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Les sept vies de l’Anticlaudianus. Pour une nouvelle édition de la récriture d’Ellebaut

The Seven Lives of the Anticlaudianus. A New Publishing of Ellebaut’s Rewriting
Luciano Rossi
p. 377-395

Résumés

La prolifération au xiiie siècle de commentaires, adaptations, remaniements de l’Anticlaudianus témoigne de la vitalité d’un texte pourtant considéré comme « hermétique » si l’on en croit son auteur Alain de Lille. Dans la présente étude, nous analyserons les deux versions françaises dues à un certain Ellebaut, dont la deuxième, conservée dans le manuscrit Porto, Bibl. mun., 619, était jusqu’à présent négligée, voire ignorée. L’étude des innovations apportées par rapport à l’original latin nous permettra de mieux comprendre l’évolution du concept d’allégorie et son utilisation pratique dans le prosélytisme des ordres mendiants dans le Nord de la France.

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Texte intégral

L’Anticlaudien d’Ellebaut et ses deux versions manuscrites

  • 1 Luciano Rossi, « Alain de Lille, Anticlaudianus », dans Translater au Moyen Âge. Cinq siècles de tr (...)
  • 2 Encore en 2010, Florent Rouillé, dans une étude par ailleurs très riche et bien documentée, « Elleb (...)
  • 3 Andrew J. Creighton, A thirteenth-century French adaptation of the « Anticlaudianus » of Alain de L (...)
  • 4 Voir infra n. 9.
  • 5 Gerhard Moldenhauer, « Nachweis älterer französischer Handschriften in portugiesischen Bibliotheken (...)

1En rédigeant l’entrée Anticlaudianus pour Transmédie1, je me suis aperçu que les spécialistes continuaient de négliger l’un des deux témoins de l’adaptation française compilée par un certain Ellebaut dans le troisième tiers du xiiie siècle2. En dépit de l’importance objective de l’Anticlaudien français, il n’a pas été l’objet d’une édition moderne avec un commentaire satisfaisant, si bien que nous sommes obligés de le lire d’après l’ouvrage publié en 1944 par Andrew J. Creighton3 : un travail certainement encore précieux, mais présentant le désavantage d’être fondé sur le seul manuscrit fr. 17177 de la Bibliothèque nationale de France4, alors que déjà en 1926 Gerhard Moldenhauer avait signalé l’existence d’un deuxième témoin conservé à la bibliothèque municipale de Porto sous le numéro 6195. En réalité, comme nous allons le montrer, ce deuxième codex nous a offert la surprise de nous permettre de repérer un remaniement ultérieur du texte d’Alain, où vers et prose apparaissent mélangés.

  • 6 Adam de la Bassée, « Ludus super Anticlaudianum », d’après le manuscrit original conservé à la Bibl (...)
  • 7 Peter Ochsenbein, « Das Compendium Anticlaudiani. Eine neu entdeckte Vorlage Heinrichs von Neustadt (...)
  • 8 Drei Erzählungen aus dem didaktischen Epos « L’image du monde » (Brandanus – Natura – Secundus), éd (...)

2Il existe plusieurs adaptations en latin de l’œuvre d’Alain dont les plus importantes sont le Ludus super Anticlaudianum6, élaboré peu de temps avant sa mort par Adam de la Bassée, chanoine de Lille décédé en 1286, et le Compendium Anticlaudiani7, ouvrage anonyme du xiiie siècle. Ces deux textes ont été transposés en langue d’oïl, respectivement dans le Ludus français et dans la récriture de l’Image du Monde de Gossuin de Metz, où le rédacteur anonyme résuma en cent vingt vers l’essentiel de la fable d’Alain8. Mais la seule véritable récriture vernaculaire qui ne soit pas influencée par le Ludus super Anticlaudianum est celle réalisée par Ellebaut, un clerc dont l’identité reste encore mystérieuse, qui dans les années 1270-1280 reprit la trame de son modèle pour transformer radicalement le sens de l’original d’Alain.

  • 9 Pour une description codicologique de ce précieux manuscrit, voir Paul Meyer, « Notice du manuscrit (...)
  • 10 À l’exception du tout dernier texte, le Mérite de femmes (f. 287v) – qui se révèle être un ajout po (...)
  • 11 Voir à ce propos Gabriella Parussa et Richard Trachsler, « Trasmissione-trasformazione, ou comment (...)
  • 12 Pour une liste exhaustive de ces textes, Album de manuscrits français… (op. cit. n. 9), p. 151.
  • 13 Des Quatre Âges de l’homme : traité de moral de Philippe de Novare, éd. Marcel de Fréville, Paris, (...)
  • 14 Sur ce texte voir l’étude remarquable de Marc-René Jung, « Metamorphosen eines Textes in den Handss (...)
  • 15 Keith Busby, « Les poèmes de Pierre de Maubeuge », Pluteus, 3, 1985 [mai 1986], p. 37-56.
  • 16 Sur ce petit poème de 112 vers octosyllabiques, cf. Reine Mantou, « Le thème des “Quinze signes du (...)
  • 17 Cf. De Quindecim signis ante iudicium, dans Collectanea Pseudo-Bedae, éd. M. Bayless et M. Lapidge, (...)

3Nous sommes très bien renseignés en ce qui concerne l’exemplaire le plus important nous ayant transmis l’Anticlaudien français, à savoir le ms. Paris, BnF, fr. 17177 (dorénavant A)9. Il s’agit d’un recueil homogène d’œuvres historiques et morales, rédigé presque entièrement par un seul copiste10, dans les années 1270-1280. L’anthologie, qui se révèle l’ouvrage d’un scribe professionnel11, comprend autant de textes en prose que de textes en vers12, dont les plus significatifs pour nous, en raison de leur contenu « moral » et « prophétique », sont Les Quatre Ages de l’homme, de Philippe de Novare13, Les Moralités des philosophes, d’Alart de Cambrai14, les poésies de Pierre de Maubeuge15 et une version des Quinze Signes du Jugement Dernier16 dérivée directement du pseudo-Bède17.

  • 18 Cf. Album de manuscrits français du xiiie siècle (op. cit. n. 9), p. 155-158.

4Cet important codex « luxueux » (il compte cinquante-deux miniatures) possède un frère jumeau, mais plus pauvre : le ms. Paris, BnF, fr. 2443118. Outre les traités de Philippe de Novare et d’Alart de Cambrai, les deux recueils ont en commun six textes (en l’occurrence six œuvres historiques brèves, rangées dans le même ordre).

  • 19 L. Rossi, « La Rose et la Poire : contribution à l’étude de l’hétéronymie médiévale », dans « Gallo (...)

5Il est également très intéressant pour nous que le recueil le plus pauvre (le fr. 24431) conserve aux folios 180a-189b une copie du Roman de la Poire de « Tibaud », un texte rédigé après 1262 par un auteur identifiable à Thibaud de Pouancé, ancien confrère à Bologne de Jean de Meun19. De petite noblesse – il était fils de Geoffroi, seigneur de la Guerche –, il devint chantre, puis chanoine et enfin évêque de Dol (du 16 juillet 1280 jusqu’à sa mort, en 1301). Cette église lui doit un recueil de statuts synodaux. Grâce à ses compétences juridiques, il fut de 1296 à 1297, chancelier de France, sous Philippe le Hardi.

  • 20 M.-R. Jung, Études sur le poème allégorique en France, Berne, Francke, 1971, p. 112.

6Pour en revenir aux particularités de la rédaction de l’Anticlaudien conservée dans A, il serait trop réducteur de parler d’« abrégé », car l’œuvre originale compte 4 351 hexamètres et l’adaptation française s’étend sur 3 408 octosyllabes. En réalité, nous sommes confrontés à une compilation dont nous ne connaissons pas encore les avant-textes ni les sources. Tout l’appareil encyclopédique ayant été éliminé, comme le dit d’une manière très synthétique Marc-René Jung, « l’Anticlaudianus fournit tout juste l’idée du “Concile des Vertus” chez Nature, celle de l’“Ambassade de Prudence et de Raison”, et quelques détails comme dans la louange de la Vierge ou dans certaines descriptions. Le reste du poème ne doit rien à Alain de Lille : aussi bien le dialogue de Prudence avec Dieu que le récit de Religion ou l’invective […] contre les vices »20.

  • 21 F. Rouillé, « Ellebaut lecteur d’Alain de Lille » (art. cit. n. 2), p. 16.

7Comme l’a souligné Florent Rouillé, l’épisode de la rencontre avec Dieu est particulièrement amplifié dans l’adaptation française, « au point de constituer le plus long de la fiction, en l’état où elle nous est restée », « soit presque 800 vers, quatre fois plus que l’original »21. Ce long passage nous permet de vérifier quelle est la part de la tradition vernaculaire dans laquelle Ellebaut puise.

8Le fait que le second chœur d’anges rappelant à Dieu le destin de Marie définisse la Vierge « t’amie et ta drue » :

Avons acompli ton service
de garder t’amie et ta drue.
Touz jours l’avons bien deffendue
de toutes tribulations (v. 1933-1937).

9Nous oblige à penser au célèbre épisode de la dégénérescence d’Érec et aux récritures qui en sont dérivées :

  • 22 Chrétien de Troyes, Erec et Enide, v. 2430-2435, éd. Jean-Marie Fritz, Paris, Livre de Poche, 1992. (...)

Mes tant l’ama Erec d’amors,
que d’armes mais ne li chaloit,
n’a tornoiement mais n’aloit.
N’avoit mes soing de tornoier :
a sa fame aloit dosnoier,
de li fist s’amie et sa drue22.

