Navigation – Plan du site

AccueilNuméros243Confirmer des droits, gérer les b...

Confirmer des droits, gérer les biens, consigner la mémoire du monastère : l’écrit des moines de Saint-Florent à la fin du xie siècle

The Confirmation of Rights, the Management of Property and the Recording of the Monastery's Reputation: Monastic Writing at Saint-Florent at the end of the Eleventh Century
Soline Kumaoka
p. 229-268

Résumés

La seconde moitié du xie siècle est caractérisée par la diversité des écrits documentaires. La confrontation de quatre fragments narratifs de la Chronique de La Chaize-le-Vicomte, dus à des moines de Saint-Florent de Saumur témoins oculaires de la fondation du prieuré de La Chaize (Vendée), avec les nombreux actes concernant ce prieuré conservés dans l’immense fonds d’archives de cette abbaye et avec les actes de deux prieurés de Marmoutier, Sonzay et Fougères, permet de mettre en lumière, à travers les conflits précédant la fondation entre les candidats de propriétaire du prieuré, le développement des actes narratifs, appelés « notices narratives » ou « notices argumentaires », ainsi que d’esquisser une typologie de leur diversité en examinant les actes de Saint-Florent des premiers jours du nouveau prieuré : acte de transaction avec des croix autographes ou avec une indication sur la tradition par des objets symboliques, « acte continué »,  « acte refait », « acte factice », « acte d’autorité préparé par les intéressés ».

Haut de page

Texte intégral

  • 1 Pratiques de l’écrit documentaire au xie siècle, O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse (éd.), P (...)
  • 2 Concernant la perspective générale des actes du xie siècle, citons entre autres travaux : Olivier G (...)
  • 3 Saint-Hilaire-Saint-Florent, aujourd’hui comm. Saumur (c. Saumur-Nord, arr. Saumur, Maine-et-Loire)
  • 4 Élisabeth Carpentier et Georges Pon, « Chronique de Saint-Nicolas de La Chaize-le-Vicomte », Revue (...)
  • 5 La Chaize-le-Vicomte (c. La Roche-sur-Yon 2, arr. La Roche-sur-Yon, Vendée).

1Depuis le début du xie siècle, notamment au sud de la Loire, la forme de l’écrit documentaire attestant les transactions des abbayes et des collégiales connaît un grand épanouissement. Sa diversité, qui perdure jusqu’au début du siècle suivant, a été bien mise en valeur lors d’un colloque tenu en avril 19961, et les recherches ultérieures révèlent plusieurs particularités dignes d’intérêt : acte préparé par le bénéficiaire, acte complété, acte refait, acte continué, pré-cartulaire, acte rédigé dans un style purement narratif, acte chargé de divers rôles sociaux ou à usage interne2. Pour tenter de déterminer quels étaient l’enjeu, le rôle social, l’objectif et la valeur de ces actes du point de vue de leurs auteurs, l’une des démarches consiste à rassembler une série des documents autour d’un contexte historique, si possible en prenant connaissance du témoignage des religieux, témoins oculaires des événements. Dans ce cadre, l’abbaye Saint-Florent de Saumur3 offre quatre textes fragmentaires de caractère narratif fort probablement dus à la main de témoins oculaires4, qui rapportent le déroulement des événements de 1088 à 1090 et la mise en archives des actes relatifs à la fondation du prieuré vendéen de La Chaize-le-Vicomte5. Par ailleurs, les actes postérieurs à 1050 conservés dans le fonds de Saint-Florent sont extraordinairement abondants, ce qui permet de rassembler les actes juridiques qui concernent l’affaire de ce prieuré durant cette période. L’objectif de ce travail consiste à examiner ces documents d’archives à la lumière du texte narratif, à savoir ces quatre fragments.

  • 6 Un monastère fut fondé autour du tombeau du saint ermite Florent au Montglonne (aujourd’hui Saint-F (...)

2À la fin du xie siècle, l’abbaye de Saint-Florent près de Saumur disposait d’un riche fonds de documents écrits ; il s’y trouvait de nombreuses attestations juridiques, ainsi que des textes narratifs : vies de saints, gestes des abbés et plusieurs écrits historiographiques relatifs à la communauté. Peut-être les moines de ce monastère se sont-ils sentis oppressés à la fois par les mutations du pouvoir politique auxquelles ils avaient été confrontés et par les nombreux déplacements auxquels ils avaient été contraints entre le milieu du ixe siècle et 1070, date à laquelle ils trouvèrent enfin la stabilité6. Durant cette période et au-delà, ils ont veillé constamment à sauvegarder par l’écrit la mémoire collective de leur patrimoine temporel et spirituel. La Chronique de Saint-Nicolas de La Chaize-le-Vicomte, prieuré dépendant de Saint-Florent, peut être rattachée à cette tradition historiographique de l’abbaye.

Quatre fragments du début de la Chronique de Saint-Nicolas de La Chaize-le-Vicomte

  • 7 L’état de la transmission de la Chronique est peu satisfaisant, voir Introduction de : É. Carpentie (...)
  • 8 Ibid., p. 350.
  • 9 Ibid., p. 378 : notice consacrée à la pose de la première pierre de l’église Saint-Nicolas (juillet (...)
  • 10 Voir pour le « fragment 1 » : É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 364-366, le « fragment 2 (...)
  • 11 Dans le « fragment 3 », le texte affirme qu’en cette année, le deuxième dimanche du Septuagésime pr (...)
  • 12 Ce scribe Drogon, est qualifié d’armarius, bibliothécaire. C’est dire que le métier d’un armarius n (...)
  • 13 On comprend tout de même la logique du chroniqueur qui l’a conduit vers cette solution. Concernant (...)

3Cette Chronique7est un texte narratif qui relate de façon détaillée la fondation, dans les années 1090, du prieuré vendéen de La Chaize-le-Vicomte et les hauts faits de ses fondateurs, les vicomtes de Thouars. Son auteur, un moine de Saint-Florent, écrit dans les premières années du xiie siècle8 et rapporte les faits qui se sont déroulés dans l’ordre chronologique à partir de 10919. En revanche, la partie concernant les événements des années antérieures (1088-1090) est visiblement composée des débris de quatre textes indépendants et fragmentaires10, sans début ni fin. Comme ces textes ne contiennent pas d’indications d’année, ils n’ont pas été transcrits par ordre chronologique. Il est tout de même frappant de constater avec quelle minutie chaque fragment rapporte les noms de personnes – moines et laïcs – les noms de lieux ainsi que les dates se référant au calendrier liturgique. Fort probablement, ces fragments sont dus à des témoins oculaires et ce qu’ils rapportent a une valeur considérable. Il nous faut d’abord les lire sans la moindre correction de notre part. Ensuite, nous devons examiner indépendamment chaque élément. Dans le cas de ces quatre fragments, cette lecture préliminaire s’est révélée très féconde. Il suffit de suivre les éléments chronologiques tels qu’ils sont présentés, et nous pouvons connaître le déroulement de la fondation du prieuré de La Chaize telle que la rapportent ces textes11. D’abord, les « fragments 1, 4 et 3 » rapportent la lutte des moines de Saint-Florent contre ceux de Marmoutier (novembre 1088-mars 1089) ; ensuite le « fragment 2 » décrit le travail laborieux d’un moine armarius12, nommé Drogon, pour établir l’acte de donation du vicomte et obtenir la confirmation épiscopale (décembre 1089-janvier 1090) (fig. 1)13.

Fig. 1 – Les quatre fragments qui composent le début de La Chronique de Saint-Nicolas de La Chaize.

Fig. 1 – Les quatre fragments qui composent le début de La Chronique de Saint-Nicolas de La Chaize.

Cl. S. Kumaoka.

  • 14 Pour la période de la fondation du prieuré de La Chaize-le-Vicomte, le riche fonds de Saint-Florent (...)

4Par ailleurs, la richesse des fonds de Saint-Florent et de Marmoutier permet de confronter les événements rapportés par ces textes narratifs aux documents d’archives jadis conservés dans le chartrier de ces abbayes14, dont l’extrême variété de forme, de teneur et d’allure constitue un phénomène presque unique à la fin du xie siècle dans les pays de la Loire. Nous allons d’abord confronter le contenu des trois fragments plein de vivacité concernant la querelle entre ces deux monastères avec les documents proprement narratifs des archives, puis nous passerons à l’examen des procédures d’établissement des écrits d’après un autre fragment et de cinq actes tirés du fonds de Saint-Florent.

La querelle entre Saint-Florent et Marmoutier

La teneur des « fragments 1, 4 et 3 »

5Dans ces fragments, les moines de Saint-Florent relatent globalement les événements suivants :

  • 15 Aimeri IV, vicomte de Thouars, 1055-21 décembre 1093.
  • 16 Martin, moine de Marmoutier et prieur de Chemillé, actif exclusivement dans les années 1080. Nous d (...)
  • 17 Bernard, abbé de Marmoutier avant 1083, 20 mai-7 avril 1100 (C. Lamy).
  • 18 Guillaume de Dol, abbé de Saint-Florent, 1070-1118, voir G. T. Beech (op. cit. n. 6), p. 21-25 et l (...)
  • 19 Le « fragment 1 », É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 364-366.
  • 20 Le « fragment 4 », ibid., p. 378.

« Les moines de Saint-Florent ont cru recevoir du vicomte de Thouars, Aimeri15, l’église Saint-Jean l’Évangéliste de La Chaize et la terre pour y fonder un prieuré. Or, un jour du mois de novembre (en 1088), arrivent Martin, prieur de Chemillé16, et trois moines de Marmoutier pour porter plainte contre cette donation du vicomte, considérée par eux comme injuste (calumnia). Ils invoquent une donation antérieure du vicomte, faite “avec un couteau (cum quodam cultello)” en faveur des moines de Marmoutier au cours d’un voyage en Angleterre trois ans auparavant. Le vicomte ordonne des enquêtes, fixe un rendez-vous dans la deuxième semaine de l’Avent et dépêche à Tours un messager auprès de l’abbé de Marmoutier Bernard17. L’abbé de Saint-Florent Guillaume, de son côté, organise son enquête et envoie deux moines à Marmoutier, Samuel, prieur, et Judicaël, prévôt18. La brouille se prolonge au-delà de la fête de Noël19. Quelques jours avant la Saint-Jean[-l’Évangéliste] (dies Natalis Johannis, le 27 décembre), le vicomte Aimeri avait envoyé à Tours Raoul, un moine de Luçon, médecin et proche ami des moines de Saint-Florent. Au jour de la Saint-Jean, ce dernier rencontre en chemin l’abbé de Marmoutier, Bernard, qui était en voyage. Le lendemain, Raoul arrive à Tours et discute vainement avec les moines de Saint-Martin, qui se contentent de reprendre la formule : “le vicomte Aimeri a donné La Chaize à Marmoutier avec un couteau au cours de son voyage en Angleterre” »20.

  • 21 Il existe un texte très curieux de Saint-Florent inséré dans le cartulaire dit Livre blanc (premièr (...)

6On ne voit pas bien comment et quand le vicomte Aimeri a été amené à offrir l’église Saint-Jean l’Évangéliste de La Chaize à Saint-Florent. Deux faits cependant sont évidents : les moines de Saint-Florent sont sûrs de leur droit sur l’église vendéenne ; toutefois, avant novembre 1088, ils ne peuvent s’appuyer ni sur l’attestation écrite ni sur le témoignage des participants du rite de tradition21. Les moines de Marmoutier, de leur côté, se fondent sur un rite de tradition « par le couteau » qui aurait eu lieu au cours d’un voyage avec le vicomte trois ans auparavant, mais dont le vicomte n’a pas gardé le souvenir, ce qui pour les moines de Saint-Florent en révèle la nullité. En somme, ni les Saumurois ni les Tourangeaux n’ont quoi que ce soit pour attester leur bon droit.

  • 22 Le « fragment 3 », É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 374-376. L’accusation du moine Samu (...)

7Le premier dimanche de la Septuagésime (le 28 janvier 1089), un moine de Saint-Florent arrive à Marmoutier, mais la négociation reste sans effet. Le deuxième dimanche de la Septuagésime (le 4 février 1089), les moines de Saint-Florent se réunissent en chapitre et décident de porter l’affaire à la connaissance du vicomte Aimeri. Le dernier jour de l’octave de la Chandeleur (octavum diem Purificationis) (le 9 février 1089), l’abbé Guillaume s’entretient à Tiffauges avec le vicomte pour résoudre le problème de La Chaize. Aimeri propose une assemblée judiciaire pour mettre fin au différend. La troisième semaine du Carême, un jeudi (le 8 mars 1089), l’affaire est portée devant Geoffroy, évêque d’Angers, qui se trouve à Tours. Samuel, le prieur de Saint-Florent et son homologue de Marmoutier, Bernard Ponciard assistent à l’entrevue. Ce dernier proclame le droit de Marmoutier sur La Chaize, tandis que le frère Samuel accuse les moines de Marmoutier d’avoir enlevé pour de l’argent certaines possessions données à son monastère22

8Le récit s’arrête brutalement avec les événements de mars 1089 et la suite du conflit reste inconnue. Or il existe une notice sans date conservée à la fois à Marmoutier et à Saint-Florent qui fournit des informations sur la fin de la querelle.

L’acte qui atteste la fin de la querelle

  • 23 Sonzay (c. Château-Renault, arr. Tours, Indre-et-Loire).
  • 24 Antrain (ch.-l. c., arr. Fougères-Vitré, Ille-et-Vilaine).
  • 25 Fougères (ch.-l. c., arr. Fougères-Vitré, Ille-et-Vilaine).

9Un jour, l’abbé de Saint-Florent Guillaume, accompagné de trois moines, se rend à Marmoutier pour résoudre à l’amiable la question avec l’abbé Bernard. Un accord est trouvé : l’abbé de Marmoutier se retire de La Chaize et, en contrepartie, l’abbé de Saint-Florent se retire des églises de Sonzay23, d’Antrain24et de Fougères25.

  • 26 Rennes, Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 6H 36, n° 2, (pièces justificatives 1, en annexe) ; P. Marchega (...)
  • 27 Livre noir, f. 139-139v. Dans ce cartulaire, une première main transcrit les actes jusqu’aux alento (...)
  • 28 Le problème d’Antrain n’est connu que par les documents transcrits. Vers 1060, les moines de Saint- (...)

10Cette notice a été conservée jusqu’à la Révolution à l’abbaye de Marmoutier (fig. 2)26. Mise à part la croix en interligne sur le nom de l’abbé de Marmoutier, il n’existe aucun signe de validation. Mais sa « sincérité », c’est-à-dire la conformité des décisions des deux parties prenantes, est confortée par le fait qu’elle a été transcrite dans le Livre noir, le premier cartulaire de Saint-Florent27. La date de cet accord se situe, suivant les fragments, après l’assemblée de Tours en mars 1089 dans laquelle les moines des deux communautés s’affrontaient encore vivement, et avant décembre 1089 où, comme nous le verrons (le « fragment 2 »), les moines de Saint-Florent se précipitent vers le château de La Chaize pour établir l’acte de donation du vicomte Aimeri. Certes, le différend à propos de La Chaize n’est qu’un des litiges opposant ces deux monastères. Les affaires de Sonzay et de Fougères sont connues par des notices narratives ou argumentaires, rédigées, l’une par les moines saumurois, l’autre par les Tourangeaux28. Examinons ces deux documents qui se sont révélés très féconds pour suivre le déroulement des faits et surtout pour saisir la façon dont les moines confectionnent leurs supports de mémoire.

Fig. 2 – Notice de convention entre Saint-Florent et Marmoutier.

Fig. 2 – Notice de convention entre Saint-Florent et Marmoutier.

© Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 6H 36, n° 2, « Charte Artem/CMJS n°4514 ».

Fig. 3 – Notice de Saint-Florent concernant l’église de Sonzay.

Fig. 3 – Notice de Saint-Florent concernant l’église de Sonzay.

© Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3682, n° 3.

Autres conflits : Sonzay et Fougères

  • 29 Saint-Christophe[-sur-le-Nais] (c. Château-Renault, arr. Tours, Indre-et-Loire). Acte de donation d (...)
  • 30 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3682, n° 2 ; Augustin, « De vera religione », dans : Eligius D (...)
  • 31 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3682, n° 3 (pièces justificatives 2, en annexe) ; Michèle Cour (...)

11Avant 1068, les moines de Saint-Florent avaient commencé à prendre possession de l’église Saint-Christophe en Touraine, avec l’assentiment du seigneur de ce lieu, Hugues29. Ils avaient obtenu l’approbation de l’archevêque de Tours moyennant cent sous et le don du De religione de saint Augustin30. Par la suite, un moine de Saint-Florent, envoyé au prieuré, explique dans un texte d’allure narrative, écrit sur un parchemin irrégulièrement découpé (fig. 3)31, comment les biens ont échappé aux mains des moines de Saint-Florent.

  • 32 Voici en résumé ce que cette notice rapporte. Hugues de Saint-Christophe a donné à Saint-Florent to (...)

12L’acte s’ouvre par un signe graphique monumental, peut-être un chrisme. S’adressant à tous, l’auteur, un moine de Saint-Florent, résidant au prieuré de Saint-Christophe, rapporte tout ce qui s’est passé dans les années 1070 concernant le domaine de Sonzay, dont Saint-Florent ne parvient pas à conserver la possession32. Nous sommes donc face à un écrit intra claustra destiné, au moins dans un premier temps, aux frères de son monastère, dans le but de laisser une trace écrite des efforts laborieux accomplis pour maintenir leurs droits. C’est donc un support de mémoire, un écrit « mémorandum », pour ainsi dire.

  • 33 Ces documents ont été étudiés par Florian Mazel, « Seigneurs, moines et chanoines : pouvoir local e (...)
  • 34 Les moines de Marmoutier reçoivent d’abord l’église Saint-Sauveur-des-Landes puis un lieu nommé Lum (...)
  • 35 L’acte de donation de Raoul, seigneur de Fougères, s. d. [1064-1076] : Arthur Le Moyne de La Border (...)
  • 36 Les dons au prieuré de Saint-Sauveur-des-Landes : édition par dom P. H. Morice (op. cit. n. 28), co (...)
  • 37 Tremblay (c. Antrain, arr. Fougères-Vitré, Ille-et-Vilaine) ; prieuré de Saint-Florent fondé en 105 (...)
  • 38 Rennes, Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 6 H 16, n° 10 – je remercie M. Cyprien Henry de m’en avoir comm (...)

13Quant à Fougères, les problèmes entre les Tourangeaux et les seigneurs de ce lieu sont mieux connus grâce aux écrits des moines de Marmoutier33. Ces derniers avaient commencé à s’implanter dans la région de Fougères dans les années trente et quarante du xie siècle34. Après avoir pris possession de l’église de la Trinité près du château de Fougères vers 107035, ils avaient poursuivi leur expansion aux alentours36, entre autres autour de l’église castrale, Notre-Dame du Château de Fougères, desservie alors par des chanoines. Les moines saumurois, de leur côté, s’intéressaient à cette église depuis leur prieuré de Tremblay37, situé à 20 km de Fougères. Le conflit entre ces deux monastères a commencé ainsi. Cette fois, ce sont les moines de Marmoutier qui expliquent l’affaire (fig. 4)38 :

« Main II, seigneur de Fougères, avant de mourir (vers 1064), avait prévu la concession de l’église Notre-Dame en faveur des moines de Marmoutier. Or après sa mort, son fils Raoul a décidé de la donner aux moines de Saint-Florent. « Nous avons eu alors recours aux grands moyens : moyennant 225 livres que nous avons versées dans les mains du seigneur Raoul, nous avons obtenu l’église Notre-Dame de Fougères… »

14Quel était le sentiment des moines de Saint-Florent ? Le « fragment 3 » permet de connaître leur réaction :

  • 39 É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 376 : « Ac vero domnus Samuel quod […] aliqua quæ eis (...)

« Le 8 mars 1089, dans une assemblée tenue à Tours sous la présidence de l’évêque d’Angers Geoffroy, frère Samuel, moine de Saint-Florent, accuse les moines de Marmoutier d’avoir enlevé pour de l’argent certaines possessions données à son monastère »39.

Fig. 4 – Notice scellée de Marmoutier sur l’église Notre-Dame-du-Château de Fougères.

Fig. 4 – Notice scellée de Marmoutier sur l’église Notre-Dame-du-Château de Fougères.

© Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 6 H 16, n° 10.

  • 40 Voici ce que relatent les moines de Marmoutier par la suite : après l’obtention de l’église Notre-D (...)
  • 41 Jusqu’à la ligne 27, les noms de témoins sont présentés en deux colonnes ; la perturbation commence (...)
  • 42 Girard, évêque d’Angoulême 1101/1102-1136, légat pontifical 1107-1130, archevêque de Bordeaux 1131- (...)
  • 43 Marbode, chanoine angevin et éminent lettré, auteur de vitae, est nommé par Urbain II évêque de Ren (...)
  • 44 À l’exception d’Hervé de Chapelle, chanoine de Rennes et de Rainald, moine de Saint-Florent au prie (...)

15Cet acte de Marmoutier mérite d’être examiné de près40. Il est rédigé par une main unique et se termine par les noms des témoins de la convention finale établie lors du jugement en 1107, présentés en deux colonnes (mis à part les deux dernières lignes)41 et suivi d’un sceau dont on voit la trace. Tout porte à croire à un procès-verbal du jugement de 1107, tenu par le légat pontifical Girard d’Angoulême42 en présence de Marbode, évêque de Rennes43, et authentifié par un sceau. Or, dans l’ensemble du texte qui s’étend sur 23 lignes, la partie qui concerne le jugement n’en occupe que cinq. Le reste, qui couvre 18 lignes, rapporte tous les détails du conflit depuis les années 1060, contre les moines de Saint-Florent au départ, puis contre le seigneur et le clergé de Fougères. Il s’agit là, comme avec Sonzay, d’un écrit « mémorandum » rédigé à partir de notes de gestion remontant aux années 1060. De même, la partie concernant le jugement de 1107 est un procès-verbal de l’ultime assemblée qui exprime le point de vue des moines de Marmoutier, à la première personne du pluriel, confirmé à la fin par l’épouse du seigneur de Fougères, quatre barons et un chapelain de Raoul. Par ailleurs, dans la formule de validation, les témoins présentés en deux colonnes sont l’évêque Marbode et les membres de son chapitre à la première colonne, huit moines de Marmoutier avec deux autres noms à la seconde44.

  • 45 Quant à l’effet réel de cet acte, les événements qui suivent affirment sa fragilité, car, quelques (...)

16Il s’agit donc d’un acte préparé entièrement par les moines à partir d’un récit rétrospectif (ca. 1060-1107) et d’un rapport de l’assemblée rédigé par l’un d’entre eux (fin 1107), renforcé par la liste des témoins composée de leurs partisans et par un sceau, probablement celui de l’évêque Marbode. Or, le scellage sert, en principe, à authentifier l’ensemble de l’acte. Ainsi revêtue d’un sceau, la narration des moines est-elle rendue authentique d’un point de vue juridique45.

Pour conclure la première partie : les notices narratives

  • 46 Concernant la perspective générale des actes du xie siècle, voir supra n. 1 et 2.
  • 47 Les actes privés dans les limites de l’ancienne Gaule sont d’abord mis en lumière par Alain de Boüa (...)
  • 48 R.-H. Bautier, ibid., p. 713-772, réimpr. p. 281-340.
  • 49 Dominique Barthélemy, La société dans le comté de Vendôme de l’an Mil au xive siècle, Paris, Fayard (...)

