musée de Rouen pour la fin du xiiie siècle, la Trinité de Vendôme en 1384, Saint-Victor de Paris en 1432, ici avec cum tumulum. C’est aussi avec un incipit cum tumulum que l’on trouve le distique à Sombreffe en Belgique (en 1284) et à la cathédrale de Mayence (en 1445). À l’évidence, les manuscrits ont répandu cette formulation, dont Hans Walther donne plusieurs exemples, du xive et surtout du xve siècle, auxquels on peut ajouter le ms. 161 (144), fol. 45, du xve siècle, de la Bibliothèque de la ville de Bourges.

« Vanité des vanités, tout est vanité », dit l’Ecclésiaste ou Quohéleth (1:2).

49Au ive siècle Jean Chrysostome reprend dans sa première homélie sur la disgrâce d’Eutrope ce texte bien connu :

  • 122 Patrologie grecque, 52, c. 391 b.

« Tout est vanité. Cette parole il faut l’inscrire sur les murs et sur les vêtements, dans la place publique, dans les maisons et dans les rues, sur les portes et dans les vestibules ; surtout et toujours c’est dans la conscience de chacun de nous qu’il faut la graver pour la méditer, sans relâche »122.

  • 123 Patrologie grecque, 145, c. 807-820.
  • 124 Ibid., c. 818.

50Ce thème de la vaine gloire du monde est plus que jamais repris à partir du xie siècle. Saint Pierre Damien le rappelle à l’impératrice Agnès dans son De fluxa mundi gloria et sæculi despectione123, en citant le livre du Siracide (10, 9) : Quid superbio, terra et cinis ?, « pourquoi t’enorgueillis-tu, toi qui es terre et cendre »124. Hildebert de Lavardin le dit en vers léonins riches :

Quippe quid argentum ? quid forma ? quid ordo clientum ?
Quid celebres fundi ? Festum breve gloria mundi.

  • 125 PL, 171, c. 1408.

« À quoi bon l’argent ? la beauté ? toute une clientele ?
De nombreux domaines ? La gloire du monde n’est qu’un bref jour de fête »125.

  • 126 Ibid., c. 1271.
  • 127 PL, 158, c. 706.
  • 128 Ibid., c. 694.
  • 129 PL, 168, c. 1199.
  • 130 PL, 171, c. 1271-1272.
  • 131 PL, 172, c. 331-332.
  • 132 PL, 175, c. 116 et sq.
  • 133 PL, 176, c. 703-740.
  • 134 PL, 210, c. 114.

51« Tout est vain », comme le dit l’Ecclésiaste126. Moine du Bec Roger de Caen († 1090) s’interroge dans son Carmen de contemptu mundi : Quid prodest gloria carnis ?, « à quoi sert la gloire de la chair ? »127. « Toute cette gloire du monde n’est que fumée et ombre légère », affirme saint Anselme128. Quid enim fumo plus evanescit ? Quid umbra vanius ?, reprend Rupert de Deutz dans son Commentaire sur le livre de l’Ecclésiaste : « Vanité des vanités est l’homme s’il veut goûter seulement les choses terrestres, et non les célestes »129. « Toutes choses sont vaines », « à quoi bon les fleurs du monde, à quoi bon les faux honneurs » écrit en vers Hildebert de Lavardin en commentant le deuxième verset de l’Ecclésiaste130, « Toute la gloire du monde se flétrit comme fleur d’herbe, et comme fumée elle passera » déclare Honorius dit d’Autun131 qui reprend là l’Écriture, psaumes, Isaïe (40:6 ; 51:6), Jacques (1:10). Hugues de Saint-Victor consacre sa première homélie sur l’Ecclésiaste à la vanitas vanitatum132, et aussi écrit quatre livres sur « la vanité du monde et de l’usage de ce qui passe »133. Alain de Lille conseille au prédicateur qui veut inviter ses auditeurs au mépris du monde à présenter cette autorité : « Vanité des vanités »134. Et dans son De contemptu mundi, Innocent III avertit qu’au moment du jugement dernier :

  • 135 PL, t. 217, c. 746.

« Les richesses ne serviront à rien, les honneurs ne seront d’aucun secours, les amis n’apporteront pas leur appui »135.

  • 136 Recueil des rouleaux des morts… (éd. cit. n. 92), p. 304, 323, 333, 570 et 606.
  • 137 Ibid., p. 408, n° 114, et p. 606, n° 127.
  • 138 Gabriel Dumay, Épigraphie bourguignonne : Église et abbaye de Saint-Bénigne de Dijon, Paris, Champi (...)
  • 139 Bernhard Schimmelpfennig, « Couronnement pontifical », Dictionnaire historique de la papauté, P. Le (...)

52Les rouleaux des morts contribueront à répandre l’affirmation de la vaine gloire du monde devant la mort : rouleau de Guifré (comte de Cerdagne, en 1051, à la cathédrale de Liège), rouleau de saint Bruno (en 1101, à Lagny-sur-Marne, à la cathédrale de Reims et à la cathédrale d’York), rouleau de Vital (abbé de Savigny, en 1122, à Saint-Martin de Battle), rouleau de Boson (vers 1130, à Béziers), etc.136. C’est même dans le rouleau de Mathilde (abbesse de la Trinité de Caen, en 1113, à Saint-Nicolas d’Exeter) et dans le rouleau de Boson (abbé de Suse, vers 1130, à Béziers) qu’on trouve les premières mentions de la formule célèbre, sic transit gloria mundi137, qu’on trouve dans l’épitaphe du damoisel Jean Dabotta, de 1335 à Saint-Bénigne de Dijon138, et qui devient, à partir de la papauté d’Avignon, un avertissement au pape, lors de son couronnement, « sur l’éphémérité de sa haute position »139. On la retrouvera dans l’Imitation de Jésus Christ, livre 1, chapitre 3, § 6 : o quam cito transit gloria mundi.

  • 140 Monumenta epigraphica… (éd. cit. n. 36), pl. XL-2.
  • 141 V. Forcella (op. cit. n. 87), IV, p. 64, n° 147.
  • 142 Die Deutschen Inschriften, 58, p. 257-258.
  • 143 CIFM, 20 : Côte-d’or, 1999, p. 100-102.
  • 144 GC, 7, c. 673.

53Sur la porte de la Casa Crescenzi à Rome (au xie siècle), il était rappelé que la gloire du monde disparaît avec la mort : nil momentis ibi mundi gloria sentit140. Mais c’est surtout à partir de la seconde moitié du xiie siècle que la vanité de la gloire du monde sera évoquée. Dans l’épitaphe du chancelier du Siège apostolique Gui (en 1153, à Saints-Côme-et-Damien à Rome), on est invité à voir, par sa mort, que la gloire du monde n’est rien, nihil est mundi gloria141. À la cathédrale d’Hildesheim, l’évêque Adelog († 1190) demande de prier pour lui, en prévenant que « la gloire passe, la beauté se flétrit, il n’y a plus de lignée », gloria transit, forma marcet, genus abit142. « Le monde s’en va, non pas le monde lui-même mais la gloire du monde » dit la longue complainte de Serbon abbé de l’Aumône à Cîteaux au dernier tiers du xiie siècle143, mundi gloria vilis, dit l’épitaphe de l’abbé Absalon à Saint-Victor de Paris (en 1203)144. L’épitaphe du pape français Clément IV à Viterbe en 1268 exprime la même mise en garde :

Lector, fige pedes, admirans quam brevis ædes
Pontificem quartum Clementem contegit arctum
En datur in cineres Petri successor et heres
Cujus, si memor es, non mundi gloria quæres.

  • 145 Renzo Uberto Montini, Le tombe dei papi, Rome, Istituto di studi Romani, 1957, p. 217-219, n° 184 ; (...)

« Lecteur, arrrête ton pas, et admire combien est petite la maison
qui a couvert à l’étroit la tombe du pape Clément IV.
Voici qu’est devenu cendres le successeur et héritier de Pierre.
Si tu te souviens de lui, tu ne chercheras pas la gloire du monde »145.

  • 146 PL, 158, c. 705.
  • 147 Ibid., 207, c. 136, note.

54Unde superbit homo cum constet quod moriatur ? interrogeait le moine du Bec Roger de Caen146, paraphrasant le Siracide, quid superbit terra et cinis ? (10, 9), « D’où l’homme s’enorgueillit-il, cendre, chair et nourriture pour les vers » est-il dit à propos de l’évêque de Catane Jean de Agello, mort lors d’une éruption de l’Etna en 1169147, Unde superbit homo ? répète Adam de Saint-Victor, mort en 1192, dans l’épitaphe qu’il avait composée pour lui-même. C’est aussi au xiie siècle que se répandent les formules interrogatives introduites par quid, dans le rouleau des morts de Vital, abbé de Savigny († 1122), dic, homo, quid cultus ? Quid opes ? quid gloria rerum ? series quid longa dierum ? gloria quid rerum ?, et dans les épitaphes :

  • 148 GC (op. cit. n. 144), 7, c. 366.