10De la sorte, l’imagerie traditionnelle du lyrisme profane change profondément de nature et se fait mystique dans la réponse de Dieu :

Ele est ma maisons et mes temples,
ele est mes dortoirs et mes lis,
douz, delitables et ellis.
Ele est m’amie et ma touse,
ele est ma pucele et m’espouse,
ele est ma drue, ele est ma bele,
ele est ma chambre et ma chapele,
ele est m’ansele et mes reclus (v. 2023-2030).

11Mais même derrière l’explication para-étymologique du nom de la Vierge :

Por ce a droit a non Marie
qu’a li sa douceurs me marie (v. 2036-37).

12On croit entendre les mots de Gauvain dans Le Chevalier au Lion :

  • 23 Chrétien de Troyes, Le Chevalier au Lion, v. 2487 et s., éd. David F. Hult, Paris, Livre de Poche, (...)

Honnis soit de sainte Marie
qui por empirier se marie23 !

13Le dernier épisode, qui s’étend sur plus de mille vers, s’éloigne le plus du modèle latin. D’une façon très significative, on y découvre Religion rouée de coups par les Vices, nue et humiliée :

Ele tint sa main sor sa face,
car dehaitie fu et nue ;
por ce l’orent desconneüe
ne savoient qui c’estoit lors.
Vers lui se trait Prudence lors
ou ele iert hors de la charierre.
La main li avoit trait arierre
por vëoir son cors et son vout.
Puis gete un cri dolerex mout,
En disant : « Lasse ! Lasse nous !
Ja est ce suer Religions
qui ci gist ? Oïl, voir, c’est ele ! » (v. 2215-2226).

  • 24 Cf. Boèce, La Consolation de Philosophie, I, 1, 5 et I, 3, 7, éd. Claudio Moreschini, Paris, Livre (...)
  • 25 Alain de Lille, De Planctu naturae, éd. Nikolaus M. Häring, Studi medievali, 3e s., 19, 1978, p. 79 (...)

14Cette image s’inscrit dans la mémoire des lecteurs par sa deformatio en rappelant d’autres portraits inconvenants d’héroïnes, comme par exemple la Philosophie de Boèce24 ou Nature elle-même chez Alain de Lille25. Pourtant, on remarque, chez Ellebaut, un trait grotesque inconnu à ses modèles, comme par exemple dans le récit que Religion fait de son infortune :

Et les autres toutes a fait
saillent a pierres, a bastons,
si fierent sanz arestisons,
e dou batre lor fu mout pou.
Si vous di c’omques em Poitou
n’ot fame si bien batue.
Ne pot on miex se on ne tue.
Si fu[i] defoulee et moillie ;
et quant si m’orent malbaillie,
si me geterent fors a plain.
Mais Avarice au cors vilain
vint pui après commë estoute,
si me toli ma robe toute,
si que toute nue remains.Einsi eschapai de lor mains (2828-2842).

15Cette psychomachie grotesque est l’invention d’Ellebaut, et c’est justement sur une invective contre Envie, que le poème trouve sa conclusion dans A :

  • 26 A. J. Creighton, A thirteenth-century French adaptation of the « Anticlaudianus » (op. cit. n. 3), (...)

Envie tout adés enrage
sor le preudome et sor le sage,
et si met por lui entechier
envie et anuit et tencier :
a son pooir enteche et cloe
le bon, et le mauvais li loe.
Je cuit por ce avons envie
que touz jourz de blamer en vie
cex qui tiennent ces envïax :
car ce est a Rains et a Miax
et par trestout de blamer dervent
cil qui son mestier le servent.
Envie nului ne refuse,
chascun home blame et encuse.
Omques sa langue ne parole
fors de mesdire est a l’escole.
Chascun laidengë et mesame :
trop est honi qui ele blame.
Envie rit d’autrui dolour,
Envie a joie d’autrui plour,
Envie blame autrui tritesse.
Envie premierement blesse
celui en cui ele est reposte
et puis autrui et puis son oste.
La greignor justisce qu’elle ait,
c’est ce qu’elle rent e paist
premiers celui qui l’a norie
avant que d’autrui duel sourie26.

16Les critiques sont unanimes à considérer le texte comme inachevé, encore que le scribe ait ajouté après le dernier vers : « Explicit la Soume de Moralité ». Quoi qu’il en soit, les spécialistes en question n’ont pas remarqué que tout le passage cité ci-dessus est un exercice de style dérivé du De Planctu naturae et que cet effort d’émulation pourrait bien clore une adaptation qui ne prétend pas « translater » la totalité de son modèle, mais en proposer une nouvelle lecture à l’intention d’un public nouveau :

De Invidia

  • 27 Alain de Lille, De Planctu naturae (éd. cit. n. 25), p. 861 ; trad. angl. The Plaint of Nature, tra (...)

De superbia vero filia nascitur que materne malignitatis hereditate potitur. Hec est invidia, que continue detractionis rubiginosa demorsione hominum animos demolitur. Hic est vermis, cuius morsu morbidata mentis sanitas contabescit in saniem ; mentis sinceritas computrescit in cariem ; mentis requies liquatur in laborem. Hic est hospes qui, apud suum hospitem inhospitaliter hospitatus, sui hospitis labefactam hospicium. Hec est possessio, pessime suum possidens possessorem que, dum alios detractionis latratibus uexat, sui possessoris animum intestino morsu profundius, inquietat. Hec est invidia, que in illos quos viciorum absorbet infernus, a quibus corporis dotes ratio nature proscribit, quos in paupertatem insane fortune euomit, indignantis sue detractionis aculeos ociari27.

17L’innovation la plus importante de la version de A par rapport au passage du De Planctu naturae, c’est que le remanieur français tend à historiciser l’invective, en la situant dans un espace (les villes de Reims et de Meaux) et à une époque (celle contemporaine à l’auteur) bien déterminés, qui comme nous le verrons ne manquent pas d’intérêt pour nous.

  • 28 Cf. Inventário dos códices iluminados até 1500, éd. Isabel Vilares Cepeda, Lisbonne, Biblioteca Nac (...)
  • 29 Cf. G. Moldenhauer, « Nachweis älterer französischer Handschriften... » (art. cit. n. 5), p. 73 et  (...)
  • 30 Cf. Judith Oliver, « Je pecherise renc graces a vos : Some French Devotional Texts in Beguine Psalt (...)

18L’exemplaire que nous appellerons dorénavant B, c’est-à-dire le ms. 619 de la bibliothèque municipale de Porto provenant de la bibliothèque de l’abbaye Sainte-Croix de Coimbra28, est un peu plus récent et mieux définissable que celui de Paris, puisqu’il est datable de 1280 et qu’il est plus clairement conçu comme une anthologie de pièces dévotes, de préférence consacrées à la Vierge Marie. Si G. Moldenhauer le datait du xve siècle29, grâce à son étude des enluminures Judith Oliver a réussi à préciser sa date de composition (1280), la région d’où il provient, le Hainaut30 et les relations de ce recueil avec les ordres mendiants et le béguinage. Il s’agit d’un manuscrit en parchemin de cent quatre-vingt-dix folios, à deux colonnes de trente lignes tracées, avec huit illustrations à l’encre bleu et rouge. Sa ponctuation est hiérarchisée, car elle combine un système de points et commas avec un jeu de lettres majuscules et minuscules, tant dans les passages en prose que dans les sections en vers.

19Cette copie non seulement nous permet d’améliorer quelques leçons de A qui sont d’une incorrection évidente, mais nous aide à mieux comprendre les buts de ce remaniement et son extraordinaire flexibilité pour ce qui est des modalités de son emploi. Pour mieux dire, il est possible de comparer sa version avec celle de la recensio parisienne uniquement en ce qui concerne les premiers sept cent quatre-vingt-dix-huit vers du poème. En revanche, à partir de la ligne 12 de la première colonne du f. 65v, le scribe ne suit plus son modèle, mais nous fournit un abrégé en prose qui non seulement n’est pas codicologiquement séparé de la section en vers, mais en reproduit et la justification et la ponctuation, si bien que G. Moldenhauer n’a pas remarqué qu’il s’agissait de prose. Il s’agit en l’occurrence d’un cadre de justification simplement divisé en deux colonnes qui est présent aussi dans A, et qui reproduit probablement un module plus ancien.

20Le long passage en question relate l’ambassade de Prudence au Créateur :

  • 31 Ms. Porto, Bibl. mun., 619, f. 65v.

Quant Prudence entendi qu’il
li convenroit ceste besoing
ne furnir. Si ne le vout pas re
fuser por le conmun bien qui en
devoit venir. Si se mist a la voi
e. Et tant erra qu’elle vint devant
la maiestei dou Sovrain Roy : qui
seoit en son throne si cum por
jugier d’une trop grant et trop mervillouse querele […]31.

  • 32 Cf. Jean Préaux, « Les quatre vertus païennes et chrétiennes », Latomus, 101, 1969, p. 639-657.
  • 33 Cf. Paul et Jacques Chiffoleau, Commerce avec dame pauvreté : structures et fonctions des couvents (...)

21Le choix du remanieur de la version B de privilégier l’espace attribué à cette vertu cardinale (« quadriga virtutum »32), si capitale dans l’éthique aristotélicienne, surtout pour ce qui est de l’éducation de l’homme politique, nous invite à la réflexion quant à l’utilisation pratique des deux adaptations françaises. Si la version A, avec son insistance sur le rôle de la charité (vertu absente de l’original d’Alain), apparaît liée au répertoire « franciscain », celle de B semble plutôt influencée par la spiritualité et l’action « dominicaines » (encore que toute généralisation soit risquée, surtout dans le cadre des textes littéraires)33. Le passage en prose est centré sur la dialectique et nous présente un débat serré ayant comme protagonistes Paix et Vérité qui, auprès de la Trinité, argumentent l’un pour, l’autre contre le genre humain, ainsi que la réponse de la Trinité, où les personnes du Père et du Saint-Esprit refusent de juger, alors que le Christ, en tant qu’homme, prend sur lui la responsabilité et se montre clément.

