Dieter Blume. — Bern von Reichenau (1008-1048) : Abt, Gelehrter, Biograph. Ein Lebens- bild mit Werkverzeichnis sowie Edition und Übersetzung von Berns « Vita S. Uodalrici »
Dieter Blume, Bern von Reichenau (1008-1048) : Abt, Gelehrter, Biograph. Ein Lebens- bild mit Werkverzeichnis sowie Edition und Übersetzung von Berns « Vita S. Uodalrici », Ostfildern, Jan Thorbecke, 2008, 328 pp., 1 h.-t., 6 tabl. (Vorträge und Forschungen, 52).
Texte intégral
1Ce volume reprend sous une forme revisée une thèse de philologie latine soutenue en 2004 sous la direction de Walter Berschin à l’université de Heidelberg. Professeur d’histoire de l’art à l’université Friedrich Schiller de Jena depuis 1994, D. Blume était déjà un chercheur connu et reconnu. Son magistral dossier d’habilitation Regenten des Himmels. Astrologische Bilder in Mittelalter und Renaissance (soutenu en 1991 et publié en 2000) l’avait établi comme un historien des sciences novateur, faisant autorité dans son domaine ; il avait depuis pris entre autres part au Michael of Rhodes project sous le patronage du Dibner Institute for the History of Science and Technology. La grande expérience de D. Blume et sa vaste érudition lui ont permis d’aller au-delà de la seule édition critique – la première – de la Vie de saint Ulrich, évêque d’Augsbourg, rédigée par Bern de Reichenau – bien qu’en soi cela constitue déjà une contribution significative aux études médiévales. Les chapitres introductifs à l’édition constitue une brève monographie sur le savant abbé de Reichenau et ses œuvres principales.
2Le volume s’ouvre sur un panorama de la réception des œuvres de Bern entre le xie s. et l’époque moderne, largement et utilement annotée. Tout du long, D. Blume propose une intéressante analyse comparée de la tradition des manuscrits de la Vita sancti Uodalrici de Bern et de ceux de la vie rédigée plus tôt par Gérard d’Augsbourg (p. 23-24), qui révèle une popularité nettement supérieure pour le premier, en particulier au xiie s. Le lecteur des œuvres de Bern tirera toutefois surtout profit des pages consacrées par l’A. aux chercheurs du xxe s. qui accordèrent une place de choix au prolifique auteur (p. 46-52).
3Dans sa présentation de la biographie de Bern, D. Blume insiste sur les origines de l’hagiographe (qui peut-être n’était pas noble, mais en tous cas issu d’une famille lotharingienne), sa formation à Fleury, ses relations avec Immo, abbé réformateur de Gorze, son propre abbatiat à Reichenau (1008-1048) et, enfin, sur ses liens avec les trois souverains qu’il servit : Henri II, Conrad II et Henri III. Le cœur de ce chapitre est constitué par une précieuse liste des œuvres de Bern établie par l’A. (p. 84-114). Pour chaque ouvrage de Bern (traités liturgiques ou théologiques, sur la théorie musicale, lettres, travaux biographiques, poésie, sermons), D. Blume donne un titre, résume le contexte d’élaboration, recense les manuscrits conservés et les éditions, ainsi que la bibliographie de référence. On saura particulièrement gré à l’A. d’avoir réuni en un même lieu une mise à jour des travaux du musicologue H. Oesch et une synthèse des travaux antérieurs. Enfin, il récapitule à part la liste des cent dix manuscrits qui contiennent les soixante-et-un ouvrages connus de Bern.
4Après cette vaste introduction, D. Blume recentre son propos sur la Vita sancti Uodalrici. J. Laudage avait attiré l’attention sur ce texte important dès 1984 avec Priesterbild und Reformpapsttum im 11. Jahrhundert (Cologne). La Vita est un exemple révélateur des sensibilités réformatrices de la première moitié du xie s., d’autant plus précieux qu’il peut être comparé à un autre récit de la sainte carrière de l’évêque rédigée seulement quelques plus tôt. Si l’A. s’intéresse peu à la réforme en tant que telle, elle sera bien au cœur des préoccupations des historiens qui consulteront cette édition critique.