55Déjà à la fin du xie siècle pour l’abbé Yves (Saint-Denis)148 : quid genus et forma valeat, quid gloria rerum ?

  • 149 Histoire littéraire de la France… (op. cit. n. 62), IX : xiie siècle de l’église, p. 385-386.

56Pour l’épitaphe du roi Philippe Ier (Saint-Benoît-sur-Loire, en 1108)149 : heu ! quid honor ? quid opes ? quid gloria ? quidve potestas ?

  • 150 CIFM, 19 (op. cit. n. 116), p. 99.

57Pour Hugues IV de Clermont (Cluny, en 1199)150 : quid sit homo ? quid honor ? quid opes ? quid cetera mundi ?,

  • 151 CIFM, 5 (op. cit. n. 79), p. 1.

58Pour Marguerite de Rudel (fin xiie siècle, à Bergerac)151 : forma, genus, mores, quid opes prosunt et honores ?,

  • 152 Die Deutschen Inschriften, 70, p. 349, n° 173.

59Pour l’abbé Richard (Saint-Martin de Trèves, en 1229 ou 1230)152 : quid laus ? quid probitas ? quid honor ? quid forma ? quid etas prosunt ?,

  • 153 Louis Duval-Arnould, « Quelques inscriptions funéraires de l’abbaye de Longpont », Mélanges à la mé (...)

60Pour Raoul le jeune et Élénor de Vermandois (abbaye de Longpont, au xiiie siècle)153 : sed quid honor ? quid opes ? quid denique gloria mundi ?,

  • 154 CIFM, 23 : Côtes-d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan, Loire-Atlantique et Vendée, 2009, p (...)

61Aux Cordeliers de Nantes, en 1259 ou 1260154 : quid sunt forma, genus ? moritur locuples et genus,

  • 155 F. D. Santos (op. cit. n. 28), p. 97 et 148.

62L’épitaphe du doyen Fernando (salle capitulaire d’Oviedo, en 1267), et l’épitaphe de Didacus (église paroissiale de Grandas de Salime, en 1297) disent155 :

Gloria quid generis, quid honor, quid copia prodest ?
In modicum cineris labitur omne quod est.

« À quoi servent la gloire de la lignée, l’honneur, la richesse ?
Tout ce qui est glisse en un peu de cendre ».

63Le thème de la vaine gloire du monde a un singulier relief dans l’histoire fabuleuse d’Alexandre le Grand, composée au iie siècle par un Grec d’Alexandrie, le pseudo Callisthène, traduite en latin au IVe siècle par Julius Valerus, traduction qui fut résumée au ixe siècle en un Epitome. Elle se terminait par le testament d’Alexandre qui répartissait son empire entre ses compagnons, et par ses derniers instants en compagnie des sages de toutes nations dont il prenait régulièrement les avis. Les sages décidèrent de prononcer chacun « une parole qui soit une consolation pour les grands et un avertissement pour les peuples ». Le quatorzième dit : « Ô toi, pour qui le monde était trop limité en longueur et en largeur, je voudrais bien savoir comment tu te trouves dans l’étroite prison qui t’enserre maintenant », et le quatorzième proposa : « Tu serais bienheureux de posséder un seul de tes membres, alors que la possession de toute la terre ne te suffisait pas ». On donnera à Alexandre le Grand cette épitaphe :

Sufficit huic tumulus, cui non suffecerat orbis
qui nimis angusta res fuit ampla nimis.

  • 156 Anthologia latina sive poesis latinæ supplementum. Pars prior. Carmina in codicibus scripta, A. Rie (...)

« Ce tombeau suffit, à qui le monde ne suffisait pas.
Il est extrêmement étroit, à lui dont la vie fut extrêmement ample »156.

  • 157 Mas’Udi, Les prairies d’or, C. Barbier de Meynard, A. Pavet de Courteille et C. Pellat (trad.), II, (...)

64Le premier témoin de ces « dits » des sages semble être l’ouvrage de Mas’Udi, mort en 956, qui a été traduit sous le titre Les prairies d’or157. À la fin du xe siècle, l’épitaphe de Liudolf de Saxe, fils d’Othon Ier, fait écho aux « dits » des sages au chevet d’Alexandre et à « l’épitaphe d’Alexandre » :

Non mihi Liudolfo totus suffecerat orbis
nunc specus hoc cineri sufficit hocque sat est.

  • 158 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), p. 321, n° 6.

« Le monde entier n’avait pas suffi à moi, Liudolf
Maintenant cette cavité suffit à ma cendre, et c’est assez158 ».

65On a la même pensée dans l’épitaphe du roi Conrad de Bourgogne mort en 993 :

Qui vestes geritis pretiosas, qui sine fine
non profecturas accumulatis opes,
discite quam paucis opibus post funera sitis
contenti : saccus sufficit atque lapis.
Conradus jacet hic qui tot castella, tot urbes
possedit, tumulo clauditur iste brevi.

  • 159 Ibid., 5, p. 333-334, n° 106.

« Vous qui portez des vêtements précieux, qui sans fin
accumulez des richesses qui ne vous serviront pas,
apprenez de combien peu vous vous contenterez après votre mort :
un sac suffit et une pierre.
Conrad gît ici, lui qui posséda tant de châteaux, tant de villes,
est enfermé en cet étroit tombeau159 ».

  • 160 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 47.
  • 161 PL, 158, c. 701.
  • 162 PL, 157, c. 705.

66L’épitaphe de Guillaume le Conquérant († 1087) à Saint-Étienne de Caen, semble faire écho à l’histoire d’Alexandre : lui qui gouverna les Normands, vainquit les Bretons, réduisit les Manceaux, ce grand roi gît en ce même tombeau et cette modeste demeure lui suffit, rex magnus parva jacet Guillelmus in urna sufficit160. Il n’y a même pas de demande de prière. Le moine du Bec Roger de Caen rappelle (vers 1095), dans son Carmen de contemptu mundi, la vaine gloire de César, plus puissant que tout le monde et finalement contenu dans une urne, et du très fort Macédonien Alexandre, finalement « enfermé, poussière et os, en un lieu étroit »161. Dans sa Disciplina clericalis le juif converti Pierre Alphonse rappelle, au début du xiie siècle les dits des sages auprès du lit de mort d’Alexandre, « hier le monde entier ne lui suffisait pas, aujourd’hui quatre brasses lui suffisent comme demeure »162. Thomas de Kent écrit, en 1175, dans son Roman de toute chevalerie :

  • 163 Thomas de Kent, The Anglo-Norman Alexander (Le roman de toute chevalerie), B. Foster (éd.), Londres (...)

« Hier fust tot le monde a ly trop petit,
huy une petite cave assez la suffit ».163

67Gautier de Châtillon, qui entra vers 1165 à la chancellerie d’Henri II et acheva vers 1176 son Alexandreis sive Gesta Alexandri magni libri X comprehense, reprend de même :

Magnus in exemplo est : cui non suffecerat orbis,

« Grand, il est un exemple, lui à qui le monde n’avait pas suffi ».

  • 164 PL, 209, c. 572.

68Il repose en une demeure étroite de cinq pieds164. Jean de Salisbury comparait Henri II à Alexandre le Grand, et Giraud de Barry, chapelain du roi, le disait « notre Alexandre d’Occident ». L’épitaphe du Plantagenêt, rapportée par Raoul de Dicet, Roger de Wendover et Matthieu Paris, est un parfait rappel de la vaine gloire du monde :

Sufficit hic tumulus, cui non suffecerat orbis,

« Ce tombeau suffit à lui à qui le monde n’avait pas suffi… Lui qui avait soumis en très grand nombre de royaumes, lui à qui toutes les régions de la terre n’étaient pas assez à son gré, une terre de seulement huit pieds suffit ».

69Après cette déploration vient l’avertissement au lecteur :

« Toi qui lis, médite les extrémités de la mort, et en moi vois le miroir de la condition humaine. Fais dans l’instant le bien que tu peux, car le monde passe, et la mort, survenant à l’improviste, enlève ceux qui ne sont pas sur leurs gardes ».

70Longtemps on avait déploré la finitude de la condition humaine, en invitant le lecteur de l’épitaphe à prier pour le défunt. Là l’épitaphe ne demande même pas de prière, mais après avoir insisté sur la vanité de la gloire, à l’exemple de l’Alexandre d’Occident qu’est le Plantagenêt, elle invite le lecteur à « faire le bien ». Déjà le moine du Bec Roger de Caen donnait ce conseil à la fin du xie siècle :

Fac bona quæque potes, modico tempore vivis,

  • 165 PL, 158, c. 690.