22Le résumé se poursuit jusqu’au folio 69v, deuxième colonne, ligne 2, endroit où reviennent les vers qui continueront jusqu’à la fin du fragment, ligne 7 du folio 70. Toutefois, juste avant le retour aux octosyllabes à rimes plates qui concluent ce curieux mélange de vers et de prose, aux folios 69-69v., le remanieur, à l’instar de Gautier de Coinci, insère une sorte d’« Annonciation » en vers décasyllabiques.

23Dans l’Anticlaudianus, Phronesis (Prudence) apprend, lors de son voyage vers la divinité, de quelle merveilleuse manière, « en vue de notre salut », le « Filius artificis summi » a été accueilli, comme dans un lit nuptial, par le sein d’une Vierge, « tout ensemble fille du Père et mère du fils » (Anticlaudianus, v, 478-485) :

Hic superos ciues proprio precellit honore
Virgo que proprium pariendi lege pudorem
Non perdens, matris meruit cum uirgine nomen,
In qua concordant duo nomina, lite sepulta,
Que secum pugnare solent litesque mouere,
Nec iam discordant mater uirgoque, sed ipsis
Litibus exclusis, se pacis ad oscula uertunt.
Hic Natura silet, logice uis exulat, omnis
Rethorice perit arbitrium racioque vacillat.
Hec est que miro diuini muneris usu
Nata patrem natumque parens concepit, honorem
Virgineum retinens nec perdens iura parentis,
In cuius uentris thalamo sibi summa parauit
Hospicium deitas, tunicam sibi texuit ipse
Filius artificis summi, nostreque salutis
Induit ipse togam, nostro vestibus amictu.

24Dans le remaniement français, l’auteur sait très bien qu’il ne peut rivaliser avec son modèle pour ce qui est de l’habileté rhétorique, et donc choisit la mystique de la prière :

Quant la Dame entendit le message
que Deus penroit en li humanitei,
si le creït et respondi cum sage
coment c’iert fait enquist la veritei :
« Saint Gabrïel, por sainte charitei,
tu sceis que j’ai voet [f. 69v] virginitei :
ne conostrai homme en tout mon aage ;
proposei l’ai de cuer et de corage ! »
« Dame − fait il −, or oiez la manière :
Li Sains Espris dedent vos enterra,
de chaste[t]é porterz la banniere,
la Deus vertus en vos s’aomberra,
cil qui vos fist de vos mere sera,
virginitei en vos bien gardera,
n’en perdreis point, toujours serez entiere,
respondez moi, si m’en rirai arriere […].

25Mais l’essentiel ayant été exposé par le remanieur, il lui faut bien trouver une conclusion au récit. Voilà alors qu’il choisit de résumer en vers tout le débat qui avait été l’objet de son développement en prose :

  • 34 Ms. Porto, Bibl. mun., 619, f. 70. Nous conservons les alinéas du manuscrit pour donner au lecteur (...)

Quant Prudence qui enque fu
ot tout oï et entendu,
ce que volentiers escouta,
congié prist si s’en retorna
as dames qu’encor l’atendoient.
por ce que volentiers
orroient bones novelles de par li.
Atant entr’elles s’embati
si lor dist : « Dames, Dex vos saut,
icil Sires qui maint en haut ».
Et Nature ne fut pas mue,
qui dist : « Bien soiez vos venue ;
seez vos et si nos conteis
bones novelles, se l’aveis ».
Prudence qui bien le sot faire
si lor conta trestout l’affaire :
ensi cum vint devant lou roi
et cum elle tro[v]a devant soi
madame Paix agenoillie,
as eux plorans, face moillie,
et prioit por le sauvement
dou pueple qui ert en torment ;
et comment Veriteis prova,
par ses raisons que proposa,
qu’il n’en devoit avoir merci,
ains le devoit metre en obli.
Et ensi cum Misericorde,
qui a toutes bonteis s’acorde,
replica contre les raisons
et contre les propositions
Verités, qui furent ameres ;
et ensi cum Dex li Peres
et li Sains Espris ensiment
n’en vorrent dire jugement
desor les allegations
des parties et les raisons ;
et comment li Filz Deu prova
tout par raison et si juja
qu’il li convient paier l’escot,
car autrement estrene pot
et si ne l’at pas acreü.
Mais or est ensinc avenu,
car il sera et dex et hom,
s’en chantons toutes Tedeum34.

Le sens des deux remaniements attribués à Ellebaut par rapport à l’original latin

  • 35 Voir les actes du Congrès Alain de Lille, le docteur universel. Philosophie, théologie et littératu (...)
  • 36 Pour une orientation générale, voir Carlo Chiurco, Alano di Lilla. Dalla metafisica alla prassi, Mi (...)
  • 37 Mais d’origine bretonne, cf. Carla Rossi, « Autour d’Alain de Lille. Nouvelles propositions », Cahi (...)
  • 38 Voir par ex. Andreas Luckner, « “Prudentia” und die Schulung des Menschen. Der Anticlaudianus des A (...)
  • 39 Christel Meier, « Zum Problem der allegorischen Interpretation mittelalterlicher Dichtung. Über ein (...)
  • 40 Cf. Andreas Speer, « Kosmisches Prinzip und Mass menschlichen Handelns. Natur bei Alanus ab insulis (...)
  • 41 Cf. C. Chiurco, Alano di Lilla (op. cit. n. 36), p. 155-336.

26Si les philosophes ont finalement reconnu le rôle joué par Alain de Lille dans le cadre de la « Renaissance » du xiie siècle35, l’interprétation de l’œuvre du doctor universalis est encore loin d’être assurée36. Quant aux littéraires, ils considèrent le Lillois37 comme un divulgateur des théories de ses grands prédécesseurs, mais pour argumenter cette critique, ils finissent par solliciter presque toujours les mêmes passages des grands traités « profanes » d’Alain. En général, on continue d’associer d’une manière un peu trop hâtive sa spéculation à celle des chartrains38 en sous-estimant les nouveautés qu’il a introduites en ce qui concerne la notion d’allégorie39, réélaborée chez Alain dans le cadre d’une nouvelle conception de la Nature40, où « théologie » et « éthique » sont complémentaires41.

  • 42 Cf. Françoise Hudry, « Le Liber viginti quattuor philosophorum et la génération de Dieu », dans Her (...)
  • 43 Bernard Silvestre, Cosmographie, éd. M. Lemoine, Paris, Cerf, 1998 (Sagesses chrétiennes).

27S’il n’est pas simple d’établir les raisons du succès des deux traités dits « profanes » (le De Planctu naturae et l’Anticlaudianus) tout au long du xiiie siècle, il est certain que cette interaction a dû séduire la communauté des clercs. Versificateur élégant, possédant le don de l’expression verbale et du style imagé, Alain s’avère être un connaisseur profond tant des rhétoriciens anciens que de la tradition hermétique42 ; il se sert de son savoir néo-platonicien pour proposer une allégorie de l’amour et de la science, servant à récupérer le divin pour fonder une nouvelle humanité. Pour en venir à l’Anticlaudianus, déjà Bernard Silvestre, dans sa Cosmographie43, avait imaginé un voyage à travers les cieux dans l’au-delà, accompli par Nature, afin de repérer ses deux sœurs, Urania et Physis, et recréer l’être humain. Chez Alain, l’allégorie de Nature veut racheter les manques de ses œuvres en fabriquant un modèle de perfection en la personne de l’Homme nouveau, destiné à instaurer un nouvel âge d’or sur terre et dont la déité ne serait pas contre nature.

  • 44 Anticlaudianus sive de Antirufino.
  • 45 Claudius Claudianus, In Rufinum, éd. Antonella Prenner, Napoli, Loffredo, 2007 ; Harry L. Levy, Cla (...)
  • 46 Dans la parodie d’Alain, derrière la Furie Alecto se cache Aliénor d’Aquitaine elle-même, tout comm (...)
  • 47 D’une manière analogue, l’Amant du Roman de la Rose contemple la fleur dans un miroir.
  • 48 La description du palais de Fortune sera empruntée par Jean de Meun.

