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Comptes rendus

Jacques Henriet. — Saint-Philibert de Tournus. L’abbatiale du xie siècle [mise à jour et addenda par Éliane Vergnolle]

Claude Andrault-Schmitt
p. 474-475
Référence(s) :

Jacques Henriet et Éliane Vergnolle, Saint-Philibert de Tournus. L’abbatiale du xie siècle, Paris, Société française d’archéologie, 2008, 172 pp., 182 ill. (Suppléments du Bulletin monumental, 2).

Texte intégral

1Il s’agit de la publication sous forme de fascicule unique des deux gros articles que J. Henriet consacra à la célèbre église bourguignonne en 1990 et 1992. Comme l’écrit E. Vergnolle dans son avant-propos, les interprétations qui furent faites alors n’ont pas été démenties depuis, ce qui en souligne la valeur. Appuyées sur une analyse rigoureuse du bâtiment, une relecture attentive des sources narratives et documentaires et la prise en considération de documents jamais exploités, elles ont la même valeur exemplaire et novatrice pour l’histoire des débuts de l’architecture romane que l’étude du même auteur sur la cathédrale de Sens pour l’histoire des débuts de l’architecture gothique.

2Néanmoins, pour l’occasion, des compléments bibliographiques ont été intégrés, y compris dans les notes (ils sont alors signalés entre crochets) : ainsi les actes du colloque de 1995 ou du colloque qui suivit la découverte de vestiges d’une mosaïque (2004), aussi bien que les résultats d’archéologie du bâti qui ont conforté la chronologie avancée il y a près de vingt ans. Si l’on ajoute des éclairages parallèles, comme des synthèses récentes, les études des pratiques liturgiques, quelques thèses ou encore des articles de nature plutôt épistémologique, on comprend bien qu’il y a ici un socle désormais solide pour continuer l’exploration de cette génération d’édifices mais également pour réfléchir à notre matière (sur ces questions, voir I. Cartron, « Sources hagiographiques et topographie monastique : le cas de Tournus d’après les textes de la translation de saint Valérien », dans Texte et archéologie monumentale. Approches de l’architecture médiévale, 2005, p. 33-40 ; N. Reveyron, « Architecture religieuse de l’an mil en Occident : un point sur les recherches récentes à Saint-Philibert de Tournus, Hortus Artium Medievalium, 15/2, 2009, p. 411-415).

3Toujours dans la perspective d’une actualisation, d’autant plus utile que le Congrès archéologique de 2008 s’est tenu dans la région, un addenda très clair de 11 pages a été écrit et inséré avant la bibliographie et l’index. Il propose : I. Les apports de la dendrochronologie (tableaux de B. Saint-Jean Vitus concernant les singuliers tirants de bois de la galilée) ; II. Les sondages et fouilles archéologiques (1995 et 2001-2002). La redécouverte de la mosaïque du déambulatoire (clichés en couleur des médaillons représentant le zodiaque et les travaux) ; III. Les récentes restaurations (2000-2002). Mais l’imposant et pertinent appareil de plans, schémas, gravures et photographies du texte principal n’a pas eu besoin d’être repris, à quelques compléments près (pour les comparaisons, notamment).

4Le regroupement des deux études initiales a permis une articulation claire. Après l’introduction, qui annonce des propositions nouvelles, une première partie regroupe l’historique et la critique d’authenticité. La deuxième partie étudie le chevet comme « œuvre du premier Maître » et s’identifie à son étude archéologique. La troisième partie, qui aborde la galilée et la nef comme « œuvre du second Maître », est à son tour subdivisée : sont analysés « La cohérence du parti » ; la mise en perspective de l’avant-nef ; les supports comme éléments communs entre ces deux parties ; les voûtes de la galilée ; les problèmes archéologiques de la nef. « En guise de conclusion », est publié le texte d’une conférence de J. Henriet prononcée à l’université de Pavie en 1995, intitulée « À l’aube de l’art roman. La création architecturale au nord de la Loire et en Bourgogne ».

5Rappelons brièvement les principaux apports de cette double monographie, même s’ils sont connus de la plupart des spécialistes. L’accession de l’abbé Bernier à la tête du monastère (1008/1009) serait à considérer avec plus d’attention que la mention de l’incendie survenu un an auparavant pour l’ouverture d’un chantier ambitieux et novateur. De plus, la mention de la dédicace du 29 août 1019 dans la Chronique s’efface derrière la charte promulguée le même jour, qui révèle l’intervention d’Hugues, évêque d’Auxerre et comte de Chalon. Ces deux dates restent fondamentales pour borner la première étape de construction, qui concerne la crypte, l’enveloppe externe du chevet et la totalité du premier niveau du sanctuaire – et par conséquent représente un jalon fondamental dans l’histoire des déambulatoires à chapelles rayonnantes. Malgré d’épiques batailles historiographiques et un aspect longtemps rattaché au « premier art roman », il convient de rapporter la construction de la longue galilée à deux étages à une seconde étape, très proche. Ici nous pouvons désormais préciser, avec les précautions d’usage en matière de dendrochronologie, que les travaux furent menés avant 1040. Le premier étage ou chapelle Saint-Michel se terminait, à l’est, par une petite abside sur une console, située en surplomb au-dessus de la nef : l’introduire était la fonction du célèbre « arc de Gerlannus ». Dans cette partie, comme dans la nef, les imposantes piles cylindriques maçonnées et le corpus varié de systèmes d’agencement des voûtes procèdent d’inventions remarquables. La nef proprement dite fut mise en chantier alors que la construction de la chapelle Saint-Michel était très avancée. Les liaisons sont très harmonieuses. Malgré un haut vaisseau particulièrement bien éclairé sous sa voûte, il ne faut pas exclure que la solution singulière apportée par les berceaux transversaux ait été prévue d’emblée.

6Ici nous ne pouvons faire état de toutes les perspectives ouvertes par les comparaisons, une raison de plus de se féliciter de cette entreprise éditoriale.

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Pour citer cet article

Référence papier

Claude Andrault-Schmitt, « Jacques Henriet. — Saint-Philibert de Tournus. L’abbatiale du xie siècle [mise à jour et addenda par Éliane Vergnolle] »Cahiers de civilisation médiévale, 216 bis | 2011, 474-475.

Référence électronique

Claude Andrault-Schmitt, « Jacques Henriet. — Saint-Philibert de Tournus. L’abbatiale du xie siècle [mise à jour et addenda par Éliane Vergnolle] »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 216 bis | 2011, mis en ligne le 01 juillet 2024, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/18360 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/128sq

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