« Fais les biens que tu peux, pendant que tu vis un peu de temps »165.

  • 166 PL, 184, c. 1316.

71Saint Bernard reprenait 166 :

Fac bonum omnibus quamdiu poteris,

« Fais le bien à tous aussi longtemps que tu le pourras ».

72C’est la leçon à laquelle Jésus invitait ses disciples dans la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare (Luc 16:19-31), parabole reproduite sur un chapiteau du cloître de Monreale en Sicile à la fin du xiie siècle, avec l’inscription :

O dives, dives, non multo tempore vives,
fac bene dum vivis, post mortem vivere si vis,

  • 167 Roberto Salvini, Il chiostro di Monreale e la scultura romanica in Sicilia, Palerme, Flaccovio, 196 (...)

« Ô riche, riche, tu ne vivras pas un long temps,
fais le bien pendant que tu vis, si tu veux vivre après la mort »167.

  • 168 CIFM, 5 (op. cit. n. 79), p. 27, inscription non identifiée en 1979.
  • 169 Enciclopedia del Romànico en Castilla y León : Salamanca, M. A. García Guinea et J. M. Pérez Gonzál (...)
  • 170 Ibid., p. 35.
  • 171 Jean-Barthélémy Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque natio (...)
  • 172 CIFM, 11 : Pyréenées-Orientales, 1986, p. 44.
  • 173 Revue de Gascogne, XV, 1874, p. 516, et XVII, 1876, p. 8-11 et h.-t.
  • 174 F. D. Santos (op. cit. n. 28), p. 88, n° 55 : fac bone pro Christo dum in mundo vivis isto.
  • 175 CIFM, 8 : Ariège, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Tarn-et-Garonne, 1982, p. 71.
  • 176 Marie Charbonnel, Materialibus ad inmateralia : peinture murale et piété dans les anciens diocèses (...)
  • 177 Henri Desaye et Michèle Bois, « L’inscription gothique de La Bâtie-Rolland », Revue drômoise, 1992, (...)

73Ces deux vers se retrouvent, près des niches funéraires du mur nord de la petite église de Lolme en Périgord (à la fin du xiie siècle)168, à Santibanez del Rio (au xiiie siècle)169 et à Notre-Dame de l’Assomption à Tueste170. Le second vers, attribué à saint Bernard171 figure dans l’épitaphe de Douce de Montrouch à Saint-Génis-des-Fontaines (en 1271)172, à l’ancien prieuré Saint-Orens d’Auch (au début du xive siècle)173, au cloître de la cathédrale d’Oviedo (en 1317) sous une forme approchée174, au cloître de Saint-Bertrand-de-Comminges (en 1327)175, à la collégiale d’Ennezat sous une forme vulgaire « fay bien tandis que tu vis, quar après la mort n’aura nulz [amis] »176, à la chapelle du château de la Bâtie-Rolland dans la Drôme (au xve siècle)177, ainsi que dans de nombreux manuscrits.

74L’invitation à « bien faire » peut prendre des formes diverses :

  • 178 Die Deustchen Inschriften, 50, p. 38, n° 22.
  • 179 Calvin B. Kendall, The Allegory of the Church: Romanesque Portals and Their Verse Inscriptions, Tor (...)
  • 180 Edmond Martène et Ursin Durand, Thesaurus novus anecdotorum, III : Chronica Varia, Farnborough, Gre (...)
  • 181 Anne Courtillé, Histoire de la peinture murale dans l’Auvergne du Moyen Âge, Brioude, Watel, 1983, (...)

Spera in deo et fac bonitatem
(S. Maria und S. Clemens de Schwarzrheindorf, au xiie siècle)178.
Quisquis malum vites, bona fac, per secula vives,
(cathédrale de Pistoia179également au xiie siècle).
Fac bene quod superest
(Villiers-en-Brabant, en 1323)180.
Diverte a malo et fac bonum
(S. Cerneuf de Billom, au xive siècle)181.

  • 182 Inscriptions de la France… (éd. cit. n. 94), II, p. 111-113.

75Le lecteur d’une épitaphe du xie ou plutôt du xiie siècle gravée sur un sarcophage de type paléochrétien182 prévient :

« Quand tu auras prié pour moi, corrige-toi, avant que n’arrive le temps de la fin ».

  • 183 CIFM, 7 : ville de Toulouse, 1982, p. 90-91, n° 50.

76L’épitaphe du sacriste de Saint-Paul de Narbonne (1173) dit 183 :

« Pourquoi me regardez-vous ? cherchez le bien afin de ne pas périr ».

  • 184 CIFM, 17 : Ain, Isère (sauf Vienne), Rhône, Savoie, Haute-Savoie, 1994, p. 117.

77Une épitaphe du xiiie siècle (Musée Saint-Pierre de Lyon) met en garde 184 :

« Pour que tu vives toujours, garde-toi de vivre mal ».

  • 185 CIFM, 4 : II. Limousin : Corrèze, Creuse, Haute-Vienne, 1978, p. 26.

78Hélie dans son épitaphe (cloître de Saint-Martin de Brive, au xiiie siècle) pressait 185 :

« Corrige ta vie ».

***

  • 186 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 51-54.
  • 187 Ibid., p. 131.
  • 188 CIFM, 13 : Gard, Lozère, Vaucluse, 1988, p. 84.
  • 189 CIFM, 9 : Aveyron, Lot, Tarn, 1984, p. 16.
  • 190 CIFM, 19 (op. cit. n. 116), p. 18.
  • 191 Inscriptions de la France… (éd. cit. n. 94), II, p. 159.
  • 192 Roger Rodière, « Épigraphie… de Valenciennes », dans Épigraphie ou recueil des inscriptions du dépa (...)
  • 193 BnF, ms. Lorraine 613, p. 66.
  • 194 R. Rodière (art. cit. n. 192), p. 607.

79Parallèlement aux considérations sur la finitude de la vie et l’exhortation morale, on ajoute ou on substitue à l’éloge religieux la mise en valeur d’un état social. On insiste sur la parenté. L’épitaphe de la reine Mathilde († 1083) à la Trinité de Caen la dit fille du duc de Flandre, et d’Adèle, qui était fille du roi Robert le Pieux et sœur du roi Henri Ier ; avec son mari Guillaume le Conquérant « roi magnifique », elle combla de biens l’abbaye de la Trinité menant une vie de grande piété ; il n’y a pas de demande de prière puisqu’à l’évidence elle est au ciel186. Au Bec-Hellouin (en 1167), l’épitaphe de Mathilde la dit « grande par la naissance » – elle était fille du roi Henri Ier Beauclerc –, « plus grande par son mariage » – elle a épousé l’empereur germanique Henri V –, « et plus grande encore par sa descendance » – elle eut pour fils le roi d’Angleterre Henri II, de son remariage avec Geoffroi Plantagenêt –, qui n’est pas cité car il était seulement comte d’Anjou187. De Raymond Doyen († 1138) à l’abbaye de Psalmodi, l’épitaphe se bornait à mentionner ses seigneuries, Posquières et Uzès, et à le dire père des évêques de Viviers, d’Uzès et de Nîmes188. D’Hugues, évêque de Rodez († vers 1214), inhumé en l’abbaye de Bellecombe, il est seulement dit qu’il était oncle des comtes de Rodez189. De dame Laure, enterrée au couvent des Cordeliers de Salins-les-Bains en 1275 après avoir pris l’habit de saint François, il est simplement précisé qu’elle était comtesse de Bourgogne et dame de Salins, et que son fils Jean de Chalon, sire l’Arlai, avait pour [demi-] frères Hugues comte palatin de Bourgogne, et Jean, comte d’Auxerre190. En l’abbatiale de Saint-Denis, une courte épitaphe signalait le tombeau de Louis mort à l’âge d’un an, fils de messire Pierre, comte d’Alençon, qui était fils du bon roi Louis (vers 1275)191. L’épitaphe de Jean d’Avesnes à Saint-Paul de Valenciennes en février 1279 (a. st.) se borne à le dire « chevalier de grand honneur », fils de Baudouin d’Avesnes, illustre chevalier, seigneur de Beaumont, et de dame Felicitas de Courcy ; il eut pour épouse dame Agnès de Valance, dame de Damlafize, fille de Guillaume de Valance qui était frère du roi Henri d’Angleterre192. « Révérend prince me Ferry, evesque d’Orléans », mort en juin 1299 et inhumé en l’abbaye de Beaupré, près de Lunéville, était, nous dit son épitaphe : fils de Ferry et de Marguerite, fille de Thibaud roi de Navarre193 ; elle ne précise pas que son père fut duc de Lorraine. À Notre-Dame-la-Grande de Valenciennes se trouvait l’épitaphe de Richilde, « comtesse de Flandre, de Hainaut et de Valenciennes », morte en 1086, et de son fils Baudouin « comte de Hainaut et de Valenciennes », mort en 1108194, et à partir de 1137, on trouve des mentions de « seigneur de ». Avec le xie et surtout le xiie siècle, on a des mentions régulières de miles, et au xiiie siècle de chevalier ; domicellus, damoiseau, apparaît en 1185, écuyer en 1281. On commence au début du xiiie siècle à donner du « messire » à un chevalier, et en 1230, on a une première mention de « monseigneur ». Les qualificatifs apparaissent, « noble homme », « noble dame », « noble damoiseau », et ils vont connaître une véritable inflation, nobilissimus, celeberrimus, illustrissima, etc.