28Si cette thématique plonge ses racines dans l’enseignement augustinien (« Homo novus novit canticum novum »), sur un plan strictement textuel, chez Alain, comme le titre de l’ouvrage le montre44, il s’agit d’une parodie du Contra Rufinum de Claudien45. Ce dernier avait représenté la Furie Alecto46 rassemblant dans l’Hadès les Vices et les Malheurs afin de façonner l’effrayant Rufin, destiné à ravager l’Empire. Alain, quant à lui, imagine la création d’un être surnaturel dans lequel tradition chrétienne et métaphysique néoplatonicienne sont appelées à collaborer. Pour réaliser son projet, elle demande l’aide des Vertus célestes, en particulier Prudence, Raison et Concorde, qui débattent de la réalisation possible de ce dessein, tributaire de l’intervention divine du Créateur pour fabriquer une âme parfaite, chose impossible à Nature elle-même. Convaincue par ses sœurs, Prudence accepte de plaider la cause de Nature devant Dieu (livres i-ii). Un char fabriqué par les Arts libéraux, assemblé par Concorde, tiré par les chevaux des Sens et conduit par Raison la mène à travers les différentes sphères célestes jusqu’au ciel empyrée (livres ii-iv). Là, Prudence rencontre deux sœurs, Théologie et Foi. La première accepte de la guider seule, chevauchant le cheval de l’Ouïe, tandis que la seconde la soigne avec un onguent d’un coma profond, occasionné par la vision aveuglante des mystères de la divinité, et lui offre un miroir pour appréhender sans danger les arcanes de Dieu47. Ce dernier, secondé de la mystérieuse Noys, accède aux prières de Nature, sélectionne une âme parfaite et la confie à Prudence, qui la rapporte sur terre. Nature fabrique alors un corps pur, que Concorde associe avec l’âme divine ; enfin les autres Vertus célestes dotent l’homme nouveau ainsi formé – même Noblesse, pourtant dénouée de tout don propre, s’est rendue pour lui demander conseil auprès de sa mère, Fortune (livres vii-viii)48. À l’annonce de cette nouvelle, la Furie Alecto convoque les Vices infernaux et déclare la guerre à cet ennemi si dangereux. L’Homme nouveau, aidé par les Vertus célestes, défait en combat singulier chacun des Vices majeurs, débarrasse la terre de leur influence et instaure ici-bas un nouvel âge d’or (livres viii-ix).

  • 49 R. Bossuat, « Introduction » à Alain de Lille, Anticlaudianus (éd. cit. n. 46), p. 43-46.

29On est confronté à trois niveaux de signification différents. Le sens littéral est des plus banals : la refondation de l’ordre cosmique à travers la psychomachie ; bien plus riches sont en revanche les deux signifiés ultérieurs (moral – ou pratique, c’est-à-dire la visio Dei − et tropologique : la récupération de l’origine divine de l’âme humaine). Dans cette vision, « l’auteur pare le sens intellectuel du poème de mises en scène et de descriptions fort diverses, vives, colorées et souvent délicates, avec une joie et une facilité d’expression en complet contraste avec l’âpre amertume du De Planctu naturae, son précédent poème. Ce n’est pas une des moindres raisons du succès de l’Anticlaudianus jusqu’à la Renaissance »49.

  • 50 Daniel Poirion, « Alain de Lille et Jean de Meun », dans Alain de Lille, Gautier de Châtillon, Jake (...)
  • 51 Voir à ce propos les observations de R. Bossuat (loc. cit. n. 49), p. 43-44.
  • 52 M.-R. Jung, Études sur le poème allégorique en France au moyen âge, Berne, Francke, 1971, p. 90.
  • 53 Cf. Raoul de Longchamp, In Anticlaudiani Alani commentum, éd. Jan Sulowski, Wrocław/Varsovie/Cracov (...)
  • 54 Cf. Palémon Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, 2 vol., Paris, Vrin, 1965-1966, t. I, p. 24.

30Mais c’est surtout grâce à l’allégorisation d’une fable créée par l’auteur lui-même, que les savants ont trouvé dans l’Anticlaudianus autant de « signes à reprendre pour construire d’autres messages »50, pour dégager d’autres sens. L’enthousiasme suscité dans les milieux culturels les plus avertis en Europe est réel ; les remaniements et les commentaires fleurissent dès 1212, à commencer par celui de l’anglais Raoul de Longchamp, élève d’Alain à Montpellier, qui se consacre à cette tâche entre 1212 et 1225. Un second commentaire, celui du théologien Guillaume d’Auxerre, rédigé avant 1231, se contente d’insérer entre les lignes des notes d’étendue variable51. Comme l’écrit M.-R. Jung, « ces explications peuvent revêtir les formes les plus variées, de la simple glose marginale, au commentaire homogène »52. Le dénominateur commun de toutes ces tentatives, c’est que, face à la longueur et à la complexité de l’original, les glossateurs s’épuisent graduellement et se désistent. Si Raoul ne s’arrête qu’au livre v, en expliquant que son exposition scientifique ne pourrait pas aborder ce que Raison elle-même ne saurait connaître53, Robert de Sorbon ne produira, vers 1270, qu’un « commencement de commentaire »54, sur lequel nous aurons l’occasion de revenir en raison du milieu intellectuel et universitaire pour lequel ce texte est conçu.

  • 55 Guy Bourquin, « Piers Plowman » : Études sur la genèse littéraire des trois versions, Paris, Champi (...)
  • 56 Comme l’écrit F. Rouillé, « Ellebaut lecteur d’Alain de Lille… » (art. cit. n. 2), p. 4 : « le Chri (...)
  • 57 Sur ce problème, cf. Gillian R. Evans, Alain of Lille : the frontiers of Theology in the later Twel (...)
  • 58 F. Rouillé, « Ellebaut lecteur d’Alain de Lille… » (art. cit. n. 2), p. 9-10.

31Tout en étant analogue, la démarche d’Ellebaut n’est pas tout à fait superposable à celle de ses confrères. La tendance qu’on a considérée comme « franciscanisante » de son adaptation « se reconnaît à la conjonction de la Patience, de la Pauvreté, de l’Humilité, et de la Volonté, composantes nécessaires de la Charité dont Nature déplore l’absence »55. Quoi qu’il en soit, nous sommes confrontés à un chapitre fondamental de l’histoire de la réception de l’Anticlaudianus aux xiiie et xive siècles, dans la mesure où, sur un plan général, l’attitude du modeste Ellebaut/Allebaus ne diffère pas trop de celle de son contemporain Jean de Meun : tous les deux s’approprient l’idée directrice d’une refondation « métaphysique » de l’humanité, à laquelle ils adhèrent pour parvenir à sa concrétisation poétique. Mais là s’arrêtent les ressemblances : en fait, en identifiant l’Homo novus à Jésus Christ lui-même, Ellebaut finit par trahir la signification philosophique de l’original latin, dans la mesure où il paraît oublier que le voyage de Prudence se situe après l’Incarnation56. Par conséquent, encore que l’« homme nouveau » d’Alain puisse être considéré comme une figure christique, on ne peut pour autant l’identifier tout court à Jésus57. Comme l’a très bien écrit F. Rouillé, « Ellebaut a donc conçu une vaste digression intercalée entre la fin du livre vi et le début du livre vii de l’Anticlaudianus, la finalité de ce nouvel épisode visant à justifier la vengeance des Vertus contre les Vices, coupables d’avoir molesté Religion. En somme, le Christ à venir sera le défenseur de la Religion contre l’Irréligion, la figure de Religion outragée se substituant à celle de Nature frustrée de son œuvre : le naturalisme chartrain n’est manifestement plus d’actualité, ou plutôt Ellebaut, lecteur scrupuleux de l’Anticlaudianus, revendique un changement radical d’orientation concernant la signification de son allégorie, dans un sens moral encore plus accentué »58. Si Alain de Lille avait repéré les qualités de son Juvenis dans les sept Arts, selon les règles de l’École, Ellebaut veut marquer une différence profonde par rapport à son modèle. Mais il reste un clerc et ne peut pas se passer des attraits de la rhétorique.

32Pour donner aux lecteurs une idée des particularités stylistiques de l’Anticlaudien français, dans les deux versions conservées, nous lirons deux passages significatifs de ce remaniement : le prologue de l’ouvrage et les vers consacrés aux palais de Nature. Nous le ferons d’après la version B, en indiquant quelles sont les variantes les plus importantes par rapport à la rédaction conservée dans A.

33Commençons donc par le Prologue :

  • 59 Ms. quarce.
  • 60 Ms. sorist.
  • 61 Ms. Porto, Bibl. mun., 619, f. 60.

[f. 60] Allebaus rent ceste reevre quarte59,
que li cuers ne li criet ou parte.
Qui se loist60 d’une autre esclusee,
si sera s’uevre refusée,
por ce qu’entendre ne porront
li pluisor qui lire l’orrunt,
de lius en lius fors que l’escorce.
En la matere a tant de force
que ja lais hom ni verra goute
s’aucuns clers ne li espont toute,
qui bien sache Anthiclaudien.
De celui livre ai trait le bien :
ne mie ensi cum je racont.
touz les dis qui escrit i sunt
ne ne r’a pas en celui livre
tout quanque mes traities delivre,
ains i a[i] moult ostet et mis.
Et neporquant bien m’est avis.
que cil qui ce savra veoir.
doit bien del mien livre savoir
et l’allegorie et la letre
soz bien affermer et promettre.
que riens ni at contre la foi.
Et porce a touz humlement proi.
Que mon povre livre ne hacent
Aincois li simple le se facent
diligentement espondre et lire.
De la harpe ne del saltire
ne vaut li sons ne li deduis,
se teilx nel tient qui en soit duiz
ainsi di-je de mon livret,
et fin a mon prologue met,
qu’autrui n’en voie ennuiant
de crier « Hahai ! » por noiant61.

34Par rapport au ms. de Paris, les variantes suivantes sont remarquables :

    • 62 « Ellebaus rent ceste œvre par ce / Que li cueurs ne li creve ou parte ».

    au v. 1 et s. (que je comprends : « Ellebaut réduit cette œuvre à sa quarte part », « pour que son cœur n’éclate, ni ne crève ») : la référence à l’abundantia cordis de la version « parisienne  »62 n’est pas oblitérée, mais le sens s’accorde mieux aux vers qui suivent : « Si quelqu’un se vante d’avoir d’autres écluses de nature culturelle (que son propre cœur), son œuvre sera refusée » ;

  • au v. 10 : clers est beaucoup plus pertinent que hom, puisqu’il s’agit d’expliquer (« espondre ») le texte latin ;

  • les v. 31 et ss. manquent dans A.