17Il résulte de l’examen des notices relatant les conflits entre Saint-Florent et Marmoutier pour la possession de La Chaize-le-Vicomte, de Sonzay et Fougères qu’elles ont toutes été rédigées par les établissements qui se considéraient comme acquéreurs. Certes, en cette fin du xie siècle, la rédaction des actes est l’affaire des établissements bénéficiaires46 : nous ne sommes plus à l’époque où les deux parties faisaient davantage appel à un tiers pour rédiger l’acte et y apposer son seing manuel47 ; nous ne sommes pas encore, du moins dans ces régions, à la période où la fonction médiatrice sera assurée par le notariat, la juridiction gracieuse ou les officialités48. Cette prise de plume ou de stylet par les religieux bénéficiaires, commençant vers l’an Mil, est une des causes du développement spectaculaire des éléments narratifs incorporés dans les attestations écrites. Ces documents spécifiques du xie siècle sont appelés aujourd’hui « notices narratives », « notices circonstanciées », « notices argumentaires » ou « notice “mémorandum” »49. Lorsque les religieux bénéficiaires commencent à accaparer la compétence rédactionnelle, ils ne se contentent plus de recopier les formulaires anciens, mais ils commencent à rédiger peu à peu ce dont ils veulent conserver la mémoire par l’écrit.

18C’est ce qui ressort de l’examen des cas de Sonzay, de Notre-Dame du Château de Fougère et fort probablement des fragments introduits dans la Chronique de La Chaize. Tous les documents que nous venons de voir ont en commun la volonté des auteurs de mettre par écrit l’intégralité des épisodes d’un conflit, et les efforts qu’ils ont fait pour défendre des droits. La nécessité de l’écrit s’impose encore lors d’une transaction épineuse, pour les biens qui échappent des mains des moines ou qui sont devenus objets de litige, comme on l’a vu pour Sonzay. Il faut retenir que ces textes s’adressent, au moins dans un premier temps, à la communauté, du moins intra claustra, et exposent donc un point de vue partiel qui devrait inciter les historiens à la prudence. En définitive, ce genre d’écrit ne peut pas être traité au même niveau que l’acte établi publiquement avec approbation de deux parties et authentifié par un signe de validation d’autorité.

19Ce qui complique le problème, c’est que les moines ont le génie de combiner deux genres d’écrits. C’est le cas de la « notice scellée » de Marmoutier concernant la possession de l’église Notre-Dame de Fougères. Les moines tourangeaux, de leur côté, rédigent un rapport concernant cette église avec les événements, les épisodes conflictuels enfin un compte rendu de la convention qui leur donne gain de cause. Le parchemin qui comporte ce texte est scellé par un sceau, probablement celui d’un évêque. La notice narrative peut-elle être authentifiée par ce scellage ? D’un point de vue juridique, on doit l’admettre ; mais au vu de l’analyse critique des textes, la réserve semble s’imposer.

20Par ailleurs, cette prise de pouvoir rédactionnel par le bénéficiaire de la transaction s’ouvre sur une particularité dans le paysage documentaire de la fin du xie siècle. Les scribes commencent à enchaîner l’attestation juridique qui achève la transaction avec les écrits concernant la gestion des biens cédés, et, par conséquent, ces deux actions distinctes peuvent se manifester par un seul parchemin. À cet égard, on attachera, dans la seconde partie de cette étude consacrée aux documents du prieuré de La Chaize-le-Vicomte, une importance particulière au « fragment 2 » de la Chronique, négligé jusqu’ici.

Le travail des moines de Saint-Florent pour le prieuré de La Chaize

  • 50 L’intérêt de ce texte dans le domaine de la diplomatique a été souligné par M. Laurent Morelle en m (...)
  • 51 George. T. Beech, « Biography and the Study of 11th Century Society, Bishop Peter II of Poitiers 10 (...)

21En 1089, entre mars et décembre, nous l’avons vu, les moines de Saint-Florent et de Marmoutier ont conclu un pacte concernant leur projet d’expansion territoriale. Saint-Florent se retire des prieurés de Sonzay, de Fougères et d’Antrain, mais obtient totalement celui de La Chaize, concédé par Aimeri, vicomte de Thouars. Les moines saumurois s’empressent alors de consolider la possession de leur prieuré vendéen de La Chaize par la production documentaire. Le « fragment 2 » relate une curieuse procédure pour la genèse d’un acte de donation du vicomte Aimeri en décembre 1089. S’il était possible de retrouver l’acte du vicomte, ce serait un cas rare et précieux : un acte de donation conservé dont la procédure d’établissement est rapportée par un texte narratif50. Cet acte existe bien, mais en quatre exemplaires, conservés aux Archives départementales de Maine-et-Loire, qui commencent par le texte de la donation initiale du vicomte Aimeri, et qui se distinguent les uns des autres par des variantes additionnelles. En outre, toujours selon ce fragment, les moines cherchent à obtenir l’approbation épiscopale pour l’église de La Chaize, ce qui est obligatoire depuis la réforme de l’Église. On assiste donc aux efforts de Drogon, armarius de Saint-Florent, pour contacter l’évêque de Poitiers, Pierre II, grand partisan de la réforme51, mais il n’y arrive pas jusqu’à la fin de ce texte. Dans le fonds de Saint-Florent, cet acte épiscopal a bien été transmis, mais par deux documents portant des dates différentes. Nous allons parcourir ces documents en partant du témoignage du « fragment 2 » pour tenter de comprendre l’évolution documentaire en usage dans le chartrier monastique à la fin du xie siècle.

La première rédaction de l’acte d’Aimeri de Thouars : la tradition par les objets symboliques et les croix autographes (document 1-1)

22En résumé, l’auteur du « fragment 2 » rapporte ce qui suit.

  • 52 Le « fragment 2 », É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 368.

« La veille de la Sainte-Lucie (le 12 décembre 1089), l’abbé de Saint-Florent Guillaume et cinq moines52, après une longue route, au coucher du soleil, arrivent à La Chaize auprès du vicomte Aimeri. Ce dernier fait donation de l’église Saint-Jean l’Évangéliste de La Chaize avec les biens dépendants, et la tradition de ce bienfait s’opère sur place au moyen d’un livre de saint Augustin et d’un couteau. Pendant la nuit, un des moines, Drogon, “armarius”, rédige l’acte (carta). Le lendemain matin, le vicomte ordonne d’en faire la lecture puis, avec son fils Herbert, il confirme la donation par l’impression de la croix. Le dimanche suivant, l’abbé, au retour de La Chaize, tient une réunion en chapitre pour chercher le moyen d’obtenir la confirmation épiscopale de ce don ; le jour même, il envoie à Thouars trois moines dont Drogon et deux autres. Le lendemain, Raoul, frère du vicomte, et Geoffroy, un autre fils d’Aimeri, confirment la donation par l’apposition de croix. »

Fig. 5 – Acte de donation d’Aimeri, vicomte de Thouars, première rédaction (document 1).

Fig. 5 – Acte de donation d’Aimeri, vicomte de Thouars, première rédaction (document 1).

© Arch. départ. Maine-et-Loire, H 3368, n° 2.

Fig. 6 – Élaboration de l’acte en première rédaction.

Fig. 6 – Élaboration de l’acte en première rédaction.

© Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 2.

  • 53 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 2 (pièces justificative 3, en annexe), P. Marchegay, (...)
  • 54 La croix autographe du vicomte dans le pli externe ; celle de Raoul, son frère, à la même hauteur, (...)
  • 55 La régularité de cette main est observée en ce qui concerne les jambages et les traits montants ver (...)

23Parmi ces quatre actes, un seul présente quatre croix autographes (fig. 5)53. L’état actuel de ce parchemin comporte deux additions postérieures rédigées par deux autres mains (l. 33-40 et 40-49), dont nous proposons, dans un premier temps, de faire abstraction. Cet acte est écrit sur un parchemin épais ; dans la partie supérieure, le texte de la donation initiale (l. 1-33) occupe 57 % de la superficie. Les signes autographes se situent en bas à gauche54. L’écriture est bien régulière55. Cette partie pourrait être identifiée comme ce que le moine Drogon a écrit pendant la nuit entre le 12 et le 13 décembre 1089 en la résidence vicomtale de La Chaize.

  • 56 Pour avoir la meilleure perspective sur la question de carta et notita, voir Olivier Guyotjeannin, (...)
  • 57 Or, comme on le verra dans la suite de la Chronique, un de ses fils et probablement son épouse ne s (...)
  • 58 Sur l’original l. 29-33. Nous remercions M. Marc Smith pour la remarque concernant la deuxième main

24Sans invocation trinitaire, ni préambule, l’auteur de l’action juridique, le vicomte Aimeri, se présente à la première personne : « Ego Aimericus » ; les verbes du dispositif sont au présent : « dono et concedo ». Cet acte est donc bien une charte56, ce qui correspond au terme carta qu’emploie l’auteur du « fragment 2 ». Tout se passe à l’initiative du vicomte qui veut enrichir Saint-Florent, avec le consentement de son épouse et de ses deux fils57. Dans le dispositif, le vicomte annonce au présent son intention pieuse de faire donation de l’église Saint-Jean du château de La Chaize avec ses dépendances, en ajoutant quelques éléments fonciers dans les environs et les profits fiscaux destinés à la fondation du prieuré. Fait intéressant : il n’y a aucune allusion à la procédure déjà effectuée la veille au moyen d’objets symboliques. Arrivant à la clause finale, une autre main moins harmonieuse, qui suit celle de Drogon de très près, ajoute quatre lignes de complément58 : le vicomte ordonne l’établissement de l’acte et précise la procédure de validation, d’abord la lecture de l’acte devant de nombreux auditeurs (in audientia plurimorum), ensuite sa souscription (signum) ainsi que celles de ses frères et de ses fils devant les témoins (coram testibus). Notons qu’à partir de là, la teneur de la charte porte sur ce que les moines souhaitent effectuer le lendemain matin, en particulier le souhait d’avoir les témoins lors de la souscription, répété deux fois.

  • 59 De La Chaize à Saint-Florent, il y a environ 168 km soit environ huit heures de voyage à cheval, ce (...)

25Que se passe-t-il au lever du jour ? « Le lendemain, le 13 décembre, était un jeudi », rapporte le « fragment 2 » ; « le vicomte ordonne la lecture de la charte devant lui (ante se) ». Où sont les témoins ? Bien entendu, rien ne permet de prouver leur absence à travers ces deux mots, « ante se ». Toutefois, aucune souscription de ceux qui y assistent ne figure sur ce parchemin. Ensuite, après avoir reçu les croix autographes du vicomte et de son fils Herbert, l’abbé et les moines se hâtent de prendre le chemin du retour59. Quant aux deux autres croix autographes, celle de Raoul, frère du vicomte et celle de Geoffroy, un autre fils, le « fragment 2 » rapporte qu’elles seront apposées quatre jours plus tard, à Thouars, grâce au déplacement du moine scribe (fig. 6).

  • 60 Pour la bibliographie sur l’état des écrits documentaires du xie siècle et son évolution, voir n. 1 (...)
  • 61 Concernant l’origine de rites de traditio, voir R-H. Bautier (art. cit. n. 47), p. 705-706, réimpr. (...)
  • 62 Benoît-Michel Tock, Scribes, souscripteurs et témoins dans les actes privés en France (viie-début d (...)
  • 63 Le « fragment 1 » : en novembre 1088, le vicomte Aimeri et ses gens n’ont aucun souvenir du don que (...)

26La conclusion à tirer de tout cela est la suivante. Lorsqu’une transaction a lieu, et qu’une des deux parties, l’acquéreur, s’occupe de la rédaction de l’attestation écrite, cet écrit reste sans valeur juridique si le cédant refuse de s’y engager. C’est dans ce schéma que se situent les affaires judiciaires à la fin du xie siècle60. L’acte rédigé par le bénéficiaire a besoin d’une trace nette de la ratification du donateur « sous seing privé », jadis « sous signe de croix ». Il arrive parfois que cette ratification précède la rédaction de l’acte. Dès que les puissants seigneurs manifestent le moindre désir d’offrande, le futur bénéficiaire réagit sur-le-champ pour que leur bonne volonté se réalise. Pour consigner l’intention du cédant en l’absence du support de l’écrit ou faute de temps, on recourt à des objets symboliques, couteau, cordon, tige de rameaux, livre etc.61 ; s’ils ont eu la prudence de se munir d’un parchemin vierge, le bienfaiteur y trace un signe de croix, en guise de « blanc seing », devant le bénéficiaire et les gens présents62. Mais il faut compléter la procédure par l’établissement de l’écrit ; sinon tout peut être anéanti63. Si la croix, signe d’approbation, a été déjà tracée sur le parchemin, l’acte s’achève à la fin de la rédaction faite par le moine scribe. Sinon, l’acte rédigé par le bénéficiaire doit être approuvé par le donateur, ses proches, ou un pouvoir supérieur au moyen de l’apposition du signe de croix ; dès lors, l’acte devient une attestation juridique. La présence spectaculaire de nombreuses croix autographes sur un acte n’implique pas forcément l’existence d’une grande assemblée. La quête des approbations oblige parfois le moine scribe à se déplacer d’un lieu à l’autre. Par ailleurs, la description de la promesse faite sur les objets symboliques paraît le dernier recours pour marquer la ratification du cédant, lorsque la rencontre avec ceux qui confirment la transaction demeure incertaine. Quand l’approbation est sûrement prévue, comme c’est le cas de La Chaize, il n’est plus nécessaire de mentionner les rites de tradition avec des objets emblématiques. De toutes ces analyses, il ressort une logique juridique tout à fait rationnelle et un système adapté à la situation en matière de production documentaire.

La deuxième rédaction de l’acte d’Aimeri de Thouars : « acte refait » (document 2)

  • 64 La suite du « fragment 2 », É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 370-372.

27Après la confection de l’acte, il faut chercher le moyen d’obtenir l’approbation épiscopale pour la possession de l’église. Le « fragment 2 » retrace l’événement64.

  • 65 Saint-Michel-en-l’Herm (c. Luçon, arr. Fontenay-le-Comte, Vendée).
  • 66 Mareuil[-sur-Lay-Dissais] (ch.-l. c., arr. La Roche-sur-Yon, Vendée). Mareuil se situe à environ 25 (...)
  • 67 Le passage « in ipsa hebdomada, veneris die, quo sancti Stephani festivitas erat » (p. 370) nous la (...)
  • 68 Le siège épiscopal de Bordeaux était vacant depuis juin 1086 et il ne sera pourvu qu’en novembre 10 (...)

« Quant à la confirmation épiscopale, la négociation a lieu d’abord à l’abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm65 où se trouve l’évêque de Poitiers Pierre II pour la semaine de Noël. Le lendemain, les messes à peine terminées, Drogon et les deux autres frères se mettent en chemin, en se rendant d’abord à la résidence vicomtale de Mareuil66. Savari, frère du vicomte, et Ameline, la vicomtesse, veulent enrichir le prieuré. Faute de temps, le rituel de ces donations s’effectue rapidement par “un cordon et un couteau”. À la fin du jour, ils arrivent à Saint-Michel-en-l’Herm mais l’évêque de Poitiers les fait patienter pendant deux jours67. Enfin, les moines ainsi que le vicomte Aimeri ont une entrevue avec l’évêque Pierre II ; ce dernier accorde un consentement temporaire à leur demande et convoque l’abbé de Saint-Florent à Poitiers pour la Saint-Hilaire de l’année suivante [le 13 janvier 1090]. Or au jour de la convocation, l’abbé Guillaume envoie à sa place une délégation de moines parmi laquelle figure Drogon. Au terme de leur pérégrination hivernale, tous éprouvent la colère de l’évêque qui de l’absence de l’abbé. L’évêque se plaint aussi de quelques problèmes posés par les moines saumurois implantés dans son diocèse et, enfin, il convoque encore une fois l’abbé de Saint-Florent pour un dimanche à venir, à son retour de Bordeaux où l’appelle une affaire d’élection épiscopale68 ».

  • 69 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 1 (cf. pièces justificatives 3, en annexe), cf. P. Ma (...)

28Tout au long de ces voyages, l’« armarius » Drogon et ses compagnons se déplacent fort probablement avec un acte qui atteste la concession vicomtale. Or, suivant la description du passage à Mareuil rapportée par ce fragment, l’acte que les moines portent n’est pas celui de la première rédaction, qui pourrait encore recevoir les signes de croix. Face à la générosité de la famille vicomtale de Thouars rencontrée à Mareuil, ils se contentent de consigner ces offrandes par les objets symboliques. Quel acte détenaient-ils alors ? C’est probablement la deuxième rédaction de l’acte de la donation initiale d’Aimeri de Thouars (fig. 7)69.

Fig. 7 – Acte de donation d’Aimeri, vicomte de Thouars, deuxième rédaction (document 2).

Fig. 7 – Acte de donation d’Aimeri, vicomte de Thouars, deuxième rédaction (document 2).

© Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 1.

  • 70 La première ligne, après le chrisme, est écrite avec des lettres allongées et un « g » en forme sty (...)
  • 71 Les éléments paléographiques (voir la note précédente) permettent d’identifier cette main avec cell (...)
  • 72 Il semble étonnant de voir que les croix autographes apposées de la propre main des donateurs ne fi (...)
  • 73 Le premier nom, Radulfus, est accompagné d’un toponyme, « de Aspero Monte », Apremont (c. Challans, (...)
  • 74 Voir B.-M. Tock (op. cit. n. 62), p. 370-377. Dans la plupart des actes de ce temps, les noms de té (...)

29Le parchemin est entièrement occupé par le texte et les souscriptions sont régulièrement disposées70. L’acte primitif avec quatre croix, achevé à Thouars le 17 décembre par les soins du scribe Drogon est donc transcrit par un autre scribe plus expérimenté entre le 17 décembre et le jour de Noël 108971. Le texte est identique à celui de l’acte initial, à l’exception du chrisme qui figure en tête et de la graphie : le « ę » est systématiquement transformé en « æ ». La différence entre l’acte initial et cette mise au net se manifeste dans les souscriptions. Sur cette dernière, les signes de croix du vicomte, de son frère et de ses fils sont tracés par la main du scribe, entre leur nom et leurs titres72. De surcroît, ces quatre souscriptions qui occupent la première colonne sont suivies par quatorze noms de témoins – trois prêtres et onze laïcs qui sont probablement des seigneurs de la région73. Certes, le vicomte Aimeri a bien été entouré par ses gens, plus probablement lors de la donation au soir du 12 décembre que lors de la lecture de la charte au matin du lendemain. La présence de ces témoins ne semble pas fictive, puisqu’il manque le personnage le plus important : Ingelbert, prévôt vicomtal de La Chaize, qui était sans doute retenu ailleurs par un empêchement occasionnel. Il faut tout de même noter que les moines n’ont pas l’idée d’ajouter ces noms sur la première rédaction, ce qui aurait tout de même été possible, le scribe Drogon ayant laissé suffisamment d’espace après le dernier mot du texte74.

  • 75 Pour le concile de Poitiers en 1078, voir supra n. 32.
  • 76 Sur la confirmation épiscopale, dans le cas de l’église Saint-Christophe, voir supra et n. 30.
  • 77 Concernant ces termes, voir O. Guyotjeannin et L. Morelle (art. cit. n. 2), p. 377.
  • 78 Cf. Umberto Eco, « La falsification au Moyen Âge », dans Id., Écrits sur la pensée au Moyen Âge, Pa (...)
  • 79 « La minute (notariée)… est la rédaction définitive d’un acte notarial, mais sous une forme non sol (...)

30Le but de ce travail semble clair : faire connaître et ratifier la donation par les puissants, notamment par l’évêque de Poitiers. En effet, au concile de Poitiers en 1078, le pape Grégoire VII, par l’intermédiaire de son légat Hugues de Die, avait interdit la concession d’une église par un laïc sans approbation épiscopale75. Suivant ce système, après l’accomplissement d’une transaction et la rédaction d’une attestation écrite, le bénéficiaire était obligé de porter l’affaire à la connaissance de ceux qui pouvaient l’affermir par leur approbation. Le cas de l’église Saint-Jean de La Chaize révèle que cette procédure ne se réalise qu’au gré de l’évêque et, dans d’autres cas, elle nécessite parfois des compensations pécuniaires76. En outre, il n’est pas sûr que l’évêque attende la présentation de l’acte de la transaction « authentique » au sens moderne. En l’occurrence, les moines de Saint-Florent ont pris la précaution de produire la deuxième rédaction pour en faire un « acte de démarche » plus beau, plus lisible et plus complet que la première rédaction. Cet écrit, un « acte refait »77, est un outil préparé dans une forme convenable pour attirer l’attention de l’autorité épiscopale. Il est à nos yeux un écrit secondaire voire une copie par rapport à la première rédaction. Encore convient-il de s’interroger sur l’existence chez les moines de la fin du xie siècle de la notion de priorité donnée à l’ancienneté des témoins écrits. Partagent-ils avec les modernes l’idée que les actes rédigés au plus près de l’événement l’emportent sur les écrits qui ont été refaits par la suite ?78 Il se trouve que l’écrit primitif et sa transcription sont interchangeables dans la mesure où les deux écrits attestent une même transaction ; et si la deuxième rédaction est plus convenable et plus complète, sa valeur testimoniale l’emporte sur la première en fonction du rôle confié à ce document. Tout de même, la première rédaction reste valable à l’intérieur du monastère. Comme nous le verrons, elle est précieusement conservée et semble jouer exactement le même rôle que celui de la minute des actes du notariat79.

Les additions portées sur la première rédaction : « acte continué » (documents 1-2 et 1-3)80

  • 80 Acte cité supra et pièces justificatives 4, en annexe. Nous allons étudier l’ensemble de l’acte ave (...)
  • 81 L’abbé Guillaume de Saint-Florent et sept moines, le vicomte Aimeri et ses fils, huit personnes de (...)
  • 82 Concernant l’« acte continué » ou l’« acte cumulatif » voir O. Guyotjeannin (art. cit. n. 56) ; Séb (...)
  • 83 L’ARTEM, en indiquant ce document sous le n° 3410, le qualifie de pancarte : La diplomatique frança (...)

31Au-delà de janvier 1090, le « fragment 2 » s’arrête mais nous pouvons tout de même poursuivre l’examen de la procédure de la création du prieuré de La Chaize à travers les documents des archives. Après les premières donations, le vicomte continue à enrichir le prieuré. Ces multiples biens accordés entre décembre 1089 et janvier 1092 sont notés en deux temps par deux mains différentes sur le parchemin qui comporte déjà la charte de donation initiale mentionnée ci-dessus dans sa première rédaction (fig. 5). Les clauses additionnelles commencent immédiatement après le dernier mot de l’acte initial, avec une écriture plus serrée : « Dedit etiam predictus vicecomes… ». En l’occurrence, l’auteur des ajouts connaît la teneur de l’acte initial noté en haut du parchemin et il prend l’allure d’un continuateur. Cependant, il ne poursuit pas dans le même style : tandis que l’acte initial est écrit à la première personne, l’ajout prend le style objectif d’une notice. On dénombre ainsi douze éléments ajoutés, dont l’un est exceptionnellement concédé par Ingelbert, prévôt vicomtal de La Chaize, avec le consentement du vicomte. La première addition occupe la moitié de l’espace vide entre la fin du texte de l’acte initial et la première croix autographe. Puis une autre main continue au parfait : « Donavit iterum predictus vicecomes… » et énumère quatre terres concédées. Cette main termine en écrivant une liste de témoins, composée de 29 noms81. La deuxième addition va jusqu’à la hauteur de la base des deux croix autographes superposées. En définitive, ce parchemin, qui comporte trois attestations écrites, pourrait être qualifié d’« acte continué »82. Il aura une grande valeur dans le chartrier83.