  • 195 GC,VIII, c. 1158-1159.
  • 196 GC, IV, c. 992.
  • 197 CIFM, 15 : La ville de Vienne en Dauphiné, 1990, p. 147.
  • 198 CIFM, 5 (op. cit. n. 79), p. 134.
  • 199 CIFM, 21 : Yonne, 2000, p. 156.
  • 200 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 349.
  • 201 Épitaphier du vieux Paris, X : Cathédrale Notre-Dame, H. Verlet (éd.), Paris, Commission des travau (...)
  • 202 Ibid., p. 255.
  • 203 Abbé Bernard, « Épitaphe de Sinibaldi », Bulletin de la société nationale des antiquaires de France(...)

80Pour les hauts personnages du clergé on détaille l’excellence de leurs carrières : en l’abbaye cistercienne de Preuilly, fut inhumé en 1224 Gautier qui fut moine et prieur de Preuilly, puis abbé de Fontaine-Jean, abbé de Pontigny, et enfin évêque de Chartres195. À Clairvaux, se trouvait le tombeau de Conrad, mort en 1227, abbé de Villiers, puis de Clairvaux, puis de Cîteaux, et finalement cardinal évêque de Porto196. Il n’y a ni éloge religieux, ni demande de prière dans ces deux épitaphes. Mort en 1245, Aimar fut abbé de Saint-Pierre de Vienne, évêque de Maurienne pendant quatorze ans, archevêque d’Embrun pendant dix ans197. Sur un tombeau dans le chœur de la Sauve-Majeure, on pouvait lire l’épitaphe d’Amaneu de Grézillac, mort en 1252 : natif de la région de Bordeaux, il commença à s’illustrer en enseignant le droit, devint doyen de l’église d’Angoulême, évêque de Tarbes, puis archevêque d’Auch, il mourut prisonnier de Frédéric II à Capoue198. Natif de Brosse, Guillaume († 1269) fit toute sa carrière en l’église de Sens : successivement official, cellérier, préchantre, doyen, et enfin archevêque199. Dans ces deux dernières épitaphes il n’y a pas non plus d’éloge religieux ni de demande de prières. À la fin du xiiie siècle, on voit les cumuls de charges s’afficher sans problème, ainsi à Ry en Normandie messire Guillaume de Ry, clerc du roi, chanoine de Rouen et de Beauvais200, à Notre-Dame de Paris Jean de Rozoy, chanoine de Paris, de Saint-Omer et de Rozoy201, ou Eudes Clément, doyen de Saint-Martin de Tours et archidiacre de Paris202, aux Jacobins de Paris Sinibaldi de Lavan, neveu du pape Innocent IV, trésorier de Sens, prévôt de Chablis203. Cette énumération des bénéfices devient très habituelle aux xive et xve siècles.

  • 204 CIFM, 22 (op. cit. n. 88), p. 114.
  • 205 Ibid., p. 116.
  • 206 Ibid., p. 118.
  • 207 Histoire littéraire de la France… (op. cit. n. 62), X : Le xiie siècle jusqu’en 1124, p. 179.
  • 208 GC (op. cit. n. 27), IX, c. 359-360.
  • 209 Histoire littéraire de la France… (op. cit. n. 62), XII, p. 102.

81Les écoles monastiques, les écoles épiscopales et bientôt l’université forment aux xie et xiie siècles des clercs de plus en plus cultivés. C’est surtout dans la France du Nord – où sont les grandes écoles de Chartres, Paris, Laon – que les épitaphes commencent à faire l’éloge de la culture du défunt. Une des épitaphes d’Herluin, fondateur du Bec-Hellouin, mort en 1078, nous dit qu’après avoir vécu une vie de chevalier dans le monde, il se fit moine à l’âge de 40 ans, et « connut les écritures qu’enfant il avait à peine apprises, de telle sorte que le savant succéda au presque ignorant »204. De Lanfranc, qui fut longtemps écolâtre avant de devenir archevêque de Cantorbery, il est dit que « la plus grande partie du monde avait reçu son enseignement »205. Une épitaphe de son successeur à Cantorbery, saint Anselme, nous le décrit « d’une vive intelligence, éminent connaisseur de l’Écriture, physicien et logicien, fort savant en morale »206. L’épitaphe d’Anselme (Saint-Vincent de Laon, en 1117) célébrait « ce très illustre maître, connu et loué partout dans le monde »207. Joslin, archidiacre de Bourges puis évêque de Soissons, mort en 1151, fut un « maître parisien très célèbre »208. Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, a composé une épitaphe pour Pierre Abélard († 1142), qui fut enterré en l’église de Saint-Marcel, près de Chalon-sur-Saône. Il s’agit de onze vers où il n’y a même plus de demande de prière209 :

Gallorum Socrates, Plato maximus Hesperiarum,
Noster Aristoteles, logicis, quicumque fuerunt,
Aut par aut melior, studiorum cognitus orbi,
Princeps, ingenio varius, subtilis et acer, etc.

***

82On constate un changement important dans le contenu des épitaphes aux xie-xiiie siècles. Jusque vers l’an mil la demande de prière pour le défunt, son éloge religieux, le souhait de garder sa mémoire constituent le contenu habituel de ce qui est sollicité du lecteur. Quelques inscriptions soulignent la finitude de la vie humaine qui se terminera en « poussière et cendre ».

83Avec les xie-xiie siècles on a toujours l’éloge religieux, la demande de prière est encore fréquente. À cette époque fleurissent les traités sur « le mépris du monde ». Certains en tirent la conséquence en fuyant le monde pour entrer dans les ordres nouveaux soucieux d’érémitisme, tels que les Cisterciens ou les Grandmontains. Pour ceux qui restent dans le monde, ce sera, dans les épitaphes, les considérations de plus en plus fréquentes sur la précarité de la vie et la vaine gloire du monde, au point de ne plus même demander une prière ou d’en réduire la demande à quelques mots, comme on le voit dans l’épitaphe de Willelmine (Saint-André-le-Bas, en 1152) en sept hexamètres suivis de la date de l’obit :

  • 210 CIFM, 15 (op. cit. n. 197), p. 71.

« Toi qui passes, regarde : Willelmine gît ici. Rappelle-toi que cette vie mortelle s’écoule en un bref moment, mais considère en somme que la fin de tous les hommes est cendres. La mort est le lot de chacun, car elle ne veut épargner personne. Les misérables sont entraînés vers le châtiment derrière les mortelles Parques, les justes jouissent de la douce lumière des cieux. Que le roi éternel lui épargne les blessures de l’enfer »210.

84On a là un parfait commentaire des « Jugements derniers » des tympans romans, et des prédications de l’époque. Des épitaphes se font alors exhortations morales pour ceux qui sont encore vivants : fais-le bien tant que tu vis, corrige-toi.

  • 211 Jacques Le Goff, La Naissance du Purgatoire, Paris, Gallimard (Bibliothèque des histoires), 1981.
  • 212 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au-delà, Rome, École française de Rome (Collection de l’Éc (...)