35Ellebaut précise dès le début quelle sera sa démarche : il utilisera l’original latin d’Alain en le résumant, mais sans le suivre mot à mot. Il s’agit, bien sûr d’adapter librement un texte difficile comme l’Anticlaudianus aux exigences d’un public non-lettré, en supprimant les « rédondances » de style du doctor universalis, mais le remanieur ne s’abstient surtout pas d’ajouter du sien en transformant ainsi les sections « théologiques » de son modèle, dans le but d’exorciser les innovations les plus controversées d’Alain.

36D’une façon qui pourrait paraître analogue, en présentant au roi Philippe le Bel sa traduction de la Consolatio boécienne, Jean de Meun entend rendre abordable l’original latin au grand public, un public différent de celui auquel le texte était primitivement destiné ; mais au moment où le Magdunois récupère la conception classique de la Philosophie comme « médecine de l’âme », il ne trahit pas le but boécien. Il ne s’agit pas − nous explique-t-il − de fournir une traduction philologique, qui se révélerait particulièrement indigeste aux non-lettrés, mais de réaliser une sorte d’adaptation didactique, utile également pour ceux qui ont des connaissances en latin, comme le roi lui-même :

  • 63 Dans l’épilogue de sa traduction de l’Espurgatoire Seint Patriz, v. 2297-2300, Marie (de France) éc (...)
  • 64 Li Livres de Confort de Philosophie, éd. Venceslas L. Dedeck-Héry dans « Boethius’s De Consolatione (...)
  • 65 Ibid., p. 170.

A ta Royal majesté […] envoie ore Boece De Consolacion que j’ai translaté de latin en françois. Ja soit que tu entendes bien le latin, mais toutevois est de moult plus legiers a entendre le françois que le latin. Et por ce que tu me deis – lequel dit je tieng pour commandement – que je preisse plainement la sentence de l’aucteur sans trop ensuivre les paroles du latin, je l’ai fait a mon petit pooir si comme ta debonnaireté le me commanda. Or pri touz ceulz qui cest livre verront, s’il leur semble en aucuns lieus que je me soie trop esloigné des paroles de l’aucteur ou que je aie mis aucunes fois plus de paroles que li aucteur n’i met ou aucune fois mains, que il le me pardoignent. Car si je eusse espons mot a mot le latin par le françois, li livres en fust trop occurs aus gens lais63, et li clers, neis moiennement letré, ne peussent pas legierement entendre le latin par le françois64
A tels gens est doncques profitable la translacion de cest livre et meismement a ceulz qui n’entendent pas le langage des Latins65.

37Au-delà des analogies verbales, c’est le sens de l’opération « didactique » qui est radicalement différent. Si Jean de Meun prétend fournir, tant aux laïcs qu’aux clercs moyennement érudits, un outil de connaissance, Ellebaut, lui, offre à ses confrères une sorte de bréviaire de théologie ayant surtout une fonction pratique. Il ne néglige pourtant pas, à l’instar de son modèle, d’embellir ses pages afin de captiver son public. Pour comprendre sa démarche stylistique, nous nous pencherons sur la description du palais de Nature, que nous lirons toujours d’après la version de B :

  • 66 A : bons eurés
  • 67 Voir « quinçon », « pinson » (cf. Adolf Tobler et Erhard F. Lommatzsch, Altfranzösisches Wörterbuch(...)

[f. 60] Uns lius est en terre secrez,
delicïeus dous et temprez,
plaisans, acceptables et biaus.
Toz jors i est li aiers nouiaus,
sains et seris et escureis.
Tant est li lius bons et cureis66,
qu’onques n’i cort ne ne s’i lance
grelle ne nois ne pestilence.
N’i fait ne trop froit ne trop chaut,
bone temprance onques n’i faut.
Si bien est temprez a mesure.
que dire puis sans mespresure
ne chaus ne frois n’i fait orage.
S’a li lius tant de signorage,
ensi cum j’en latin le lis,
onques n’i faut rose ne lis.
Toz jors i durent sans relais
et flors et lis et rose et glais.
Ne flors ne rose n’i marcist.
ansois touz tans i esclarcist,
et toute flors et toute rose.
Si est moult mervillose chose
c’onques ne biauté ne colour
n’i perdent ne roses ne flour :
onques biautez n’i enlaidit.
Si at moult plus que je n’ai dit
en cel liu, si cum je apris l’ai,
que avoc la rose et le glai,
dont il i at si grant plentei,
i at nature .i. bois plantei
qui cel liu clot et [60v] environe.
S’est moult celle closure boune
qui toute est d’arbres portans fruit.
N’ot en la closure, ce cuit,
nul arbre qui fruit ne portast
de douce odour et de bon tast.
De fruit i ot richece et gloire,
et si avoit, ce doit l’en croire,
menus oisiax soeif chantans,
cuers et oreilles enchantans
de lor chans mervilloz et biax.
La orguenoit li pinceniax67,
li rosignols et la malvis :
des noteletes et des dis
dont tuit se vellent aquiter.
Poïst uns mors resusciter,
si feïst il, s’il l’oïst goute.
Jamais n’aroie dite toute
la joie que chascuns i maine.
Or si dirai d’une fontaine
qui par desous .i. arbre cort,
dont li ruxaus plus clers decourt.
que n’est larme de pecherriz.
Et li gaviers ert si esliz
que bien sambloit, que je n’i fail,
que pavee fust de cristal
où la gavelle fust doree.
Et le awwe estoit tant savoree
qu’onques si bone n’ot en puis.
Mielx valoit que dire ne puis.
Emmi cel liu dont j’ai contei
quant a de lit et bontei
avoit une roiste montaigne
que li ruixalz tout entour baigne
de la fontaine clere et pure.
Desor cel mont auoit Nature
faite et fermee sa maison.
S’ai dit, espoir, contre raison,
quant je l’ai maison apelee,
car c’iert palais ou sale lee.
Dire puis que c’estoit palais,
Li plus biax qu’on voie jamais,
ne de pierre ne de marrien,
car je ne cuit qu’il i ait rien,
ne des tours ne des murs encor,
que tout ne soit d’argent ou d’or.
D’or et d’argent la sale est faite,
moult bien entaillie et portraite,
a ymages grans et petites.
Si n’avroie jamais descrites
les riches euwres des portrais
que Nature ot par laiens faits.
Por ce n’i veuil metre ma paine :
que chose me sambleroit vaine
se vers faisoie de painture.
Or si vueil dire de Nature
qui dame estoit de cel osteil
ansois que je vos paroil d’el.
Nature est une dame riche
qui rien ne tolt ne rien ne triche,
mais done et rent quanqu’elle doit,
Nature nous enseigne au doit
k’amer devons et quoi haïr.
Nature done sans aïr
le fruit novel a son termine.
Nature est naixance et orine
de toute rien que l’en voit naistre.
Nature est norrice et maistre
de l’enfant el ventre sa mere.
Nature, qui que le compere,
fait quanque Dex commande et rueve.
Nature nos por [f. 61] chace et trueve
les vins, les chars et les peixons.
Nature, bien le conoixons,
nos es rendable et trecensiere,
Dex en a fait sa despensiere :
par ses mains nos depart et done
mainte chose plaisant et bone.
Rien ne retient par covoitise,
tout done quanque Dex devise,
sans retraire et sans espargnier.
Et por ce qu’elle doit soignier
de plusors negoces divers,
si li plot, ce conte li vers,
qu’elle eüst a sa court mandees
dames cortoises et senees
por prendre conseil d’un afaire
dont ele ne sceit preu que faire…

  • 68 Perrine Galand-Hallyn, Le Reflet des fleurs : description et métalangage poétique d’Homère à la Ren (...)
  • 69 Ibid., p. 462.

38Nature, dans la doctrine néoplatonicienne, est chargée de la mise en forme du monde. Dans un livre consacré aux modalités métalittéraires et autoréflexives de l’ekphrasis, Perrine Galand-Hallyn réserve un chapitre important à l’Anticlaudianus68, en montrant les analogies qui lient le portrait du palais de Nature (i, v. 55-206) aux vers qui dépeignent la demeure de Fortune (vii, v. 405-480 ; viii, v. 1-62) et le siège de la divinité suprême (vi, v. 214-272). Avec Fortune et Dieu, Nature est l’une des trois instances dont Alain décrit le séjour. Mais elle est de toute évidence le personnage qui joue le rôle le plus important sur le plan narratif, si bien que son itinéraire mystique constitue un véritable programme poétique. « La structure du locus amœnus dépeint par Alain suit les grandes lignes habituelles : après l’évocation de la campagne printanière, des productions de la terre, de la forêt, des oiseaux, de la source et de la plaine, vient la description du palais de Nature, empruntée à celle qu’Ovide donne du palais du Soleil dans les Métamorphoses (ii, 1 et s.)69. »

39Ellebaut, dans les deux remaniements français, ne s’éloigne pas trop de son modèle en gardant le motif de la circularité du locus, qui procède de l’extérieur vers l’intérieur, mais il insiste implicitement sur le signifié symbolique des éléments naturels (surtout les oiseaux), en laissant de côté les fresques des réussites et des échecs de la Vertu.

40D’après Alain, l’image, imitant la réalité, transforme l’ombre des choses en objets réels et change ainsi le mensonge en vérité :

  • 70 Alain de Lille, Anticlaudianus, i, v. 122-125 (éd. cit. n. 46).

O noua picture miracula !
Transit ad esse Quod nichil esse
potest picturaque simia ueri,
Arte noua ludens, in res umbracula rerum
Vertit et in uerum mendacia singula mutat70.

