John Freely et Ahmet S. Çakmak. — Byzantine Monuments of Istanbul [2e éd.]
John Freely et Ahmet S. Çakmak, Byzantine Monuments of Istanbul, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2010, xv-322 pp., 162 ill., 51 h.-t.
Texte intégral
1L’ouvrage écrit par J. Freely, professeur de physique, et A. Çakmak, professeur émérite d’architecture, est dédié à la mémoire de Hilary Sumner-Boyd, professeur au Robert College d’Istanbul et à l’université Boğaziçi. Il s’agit d’une histoire des monuments byzantins d’Istanbul, une ville connue sous le nom de Constantinople au Moyen Âge et de Byzance dans l’Antiquité classique. Les monuments byzantins comprennent trente et une églises, conservées ou en ruines, cinq palais impériaux, des colonnes commémoratives, trois citernes, un aqueduc, des fortifications, l’hippodrome et un port fortifié.
2Le livre est divisé en treize chapitres et son originalité repose sur une présentation parallèle du cadre historique de la succession des empereurs byzantins et des monuments édifiés sous le règne de chacun. Il est bien écrit, la bibliographie est assez étendue (133 livres et revues), le matériel photographique très dense et les sources historiques complètes (Eusèbe de Césarée, Constantin Porphyrogénète, Pierre Gilles, etc.). La langue est compréhensible, avec pourtant d’assez nombreux termes architecturaux spécialisés.
3Le premier chapitre est consacré à la description de la ville grecque de Byzance, fondée par Byzas, le roi légendaire de Mégare, en 660 avant J.-C. Il s’agit d’une ville-État organisée, qui possède un conseil d’administration, une assemblée, des fortifications, un hippodrome qui date de l’époque romaine, des temples et des bains (bains de Zeuxippe et thermes d’Achille). Le second chapitre (p. 23-35) présente les œuvres réalisées par l’empereur Constantin dans la seconde moitié du ive s., à savoir la restauration des fortifications, l’achèvement de l’hippodrome, la construction d’un grand forum, l’érection de l’Augustaion, du portique impérial (Stoa Basilica) et de l’église des Saints-Apôtres, une rotonde voûtée utilisée par les empereurs byzantins comme mausolée.
4Une attention particulière est donnée à l’empereur Théodose II (408-450), connu pour l’érection des fortifications dites théodosiennes, qui s’étendaient de la mer de Marmara à la Corne d’or, la publication d’un code civil et la construction du second édifice de l’église Sainte-Sophie, édifiée initialement par Constance II en 360 et incendiée lors de l’émeute de 404. On cite aussi l’empereur Léon Ier (457-474), sous le règne duquel a été fondé le monastère de Saint-Jean Studios, appelé « le Cluny de l’orient ». Ce monastère qui abritait mille moines constituait le centre de la vie religieuse, intellectuelle et artistique de Byzance avec sa grande collection de livres et sa production importante de manuscrits illuminés.
5Les trois autres chapitres de l’ouvrage (p. 61-128) analysent l’époque du règne de l’empereur Justinien Ier (527-565). Cette époque est considérée comme la période la plus illustre de l’histoire de l’Empire en raison des nombreux édifices réalisés (trente-trois églises sont construites ou rénovées à Constantinople et dans ses environs) et de la reconquête d’une grande partie des provinces occidentales, qui rétablit ainsi temporairement l’ancien Imperium romanum. Justinien reconstruit l’église des Saints-Serge-et Bacchus, l’église de Sainte-Irène, la citerne impériale, une partie du Grand Palais et notamment l’édifice grandiose de l’église Sainte-Sophie (537), complètement détruite de nouveau pendant les émeutes de Nika en 532.
6Un long chapitre (p. 90-128) est entièrement consacré à l’église Sainte-Sophie et se fonde sur la description faite par l’historien Procope de Césarée dans son ouvrage Sur les monuments. Le chapitre fournit une description détaillée des diverses parties architecturales de l’église (narthex, exonarthex, nef, galeries), des marbres polychromes couvrant les murs et des mosaïques sublimes préservées jusqu’à nos jours. Bien que la description de l’iconographie des mosaïques soit complète, le commentaire du style des mosaïques (usage et contraste des couleurs, forme du visage et du corps, provenance de la source de lumière) et des courants stylistiques qui ont influencé les artistes byzantins est relativement succinct.
7Les chapitres suivants font référence aux successeurs de Justinien, sous le règne desquels l’Empire perd de son étendue : les provinces byzantines d’Italie, des Balkans et d’Afrique du Nord sont alors envahies par les Lombards, les Slaves et les Arabes. Il s’agit d’une période difficile qui dure plus de deux siècles marquée par la « querelle des images » (726-843) et le couronnement de Charlemagne en 800.
8Les chapitres 9 et 10 sont consacrés à une période qui s’étend de la seconde moitié du ixe s. à la fin du xiie s., période de prospérité pour l’Empire, appelée « Renaissance macédonienne » à cause de son fondateur, Basile Ier le Macédonien. Le plus notable empereur de la dynastie macédonienne est Basile II, sous le règne duquel l’Empire regagne une grande partie des territoires perdus. Les empereurs de la dynastie macédonienne et ceux de la maison des Comnènes et des Anges qui leur succèdent, tous épris d’art et de luxe, érigent dans la capitale une quantité de monuments dont plusieurs nous sont parvenus. Parmi les monuments construits à cette époque médiobyzantine, on cite l’église de la Théotokos de Livos, l’église de Myrelaion (Bodrum Camii), l’église de la Vierge Peribleptos, l’église de Saint-Georges de Mangana, l’église du Christ Pantepopte (Eski Imaret Camii), Kilisse Camii, l’église du Christ Pantokrator et l’église de Kyriotissa (Kalenderhane Camii). Ces églises suivent le nouveau type architectural de plan cruciforme sur base carrée, caractérisé par quatre colonnes ou piliers minces soutenant une coupole à tambour, un grand narthex, trois absides et une nef centrale en forme d’une croix dont les quatre branches sont voûtées en berceau.
9Le sac de Constantinople par les croisés en 1204, le pillage des reliques sacrées et des œuvres d’art et l’occupation de l’Empire par les Latins affaiblit considérablement la puissance byzantine et creuse davantage le fossé entre Grecs orthodoxes et Latins catholiques. La libération de la capitale par Michel VIII Paléologue en 1261 marque une nouvelle ère pour l’Empire, qui s’étendra jusqu’à sa conquête par les Turcs ottomans en 1453. Les deux églises les plus importantes, reconstruites et décorées par les Paléologues, sont celle de la Vierge Pammakaristos (Fethiye Camii) et celle du Christ de Chora (Kariye Camii), dont les mosaïques et les fresques constituent un chef d’œuvre de l’art byzantin.
10En conclusion, il s’agit d’un ouvrage sur l’histoire et l’art constantinopolitains remarquable, ambitieux et riche en descriptions architecturales. La brièveté de l’analyse stylistique des mosaïques et des fresques ne nuit pas à la valeur scientifique du livre.
Pour citer cet article
Référence papier
Alexandra Karagianni, « John Freely et Ahmet S. Çakmak. — Byzantine Monuments of Istanbul [2e éd.] », Cahiers de civilisation médiévale, 216 bis | 2011, 468-470.
Référence électronique
Alexandra Karagianni, « John Freely et Ahmet S. Çakmak. — Byzantine Monuments of Istanbul [2e éd.] », Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 216 bis | 2011, mis en ligne le 01 juillet 2024, consulté le 19 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/18315 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/128sm
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page