María Jesús Jiménez Suárez. — Colección documental del monasterio de San Andrés de Espinareda (1043-1428)
María Jesús Jiménez Suárez, Colección documental del monasterio de San Andrés de Espinareda (1043-1428), León, Centro de estudios e investigación « San Isidoro »/Caja España de inversiones-Archivo histórico diocesano, 2005, 577 pp. (Fuentes y estudios de historia leonesa, 107).
Texte intégral
1L’histoire du monastère San Andrés de Espinareda, fondé vraisemblablement au début du xe s. dans le Bierzo à trente kilomètres au nord-est de Villafranca, reste à écrire. Il faut dire qu’elle souffre de sérieuses lacunes documentaires, puisque les archives de la communauté furent victimes d’un incendie signalé dans un privilège royal d’Alphonse X (no 26 de ce volume). Qu’en reste-t-il pour la période antérieure à 1270 ? Dix-sept originaux, auxquels l’on peut ajouter quelques copies postérieures et mentions de regestes. Nous avons là un bon exemple de trompe-l’œil archivistique, provoqué par l’inégale conservation des archives. Cependant, il est incontestable que l’apparition d’un notariat public à Espinareda en 1275 s’accompagna d’une substantielle croissance de la documentation pour la période postérieure : en tout, deux cent trente-neuf chartes, originales ou sous forme de copies, actuellement conservées à l’Archivo Histórico Nacional de Madrid.
2Pour réaliser sa colección documental, María Jesús Jiménez Suárez y a ajouté les copies, minutes – bien que le mot ne soit jamais ici prononcé – et résumés d’actes figurant dans différents regestes et registres notariaux du xvie s. (AHN) – notamment ceux contenant la documentation du notaire Lope Alonso de 1399 à 1428 – ; c’est d’ailleurs le principal intérêt de ce travail d’édition, par rapport à celui de M. del Carmen Gómez Bajo (Documentación medieval del monasterio de San Andrés de Vega de Espinareda [León] [siglos xii-xiv], Salamanque, 1993), qui n’édite que les chartes conservées telles quelles. Parmi ces cinq cent quatre-vingt-dix documents, signalons vingt-sept actes royaux et une seule lettre pontificale (de Martin V en 1423, no 526).
3Une introduction présente la documentation archivistique et les éditions antérieures, une liste des abbés (depuis le premier signalé en 940), qui complète et corrige celle d’Antonio de Yepes dans la Coronica general de la Orden de san Benito (1617), et un inventaire des différents prieurs et autres titulaires d’une charge au sein du monastère. Une histoire plus détaillée des archives aurait été cependant été la bienvenue. L’ensemble est clos par quatre indices fort utiles : des différents actes, des noms de personnes, des noms de lieux et des charges (civiles et ecclésiastiques).
4Les actes, classés par ordre chronologique, disposent chacun d’un résumé et d’un tableau de la tradition complet (signalant même les citations de l’acte dans l’historiographie). Malheureusement, ne sont pas édités les documents postérieurs à 1300, alors que l’édition de Gómez Bajo s’avère déficiente en de nombreux points (erreurs de cotes, de datations, de lectures et même oubli de certains documents). C’est aussi l’occasion de formuler un autre regret : comment se fait-il que ces deux chercheurs ont travaillé sans aucune concertation ? Ce travail est issu d’une thèse soutenue en 1990, tandis que Gómez Bajo publiait son volume en 1993.
5L’édition en elle-même est globalement de qualité. Signalons de-ci de-là quelques oublis et erreurs, tout d’abord dans les transcriptions : il faut par ex. lire nullius et non nulius (l. 1, no 3), dantur et non tradantur (l. 2, no 6), omni et non omim (l. 27, no 6). Surtout, les transcriptions, qui ne sont précédées d’aucun protocole éditorial, manquent parfois de précision. Ainsi, la longueur d’une lacune (signalée de manière conventionnelle par trois points encadrés de deux crochets droits) n’est jamais donnée ; dans l’acte no 2, à ligne 6, le simple fait de préciser qu’il ne manquait que deux lettres avant un « o » aurait permis au lecteur de restituer un ego : [..] o. Autre approximation : quelques rares « e » cédillés manquent (acte no 3, l. 1). Il faudrait aussi signaler le nombre de seings : ainsi dans la première colonne de l’acte 2, il n’y a pas un seul mais trois seings, même s’ils sont manifestement tracés par une unique personne ; de même pour les seings de l’acte no 3. Certains mots, pourtant lisibles, sont oubliés, comme ce fuit figurant sous une tache à la ligne 17 de l’acte 2 ; dans les souscriptions de l’acte no 6, c’est un nom curieusement écrit en wisigothique qui manque (l. 25). Enfin, il serait souhaitable de donner les cotes des photographies, désormais communiquées à la place des documents d’archives.
6À côté de ces petites critiques, qui ne remettent pas en cause la qualité globale du travail de transcription, il en est une autre, plus profonde, qui découle du principe même de la colección documental – qui, rappelons-le, veut éditer tous les documents auparavant conservés dans les archives d’une institution. Logiquement, l’éditeur choisit d’écarter huit actes qui ne sont pas conservés à l’AHN. Cela n’est pas trop embêtant pour trois donations à la cathédrale d’Oviedo de tout ou partie du monastère, d’un acte d’échange de l’abbé d’Espinareda avec l’église d’Astorga (1102) et d’un autre avec le monastère de Corias (1176). Mais quel dommage de laisser au bord de la route le plus ancien document destiné à ce monastère, à savoir une donation de Ramire II (937), copiée dans un manuscrit du xviie s. (BNE 712) ! Même constat pour la confirmation par Jean II au même monastère des privilèges royaux antérieurs (1410), transcrite dans deux manuscrits modernes (BNE 712 et BNE 834)…
Pour citer cet article
Référence papier
Thomas Deswarte, « María Jesús Jiménez Suárez. — Colección documental del monasterio de San Andrés de Espinareda (1043-1428) », Cahiers de civilisation médiévale, 216 bis | 2011, 477-478.
Référence électronique
Thomas Deswarte, « María Jesús Jiménez Suárez. — Colección documental del monasterio de San Andrés de Espinareda (1043-1428) », Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 216 bis | 2011, mis en ligne le 01 juillet 2024, consulté le 18 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/18385 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/128ss
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