85D’autres changements apparaissent. L’état social s’affiche de plus en plus. On souligne la noblesse, la parenté, les qualificatifs se multiplient, on fait état de la science, de la culture du défunt. C’est ainsi qu’apparaît le « messire » pour désigner le chevalier, ou le « maître » pour celui qui a pris grade en l’université. On commence à donner le détail de brillantes « carrières » ecclésiastiques, au point parfois d’en oublier la demande de prière. Les siècles suivants accentueront ces tendances. On abandonne de plus en plus le vers au xiiie siècle, parce que le souci des quantités et des rimes enlève au texte spontanéité et vérité. L’affirmation de la monarchie entraîne l’apparition d’une nouvelle classe d’« officiers royaux » ou conseillers du prince qui vont glorifier leur état. Avec la « naissance du Purgatoire »211, les indulgences donnent répit à l’âme du défunt avant son sort final, et la fondation de messes ou d’anniversaires apparaît, pour partie « assurance » rassurante de mérites face au Juste Juge. Alors l’état social s’affirme de plus en plus dans les épitaphes, comme si une brillante carrière civile ou ecclésiastique était le signe que l’on est béni par le Seigneur. À défaut de pouvoir disposer de séries régulières de testaments qui permettent de suivre, à travers eux, le sentiment religieux212, les épitaphes nous fournissent un matériau continu et bien ou relativement bien daté, qui apporte sa contribution à l’histoire du sentiment devant la mort, et à la « biographie » en général.

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Annexe

Annexe 1

Quod es fui, quod sum eris

Début xie s. : Évreux (27), Musée : frater qui me aspicis, qod es fui quod sum eris

1180 : Magalas (34) : homo qui me aspicis, quod es fui quod sum eris

1184 : Narbonne (11), Musée : quid me expectas ? quod es fui quod sum eris

1189 : Bassan (34) : quod es fui quod sum eris,j memento mei, Domine

1191 : Porto de Mos (Portugal), Musée de Lisbonne : aspice, quia quod es fui, quod sum eris, memento mei

1199 :Narbonne (11), Musée : quid me aspicis, quod es fui quod sum eris

Vers 1204 : Verdun (55), abbaye S. Paul : quod es fui, Bartholemeus abbas, quod sum eris

1206 : Acre (Israël), o homo qui me aspicis, quod es […]

1209 : Ventabren (13) : quod es fui quod sum eris, memento mei

1223 : La-Tour-sur-Orb, église de Boussagues (34) : homo, quid aspicis ? quod es fui, quod sum eris

1230 : ibid. : homo, quid aspicis ? quod es fui, quod sum eris

1234 : Saint-Génis-des-Fontaines (66) : quod es fui, quod sum eris,vigila ne devoreris

1240 : Avignon (84), Musée : homo qui me aspicis, quod es fui, quod sum eris

1283 : Villeneuve-lès-Maguelonne (34) Maguelone : homo qui me aspicis, quod es fui, quod sum eris

1284 : Sant Barthomeu de Bell Lloc (Catalogne) : quod es fui, quod sum eris

1295 : Sallèles d’Aude (11) : quod es fui quod sum eris, memento quod cinis es

1298 : Montesquieu (11) : homo [quid aspicis], quod es fui, quod sum eris, [memento mei]

xiiie s. : Nîmes (30), Musée : quod es fui, quod sum eris, memento mei

xiiie s. : Villefranche-de-Conflent (66) : nam quod es fui, quod sum eris

xiiie s. : ibid., Saint-Jacques : quod es fui, quod sum eris

1315 : Mas-Cabardès (11) : homo qui me aspicis, quod es fui, quod sum eris

1324 : Formiguères (66) : quod es fui, quod sum eris

1336 : Corneilla-de-Confleent (66) : quod es fui, quod sum eris

xiiie-xive s. ? Carpentras (84), Musée : quod es fui, quod sum eris // quod sum eris, quod es fui

Pierre Alphonse, Disciplina clericalis, fabula XXX : Sum quod eris, quod es ipse fui (PL, 157, c. 705)

2de moitié xiie s. : Montblanc (34), Sainte-Eulalie de Mérida : quid respicis ? quod sum eris, quod es fui, dic Pater Noster

1246 : Saint-Laurent-de-la-Salanque (66) : o homo qui me legis… quod sum eris, quod es fui, dic Pater Noster

1260 : Toulouse (31), Musée : o tu qui me aspicis, memento mei, quia quod sum eris, quod es fui

1289 : Narbonne (11), Musée : o tu qui me aspicis, memento mei, quia quod sum eris, quod es fui

xiiie s. : Limoges (87), Saint-Martial : o omo quid me aspicis, quod sum eris, quod es fui, ora pro me, dic Pater Noster

1317 : Saint-Guilhem-le-Désert (34) : homo, quid me aspicis ? quod sum eris quod es fui

Sum quod eris

2de moitié xie s. : Brive (19), Musée : sum quod eris

1207 : Alporão (Portugal), San João : sum quod eris, fueram quod es

xiiie-xive s. : Rouez (72), Champagne-au-Maine : sum quod eris, [fui] quod es

1435 : Great Bromley (Grande-Bretagne, Essex) : sum quod eris

Vers 1445 : Munich (Allemagne), Musée : sum quod eris, qui es ipse fui

1472 : Amiens (80), Notre-Dame : sum quod eris, quod es ipse fui

1478 : Mayence (Allemagne), cathédrale : sum quod eris, pulvis, cinis

Formes vernaculaires

1242 : Montauban (82), Musée : sapias que tu seras so que soi, e so que tu es fui

1255 : Baulne-en-Brie (02) : tex con tu i es et je si fui // et tu seras tex con je suis

1270 : Clermont-Ferrand (63), Musée du Ranquet : tals com tui es e jeu si fui // tu seras tals com jeu sui

1277 : Andelot (52) : teiz cum tu eis et je ja fui // et tu seras teiz cum je suis

1280 : Châlons-en-Champagne (51), Saint-Alpin : teil comes etes, teil fumes nos // teil comes sumes, teil ceres vos

1297 : Tortosa (Espagne) : guardes ço que tu ets, so estat yo // e ço que yo so, eras tu, de ço quiets

xiiie s. : Dampierre (78), château : jadis fui ce que estes, ce que je suis vos seroiz

xiiis. : Nissan-lez-Enserune (34) : Oms que vas per aquesta via // aten te aissi e veias me e regarda me ben // e tu veias qui son oms fui, aital quant tu i es

1302 : Lucernay-l’Evêque (71) : Tu qui me regardes, je fuis ce que tu es et tu seras ce que je suis

1305 : Autun (71), Musée : Tu qui me regarde, je fuis ce que tu es et tu le seras ce que je suis

1317 : Pont-de-l’Arche (27), abbaye de Bonport : si comme estes fu, vos seres comme je suis

1317 : Evreux (27), Musée : si come vous estes fui, et tes seres come ie suy

1348 : Tournay (65), Récollets : Tel com tu y es, ores, fui et tu seras qu’a present sui

1376 : épitaphe d’Edouard, prince de Galles : teil come tu es et tiel je fu, tu seras tiel comme je su

xive s. : Châlons-en-Champagne (51), Saint-Alpin : comes t’es teil fumes nos, teil comes soumes, teil ceres vos

Annexe 2

Quisquis ades, qui morte cades, sta, perlege, plora // sum quod eris, quod es ante fui, pro me, precor, ora.

1148 : Arpavon (26) CIFM, 16, p. 103.

1194 : Burgos, Las Huelgas, ipse au lieu de ante

Fin xiie s. : Rome, S. Jean de Latran, respice au lieu de perlege

1207 : Alporão (Portugal), S. João : fueram quod es

Début xiiie s. : Béon (89) : homo ages, morte curas, sta, memora

1250 : Gérone (Espagne) : sum quod eris, quod es ante fui, pro me Deum ora // prospice au lieu de perlege

1279 : Leitzkau (Allemagne) : Si quis ades, etc…

xiiie s. : Amiens (80), cathédrale, respice au lieu de perlege, modicum cineris au lieu de quod es ante fui,

Vers xiiie s. : Limoges (87), Saint-Martial : quisquis ades rotulumque vides, ipse aulieu de ante

Vers xiiie s. : Saint-Georges-d’Espéranche (38) : quisquis eris qui transieris, sta, respice, plora ; le second ver semblable, sauf ipse au lieu de ante.

Vers xiiie s. : Oberstenfeld (Allemagne) : quisquis eris qui tr[…]

Vers 1300 : Saint-Ursanne (Suisse) : respice au lieu de perlege

1407 : Crespin (59), même distique qu’à Amiens

1435 : Great Bromley (Grande-Bretagne) : quisquis eris qui transieris, sta, perlege, plora // sum quod eris, es testis, Christe, quod non jacet, etc…

1450 : Saint-Seine-l’Abbaye (21), le distique

1454 : Newbold-on-Avon (Grande-Bretagne) : eram quod es au lieu de quod es ante fui

xve s. ? : Pise (Iitalie), façade du Campo Santo : quisquis ades, rotulumque vides, etc…

1521 : Noyon (60), cathédrale, le distique

1526 : Gisors (27) : respice au lieu de perlege

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Notes

1 Dans Las inscripciones góticas, Coloquio internacional de epigrafía medieval, León, del 11 al 15 de septiembre 2006, M. E. Martín López et V. García Lobo (dir.), León, Corpus Inscriptionum Hispaniæ Mediævalium, 2010, p. 367-404.