  • 84 Il existe en outre des documents à usage interne qui regroupent sur un même parchemin les transcrip (...)
  • 85 Concernant l’acte-mémorial, voir O. Guyotjeannin (art. cit. n. 56), p. 24-27.

32Pour les moines bénéficiaires, l’achèvement d’une transaction marque le début d’une longue gestion des biens acquis ; il faut d’abord noter les biens donnés, dans leur totalité et avec leur description détaillée, puis les graver dans le souvenir de la communauté afin de les gérer et d’en obtenir les profits. Après l’établissement de l’acte qui consigne une donation, si le même donateur multiplie ultérieurement ses générosités, ou si les propriétaires voisins s’associent au premier donateur avec leurs offrandes, les nouvelles concessions peuvent être inscrites à la suite de l’acte de donation initiale. C’est de là que vient l’« acte continué », à savoir un parchemin qui présente plusieurs transactions de diverses dates, rédigées par des mains différentes84. Il sera le support par excellence pour la gestion, un mémorial85 et un document de référence.

  • 86 Cartulaires Livre blanc, f. 56 ; cf. P. Marchegay (éd. cit. n. 13), p. 10, n. 2.
  • 87 Voir infra, fig. 13 : « Tableau stemmatique des documents ».

33Comme nous venons de le voir, le premier des textes que porte sur ce parchemin (document 1-1) a engendré peu après une belle charte de donation initiale du vicomte pour demander la confirmation de l’évêque de Poitiers (document 2). Quant aux deuxième et troisième textes (documents 1-2 et 1-3), ils ont probablement été rassemblés pour produire une notice, dans le but de la présenter aux enfants d’Ingelbert, prévôt du vicomte, qui s’est associé à une des donations de son seigneur. Cette notice, aujourd’hui perdue mais transcrite dans le cartulaire86, se termine par trois croix entourées des souscriptions des enfants prévôt vicomtal de La Chaize. Enfin, en janvier 1092, comme nous le verrons, quand les moines préparent encore une fois un acte de « démarche » en vue de l’obtention de la confirmation épiscopale, cet « acte continué », dans sa totalité, sera utilisé et recopié entièrement avec quelques modifications. Ainsi, ce parchemin continue-t-il à jouer le rôle d’un document de référence jusqu’au jour où l’acte qu’il engendre le remplace87. En somme, l’« acte continué » de La Chaize présente, dans son intégralité, le souvenir de la générosité du fondateur, les éléments du premier temporel constitué entre décembre 1089 et janvier 1092, et les noms des témoins, moines et laïcs, qui ont assisté à la naissance du prieuré. L’ensemble de cet acte est ainsi comme le mémorial de la fondation du prieuré de La Chaize et des bienfaits de la famille vicomtale de Thouars.

La troisième rédaction de l’acte d’Aimeri de Thouars: « acte préparé par les intéressés » en 1092, puis un autre « acte continué » (document 3)

  • 88 Les actes des donations : nos documents 1-2, 1-3 et P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 4-8 et notre (...)
  • 89 Concernant l’église Saint-Nicolas de La Chaize, voir supra n. 9 et infra n. 114.
  • 90 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 6 (pièces justificatives 5, en annexe), P. Marchegay (...)

34En décembre 1089, la terre de La Chaize est bien entrée dans la possession de Saint-Florent. Tandis que le vicomte et les seigneurs locaux continuent à enrichir le prieuré88, les moines poursuivent le projet d’y construire une nouvelle église dédiée à saint Nicolas89. Quant à l’église Saint-Jean l’Évangéliste, en janvier 1092, les moines parviennent à convaincre l’évêque de Poitiers de leur en confirmer la possession, et préparent à cet effet un grand parchemin (fig. 8)90.

Fig. 8 – Acte de donation d’Aimeri vicomte de Thouars, troisième rédaction (document 3).

Fig. 8 – Acte de donation d’Aimeri vicomte de Thouars, troisième rédaction (document 3).

© Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 6.

  • 91 On constate dans cette mise en page quelques similitudes avec celle des rouleaux des morts : la cir (...)
  • 92 Les hastes du « a » et du « & » sont souvent ajoutées après coup. Pour le « r », jusqu’à la deuxièm (...)
  • 93 On compte seulement 38 mots abrégés dans ce texte (doc. 3), tandis que son modèle (doc. 1-1, 2 et 3 (...)

35La mise en page est recherchée : le texte, à savoir la charte de donation vicomtale, n’occupe que 23 % de l’espace, soit 16 lignes sur 65 lignes préparées ; le reste est probablement réservé dans l’espoir d’y faire figurer les clauses confirmatives de l’évêque et les souscriptions de son entourage91. Les moines cherchent ainsi à fournir le support d’un acte confirmatif à l’autorité ecclésiale pour qu’elle accorde rapidement l’attestation. Un scribe rédige le texte, avec une écriture simple mais en appliquant, parfois artificiellement, des hastes bien allongées pour donner de la solennité à son écriture92. Il est frappant de constater que les mots abrégés sont très rares dans ce document93.

  • 94 Une redevance nommée forestagium, qui faisait partie de la réserve du vicomte en décembre 1089, dev (...)
  • 95 Comme on le verra, le vicomte Aimeri et son fils aîné sont présents à Poitiers le 15 janvier 1092 ; (...)

36Ce scribe transcrit la charte de la donation initiale du vicomte Aimeri (document 1-1) ainsi que les notices de ses donations ultérieures (documents 1-2 et 1-3), à partir de l’« acte continué » décrit ci-dessus, sans aucune référence à sa deuxième rédaction (document 2) ; par conséquent, le chrisme et les noms des témoins qui figurent sur l’acte refait n’apparaissent pas. Il modifie tout de même les verbes du dispositif des notices (documents 1-2 et 1-3) pour leur donner une allure de charte : les verbes du dispositif dedit et donavit deviennent addo. On relève dans cette version huit modifications et une addition : les clauses par lesquelles le vicomte s’est réservé une partie des biens cédés en décembre 1089 sont modifiées en faveur des moines94. Cette charte n’est ni datée ni localisée. Le vicomte et sa famille apposent les croix en haut du deuxième niveau qui suit immédiatement le texte. Une fois la rédaction terminée dans le monastère, le parchemin est fort probablement plié et part pour ses premiers déplacements aux résidences de la famille vicomtale, à Thouars, à La Chaize, à Mareuil, etc. dans le but de recueillir la ratification du vicomte, de son frère et de ses fils95. Désormais la surface du document est divisée par les plis en quatre niveaux et quatre colonnes.

  • 96 On y trouve entre autres : Robert de Bourguignon, Hugues VI de Lusignan (1060-1100), Ebbon, sire de (...)
  • 97 Pierre II, évêque de Poitiers (1087-avril 1115) voir supra, n. 51 ; Simon, évêque d’Agen (1083-1101 (...)
  • 98 Savari, fils de Tecmar, qui a posé le 31 juillet 1091 la première pierre lors de l’ouverture du cha (...)

37Par la suite, d’après une addition portée ultérieurement sur ce parchemin, une grande assemblée se tient le 15 janvier 1092, à Poitiers à la cour du comte, en présence de Guillaume IX, entouré par 12 compagnons96, de Pierre II, évêque de Poitiers, avec ses homologues d’Agen, Simon, et de Saintes, Ramnulf, ainsi que de l’archevêque de Bordeaux, Amat97. Le vicomte Aimeri et son fils Herbert arrivent accompagnés par trois de leurs proches98. La lecture publique de la charte rédigée en haut du parchemin inaugure fort probablement l’assemblée. Puis, le grand parchemin est déposé pour y recevoir cinq signes de croix : celui autographe du comte Guillaume IX, celui cantonné de quatre points d’Amat, archevêque de Bordeaux, et ceux de trois évêques, Pierre II de Poitiers, Simon d’Agens et de Ramnulf évêque de Saintes.

38Après l’assemblée, peut-être de retour au monastère, une autre main écrit autour des croix les noms de ceux qui les ont tracés, puis rédige une sorte de procès-verbal de l’affaire, en une longue ligne qui traverse le parchemin dans toute sa largeur :

  • 99 « Anno ab Incarnatione Domini millesimo nonagesimo II, XVIII kalendas februarii, feria V, auctoriza (...)

« L’an de l’Incarnation du Seigneur 1092, le 15 janvier, jeudi, ces donations ont été autorisées et confirmées par le comte de Poitou et les évêques qui ont souscrit, au palais de Poitiers… »99.

  • 100 On aimerait bien identifier les auteurs des croix aux trois vassaux du vicomte Aimeri qui l’ont acc (...)

39Cette ligne est suivie par les noms des témoins : une colonne pour Aimeri, vicomte de Thouars, son fils Herbert et trois de ses gens, une deuxième colonne où sont présents 12 personnages de l’entourage du comte de Poitou. En l’occurrence, l’acte a été apporté, après l’assemblée de Poitiers, jusqu’au prieuré de La Chaize pour être présenté aux seigneurs locaux, qui y donnent leur consentement. On voit trois grands signes de croix apposés en bas de la deuxième colonne. Les noms de ceux qui ont apposé ces grandes croix ne sont pas identifiés100. Une écriture légèrement postérieure énumère dans la colonne suivante les noms de douze seigneurs vendéens en indiquant en tête : « Voici les témoins de cet acte (Hi sunt testes hujus cartule) ».

  • 101 Livre blanc, f. 53-54.

40C’est ainsi que la concession de l’église Saint-Jean l’Évangéliste de La Chaize, faite en décembre 1089, est reconnue par l’autorité ecclésiastique et comtale le 15 janvier 1092, puis, un peu plus tard, par les propriétaires voisins de La Chaize. À Poitiers ainsi qu’à La Chaize, la procédure pour obtenir le consentement est identique : le déplacement des moines avec l’acte ; la lecture publique de la charte qui atteste la donation du vicomte, inscrite en haut du parchemin ; l’apposition de croix autographes sur le parchemin par ceux qui ratifient, enfin la mention précise des noms de ceux qui ont vu et entendu ces faits. Pourtant, les moines de Saint-Florent n’ont obtenu aucune clause rédigée au nom de l’évêque. La raison en est sans doute que l’assemblée de Poitiers s’est tenue au palais du comte où l’évêque et trois autres prélats étaient des invités, et non dans la salle du chapitre de l’église de Poitiers où l’évêque aurait été entouré par ses clercs et, peut-être, ses scribes. Lorsque cet acte sur grand parchemin retourne au monastère, il devient le nouvel « acte continué », mémorial de la fondation du prieuré de La Chaize, fortifié par l’approbation épiscopale et il remplace désormais l’ancien. Comme son prédécesseur, ce nouveau document de référence sera recopié pour produire des écrits en fonction des besoins des moines, quatrième rédaction que nous verrons par la suite. En outre, vers 1120, quand est composé le deuxième cartulaire de Saint-Florent, le Livre blanc, l’auteur du cartulaire place l’acte du nouveau mémorial en tête d’une série d’actes qui concernent le prieuré de La Chaize101.

La quatrième rédaction de l’acte d’Aimeri de Thouars : un autre « acte refait » (document 4)

  • 102 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 5 (cf. pièces justificatives 5, en annexe), P. Marche (...)

41Dans le chartrier de Saint-Florent, existe un autre acte commençant par la donation initiale du vicomte Aimeri (fig. 9)102. Il s’agit de la mise au net, avec quelques modifications, du grand parchemin mentionné précédemment (document 3).

Fig. 9 – Acte de donation d’Aimeri vicomte de Thouars, quatrième rédaction (document 4).

Fig. 9 – Acte de donation d’Aimeri vicomte de Thouars, quatrième rédaction (document 4).

© Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 5.

  • 103 Il est fort probable que ce travail de mise au net a été exécuté en prenant pour modèle la première (...)
  • 104 « Quicumque vero his donationibus seu concessionibus in aliquo contrarius extiterit, anathema sit »

42La charte des donations du vicomte occupe les deux tiers du parchemin ; elle est suivie par cinq signes de croix tracés par le scribe, mais leur disposition est bien respectée : quatre signes et souscriptions de la famille vicomtale à la première colonne à gauche et un signe de croix au milieu de la souscription du comte à la colonne suivante. Viennent ensuite des ajouts fournissant des éléments complémentaires : les noms des témoins des premières donations du vicomte, au nombre de huit, retenus parmi les 14 noms des témoins laïques qui figurent sur la mise au net du premier acte (document 2)103, ainsi que, de surcroît, une date : « décembre 1088 ». La partie correspondant à la confirmation de janvier 1092 commence par la copie des quatre signes de croix des prélats alignés et cantonnés par les noms de ceux qui ont les tracés. Après la mention de la date et du lieu de confirmation, une clause finale d’anathème est ajoutée104. L’acte se termine par les noms de l’entourage vicomtal et comtal, présentés, faute d’espace, à longues lignes. Le texte s’arrête là, et la confirmation régionale par 12 seigneurs et trois croix n’est pas transcrite.

  • 105 « plaiseiz » corrigé « plaixicium » il s’agit sans doute de « plaixitium », enclos ; « Gerdis » (to (...)
  • 106 Il s’agit du droit perçu sur les ventes du marché qui se tient le samedi au bourg de La Chaize. Com (...)

43La modification portée sur cette version est significative. Une courte invocation est ajoutée au début : « In Christi nomine ». Dans le texte qui atteste les donations du vicomte, on constate pour la première fois des efforts d’amélioration de la graphie105. On voit en outre la trace de la récupération des biens détenus à l’origine par le vicomte, faite entre janvier 1092 et la date de deuxième rédaction106. Enfin la date de « décembre 1088 » pose problème. On sait par les fragments 1, 4 et 3 que la querelle pour la possession de La Chaize opposant les moines de Saint-Florent et ceux de Marmoutier éclate en novembre 1088. Elle continue à ébranler ces deux communautés au-delà de mars 1089 et finit par l’établissement du premier acte de donation en faveur de Saint-Florent le 13 décembre 1089 ; auparavant, en décembre 1088, le vicomte déclare qu’il n’est pas en mesure de trancher leur dispute. Il est donc peu probable que les premières donations du vicomte aient été consignées à ce moment.

  • 107 É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 382 : « Anno incarnationis dominicæ millesimo nonagesi (...)
  • 108 P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 11, s. d. ; Johannes Ramackers (éd.), Papsturkunden in Frankreich(...)
  • 109 Ce titre du cartulaire pose deux problèmes. D’abord le nom du pape est indiqué seulement par son in (...)

44Quel était l’objectif de cet « acte refait » ? Après la confection de l’« acte continué » sur un grand parchemin (document 3) en janvier 1092, il semble qu’il y ait une occasion de recourir aux archives concernant les premiers jours du prieuré de La Chaize. Le moment le plus plausible pour ce travail pouvait être celui des préparatifs destinés à obtenir des privilèges pontificaux. La Chronique rapporte que le pape Urbain II a séjourné à Saint-Florent en 1096, du 29 janvier au 4 février107. Il n’est pas certain que les moines aient obtenu d’Urbain II à cette occasion une faveur spéciale pour l’église de La Chaize, puisque la trace de l’obtention des privilèges pontificaux n’est pas conservée de façon certaine. Le cartulaire dit Livre blanc de Saint-Florent transmet, certes, un acte pontifical par lequel le pape, à la demande d’Herbert et de Geoffroy, fils d’Aimeri, feu vicomte de Thouars, accorde à l’église Saint-Nicolas de La Chaize des privilèges108. Mais cet acte est tenu pour faux par son éditeur Johannes Ramackers109. Il est tout de même permis de suggérer qu’il y eut au moins des préparatifs pour solliciter des privilèges pontificaux de la part du pape lors de son séjour. En somme, il est possible de situer la rédaction de la quatrième version de l’acte de donation du vicomte peu avant la visite pontificale en janvier 1096, de sorte qu’elle aurait été effectuée pour être présentée au pape Urbain II. Par ailleurs, il est fort probable que cette version de l’acte revue, augmentée et dotée de la date de décembre 1088, soit accompagnée d’un autre acte, selon toute vraisemblance, l’acte factice d’approbation de l’évêque de Poitiers, Pierre II, daté du 11 mars 1089.

L’acte épiscopal de Pierre II pour Saint-Florent (11 mars 1089)110 ?

  • 110 Comme l’affirme A. Richard (op. cit. n. 90), p. 23, n. 44, le mode de datation employé dans les act (...)

45Revenons en arrière. Le 13 janvier 1990, à Poitiers, face au moine Drogon et à ses confrères venant de Saint-Florent, l’évêque Pierre II refuse obstinément d’accorder l’approbation et convoque de nouveau l’abbé, dit le chroniqueur d’après le « fragment 2 ». Visiblement cette source que l’auteur a suivie s’arrêtait brutalement à cet endroit. Anxieux de savoir la suite, il fouille des archives et trouve un acte épiscopal de Pierre II par lequel l’évêque déclare donner à Saint-Florent les églises de La Chaize (sic) à la date du 11 mars 1089 (sic). Il reprend alors tout joyeusement le stylet et rapporte cela :

  • 111 É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 372- 374.

« L’abbé Guillaume, à la prière fervente du moine Drogon et ses compagnons, se déplace à Poitiers au jour fixé et rend d’humbles supplications à l’évêque, qui autorise finalement aux moines de Saint-Florent à tenir les églises de la Chaize. L’an de l’Incarnation du Seigneur 1089. »111

  • 112 Pseudo-original, Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 3 (pièces justificatives 6, en annex (...)

46L’acte épiscopal vu par ce moine écrivain est aujourd’hui conservé (fig. 11)112 mais l’authenticité en est fort douteuse.

Fig. 10 – Acte de Pierre II, évêque de Poitiers pour l’église Saint-Just d’Aulnay en faveur de Saint-Florent.

Fig. 10 – Acte de Pierre II, évêque de Poitiers pour l’église Saint-Just d’Aulnay en faveur de Saint-Florent.

© Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 6.

Fig. 11 – Acte de Pierre II, évêque de Poitiers pour les églises de La Chaize en faveur de Saint-Florent ?

Fig. 11 – Acte de Pierre II, évêque de Poitiers pour les églises de La Chaize en faveur de Saint-Florent ?

© Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 3.

  • 113 Dans tous les actes qui font état de la donation primitive du vicomte Aimeri (doc. 1, 2, 3 et 4), i (...)
  • 114 É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 378-380, 384 : la date du début des travaux est indiqu (...)
  • 115 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 12 (pièces justificatives 6, en annexe), Paul Marcheg (...)

47Par cet acte, agissant avec le consentement de l’archidiacre Raoul et de tout le chapitre de Saint-Pierre, ainsi qu’avec celui du vicomte Aimeri, de son épouse Ameline, de ses fils Arbert et Geoffroy, l’évêque Pierre II donne aux moines de Saint-Florent les églises de La Chaize et tout ce qui en relève. L’acte commence par la lettre initiale « A » bien ornée. La régularité de chaque ligne disposée de haut en bas avec le même intervalle est impeccable, ce qui jette un doute sérieux sur la genèse et l’authenticité de l’acte. Nous nous demandons si le scribe ne connaissait pas à l’avance la longueur du texte. Par ailleurs, deux contradictions sont manifestes. D’une part, les noms du vicomte Aimeri, fondateur et donateur de l’église Saint-Jean de La Chaize, et de sa famille figurent curieusement après ceux de l’entourage épiscopal qui donnent leur consentement, alors que le vicomte doit faire partie des demandeurs. D’autre part, l’objet de l’approbation : « ecclesias de Casa » au pluriel, jette également un doute sur l’authenticité de cet acte. Le vicomte Aimeri a fondé dans son château de La Chaize une église dédiée à saint Jean l’Évangéliste qui fait l’objet de la donation à Saint-Florent et de la confirmation épiscopale113. Quant à la deuxième église de La Chaize dédiée à saint Nicolas, selon la Chronique, la construction ne commence qu’à l’été 1091 ; en décembre 1093, ce bâtiment en travaux est capable d’abriter la fête du saint patron, mais la dédicace n’aura lieu qu’en 1099114. Il est effectivement possible que le projet de fondation date de quelques années auparavant. Mais il n’est pas vraisemblable que l’évêque approuve la donation d’une église qui n’existe pas encore. Enfin, le problème le plus sérieux est qu’il existe un autre acte de Pierre II, daté du même jour, dans lequel l’évêque formule, en termes exactement identiques, son approbation aux moines de Saint-Florent de la possession de l’église Saint-Just d’Aulnay et de tout ce qui en relève (fig. 10)115.

  • 116 Un acte atteste qu’en 1072, les moines de Saint-Florent étaient déjà propriétaires d’une église de (...)
  • 117 Cadelon IV, vicomte d’Aulnay, avant 1071-1096.
  • 118 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 2 (A) et H 3494, n° 3 (B) (s. d. [1070-1086] - n. l.) (...)
  • 119 Cadelon leur donne le droit de prendre des branches dans une forêt (P. Marchegay [op. cit. n. 115], (...)
  • 120 Pierre II, évêque de Poitiers, 1087-1115, voir supra, n. 51.

48En effet, les moines de Saint-Florent s’étaient installés dans la région d’Aulnay au début des années 1070116. Quelques années plus tard, le vicomte de ce lieu, Cadelon117, leur offre une église qui avait été fondée par son père dans le château d’Aulnay, dédiée à saint Just et qui fut desservie dans un premier temps par des chanoines. Cette donation est attestée par un acte solennel se terminant par les souscriptions de plusieurs personnages, notamment d’Isembert II, évêque de Poitiers, et du donateur Cadelon, qui apposent une croix autographe118. Tandis que le vicomte Cadelon continue à enrichir les moines de Saint-Florent installés sur ses terres119, le siège épiscopal de Poitiers accueille en 1086, un nouvel évêque, Pierre II, prélat réformateur120. Il est possible que les moines de Saint-Florent aient été obligés de demander à ce dernier de confirmer la possession de l’église Saint-Just, fondée et donnée par un seigneur laïque, ce qui serait l’objet de l’acte daté du 11 mars 1089.

  • 121 L’écriture est typiquement documentaire avec les « & » et les « s », dont le dernier trait est atta (...)
  • 122 Chirographe, Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 13, P. Marchegay (op. cit. n. 115), n° 8 (...)

49La charte est établie au nom de l’évêque Pierre II pour Aulnay qui se présente à la première personne et qui appose un des deux signes de croix au milieu du parchemin. La deuxième croix peut être attribuée à une personne de l’entourage épiscopal121. Peut-être le texte de confirmation était-il déjà préparé par le bénéficiaire, puisque ces deux croix se situent juste après le texte. De même pour la date qui semble avoir été portée auparavant, en laissant un espace pour les souscriptions. Or il y eut davantage de souscripteurs que le scribe ne l’avait prévu ; les deux dernières lignes de souscriptions sont plus serrées que les deux premières. La mise en page de cet acte montre donc que l’acte rédigé à l’avance a été complété par l’addition des noms de témoins. Cet acte, d’après les circonstances mentionnées ci-dessus et la procédure d’établissement que suggèrent ses caractères externes, contient suffisamment d’éléments pour que nous reconnaissions son authenticité. Cette hypothèse est confortée par le fait que le vicomte d’Aulnay est absent sur l’acte établi le 11 mars 1089, sans doute à Poitiers, absence qui s’explique fort bien, puisque Cadelon figure parmi les témoins d’une donation faite le même jour, 11 mars 1089, à Aulnay (fig. 12)122.