41Ellebaut s’aperçoit tout de suite du danger implicite dans ce genre de réflexions et s’empresse d’observer :

Por ce n’i veuil metre ma paine :
que chose me sambleroit vaine
se vers faisoie de painture (v. 116-118).

42La distance entre le modèle latin et ses adaptations vernaculaires ne pourrait être mieux soulignée : le lien capital entre poésie et peinture est ainsi complètement oblitéré. Si le doctor universalis multipliait les termes abstraits conformément à la conception néoplatonicienne de l’art, dans nos remaniements, le thème de la Nature-artiste reste un tabou dans la mesure où il pourrait légitimer l’artifice diabolique.

Quelques hypothèses sur l’identité de l’auteur

43Sur le plan linguistique, pour nous borner exclusivement aux vers cités ci-dessus, B présente des traits qui ne semblent pas uniquement picards, mais qui pourraient être aussi champenois :
– diphtongaison de -a tonique libre en -ei : ex. veritei, majestei, bontei, humanitei, virginitei, etc. ;
– diphtongaison de -e tonique libre en -ei : ex. curei ;
at pour a (de HABET) ;

44Dans le passage consacré aux désastres causés par l’Envie que nous avons déjà cité, on trouve dans A une allusion aux villes de Reims et de Meaux qui ne paraît pas tout-à-fait anodine :

Envie tout adés enrage
sor le preudome et sor le sage,
et si met por lui entechier
Envie et anuit et tencier.
A son pooir enteche et cloe
le bon, et le mauvais li loe.
Je cuit por ce avons envie
que touz jourz de blamer en vie
cex qui tiennent ces envïax :
car ce est a Rains et a Miax
et par trestout de blamer dervent
cil qui son mestier le servent (v. 3381-3390).

  • 71 Que l’on pense au portrait de Pallas-Livor que dresse Ovide dans le livre vi des Métamorphoses.

45Si la dénonciation des méfaits de l’Envie dérive, comme nous venons de le voir, du De Planctu naturae, il s’agit d’une invective de type classique71 où l’auteur donne l’impression de vouloir émuler en la modernisant la stratégie oratoire de son modèle. Le passage assume ici une valeur particulière du seul fait qu’il est situé à la fin de l’ouvrage. Mais il y a plus, dans la mesure où l’auteur indique la ville de Reims comme le lieu assigné de cette attitude de dénigrement spontané qui finit par privilégier les vauriens plutôt que les bons. Puisque Reims était réputée au Moyen Âge pour la bonté de ses vins ou l’habileté de ses ménestrels, mais certainement pas pour les mesquineries de ses habitants, on peut imaginer que l’auteur a des raisons personnelles d’accuser les rémois ; il pourrait s’agir d’un enfant du pays dont l’amertume se laisse percevoir au-delà de la froideur du traité. Cette auto-victimisation non seulement corrobore la légitimité de la diatribe, mais nous invite à formuler de nouvelles hypothèses quant à la possible identité du remanieur.

  • 72 R. Bossuat, « Compte rendu “Creighton, A thirteenth-century French adaptation of the Anticlaudianus (...)

46Jusqu’à présent la critique a privilégié dans ses recherches les clercs du Nord de la France, en particulier de Picardie. Dans son compte rendu de l’édition de Creighton, Robert Bossuat écrit : « Quant à l’auteur, Ellebaut (en latin Erlebaldus, Erleboldus, Erlanbaudus, Ellebaldus), c’est un nom qui se rencontre fréquemment dans les documents de cette région [celle de l’Anonyme de Béthune], et, notamment, dès le xie siècle, dans les Gesta Episcoporum Cameracensium. Aubry de Trois-Fontaines mentionne un Ellebaldus, abbé de Saint-Remacle, en 1191 et nous savons qu’un Ellebaut de Braine était chanoine de Cambrai en 1230. Sans prétendre tenter une identification précise, on peut supposer que le traducteur de l’Anticlaudianus était à peu de chose près compatriote d’Alain de Lille, comme Adam de la Bassée, auteur du Ludus, et le frère prêcheur de Cysoing qui le traduisit et ne saurait comme le suggère à tort M. Creighton se confondre avec lui72. »

  • 73 Ludwig Schmugge, « Ministerialität und Bürgertum in Reims. Untersuchungen zur Geschichte der Stadt (...)
  • 74 Archives administratives de la ville de Reims. Collection de pièces inédites, éd. Pierre Varin, Par (...)
  • 75 Présent à Bologne entre 1265 et 1266, Symon Matifardi ou Matifas de Soissons, enseigne le droit civ (...)
  • 76 Il fut chanoine de Notre-Dame de Paris et magister Universitatis Parisiensis (cf. Nathalie Gorochov(...)

47R. Bossuat a certainement raison et les citations de l’« Ellebaut » picard pourraient être multipliées ; cependant le nom « Ellebaut » était diffusé aussi dans la Champagne du Nord. En ce qui concerne la période qui nous intéresse (c’est-à-dire les années 1270-1280) un personnage nous paraît digne d’être mentionné : Pierre, « dit Ellebaut de Coursalain73 [Coursalin], clerc », nommé deux fois dans un document de la ville de Reims74 daté de 1271, où apparaissent également Simon Matifar, ancien confrère de Jean de Meun à Bologne75, Philippe de Brétigny76 et d’autres clercs de l’église de Saint-Symphorien :

  • 77 Cartulaire de Saint-Thierry, f. 328v.

Magister Philippus de Bretigniaco, et Simon Matisfardi, officiales remenses, universis… Noverint universi, quod coram Martino de Courmissiaco, clerico fideli curie remensis ad hoc specialiter deputato, propter hoc personaliter constitutus Henricus dictus Canutus, canonicus ecclesie S. Simphoriani remensis, vendidit et se vendidisse bene et legitime recognovit abbati et conventui S. Theoderici juxta Remis, quandam domum suam prout undique se extendit, cum toto pourprisio et omnibus appendiciis ejusdem, quam habebat, ut dicebat, retro ecclesiam S. Simphoriani remensis, sitam inter domum Petri dicti Ellebaut de Coursalain, clerici, ex una parte, et domum Blanchie Papelarde ex altera […] ex parte domus antique, et totam antiquam domum contiguam domui dicti Petri Ellebaut, cum jardino77

48Mais naturellement, à cet état des recherches il serait vain de proposer une identification concrète qui emporte l’adhésion de la critique, d’autant plus que la personnalité de notre Ellebaut rémois reste mystérieuse.

Conclusion

  • 78 J’emprunte cette expression à Douglas Kelly, Internal difference and meanings in the Roman de la Ro (...)

49Au terme de cette étude sur les deux versions de l’ouvrage d’Ellebaut, toute limitée qu’elle demeure, nous pouvons conclure que les deux adaptations françaises divergent radicalement de l’original latin d’Alain. Non seulement l’Homo novus est identifié au Christ − ce qui introduit un modèle alternatif de régénération − mais, surtout dans A, le moment central du poème est l’acte divin qui a rendu possible l’Incarnation, tandis que dans B (en vérité une adaptation de l’adaptation d’Ellebaut), l’accent est mis sur l’humanité du Christ et sur la possibilité de Salut pour les hommes d’ici-bas. En cela, les deux ouvrages français se révèlent des anti-Anticlaudianus78, dans la mesure où le modèle latin a fait l’objet de modifications qui reviennent à mettre en cause son fondement même, à savoir la possibilité de conjurer, grâce au savoir théologique, la séparation entre la sphère divine et la nature humaine soumise à la corruption. Concernant l’identité du mystérieux Ellebaut, l’étude des deux recueils manuscrits qui nous ont transmis son remaniement nous ont permis de formuler l’hypothèse qu’il s’agit d’un clerc mineur vivant de subsides divers et visant, au moins en partie, un public laïc.

50En ce qui concerne l’édition critique de l’Anticlaudien, il paraît légitime d’utiliser la version de A comme manuscrit de référence, en corrigeant son texte grâce aux suggestions de B pour la section comprenant les huit cents premiers vers, qui dérivent sans aucun doute d’un modèle commun ; en appendice on donnera les passages en prose de B et les vers situés à la fin de cette rédaction. Un glossaire exhaustif des deux rédactions serait également souhaitable, dans la mesure où, sur le plan du lexique, les deux adaptations constituent un document très intéressant du vocabulaire lato sensu religieux de l’époque.

51Le travail le plus complexe concerne sûrement et surtout le commentaire, car les textes d’arrière-plan utilisés par Ellebaut/Allebaus ne se bornent pas au seul Anticlaudianus latin, mais sont repérables, comme nous venons de le voir, dans l’ensemble de la production « profane » d’Alain de Lille, tout comme dans la littérature vernaculaire.

Fig. 1. — Ms. Porto, Bibl. mun., 619, f. 60. (Cliché Biblioteca Publica Municipal do Porto.)

Fig. 1. — Ms. Porto, Bibl. mun., 619, f. 60. (Cliché Biblioteca Publica Municipal do Porto.)
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Notes

1 Luciano Rossi, « Alain de Lille, Anticlaudianus », dans Translater au Moyen Âge. Cinq siècles de traductions en français au Moyen Âge (xie-xve s.). Étude et Répertoire, dir. C. Galderisi, Turnhout, Brepols, 2 vol., 2011, vol. 2, t. I, p. 297-299.

2 Encore en 2010, Florent Rouillé, dans une étude par ailleurs très riche et bien documentée, « Ellebaut lecteur d’Alain de Lille : deux écritures allégoriques en miroir », Camenae, 8, décembre 2010, p. 1-30, répète que le texte serait « conservé dans un seul manuscrit » (p. 9).

