Manuel Nicolaon. — Vie de saint Thibaut de Provins. Édition critique d’après le Ms. Paris, BNF, fr. 17229, fol. 230d-233b (version française inédite en prose)
Manuel Nicolaon, Vie de saint Thibaut de Provins. Édition critique d’après le Ms. Paris, BNF, fr. 17229, fol. 230d-233b (version française inédite en prose), Turnhout, Brepols, 2007, 164 pp. (Textes vernaculaires du Moyen Âge, 2).
Texte intégral
1Notre connaissance de saint Thibaut de Provins, ermite noble champenois, né à Provins en 1017, repose presqu’exclusivement sur la Vita sancti Tetbaldi, écrite à la fin du xie s., après la mort du saint en 1066 et attribuée à Pierre de Vaugadice († 1085), ami de Thibaut, abbé du monastère camaldule de Vaugadice près de Vincence, où Thibaut fut inhumé, et trois versions en français, dont deux en vers éditées. « Rapidement saint Thibaut fut célébré comme un saint ; l’importance de son culte, les nombreux miracles qui lui furent alors attribués et sa vie exemplaire, ayant par ailleurs contribué à sa canonisation par le pape Alexandre II, en 1073, soit à peine sept ans après sa mort. Par crainte des vols, le corps de saint Thibaut fut, dans un premier temps, transféré, en 1074, dans l’abbaye de Vaugadice, puis, vers 1078, plusieurs reliques furent rapportées en Champagne, à l’instigation d’un certain Arnoul, abbé de Lagny et frère du saint, expliquant ainsi leur présence dans les églises de Sainte-Colombe-lès-Sens et de Lagny, toutes deux dépendantes dudit abbé, avant que celles-ci ne soient à nouveau transférées, dans la chapelle Saint-Thibaut-des-Bois, près d’Auxerre ; tandis que les autres parties du corps, plus ou moins fragmentaires – et plus ou moins authentiques –, ont été disséminées principalement dans l’est de la France, dans le nord de l’Italie, dans l’ouest de l’Allemagne et au Luxembourg. […] Aujourd’hui tombée pratiquement dans l’oubli, la légende de saint Thibaut eut durant le Moyen Âge une fortune tout autre, puisque sa diffusion, à en juger par les seuls témoins qui nous sont parvenus, fut à la fois importante, étendue et durable, et ce dès la mort du saint. Avec pas moins de 37 manuscrits subsistants. » (p. 17).
2Voici l’édition critique du texte français en prose (env. 1280-1290) d’après le ms. Paris, BnF, fr. 17229, f. 230d-233b. C’est une traduction de la version latine avec adaptations. L’A. en donne la traduction en français moderne et un fac-similé du manuscrit (vraiment de piètre qualité et pourtant la décoration, même si elle est « légèrement détériorée » (p. 39), est encore bien lisible) : c’est une reproduction en noir et blanc d’un microfilm. Par ailleurs d’où est tirée la miniature de couverture ? Même si L. Réau (n. 3, p. 8) a établi le relevé des miniatures représentant saint Thibaut, aucune référence pour celle-ci et c’est pourtant bien saint Thibaut « jeune seigneur un faucon sur le poing » (n. 1, p. 39).
3On soulignera à nouveau en passant le travail de pionnier de P. Meyer dans sa recherche de légendes en français. Des annexes donnent aussi une autre version en prose et les versions en vers, enfin la version latine en prose. On notera un intéressant tableau synoptique de l’analyse composée du récit.
4L’ouvrage constitue un beau petit dossier hagiographique à la structure toutefois un peu difficile d’accès dès l’abord. En effet, si l’A., d’après son titre, privilégie la vie française en prose, il passe en revue presque toutes les sources existantes, du latin aux vers français. On aurait préféré avoir d’emblée la biographie historique de Thibaut suivie dans l’ordre chronologique de l’édition des sources, avec en apothéose la vie française en prose, le sujet du livre. Mais tous les critères d’ordre historique et artistique que nous venons de mentionner sont peut-être secondaires d’un point de vue philologique. C’est en effet ici que réside l’intérêt principal de l’ouvrage : les passages « tributaires du xiiie siècle » (p. 14). Tout s’y trouve pour apprécier à sa juste valeur le texte : éléments d’analyse linguistique, index des noms propres et glossaire.
5Signalons quelques notes de lecture : p. 26, Saint-Vaast et non Saint-Waast ; comte de Flandre (au singulier). Leipzig paraît pour l’A. le bout du monde dans sa recherche d’un manuscrit (p. 8 n. 5 et p. 29 n. 3) qu’il n’a pu voir.
6Citons cette fois le prière d’insérer : voici l’accès à « un texte français jusqu’alors inédit dont la brièveté rend l’originalité et l’intérêt littéraire d’autant plus saillants » (couverture).
Pour citer cet article
Référence papier
Philippe George, « Manuel Nicolaon. — Vie de saint Thibaut de Provins. Édition critique d’après le Ms. Paris, BNF, fr. 17229, fol. 230d-233b (version française inédite en prose) », Cahiers de civilisation médiévale, 216 bis | 2011, 483-484.
Référence électronique
Philippe George, « Manuel Nicolaon. — Vie de saint Thibaut de Provins. Édition critique d’après le Ms. Paris, BNF, fr. 17229, fol. 230d-233b (version française inédite en prose) », Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 216 bis | 2011, mis en ligne le 01 juillet 2024, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/18428 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/128sw
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