Fig. 12 – Acte-chirographe de donation de Constantin Male Carnes.

Fig. 12 – Acte-chirographe de donation de Constantin Male Carnes.

© Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 13, « Charte Artem/CMJS n° 3446 ».

  • 123 L’acte pour Aulnay : « una cum consensu Radulfi archidiaconi tociusque capituli Sancti Petri » ; l’ (...)

50Par contraste, l’acte épiscopal concernant les églises de La Chaize apparaît bien comme une œuvre de falsification établie par le scribe qui a rédigé l’acte d’Aulnay. La teneur de ces deux actes est identique jusqu’aux noms des témoins, à l’exception de l’église concernée : ecclesias de Casa et d’une addition ; les noms du vicomte Aimeri, de son épouse et de deux de ses fils après les noms des chanoines de l’église de Poitiers qui donnent leur consentement123. Le but de cette falsification semble clair. L’acte confirmatif que les moines ont obtenu en janvier 1092, nous l’avons vu, ne contient aucune clause rédigée au nom de l’évêque ; les moines ont pourtant absolument besoin de l’acte dans lequel l’évêque exprime nommément son intention de donner l’approbation. C’est pourquoi ils procèdent à cette falsification, qui est donc postérieure à 1092. La date de falsification est donc postérieure à janvier 1092.

51Cette œuvre de falsification semble avoir montré son efficacité à la veille du passage du pape Urbain II en janvier-février 1096 lorsque les moines préparaient l’acte « refait » de donation du vicomte pour lui présenter (document 4). Avec l’acte épiscopal fautif, ils reconstruisaient l’histoire du prieuré de La Chaise : puisque l’acte (faux) de l’évêque confirme définitivement la possession du prieuré de la Chaze à la date de mars 1089, la donation d’Aimeri de Thouars devait être située à une date ultérieure à celle de l’acte épiscopal, disons en décembre 1088. C’est ainsi que nous lisons sur le dernier acte refait (document4) la date « décembre 1088 ».

Tableau « stemmatique » des cinq actes et conclusion

52C’est ainsi que, de décembre 1089 à janvier 1096, l’acte consignant les premières donations du vicomte Aimeri pour la fondation du prieuré de La Chaize est écrit et réécrit sous quatre formes différentes. Les multiples strates que l’on observe sur chaque parchemin et la filiation textuelle qui les unit permettent d’établir, grâce surtout au récit des « fragments » et de la Chronique, une sorte de tableau « stemmatique » – si l’on nous autorise cette expression (fig. 13).

Fig. 13 – Tableau « stemmatique » des « documents 1-4 » et de l’acte épiscopal factice.

Fig. 13 – Tableau « stemmatique » des « documents 1-4 » et de l’acte épiscopal factice.

cl. S. Kumaoka.

  • 124 Pour ce qui est de leur rôle de mémorial, en plus de la transcription dans le cartulaire du monastè (...)

53En parcourant les documents concernant les premiers jours du prieuré de La Chaize-le-Vicomte à la lumière des événements que rapportent les « fragments » qui sont incorporés au début de la Chronique de La Chaize, les éléments ici rassemblés permettent ainsi de retracer à grands traits une logique et un système de l’activité scripturaire des moines de ce temps. Dans la première partie, nous avons vu que la rédaction par le futur bénéficiaire, face aux circonstances conflictuelles qui précèdent la fondation, a fait jaillir de belles narrations : « notices narratives », « notices argumentaires » etc. Quant au moment et aux jours suivants de la fondation, la rédaction par le bénéficiaire produit deux effets consécutifs : d’une part, la nécessité d’afficher sur les attestations écrites la trace d’approbation du cédant – tracé de signe de croix ou d’autres signes graphiques du cédant, ou à défaut, description de la procédure de tradition effectuée devant ce dernier par les objets emblématiques – ; d’autre part, comme le bénéficiaire est aussi le gérant du bien cédé, l’acte qui atteste la transaction se trouve tout près des dossiers rédigés dans le but de gérer le temporel – acte continué, acte mémorial, acte de référence –124. En outre, depuis que la confirmation épiscopale sur l’acquisition d’une église s’est imposée, cette obligation a pour effet de multiplier les écrits : création d’un bel acte refait ou falsifié pour être présenté à l’évêque, d’un acte refait, préparé pour qu’il soit aussi le support de l’acte épiscopal confirmatif, ou d’un acte épiscopal préparé par les intéressés.

54Revenons, pour terminer, sur les « fragments », qui nous ont fourni nombre de renseignements riches d’expériences vécues. Quels étaient ces « fragments », les sources des événements de 1088-1090 que le chroniqueur au début du xiie siècle a eus à sa disposition ? Comme nous l’avons suggéré, il convient de les rapprocher des écrits intra claustra ci-dessus mentionnés, rédigés par les moines pionniers du prieuré de La Chaize, ceux qui suivaient de près les efforts de l’abbé Guillaume et du frère Samuel pour les « fragments 1, 3 et 4 » qui rapportent la querelle avec l’abbaye de Marmoutier. Quant au « fragment 2 » qui concerne l’établissement de l’acte initial de donation et les négociations pour obtenir l’approbation épiscopale, on ne court pas trop de risque en l’attribuant à Drogon, bibliothécaire-scribe (armarius) de Saint-Florent, qui a lui-même rédigé l’acte de la donation initiale de sa propre main : on y reconnaît son écriture (fig. 5).

55Le dossier que nous avons réuni ici a, au moins, le modeste mérite d’illustrer par des exemples précis et concrets le système de la pensée qui gouverne le mécanisme de la production documentaire dans une grande abbaye ligérienne à la fin du xie siècle.

Haut de page

Annexe


Pièces justificatives

1. Acte qui atteste la fin de la querelle (notice)

Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 6H 36, n° 2 (fig. 2)

S. d. [1089, 8 mars125 –12 décembre126]. - n. l. [Marmoutier et Saint-Florent].

Accord entre les moines de Marmoutier et de Saint-Florent : à la demande de Guillaume, abbé de Saint-Florent accompagné par trois de ses moines, Bernard, abbé de Marmoutier, se retire de La Chaize[-le-Vicomte] ; à la demande des moines de Marmoutier, Guillaume, abbé de Saint-Florent, se retire des églises de Sonzay127, d’Antrain128 et de Fougères129.

A. Original, Parchemin. Hauteur 150/152 mm  ; largeur 341/334 mm, Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 6H 36, n° 2 (fig. 2).

B. Copie du xiie s. dans le cartulaire de Saint-Florent, Livre noir, BnF, nouv. acq. lat. 1930, fol. 139, sous la rubrique : « Conventio inter monachos Sancti Martini et Sancti Florentii », probablement d’après un autre exemplaire d’A jadis conservé à Saint-Florent.

a. (partielle) Paul Marchegay, Chroniques des églises d’Anjou, Paris, Renouard (Publications pour la Société de l’histoire de France), 1869, p. 337-338 (sans indication de date), n. 1, d’après B. – b. Id. (éd.), Cartulaires de Bas-Poitou, La Roche-sur-Yon, L. Gaston, 1877, Appendix A, p. 339, d’après A (communiqué par Arthur Le Moyen de la Borderie). – c. Claire Lamy, « Notices ligériennes et identité monastique. Le cas de Marmoutier et Saint-Florent de Saumur, 2e moitié du xie siècle », dans L’écrit monastique dans l’espace ligérien (xe-xiiie siècle), actes de colloque (Orléans, mars 2015, POLEN-CESFIMA, EA 4710), C. Senséby (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes (Histoire), 2018, p. 117 (trad., p. 118).

Indiq. Marc Saché, Inventaire sommaire des archives départementales de Maine-et-Loire, série H, t. II, Angers, Siraudeau, 1926, p. 501 (sous la date de 1088-1100). – C. Lamy, supra, p. 102-118.

Cf. ARTEM 4514 (sous la date de 1089, 11 mars).

(d’après ARTEM 4514)

Notum fieri volumus tam presentibus quam futuris quia monachi Sancti Martini et Sancti Florentii quasdam querelas inter se habebant. Reclama-|2|-bant namque monachi Sancti Martini adversus Sancti Florentii monachos Casam in Toarcensi provincia. Quapropter domnus abbas Guillelmus(a), cum |3| quibusdam fratribus, Clarenbaldo scilicet et Hamone de Dol et Rainaldo de Vieris, adiit presentiam domni Bernardi, abbatis Majoris |4| Monasterii, et cęterorum(b) fratrum, petens cum humilitate ut calumpniam quam eis in supradicta Casa inferebant quietam clamarent. |5| Cujus peticioni domnus abbas Bernardus et cęteri(c) fratres in capitulo, caritatis vinculum potius amplectentes quam avaritię inhyantes, liben-|6|-tissime concesserunt. Monachi vero Sancti Florentii calumpniabant monachis supradictis ęcclesiam(d) de Sunzaio et ęcclesiam(d) |7| de Entramo et ęcclesiam(d) de Filgeriis, (e) quapropter et ipsi, domno W[illelmo] (f) abbati Sancti Florentii supplicantes, duos Sancti Martini mo-|8|-nachos, domnum Hilgodum, qui Suessionis fuerat episcopus, et donnum Harchenaldum(g), in capitulum Sancti Florentii transmiserunt, |9| qui, propter eandem caritatis dulcedinem(h), ut eis supradictę calumpnię(i) condonarentur ex totius(j) suę congregationis |10| rogatu expetierunt(k). Quod eis monachi Sancti Florentii devotissime(l) concesserunt, preter sepulturam de Sunzaio |11| quam semper quietam habuerant.

__

a. Willelmus B. – b. une croix autographe en interligne A. – c. ceterorum B. – d. ceteri B. – e. avaricie B. –f. ecclesiam B. – g. fol. 139v° B. – h. quelques lettres illisibles A, W. B, Willelmo b. – i. Archenaldum B. – j. dilectionem B. – k. supradicte calumpnie B. – l. tocius B. – m. expecierunt B. – n. devotissime om. B.

2. « Notice narrative » concernant l’église de Sonzay

Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3682, n° 3 (fig. 3)

S. d. [c. 1075-1078, janvier]. – n. l.

Hugues de Saint-Christophe130, du consentement de sa femme Richilde, a donné à Saint-Florent tous les droits de sépulture de l’église de Sonzay131 avec engagement presque ferme de donner plus tard l’église entière : mais peu après il la donna aux moines de Saint-Martin. Les moines portèrent leurs plaintes à l’abbé Barthélemy et aux moines de Saint-Martin à Tours, puis au concile tenu à Poitiers au mois de janvier 1078132 sur l’ordre du pape Grégoire VII, mais toutes les promesses restèrent vaines.

A. Original. Parchemin. Hauteur 287/295 mm ; largeur 77/120 mm133, Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3682, n° 3. Au dos est écrit : « De Sonziaco in pago Turonico » (xie siècle) (fig. 3).

a. Michèle Courtois, telma, « cn-telma.fr », Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France, C. Giraud, J.-B. Renault et B.-M. Tock (éd.), Nancy, Centre de Médiévistique Jean Schneider ; édition électronique : Orléans, Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (Telma), 2010, en ligne : http://www.cn-telma.fr/​originaux/​charte3485/.

Indiq. M. Saché (op. cit. supra), p. 462.

(Chrismon) Omnibus quos id nosse poposcerit rati-|2|-o, scire datur scripti hujus inditio quoniam Hugo |3| de Sancto Christoforo, annuente uxore sua Rachilde(a), |4| [une ligne blanche] |5| dedit monachis Sancti Florentii totam ecclesię sepulturam |6| ecclesie scilicet quę Sonziacus dicitur et totam ecclesiam |7| se eisdem postea donaturum satis fideliter |8| promisit. Hujus igitur ecclesie donum [blanc] |9| per domnum Aimericum, obedientię de Sancto Christoforo tunc |10| prepositum, ad monasterium Sancti Florentii Salmu-|11|-rensis ejusdem sancti monachis direxit eosque ut pro suis |12| delictis et anxietatibus Domino preces funderent tam ipse |13| quam uxor ejus benigne obsecrarunt. Predictus vero mona-|14|-chus, ad prefatum monasterium perveniens, in frequenti mona-|15|-chorum capitulo prefate ecclesie donum detulit et que sibi fuerant |16| imperata ceteris fratribus reseravit illisque annuentibus |17| ipsis donum super sancti Florentii altare post capitulum deposuit.

|18| Aliquanto vero tempore postea emenso(b), predictus Hugo ecclesiam quam Sancti Florenti |19| monachis se daturum spoponderat, monachis Sancti Martini dedit. |20| Quod monachi Sancti Florentii audientes, eorum consilio, Vuramus tunc |21| prior duos fratres, domnum scilicet Frotmundum et domnum Algerium, Turonus |22| misit, quatinus predicti Sancti Martini(c) monachi justitię et rectitudini faventes a tam |23| injusta pervasione desisterent. Qui Turonus venientes, dum abbati Bar-|24|-tholomeo rem pro qua venerant narrassent, et ille eos recta postulare |25| diceret, responderunt predicti duo fratres id se in capitulo coram cunctis, nam |26| dies dominicis erat velle audire. Ubi cum [v]enissent et ipse abbas eorum |27| profectionis causam cęteris fratribus intimaret, ilico ejusdem loci fratres |28| se hoc minime servaturos responderunt, sed si predictus Hugo ecclesiam |29| illis daret, ipsi acciperent,  monachi vero Sancti Florentii sepulturam quam ja[m] |30| habebant tenerent. Et ita in ipso capitulo definitum est. Sepedictus igitur |31| Hugo, cum Sancti Florentii monachos, et pręcipue hos qui apud Sanctum Christofo-|32|-rum morabantur, a calumnia non quiescere cerneret, sed insuper uxo-|33|-rem suam pręfatam Richildem, ex cujus patrimonio res erat, videret cum |34| ipsis calumniari, in tantum furorem exarsit ut terra quę eis jam dederat |35| invaderet, et ipsos insuper a castro quem cum pręfata conjuge acceperat |36| expellere minaretur. Unde domnus abbas Willelmus a monasterio Sancti |37| Florentii Salmurensis unum e fratribus nomine Yvonem ei direxit, |38| qui ei rationabiliter indicaret quoniam pro eo quod numquam habuissent, hoc |39| quod jam habebant perdere nollent, hoc autem pro certo sciret quoniam si aptum |40| locum possent repperire(d), predicta ecclesia Sancti Martini monachis minime |41| remaneret. Transactis autem postea non multis diebus videlicet anno |42| ferme tercio qui erat annus ab Incarnatione Domini millesimus |43| lxxviii, mense januario, factum est in civitate Pictavis magnum |44| concilium, in quo cum Sancti Florentii monachi de jam sepedicta ecclesia |45| [cl]amorem vellent facere et hoc abbas Bartholomeus ac fratres qui |46| cum eo erant certissime comperissent, mandavit eis non opus esse de |47| eis clamorem [un mot gratté] facere, quoniam ipsi de hoc omnem rectitudinem illis te-|48|-nerent. Sed cum ab eo loco recessissent [nichi]l, omnia quę promiserant |49| frustrati sunt. Nec tamen abbas Willelmus de [hiis](e) vel de multis aliis quas |50| injuste eis abstulerant rebus, monachis Sancti Florentii de eis cla-|51|-morem facere permisit. Hoc autem fuit primo concilio, quod Hugo |52| Diensis episcopus, jubente Gregorio septimo papa, in Gallia tenuit, |53| in quo inter alia ne ecclesie ulterius venderentur interdictum.

___

a. Rachde corr. Rachilde en ajoutant un l en interligne A. – b. emenso ajouté en interligne A. – c. Martini ajouté en interligne A. – d. reperire corr. repperire en ajoutant un p en interligne A. – e. Un mot perdu dans un trou, restitué par Michèle Courtois – nous la remercions de son aide.

3. Acte de la première donation d’Aimeri, vicomte de Thouars

Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 2 (document 1-1, fig. 5, 1. 1-32)

Et Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 1 (document 2, fig. 7)

S. d. [1089, 12-13 et 17 décembre]. – n. l. [La Chaize-le-Vicomte et Thouars]134

Aimeri, vicomte de Thouars135, du consentement de son épouse Ameline ainsi que de ses fils Arbert et Geoffroy, donne aux moines de Saint-Florent : 1) l’église Saint-Jean du château de La Chaize136 avec ses dépendances, 2) les terres entre autres celle de la Chevrolière137 en se réservant « trois chariots du bois » (une prestation annuelle du bois imposée sur les habitants de ce lieu au profit de la résidence vicomtale de Mareuil)138, 3) une forêt aux besoins du monastère soit pour la construction de maisons soit pour le chauffage, avec les droits : pacage et glandage, 4) un bourg libre de toute coutume sauf le droit perçu sur les ventes effectuées au marché le samedi – un bourgeois qui ne s’acquitte pas de la redevance pourra être condamné à la verser, à sa valeur propre, sans payer d’amendes en plus ; les bourgeois des religieux auront dans les bois les mêmes droits que ceux du vicomte –, 5) la dîme des grains qu’ils percevront, à l’exception des grains qui lui appartient (prestita) et du forestagium139. Il s’engage, en outre, à préserver les biens des religieux de toute violence de la part de ses hommes.

A. Original. Parchemin. Hauteur 425/428 mm ; largeur 220/250 mm, Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 2 (l. 1-32)140, au dos est écrit : « De Casa » ; « De Casa vicecomitis », (fig. 5)

B. Deuxième rédaction. Parchemin. Hauteur 387/392 mm ; largeur 295/298 mm, Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 1141, au dos est écrit : « De Casa », (fig. 7)

a. P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 2, p. 9-10 (jusqu’à la l. 30).

Indiqué : M. Saché (op. cit. supra), p. 351. – Laurent Morelle, « Instrumentation et travail de l’acte : quelques réflexions sur l’écrit diplomatique en milieu monastique au xie siècle) », Médiévales, 56, 2009, , p. 41-74, ici p. 57, en ligne, DOI : 10/4000/medievales.5537.

(d’après A, les mots illisibles dans A sont reconstitués d’après B et indiqués entre les crochets.)

(a) Ego Aimericus, Toarcensis honoris gratia Dei vicecomes et dominus, notum fore |2| volo fidelibus(b) Dei omnibus et pręcipue(c) meis successoribus quod ego, |3| pro salute animę meę(d), patris quoque ac matris meę(d) filiorumque ac filiarum, |4| immo totius progeniei, providi et disposui de rebus meis quaedam quę(e) |5| fratribus in monasterio Sancti Florentii Deo famulantibus, per voluntatem et con-|6|-sensum conjugis meę(d) Amelinę(f) necnon filiorum Arberti(g) et Goffredi, |7| dono et in perpetuum concedo, quatinus illi servi Dei orationum et bo-|8|-norum operum suorum participem [me f]aciant et pro peccatis meis apud |9| Dominum intercedant. Haec sun[t igitur] quae eis dono et concedo : aec-|10|-clesiam Sancti Johannis de castel[lo Ca]sae cum omnibus ad eam pertinentibus, |11| scilicet oblationibus, sepultura, [de]cimis, s[tagni]s, molendinis, terris, |12| sicut ea prius Johanni canonico [in feodum donavi] ; pręterea masu-|13|-ram terrę(h) de Capreolaria omni con[suetudine liberam], exceptis tribus |14| carretatis lignorum ; masuram quoque [terrae quae fuit Goh]elę juxta spele-|15|-um et ipsam omni consuetudine liberam cum prato terrę(h) contiguo ; forestas |16| etiam meas quantum opus fuerit ad opus monasterii sui et domorum suarum |17| ędificandarum(i) et ad calefaciendum ; pastum insuper porcorum suorum dominicorum142, |18| quotquot sint ; concesso eis pasnatico (sic) per easdem forestas ; [pastumque] simul bo-|19|-um, equarum reliquorumve(j) pecorum concedo. Burgum par[iter suum] absque aliqua |20| consuetudine eis(k) concedo, excepta venda diei sabbati quo diei mercatus est ; |21| quam tamen si quis non reddiderit, clamore ad monachum prepositum facto capitaliter |22| id est sine emendatione burgensis reddet ; boschos quoque meos burgensibus |23| eorum quomodo et meis communico. Ad hoc totius annonę(l) meę(d) quando ad horrea |24| mea afferetur, decimam eis concedo, exceptis prestitis et forestagiis meis. Pręter hęc |25| quę(m) de meo illis aut do aut daturus sum, si quis meorum aut hominum aut paren-|26|-tum in toto honore meo illis aliquid aut dederit aut vendiderit, volo et gra-|27|-tanter concedo. Terras eorum ab hominibus meis devastari de reliquo non per-|28|-mittam resque eorum violenter diripi non con[sen]tiam. Si quando tamen |29| bono animo de suo aliquid michi dederint, c[um] gratia suscipiam. Ut autem(n) |30| donationes et concessiones(o) istę(p) perennem optineant firmitatem, eas litteris annotari precepi |31| et annotatas in audientia plurimorum relegi et relectas signo meo auctorizavi |31| et a fratribus filiisque meis coram testibus feci auctorizari. (q)

Signum Americi vicecomitis

___

a. (Chrisme) B – b. Ego … fi(-delibus) en lettres allongées, avec le « g » en forme stylisée de g semi-oncial B – c. precipue B – d. meae B – e. quae B – f. Amelinae B – g. Herberti B – h. terrae B – i. aedificandarum B – j. relicorumve B – k. eis ajouté en interligne par la même main A – l. annone B – m. Praeter haec quae B – n. Ut autem … auctorizari écrit par une autre main qui suit la première de très près, voire immédiatement A. – o. conessiones corrigé concessiones avec un c suscrit A – p. istae B – q. B donne les souscriptions des témoins à la deuxième et la troisième colonne, outre celles des donateurs qui figurent à la première colonne : Testes :

Signum Aimerici + vicecomitis
Signum Radulfi + fratris ejus
Signum Arberti + filii ejus
Signum Gofredi + alterius filii eiis

Radulfus de Aspero Mont
Aimericus dapifer
Umbertus de Bosho
Petrus de porta
Christianus presbiter
Brientius143, Giraldus venator
Burrellus filius Ingelbertus144
Caprarius de Luc, Alboinus

Guerricus filius Ingelberti
Petrus puer filius Umberti
Johannes presbiter145, Girdus presbiter,

4. Acte de donations ultérieures d’Aimeri, vicomte de Thouars

Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3228 (l. 32-49) (documents 1-2 et 3, fig. 5)

S. d. [après 1089, 17 décembre, avant 1092, 15 janvier] 146. – n. l.

Aimeri, vicomte de Thouars donne aux moines de Saint-Florent plusieurs terres entre autres, celle comprise entre la rivière Marillet et le Yon, celle de Chantonay147 ayant jadis appartenu à Savari, son frère148, et celle sise à Palluau149, ainsi qu’un enclos habitable et trois personnes au service des moines. Il donne encore la terre de la Pelissonnière150 et de Brachioli. Ingelbert151, prévôt du vicomte, s’y associe en donnant aux moines un étang et le moulin de Recordelli.