3 Andrew J. Creighton, A thirteenth-century French adaptation of the « Anticlaudianus » of Alain de Lille, Washington (D. C.), The Catholic University of America Press, 1944.

4 Voir infra n. 9.

5 Gerhard Moldenhauer, « Nachweis älterer französischer Handschriften in portugiesischen Bibliotheken », Archiv für das Studium der neueren Sprachen und Literaturen, 151, 1927, p. 69-76.

6 Adam de la Bassée, « Ludus super Anticlaudianum », d’après le manuscrit original conservé à la Bibliothèque Municipale de Lille, publié avec une introduction et des notes, éd. Paul Bayart, Lille, R. Giard, 1930 ; Paul H. Rastätter, « Ludus Anticlaudien » : a Thirteenth-Century French Translation of the « Ludus super Anticlaudianum » of Adam de la Bassée by a Monk from Cysoin, PhD, University of Oregon, 1966 ; Jean-Marie Fritz, « Les arts libéraux dans la traduction anonyme du Ludus super Anticlaudianum d’Adam de la Bassée », dans La traduction vers le moyen français. Actes du IIe colloque de l’AIEMF, Poitiers, 27-29 avril 2006, éd. C. Galderisi et C. Pignatelli, Turnhout, Brepols, 2007, p. 109-123 ; Piotr Tylus, « Le Jeu sur l’Anticlaudien et la Formula Honestae Vitae dans un manuscrit inconnu du xve siècle », Cultura Neolatina, 65, 2005, p. 287-296 ; Levente Seláf, Chanter plus haut. La Chanson religieuse vernaculaire au Moyen Âge, Paris, Champion, 2008, p. 537-559.

7 Peter Ochsenbein, « Das Compendium Anticlaudiani. Eine neu entdeckte Vorlage Heinrichs von Neustadt », Zeitschrift für deutsches Altertum, 89, 1969, p. 81-109.

8 Drei Erzählungen aus dem didaktischen Epos « L’image du monde » (Brandanus – Natura – Secundus), éd. A. Hilka, Halle, Niemeyer, 1928 (Sammlung romanischer Übungstexte), p. 50 et s.

9 Pour une description codicologique de ce précieux manuscrit, voir Paul Meyer, « Notice du manuscrit fr. 17177 de la Bibliothèque Nationale », Bulletin de la Société des anciens textes français, 21, 1895, p. 80-118 ; Album de manuscrits français du xiiie siècle. Mise en page et mise en texte, éd. M. Careri et al., Rome, Viella, 2001, p. 151-154.

10 À l’exception du tout dernier texte, le Mérite de femmes (f. 287v) – qui se révèle être un ajout postérieur –, de la table et de certaines rubriques qui remontent au quatrième quart du xiiis. ou au début du siècle suivant.

11 Voir à ce propos Gabriella Parussa et Richard Trachsler, « Trasmissione-trasformazione, ou comment comprendre l’apport d’un copiste vernaculaire », dans La transmission des savoirs au Moyen Âge et à la Renaissance, éd. A. Perifano et F. la Brasca, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2005, p. 349-362.

12 Pour une liste exhaustive de ces textes, Album de manuscrits français… (op. cit. n. 9), p. 151.

13 Des Quatre Âges de l’homme : traité de moral de Philippe de Novare, éd. Marcel de Fréville, Paris, Didot, 1888 (SATF).

14 Sur ce texte voir l’étude remarquable de Marc-René Jung, « Metamorphosen eines Textes in den Handsschriften des ausgehenden 13. Jahrhunderts Li Livres estrais de philosophie et de moralité », dans Text und Text in lateinischer und volkssprachiger Überlieferung des Mittelalters, éd. W. Haubrichs et al., Berlin, E. Schmidt, 2006, p. 353-376.

15 Keith Busby, « Les poèmes de Pierre de Maubeuge », Pluteus, 3, 1985 [mai 1986], p. 37-56.

16 Sur ce petit poème de 112 vers octosyllabiques, cf. Reine Mantou, « Le thème des “Quinze signes du jugement dernier” dans la tradition française », Revue belge de philologie et d’histoire, 45, 1967, p. 827-842.

17 Cf. De Quindecim signis ante iudicium, dans Collectanea Pseudo-Bedae, éd. M. Bayless et M. Lapidge, Dublin, School of Celtic Studies, 1998, § 365 et s. Sur la tradition en ancien français de cet ouvrage, cf. Salvador Rubio Real et R. Trachsler, « Le profil du recueil : observations sur le contexte manuscrit des Quinze Signes du Jugement dernier », Babel, 16, 2008, p. 101-122 (qui ne tiennent pas compte de la rédaction contenue dans notre manuscrit).

18 Cf. Album de manuscrits français du xiiie siècle (op. cit. n. 9), p. 155-158.

19 L. Rossi, « La Rose et la Poire : contribution à l’étude de l’hétéronymie médiévale », dans « Galloromanica et Romanica ». Mélanges de Linguistique offerts à Jakob Wüest, éd. H.-R. Nüesch, Tübingen, Francke, 2009, p. 217-253.

20 M.-R. Jung, Études sur le poème allégorique en France, Berne, Francke, 1971, p. 112.

21 F. Rouillé, « Ellebaut lecteur d’Alain de Lille » (art. cit. n. 2), p. 16.

22 Chrétien de Troyes, Erec et Enide, v. 2430-2435, éd. Jean-Marie Fritz, Paris, Livre de Poche, 1992. Voir également Florian et Florete, v. 2379-2380 éd. Annie Combes et R. Trachsler, Paris, Champion, 2003, p. 144 : « Morgain, ta serour, te salue / si com t’amie et ta drue » ; The Jérusalem Continuations. The London-Turin version, v. 15195-15197, éd. Peter R. Grillo, Tuscaloosa, University of Alabama Press, 1994 (The Old French Crusade cycle, 8), p. 445. « Bele, cil Mahomet qui fait croistre la nue, / Tervagan et Jupin qui as nos fait ayue, / vous doinst, dame, boin jour, com m’amie et ma drue ! »

23 Chrétien de Troyes, Le Chevalier au Lion, v. 2487 et s., éd. David F. Hult, Paris, Livre de Poche, 1994.

24 Cf. Boèce, La Consolation de Philosophie, I, 1, 5 et I, 3, 7, éd. Claudio Moreschini, Paris, Livre de Poche, 2005, p. 46 et 54.

25 Alain de Lille, De Planctu naturae, éd. Nikolaus M. Häring, Studi medievali, 3e s., 19, 1978, p. 797-879, p. 817.

26 A. J. Creighton, A thirteenth-century French adaptation of the « Anticlaudianus » (op. cit. n. 3), p. 137 et s.

27 Alain de Lille, De Planctu naturae (éd. cit. n. 25), p. 861 ; trad. angl. The Plaint of Nature, trad. et comment. J. J. Sheridan, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1980.

28 Cf. Inventário dos códices iluminados até 1500, éd. Isabel Vilares Cepeda, Lisbonne, Biblioteca Nacional, 2001, vol. I, p. 177 (dans l’inventaire de l’abbaye le ms. est enregistré sous le no 87 : « Enc. com pastas de cartão revestidas a peles ».

29 Cf. G. Moldenhauer, « Nachweis älterer französischer Handschriften... » (art. cit. n. 5), p. 73 et s.

30 Cf. Judith Oliver, « Je pecherise renc graces a vos : Some French Devotional Texts in Beguine Psalters », Medieval codicology, iconography, literature and translation. Studies for K. Val Sinclair, éd. P. Rolfe Monks et D. D. R. Owen, Leyde, Brill, 1994, p. 248-62 (p. 253, n. 37).

31 Ms. Porto, Bibl. mun., 619, f. 65v.

32 Cf. Jean Préaux, « Les quatre vertus païennes et chrétiennes », Latomus, 101, 1969, p. 639-657.

33 Cf. Paul et Jacques Chiffoleau, Commerce avec dame pauvreté : structures et fonctions des couvents mendiants à Liège, Genève, Droz, 2004, où les auteurs montrent les rapports des maîtres rémois avec le diocèse de Liège.

34 Ms. Porto, Bibl. mun., 619, f. 70. Nous conservons les alinéas du manuscrit pour donner au lecteur une idée de sa mise en page ; cf. aussi fig. 1, p. 395.

35 Voir les actes du Congrès Alain de Lille, le docteur universel. Philosophie, théologie et littérature au xiie siècle. Actes du xie colloque de la Société internationale pour l’étude de la philosophie médiévale (Paris, 23-25 octobre 2003), éd. J.-L. Solère, A. Vasiliu et A. Galonnier, Turnhout, Brepols, 2005 (Rencontres de philosophie médiévale, 12).

36 Pour une orientation générale, voir Carlo Chiurco, Alano di Lilla. Dalla metafisica alla prassi, Milan, Vita e Pensiero, 2005 ; F. Rouillé, Alain de Lille, Anticlaudianus. Présentation générale, étude introductive, traduction et annotation, thèse de doctorat, Université de Paris IV – Sorbonne, 2000.

37 Mais d’origine bretonne, cf. Carla Rossi, « Autour d’Alain de Lille. Nouvelles propositions », Cahiers de civilisation médiévale, 52/4, 2009, p. 415-426.

38 Voir par ex. Andreas Luckner, « “Prudentia” und die Schulung des Menschen. Der Anticlaudianus des Alain de Lille », Philosophisches Jahrbuch, 111, 2004, p. 113-139 ; cf. Michel Lemoine, « Alain de Lille et l’École de Chartres », dans Alain de Lille, le docteur universel (op. cit, n. 35), p. 59-82.