2 Paul Deschamps, « Étude sur la paléographie des inscriptions lapidaires de la fin de l’époque mérovingienne aux dernières années du xiie siècle », Bulletin monumental, 88, 1929, p. 5-81, 35 pl. h.-t.

3 Cécile Treffort, Paroles inscrites : à la découverte des sources épigraphiques latines du Moyen Âge, Rosny-sous-Bois, Bréal (Sources d’histoire), 2008, p. 17.

4 Abréviations : CIFM (Corpus des inscriptions de la France médiévale) ; MGH (Monumenta Germaniæ historica) ; PL (Patrologie latine) ; RICG (Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la Renaissance carolingienne).

5 Gabriel Sanders, « Les inscriptions latines, païennes et chrétiennes : symbiose ou métabolisme ? », Revue de l’université de Bruxelles, 1977-1, p. 46.

6 Jean-Marie Lassère, Manuel d’épigraphie romaine, I : L’individu – la cité, [2e éd.], Paris, Picard (Antiquité-synthèse, 8), 2007, p. 201, n° 147.

7 Jean-Baptiste de Rossi, Inscriptiones christianæ urbis Romæ septimo sæculo antiquiores, I, Rome, Ex Officina Libraria Pontificia, 1857-1861, p. 272.

8 Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la Renaissance carolingienne [désormais : RICG], XV : Viennoise du Nord, Paris, CNRS Éditions, p. 136-138.

9 Inscripciones cristianas de la España romana y visigoda, J. Vives (éd.), Barcelone, Biblioteca Balmes (Biblioteca historica de la Biblioteca Balmes, serie II, 18), 1969.

10 Monumenta Germiniae historica [désormais : MGH], Poetæ latini medii aevi, 2 : Poetae Latini aevi Carolini (II), p. 636 ; Corpus des inscriptions de la France médiévale [désormais : CIFM], 24 : Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe, 2010, p. 224.

11 MGH, Poetæ latini…, 2 (supra), p. 238.

12 Ibid., p. 243.

13 CIFM, 1 : Poitou-Charentes, ville de Poitiers, 1974, p. 101.

14 Patrologie latine [désormais : PL], 125, 17.

15 CIFM, 24 (op. cit. n. 10), p. 99, 101, 106, 108, 110, 112 et 114-116.

16 Die Deutschen Inschriften, 70, n° 30, p. 54 et n° 39, p. 74.

17 MGH, Poetæ latini…, 1 : Poetae Latini aevi Carolini (I), p. 350.

18 MGH, Poetæ latini…, 3 : Poetae Latini aevi Carolini (III), p. 313.

19 Die Deutschen Inschriften, 30, p. 2, n° 2.

20 MGH, Scriptores, 7 : Chronica et annales aevi Salici, p. 419.

21 Ovide, Heroïdes, H. Bornecque et M. Prévost (éd.), Paris, Belles-Lettres (Collection des universités de France) 1961, XIII, 100, p. 82.

22 Virgile, Énéide, H. Goelzer et A. Bellessort, Paris, Belles-Lettres (Collection des universités de France), 1959, 4, 336 (memor ipse mei), 12, 439 (sis memor mei) ; Ovide, Tristium libri quinque, S. G. Owen (éd.), Oxford, Clarendon (Scriptorum classicorum bibliotheca oxoniensis), III, 6, 21 (sis memor), non paginé.

23 Fortunat (Robert Favreau, « Fortunat et l’épigraphie », Études d’épigraphie médiévale, Limoges, 1995, p. 531-546) et Alcuin (Cécile Treffort, « La place d’Alcuin dans la rédaction épigraphique carolingienne », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, numéro spécial : Alcuin de York à Tours. Écriture, pouvoir et réseaux dans l’Europe du haut Moyen Âge, 111, 2004, p. 355-369) sont parmi les plus importants relais entre la culture antique et leur temps, et de nombreux emprunts sont en outre faits à leurs œuvres.

24 Gaetano Panazza, « Lapidi e sculture paleocristiane e pre-romaniche di Pavia », Arte del primo millenio, Atti del 2° Convigno per lo studio dell’arte dell’ Alto Medio Evo, Université de Pavia, settembre 1950, Turin, Viglongo, 1953, p. 269, n° 81.

25 MGH, Poetæ latini…, 3 (op. cit. n. 18), p. 313 et 317.

26 Corpus inscriptionum Medii Aevi Helvetiæ, II : Die Inschriften der Kantone Freiburg, Genf, Jura, Neuenburg und Waadt, C. Jörg (éd.), Fribourg, Université de Fribourg (Scrinium Friburgense. Sonderband, 2), 1984, p. 109, n° 51.

27 Gallia christiana [désormais : GC], IX : opera et studio monachorum congregationis, Westmead, Gregg International, 1970, c. 44.

28 Francisco Diego Santos, Inscripciones medievales de Asturias, Oviedo, Servicio Central de Publicaciones, 1994, p. 37, n° 6.

29 Die Deutschen Inchriften (op. cit. n. 16), 70, p. 79, n° 42.

30 MGH, Poetæ latini…, 5 : Die Ottonenzeit, p. 303.

31 Franz Xaver Kraus, Die christlichen Inschriften der Rheinlande, II : Die christlichen Inschrifter von der Mitte des achten bis zur Mitte des dreizehnten Jahrhunderts, Fribourg et Leipzig, Mohr, 1894, p. 292, n° 633.

32 J. Guillet, « Le psaume Miserere », La Maison-Dieu, 33, 1953, p. 56-71.

33 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), n° 22, 25 (p. 285-353), 26, 27, 64, 68, 76, 116, 122 et p. 636.

34 CIFM, 25 : Indre, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher (Centre), 2014, p. 130.

35 J.-B. de Rossi, (op. cit. n. 7), II-1, Rome, Ex Officina Libraria Pontifica, 1888, p. 214, n° 77.

36 Monumenta epigraphica christiana sæculo xiii antiquiora…, I : Rome, A. Silvagni (éd.), Cité du Vatican, Institut pontifical d’archéologie chrétienne, 1943, pl. III-1.

37 Maria-Luisa Bottazzi, Italia medievale epigrafica. L’alto medioevo attraverso le scritture incise (secc. ix-xi), Trieste, Cerm (Collana Studi, 8), 2012, p. 148 et 150, fig. 72.

38 Henri Leclercq, « Requies », Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, XIV-2 : Portier-Rome, Paris, Letouzé et Ané, 1948, c. 2882.

39 RICG (op. cit. n. 8), p. 336, n° 78.

40 Corpus inscriptionum… (op. cit. n. 26), p. 96, n° 47.

41 Ibid., p. 102, n° 49.

42 CIFM, 26 : Cher, 2017, p. 117 ; Françoise Jenn, « Les plates-tombes inscrites de Saint-Outrille-du-Château à Bourges (Cher) », Cahiers archéologiques, 34, 1986, p. 50.

43 CIFM, 24 (op. cit. n. 10), p. 223 et 224.

44 Ibid., p. 103 et 114.

45 M.-L. Bottazzi (op. cit. n. 37), p. 115, 118, 146 et 150.

46 F.-X. Kraus (op. cit n. 31), p. 102, n° 229.

47 Monumenta epigraphica… (éd. cit. n. 36), pl. XXXVIII-69.

48 PL, 105, c. 531 et 532.

49 CIFM, 1, (op. cit. n. 13), p. 101.

50 CIFM, 3 : Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, 1977, p. 143 et 146.

51 CIFM, 24 (op. cit. n. 10), p. 101, 103 et 114.

52 CIFM, 25 (op. cit. n. 34), p. 138.

53 Nicolette Gray, « The Paleography of Latin Inscriptions in the Eight, Ninth and Tenth Centuries », Papers of the British School at Rome, 16, 1948, p. 115, n° 100.

54 M.-L. Bottazzi (op. cit. n. 37), p. 102.

55 Voir Cécile Treffort, « Appels à la prière et oraisons de pierre dans les inscriptions funéraires des viiie-xie siècles », La prière en latin de l’Antiquité au xvie siècle. Formes, évolutions, significations, Turnhout, Brepols (collection d’études médiévales de Nice, 6), 2006, p. 273-289, et de façon générale, Id., Mémoires carolingiennes. L’épitaphe entre célébration mémorielle, genre littéraire et manifeste politique (milieu viiie-début xie siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007.