A. Original. Parchemin. Hauteur 425/428 mm  ; largeur 220/250 mm, Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 2 (l. 32 - 49), au dos est écrit : « De Casa »  ; « De Casa vicecomitis », (fig. 5)

B. Deuxième rédaction en forme de notice, perdue152.

C. Copie du xiie s. dans le cartulaire de Saint-Florent, Livre blanc, Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3713, fol. 56v-57 (sans ruburique).

a. P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 2, p. 10, l. 31-11, l. 26.

Indiqué : M. Saché (op. cit. supra), p. 518- 519. – P. Marchegay (éd. cit. n. 13), p. 10, n. 2. – L. Morelle (art. cit. supra).

(d’après A, les mots illisibles dans A sont reconstitués d’après C et indiqués entre les crochets.)

|32| Dedit etiam predictus vicecomes prefato sancto et |33| monachis(a) terram quam dederat Gognori sorori(b) suę(c) quittam, sicut ipse eam habebat, sicut Maroletus fluvius eam et Oriolus levat. |34| Donavit etiam terram Savarici, fratris sui, de Castaneto et viridarium et pratum sibi contiguum, quittam sicut ipse habuerat. Dedit etiam |35| terram Amblardi et ortum quem emit de Adhemaro(d) ipsius Amblardi filio ; plaiseiz quoque quod adjacet predictę terrę(e), ad hospitandos homines |36| quotquot poterunt, salvo bosco(f) vicecomitis, et duos villanos ja[m i]bi manentes. Dedit etiam In[gelbertus preposi]tus et vicecomes |37| stagnnum(g) et molendinum Recordelli. Tres homines quoque, Girald[um Charant]on et Rainerium car[pentarium et] Ermengerium fabrum, |38| cum terra et domibus et omnibus consuetudinibus suis ; terram insuper Amati sicut de vicecomite ha[bebat, terram Da]vid et terram |39| quam Johannes ad consuetudinem tenebat ; in foresta etiam pratum et terram de Logis sicut metata es[t ; pratum quo]que de Fonte |40| Savarici ; terram etiam Morini de Paluel. Donavit iterum(h) predictus vicecomes borda[riam terre d]e Pellicionaria |41| cum prato sibi contiguo ; terram quoque Brachioli, sicut de ipso vicecomite habeb[at. Testes hujus] donationis sunt : |42| Guillelmi Sancti Florentii abbas153, Radulfus monachus(i), Benedictus, Rainulfus, Oliverius154, [Girardus, Gau]sbertus et Rainaldus |43| de Vieris, hi(j) omnes monachi. Laici : ipse Aimericus vi[cecomes et Goffridus filius ejus, S]avaricus filius Tetmerii155, |44| Aimericus senescallus156, Guillelmus de Paluel, Guillel[mus Bastardus, Ingelbertus filius Sa]ndraudi, Aimericus |45| filius Rainaldi, Guillelm[us, Bertrannus, Mainus de Chamilia]co et alii quam plurimi. |46| Famuli etiam abbatis : [Gir]aldus [Stupinus, Arnaldus Milsol]de, Mauricius de Mont |47| Revel, Gauterius Conoaldus, Guillelmus Britellus, Peregrinus, Gauterius(k) filius |48| Vitalis, Giraldus Charan[ton, Gu]ntaldus de Monte Johannis, Johannes de Capreolaria |49| multique alii. (l)

___

a. Noverit futura generatio quod Aimericus Toarcensium vicecomes dedit Sancti Florentii monachis C – b. sorori ajouté en interligne par la même main A – c. sue C – d. Ademaro corrigé Adhemaro par un h en note tironienne suscrit A – e. predicte terre C – f. boscho C – g. sic A, stagnum C – h. Donavit iterum… multi alii par une autre main A – i. monachus surscrit C – j. hii C – k. Galterius C – l. C donne trois croix cantonnées de trois souscriptions :

5. Acte des premiers donations d’Aimeri, vicomte de Thouars à la veille d’obtention de l’approbation épiscopale

Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 6 (document 3, fig. 8)

et Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 5 (document 4, fig. 9)

[1089, 12-17 décembre], 1092, 15 janvier et [après 1092, 15 janvier]. – [La Chaize-le-Vicomte, Thouars], Poitiers et [probablement à La Chaize-le-Vicomte].

Aimeri, vicomte de Thouars, du consentement de son épouse Améline ainsi que de ses fils Arbert et Geoffroy, donne aux moines de Saint-Florent : 1) l’église Saint-Jean du château de La Chaize avec ses dépendances, 2) des terres, entre autres celle de la Chevrolière, 3) une forêt destinée aux besoins du monastère, soit pour la construction de maisons, soit pour le chauffage, avec les droits de pacage et glandage, 4) un bourg libre de toute coutume sauf le droit perçu sur les ventes effectuées au marché le samedi, à l’exception de la semaine de la fête de dédicace de l’église [Saint-Jean] de La Chaize, où les moines recevront le versement des marchands157, – un bourgeois qui ne s’acquitte pas de la redevance pourra être condamné à la verser, à sa valeur propre, sans payer d’amende en plus ; les bourgeois des religieux auront dans ses bois les mêmes droits que ceux du vicomte –, 5) la dîme des grains qu’ils percevront et les coutumes sur leurs hommes nommées forestagium, à l’exception des grains qui lui appartiennent (prestita ). Il donne encore plusieurs terres, entre autres celle levée des rivières Marillet et de Yon, celle de Chantonay, ayant jadis appartenue à Savari, son frère, ainsi que celle sise à Palluau, un enclos habitable et cinq personnes aux services des moines. Il ajoute la terre de La Pelissonnière et de Brachioli. Il ajoute encore la terre de Jard158 libre de coutume jusqu’à celle de Villaron et à Broillatum et confirme le don fait par Goslen, fils de Raoul, de la terre sise entre la porte de La Chaize et l’étang de Ricordelli159. Il s’engage, en outre, à préserver les biens des religieux de toute violence de la part de ses hommes. Ces dons sont confirmés par le comte de Poitou Guillaume IX, en présence de son entourage160, et par les évêques de Poitiers Pierre II, de Saintes Ramnulf et d’Agen Simon, ainsi que par l’archevêque de Bordeaux Amat161, enfin, plus tard, par les seigneurs vendéens.

α. Modèle ou document de référence. Parchemin. Hauteur 425/428 mm ; largeur 220/250 mm, Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 2, au dos est écrit : « De Casa » ; « De Casa vicecomitis », (fig. 5)

A. Original. Parchemin. Hauteur 775/778 mm ; largeur 488/572 mm. Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 6162, au dos est écrit : « De Casa », (fig. 8)

B. Deuxième rédaction. Parchemin. Hauteur 588/600 mm ; largeur 393/460 mm. Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 5, au dos est écrit : « Karta Casa », (fig. 9)

C. Copie du xiie s. dans le cartulaire de Saint-Florent, Livre blanc, Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3713, fol. 53-54. – D163. Copie du xive s.  Papier. Hauteur 420 mm, largeur 515 mm. Arch. nat. 1 AP/605, n° 2 d’après A. E. Copie du xive s. Papier. Hauteur 390 mm, largeur 300 mm. Arch. nat. 1 AP/605, n° 1 d’après B.

a. P Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 9, p. 15-17.

Indiqué : M. Saché (op. cit. supra), p. 351. – Collection Fonteneau, Bibliothèque municipale de Poitiers, t. 26, p. 164-165, n. 6° (concernant D et E ). – Alfred Richard, Histoire des comtes de Poitou, réimpr. t. 4, Pau, Princi Negue, 2004, p. 22-23. – Jan Hendrik Prell, « Les souscriptions des chartes des comtes de Poitiers, ducs d’Aquitaine (1030-1137) », Pratiques de l’écrit documentaire au xie siècle (réun. par O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse), Bibliothèque de l’École des chartes, 155, 1997, p. 209- 210.

(d’après A, les mots tirés de α. sont imprimés en petits caractères.)

(a) Ego Aimericus, Toarcensis honoris gratia Dei vicecomes et dominus, notum fore volo(b) fidelibus Dei omnibus et precipue(c) meis successoribus quod ego, pro salute animae meae(d) patris quoque ac matris meae(e) filiorumque ac filiarum, immo totius(f) progeniei, providi et disposui |2| de rebus meis quaedam quae(g) fratribus in monasterio(h) Sancti Florentii Deo famulantibus, per voluntatem et consensum conjugis meae(e) Amelinae(i) necnon filiorum Herberti(j) et Waufredi(k), dono et in perpetuum(l), concedo quatinus illi servi Dei orationum et bonorum |3| operum suorum me participem faciant et pro peccatis meis apud Dominum intercedant. Haec(m) sunt igitur quae(n) eis dono et concedo : aecclesiam(o) Sancti Johannis de castello Casae(p) cum omnibus ad eam pertinentibus, scilicet oblationibus, sepultura, decimis, |4| stagnis, molendinis, terris, sicut ea prius Johanni canonico in feodum(q) donavi ; preterea(r) masuram terrae(s) de Capreolaria omni consuetudine liberam, (t) masuram quoque terrae(s) quae(n) fuit Gohele(u) juxta speleum et ipsam omni consuetudine liberam |5| cum prato terrae(s) contiguo ; forestas etiam meas quantum opus fuerit ad opus monasterii sui et domorum suarum aedificandarum(v) et ad calefaciendum ; pastum insuper porcorum suorum et hominum dominicorum suorum(w), quotquot sint ; concesso |6| eis pasnatico (sic) per easdem forestas pastumque simul boum equarum reliquorumve pecorum(x) concedo. Burgum pariter suum absque aliqua consuetudine concedo, et diem sabbati qui evenit intra feriam dedicationis aecclesiae(y), excepta venda diei |7| sabbati quo dies mercatus est(z) ; quam tamen si quis non reddiderit, clamore ad monachum prepositum facto, capitaliter, id est sine emendatione burgensis reddet(aa) ; boschos(ab) quoque meos burgensibus eorum quomodo et meis communico. Ad hoc |8| totius(ac) annonae meae quando ad horrea mea afferetur, decimam eis concedo, et consuetudinem hominum suorum quae forestagium dicitur, exceptis meis prestitis(ad). (ae) Addo quoque illis terram(af) quam dederam Gognori sorori meae(ag) quiptam(ah), sicut ego(ai) ipse |9| habebam(aj), sicut Maroletus(ak) feluvius(al) eam et Oriolus levat. Do(am) etiam terram Savarici, fratris mei(an), de Castaneto (ao) et viridiarium(ap) et pratum sibi contiguum quiptam(aq) sicut ipse habuerat, (ar) terram quoque(as) Amblardi et ortum quem emi(at) de Adhemaro(au), ipsius |10| Amblardi filio. Addo vero(av) plaiseiz(aw) quod adjacet predictae terrae(ax), ad hospitandos homines quotquot poterunt, salvo boscho meo(ay), et duos villanos jam ibi manentes ; (az) quinque etiam homines(ba), Giraldum Charanton et Rainerium Carpentarium et |11| Hermengerium(bb) fabrum et Aimericum Champiec(bc) ac Aimericum(bd) peletarium(be), cum terra et domibus et omnibus consuetudinibus suis, (bf) terram quoque David Rechin(bg), (bh) in foresta etiam pratum et terram de Logis, sicut metata est ; pratum quoque de Fonte Savarici, |12| terram etiam Morini de Paluel. His autem addo(bi) borderiam terrae(s) de Pellicionaria cum prato sibi contiguo ; terram quoque Brachioli, sicut de me(bj) habebat. Do etiam illis in Gardis quattuor meiterias(bk) terrae(bl) quiptas(bm) ad Villaron, Broillatulum quoque |13| quod est juxta terram Savarici, fratris mei ; et terram illis concedo ex qua ipsis donum fecit Goslenus Radulfi filius, sicut eam levat porta Casae(bn) usque ad stagnum Recordelli(bo). Ad hoc quae(bp) de meo illis aut do aut(bq) daturus sum ; (br) si quis meorum |14| aut(bs) hominum aut parentum in toto honore meo illis aliquid aut dederit aut(bt) vendiderit, volo et gratanter concedo. Terras eorum ab hominibus meis(bu) devastari de reliquo non permittam, resque eorum violenter diripi |15| non consentiam. (bv) Ut autem(bw) donationes et concessiones istae perhennem(bx) obtineant(by) firmitatem, eas litteris annotari pręcepi(bz) et annotatas in audientia plurimorum relegi et relectas signo meo auctorizavi et a fratribus |16| filiisque meis (ca) feci auctorizari.

|24| Anno ab Incarnatione Domini millesimo nonagesimo ii(ch), xviii kalendas februarii, feria v, auctorizate sunt et confirmate(ci) donationes istae(cj) a comite Pictavensi et ab episcopis qui suprascripti sunt Pictavis in aula comitis in presentia optimatum |25| quorum nomina subscripta sunt(ck) : (cl)

|38| Hi sunt testes hujus cartule Aimericus bacalarius, Americus

|39| de Tellii, Bernardus filius Olgeardi, Bertrannus Cheam-

|40| nadus, Berlardus de Passe Avant. Radulfus de Aspero Mon-

|41| te. Americus filius Rainaldi. Gaufridus Rufus. Urvoidus

|42| de Quemeiquiers(cs). Rodbertus filius Frogerii. Radulfus

|43| Aimenun(ct). Willelmus Pictavensis. (cu)

____

a. In Christi nomine B E - b. notm fore volo fore sic C – c. pręcipue α – d. animę meę α B, anime meę C, anime mee E – e. meę α B C, mee E – f. immo totius omis C, immo tocius D E – g. quaedam quę α, quędam quę B, quedam que C E, quedamquae D – h. in monasterio omis B E – i. Amelinę α B, Ameline C E – j. Arberti α – k. Goffredi α, Gaufredi B C E – l. imperpetuum C – m. Hęc B, Hec C E – n. quę B, que C E. – o. ecclesiam B C E – p. Casę B, Chasę C, Case E - q. fędum B C, foedum D, fedum E – r. pręterea B – s. terrę α B C, terre E – t. exceptis tribus carretatis lignorum α, omis dans A B C D E – u. Gohelę α – v. edificandarum α B C E – w. pastum insuper porcorum suorum dominicorum α – x. reliquarum peccorum B – y. ecclesiae B E, ęcclesię C – z. Burgum … mercatus est α ACD BE donnent des versions différentes :

ae. Pręter hęc quę de meo … auctorizari  dans α figure à la ligne 13 de A, après Ad hoc quae de meo … – af. Dedit etiam predictus vicecomes prefato sancto et monachis ejus terram α par une autre main. – ag. suę α, meę B, mee C E – ah. quittam α, quietam B E – ai. ipse α – aj. habebat α – ak. Marolatus α – al. sic A, fluvius α B C D E – am. Donavit α – an. sui α – ao. eis liberam et quietam ajouté B E – ap. viridiariumque B E – aq. quittam α, quiptam omis B E – ar. Dedit etiam α – as. quoque omis α – at. emit α – au. Ademaro corrigé Adhemaro α – av. Addo vero absent α – aw. plaiseiz quoque α., plaixicium B E – ax. predictę terrę α B, predicte terre C E – ay. bosco vicecomitis α, bosco meo B E – az. Dedit etiam Ingelbertus prepositus et vicecomes stagnnum (sic) molendinum Recordelli α, omis A B C D E – ba. Tres homines quoque α – bb. Ermengerium α B E – bc. Campiech B, Champiet D, Campieth E – bd. Galterium B E - be. et Aimericum Champiec ac Aimericum peletarium absent α – bf. terram insuper Amati sicut de vicecomite habebat α, omis A B C D E – bg. terram David et α – bh. et terram quam Johannes ad consuetudinem tenebat α, omis A B C D E – bi. Donavit iterum predictus vicecomes α par une autre main. – bj. ipso vicecomite α – bk. Jardis quattuor medietarias B, Lardis quattuor medietarias E – bl. terrę B, terre E - bm. quietas B E – bn. Casę B, Case E – bo. Do etiam illis … ad stagnum Recordelli absent α et à la place : Testes hujus donationis sunt : Guillelmus Sancti Florentii abbas, Radulfus monachus, Benedictus, Rainulfus, Oliverius, Girardus, Gausbertus et Raibaldus de Vieris, hi omnes monachi. Laici : ipse Aimericus vicecomes et Goffridus filius ejus, Savaricus filius Tetmerii, Aimericus senescallus, Guillelmus de Paluel, Guillelmus Bastardus, Ingelbertus filius Sandraudi, Aimericus filius Rainaldi, Guillelmus, Bertrannus, Mainus de Chamiliaco et alii quam plurimi. Famuli etiam abbatis : Giraldus Stupinus, Arnaldus Milsolde, Mauricius de Mont Revel, Gauterius Conoaldus, Guillelmus Britellus, Peregrinus, Gauterius filius Vitalis, Giraldus Charanton, Guntaldus de Monte Johannis, Johannes de Capreolaria multique alii ajouté α. – bp. Pręter hęc quę α, Ad hoc quę B, Ad hoc que E – bq. sive B E – br. aut ajouté B E – bs. vel B E – bt. sive B E – bu. ab hominibus meis répété E – bv. Si quando tamen bono animo de suo aliquid michi dederint, cum gratia suscipiam α, omis A B C D E – bw. Ut autem … auctorizari par une autre main α – bx. istę perennem α B, iste per omnem C, iste perennem E – by. optineant α C D – bz. precepi C D E – ca. coram testibus α, omis A B C D E – cb. Signum Radulfi fratris + vicecomitis placé au deuxième rang après Signum Aimerici B E – cc. Guillelmi C – cd. Testes : Radulfus de Aspermonti, Burellus filius Ingelberti, Aimericus dapifer, Alboinus, Unbertus de Boso, Giraldus venator. Petrus de Porta. Britentius ajouté à la troisième colonne B E – ce. Data mense decembri, regnante Philippo Francorum rege, Willelmo Aquitanorum duce, anno ab Incarnatione Domini millesimo octogesimo octavo ajouté B E – cf. croix cantonnée de quatre points A – cg. Symonis C – ch. secundo B E - ci. confirmatę C – cj. istę BC, iste D E – ck. qui subscripti sunt B E – cl. Quicumque vero his donationibus seu concessionibus in aliquo contrarius extiterit, anathema sit. Testes ajouté B E – cm. Herbertus B E – cn. Tecmari B E – co. Eblo C – cp. Willelmus Fredelengius et multi alii à la fin de la liste B E, Guillelmus Fredelengius C – cq. Anno ab Incarnatione Domini … Stefanus de Blesis absent α, par une autre main A. – cr. croix autographes abssentes α, omises B E – cs. Quemiquers C – ct. Aimenum C – cu. Hi sunt… Willelmus Pictavensis absent α, par une autre main A, omis B E

6. Acte confirmatif de Pierre II, évêque de Poitiers pour l’église Saint-Just d’Aulnay

Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3494, n° 12 (fig. 10)

et Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 3 (fig. 11)

1089, 11 mars. – s. l.

Pierre II, évêque de Poitiers, agissant avec le consentement de l’archidiacre Raoul et de tout le chapitre de Saint-Pierre, donne aux moines de Saint-Florent l’église de Saint-Just d’Aulnay164 et tout ce qui en relève.

A. Original. Parchemin. Hauteur 525/532 mm ; largeur 282/340 mm, Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3494, n° 12165. Au dos est écrit en onciales majuscules : « Preceptum Petri pictavensis episcopi ecclesiis de Odenaco », (fig. 10).

B. Copie du xie s. pour en faire un pseudo original. Parchemin. Hauteur 404/413 mm ; largeur 360/369 mm, Arch. dép. de Maine-et-Loire, H 3368, n° 3. Au dos est écrit en onciales majuscules : « Preceptum Petri Pictavensis episcopi de ecclesiis de casa », (fig. 11).

C. Copie du xie s. dans le cartulaire de Saint-Florent, Livre noir (ms. cit. supra), fol. 89v sous la rubrique : « Preceptum Petri Pictavensis episcopi de eadem ecclesia » d’après A. – Copie du xiie s. dans le cartulaire de Saint-Florent, Livre blanc (ms. cit. supra) fol. 54-54v (sans rubrique) d’après B.

a. Paul Marchegay (éd. cit. n. 115), p. 128, n° 87, d’après A. – b. Id., (éd. cit. n. 13), n° 13, p. 11-12 d’après B.

Indiq. M. Saché (op. cit. n. supra), p. 403.

Cf. ARTEM 3445

Antiquiorum sancitum(a) est patrum industria modernorumque comprobatur sollercia, |2| ne aliqua in eorum factis in posterum subsequeretur versucia(b), res infirmo statu |3| permansuras scripto commendare, ne amplius ullis infestationibus possent titubare. |4| A quorum institutione ego Petrus, Pictavensium episcopus, non devians, donum |5| quod facio aecclesię(c) Sancti Florentii de Salmuro de aecclesiam(d) Sancti Justi de Oeneaco(e), |6| ne oblivionis obumbretur caligine, scripto studui commendare. Dono itaque ęcclesię(f) |7| Sancti Florentii de Salmuro ęcclesiam Sancti Justi de Oeneaco(g), una cum consensu Radulfi |8| archidiaconi tociusque capituli Sancti Petri (h), nec tantum ęcclesiam(i) sed quęque(j) |9| ad eam(k) pertinent. |10| Siquis vero huic nostrę donationi contradicere voluerit, in primis omnipotentis Dei |11| iram incurrat et gloriosissimi confessoris Florentii et omnium sanctorum Dei sitque |12| anathema maranatha. (crux) (crux)(l)

|13| S. P[etri] episcope(m). S. Aymerici(n) decani. S. Radulfi archidiaconi(o). S. Petri archidiaconi. |14| S. Gauzfredi precentoris. S. Garnerii abbatis. S. canonicorum. S. Odonis subdecani. |15| S. Rainaldi de Faio. S. Willelmi de Mirenbello. S. Stephani Sicci. S. Petri Roho. S. Willelmi abbatis. |16| S. Drogonis monachi. S. Willelmi monachi. S. Aymerici(n) monachi. S. Ingenulfi monachi. S. Goffredi Popardi. S. Mauricii clerici.

|17| Facta est hęc(p) carta v idus marcii, anno m° lxxxviiii ab Incarnatione |18| Domini, (q) regnante Philippo Francorum rege, Petro Pictavensium episcopo, Guillelmo |19| Aquitanorum duce(r).

___

a. sanccitum B. – b. versutia BC. – c. aecclesie B. – d. ęcclesia B. – e. de ęcclesiis de Casa C. – f. ecclesię B. – g. ęcclesias de Casa C. – h. et Aimeri vicecomitis et Amelinę suę conjugis et filiorum ejus Arberti et Goffredi add. C. – i. ecclesiam B ; ecclesias C. – j. quaeque C. – k. eas C. – l. crux om. C. – m. S. Petri (crux) episcopi B. – n. Aimerci B. – o. S. Radulfi (crux) archidiaconi B. – p. haec B. – q. dominica mediante xlma add. B. – r. Guillelmi Aquitanorum duce. Petro Pictavensium episcopo C.

Haut de page

Notes

1 Pratiques de l’écrit documentaire au xie siècle, O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse (éd.), Paris/Genève, Droz (Bibliothèque de l’École des Chartes, 155), 1997. Le présente article a été mis au point par Mme Marie-Clotilde Hubert, M. Jacques-Hubert Sautel et M. Georges Pon qui m’ont aidée à mener à bien sa rédaction.