39 Christel Meier, « Zum Problem der allegorischen Interpretation mittelalterlicher Dichtung. Über ein neues Buch zum Anticlaudianus des Alan von Lille », Beiträge zur Geschichte der deutschen Sprache und Literatur, 99, 1977, p. 250-296 ; Ead., « Die Rezeption des Anticlaudianus Alans von Lille in Textkommentierung und Illustration », dans Text und Bild. Aspekte des Zusammenwirkens zweier Künste in Mittelalter und früher Neuzeit, éd. C. Meier et U. Ruberg, Wiesbaden, L. Reichert, 1980, p. 408-549 ; Ead., « Ecce auctor. Beiträge zur Ikonographie literarischer Urheberschaft im Mittelalter », Frühmittelalterliche Studien, 34, 2000, p. 338-391.

40 Cf. Andreas Speer, « Kosmisches Prinzip und Mass menschlichen Handelns. Natur bei Alanus ab insulis », dans Mensch und Natur im Mittelalter, éd. A. Zimmermann et A. Speer, New York/Berlin, De Gruyter, 1993, p. 107-128.

41 Cf. C. Chiurco, Alano di Lilla (op. cit. n. 36), p. 155-336.

42 Cf. Françoise Hudry, « Le Liber viginti quattuor philosophorum et la génération de Dieu », dans Hermetism from Late Antiquity to Humanism, éd. P. Lucentini et al., Turnhout, Brepols, 2003, p. 81-97 ; Liber Viginti quattuor philosophorum, éd. F. Hudry, Turnhout, Brepols, 1997.

43 Bernard Silvestre, Cosmographie, éd. M. Lemoine, Paris, Cerf, 1998 (Sagesses chrétiennes).

44 Anticlaudianus sive de Antirufino.

45 Claudius Claudianus, In Rufinum, éd. Antonella Prenner, Napoli, Loffredo, 2007 ; Harry L. Levy, Claudian’s « In Rufinum » : an exegetical commentary, Cleveland, Case Western Reserve University, 1971.

46 Dans la parodie d’Alain, derrière la Furie Alecto se cache Aliénor d’Aquitaine elle-même, tout comme les autres personnages historiques et mythologiques mentionnés dans ce passage (Alain de Lille, Anticlaudianus, i, v. 152-213, éd. Robert Bossuat, Paris, Vrin, 1955 ; c’est à cette édition que renvoient nos citations) cachent des allusions très méchantes concernant d’autres membres de la dynastie des Plantagenêts ; cf. Chesley M. Hutchings, « L’Anticlaudianus d’Alain de Lille : étude de chronologie », Romania, 50, 1924, p. 8-12.

47 D’une manière analogue, l’Amant du Roman de la Rose contemple la fleur dans un miroir.

48 La description du palais de Fortune sera empruntée par Jean de Meun.

49 R. Bossuat, « Introduction » à Alain de Lille, Anticlaudianus (éd. cit. n. 46), p. 43-46.

50 Daniel Poirion, « Alain de Lille et Jean de Meun », dans Alain de Lille, Gautier de Châtillon, Jakemart Giélée et leur temps [actes du colloque de Lille, octobre 1978], éd. H. Roussel et F. Suard, Lille, Presses universitaires de Lille, 1980, p. 135-151.

51 Voir à ce propos les observations de R. Bossuat (loc. cit. n. 49), p. 43-44.

52 M.-R. Jung, Études sur le poème allégorique en France au moyen âge, Berne, Francke, 1971, p. 90.

53 Cf. Raoul de Longchamp, In Anticlaudiani Alani commentum, éd. Jan Sulowski, Wrocław/Varsovie/Cracovie/Gdansk, Polska Akademia Nauk, 1972, p. 243 ; Darko Senekovic, « Der Anticlaudianus-Kommentar des Radulphus de Longo Campo », dans Sinnvermittlung. Studien zur Geschichte von Exegese und Hermeneutik, éd. P. Michel et H. Weder, Zurich, Pano, 2000, p. 475-496.

54 Cf. Palémon Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, 2 vol., Paris, Vrin, 1965-1966, t. I, p. 24.

55 Guy Bourquin, « Piers Plowman » : Études sur la genèse littéraire des trois versions, Paris, Champion, 1978, p. 765.

56 Comme l’écrit F. Rouillé, « Ellebaut lecteur d’Alain de Lille… » (art. cit. n. 2), p. 4 : « le Christ […] apparaît en bonne place avec sa mère dans le ciel empyrée, à la fin du livre v de l’épopée, où Alain présente le couple divin sous l’angle exclusif de l’Incarnation ».

57 Sur ce problème, cf. Gillian R. Evans, Alain of Lille : the frontiers of Theology in the later Twelfth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 1983, p. 150 et s.; James Simpson, Sciences and the Self in Medieval Poetry : Alain of Lille’s « Anticlaudianus » and John Gower’s « Confessio Amantis », Cambridge, Alastair Minnis, 1995, p. 231-36.

58 F. Rouillé, « Ellebaut lecteur d’Alain de Lille… » (art. cit. n. 2), p. 9-10.

59 Ms. quarce.

60 Ms. sorist.

61 Ms. Porto, Bibl. mun., 619, f. 60.

62 « Ellebaus rent ceste œvre par ce / Que li cueurs ne li creve ou parte ».

63 Dans l’épilogue de sa traduction de l’Espurgatoire Seint Patriz, v. 2297-2300, Marie (de France) écrit : « Jo(e), Marie, ai mis en mémoire / le livre de l’Espurgatoire / en romanz, k’il seit entendables / a laie genz e convenables ».

64 Li Livres de Confort de Philosophie, éd. Venceslas L. Dedeck-Héry dans « Boethius’s De Consolatione by Jean de Meun », Mediaeval Studies, 14, 1952, p. 165.

65 Ibid., p. 170.

66 A : bons eurés

67 Voir « quinçon », « pinson » (cf. Adolf Tobler et Erhard F. Lommatzsch, Altfranzösisches Wörterbuch, Berlin/Stuttgart, Weidmann/F. Steiner, 1915-…, s.v. « pinçon, pinçonet »).

68 Perrine Galand-Hallyn, Le Reflet des fleurs : description et métalangage poétique d’Homère à la Renaissance, Genève, Droz, 1994, p. 419-481.

69 Ibid., p. 462.

70 Alain de Lille, Anticlaudianus, i, v. 122-125 (éd. cit. n. 46).

71 Que l’on pense au portrait de Pallas-Livor que dresse Ovide dans le livre vi des Métamorphoses.

72 R. Bossuat, « Compte rendu “Creighton, A thirteenth-century French adaptation of the Anticlaudianus”, Bibliothèque de l’École des chartes, 107, 1947-1948, p. 124-126, ici p. 125.

73 Ludwig Schmugge, « Ministerialität und Bürgertum in Reims. Untersuchungen zur Geschichte der Stadt im 12. und 13. Jahrhundert », Francia, 2, 1974, p. 152-212 (p. 196).

74 Archives administratives de la ville de Reims. Collection de pièces inédites, éd. Pierre Varin, Paris, Crapelet, 1839, t. I, vol. 2, p. 914 et s.

75 Présent à Bologne entre 1265 et 1266, Symon Matifardi ou Matifas de Soissons, enseigne le droit civil à Orléans avant 1270. Entre 1290 et 1304, date de sa mort, il est évêque de Paris. Cf. P. Glorieux, Aux origines... (op. cit. n. 54), t. II, p. 10-13 ; Mario Maragi, Moneta e credito a Bologna nell’Antichità e nel Medioevo, Bologne, Banca Cooperativa di Bologna, 1981, p. 7 ; Giovanna Murano, Copisti a Bologna, Turnhout, Brepols, 2006, p. 131, n. 464.

76 Il fut chanoine de Notre-Dame de Paris et magister Universitatis Parisiensis (cf. Nathalie Gorochov, « L’Université recrute-t-elle dans la ville ? Le cas de Paris au xiiie siècle », dans Les Universités et la ville au moyen âge : cohabitation et tension, éd. P. Gilli et al., Leyde, Brill, 2007, p. 264). Thibaud, seigneur de Marly, le choisit comme exécuteur de son Testament l’an 1286. Il acquit le 5 mai 1273 de nombreux biens situés à Ballainvilliers, qu’il laissa au chapitre de Paris : cf. Jean Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Paris, Parault, 1757, p. 289 ; Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, vol. 40, 1913, p. 354. En 1277, avec Gervais de Clinchamp, il fut chargé par Simon Brion d’enquêter sur les clercs séculiers de Compiègne. Cf. Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Corneille de Compiègne : 1261-1383, éd. Émile Morel et Louis Carolus-Barré, Montdidier, J. Bellin, 1904, p. 133.

77 Cartulaire de Saint-Thierry, f. 328v.

78 J’emprunte cette expression à Douglas Kelly, Internal difference and meanings in the Roman de la Rose, Madison, University of Wisconsin Press, 1995, p. 40.

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Titre Fig. 1. — Ms. Porto, Bibl. mun., 619, f. 60. (Cliché Biblioteca Publica Municipal do Porto.)
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Pour citer cet article

Référence papier

Luciano Rossi, « Les sept vies de l’Anticlaudianus. Pour une nouvelle édition de la récriture d’Ellebaut »Cahiers de civilisation médiévale, 216 | 2011, 377-395.

Référence électronique

Luciano Rossi, « Les sept vies de l’Anticlaudianus. Pour une nouvelle édition de la récriture d’Ellebaut »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 216 | 2011, mis en ligne le 01 juillet 2024, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/17912 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/128rn

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Luciano Rossi

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