56 Ute Wagner-Lux « Gadara, la cité de l’époque gréco-romaine », Le monde de la Bible, 22, 1982, p. 33.

57 Monumenta epigraphica… (éd. cit. n. 36), pl. XXXVII, 6.

58 MGH, Poetæ latini…, 1 (op. cit. n. 17), p. 350-351 ; Franca Ela Consolino, « Es nunc quod fueram ; l’épitaffio di Alcuino e l’epigrafice aquileiese di un ignoto dignitario », Memorie storiche Forogiulesi Giornale della deputazione di storia patria per il Friuli, 64, 1984, p. 27-44.

59 M. Bottazzi (op. cit. n. 37), p. 118, quodve au lieu de quodque.

60 F.-X. Kraus(op. cit. n. 31), p. 95, n° 216.

61 MGH, Scriptores, II, Hanovre, 1839, p. 532.

62 Histoire littéraire de la France…, V, Paris, Palmé, 1868, p. 33.

63 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), p. 321 et p. 636.

64 GC, IX (op. cit. n. 27), c. 987.

65 MGH, Poetæ latini…, 1 (op. cit. n. 17), p. 350.

66 MGH, 4 : Poetae Latini aevi Carolini (IV), p. 1037.

67 MGH, 3 (op. cit. n. 18), p. 636, De sobrietate.

68 Die Deutschen Inschriften… (op. cit. n. 16), 70, p. 85, n° 46.

69 M. Bottazzi (op. cit. n. 37), p. 146.

70 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), p. 321, n° 76.

71 Ibid., p. 328, n° 93.

72 Ibid., p. 324, n° 86.

73 Tommaso Gramigni, Iscrizioni medievali nel territorio fiorentino fino al xiii secolo, Florence, Presses universitaires, 2012, p. 275-279, n° 46.

74 GC, IX (op. cit. n. 27), c. 44.

75 F.-X. Kraus (op. cit. n. 31), p. 102, n° 228.

76 Robert Favreau, « Épitaphes et biographie de l’éloge religieux à la glorification de l’état social » dans Las Inscripciones… (op. cit. n. 1), p. 372-376.

77 Vincent Debiais, Messages de pierre. La lecture des inscriptions dans la communication médiévale (xiiie-xive siècle), Turnhout, Brepols (Culture et société médiévale, 17), 2009, p. 268-276, appuie ses pages sur le lecteur, sur les antécédents des xie-xiisiècles.

78 CIFM, 1 (op. cit. n. 13), p. 106.

79 CIFM, 5 : Dordogne, Gironde, 1979, p. 31-32.

80 F. Diego Santos (op. cit. n. 28), p. 89, n° 56.

81 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), p. 344, n° 120.

82 CIFM, 22 : Calvados, Eure, Manche, Orne, Seine-Maritime, 2002, p. 77.

83 Constant Antoon Serrure, Les sciences auxiliaires de l’histoire en Belgique, Bruxelles, 1893, p. 42.

84 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 331.

85 Horace, Pulvis et umbra sumus, Odes et Épodes, F. Villeneuve (éd. et trad.), Paris, Belles-Lettres, [6e éd.], 1959, p. 167.

86 Recueil des rouleaux des morts (viiie siècle-vers 1536), I : viiie siècle-1180, J. Dufour (éd.) et F. Favier (dir.), Paris, Belles-Lettres (Recueil des historiens de la France, Obituaires, série in-4, tome VIII), p. 177, n° 74.

87 Vincenzo Forcella, Iscrizioni delle chiese e d’altri edifici di Roma dal secolo xi ai giorni nostri, Rome, Tipografia dei Fratelli Bencini, 1878, 14, p. 11, n° 8.

88 España sagrada, 14 : Iglesias de Ávila, Caliabria, Coria, Évora, Egitania, Lamego, Lisboa, Osonova, Pacense, Salamanca, Viseo y Zamora, según su estado antiguo, R. Lazcano (éd.), [4e éd.], Madrid, Revista Agustiniana, 2004, p. 464 et 27, p. 266.

89 PL, 171, c. 1021.

90 PL, 90, c. 1098, et 146, c. 313.

91 PL, 184, c. 1326.

92 Recueil des rouleaux des morts (éd. cit. n. 86), 1, p. 320 et 323, n° 105, p. 408, n° 114.

93 PL, 205, c. 947.

94 Inscriptions de la France, ancien diocèse de Paris du ve siècle au xviiie, I, F. de Guilhermy (éd.), Paris, Imprimerie nationale (collection des documents inédits sur l’histoire de France, 3e série, archéologie), 1873, p. 355-357.

95 PL, 184, c. 1315.

96 PL, 217, c. 702.

97 Edmond Liénard, « Le latin et le carcan de l’hexamètre », Latomus. Revue d’études latines, 36-3, 1977, p. 597-622.

98 Robert Favreau, Épigraphie médiévale, Turnhout, Brepols (L’atelier du médiéviste, 5), 1997, p. 97-104.

99 Robert Bultot, « La doctrine du mépris du monde chez Bernard le Clunisien », Le Moyen Âge, 70, 1964, p. 185-186.

100 PL, 145, c. 968.

101 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 150.

102 CIFM, 14 : Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhônes, Var, 1989, p. 37.

103 Ibid., p. 9.

104 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 118.

105 CIFM, 25 (op. cit. n. 34), p. 36-37.

106 España sagrada, 38 : Iglesia de oviedo (II), R. Lazcano (éd.), Madrid, Editorial Agustiniana, 2010, p. 109.

107 F. D. Santos (op. cit. n. 28), p. 89, n° 56.

108 Giuseppe Scalia, « Epigraphica pisana. Testi latini sulla spedizione contro le Baleari del 1113-14 e su altre imprese anti-saracene del secolo xi », Miscellanea di studi ispanici, 6, 1963, p. 273-274.

109 PL, 184, c. 1316.

110 Mário Jorge Barroca, Epigrafia medieval portuguesa (862-1422), vol. I-1, Porto, Fundação Calouste Gulbenkian (Textos universitàrios de ciêncas sociais e humanas), 2000, p. 634, n° 259.

111 L’epigrafia medieval dels comtats Girondins, I : Il comtat de Peralada, Figueres, 2009, p. 144-145, n° 45.

112 Catalunya romànica, XXVI : Tortosa i les terres de l’Ebre, la Llitera i el Baix Cinca Obra no arquitectónica, dispersa i restaurada, Barcelone, Enciclopèdia catalana, 1997, p. 158.

113 Imre Takács, « Quelques fragments des monuments funéraires d’Esztergom xiiie s. » (en hongrois), Ars Hungarica, 1985-2, p. 122.

114 PL, 198, c. 1048 ; Paul Lehmann, « Eine Sammlung mittellateinischer Gedichte aus dem Ende des 12 Jahrhunderts », Erforschung des Mittelalters, IV, 1961, p. 302.

115 V. Forcella (op. cit. n. 87), IV, p. 7, n° 4.

116 CIFM, 19 : Jura, Nièvre, Saône-et-Loire, 1997, p. 50 ; références aux manuscrits dans les Initia carminum d’Hans Walther.

117 Anatole de Montaiglon, « De quelques inscriptions en vers », Revue de l’art chrétien, 33, 1890, p. 8, avec modo au lieu de nunc.

118 CIFM, 16 : Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Ardèche, Drôme, 1992, p. 103.

119 Die Deutschen Inchriften, 37, p. 1, n° 1.

120 Ottavio Banti, Monumenta epigraphica pisana saeculi xv antiquora, Ospedaletto, Pacini (Biblioteca del « Bollettino storico pisano », 8), 2000, p. 52, n° 60.

121 CIFM, 12 : Aude, Hérault, 1988, p. 107.

122 Patrologie grecque, 52, c. 391 b.

123 Patrologie grecque, 145, c. 807-820.

124 Ibid., c. 818.

125 PL, 171, c. 1408.

126 Ibid., c. 1271.

127 PL, 158, c. 706.

128 Ibid., c. 694.

129 PL, 168, c. 1199.

130 PL, 171, c. 1271-1272.

131 PL, 172, c. 331-332.

132 PL, 175, c. 116 et sq.

133 PL, 176, c. 703-740.

134 PL, 210, c. 114.

135 PL, t. 217, c. 746.

136 Recueil des rouleaux des morts… (éd. cit. n. 92), p. 304, 323, 333, 570 et 606.

137 Ibid., p. 408, n° 114, et p. 606, n° 127.

138 Gabriel Dumay, Épigraphie bourguignonne : Église et abbaye de Saint-Bénigne de Dijon, Paris, Champion, 1882, p. 198.

139 Bernhard Schimmelpfennig, « Couronnement pontifical », Dictionnaire historique de la papauté, P. Levillain (dir.), Paris, Fayard, 1994, p. 486.