2 Concernant la perspective générale des actes du xie siècle, citons entre autres travaux : Olivier Guyotjeannin et Laurent Morelle, « Tradition et réception de l’acte médiéval : jalons pour un bilan des recherches », Archiv für Diplomatik, 53, 2007, p. 367-404 et Laurent Morelle, « Instrumentation et travail de l’acte : quelques réflexions sur l’écrit diplomatique en milieu monastique au xie siècle », Médiévales, 56, 2009, p. 41-74, en ligne, DOI : 10/4000/medievales.5537.

3 Saint-Hilaire-Saint-Florent, aujourd’hui comm. Saumur (c. Saumur-Nord, arr. Saumur, Maine-et-Loire).

4 Élisabeth Carpentier et Georges Pon, « Chronique de Saint-Nicolas de La Chaize-le-Vicomte », Revue historique du Centre-Ouest, 6, 2007, p. 339-391.

5 La Chaize-le-Vicomte (c. La Roche-sur-Yon 2, arr. La Roche-sur-Yon, Vendée).

6 Un monastère fut fondé autour du tombeau du saint ermite Florent au Montglonne (aujourd’hui Saint-Florent-le-Vieil, c. La Pommeraye, arr. Cholet, Maine-et-Loire), la communauté dut se réfugier à Saint-Gondon (c. Sully-sur-Loire, arr. Montargis, Loiret), pour fuir les attaques des Bretons en 849 et des Normands en 852 ; suivant des récits tardifs, la pérégrination aurait continué jusqu’à l’abbaye Saint-Philibert de Tournus (arr. Mâcon, Saône-et-Loire). V. 956, le comte de Blois, Thibaud le Tricheur, fonde un monastère dédié à saint Florent à l’intérieur de la ville de Saumur et y introduit un abbé venant de Fleury. L’ancien monastère du Montglonne devient un prieuré de l’abbaye Saint-Florent de Saumur, de même que Saint-Gondon et Saint-Louvant à Chinon. En 1026, lorsque le comte d’Anjou Foulque Nerra dévaste la ville de Saumur pour en chasser le comte de Blois Eudes II, les moines et les reliques partent encore une fois en exil et s’installent avant 1030 dans une localité proche de Saumur. Cette nouvelle abbaye Saint-Florent passe peu à peu du pouvoir des comtes de Blois à celui des comtes d’Anjou et de l’évêque d’Angers. Par la suite, l’abbaye bénéficie du long abbatiat de Guillaume de Dol (1070-1118) et entre dans une période de grande expansion. Voir Olivier Guillot, Le comte d’Anjou et son entourage, t. I, Paris, Picard, 1972, p. 182-183, 203-209, 229-233 et 230-233, n. 135 ; et Id., « L’espace saumurois du ve aux débuts du xiie siècle, la naissance et les premiers développements de Saumur », dans Histoire de Saumur, H. Landais (dir.), Toulouse, Privat (Univers de la France et des pays francophones), 1997, p. 44-63, repris dans Id., Arcana imperii, II, Limoges, Pulim (Cahiers de l’Institut d’anthropologie juridique, 23), 2010, p. 329-352 ; Maurice Hamon, Les origines de l’abbaye de Saint-Florent-lès-Saumur, thèse de l’École des chartes, 1971 ; Id., « La vie de saint Florent et les origines de l’abbaye du Mont-Glonne », Bibliothèque de l’École des Chartes, 129-2, 1971, p. 215-238, en ligne, DOI : 10.3406/bec.1971.449894 ; William Ziezulewicz, « “Restored” churches in the fisc of St. Florent-de-Saumur (1012-1118) », Revue bénédictine, 96, 1986, p. 106-117 ; Élisabeth Verry, « Saint-Florent en Anjou ou l’abbaye nomade : les conditions de l’installation de l’abbaye de Saint-Florent de Saumur sur le site de saint-Hilaire du Thouet au temps des abbés Frédéric (1022-1055) et Sigon (1055-1070) » [titre différent p. 149], dans Foi chrétienne et églises dans la société politique de l’Occident du haut Moyen Âge (ive-xiie siècle), J. Hoareau-Dodinau et P. Texier (éd.), Limoges, Pulim (Cahiers de l’Institut d’anthropologie juridique, 11), 2004, p. 149-164 ; Michel Mouate, « L’abbaye Saint-Florent dans le Saumurois aux xie et xiie siècles », Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts du Saumurois, 155, 2006, p. 28-49 ; George Thomas Beech, Was the Bayeux tapestry made in France? The case for St. Florent of Saumur, New York, Palgrave Macmilian (The New Middle Ages), 2005, p. 21-25. Voir en outre L’écrit monastique dans l’espace ligérien (xe-xiiie siècle), actes de colloque (Orléans, mars 2015, POLEN-CESFIMA, EA 4710), C. Senséby (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes (Histoire), 2018 ; cf. Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre, 19-1, 2015, en ligne : https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cem/13760.

7 L’état de la transmission de la Chronique est peu satisfaisant, voir Introduction de : É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 340-342.

8 Ibid., p. 350.

9 Ibid., p. 378 : notice consacrée à la pose de la première pierre de l’église Saint-Nicolas (juillet 1091) ; la notice suivante relate la fête de la Saint-Nicolas en décembre 1093 (ibid, p. 380). Ensuite, les événements sont indiqués dans un ordre chronologique rigoureux. De 1093 à 1095, les passages concernant les grands faits sont susceptibles d’avoir été rédigés d’après des informations transmises oralement par des anciens. Par la suite, aucun événement n’est mentionné avant décembre 1099 avec la notice sur la dédicace de l’église Saint-Nicolas de La Chaize à cette date (ibid, p. 384) et jusqu’en décembre 1102, le chroniqueur paraît paraît être un contemporain des événements. Concernant l’intérêt de cette chronique pour l’histoire de la construction, voir Claude Andrault-Schmitt, « Une source inédite pour l’art roman. L’histoire de la construction de l’église Saint-Nicolas de La-Chaize-le-Vicomte (Vendée) entre 1091 et 1095 », Bulletin monumental, 167-1, 2009, p. 73-74.

10 Voir pour le « fragment 1 » : É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 364-366, le « fragment 2 » : ibid. p. 368-374, le « fragment 3 » : ibid. p. 374-376 et le « fragment 4 », ibid. p. 378.

11 Dans le « fragment 3 », le texte affirme qu’en cette année, le deuxième dimanche du Septuagésime précède l’octave de la fête de Purification de Vierge : É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 374 et 376, ce qui renvoie à l’an 1089. On lit en outre dans le « fragment 2 » que le 13 décembre de cette année était un jeudi (ibid. p. 368), ce qui correspond aussi à l’an 1089. Ces deux éléments permettent de rétablir la chronologie des événements que rapportent les trois fragments. Quant au « fragment 4 » qui contient un seul élément chronologique, le dies natalis Johannis, le contexte conduit plutôt à la fête de Jean l’Évangéliste, le 27 décembre qu’à celles du Précurseur (le 24 juin et le 29 août).

12 Ce scribe Drogon, est qualifié d’armarius, bibliothécaire. C’est dire que le métier d’un armarius ne consiste pas seulement à conserver et à inventorier la bibliothèque, mais qu’il s’étend aussi à la gestion du temporel par sa participation à l’établissement des actes diplomatiques. Les chercheurs de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, section codicologie (Paris/Orléans), qui étudient les inventaires des bibliothèques médiévales signalent de leur côté les similitudes entre le vocabulaire employé par les bibliothécaires dans leurs inventaires et celui qui figure dans les documents diplomatiques ; voir le site en ligne : http://www.libraria.fr.

13 On comprend tout de même la logique du chroniqueur qui l’a conduit vers cette solution. Concernant des années 1088-1090, il disposait de ces quatre écrits fragmentaires sans indication de l’année à côté des trois documents des archives de cette période (Cartulaires du Bas-Poitou [département de la Vendée], Paul Marchegay [éd.], La Roche-sur-Yon, L. Gaston, 1877, n° 3, 4 et un acte inédit). Il les a présentés dans un ordre « chronologique », en se fondant sur des indices temporels indiqués en termes liturgiques, sans savoir en quelles années se déroulaient ces événements, et sans tenir compte de l’enchaînement des affaires. C’est ainsi que le « fragment 1 » qui rapporte des événements du mois de novembre est recopié en premier, et suivi par les textes relatant des faits de décembre à mars (le « fragment 2 », re vera décembre 1089-mars 1090) et de janvier à mars (le « fragment 3 », re vera au début de l’an 1089). Quant au dernier court fragment qui comporte, nous l’avons vu, in die natali Johannis comme unique élément chronologique, le chroniqueur n’a pensé qu’à la fête de Jean-Baptiste (le 24  juin ou le 29 août alors qu’il s’agit de la Saint-Jean l’Évangéliste, 27 décembre [1088]) et l’a présenté à la fin.

14 Pour la période de la fondation du prieuré de La Chaize-le-Vicomte, le riche fonds de Saint-Florent conserve environ 140 actes sur parchemin (abbatiat de Guillaume, 1070-1118). Pour ce prieuré durant les années 1088-1102, les Archives départementales de Maine-et-Loire conservent huit actes ; les Archives nationales, trois provenant du château de Thouars (Paris, Arch. nat., 1AP, 605, n° [3], [3bis] et 4). Parmi les cartulaires de Saint-Florent, le Livre noir (fin xie siècle, Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1930 [désormais Livre noir], f. 139r-v) contient une notice et le Livre blanc (xiie siècle, Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3713 [désormais Livre blanc]) rassemble aux f. 53-57v la transcription de treize titres. Cinq titres, en outre, sont connus par une copie du xvie siècle, exécutée par les frères de Sainte-Marthe (Paris, BnF, fr. 20258) et par une autre du xviie siècle, due à dom Huynes (Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3370). La plupart de ces documents ont été édités par P. Marchegay (éd. cit. n. 13), p. 3-58 et 339-349. Sur le cartulaire, voir : Les cartulaires. Actes de la Table ronde organisée par l’École nationale des chartes et le GDR 121 du CNRS (Paris, 5-7 décembre 1991), O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse (éd.), Paris, École des chartes/Champion (Mémoires et documents de l’École des chartes, 39), 1993 ; Laurent Morelle, « Des moines face à leur chartrier : étude sur le premier cartulaire de Montier-en-Der (vers 1127) », dans Les moines du Der (673-1790), Actes du colloque international d’histoire, (Joinville, Montier-en-Der, 1er-3 oct. 1998), P. Corbet (éd.), Langres, Guéniot, 2000, p. 211-258 ; Pierre Chastang, Lire, écrire, transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (xie-xiiie siècles), Paris, CTHS (Histoire, 2), 2001.

15 Aimeri IV, vicomte de Thouars, 1055-21 décembre 1093.

16 Martin, moine de Marmoutier et prieur de Chemillé, actif exclusivement dans les années 1080. Nous devons toutes les informations sur les moines de Marmoutier au travail de notre collègue et amie, Claire Lamy, L’abbaye de Marmoutier (Touraine) et ses prieurés dans l’Anjou médiéval (milieu du xie-milieu du xiiie siècle), thèse de doctorat en histoire médiévale sous la direction de D. Barthélemy, Université Paris IV, 2009.

17 Bernard, abbé de Marmoutier avant 1083, 20 mai-7 avril 1100 (C. Lamy).

18 Guillaume de Dol, abbé de Saint-Florent, 1070-1118, voir G. T. Beech (op. cit. n. 6), p. 21-25 et l’introduction de l’édition de É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 352-353. Samuel, prieur général de Saint-Florent, avant 1088-après 1095, il apparaît dans les actes de plusieurs prieurés (Dénezé en décembre 1087, Saint-Clémentin avant 1087, La Chaize en décembre 1089 et en janvier 1090, Saint-Laon de Thouars en 1095). Judicaël, prévôt de Saint-Florent, avant janvier 1078 et après 1095.

19 Le « fragment 1 », É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 364-366.

20 Le « fragment 4 », ibid., p. 378.

21 Il existe un texte très curieux de Saint-Florent inséré dans le cartulaire dit Livre blanc (première moitié du xiie siècle) à la fin de la série « de Casa » (f. 57v). Selon ce texte, en 1069, le vicomte Aimeri réclame aux moines de Saint-Florent, depuis sa résidence de Thouars, un missel pour l’église de La Chaize qu’il va construire. Les moines arrivent avec un missel merveilleusement décoré et ils demandent au vicomte que l’église qu’il va construire à La Chaize soit destinée aux moines de Saint-Florent. Le vicomte donne son accord. Par la suite, le vicomte vend le missel pour payer la construction de l’église de La Chaize…, voir P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 1 ; É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 390 (date de la deuxième ligne à corriger à 1069). Ce texte, qui rapporte la première négociation des moines de Saint-Florent sur l’église de La Chaize à la date de 1069, pourrait bien avoir été rédigé vingt ans plus tard pour appuyer la position de Saint-Florent.

22 Le « fragment 3 », É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 374-376. L’accusation du moine Samuel porte sur le problème de la possession de l’église Notre-Dame de Fougères en Bretagne ; à ce propos, voir infra.

23 Sonzay (c. Château-Renault, arr. Tours, Indre-et-Loire).

24 Antrain (ch.-l. c., arr. Fougères-Vitré, Ille-et-Vilaine).

25 Fougères (ch.-l. c., arr. Fougères-Vitré, Ille-et-Vilaine).

26 Rennes, Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 6H 36, n° 2, (pièces justificatives 1, en annexe) ; P. Marchegay, (éd. cit. n. 13), App. A, p. 339 et fig. 2 présente ARTEM 4514 : dans Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France, C. Giraud, J.-B. Renault et B.-M. Tock (éd.), Nancy, Centre de Médiévistique Jean Schneider ; voir en ligne, l’édition de l’IRHT : http://www.cn-telma.fr/originaux/charte4514/. Comme on le discerne, la croix en interligne n’est probablement pas tracée par le scribe du texte, cf. Claire Lamy, « Notices ligériennes et identité monastique. Le cas de Marmoutier et Saint-Florent de Saumur, 2e moitié du xie siècle », dans L’écrit monastique… (op. cit. n. 6).

27 Livre noir, f. 139-139v. Dans ce cartulaire, une première main transcrit les actes jusqu’aux alentours de 1070 et une deuxième main continue jusqu’au début des années 1080 ; ensuite, plusieurs mains ajoutent à la fin et dans les espaces vides la transcription d’autres actes jusqu’en 1110 ; enfin, ceux des prieurés anglais sont ajoutés vers 1150. La notice qui atteste la fin de la querelle se situe au début des ajouts qui sont portés à la fin du volume.

28 Le problème d’Antrain n’est connu que par les documents transcrits. Vers 1060, les moines de Saint-Florent obtiennent d’un certain Turulle, fils de Réginald le Gros, une partie du droit qu’il avait sur cette église : Livre noir, f. 69, édition partielle par dom Pierre Hyacinthe Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, C. Osmont, 1742-1746, 3 vol., ici t. 1, col. 389. Quant à Marmoutier, deux actes de concessions postérieures des biens sur cette église rappellent les droits que les moines tourangeaux avaient déjà sur Antrain. L’un affirme la date de l’acquisition avant 1076, en invoquant la donation de quelques portions de l’église d’Antrain faite par Main, évêque de Rennes (v. 1040-1076) : Cartulaire factice du prieuré de Combourg, Paris, Bibliothèque de l’Institut de France, ms. 2382, p. 13 et 21-22. Concernant ce cartulaire du xviiie siècle, voir Hubert Guillotel, « Combour : proto-histoire d’une seigneurie et mis en œuvre de la réforme grégorienne », dans Family Trees and the Roots of Politics. The prosopography of Britain and France from the tenth to the twelfth century, K. S. B. Keats-Rohan (éd.), Woodbridge, Boydell Press, 1997, p. 269-298, en part. p. 273, n. 9.

29 Saint-Christophe[-sur-le-Nais] (c. Château-Renault, arr. Tours, Indre-et-Loire). Acte de donation de Hugues de Saint-Christophe et de Richilde, son épouse : Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3682, n° 1 (30 août 1069).

30 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3682, n° 2 ; Augustin, « De vera religione », dans : Eligius Dekkers, Clavis patrum latinorum, Turnhout, Brepols (Corpus christianorum, Series latina), 1995, 264.

31 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3682, n° 3 (pièces justificatives 2, en annexe) ; Michèle Courtois (éd.), « Charte Artem/CMJS n° 3485 », en ligne : http://www.cn-telma.fr/originaux/charte3485/

32 Voici en résumé ce que cette notice rapporte. Hugues de Saint-Christophe a donné à Saint-Florent tous les droits de sépulture attaché à l’église de Sonzay, avec l’engagement ferme (satis fideliter promisit) de donner plus tard l’église entière. Le prieur de Saint-Christophe s’est empressé de rejoindre l’abbaye mère pour rapporter la bonne nouvelle et le don fut mis sur l’autel. Or peu après, le seigneur Hugues donna l’église de Sonzay aux moines de Marmoutier. Le père prieur saumurois envoya alors deux moines à Marmoutier pour porter plainte auprès de l’abbé Barthélemy. L’abbé interrogea ses moines, mais sans rien tirer au clair. À Saint-Christophe, les moines demeurent seuls face au seigneur Hugues et lui réclament justice ; Hugues répond par une menace d’expulsion. L’abbé de Saint-Florent Guillaume envoie un moine au concile de Poitiers qui se tient en janvier 1078, mais toutes les promesses que les moines saumurois avaient cru recevoir restèrent vaines. Sur le concile de Poitiers, tenu en janvier 1078 par Hugues de Die, légat du pape Grégoire VII, voir Carl-Joseph Héfélé et dom Henri Leclercq (trad.), Histoire des conciles d’après les documents originaux, New York, Olms, t. V-1, 1973, p. 229-232.

33 Ces documents ont été étudiés par Florian Mazel, « Seigneurs, moines et chanoines : pouvoir local et enjeux ecclésiaux à Fougères à l’époque grégorienne (milieu xie-milieu xiie siècle) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 113-3, 2006, p. 105-135.

34 Les moines de Marmoutier reçoivent d’abord l’église Saint-Sauveur-des-Landes puis un lieu nommé Lumpiniacum (près de Louvigné-du-Désert ?) : Hubert Guillotel, Les actes des ducs de Bretagne, 944-1148, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Sources médiévales de l’histoire de Bretagne, 3), 2014, n° 46, p. 277-278, s. d. [1040-1047)] et n° 47, p. 280-284, s. d. [1040-1047)].

35 L’acte de donation de Raoul, seigneur de Fougères, s. d. [1064-1076] : Arthur Le Moyne de La Borderie (éd.), « Chartes de la Sainte-Trinité de Fougères », Bulletin archéologique de l’Association bretonne, 3-4, 1851, p. 186-187 ; Florian Mazel et Armelle Le Huërou, « Actes de l’abbaye de Marmoutier concernant le prieuré de la Trinité de Fougères, xie-xiie siècles : édition et traduction », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 113-3, 2006, n° 1, p. 139-140. Notice rétrospective sur la donation initiale de cette église rédigée vers 1113/1124 : édition complète F. Mazel et A. Le Huërou, supra, n° 7, p. 161-165.

36 Les dons au prieuré de Saint-Sauveur-des-Landes : édition par dom P. H. Morice (op. cit. n. 28), col. 394, 403 ; H. Guillotel (op. cit. n. 34), n° 49, p. 286-287 ; voir aussi A. Le Moyne de La Borderie (art. cit. n. 35), n° 11, p. 196 et n° 12, p. 197. Dons au prieuré de Fougères : A. Le Moyne de La Borderie : ibid., n° 6, p. 190-191, n° 10, p. 195-196 ; F. Mazel et A. Le Huërou (op. cit. n. 35), n° 2, p. 143 ; dom Edmond Martène (éd.), Thesaurus novus anecdotorum…, t. 1, Paris, F. Delaulne, 1717, col. 253.

37 Tremblay (c. Antrain, arr. Fougères-Vitré, Ille-et-Vilaine) ; prieuré de Saint-Florent fondé en 1057 par la donation du seigneur Hervé, fils de Bouchard (Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3515, n° 1).

38 Rennes, Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 6 H 16, n° 10 – je remercie M. Cyprien Henry de m’en avoir communiqué la photographie ; édition partielle dom P. H. Morice (op. cit. n. 28), t. I, col. 488-489 ; F. Mazel et A. Le Huërou (art. cit. n. 35), n° 5, p. 154-156, indiq. A. Le Moyne de La Borderie (art. cit. n. 35), p. 179.

39 É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 376 : « Ac vero domnus Samuel quod […] aliqua quæ eis data et ex parte ab eis possessa fuerant Sancti Martini monachi cum pecuniis sibi abstulissent […] respondit », cité supra, n. 18.

40 Voici ce que relatent les moines de Marmoutier par la suite : après l’obtention de l’église Notre-Dame de Fougères (après 1089-avant 1092), quand le pape Urbain II vient en Gaule en 1096 et menace d’excommunication les vendeurs de biens ecclésiastiques, l’affaire de l’église Notre-Dame de Fougères est portée par le seigneur de ce lieu et les moines devant l’évêque de Rennes Marbode, qui se prononce en faveur des moines propter « bonum Christi odorem (2 Co 2, 15) » : actes de jugement, A. Le Moyne de La Borderie (op. cit. n. 35), n° 8 (acte épiscopal) et n° 8 bis (acte abbatial). Mais, peu après, face à la coalition du seigneur Raoul, des habitants et du clergé de Fougères contre les moines tourangeaux (F. Mazel [art. cit. n. 33], p. 123 et 127), l’église a échappé aux moines. Le conflit a été porté devant le légat Girard d’Angoulême, qui a finalement ordonné, à l’assemblée tenue à Nantes (probablement en décembre 1107) en présence de Marbode, la restitution aux moines de l’église et de l’argent, qui aurait été ratifiée par l’épouse de Raoul et ses gens.

41 Jusqu’à la ligne 27, les noms de témoins sont présentés en deux colonnes ; la perturbation commence à la ligne 28 qui devrait être attachée à la ligne précédente, mais le scribe, qui avait manifestement un brouillon sous ses yeux, met par erreur, le nom propre contenu dans la phrase subordonnée en tête de la ligne suivante ; il faut donc le lire : « Herveus de Janziaco tunc Filgeriarum prior, quem revestivit Herveus de Capella loco episcopi per cordam signi monasterii » (Hervé de Janzé, alors prieur de Fougères, que Hervé de Chapelle, à la place de l’évêque, a investi par la corde de la cloche du monastère). Concernant l’expression : « revestivit… per cordam signi monasterium », nous suivons l’interprétation de H. Guillotel (art. cit. n. 28), p. 294.

42 Girard, évêque d’Angoulême 1101/1102-1136, légat pontifical 1107-1130, archevêque de Bordeaux 1131-1136 ; Robert Favreau, « Évêques d’Angoulême et Saintes avant 1200 », Revue historique du Centre-Ouest, 9, 2011, p. 5-142, ici p. 28-33.

43 Marbode, chanoine angevin et éminent lettré, auteur de vitae, est nommé par Urbain II évêque de Rennes (mars 1096-septembre 1123).

44 À l’exception d’Hervé de Chapelle, chanoine de Rennes et de Rainald, moine de Saint-Florent au prieuré de Tremblay, il s’agit des prieurs et des prêtres de Marmoutier en Bretagne. Concernant les prieurés bretons de Marmoutier, voir Daniel Pichot, « Les prieurés bretons de Marmoutier (xie-xiie siècle) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 119- 3, 2012, p. 153-174.