5D. Blume donne tout d’abord un commentaire littéraire et philologique de chaque chapitre et une concordance comparant la Vita (env. 1019 et 1031) avec l’Office de saint Ulrich (rédigée aussi par Bern, peut-être vers 1008), la Vita de Gérard (982-993) et une biographie inachevée de l’évêque d’Augsbourg Gebehard (996-1000). Suit une brève analyse des sources variées que cite Bern, ainsi que des éléments stylistiques (cursus, rimes, allitérations, etc.). Cinquante-six des manuscrits conservés avaient été décrits en 1967 dans la thèse de W. Wolf ; D. Blume complète cette liste en ajoutant seize manuscrits tout en permettant un accès facilité aux découvertes de W. Wolf.
6L’édition a pour codex de référence le ms. Vienne, Österreichische Nationalbibl. 573, que W. Berschin avait identifié en 1975 comme une collection hagiographique à l’usage du monastère de Saints-Ulrich-et-Afra d’Augsbourg. Le manuscrit reproduit la lettre-dédicace à l’abbé Fridebold qui fit office de préface à la Vita et la Vita elle-même (f. 26-90), copiées par une main unique dans un style et un format typiques du scriptorium de Reichenau dans la première moitié du xie s. Pourtant, l’A. conclut que la leçon de cette copie peut avoir transmis avec le plus de sûreté la version de l’auteur du texte. Il donne en apparat les corrections faites ultérieurement sur le manuscrit par d’autres mains, mais ne signale pas les variantes dans les autres copies complètes du xie s.
7En dépit de ce défaut, l’édition de la Vita par D. Blume constitue un progrès évident par rapport à la version largement diffusée de la Patrologie latine de Migne (142, col. 1182-1204). En plus de restituer la graphie et la ponctuation médiévales, ainsi que les divisions en chapitre de l’époque, cette nouvelle édition corrige des lacunes dans le texte et rend certains passages bien plus intelligibles. Ainsi, par ex., le commentaire de Berne sur la prophétie selon laquelle Ulrich, tombé malade alors qu’il était encore nourrisson, devait être sevré pour survivre. L’édition de la Patrologie donne : « Hujus prophetiae mysteria qualiter sint adimplenda non nostri styli eget officio designari : potest probari », tandis que celle de D. Blume : « Huius prophetiae mysteria . qualiter sint adimpleta . non nostri stili eget officio designari . quod tam assidue ad eius sepulchrum coruscantibus miraculis potest probari ». On trouve encore d’autres corrections de détail, telles que « mos est » là ou Migne notait « Moysen » qui améliore d’autant la lisibilité du texte latin. En regard est donnée une traduction en allemand.
8D. Blume précise enfin les références des sources de Bern : Écritures, auteurs classiques, autres ouvrages hagiographiques, ainsi que bon nombre de théologiens et exégètes du Moyen Âge. Un index de ces citations est donné en appendice, mais aussi des index des manuscrits, noms de personnes et noms de lieu. Une bibliographie exhaustive complète le volume.
9Pour résumer, D. Blume est l’auteur d’une nouvelle et excellente édition d’un texte hagiographique important, d’une précieuse introduction à l’œuvre de Bern de Reichenau, et d’un outil de recherche utile pour la poursuite de l’étude de cet auteur aux talents multiples.
Pour citer cet article
Référence papier
Maureen C. Miller, « Dieter Blume. — Bern von Reichenau (1008-1048) : Abt, Gelehrter, Biograph. Ein Lebens- bild mit Werkverzeichnis sowie Edition und Übersetzung von Berns « Vita S. Uodalrici » », Cahiers de civilisation médiévale, 216 bis | 2011, 453-454.
Référence électronique
Maureen C. Miller, « Dieter Blume. — Bern von Reichenau (1008-1048) : Abt, Gelehrter, Biograph. Ein Lebens- bild mit Werkverzeichnis sowie Edition und Übersetzung von Berns « Vita S. Uodalrici » », Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 216 bis | 2011, mis en ligne le 01 juillet 2024, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/18238 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/128sd
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