140 Monumenta epigraphica… (éd. cit. n. 36), pl. XL-2.

141 V. Forcella (op. cit. n. 87), IV, p. 64, n° 147.

142 Die Deutschen Inschriften, 58, p. 257-258.

143 CIFM, 20 : Côte-d’or, 1999, p. 100-102.

144 GC, 7, c. 673.

145 Renzo Uberto Montini, Le tombe dei papi, Rome, Istituto di studi Romani, 1957, p. 217-219, n° 184 ; Anna Maria D’Achille, « Sulla datazione del monumento funebre di Clemente IV a Viterbo: un riezame delle fonti », Arte medievale, 2-3, 1989, p. 85-91, et Id. « Il monumento funebre di Clemente IV in San Francesco a Viterbo », Skulptur und Grabmal des Spätmittelalters in Rom und Italien, Akten des Kongresses ‘Scultura e monumento sepolcrale del tardo medioevo a Roma e in Italia’ (Rom, 4.-6. Juli 1985), J. Garms et A. M. Romanini (éd.), Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 1990, p. 129-142, 30 fig.

146 PL, 158, c. 705.

147 Ibid., 207, c. 136, note.

148 GC (op. cit. n. 144), 7, c. 366.

149 Histoire littéraire de la France… (op. cit. n. 62), IX : xiie siècle de l’église, p. 385-386.

150 CIFM, 19 (op. cit. n. 116), p. 99.

151 CIFM, 5 (op. cit. n. 79), p. 1.

152 Die Deutschen Inschriften, 70, p. 349, n° 173.

153 Louis Duval-Arnould, « Quelques inscriptions funéraires de l’abbaye de Longpont », Mélanges à la mémoire du père Anselme Didier, 14, Arbois, Chauvin, 1984, p. 684-685.

154 CIFM, 23 : Côtes-d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan, Loire-Atlantique et Vendée, 2009, p. 73.

155 F. D. Santos (op. cit. n. 28), p. 97 et 148.

156 Anthologia latina sive poesis latinæ supplementum. Pars prior. Carmina in codicibus scripta, A. Riese (éd.), fasc. 2 : Reliquorum librorum carmina, Leipzig, Teubneri (Bibliotheca scriptorum graecorum e romanorum Teubneriana), 1870, XLVII, n. 26.

157 Mas’Udi, Les prairies d’or, C. Barbier de Meynard, A. Pavet de Courteille et C. Pellat (trad.), II, Paris, Imprimerie nationale (collection d’ouvrages orientaux), 1965, p. 252-254.

158 MGH, Poetæ latini…, 5 (op. cit. n. 30), p. 321, n° 6.

159 Ibid., 5, p. 333-334, n° 106.

160 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 47.

161 PL, 158, c. 701.

162 PL, 157, c. 705.

163 Thomas de Kent, The Anglo-Norman Alexander (Le roman de toute chevalerie), B. Foster (éd.), Londres, Anglo-Norman Text Society (Anglo-Norman Texts), 1976, vol. I, p. 256.

164 PL, 209, c. 572.

165 PL, 158, c. 690.

166 PL, 184, c. 1316.

167 Roberto Salvini, Il chiostro di Monreale e la scultura romanica in Sicilia, Palerme, Flaccovio, 1962, p. 92.

168 CIFM, 5 (op. cit. n. 79), p. 27, inscription non identifiée en 1979.

169 Enciclopedia del Romànico en Castilla y León : Salamanca, M. A. García Guinea et J. M. Pérez González (éd.), Aguilar de Campoo, Santa María, 2002, p. 144.

170 Ibid., p. 35.

171 Jean-Barthélémy Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, I, Paris, Klincksieck, 1890, p. 317.

172 CIFM, 11 : Pyréenées-Orientales, 1986, p. 44.

173 Revue de Gascogne, XV, 1874, p. 516, et XVII, 1876, p. 8-11 et h.-t.

174 F. D. Santos (op. cit. n. 28), p. 88, n° 55 : fac bone pro Christo dum in mundo vivis isto.

175 CIFM, 8 : Ariège, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Tarn-et-Garonne, 1982, p. 71.

176 Marie Charbonnel, Materialibus ad inmateralia : peinture murale et piété dans les anciens diocèses de Clermont, du Puy et de Saint-Flour du xiie au xve siècle, thèse de doctorat en histoire de l’art sous la direction de B. Phalip et D. Russo, université de Clermont-Ferrand 2, 2012, p. 176,.

177 Henri Desaye et Michèle Bois, « L’inscription gothique de La Bâtie-Rolland », Revue drômoise, 1992, 2-3, p. 25-26.

178 Die Deustchen Inschriften, 50, p. 38, n° 22.

179 Calvin B. Kendall, The Allegory of the Church: Romanesque Portals and Their Verse Inscriptions, Toronto, University of Toronto Press, 1998, p. 255, n° 112.

180 Edmond Martène et Ursin Durand, Thesaurus novus anecdotorum, III : Chronica Varia, Farnborough, Gregg, 1968, c. 1302.

181 Anne Courtillé, Histoire de la peinture murale dans l’Auvergne du Moyen Âge, Brioude, Watel, 1983, p. 92-95.

182 Inscriptions de la France… (éd. cit. n. 94), II, p. 111-113.

183 CIFM, 7 : ville de Toulouse, 1982, p. 90-91, n° 50.

184 CIFM, 17 : Ain, Isère (sauf Vienne), Rhône, Savoie, Haute-Savoie, 1994, p. 117.

185 CIFM, 4 : II. Limousin : Corrèze, Creuse, Haute-Vienne, 1978, p. 26.

186 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 51-54.

187 Ibid., p. 131.

188 CIFM, 13 : Gard, Lozère, Vaucluse, 1988, p. 84.

189 CIFM, 9 : Aveyron, Lot, Tarn, 1984, p. 16.

190 CIFM, 19 (op. cit. n. 116), p. 18.

191 Inscriptions de la France… (éd. cit. n. 94), II, p. 159.

192 Roger Rodière, « Épigraphie… de Valenciennes », dans Épigraphie ou recueil des inscriptions du département du Nord ou du diocèse de Cambrai, T. Leuridan et R. Rodière (éd.), Fontenay-le-Comte, Lussaud, 1914-1948 (Mémoires de la Société d’études de la province de Cambrai), t. XXI-XXIV et XXV-XXVIII, p. 761.

193 BnF, ms. Lorraine 613, p. 66.

194 R. Rodière (art. cit. n. 192), p. 607.

195 GC,VIII, c. 1158-1159.

196 GC, IV, c. 992.

197 CIFM, 15 : La ville de Vienne en Dauphiné, 1990, p. 147.

198 CIFM, 5 (op. cit. n. 79), p. 134.

199 CIFM, 21 : Yonne, 2000, p. 156.

200 CIFM, 22 (op. cit. n. 82), p. 349.

201 Épitaphier du vieux Paris, X : Cathédrale Notre-Dame, H. Verlet (éd.), Paris, Commission des travaux historiques de la Ville de Paris (Histoire générale de Paris), 1995, p. 260.

202 Ibid., p. 255.

203 Abbé Bernard, « Épitaphe de Sinibaldi », Bulletin de la société nationale des antiquaires de France, 5e série, t. VI, 1885, p. 110-112

204 CIFM, 22 (op. cit. n. 88), p. 114.

205 Ibid., p. 116.

206 Ibid., p. 118.

207 Histoire littéraire de la France… (op. cit. n. 62), X : Le xiie siècle jusqu’en 1124, p. 179.

208 GC (op. cit. n. 27), IX, c. 359-360.

209 Histoire littéraire de la France… (op. cit. n. 62), XII, p. 102.

210 CIFM, 15 (op. cit. n. 197), p. 71.

211 Jacques Le Goff, La Naissance du Purgatoire, Paris, Gallimard (Bibliothèque des histoires), 1981.

212 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au-delà, Rome, École française de Rome (Collection de l’École française de Rome, 47), 1980 ; Xavier Dectot, Pierres tombales médiévales : sculptures de l’au-delà, Paris, de Brouwer (Patrimoine vivant), 2006, note à partir de l’histoire de l’art la place centrale du salut de l’âme puis la préoccupation de la continuité dynastique, puis la recherche ostentatoire.

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Pour citer cet article

Référence papier

Robert Favreau, « De l’éloge religieux à l’exhortation morale et à l’affirmation de l’état social dans les épitaphes »Cahiers de civilisation médiévale, 239 | 2017, 225-246.

Référence électronique

Robert Favreau, « De l’éloge religieux à l’exhortation morale et à l’affirmation de l’état social dans les épitaphes »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 239 | 2017, mis en ligne le 01 janvier 2021, consulté le 07 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/1880 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.1880

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Auteur

Robert Favreau

Université de Poitiers/CESCM

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