45 Quant à l’effet réel de cet acte, les événements qui suivent affirment sa fragilité, car, quelques années plus tard, avant 1116, l’église est à nouveau aux mains du clergé de Fougères : acte pontifical de Pascal II, 23 mars 1116 (JL 6516) ; Pascal II s’adresse à Marbode, évêque de Rennes, au sujet de la paix rendue entre les chanoines de Notre-Dame du Château et les moines de Marmoutier (Paul de la Bigne Villeneuve [éd.], Cartulaire de l’abbaye de Saint-Georges de Rennes, Rennes, C. Catel, 1876, n° 33, p. 133-134).

46 Concernant la perspective générale des actes du xie siècle, voir supra n. 1 et 2.

47 Les actes privés dans les limites de l’ancienne Gaule sont d’abord mis en lumière par Alain de Boüard, Manuel de diplomatique française et pontificale, t. II, Paris, Picard, 1948, p. 125-149, qui a fait surgir de nombreuses études dans les années 1950. Après la précision de l’expression « acte privé », définie par Robert-Henri Bautier, « L’authentification des actes privés dans la France médiéval : notariat public et juridiction gracieuse », dans Notariado público y documento privado de los rigenes al siglo xiv, (colloque, Valence, 1986), Valence, Conselleria de cultura educació i ciència, 1989, p. 701-772, réimpr. Id., Chartes, sceaux et chancelleries, Paris, École des chartes (Mémoires et documents de l’École des chartes, 34), 1990, t. I, p. 269-340 ; les recherches sont poursuivies par Benoît-Michel Tock, « L’acte privé en France, viie siècle-milieu du xe siècle », Mélanges de l’École française de Rome, Moyen Âge, 111-2, 1999, p. 499-537, Id., « Les actes entre particuliers en Bourgogne méridionale (ixe-xie siècle) », dans Die Privaturkunden der Karolingerzeit, P. Erhart, K. Heidecker, B. Zeller (éd.), Zurich, Urs Graf, 2009, p. 121-134 et par Jérôme Belmon, « “In conscribendis donationibus hic ordo servandus est…” : l’écriture des actes de la pratique en Languedoc et en Toulousain (ixe-xe siècle) », dans Auctor et auctoritas : invention et conformisme dans l’écriture médiévale, actes de colloque (Saint-Quentin-en-Yveline, 14-16 juin 1999), M. Zimmermann (dir.), Paris, École des chartes, 2001, p. 283-320. La présence des actes établis par un tiers aux ixe et xe siècles est plus apparente en Poitou, où sont conservés environ 300 actes « sur parchemin » datables d’avant l’an 1000, mais il n’est pas impossible de constater le phénomène semblable avec 45 actes du fonds de Saint-Florent rédigés avant 1011. 11 actes sont indubitablement produits en dehors de l’abbaye : deux actes de transactions entre particuliers (munimina, Livre noir, f. 36-36v, 36v-37) et neuf actes rédigés par les scribes de l’église de Tours qui souscrivent suivant leur tradition avec des notes tironiennes (Rouleau, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 1838, n° 1-7, Livre noir, f. 35, 36) ; peut-être peut-on y ajouter trois actes des évêques d’Angers rédigés par les scribes de cette église (Livre noir, f. 24v, 25, 25v).

48 R.-H. Bautier, ibid., p. 713-772, réimpr. p. 281-340.

49 Dominique Barthélemy, La société dans le comté de Vendôme de l’an Mil au xive siècle, Paris, Fayard, 1993, p. 96-113 et Id., « Une crise de l’écrit ? Observations sur des actes de Saint-Aubin d’Angers (xie siècle) », Bibliothèque de l’École des chartes, 155, 1997, p. 95-117, en part. p. 107-111 ; cet article, fondé sur l’analyse des actes du cartulaire de Saint-Aubin d’Angers, présente divers exemples pleins de saveur de « notices narratives » ou de mémoires de moines sur des biens contestés.

50 L’intérêt de ce texte dans le domaine de la diplomatique a été souligné par M. Laurent Morelle en mars 2009 à la journée d’étude organisée par le GDR 3177, « Diplomatique » (CNRS) : L’écrit diplomatique en mouvement : la circulation de l’acte médiéval. Première journée d’études, en ligne : https://armaria.hypotheses.org/119 ; L. Morelle (art. cit. n. 2), p. 46.

51 George. T. Beech, « Biography and the Study of 11th Century Society, Bishop Peter II of Poitiers 1087-1115 », Francia, 7, 1979, p. 101-121.

52 Le « fragment 2 », É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 368.

53 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 2 (pièces justificative 3, en annexe), P. Marchegay, Bas-Poitou (éd. cit. n. 13), n° 2, p. 9-10, cf. B.-M. Tock, « La mise en scène des actes en France au haut Moyen Âge », Frühmittelalterliche Studien, t. 38, 2004, p. 287-296, en part. p. 288-289 ; L. Morelle, « Instrumentation… » (art. cit. n. 2), p. 57.

54 La croix autographe du vicomte dans le pli externe ; celle de Raoul, son frère, à la même hauteur, dans la première pliure ; celle d’Herbert (ou Arbert), fils du vicomte, située juste en dessous ; enfin celle de Geoffroy, le fils cadet du vicomte dans une position légèrement inférieure et à droite, sur le même second pli.

55 La régularité de cette main est observée en ce qui concerne les jambages et les traits montants vers la droite, à savoir le dernier trait d’un « e », d’un « & » et d’une virgule. Quelques tildes suivent cette ligne montante. Cette main se distingue par un « g » dont la boucle inférieure se prolonge vers la gauche avant de commencer le trait qui descend.

56 Pour avoir la meilleure perspective sur la question de carta et notita, voir Olivier Guyotjeannin, « Penuria scriptorum, le mythe de l’anarchie documentaire dans la France du Nord (xe-première moitié du xie siècle) », Bibliothèque de l’École des chartes, 155, 1997, p. 11-44, en part. p. 13.

57 Or, comme on le verra dans la suite de la Chronique, un de ses fils et probablement son épouse ne sont pas avec lui lors de la donation : son fils Geoffroy se trouve à Thouars le 17 décembre et Ameline, son épouse, à Mareuil le 26 décembre. La mission accomplie ensuite par le moine Drogon, pour rejoindre la famille du vicomte, semble être déjà prévue.

58 Sur l’original l. 29-33. Nous remercions M. Marc Smith pour la remarque concernant la deuxième main.

59 De La Chaize à Saint-Florent, il y a environ 168 km soit environ huit heures de voyage à cheval, ce qui explique l’empressement des moines qui envisagent de regagner le monastère avant le coucher du soleil hivernal.

60 Pour la bibliographie sur l’état des écrits documentaires du xie siècle et son évolution, voir n. 1, 2, 47, 49 et 56.

61 Concernant l’origine de rites de traditio, voir R-H. Bautier (art. cit. n. 47), p. 705-706, réimpr. p. 273-274.

62 Benoît-Michel Tock, Scribes, souscripteurs et témoins dans les actes privés en France (viie-début du xiie siècle), Turnhout, Brepols (Artem, 9), 2005, p. 393-394.

63 Le « fragment 1 » : en novembre 1088, le vicomte Aimeri et ses gens n’ont aucun souvenir du don que, au dire des moines de Marmoutier, ils ont fait trois ans auparavant « avec un certain couteau », voir supra.

64 La suite du « fragment 2 », É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 370-372.

65 Saint-Michel-en-l’Herm (c. Luçon, arr. Fontenay-le-Comte, Vendée).

66 Mareuil[-sur-Lay-Dissais] (ch.-l. c., arr. La Roche-sur-Yon, Vendée). Mareuil se situe à environ 25 km de Saint-Michel-en-l’Herm.

67 Le passage « in ipsa hebdomada, veneris die, quo sancti Stephani festivitas erat » (p. 370) nous laisse perplexe : si la proposition subordonnée, la Saint-Étienne, porte sur « veneris die », il faut penser à une erreur de scribe soit sur le jour (le vendredi qui suit Noël 1089 est le 28 décembre), soit sur le saint fêté (la Saint-Étienne, le 26 décembre ; le 28 décembre est la fête des Innocents) ; si elle porte sur « ipsa hebdomada », il faut une virgule un peu hasardeuse après « veneris die ». Nous avons retenu la seconde solution, en supposant que l’évêque a fait patienter pendant deux jours le vicomte et les moines envoyés qui sont déjà arrivés à Saint-Michel-en-l’Herm au soir du mercredi 26 décembre 1089.

68 Le siège épiscopal de Bordeaux était vacant depuis juin 1086 et il ne sera pourvu qu’en novembre 1089 par Amat, évêque d’Oloron, élu le 4 ou 5 novembre 1089 au concile de Saintes, malgré l’opposition du duc d’Aquitaine, cf. acte de Saint-Maixent, Alfred Richard, Chartes et documents pour servir à l’histoire de l’abbaye de Saint-Maixent, Poitiers, Oudin (Archives historiques du Poitou, 16), 1886, n° 172 ; Jean Verdon, Chronique de Saint-Maixent, 751-1140, Paris, Belles-Lettres (Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge, 33), 1979, p. 148. La date précise de l’ordination n’est pas connue.

69 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 1 (cf. pièces justificatives 3, en annexe), cf. P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 2, p. 9-10 (jusqu’à la l. 30).

70 La première ligne, après le chrisme, est écrite avec des lettres allongées et un « g » en forme stylisée de « g semi-oncial à tête rectiligne ». Cette façon de tracer un « g » est propre au scriptorium de Saint-Florent à la fin du xie siècle ; elle est attestée à la première ligne des actes (Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3228, n° 1, Paris, Arch. nat., 1AP/605, [3] et [3bis]) et pour les noms de qualité dans le cartulaire Livre noir. On peut aussi relever que les lettres majuscules sont légèrement ornées et que les minuscules « g », « s », « f » ainsi que le tilde sont munis d’une boucle.

71 Les éléments paléographiques (voir la note précédente) permettent d’identifier cette main avec celle qui a rédigé un acte pour le prieuré Saint-Pierre de Rest (Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3228, n° 1), daté du 25 août 1089. Cet acte prouve que ce scribe est bien actif en 1089.

72 Il semble étonnant de voir que les croix autographes apposées de la propre main des donateurs ne figurent sur la mise au net que sous forme d’allographes. Il convient donc de s’interroger sur le rôle et la valeur du signe de croix apposé sur l’acte. La valeur juridique du tracé de croix dans le cadre de la validation des actes a été déjà mise en question par Heinrich Fichtenau, (« Carta et notitia en Bavière du viiie au xe siècle », Le Moyen Âge, 69, 1963, p. 105-120, en part. p. 112) qui a signalé la présence de croix autographes sur les brouillons de Saint-Gall. Il en déduisait que ces signes tracés par la main des participants étaient plus proches de la firmatio, à savoir l’imposition des mains sur le parchemin, qui ne laisse aucune trace sur le support mais qui produit une certaine impression sur les participants. Benoît-Michel Tock, par son investigation exhaustive sur tous les originaux avant 1120 conservés en France, a confirmé la conclusion de H. Fichtenau, en insistant sur l’effet que provoque chez les témoins l’apposition de la croix par les donateurs (B.-M. Tock [art. cit. n. 53], p. 293 et Id. [op. cit. n. 62], p. 151-155, 351-360, 392-397). Auparavant, Michel Parisse, (« Croix autographes de souscription dans l’Ouest de la France au xie siècle », dans Graphische Symbole in mittelalterlichen Urkunden, P. Rück [éd.], Sigmaringen, J. Thorbecke [Historische Hilfswissenschaften, 3], 1996, p. 143-155) affirme que la conservation des actes avec les signes de la croix est limitée aux chartriers normands et ligériens de l’an Mil à 1080, et conclut : « Ces croix apparaissent bien de façon dominante sur les actes dont les monastères assurent la rédaction » (ibid., p. 155). L’exemple de La Chaize, dont les circonstances sont minutieusement rapportées par la Chronique, permet d’en savoir davantage. Le tracé de la croix s’effectue sur l’acte préparé par les moines bénéficiaires, lors de l’approbation de la teneur. La présence des témoins semble fort incertaine à la scène matinale à La Chaize ; pour Thouars, il n’en est pas mentionné. Nous sommes alors conduits à chercher la source de la garantie que donne le tracé de croix, non dans les témoins « terrestres » mais dans les témoins « célestes ». Rappelons avant tout que la signatio est un geste qui ne laisse pas de trace, mais qui produit un effet spirituel (voir « La Sainte Croix », La Maison Dieu, revue de pastorale liturgique, 75, A.-G. Martimort et A.-M. Roguet [dir.], 1963). Cet effet, dans notre cas, correspond à la protection de l’autorité divine invoquée par celui qui s’engage à la teneur de l’acte par le geste de signatio. C’est donc l’authenticité de l’invocation rendue qui compte et non la trace du geste lui-même. Dans ce contexte, la distance entre croix autographe et croix allographe qui figure sur l’acte devient minime. En revanche, la précision du nom de l’auteur de la signatio devient indispensable.

73 Le premier nom, Radulfus, est accompagné d’un toponyme, « de Aspero Monte », Apremont (c. Challans, arr. Les Sables-d’Olonne, Vendée), à 35 km de La Chaize. Le deuxième est celui d’Aimeri de Tillay (comm. La Meilleraie-Tillay, c. Les Herbiers, arr. La Roche-sur-Yon, Vendée), sénéchal du vicomte, qui figure sur six actes concernant le prieuré de La Chaize ; il est en outre mentionné dans la Vie de saint Généroux (Saints, clercs et fidèles en Poitou médiéval, F. Dolbeau [éd. et trad.], Poitiers, Société des antiquaires de l’Ouest [Archives historiques du Poitou, 65], 2007, p. 62 et 63, n. 77, pas de mention dans BHL). On rencontre en outre deux fils d’un Ingelbertus, qui peut être identifié à Ingelbert, prévôt du vicomte de La Chaize en novembre 1088 selon le « fragment 1 ». Mais ce prévôt lui-même ne figure pas dans l’acte. Un des trois prêtres nommé Jean est probablement le desservant de l’église Saint-Jean de La Chaize.

74 Voir B.-M. Tock (op. cit. n. 62), p. 370-377. Dans la plupart des actes de ce temps, les noms de témoins sont ajoutés après coup, tantôt par la même main – comme nous le verrons dans l’acte de l’évêque Pierre II pour l’église Saint-Just d’Aulnay (infra et fig. 10), tantôt par une autre main.

75 Pour le concile de Poitiers en 1078, voir supra n. 32.

76 Sur la confirmation épiscopale, dans le cas de l’église Saint-Christophe, voir supra et n. 30.

77 Concernant ces termes, voir O. Guyotjeannin et L. Morelle (art. cit. n. 2), p. 377.

78 Cf. Umberto Eco, « La falsification au Moyen Âge », dans Id., Écrits sur la pensée au Moyen Âge, Paris, Grasset, 2016, p. 681-703.

79 « La minute (notariée)… est la rédaction définitive d’un acte notarial, mais sous une forme non solennelle : elle se conserve dans les archives du notaire, et c’est à partir d’elle que celui-ci tirera la ou les expéditions originales », Olivier Guyotjeannin, Jacques Pyke et Benoît-Michel Tock, Diplomatique médiévale, 2e éd., Turnhout, Brepols (L’atelier du médiéviste, 2), 2006, p. 230.

80 Acte cité supra et pièces justificatives 4, en annexe. Nous allons étudier l’ensemble de l’acte avec les clauses d’ajout (l. 32-49 sur l’original) ; cf. L. Morelle (art. cit. n. 2), p. 57.

81 L’abbé Guillaume de Saint-Florent et sept moines, le vicomte Aimeri et ses fils, huit personnes de l’entourage vicomtal – notons en passant qu’aucun de ces huit seigneurs laïques n’apparaît dans les souscriptions ajoutées sur la mise au propre de l’acte initial (doc. 2) – enfin dix noms qualifiés de famuli de l’abbé.

82 Concernant l’« acte continué » ou l’« acte cumulatif » voir O. Guyotjeannin (art. cit. n. 56) ; Sébastien Barret, La mémoire et l’écrit : l’abbaye de Cluny et ses archives (xe-xviiie siècle), Munster, Lit (Vita regularis, 19), 2004, p. 96–107 ; O. Guyotjeannin et L. Morelle (art. cit. n. 2), p. 373 et 377 ; L. Morelle (art. cit., n. 2), p. 55-60.

83 L’ARTEM, en indiquant ce document sous le n° 3410, le qualifie de pancarte : La diplomatique française du haut Moyen Âge, B.-M. Tock (dir.), Turnhout, Brepols, 2001, t. I, p. 195, 352 et t. II, p. 150, 231, 304. Certes, un acte qui comporte plusieurs attestations est souvent désigné comme une « pancarte ». Cet exemple permet cependant de relever les éléments qui séparent nettement l’« acte continué » de la « pancarte ». En effet, suivant la définition donnée par le Vocabulaire international de la diplomatique (M. M. Cárcel Ortí [éd.], 2e éd. Valence, Université de Valence, 1997, p. 31-32), rédigé par la Commission Internationale de Diplomatique, une pancarte est a) un acte destiné à confirmer des droits sur des biens dont les titres ont été perdus ; b) un acte énumérant successivement, pour les confirmer, des actes antérieurs portant donation de biens à un établissement ecclésiastique ; c) par extension, un cartulaire. Or, pour ce qui est de l’acte des donations pour le prieuré de La Chaize, il faut d’abord souligner que les trois textes qui figurent sur ce parchemin sont, lors de la rédaction de chacun d’eux, les premiers et uniques témoins de ces dons, et qu’ils ne sont pas des transcriptions d’actes antérieurs – une des caractéristiques de la pancarte. Notons en outre que, tandis que la pancarte est exportée hors de son lieu de rédaction pour être présentée à une autorité publique et en obtenir confirmation, l’acte de La Chaize demeure immuablement dans le chartrier. Il est réservé à l’usage intérieur du monastère. Quand il faut le porter à la connaissance de l’extérieur, l’« acte continué » sert de document de référence pour élaborer un nouvel acte destiné spécialement à la circonstance. Cf. Michel Parisse, « Les pancartes. Étude d’un type d’acte diplomatique », dans Pancartes monastiques des xie et xiie siècles, Table ronde organisée par l’ARTEM, 6 et 7 juillet 1994, Nancy, M. Parisse, P. Pégeot, B.-M. Tock (éd.), Turnhout, Brepols, 1998, p. 12-62 : l’auteur essaie d’établir une typologie dans la diversité du genre « pancarte », qui nuance considérablement la définition donnée ci-dessus.

84 Il existe en outre des documents à usage interne qui regroupent sur un même parchemin les transcriptions de plusieurs actes en fonction de divers critères : la situation géographique des biens cédés, la provenance familiale des dons. Ces documents se distinguent de l’« acte continué » par le fait qu’ils sont en écriture secondaire ; ils peuvent être appelés « pré-cartulaire » ; voir Isabelle Vérité, « Des pancartes dans le fonds des prieurés de Marmoutier ? L’exemple des prieurés poitevins », dans Pancartes monastiques… (op. cit. n. 83), p. 63-93 ; cette étude porte sur les actes de Marmoutier concernant les prieurés vendéens.

85 Concernant l’acte-mémorial, voir O. Guyotjeannin (art. cit. n. 56), p. 24-27.

86 Cartulaires Livre blanc, f. 56 ; cf. P. Marchegay (éd. cit. n. 13), p. 10, n. 2.

87 Voir infra, fig. 13 : « Tableau stemmatique des documents ».

88 Les actes des donations : nos documents 1-2, 1-3 et P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 4-8 et notre doc. 1-2, 1-3 – notons entre autres : le 5 août 1091, le vicomte Aimeri concède la terre de Jard[-sur-Mer] (c. Talmont-Saint-Hilaire, arr. Les Sables-d’Olonne, Vendée), et Pépin, seigneur de Talmont, en confirmant le don du vicomte, s’y associe en cédant tout ce qu’il avait sur cette terre (ibid., n° 5 et 6) ; vers 1091, un certain Goslin donne aux moines de la Chaize la terre près du prieuré que le vicomte Aimeri lui a rendue (ibid., n° 8).

89 Concernant l’église Saint-Nicolas de La Chaize, voir supra n. 9 et infra n. 114.

90 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 6 (pièces justificatives 5, en annexe), P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 9, p. 15-17 ; cf. Alfred Richard, Histoire des comtes de Poitou, 1903, réimpr., t. 4, Pau, Princi Negue, 2004, p. 22-23 ; Jan-Hendrik Hendrik Prell, « Les souscriptions des chartes des comtes de Poitiers, ducs d’Aquitaine (1030-1137) », Bibliothèque de l’École des chartes, 155, 1997, p. 207-219, en part. p. 209-210 ; L. Morelle, « Instrumentation… » (art. cit. n. 2), p. 60-61.

91 On constate dans cette mise en page quelques similitudes avec celle des rouleaux des morts : la circulation d’un grand parchemin quasi-blanc, à part quelques lignes d’un texte destiné à être lu (encyclique ou faire-part de décès), suivie de la rédaction d’un texte de condoléances (titulus) par les communautés ecclésiastiques qui accueillent le porteur de ce parchemin. Jean Dufour, Recueil des rouleaux des morts (viiie siècle-vers 1536), t. I, Paris, Belles-Lettres, 2005, Avertissement, p. vii-xv (notamment p. viii).

92 Les hastes du « a » et du « & » sont souvent ajoutées après coup. Pour le « r », jusqu’à la deuxième ligne, le trait final se prolonge vers le haut.

93 On compte seulement 38 mots abrégés dans ce texte (doc. 3), tandis que son modèle (doc. 1-1, 2 et 3) contient 150 mots abrégés et sa transcription dans le Livre blanc (f. 53-54) 146 mots abrégés. Un tel phénomène suggère que ce texte est dès le départ destiné à être lu à haute voix.

94 Une redevance nommée forestagium, qui faisait partie de la réserve du vicomte en décembre 1089, devient objet de concession : « concedo et consuetudinem hominum suorum quae forestagium dicitur » ; la clause concernant la prestation annuelle de trois chariots de bois imposée aux habitants de la Chevrolière, que le vicomte avait conservée pour lui : « exceptis tribus carretatis lignorum », est supprimée ; le vicomte avait concédé son bourg (de La Chaize) libre de toute coutume, à l’exception du droit perçu sur les ventes effectuées au marché du samedi, mais la modification apportée à cette clause montre que les moines ont obtenu partiellement le droit sur le marché du samedi en la semaine de la fête de dédicace de l’église (Saint-Jean de La Chaize). Sur ce droit, voir infra n. 106 ; enfin la clause de la donation faite par le prévôt Ingelbert est supprimée sans doute pour maintenir la cohérence autour des dons du vicomte.

95 Comme on le verra, le vicomte Aimeri et son fils aîné sont présents à Poitiers le 15 janvier 1092 ; en revanche, Geoffroy, un autre fils, et Raoul, frère du vicomte, sont absents. Il est donc plus probable que ces signes autographes ont été préparés auparavant.

96 On y trouve entre autres : Robert de Bourguignon, Hugues VI de Lusignan (1060-1100), Ebbon, sire de Parthenay (1070/1074-1110), Maingot III de Melle, le Jeune (après 1080-après 1092), Cadelon, seigneur de Saint-Maixent et un des fils de Geoffroy de Rochefort (v. 1065-1085).

97 Pierre II, évêque de Poitiers (1087-avril 1115) voir supra, n. 51 ; Simon, évêque d’Agen (1083-1101) qui a appartenu auparavant au clergé de l’église de Poitiers ; Ramnulf de Foucaud, évêque de Saintes (avant 1086-12 juin 1109) ; Amat, archevêque de Bordeaux (4 ou 5 nov. 1089-22 mai 1102, voir supra, n. 21). Ces prélats se sont, sans doute, réunis à Poitiers à l’occasion de la fête de saint Hilaire, le 13 janvier.

98 Savari, fils de Tecmar, qui a posé le 31 juillet 1091 la première pierre lors de l’ouverture du chantier de l’église Saint-Nicolas de La Chaize, selon la Chronique (voir supra, n. 9 et infra, n. 114) ; Thibaud de Beaumont ; Aimeri de Tillay (voir supra, n. 73 et infra, n. 100.

99 « Anno ab Incarnatione Domini millesimo nonagesimo II, XVIII kalendas februarii, feria V, auctorizate sunt et confirmate donationes istae a comite Pictavensi et ab episcopis qui suprascripti sunt Pictavis in aula comitis… ». La date de cette clause confirme que les moines de Saint-Florent ne suivent pas le style de Pâques ; en 1092 (n. st.), le 15 janvier tombe un jeudi.

100 On aimerait bien identifier les auteurs des croix aux trois vassaux du vicomte Aimeri qui l’ont accompagné à l’assemblée de Poitiers. Mais, hélas, un des trois, le sénéchal Aimeri de Tillay figure dans la liste des témoins vendéens. Après l’apposition de ces croix, le porteur de l’acte l’a replié trop tôt avant que l’encre du signe de croix le plus gros ait le temps de sécher. La tache de l’encre de la croix se remarque à la première colonne en bas à gauche.

101 Livre blanc, f. 53-54.

102 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 5 (cf. pièces justificatives 5, en annexe), P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 9, p. 15-17 ; indiq. L. Morelle, « Instrumentation… » (art. cit. n. 2), p. 61.

103 Il est fort probable que ce travail de mise au net a été exécuté en prenant pour modèle la première œuvre de réécriture (doc. 2). La similitude de la mise en page est remarquable.

104 « Quicumque vero his donationibus seu concessionibus in aliquo contrarius extiterit, anathema sit ».

105 « plaiseiz » corrigé « plaixicium » il s’agit sans doute de « plaixitium », enclos ; « Gerdis » (toponymie, Jard) corrigé « Jardis ». La croix autographe de Raoul, frère du vicomte, qui était en dernière position, est passée devant celles de ses neveux et figure juste après celle du vicomte, en deuxième position.

106 Il s’agit du droit perçu sur les ventes du marché qui se tient le samedi au bourg de La Chaize. Comme nous l’avons vu (supra, n. 94), en décembre 1089 (doc. 1 et 2), le vicomte se l’était réservé dans sa totalité ; dans l’acte de janvier 1092 (doc. 3), il autorise les moines à le percevoir une fois par an, pour le marché de la semaine de la dédicace de l’église Saint-Jean de La Chaize. Dans la deuxième rédaction (doc. 4), la clause de réserve disparaît et les moines bénéficient chaque samedi des taxes payées par les marchands ; un acte en date du 6 décembre 1093, en effet, atteste la date de l’abandon total de ce droit par le vicomte : P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 10, 6 décembre [1093].

107 É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 382 : « Anno incarnationis dominicæ millesimo nonagesimo quinto (re vera 1096), Urbanus papa usque Andegavis venit et a III kal. Febr. usque in IIII diem dominicam in ecclesia Sancti Florentii Salmuriensis mansit » ; George T. Beech, « Urbain II, the abbey of Saint-Florent of Saumur, and the first Crusade », dans Michel Balard (éd.), Autour de la première Croisade. Actes du colloque de la Society for the Study of the Crusades and Latin East, Paris, Publications de la Sorbonne (Série Byzantina Sorboniensia, 14), 1996, p. 57-70. Le chroniqueur de La Chaize relate le séjour du pape Urbain II à Saint-Florent sous la date erronée de 1095, qui est considérée par les éditeurs comme donnée selon le style de Pâques, « 1095 (a. st.) » et qui serait donc « 1096 (n. st.) ». Mais il est bien possible que cette attribution à l’année 1095 provienne simplement d’une erreur de mémoire de la personne qui a communiqué cette date au chroniqueur, puisque les documents des archives de Saint-Florent attestent que le calendrier de cette abbaye ne suit pas le style de Pâques durant le xie siècle.

108 P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 11, s. d. ; Johannes Ramackers (éd.), Papsturkunden in Frankreich, 5 : Touraine, Anjou, Maine und Bretagne, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1956, n° 23, p. 86-87.

109 Ce titre du cartulaire pose deux problèmes. D’abord le nom du pape est indiqué seulement par son initiale, « N. ». Cet acte n’est pas daté, mais il peut être situé après la mort du vicomte Aimeri, le 21 décembre 1093, et avant celle de son fils Arbert, le 28 mai 1102. Durant cette période, aucun pape ne porte de nom avec l’initiale « N », ce qui oblige à lire cette lettre comme « deux jambages » et à chercher un pape dont l’initiale se rapprocherait de cette forme, c’est-à-dire le pape Urbain II (mars 1088-juillet 1099). Le second problème est celui de l’authenticité : « Das Stück ist eine ganz plumpe Fälschung, die wahrscheinlich bestimmt war, das Priorat La Chaize-le-Vicomte zu sichern. Der Sohn Aimerichs, Herbert, stellt 1095 (P. Marchegay [éd. cit. n. 13], App. B) eine Urkunde aus, woriner die Schenkung seines verstorbenen Vaters bestätigt » (J. Ramackers [op. cit. n. 108], p. 86). Concernant la mort d’Arbert de Thouars à Jaffa, Georges Pon, « L’iter Jerosolymitanum et la mort d’Herbert II, vicomte de Thouars à Jaffa », dans Puer Apuliae. Mélanges offerts à Jean-Marie Martin, E. Cuozzo, V. Déroche et A. Peters-Custot (éd.), Paris, Centre de recherche d’histoire et civilisation de Byzance (Monographie, 30), 2008, 2 vol., t. II, p. 553-565.

110 Comme l’affirme A. Richard (op. cit. n. 90), p. 23, n. 44, le mode de datation employé dans les actes de la fin du xie siècle est le style de Noël ou celui de la Circoncision.

111 É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 372- 374.

112 Pseudo-original, Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 3 (pièces justificatives 6, en annexe) ; P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 3, p. 11-12.

113 Dans tous les actes qui font état de la donation primitive du vicomte Aimeri (doc. 1, 2, 3 et 4), il s’agit seulement de l’église Saint-Jean l’Évangéliste qui est indiquée comme objet de transaction et de confirmation épiscopale.

114 É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 378-380, 384 : la date du début des travaux est indiquée « en l’an 1087, calendes d’août, jeudi », or cette date, le jeudi, 1er août, renvoie à l’an 1091. La dédicace de Saint-Nicolas de La Chaize en 1099 est mentionnée également dans la Chronique de Saint-Maixent, J. Verdon (op. cit. n. 68), p. 170. Concernant cette église, voir Claude Andrault-Schmitt, « La Chaize-le-Vicomte : église Saint-Nicolas », dans Congrès archéologique de France, 151e session, 1993, Vendée, Paris, Société française d’archéologie, 1996, p. 45-57.

115 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 12 (pièces justificatives 6, en annexe), Paul Marchegay, Chartes poitevines de l’abbaye de Saint-Florent près Saumur, Poitiers, s. n. (Archives historiques du Poitou, 2), 1873, n° 87, p. 128. Sur le château d’Aulnay, voir André Debord, La société laïque dans les pays de la Charente, xe-xiie s., Paris, Picard, 1984, p. 461.

116 Un acte atteste qu’en 1072, les moines de Saint-Florent étaient déjà propriétaires d’une église de Sept-Fonts, près d’Aulnay, donnée par un prêtre nommé Bernard (P. Marchegay [op. cit. n. 115], n° 80, d’après Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 1).

117 Cadelon IV, vicomte d’Aulnay, avant 1071-1096.

118 Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 2 (A) et H 3494, n° 3 (B) (s. d. [1070-1086] - n. l.), P. Marchegay (op. cit. n. 115), n° 85 (A) et n° 86 (B).

119 Cadelon leur donne le droit de prendre des branches dans une forêt (P. Marchegay [op. cit. n. 115], d’après Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 3, cité supra, n. 118, B).

120 Pierre II, évêque de Poitiers, 1087-1115, voir supra, n. 51.

121 L’écriture est typiquement documentaire avec les « & » et les « s », dont le dernier trait est attaqué très haut, des ligatures « ct » et « st » de grande dimension, des « n » commençant par un trait plongeant. Nous devons au regretté M. Jean Dufour l’expertise de l’écriture de cette main.

122 Chirographe, Angers, Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 13, P. Marchegay (op. cit. n. 115), n° 81, p. 117-118 ; (fig. 12 présente ARTEM 3446 : Acte n° 3446 dans Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France, C. Giraud, J.-B. Renault et B.-M. Tock (éd.), Nancy, Centre de Médiévistique Jean Schneider, éd. électronique : Orléans, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes (Telma), 2010, en ligne : http://www.cn-telma.fr/originaux/charte3446/). Il est extrêmement rare de voir le cas de l’alibi d’un homme de la fin du xie siècle qui se trouve parfaitement confirmé par un document.

123 L’acte pour Aulnay : « una cum consensu Radulfi archidiaconi tociusque capituli Sancti Petri » ; l’acte pour La Chaize : « una cum consensu Radulfi archidiaconi tociusque capituli Sancti Petri et Aimerici vicecomitis et Amelinę suę conjugis et filiorum ejus Arberti et Goffredi ».

124 Pour ce qui est de leur rôle de mémorial, en plus de la transcription dans le cartulaire du monastère, ces documents prennent place dans les archives seigneuriales de la famille vicomtale. Au xive siècle, une copie figurée de ces derniers (doc. 3 et 4) est entrée dans les archives privées du château de Thouars (Paris, Arch. nat., 1 AP 605, n° 1 et 2) avec d’autres actes concernant le prieuré de La Chaize, dont trois du xie siècle (Paris, Arch. nat., 1 AP 605, n° [3], [3bis] et 4). Ces documents sont restés jusqu’à la fin du siècle dernier dans les archives privées de ses descendants, le duc de La Trémoïlle et le Prince de Ligne, au château de Serrant (comm. Saint-Georges-sur-Loire, c. Chalonnes-sur-Loire, arr. Angers, Maine-et-Loire). Je remercie Mme. Geneviève Contamine pour ces informations sur les archives du château de Serrant.

125 Selon la Chronique (É. Carpentier et G. Pon [art. cit. n. 4], p. 376), le 8 mars 1089, lors de l’assemblée tenue à Tours par Geoffroy, évêque d’Angers, les moines de ces deux abbayes sont toujours en conflit.

126 La Chronique rapporte (ibid., p. 368) que le 12 décembre 1089, le droit de possession étant assuré, les moines de Saint-Florent commencent à établir l’acte de donation initial du vicomte.

127 Sonzay, Indre-et-Loire, arr. Tours, c. Château-Renault.

128 Antrain, Ille-et-Vilaine, arr. Fougères-Vitré, ch.-l. c.

129 Fougères, Ille-et-Vilaine, arr. Fougères-Vitré, ch.-l. c.

130 Saint-Christophe[-sur-le-Nais], Indre-et-Loire, arr. Tours, cant. Château-Renault.

131 Sonzay, Indre-et-Loire, arr. Tours, cant. Château-Renault.

132 Concile de Poitiers en janvier 1078, tenu par Hugues de Die, légat du pape Grégoire VII, voir C.-J. Héfélé, dom H. Leclercq, (op. cit. n. 32), t. V-1, 1973, p. 229-232.

133 Réglure, pointes sèches, 58 piqûres, 52 lignes écrites.

134 La date et le lieu supposés sont restitués d’après les informations données par la Chronique, É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 364-389 (notamment p. 368).

135 Aimeri IV, vicomte de Thouars, c. 1055-21 décembre 1093.

136 La Chaize-le-Vicomte, Vendée, arr. La Roche-sur-Yon, c. La Roche-sur-Yon 2.

137 La Chevrolière, Vendée, arr. La Roche-sur-Yon, c. Aizenay, comm. Saint-Denis-la-Chevasse.

138 Selon une notice qui atteste l’abolition de cette réserve (P. Marchegay [éd. cit. n. 13], n° 10, 6 décembre [1093]), les habitants de La Chevrolière étaient tenus d’apporter trois chariots de bois jusqu’à la résidence vicomtale de Mareuil une fois par an, au jour de Noël : « Tres etiam carratas de lignis, quas ad Marolium homines de Capreolaria ad Natale Domini deferre solebat, ecclesiae Sancti Nicolai dimisit ». Cf. la Chronique, É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 380.

139 Cf. Arch. dép. de Maine-et-Loire (cit. infra AD 49), H 3368, n° 6, l. 8 (infra pièce justificative 5) : « consuetudinem hominum suorum quae forestagium dicitur », H 3368, n° 5, l. 14-15 : « et consuetudinem hominum suorum quę forestagium dicitur » ; suivant ces versions postérieures, les moines de Saint-Florent semblent désigner par le mot « forestage » un droit à part entière, sans lien avec la dîme.

140 La charte qui est l’objet de cette édition est suivie par deux notices ajoutées plus tard (infra pièce justificative 4).

141 Cet acte est une mise au net de A avec une addition (le chrisme et les noms des témoins). Un fragment de parchemin a été enlevé, sans que rien ne manque au texte.

142 Cette partie, peu explicite, se dévéloppera dans la version ultérieure (voir infra pièce justificative 5) en la façon suivante : « Pastum insuper porcorum suorum et hominum dominicorum suorum ».

143 Brientius est probablement un autre fils d’Ingelbert (voir infra pièce justificative 4).

144 Ingelbert, prévôt vicomtal de ce lieu (infra p. 3), qui apparaît dans les actes : P. Marchegay (éd. cit. n. 13) n° 5 (5 août 1091), 10 (6 déc. [1093]), App. B (1095), 13 (6 déc. [1094-1100]) et 14 ([1094-1120]).

145 Jean, chanoine et desservant de l’église Saint-Jean-Évangéliste de la Chaize avant l’installation des moines de Saint-Florent (É. Carpentier et G. Pon [art. cit. n. 4], p. 364 et P. Marchegay [éd. cit. n. 13], n° 18).

146 Ces deux notices, rédigées à la suite de la charte de donation initiale du vicomte Aimeri (AD 49, H 3368, n° 2, supra, pièce justificative 3) énumèrent les biens cédés par ce dernier après sa première donation dont l’attestation écrite s’achève, selon la Chronique, le 17 décembre 1089, avant la rédaction de l’acte daté du 15 janvier 1092 (AD 49, H 3368, n° 6, infra, pièce justificative 5) où ces deux notices sont transcrites.

147 Chantonnay, Vendée, arr. La Roche-sur-Yon, ch.-l. c.

148 Il s’agit, peut-être, de l’objet du don de Savari, frère du vicomte que rapporte la Chronique (É. Carpentier et G. Pon [art. cit. n. 4], p. 370), fait à Mareuil le 26 décembre 1089 ; les moines bénéficiaires, qui étaient en déplacement vers Saint-Michel-en-l’Herm, ont immédiatement effectué ce don par un cordon : « donum libentissime concessit et cum ligatiunculo in manus monachorum missit ».

149 Palluau, Vendée, arr. Sables-d’Olonne, c. Challans.

150 La Pelissonnière, Vendée, arr. Fontenay-le-Comte, c. Chantonay, comm. Le Boupère.

151 Ingelbert, constructeur du château de La Chaize et prévôt vicomtal de ce lieu, voir supra, n. 3.

152 Cette notice est rédigée à partir de A dans le but probablement d’obtenir la confirmation par ses enfants du don d’Ingelbert.

153 Guillaume, abbé de Saint-Florent (juin 1070-30 mai 1117/1118), voir supra n. 18.

154 Olivier, chancelier de l’abbaye Saint-Florent avant fin décembre 1089 ; il sera le premier prieur de La Chaize selon la Chronique, É. Carpentier et G. Pon (art. cit. n. 4), p. 372.

155 Savari, fils de Tecmar, vassal du vicomte Aimeri, qui apparaît dans les actes : AD 49, H 3368, n° 5 et 6 (voir infra pièce justificative 5), P. Marchegay (éd. cit. n. 13), App. B (1095) et App. C (7 déc. 1099), voir supra, n. 98.

156 Aimeri de Tillay, sénéchal du vicomte Aimeri, qui apparaît dans les actes : AD 49, H 3368, n° 5 et 6 (voir infra pièce justificative 5), P. Marchegay (éd. cit. n. 13), App. B (1095), App. C (7 déc. 1099), n° 13 (6 déc. [1094-1100]) et 12 (21 déc. [1093]-mars [1101]), peut-être identifiable à « Aimericus dapifer » dans H 3368, n° 1 (voir supra pièce justificatif 3), voir article, n. 81.

157 Une notice connue par une copie moderne (par dom Huynes) rapporte que, en la fête de saint Nicolas (le 6 décembre) [1093], à l’emplacement de l’église Saint-Nicolas de La Chaize qui était alors en travaux, le vicomte Aimeri « complacuit ei ut quasdam consuetudines, quas super homines ejusdem ecclesiae retinuerat, beato Nicholao et monachis perdonaret. Donavit itaque monachis, in festivitate beati Nicholai, diem sabbati quam in feria dedicationis ecclesiae Sancti Johannis Evangelistæ retinere solitus erat ; et non tantum diem sabbati sed etiam omnes dies totius hebdomare omnemque consuetudinem vendæ et pedagii. Et si aliquod forisfactum casu in his diebus feria acciderit, totum monachis concessit », P. Marchegay (éd. cit. n. 13), p. 17-18.

158 Jard-sur-Mer, Vendée, arr. Les Sables-d’Olonne, cant. Talmont-Saint-Hilaire. Voir l’acte de donation du vicomte Aimeri des droits et des revenus de la forêt de Jart : orig. AD 49, H 3368, n° 4, P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 5, 5 août 1091 et n° 6.

159 L’acte de cette concession : P. Marchegay (éd. cit. n. 13), n° 8, s. d. [13 déc. 1089-15 janv. 1092] (d’après le Livre blanc, fol. 56) : « terram ubi vineę modo sunt, sicut via separat eam sinistrorsum usque ad stagnum Recordelli ».

160 Guillaume IX, comte de Poitou et duc d’Aquitaine, septembre 1086-10 février 1126 ; son entourage entre autres : Robert de Bourguignon ; Hugues VI de Lusignan, le Diable (1060-1100) ; Ebbon, sire de Parthenay (1070/1074–1100) ; Maingot III de Melle, le Jeune (après 1080-après 1092) ; Cadelon, seigneur de Saint-Maixent et un des fils de Geoffroy de Rochefort (vers 1065-1085).

161 Pierre II, évêque de Poitiers, 1087-avril 1115 ; Ramnulf, évêque de Saintes, avant 1086-12 juin 1109 ; Simon, clerc de l’église de Poitiers puis évêque d’Agent, 1083-1101 ; Amat, archevêque de Bordeaux, 4 nov. 1089-22 mai 1102.

162 Réglure, pointes sèches, 65 lignes verticales à longue ligne, 29 lignes écrites, unité de réglure 12 mm.

163 Concernant D et E voir article, n. 138 ; dans ces copies, aucun signe de croix n’est transcrit.

164 Une donation de l’église Saint-Just du château d’Aulnay est faite par Cadelon, vicomte d’Aulnay entre 1070 et 1086 pour les moines de Saint-Florent dans le but d’y établir un prieuré. Isembert II, évêque de Poitiers appose sa souscription en bas de l’acte (P. Marchegay [éd. cit. n. 115], t. 2, n° 85, orig. ou copie contemporaine, AD 49, H 3494, n° 2 et Livre noir, fol. 89). Aulnay, Charente-Maritime, c. Matha.

165 Cet acte est utilisé pour falsifier un acte confirmatif de cet évêque pour la possession des églises de La Chaize[-le-Vicomte] (B). La teneur étant quasi-identique, nous indiquons les parties modifiées dans l’apparat critique.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Les quatre fragments qui composent le début de La Chronique de Saint-Nicolas de La Chaize.
Crédits Cl. S. Kumaoka.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 122k
Titre Fig. 2 – Notice de convention entre Saint-Florent et Marmoutier.
Crédits © Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 6H 36, n° 2, « Charte Artem/CMJS n°4514 ».
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 299k
Titre Fig. 3 – Notice de Saint-Florent concernant l’église de Sonzay.
Crédits © Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3682, n° 3.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 1,1M
Titre Fig. 4 – Notice scellée de Marmoutier sur l’église Notre-Dame-du-Château de Fougères.
Crédits © Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 6 H 16, n° 10.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 632k
Titre Fig. 5 – Acte de donation d’Aimeri, vicomte de Thouars, première rédaction (document 1).
Crédits © Arch. départ. Maine-et-Loire, H 3368, n° 2.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 806k
Titre Fig. 6 – Élaboration de l’acte en première rédaction.
Crédits © Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 2.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 232k
Titre Fig. 7 – Acte de donation d’Aimeri, vicomte de Thouars, deuxième rédaction (document 2).
Crédits © Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 1.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 730k
Titre Fig. 8 – Acte de donation d’Aimeri vicomte de Thouars, troisième rédaction (document 3).
Crédits © Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 6.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 566k
Titre Fig. 9 – Acte de donation d’Aimeri vicomte de Thouars, quatrième rédaction (document 4).
Crédits © Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 5.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 996k
Titre Fig. 10 – Acte de Pierre II, évêque de Poitiers pour l’église Saint-Just d’Aulnay en faveur de Saint-Florent.
Crédits © Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 6.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 871k
Titre Fig. 11 – Acte de Pierre II, évêque de Poitiers pour les églises de La Chaize en faveur de Saint-Florent ?
Crédits © Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3368, n° 3.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 557k
Titre Fig. 12 – Acte-chirographe de donation de Constantin Male Carnes.
Crédits © Arch. dép. Maine-et-Loire, H 3494, n° 13, « Charte Artem/CMJS n° 3446 ».
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 642k
Titre Fig. 13 – Tableau « stemmatique » des « documents 1-4 » et de l’acte épiscopal factice.
Crédits cl. S. Kumaoka.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 132k
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 61k
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 33k
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 87k
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 140k
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 23k
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/1780/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 204k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Soline Kumaoka, « Confirmer des droits, gérer les biens, consigner la mémoire du monastère : l’écrit des moines de Saint-Florent à la fin du xie siècle »Cahiers de civilisation médiévale, 243 | 2018, 229-268.

Référence électronique

Soline Kumaoka, « Confirmer des droits, gérer les biens, consigner la mémoire du monastère : l’écrit des moines de Saint-Florent à la fin du xie siècle »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 243 | 2018, mis en ligne le 01 janvier 2021, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/1780 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.1780

Haut de page

Auteur

Soline Kumaoka

Paris I

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search